Vous êtes sur la page 1sur 55

PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

ENVIRONNEMENT DES FINANCES PUBLIQUES


LOCALES
Par
Honorable Luc Roger MBARGA ASSEMBE
Député Secrétaire à la Commission des Finances et du Budget de l’Assemblée Nationale
Inspecteur Principal des Régies Financières (Trésor) Hors Echelle
Enseignant à l’ENAM, à l’Université de Yaoundé II et au Programme Supérieur de
Spécialisation en Finances Publiques
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

A. INTRODUCTION AUX FINANCES PUBLIQUES


LOCALES
La mise en œuvre du processus de décentralisation au Cameroun
étant déjà avancée avec le programme de transfert complet des
compétences en 2015 qui s’accompagne de celui des ressources
par l’Etat aux CTD, il apparaît opportun pour les séminaristes,
de comprendre les mécanismes de financement de cette
technique d’administration concrétisant l’option prise par la
Constitution, texte de base des réformes ayant trait à la
décentralisation.
Les finances publiques locales répondent au souci de
mobilisation optimale de tous les moyens nécessaires à
l’aménagement du cadre et des conditions de vie locale, et
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

s’intéressent à la gestion de toutes les charges des


Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD).
Ce module apparait à la fois, tant comme une évidence qu’une
nécessité. Il ne saurait d’ailleurs en être autrement, la
décentralisation s’affirmant dans le monde en général et dans le
contexte particulier du Cameroun comme l’option majeure qui
consiste à mieux encore rapprocher l’administration des
administrés et de faire parvenir les retombées de la croissance au
plus petit citoyen.
Pour ce faire, il est nécessaire de mettre en place une discipline
stricte de collecte et de dévolution des richesses destinées au
peuple.
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

Pendant plusieurs décennies, l’essentiel des finances publiques


locales avait pour cadre juridique outre l’ordonnance
n°62/OF/04 du 7 février 1962, la loi n°74/23 du 5 décembre
1974, portant organisation communale et ses textes modificatifs
subséquents.
Le présent module a pour principaux supports la loi n°2009/011
du 10 juillet 2009 portant régime financier des CTD et la loi
n°2009/019 du 15 décembre 2009 portant fiscalité locale.
Le premier texte législatif, socle des finances publiques
locales, fixe assurément les conditions d’élaboration, de
présentation, d’exécution et de contrôle de l’exécution des
budgets des collectivités territoriales.
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

Le second, base de la fiscalité locale, détermine tous les


prélèvements opérés par les services fiscaux de l’Etat et les
CTD au profit de ces dernières. Il intervient en application
des dispositions :
 de l’article 55 de la loi n°96/06 du 18 janvier 1996 portant
révision de la Constitution qui fait des CTD des personnes
morales de droit public jouissant d’une double autonomie
administrative et financière ;
 des articles :
 n°22 de la loi n°2004/017 d’orientation de la décentralisation,
 n°144 de la loi n°2004/018 fixant les règles applicables aux
communes,
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

 n°85 de la loi n°2004/019 fixant les règles applicables aux


régions, du 22 juillet 2004 qui instituent la dévolution des
ressources nécessaires à l’accomplissement de leurs missions
aux CTD par transfert de fiscalité et/ou de dotation.
A la lumière des actes législatifs et réglementaires, les finances
publiques locales se caractérisent par le nombre et la variété des
opérations qui constituent la chaîne financière depuis
l’élaboration des budgets en passant par leur exécution jusqu’au
contrôle de leur exécution à postériori.
Dans ce contexte particulier où la volonté ferme du
législateur est de rendre les collectivités territoriales
autonomes administrativement et financièrement, on
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

comprend aisément la place importante qu’occupe la


fiscalité locale dans les finances publiques locales en ce
qu’elle concerne la collecte des ressources propres de la
CTD. En effet, la fiscalité locale répond au souci de
mobilisation de moyens nécessaires à l’aménagement du
cadre et des conditions de vie des populations.

OBJECTIFS PRINCIPAUX
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

Les finances publiques locales poursuivent des objectifs


principaux afin d’amener les auditeurs à :
- acquérir des connaissances sur la gestion des deniers publics
locaux ;
- maîtriser le contenu et les modalités de mobilisation des
ressources des CTD ;
- maîtriser les mécanismes liés à la qualité de la dépense
publique locale ;
- être capables de contrôler la gestion des deniers publics
locaux.
OBJECTIFS SPECIFIQUES
Les finances publiques locales s’intéressent de façon spécifique :
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

1°. à la prévision des ressources et des dépenses des CTD ;


Il s’agira ici des techniques, de prévision des recettes et des
dépenses, des  modalités de présentation et d’élaboration du
budget des CTD ;

2°. à la collecte des ressources des CTD ;


Sont ici concernés le contenu et la mobilisation des différentes
sources de financement de la décentralisation que sont : les
transferts, les dotations et bien entendu la fiscalité locale qui
constitue un axe majeur de ce module. Il s’agira surtout aussi
d’apprendre les règles et les acteurs intervenant dans l’exécution
du budget en recettes ;
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

3°. à la dépense publique locale ;


L’on traite ici des règles et des intervenants dans l’exécution du
budget en dépenses, notamment les principes de base relatifs à la
passation de la commande publique et l’exécution des marchés
publics ;

4°. au contrôle de la gestion des deniers publics locaux ;


La bonne gouvernance nécessite le contrôle de la collecte,
l’utilisation et la protection des deniers publics locaux. Il s’agit
aussi de présenter les différents acteurs du contrôle et leurs rôles
respectifs.

5°. à la fiscalité locale


PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

Il est question entre autre d’apporter à l’apprenant, les éléments


et techniques de mobilisation et de répartition des impôts et
taxes des CTD, de l’amener à comprendre les dispositions
légales et réglementaires relatives à la fiscalité locale ainsi que
les dispositions applicables aux contribuables, bénéficiaires et
aux intervenants divers. Les auditeurs devront pouvoir faire la
distinction entre les recettes directes, les recettes
d’intercommunalité et de péréquation et bien d’autres
dispositions particulières de la fiscalité locale.
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

DEFINITIONS
Selon le dictionnaire PETIT LAROUSSE, les finances peuvent
être comprises comme :
 l’ensemble des professions qui ont pour objet l’argent et ses
modes de présentation ;
 la science de la gestion des patrimoines individuels,
d’entreprises, des deniers publics (Biens meubles,
immeubles, corporels, incorporels, numeraires) ;
 l’ensemble des charges et ressources de l’Etat ou d’une
collectivité territoriale ;
 l’ensemble des activités qui ont trait à leur gestion, leur
utilisation.
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

C’est le caractère public ou privé de l’acteur financier qui


confère la nature juridique aux finances. Les collectivités
territoriales décentralisées, personnes morales de droit public
jouissant d’une autonomie administrative et financière, sont des
acteurs principaux des finances publiques locales.
Les finances sont assimilées ici à la gestion financière c’est-à-
dire celle des ressources, des charges, des patrimoines, des
deniers publics locaux.
Au Cameroun, la mission de développement local est
généralement confiée aux collectivités territoriales
décentralisées et plus particulièrement aux communes et aux
régions.
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

Les finances publiques locales concernent donc la gestion de


toutes les ressources et des dépenses permettant à ces
collectivités d’accomplir leurs missions de promotion de
développement économique, social, culturel, sanitaire,
éducatif et sportif.
Les principales ressources proviennent de la fiscalité locale.
La fiscalité a pour objet la levée des moyens nécessaires à la
conduite d’une politique visant la réalisation d’un intérêt
commun (programme d’action).
Il s’agit d’un prélèvement obligatoire en contribution à la mise
en place de structures indispensables à la vie des collectivités
publiques.
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

Mise en œuvre des principes d’égalité, de justice et d’équité :


 égalité devant la loi commune ;
 contribution en fonction des revenus et ressources de
chacun ;
 neutralité : le prélèvement ne doit pas avoir pour objectif de
nuire ou de favoriser certains par rapport ou au détriment des
autres.
Elle doit être la résultante d’une politique d’aménagement de
l’espace local concertée et acceptée par les populations, en vue
de leur bien-être.
Pour être acceptée, une telle politique doit être le résultat d’une
planification participative et refléter les aspirations des
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

populations appelées à bénéficier de ce résultat et, pour assurer


ce résultat, à dégager les ressources nécessaires aux activités
visant la réalisation de ces résultats.
La fiscalité locale répond au souci de mobilisation de moyens
nécessaires à l’aménagement du cadre et des conditions de vie
locale.
La fiscalité locale s’entend comme tous prélèvements opérés par
les services fiscaux de l’Etat ou compétents des CTD au profit
de ces dernières.
Ci-après illustrées les sources de financement de la
décentralisation dans les finances publiques locales.
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

FINANCES PUBLIQUES LOCALES


FISCALITE LOCALE ENSEMBLE
(60%) DES
DOTATIONS (25%) CHARGES
LOCALES
CONTRIBUTION DE
(DEPENSES)
SOLIDARITE FEICOM
(10%)
EFFET LEVIER
COOPERATION
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

DECENTRALISEE (5%)

B. CONCEPT ET CADRE DE LA DECENTRALISATION


Les finances publiques locales s’inscrivent dans la suite logique
des réformes ayant trait à la décentralisation prônée par la loi
n°96/06 du 18 janvier 1996, portant révision de la Constitution
de la République du Cameroun.
Selon l’article premier alinéa (2) de ce texte, la République du
Cameroun est un Etat unitaire décentralisé.
- Décentralisation p/r Etat
- Centralisation (compétences administratives exercées par les
représentants d’une seule personne morale : Etat)
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

- Concentration (appareil administratif situé à la capitale)


- Déconcentration (représentants locaux du pouvoir central,
délégation de pouvoir, pouvoir hiérarchique)
- Décentralisation (répartition des compétences entre plusieurs
personnes morales : Etat, collectivités locales, établissements
publics)
- Décentralisation territoriale (base géographique)
- Décentralisation technique = fonctionnelle = par services
L’article 55 alinéa 2 de la loi susvisée, l’article 2 de la loi
d’orientation de la décentralisation et l’article 2 de la loi portant
régime financier des CTD, font ressortir des critères de la
décentralisation territoriale.
Quatre critères à remplir pour la décentralisation
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

1. Personnalité juridique et autonomie financière reconnues par


le législateur.
2. Désignation des organes de gestion indépendante de l’Etat
élection
3. Démarcation claire entre affaires sous responsabilité des
autorités nationales et celles sous autorités locales
4. Transfert de compétences particulières transfert de
ressources appropriés
La décentralisation exige un simple contrôle et non une tutelle
rigide par l’Etat sur les actes et les organes des CTD.
La Constitution du 18 janvier 1996 a réservé aux CTD c’est-à-
dire à la décentralisation tout un titre (titre X). Les communes et
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

les régions sont des personnes morales de droit public dotées de


l’autonomie administrative (libre administration par
les conseils élus, exécutifs élus) et de l’autonomie financière
(ressources propres, gestion financière propre et libre) pour gérer
les intérêts locaux et régionaux (affaires locales distinctes des
affaires nationales).
Pour assurer les compétences à elles transférées par l’Etat, les
CTD bénéficient des transferts de fiscalité et/ou de dotation.
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

C. TYPOLOGIE DES COLLECTIVITES


TERRITORIALES DECENTRALISEES ET
ATTRIBUTIONS
L’article 55 alinéas 1 de la Constitution a précisé les deux
niveaux de collectivités territoriales décentralisées : les
communes et les régions.
La Commune est la CTD de base avec pour variantes la
Communauté Urbaine (au moins 2 communes), et les
Communes d’arrondissement. Actuellement, il y’a 360
communes et 14 communautés urbaines
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

La Région est constituée de plusieurs départements. Il ne faut


pas confondre les 10 régions circonscriptions administratives
avec les 10 régions collectivités territoriales décentralisées.
Les CTD peuvent entretenir des relations de coopération entre
elles au Cameroun ou avec les CTD étrangères (coopération
décentralisée).
La solidarité inter CTD est concrétisée par les syndicats de
communes dans un même département, une même région pour
la réalisation des projets d’intérêt commun.
Les Collectivités territoriales décentralisées ont une mission de
développement local sur les plans économique, social, culturel,
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

sanitaire, éducatif et sportif, (article 4 loi d’orientation de la


décentralisation)
En tant qu’acteurs principaux de développement local, elles
entretiennent des relations avec les acteurs politiques,
économiques, socioculturels, administratifs et techniques ; et
peuvent signer des contrats avec l’Etat, les établissements
publics, les ONG, la société civile (article 18 LOD).
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

D. PRINCIPES DE L’AUTONOMIE FINANCIERE


ET DE LA MOBILISATION DES RESSOURCES
DES CTD
1. L’autonomie financière des CTD
«  La République est un Etat unitaire décentralisée » (Art. 1
alinéa 2 loi n°96/6 du 18/01/96 portant révision de la
Constitution).
La constitution, la loi d’orientation de la décentralisation et la loi
portant régime financier des CTD confèrent l’autonomie
financière aux CTD.
«  Les CTD sont des personnes morales de droit public. Elles
jouissent de l’autonomie administrative et financière pour la
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

gestion des intérêts régionaux et locaux. Elles s’administrent


librement par des conseils élus et dans les conditions fixées par
la loi. Les conseils des CTD ont pour mission de promouvoir le
développement économique, social, sanitaire, éducatif, culturel
et sportif de ces collectivités » (Art. 55 al. 2 loi 96/6 du
18/01/96, Art. 4 LOD N°2004/017 du 22/07/2004).
- Gestion libre du patrimoine
L’autonomie financière peut être définie comme la capacité pour
une personne morale d’administrer et de gérer librement les
biens meubles ou immeubles, corporels ou incorporels ou en
numéraires constituant son patrimoine propre en vue de réaliser
son objet social » (Art. 2 al. 1 loi n°99/016 du 22/12/1999
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

portant statut général des Etablissements Publics et des


Entreprises du secteur public et parapublic).
- Gestion libre des recettes et des dépenses (pouvoir
budgétaire)
« Les Collectivités Territoriales sont des personnes morales de
droit public. Elles jouissent de la personnalité juridique et de
l’autonomie administrative et financière pour la gestion des
intérêts régionaux ou locaux. Elles gèrent librement leurs
recettes et leurs dépenses, dans le cadre des budgets votés par les
organes délibérants » (Art. 2 LPRF/CTD N°2009/011 du
10/07/2009).
- Gestion libre des impôts locaux (pouvoir fiscal)
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

L’ensemble des prélèvements opérés par les services fiscaux de


l’Etat ou compétents des collectivités territoriales au profit de
ces dernières, est désigné sous le vocable « impôts locaux »
(Art. 1er alinéas 1 loi n°2009/019 du 15/12/2009). Cette
disposition de la loi portant fiscalité locale compromet la libre
gestion des impôts locaux par les CTD et la fait partager par
l’Etat.
Le pouvoir fiscal des CTD est atténué par l’implication des
services fiscaux de l’Etat dans la gestion fiscale locale (Art. 1, 4,
6, 125, 127 LPFL).
Les procédures fiscales d’assiette, émission, recouvrement,
poursuites, contrôle et contentieux des impôts, taxes, redevances
dus aux CTD sont presque les mêmes que pour les droits et taxes
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

de l’Etat. « Les collectivités territoriales assurent


l’administration des impôts et taxes qui leur sont dévolus, sous
réserve de ceux gérés par l’Administration fiscale » (Art. 4
LPFL).
« Les impôts communaux, la taxe de développement local et les
centimes additionnels communaux sont liquidés et émis par les
services fiscaux de l’Etat » (Art. 125 LPFL al. 1) et payés à la
caisse du Receveur des Impôts (Art. 127).
- Péréquation de certains impôts (Tutelle de l’Etat sur les
CTD)
« L’Etat veille au développement harmonieux de toutes les CTD
sur la base de la solidarité nationale, des potentialités régionales
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

ou communales et de l’équilibre inter-régional et inter-


communal » (Art. 55 al. 3 et 4 de la Constitution, Art.5 al. 1
LPFL/CTD).
« En contrepartie des frais d’assiette et de recouvrement des
recettes fiscales effectuées au profit des CT et des organismes
publics, l’Administration fiscale retient 10% sur les recettes
perçues pour le compte de ces collectivités territoriales et
organismes ». (Art. 55 LPFL)
- Dépôt des fonds des CTD au Trésor Public (Art. 7 al. 3 loi
2007/006 du 26/12/2007 PRFE) et à la caisse de dépôts et
consignations (loi n°2008/003 du 14 avril 2008 régissant les
dépôts et consignations)
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

- Monopole du Trésor Public, guichet unique, compte


unique BEAC
Recouvrement toutes recettes, paiement toutes dépenses,
totalité de la trésorerie ;
Circuit des caisses publiques ;
Relations avec le système bancaire régional et international ;
Centralisation des opérations d’encaissement et de
décaissement (Art. 68 LPRE).
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

2. De la mobilisation des ressources des CTD


Au regard des données statistiques, il a été observé que les
ressources des CTD sont très faibles. Le souci de la mobilisation
des ressources renferme ainsi plusieurs enjeux : le renforcement
de l’autonomie financière des collectivités territoriales,
l’amélioration de la capacité d’autofinancement des CTD et
l’affirmation de la crédibilité des CTD.

a. Le renforcement de l’autonomie financière des CTD


L’autonomie financière suppose que les CTD disposent :
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

- des ressources de financement rentables,


- d’une grande liberté dans la détermination du volume et des
sources de leur financement,
- d’une capacité de mobilisation de leurs ressources,
- d’une grande liberté dans le choix de leurs dépenses.
Bref, le défi à relever est de doter les CTD des ressources
suffisantes pour répondre aux besoins de leur fonctionnement et
de ceux des populations.
En ce qui concerne la détermination du volume et des sources de
leur financement, le niveau de décentralisation fiscale reste
encore très faible.
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

S’agissant des taxes communales, si les CTD gardent une


certaine autonomie dans l’émission et le recouvrement, on
relève cependant les problèmes ci-après :
- la faiblesse du potentiel,
- la non maîtrise de l’assiette fiscale,
- le manque de stratégie de recouvrement,
- leur rendement faible,
- le désintéressement de certains magistrats municipaux.

En matière de gestion des impôts communaux, les problèmes


qui se posent sont notamment :
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

- la non application de la loi portant fiscalité locale et en ce qui


concerne le respect des clés de répartition des impôts et taxes
entre l’Etat et les CTD,
- les problèmes informatiques persistants, notamment à Douala
et à Yaoundé,
- le déficit de comptabilisation des recettes recouvrées et
reversées aux CTD,
- le déficit de consolidation des données sur les recettes
communales,
- les problèmes de reversement dans les délais,
- le manque de transparence dû à la non tenue des registres
requis par la loi (livre-journal des émissions et de
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

recouvrement, états de rapprochement journalier des impôts


et taxes prélevés au profit des CTD et du FEICOM),
- le manque de suivi par les CTD elles-mêmes,
- l’éloignement de certains services fiscaux de certaines CTD,
- le déficit de collaboration entre les services fiscaux, les
services du Trésor et les CTD,
- le désintéressement des services financiers de l’Etat.
Pour ce qui est des dotations, on relève :
- une inadéquation entre les compétences transférées et les
ressources correspondantes,
- la non maîtrise préalable par les CTD, au moment de
l’élaboration des budgets, du montant attendu de l’Etat,
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

- le non versement et les retards dans le reversement de la


Dotation Générale de Fonctionnement (DGF) par les
communautés urbaines aux communes d’arrondissement.
Les compétences d’assiette et de recouvrement des impôts
communaux restent du ressort de l’Etat. Les CTD sont des
acteurs passifs des différentes étapes de la chaîne (assiette,
émission, recouvrement, reversement), alors que le produit des
impôts communaux constitue la part la plus importante des
ressources des CTD.
La gestion des impôts communaux fait l’objet de critiques et de
récriminations susvisées. Il existe des dysfonctionnements dans
la chaîne fiscale des CTD pour lesquels le CONAFIL et les
CODEFIL doivent s’investir à fond dans le cadre d’une
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

collaboration avec les différents acteurs, en vue d’assainir la


chaîne fiscale.
Une autre difficulté d’ordre général qu’il convient de relever,
réside dans les scellés récurrents des comptes bancaires des
communes par les services fiscaux de l’Etat et les services de la
CNPS, pour non reversement des sommes dues à ces structures.
Ce qui entraîne le blocage du fonctionnement des communes
victimes, au mépris du principe de la continuité du service
public. Cette situation mérite également l’attention des
CODEFIL.
b. L’amélioration de la capacité d’autofinancement
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

L’autofinancement ou l’épargne est une donnée fondamentale en


finances publiques locales. En effet, l’exécution du budget de la
CTD en recettes et en dépenses, doit permettre de dégager une
épargne brute, qui correspond à l’excédent des recettes de
fonctionnement sur les dépenses de fonctionnement.
Il est exigé aux gestionnaires locaux de prévoir cette épargne
dans leurs budgets (Cf. tableau de synthèse du budget, annexe à
l’instruction conjointe n°79/IC/MINATD/MINFI du 10 janvier
2012 relative à la tenue de la comptabilité des CTD)
Cette épargne sert à couvrir par ordre de priorité :
- le remboursement des dettes échues,
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

- le financement en partie les dépenses d’investissement de


l’année, en complément des recettes d’investissement
(emprunt, subventions,…)
Elle favorise également le recours à l’emprunt auprès du
FEICOM et d’autres organismes.
En cette matière, il convient de souligner que le recours à
l’emprunt est salutaire pour les CTD, tant la nécessité d’investir
se fait sentir et conditionne le développement des activités de
production et de services. Il permet d’étaler la prise en charge
des investissements coûteux sur la durée, sans compromettre par
un effort fiscal insupportable, le déroulement des activités
économiques du moment. Il faut donc emprunter pour combler
le déficit en investissement. Une commune qui ne dégage pas
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

une épargne brute, ne peut emprunter et par conséquent ne peut


réaliser de gros investissements.
Dans ces conditions, que faire ? Il faudrait soit augmenter les
recettes, soit réduire les dépenses de fonctionnement en vue de
dégager une épargne significative.
En maximisant leurs ressources, les CTD doivent développer
l’autofinancement pour rembourser les emprunts et gérer
l’investissement. Il est à noter enfin que les emprunts doivent
servir exclusivement au financement des investissements.
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

c. La crédibilité des collectivités territoriales


Le faible niveau des ressources des CTD ne permet pas à ces
entités de fonctionner de façon optimale, encore moins
d’améliorer les conditions de vie des populations. La
conséquence est que la CTD perd de sa crédibilité vis-à-vis :
- des populations dont les attentes légitimes ne sont pas
satisfaites ;
- des personnels de la CTD qui ne bénéficient pas de bonnes
conditions de travail (salaires, retraite, etc.) ;
- des prestataires dont les factures ne sont pas payées à temps ;
- de l’Etat et des partenaires au développement en cas de
demande d’appui, l’un des critères d’appréciation de la
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

demande étant la capacité de mobilisation des ressources


propres.
Pour gagner en crédibilité, les CTD ont intérêt à montrer leur
capacité à mobiliser de façon optimale leurs ressources et à en
faire une saine gestion.
Tels sont les problèmes que nous avons identifiés sur le volet
ressources.

E. LA BONNE GOUVERNANCE LIEE A LA


QUALITE DE LA DEPENSE PUBLIQUE LOCALE
L’objectif poursuivi se résume en deux éléments : la satisfaction
des besoins des populations et de la qualité de la dépense.
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

1. La satisfaction des besoins des populations


Comme rappelé à l’introduction, la CTD a entre autres pour
mission de promouvoir le développement économique et social
de sa localité. Au regard de ces missions, les ressources des
CTD doivent essentiellement concourir à la réalisation de ce
noble objectif. Les ressources financières des CTD sont faibles
au regard des besoins de la population en terme des services
sociaux de base. Le défi qui interpelle les élus locaux est de
pouvoir faire le maximum de réalisations avec le peu de moyens
matériels et financiers disponibles, en mettant l’accent sur les
dépenses qui ont un impact réel sur les conditions de vie des
populations.
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

Le législateur Camerounais, soucieux de la qualité de la


dépense, a encadré les dépenses par les ratios ci-après :
- maximum des dépenses de fonctionnement 60% des
dépenses totales ;
- minimum des dépenses d’investissement, 40% des
dépenses totales ;
- maximum des dépenses de personnel par rapport aux
dépenses de fonctionnement 35%.
La pratique révèle que les dépenses de fonctionnement des CTD
absorbent une grande partie, sinon la totalité des recettes de
fonctionnement des CTD. Les CODEFIL doivent œuvrer pour
inverser la tendance, c’est-à-dire engager les CTD à contenir les
dépenses de fonctionnement dans les limites fixées par la
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

législation. Cela commence dans la phase d’élaboration du


budget. A ce stade, il faut réduire les prévisions concernant les
matières et fournitures consommées, les dépenses du personnel
et de manière générale, les dépenses de fonctionnement. Il
convient également de souligner que la qualité de la dépense
passe par des prévisions des dépenses réalistes. Au niveau de
l’exécution, il conviendrait d’assurer le maximum des dépenses
obligatoires et éviter le plus possible les dépenses facultatives.
Dépenses obligatoires (Art. 28 LPRF/CTD) :
- traitement et salaire, indemnités et autres avantages ;
- cotisations sociales, impôts et taxes à reverser ;
- charges incompressibles liées aux fonctions des services ;
- dettes exigibles ;
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

- contribution aux organismes d’appui aux CTD ;


- dépenses sur exécution décisions de justice ;
- contributions aux associations dont la CTD est membre ;
- dépenses sur pgs d’investissements et projets ;
- DGF des CV aux CA.

2. La qualité de la dépense
 La régularité de la dépense publique
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

La qualité de la dépense doit être également recherchée au cours


de l’exécution du budget dans le respect des règles
d’engagement des dépenses, notamment :
- La disponibilité des crédits ;
- la disponibilité des fonds (Cf. situation journalière de la
trésorerie) ;
- le rythme d’évolution des recettes (plan de trésorerie) ;
- le respect des imputations budgétaires ;
- le respect de la règle du service fait ;
- le respect des règles de la commande publique ;
- le respect des délais de paiement des prestations et
fournitures.
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

 La protection de la fortune publique


Les ressources des CTD, quelle que soit leur origine (impôts et
taxes, dotations, emprunts), sont des deniers publics. Elles
constituent un élément important de la fortune publique.
Lorsque l’on parle de protection de la fortune publique, il s’agit
pour le chef de l’exécutif d’éviter que ses actes de gestion ne
causent des préjudices financiers à la CTD (surfacturations,
prestations ou livraisons fictives, pénalités diverses dues au non
respect par la CTD de ses obligations vis-à-vis des services
fiscaux de l’Etat, de la CNPS, des décisions judiciaires, etc.).
Cela est valable pour les recettes notamment dans le cadre du
partenariat public-privé auquel recourent de plus en plus les
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

CTD, notamment dans la construction des équipements


marchands.
Les pouvoirs publics envisagent mener des actions spécifiques
pour améliorer la qualité de la dépense des CTD.
Ainsi, les dépenses sur décision seront délimitées par acte du
Ministre de l’Administration Territoriale et de la
Décentralisation conformément à la loi portant régime financier
des CTD.
Les gestionnaires locaux doivent s’en tenir aux dépenses
éligibles à la caisse d’avances et suivre les dispositions de
l’arrêté n°2012/178/ MINFI du 30 octobre 2012 fixant les
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

modalités d’ouverture et de gestion des caisses d’avances au


sein des CTD. Il s’agit des dépenses ci-après :
- fournitures de bureau
- achat de petit matériel
- frais de postes et télécommunications
- frais de réception et de représentation
- timbres fiscaux
- droits de péage
- assistance aux populations suite aux calamités naturelles
- dons, cadeaux et secours
- frais d’inhumation des corps abandonnés.
Toute dépense ne rentrant pas dans le cadre de la procédure de
caisse d’avances et de la procédure simplifiée devra suivre la
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

procédure du code des marchés publics (engagement,


liquidation, ordonnancement).
Par ailleurs, les gestionnaires locaux doivent se garder
d’effectuer des dépenses interdites (Cf. Art. 30 LPRF/CTD) :
- Prêts consentis à une personne privée ;
- Subventions aux associations non déclarées et aux autres
structures non agrées ;
- Subventions aux associations et aux congrégations
religieuses
- Subventions aux partis politiques
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

CONCLUSION
La mobilisation optimale des ressources et la bonne
gouvernance liée à la qualité de la dépense constituent deux
grands enjeux des finances publiques locales. Les inputs qui
seront issus des enseignements qui suivront, vont enrichir la
réflexion déjà engagée sur ces différentes questions. Les
auditeurs sont fortement interpelés sur les deux problématiques
évoquées dans cette présentation.
Pour la réalisation de gros investissements, le cadre traditionnel
de financement par l’épargne et les subventions, doit être
renforcé par le recours à l’emprunt des CTD.
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

A la lumière du cadre juridique légal des finances publiques


locales, le champ d’application des finances publiques s’étend
de l’élaboration des budgets en passant par leur exécution
jusqu’au contrôle de leur exécution à posteriori.
Concernant ce dernier point, l’un des objectifs de la réforme
financière des CTD depuis 1998, est l’amélioration du contrôle
de leur gestion.
A l’heure actuelle, c’est le budget de moyens qui est encore
utilisé par les gestionnaires locaux qui sont déjà appelés à
rédiger un rapport de performance sur les projets et programmes
réalisés. Rendre la gestion propice au besoin de contrôle
moderne revient à s’arrimer au budget programme à l’horizon
2018 (Cf. décret n°2013/160 du 15 mai 2013 portant règlement
PROGRAMME SUPERIEUR DE SPECIALISATION EN FINANCES PUBLIQUES

général de la comptabilité publique). Ceci permettrait un vrai


contrôle de régularité, une évaluation de la performance et la
prévention des risques de toute nature conformément au décret
n°2013/159 du 15 mai 2013 fixant le régime particulier du
contrôle administratif des finances publiques.

Vous aimerez peut-être aussi