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Sommaire 602
elle est exclusive d’aléa) que la faute inten- conscience n’est que ruine de l’âme… du cation et à une extension des cas de résilia-
tionnelle, laquelle est plus immorale. Dans contractant), on peut présumer que l’éclai- tion par le seul assuré (ce qui est une marque
la première, il s’agit de protéger l’assureur, rage était bien allumé. Tout cela demande de prudence eu égard à ce qu’on vient de
et dans la seconde l’opération d’assurance naturellement à être confirmé en jurispru- dire sur l’ordre public de protection). C’est
elle-même qui ne doit pas être suspectée dence. là faire œuvre utile … à condition qu’il ne
d’encourager les sinistres volontaires. s’agisse que de proposer une réforme au Par-
5 - Quelles sources pour les facultés uni- lement, lequel conserverait le dernier mot.
3 - Tout n’est pas réglé pour autant. Les latérales de résiliation ? - Derrière cette Si les solutions recommandées par le co-
conditions de connaissance et de conscience question se pose celle du choix entre le mité devaient être appliquées hors de toute
de l’absence d’aléa sont-elles cumulatives singulier et le pluriel. La loi est-elle la seule réforme législative, elles risqueraient d’être
ou alternatives ? Dans un arrêt relatif à une source de ces facultés, ce qui renvoie à contrariées par un juge. Certes, on pourrait
tentative de suicide au gaz ayant gravement celles prévues par le Code des assurances soutenir qu’un nouveau cas de résiliation
endommagé un immeuble en coproprié- et, peut-être, par le Code civil (on songe à (par exemple infra-annuelle) non prévu
té et provoqué le décès d’un voisin, la 2e la résolution pour « inexécution suffisam- par la loi dégénérerait en offre de résiliation
chambre civile de la Cour de cassation pa- ment grave » de l’obligation, visée par les que l’assureur, par respect pour le CCSF
raît se contenter de la conscience (10 mars articles 1224 et 1226 nouveaux de ce code, qui fonctionne sur le mode du consensus,
2022, n° 20-19.056, inédit). Mais qu’est-ce sans que l’on sache trop quelles obligations ne manquerait pas d’accepter. L’assuré ne
que la conscience ? Croire dans le carac- de l’assuré seraient, en pratique, concer- pourrait contester, en cas de sinistre ulté-
tère inéluctable du dommage même s’il nées) ? Ou y a-t-il d’autres sources ? On rieur non couvert, ce qui constituerait une
est objectivement incertain ? Ou se rendre pense d’abord au contrat d’assurance lui- révocation par consentement mutuel (sur le
compte qu’il est objectivement inéluctable ? même. L’article L. 113-12, alinéa 1er, du fondement de l’article 1193 du Code civil).
Cette seconde opinion nous paraît préfé- Code des assurances y pousse, selon lequel : Il n’empêche que si l’ancien assureur n’est
rable, car la conscience n’est pas la croyance « les conditions de résiliation … sont fixées pas remplacé par un autre, ou si la procé-
et l’absence d’aléa, qui est le fondement de par la police » (et pas seulement mention- dure de changement d’assureur ne garantit
l’exclusion de la faute dolosive (laquelle a un nées). Cela dit, les textes de ce code instau- pas la permanence de la couverture (comme
contenu plus objectif que la faute intention- rant des facultés de résiliation unilatérales c’est le cas pour l’assurance « automobile »
nelle), devrait s’entendre de l’absence d’un sont d’ordre public, ou à tout le moins d’un ou l’assurance « emprunteurs » C. assur.,
aléa objectif. Si tel est le cas, la conscience ordre public de protection de l’assuré, ce qui art. L. 113-15-2 et L. 113-12-2), des actions
postule une connaissance préalable : pour s’oppose à ce que le contrat stipule de nou- sont possibles sur le terrain du manquement
se rendre compte, il faut d’abord savoir. Il y velles facultés au profit de l’assureur. C’est, du distributeur à son obligation de mise en
aurait donc cumul des deux conditions. On à notre sens, ce que veut dire la 2e chambre garde. Et celle-ci nous paraît d’autant plus
peut aussi se demander si elles s’apprécient civile de la Cour de cassation quand elle essentielle que l’on sort du cadre légal, sans
in abstracto (par référence au défunt bon énonce que « hormis le cas de défaut de paie- nécessairement que l’assuré en ait été infor-
père de famille) ou in concreto. Dans le pre- ment de la prime et sauf autres cas particu- mé. La lecture du site internet du CCSF va-
mier cas, serait exclusif de garantie le défaut liers spécialement prévus par la loi, l’assureur t-elle devenir aussi nécessaire que celle du
d’aléa que l’assuré ne pouvait pas ignorer et n’a de possibilité de résiliation unilatérale Journal officiel ?
dont il aurait dû avoir conscience, alors que de la police d’assurance que dans les condi-
dans le second cas, c’est la connaissance et tions déterminées par l’article L. 113-12 du 7 - Une exclusion se terminant par une
la conscience effectives qui importeraient. Code des assurances » (6 mai 2021, n° 19- généralisation doit être éradiquée pour le
L’impératif de protection de l’assureur 25.168 : JurisData n° 2021-007244 ; RGDA tout. - Telle est la solution issue d’un impor-
contre un tel défaut justifie, à notre avis, que juill. 2021, n° 200g9, p. 26, note A. Pélissier tant arrêt (Cass. 2e civ., 17 juin 2021, n° 19-
l’on se contente d’une appréciation in abs- qui adopte une position moins restrictive). 24.467 : JurisData n° 2021-009508 ; RGDA
tracto. À défaut, l’assureur pourrait « dicter sa loi » juill. 2021, n° 200g6, p. 30, note J. Kullmann)
en s’octroyant la faculté de résilier le contrat qui revient sur la jurisprudence antérieure
4 - Reste à se demander, sur un terrain si l’assuré indocile refuse, par exemple, de (Cass. 1re civ., 10 déc. 1996, n° 94-21.477 :
probatoire, laquelle des deux conditions signer un avenant (V. les faits de l’espèce, JurisData n° 1996-004782 ; RGDA 1997,
fait présumer le respect de l’autre. À notre encore que l’avenant ait été ici établi à l’ini- p. 126, note J. Kullmann. – Cass. 2e civ.,
avis, c’est la connaissance qui fait pré- tiative de l’assuré et prévoyait une augmen- 24 sept. 2020, n° 19-19.484 : RGDA nov.
sumer la conscience et non l’inverse qui tation du plafond de garantie). Il n’y aurait 2020, n° 117w1, p. 19, note A. Pélissier).
serait absurde. Même si j’ai conscience de même pas besoin, comme pour les « clauses Même si l’application à l’espèce de cette
mes actes (et ne suis donc pas atteint d’un covid » instaurées entre deux vagues de solution n’est guère critiquable, car la liste
trouble mental) cela ne fait pas présumer l’épidémie, d’attendre l’échéance annuelle des affections précédant la généralisation
que je connaisse le caractère inéluctable de pour résilier, ce qui n’est pas admissible. « autre mal de dos » est tout aussi imprécise
leurs conséquences. Mais la connaissance que cette dernière (y figurait une « dorsal-
de ce caractère peut faire présumer que j’en 6 - Comme autre source, on songe à la soft gie » dont l’étymologie savante ne parvient
ai compris la portée. En d’autres termes, si law et spécialement aux avis du Comité pas à cacher qu’elle désigne n’importe quel
la conscience éclaire la connaissance (ce consultatif du secteur financier (CCSF). Ce mal de dos), elle est à la fois désastreuse (car
qui est indispensable car connaissance sans comité travaille actuellement à une simplifi- menaçant de très nombreuses clauses) et
sans rigueur juridique. Elle revient à traiter exception : à l’assuré qui réclame l’indem- 2e civ., 21 janv. 2021, n° 19-20.699 : Juris-
différemment les mêmes exclusions (celles nité de prouver que le montant (qui serait Data n° 2021-001059 ; RGDA mars 2021,
figurant dans la liste précédant la généralisa- alors illimité) est supérieur au plafond rete- p. 27, note J. Landel ; Resp. civ. et assur.
tion) selon qu’elles sont « portées » ou non nu par l’assureur. Il convient en effet de se 2021, comm. 78, note H. Groutel, arrêt
par une clause séparée. On rappellera que référer à la règle édictée par l’article L. 113-5 ainsi commenté par la Cour de cassation
l’article L. 113-1 du Code des assurances du Code des assurances (l’assureur « ne peut elle-même sur son site internet : « Ainsi, en
vise « l’exclusion formelle et limitée contenue être tenu au-delà » du montant stipulé) et l’absence d’acte sous seing privé, la preuve
dans la police » et pas la clause d’exclusion. à la jurisprudence qui décide qu’il « appar- du contrat ou de l’avenant peut encore être
Dans son arrêt, la Cour confond aussi bien tient à un assuré qui prétend avoir contracté rapportée par un écrit émanant de la partie
le singulier et le pluriel que le contenu et le à des conditions plus avantageuses que celles à laquelle on l’oppose (en l’espèce l’assuré) ou
contenant. qui ont été mises en œuvre par l’assureur, par tout autre élément constitutif d’un com-
LUC MAYAUX d’en justifier » (Cass. 2e civ., 26 nov. 2020, mencement de preuve par écrit, complété par
n° 19-20.369, inédit : JurisData n° 2020- des éléments extrinsèques »).
8 - Montant de la garantie d’assurance : 019443 ; RGDA janv. 2021, p. 17, note
qui doit prouver quoi ? - Après une journée A. Pimbert) ou que « le fait que l’assuré 12 - Subrogation de l’assureur : un
entière de colloque consacré à cette question apporte la preuve de l’existence d’un contrat contentieux loin d’être tari. - On retiendra
par l’Association internationale de droit des ne le dispense pas de l’obligation d’apporter quelques arrêts de la vingtaine rendue en
assurances (AIDA)-France le 9 décembre également la preuve littérale et suffisante du une année :
2021 (travaux publiés dans les numéros de contenu de celui-ci » (Cass. 2e civ., 11 déc. – pas de prise en compte de la réassu-
mars et avril 2022 de la RGDA), quelques 2014, n° 13-25.343, inédit : RGDA févr. rance. Subrogé dans les droits de son
repères jurisprudentiels peuvent être rappe- 2015, p. 94, note A. Pélissier). Ce principe assuré (notamment sur le fondement de
lés car le sujet est toujours d’actualité. Très de preuve du montant de la garantie mis à l’article L. 121-12 du Code des assurances),
classiquement, on retient la distinction fon- la charge de l’assuré laisse place à l’exception l’assureur peut réclamer au tiers responsable
dée sur la relation assureur-assuré (ou plus qui vient d’être évoquée : quand l’assureur du dommage une somme limitée à l’indem-
précisément, assureur-souscripteur) et sur ne veut pas payer l’indemnité due dans la nité qu’il a payée. Un argument original a
celle de l’assureur de responsabilité face à un limite du plafond car à ses yeux, une clause été soulevé à l’encontre de ce principe : le
tiers lésé. de réduction doit être mise en œuvre, à fait que l’assureur dispose d’un contrat de
lui de prouver que cette clause existe, a été réassurance ferait obstacle à sa subrogation.
9 - Dans la première hypothèse, l’ar- portée à la connaissance de l’assuré et a été Le Conseil d’État l’a logiquement repoussé,
ticle 1353 du Code civil devrait suffire à acceptée par lui, et en outre, bien entendu, en rappelant l’article L. 111-3 du Code des
régler le débat : « celui qui réclame l’exé- qu’elle correspond aux faits : il en est ainsi, assurances : « Dans tous les cas où l’assureur
cution d’une obligation doit la prouver ». par exemple, de la clause de diminution de se réassure contre les risques qu’il a assurés
En cas de contestation soulevée par l’assu- l’indemnité en cas de non-respect des me- (…), il reste seul responsable vis-à-vis de
reur, il incombe à l’assuré de prouver d’une sures de prévention du risque (Cass. 2e civ., l’assuré » (CE, 31 mai 2021, n° 434733 :
part l’existence du contrat d’assurance, ou 20 janv. 2022, n° 20-16.752, inédit : Juris- RGDA oct. 2021, p. 17, notre note) ;
plus exactement de la « garantie mobili- Data n° 2022-000688 ; RGDA avr. 2022, – condition de la subrogation légale : le
sable », nuance utilement adoptée par la 2e p. 18, notre note). paiement de l’indemnité d’assurance est
chambre civile de la Cour de cassation indispensable. S’agissant d’un fait juridique,
(14 oct. 2021, n° 19-25.723, inédit : RGDA 11 - Dans la deuxième hypothèse d’une la preuve peut en être apportée par tous
nov. 2021, p. 32, notre note), et d’autre part action directe lancée par le tiers lésé à l’en- moyens, y compris par des documents in-
son contenu … mais une sérieuse réserve contre de l’assureur du responsable assuré, ternes produits par l’assureur (Cass. 2e civ.,
s’impose. De façon générale, si pour refuser l’article 1353 du Code civil n’a plus la même 9 déc. 2021, n° 20-15.571, inédit : JurisData
la demande de l’assuré, l’assureur se prévaut portée. Si la victime doit toujours prouver n° 2021-020426). Le versement doit-il être
de la définition du risque garanti, l’assuré est l’existence de la garantie mobilisable, c’est opéré entre les mains de l’assuré ? Réponse
tenu de démontrer que cette définition cor- à l’assureur de démontrer l’étendue de la négative de la 2e chambre civile de la Cour
respond au sinistre survenu. En revanche, garantie, dont le montant de celle-ci (Cass. de cassation ; le paiement peut être réalisé
si c’est une exception de garantie qui est 2e civ., 14 oct. 2021, n° 20-14.684, inédit : entre d’autres mains, au titre de l’indem-
mise en avant, c’est à l’assureur de prouver JurisData n° 2021-018487 ; RGDA nov. nisation d’assurance, sur ordre et pour le
tant l’existence de la clause qui la prévoit 2021, p. 32, notre note). Il faut alors écarter compte de l’assuré. Tel est le cas de celui fait
que sa connaissance par l’assuré, ainsi bien une règle que l’on se plaît trop souvent à au crédit-bailleur du bien acquis par l’assuré
entendu que son applicabilité (par ex. une brandir en soutenant son caractère absolu : (31 mars 2022, n° 20-17.147 : JurisData
exclusion Cass. 3e civ., 17 nov. 2021, n° 20- on ne peut se forger ses propres preuves. En n° 2022-004923) ;
16.771 : JurisData n° 2021-018573). effet, l’assureur peut parfaitement produire – condition de la subrogation légale (bis) :
des documents qu’il a lui-même établis : que l’assureur ait payé en exécution du
10 - S’il s’agit du problème particulier du le contrat ou la police d’assurance (Cass. contrat d’assurance. La règle est bien établie
montant de la garantie (plafond, essentiel- 2e civ., 14 oct. 2021, n° 20-14.684, préc.), depuis des lustres. Toutefois, peut se poser
lement), on préférera ici considérer que l’on et les écrits qui procèdent de ces derniers, le problème des circonstances du paiement :
est en présence d’un principe et non d’une notamment la note de couverture (V. Cass. pourquoi l’assureur a-t-il payé l’indemnité ?
mais s’était refusé à produire la police qu’il de la jurisprudence admettait – sauf en cas 5. Assurances de
invoquait, ce qui a conduit la cour d’appel, d’application de la responsabilité décennale
validé sur ce point par la 3e chambre civile, par l’effet de l’article 1792-5 du Code civil
responsabilité
à entrer en condamnation à son encontre au – la licéité et l’opposabilité de la clause figu-
titre des dommages immatériels. (…)
rant dans le contrat d’architecte liant l’archi-
tecte à son client maître d’ouvrage, suivant
17 - Assurance de responsabilité décen- modèle établi par l’Ordre des architectes, 6. Assurances de
nale. Incidence d’une fusion absorption stipulant que celui-ci ne peut être retenu risques divers
au regard de l’application de la garan- pour responsable de quelque manière que
tie dans le temps. - Par arrêt du 24 juin ce soit, ni solidairement, ni in solidum, à (…)
2021, objet de commentaires enrichissants raison des dommages imputables aux autres
(n° 20-15.886 et 20-16.785 : RGDA août- intervenants de l’opération de construc-
sept. 2021, n° 200i4, p. 29, note L. Mayaux ; tion (pour des illustrations récentes Cass. 7. Distribution de
RDI sept. 2021, p. 485, obs. C. Charbon- 3e civ., 14 févr. 2019, n° 17-26.403 : Juris- l’assurance
neau), la 3e chambre civile après avoir Data n° 2019-002042 ; RDI 2019, p. 214,
rappelé que l’option laissée aux parties, obs. B. Boubli ; RGDA avr. 2019, n° 116k5, 20 - Courtiers d’assurance. - Une loi
par l’article L. 124-5 du Code des assu- p. 24, notre note. – Cass. 3e civ., 4 mars 2021, n° 2021-402 du 8 avril 2021 entrée en
rances quant au déclenchement de la ga- n° 19-24.176 : JurisData n° 2021-002920). vigueur le 1er avril 2022, impose de nou-
rantie (date du fait dommageable ou de velles règles aux courtiers d’assurance pour
la réclamation), n’est pas applicable aux 19 - La lecture de l’arrêt précité du 19 jan- l’exercice de leur activité (JO 9 avr. 2021. -
garanties d’assurance pour lesquelles la vier 2022, opérant un revirement de juris- L. Mayaux, Auto-régulation du courtage
loi dispose d’autres conditions d’appli- prudence certain, laisse le commentateur d’assurance. Le retour des corporations : JCP
cation dans le temps (§ 18) juge qu’en la perplexe. La 3e chambre civile juge en effet G 2021, act. 483). Comme tous les inter-
matière, la garantie d’assurance obliga- que la clause considérée ne constitue pas médiaires d’assurance, ils ont l’obligation
toire des constructeurs est déclenchée par une clause limitative de responsabilité, et d’obtenir leur immatriculation à l’Orga-
le fait dommageable (§ 20). Les points de nisme pour le registre des intermédiaires
ce à raison, puisqu’aussi bien de facto et de
vue opposés des commentateurs de l’arrêt en assurance (ORIAS). Mais pour accéder
jure ladite clause ne tend qu’à empêcher la
semblent avoir été nourris par l’équivoque à cette immatriculation ils sont désormais
condamnation de l’architecte pour des fautes
résultant de la lecture des points 18 à 21 de soumis à un préalable : adhérer à une asso-
commises par d’autres intervenants, mais
l’arrêt pouvant laisser penser que la déci- ciation professionnelle de courtiers agréée
casse néanmoins l’arrêt de la cour d’appel
sion de la haute juridiction quant à l’évè- par l’Autorité de contrôle prudentiel et de
pour violation du principe de l’obligation in
nement de déclenchement de la garantie résolution (ACPR) (C. assur., art. L. 513-3).
solidum, ce qui peut laisser penser qu’un tel
(fait dommageable) l’a été aussi en vertu On attend de ces associations qu’elles jouent
principe serait d’ordre public, ce que ne dit
de l’article L. 124-5 du Code des assurances un rôle complémentaire de celui de l’ORIAS
cependant pas l’arrêt. La perplexité s’accroît
alors qu’elle ne l’a été qu’en vertu des ar- et de l’ACPR. L’ACPR se voit réservé l’agré-
à la lecture de la lettre de la 3e chambre civile
ticles L. 241-1 et A. 243-1 du même code, ment et la surveillance de leurs associations
(n° 6, févr. 2022) qui indique que « la clause
et de l’annexe I dudit article, justifiant per- professionnelles ; l’association agréée, pour
litigieuse telle qu’elle est libellée ne déroge pas
tinemment qu’ait été retenue la date du sa part, exerce un contrôle préalable des
fait dommageable. Cet arrêt s’inscrit dans à ce principe (…) », s’agissant du principe
conditions d’accès et d’exercice de la profes-
l’esprit d’un précédent arrêt de la même de l’obligation in solidum. De sorte que l’on
sion lors de l’adhésion du courtier.
formation n° 19-17.824 du 26 novembre pourrait penser qu’une clause d’une rédac-
2020 (JurisData n° 2020-019299 ; JCP G tion différente serait, alors, validée par la
21 - Toute association professionnelle de
2021, 178, note A. Pimbert ; RGDA janv. 3e chambre civile, mais à vrai dire, on voit courtiers dont le siège social est établi en
2021, n° 118c8, p. 81, note L. Mayaux). mal comment il pourrait être rédigé une France peut prétendre à l’agrément (C. as-
clause dont l’objet serait d’écarter les consé- sur., art. R. 513-21) à condition d’être re-
18 - Assurance de responsabilité civile quences de l’obligation in solidum sans por- connue représentative et qualifiée. N’étant
de l’architecte. Illicéité de la clause du ter atteinte au droit à la réparation intégrale pas un syndicat professionnel au sens du
contrat de maîtrise d’œuvre stipulant du maître de l’ouvrage alors que celui-ci Code du travail, elle ne bénéficie pas d’une
que l’architecte ne pourra être tenu res- se heurterait, par exemple, à l’insolvabilité représentativité à ce titre. Pour être regar-
ponsable, ni solidairement, ni in solidum, d’un ou de plusieurs autres intervenants à dée comme « représentative » elle doit jus-
des fautes commises par d’autres inter- l’acte de construire. tifier d’un nombre d’adhérents à jour de
venants aux opérations de construction. JEAN-PIERRE KARILA leur cotisation représentant au moins 10 %
- Avant l’arrêt du 19 janvier 2022 de la 3e du nombre total de professionnels tenus à
chambre civile, publié au Bulletin (n° 20- l’obligation d’adhésion. La compétence et
15.376 : JurisData n° 2022-000605 ; JCP
4. Assurances de l’honorabilité de ses représentants légaux
G 2022, doctr. 257, spéc. n° 5, obs. G. Viras- personnes et de ses administrateurs, l’impartialité de
samy ; RGDA avr. 2022, n° RGA200r5, p. 8, sa gouvernance, appréciée au regard de ses
note P. Dessuet) le droit positif résultant (…) procédures écrites, ainsi que son aptitude
à assurer l’exercice et la permanence de ses sion satisfait à la condition d’honorabilité refus d’adhésion prononcé par cette asso-
missions au travers de moyens matériels et mentionnée aux articles L. 511-3 et L. 512-4 ciation de droit privé qui affecte la possibi-
humains adaptés (C. assur., art L. 513-5) (C. assur., art. R. 513-5), que le courtier a lité d’exercer le courtage d’assurance, peut
sont appréciées par l’ACPR dans le cadre souscrit un contrat d’assurance de respon- faire l’objet d’un recours devant le tribunal
de la procédure d’agrément. Au vu des élé- sabilité civile professionnelle mentionnée à judiciaire dans le ressort duquel se trouve le
ments du dossier présenté, elle statue sur l’article L. 512-6 répondant aux conditions siège de l’association. L’association profes-
la demande d’agrément dans un délai de mentionnées aux I et II de l’article R. 512-14 sionnelle n’est cependant pas compétente
3 mois à compter de la date de réception (C. assur., art. R. 513-6) ainsi que la garan- pour sanctionner les manquements de ses
du dossier complet et notifie sa décision à tie financière prévue à l’article L. 512-7 (C. membres dans l’exercice de la profession.
l’association. Le silence gardé à l’issue de ce assur., art. R. 513-7). Elle doit également
La procédure disciplinaire relève exclusi-
délai vaut acceptation de la demande d’agré- vérifier les exigences en matière de capacité
vement de la commission des sanctions de
ment (C. assur., art. R. 513-26). Lors de sa professionnelle du personnel concerné dans
l’ACPR mentionnée à l’article L. 612-1 du
séance du 22 mars 2022, le collège de l’ACPR les conditions prévues aux articles R. 512-8
Code monétaire et financier ainsi que, de
a délivré un agrément à 7 associations, dont à R. 512-13 et R. 514-3 à R. 514-5 (C. assur.,
manière générale, le contrôle de l’activité
6 en qualité d’associations professionnelles art. R. 513-8) et du respect des obliga-
de courtiers en banque et assurance et une tions de formation et de développement professionnelle des courtiers (C. mon. fin.,
association en la seule qualité d’association professionnels continus prévues au II de art. L. 612-2).
professionnelle de courtiers en assurance l’article L. 511-2 et à l’article R. 512-13-1
(communiqué de presse, 23 mars 2022 : (C. assur., art. R. 513-9). Enfin, l’associa- 24 - Sur le principe, ce passage obligé par
https://acpr.banque-france.fr/). Garante de tion s’assure que ses membres satisfont à l’adhésion préalable à une association pro-
l’aptitude des associations à faire face à leurs l’obligation de proposer à leurs clients le fessionnelle n’a pas manqué d’étonner par le
missions, l’ACPR peut retirer l’agrément recours à un médiateur de la consomma- peu de cas qu’il semble faire du principe de
d’une association professionnelle selon les tion, conformément au premier alinéa de liberté d’entreprendre, un principe général
modalités des articles R. 513-29 à R. 513- l’article L. 612-1 du Code de la consomma- ayant une valeur constitutionnelle et de la
31 du Code des assurances lorsque celle-ci tion (C. assur., art. R. 513-3). L’adhérent a liberté d’association en rendant l’adhésion
ne satisfait plus aux conditions auxquelles l’obligation de tenir informée l’association obligatoire à l’association pour l’exercice
était subordonné son agrément (C. assur., de toute modification des informations le de la profession (L. Mayaux, Auto-régula-
art. L. 513-5, I). Les courtiers et leurs man- concernant pouvant avoir des conséquences tion du courtage d’assurance. Le retour des
dataires qui en sont membres doivent alors sur la qualité de membre de l’association, corporations, note préc.). Pour passer outre,
adhérer à une nouvelle association agréée, notamment lorsqu’il ne respecte plus les on a mis en avant des arguments de circons-
dans un délai de 3 mois à compter de la conditions ou les engagements auxquels tance : « la nécessité de mieux accompagner
notification de la décision de retrait d’agré- était subordonnée son adhésion (C. assur., les acteurs du secteur » et « la nécessité d’assu-
ment ou de la date de dissolution pour pou- art. L. 513-8). rer un meilleur contrôle des exigences appli-
voir poursuivre leur activité (C. assur., art. cables au secteur pour une protection accrue
R. 513-2). 23 - Le retrait de l’adhésion peut prendre
du consommateur » (Rapp. AN n° 3784,
deux formes. Volontaire, il traduit le choix
27 janv. 2021). Suffiront-ils pour résister
22 - L’adhésion du courtier à l’associa- du courtier de se retirer de la profession ;
aux recours en annulation annoncés par la
tion agréée n’est pas reçue sans contrôle. subi, il peut résulter du constat par l’asso-
Elle est précisément destinée à préparer ciation que le courtier a cessé de remplir presse professionnelle (Argus 31 mars 2022,
l’immatriculation à l’ORIAS. La mission les conditions ou les engagements aux- 08h35 : www.argusdelassurance.com) ? Quoi
de l’association, préalable à l’adhésion, est quels était subordonnée son adhésion. Tout qu’il en soit, ces éventuels recours n’auront
donc de s’assurer du respect par le cour- retrait de la qualité de membre est notifié dans l’immédiat aucun effet suspensif sur
tier candidat des conditions d’accès à la à l’ORIAS et prononcé d’office, il est noti- l’application des textes. Ils s’appliquent aux
profession, posées par les articles L. 512-4 fié à l’ACPR. L’association peut également courtiers inscrits depuis le 1er avril 2022 et
à L. 512-7 du Code des assurances. C’est décider d’informer de sa décision les autres seront étendus à tous les courtiers à compter
à ce titre que l’association doit vérifier que associations professionnelles agréées. La du 1er janvier 2023.
le personnel du courtier candidat à l’adhé- décision de retrait d’adhésion comme le DANIEL LANGÉ
Les arrêts traités dans cette chronique • Cass. 2e civ., 14 oct. 2021, n° 20-14.684 : • Cass. 2e civ., 20 janv. 2022, n° 20-10.529 :
• • Cass. 2e civ., 21 janv. 2021, n° 19- JurisData n° 2021-018487 JurisData n° 2022-000588
20.699 : JurisData n° 2021-001059 • Cass. 2e civ., 10 nov. 2021, n° 19-12.659 : • Cass. 2e civ., 20 janv. 2022, n° 20-16.752 :
• Cass. 2e civ., 6 mai 2021, n° 19-25.168 : JurisData n° 2021-018725 JurisData n° 2022-000688
JurisData n° 2021-007244 • Cass. 3e civ., 17 nov. 2021, n° 20-16.771 : • Cass. 1re civ., 2 févr. 2022, n° 20-10.855 :
• CE, 31 mai 2021, n° 434733 JurisData n° 2021-018573 JurisData n° 2022-001136
• Cass. 3e civ., 10 juin 2021, n° 20-10.774 : • Cass. 3e civ., 16 févr. 2022, n° 20-22.618 :
• Cass. 2e civ., 9 déc. 2021, n° 20-15.571 :
JurisData n° 2021-009370 JurisData n° 2022-002152
JurisData n° 2021-020426
• Cass. 2e civ., 17 juin 2021, n° 19-24.467 : • Cass. 3e civ., 2 mars 2022, n° 20-22.486 :
JurisData n° 2021-009508 • Cass. 2e civ., 16 déc. 2021, n° 20-13.692 : JurisData n° 2022-003063
• Cass. 3e civ., 24 juin 2021, n° 20-15.886 et JurisData n° 2021-020355 • Cass. 2e civ., 10 mars 2022, n° 20-19.056
20-16.785 • Cass. 3e civ., 19 janv. 2022, n° 20-17.697 • Cass. 2e civ., 31 mars 2022, n° 20-17.147 :
• Cass. 3e civ., 30 sept. 2021, n° 20-18.883 : et 20-17.758 : JurisData n° 2022-000656 JurisData n° 2022-004923
JurisData n° 2021-015432 • Cass. 3e civ., 19 janv. 2022, n° 20-15.376 :
• Cass. 2e civ., 14 oct. 2021, n° 19-25.723 JurisData n° 2022-000605
ACTUALITÉ BIBLIOGRAPHIQUE