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PRIMATURE

République du Mali
ECOLE NATIONALE D’ADMINISTRATION Un Peuple- Un But- Une Foi
ENA
=o=o=o=o=o=o=

FISCALITE

IMPÔT ETTHEME
SOUVERAINETE
:

GROUPE 1 :
Participants
Prénoms : NOMS Corps
Adama DEMBELE Inspecteurs du trésor
Djibril KONE Inspecteur du trésor
Kassim DIARRA Administrateur Civil
Karim BERTHE Administrateur Civil
Youssouf DIARRA Administrateur Civil
Mahamadou COULIBALY Administrateur Civil
Siramary KONARE Administrateur Civil
Diolo CISSE Administrateur Civil
Ahamada COULIBALY Inspecteur des impôts
Boureima YALCOUYE Inspecteur des Impôts
Lamine DIARRA Inspecteur des impôts
Sincabé DIARRA Inspecteur des impôts
Gouanflo DIARRA Administrateur du travail et de la Sécurité Sociale
Mountaga DIABATE Administrateur du travail et de la sécurité sociale
Mohamed AG WAYANE Inspecteur des douanes
Brahima MAIGA Inspecteur des douanes
Noumoussa SANGARE Conseiller des affaires étrangères
Moussa dit Noury SISSOKO Conseiller des Affaires Etrangères
Abdoulaye COULIBALY Inspecteur des Finances
Alhousseyni ISSA Inspecteur des Finances
Siaka TRAORE Inspecteur des finances
Kissima DOUKARA Inspecteur des finances
Salif TANGARA Inspecteur des finances
Soungalo DEMBELE Planificateur
Ousmane TRAORE Planificateur

Septième Promotion (2021).


I
P
Professeur : Nouhoum TRAORE
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

I
SOMMAIRE
Liste des sigles et abréviations………………………………………………………………………..I
Sommaire…………………………………………………………………………………………….II
Introduction…………………………………………………………………………………………..1
I-/ Relation de causalité entre impôt et souveraineté…..……...……………………………………...2
II-/ Relation d’interdépendance entre impôt et souveraineté…………………………………………7
Conclusion……………………………………………………………………………………………9
Bibliographie………………………………………………………………………………………..III
Table des matières…………………………………………………………………………………..IV

II
INTRODUCTION
« Parmi les institutions publiques qui forment l’armature des sociétés organisées, l’impôt est
probablement celle qui alimente avec plus de passion le débat politique. Pétri de références
idéologiques, voire de justification théologique, il attise les conflits partisans »1. En effet, l’impôt
constitue incontestablement une institution indissociable des sociétés humaines organisées. Cela
s’entend bien dans la mesure où la vie en communauté, nous l’enseigne la littérature sur les faits
historiques et l’histoire des institutions, a toujours nécessité des coûts dont la prise en charge est
assurée, principalement, à travers la mobilisation de recettes fiscales. Au Mali, comme ailleurs
l’imposition n’est pas une pratique nouvelle. Berceau des Grands Empires du moyen âge, cet Etat
post- colonial est riche de sa longue expérience en gestion publique en général et en matière de
gestion fiscale en particulier. L’institution de l’impôt y remonte à la période médiévale. Alors, pour
montrer leur allégeance à l’empereur, les royaumes payaient des impôts ; d’où l’un des aspects
plausibles de la relation entre l’impôt et la souveraineté. Système d’imposition, il en eut un à
l’époque coloniale qui ne s’écartait pas de cette réalité.
En effet, « l’impôt qui est introduit dans les colonies était alors justifié par les impératifs de
développement. En plus du développement, l’impôt servait aussi à montrer la puissance de la
domination du colonisateur sur les colonisés »2. Par la suite, une loi3 est intervenue pour donner
l’autonomie financière aux différentes colonies. À partir de cette loi, les colonies se devaient de se
prendre en charge à travers leurs propres ressources. Dans la concrétisation de cette autonomie,
l’impôt joua un rôle très important. Les Soudanais furent soumis à l’imposition et aujourd’hui, cette
imposition fiscale reste encore, chose que beaucoup de Maliens retiennent de la colonisation
française.
A son accession à l’indépendance, donc à la souveraineté nationale et internationale, le Mali a pris
son destin entre les mains. Là aussi, l’impôt n’a pas fait l’objet de suppression, car la survie de
l’Etat en dépendait. Ainsi apparaît la nécessité de lever des impôts. Ceux- ci se présentent, à ce jour,
comme une des constantes ayant survécus à la décolonisation du pays. Nous remarquons donc que
l’impôt est un outil sans lequel il est quasiment impossible de parler d’indépendance, de
souveraineté et vice versa. Il y a donc des relations plausibles entre les deux concepts.
Dans le cadre de ce travail, il s’agit d’analyser cette relation. Pour ce faire, il y a lieu de procéder à
la clarification des concepts d’impôt et de souveraineté.
La notion d’impôt a connu une évolution. Classiquement, pour définir l’impôt, on fait appel à
Gaston JEZE qui le définit comme une « prestation pécuniaire requise des particuliers, par voie
d'autorité, à titre définitif et sans contrepartie, en vue de la couverture des charges publiques ».

1
Dictionnaire de la culture juridique, sous la direction de Denis ALLAND et Stéphane RIALS, 1ère édition,
Quadrige, Puf, Paris, 2003, p.805. (Référence donnée par Dr Issouf TOURE, « La fiscalité au Soudan Français » 1
in REMASJUPE, n°8, 2020, p.439)
2
TOURE (I.), « La fiscalité au Soudan Français » in REMASJUPE, n°8, 2020, p.439
3
Loi du 13 avril 1990
Actuellement et en l’absence de définition légale, l’impôt est défini comme une « Prestation
pécuniaire, requise autoritairement des assujettis selon leurs facultés contributives par l’Etat, les
collectivités territoriales et certains établissements publics à titre définitif et sans contrepartie
identifiable, en vue de couvrir les charges publiques ou d’intervenir dans le domaine économique et
social »4. Quant à la notion de souveraineté, elle fait l’objet de plusieurs acceptions. Elle peut être
définie au regard du droit interne et celui du droit international. De manière synthétique, elle est
définie comme le « Pouvoir suprême reconnu à l'État, qui implique l'exclusivité de sa compétence
sur le territoire national (souveraineté interne) et son indépendance absolue dans l'ordre
international où il n'est limité que par ses propres engagements (souveraineté externe) » 5. Cela
conduit à retenir que « La souveraineté est un pouvoir qui n’est soumis juridiquement à aucun autre
pouvoir compétent pour décider à sa place ou pour lui donner des ordres »6. Les notions étant ainsi
définies, nous constatons qu’il n’y a aucun intérêt à faire une comparaison classique entre elles. De
ce fait, il y a lieu de mettre en évidence la relation d’influence réciproque qui existe entre l’impôt et
la souveraineté. Ce qui aboutit à montrer que l’impôt et la souveraineté se rendent de mutuels
services.
Pour extérioriser cet état de fait, il convient de chercher à savoir quelle relation s’établit entre
l’impôt et la souveraineté.
La réponse à cette question revêt un intérêt aussi bien théorique que pratique. D’abord, chercher à
établir la relation entre les deux (2) concepts constitue un moyen de raffermir nos connaissances sur
eux ; d’où l’intérêt théorique. Ensuite, l’analyse nous amènera à prendre conscience du rôle à
accorder à l’impôt pour l’affirmation de la souveraineté d’un Etat, ce qui est un enjeu majeur au
regard de la tournure constatée dans les relations internationales actuelles. Ce second volet qui doit
éclairer l’action de tout un chacun appelé à prendre des décisions demain fait référence à l’intérêt
pratique de ce sujet.
Pour montrer notre volonté de prendre en compte le double intérêt ci-dessus dégagé, il y a lieu
d’utiliser la méthode qualitative consistant à l’analyse des données secondaires et le syllogisme
pour, d’une part, étayer la relation de complémentarité entre l’impôt et la souveraineté (I) et d’autre
part, mettre en exergue leur relation d’interdépendance (II).
I-/ RELATION DE CAUSALITE ENTRE IMPOT ET SOUVERAINETE
L’impôt et la souveraineté sont deux éléments complémentaires. Pour étayer cette assertion, nous
verrons la souveraineté comme pendant normatif de l’impôt (A), puis nous chercherons à montrer
en quoi l’impôt est un levier de la souveraineté (A).

4
GUINCHARD (S) et DEBARD (T). Lexique des termes juridiques. 25ème édition, p570
5
www.larousse.fr/dictionnaires/souveraineté/74000
6
LY (I). (2018). Territoire et pouvoirs de l’Etat en droit international.
2
A-/ LA SOUVERAINETE COMME PENDANT NORMATIF DE L’IMPOSITION
Selon la thèse la plus répandue, la souveraineté confère à l'État un droit à l'autonomie de décision. Il
n'est soumis à aucun pouvoir politique de décision supérieur.
Au contraire, il n'est tenu d'obéir qu'aux seules décisions et règles qu'il s'est imposé. La
souveraineté est un "pouvoir de commandement originaire et suprême" (LAFFERIERE). Attribut
juridique de l'État, elle traduit son indépendance et justifie les droits régaliens qui lui permettent de
s'organiser librement sans aucune ingérence d'un autre pouvoir
L’État est souverain parce qu’il a le monopole du véritable pouvoir qu’est le pouvoir politique,
c’est-à-dire le pouvoir de décider et le pouvoir de faire. La souveraineté est donc consubstantielle à
l’État dont elle exprime la double nature : d’une part, elle est une puissance suprême à l’intérieur
d’un territoire, ce qui signifie que toutes les autres personnes, qu’elles soient physiques ou morales,
sont soumises à son autorité ; d’autre part elle est une puissance indépendante vis-à-vis des autres
puissances étatiques et traduit l’absence de subordination de l’État vis-à-vis d’un autre État. Il en
résulte que la souveraineté est le critère juridique de l’État. Il est dès lors possible de dire que l’État
souverain est l’entité qui exerce « la compétence de la compétence », pour reprendre la formule de
Jellinek. L’État souverain est l’entité qui est « omni compétente » et qui ne subit aucune entrave
pour son action et ses fonctions. Et cela parce qu’il exerce un certain nombre de fonctions : il rend
la justice, il assure la défense du territoire, il assure l’éducation de la jeunesse, il assure la sécurité
des personnes et des biens… Il va de soi que ces fonctions, dont l’étendue ne peut que varier selon
la conception qu’a le souverain de sa mission, ont un coût financier. Engendrant des dépenses, elles
nécessitent des ressources que le Souverain doit se procurer. Ces ressources consistent la plupart du
temps dans des impôts prélevés sur les personnes et/ou sur les biens qui se situent sur son territoire
ou qui peuvent lui être rattachés.
L’Etat souverain est celui qui édicte des lois conformes aux règles prescrites, lois dont le peuple
approuve le caractère obligatoire. La souveraineté n’implique pas, par conséquent, l’existence d’un
pouvoir absolu habilitant le souverain à édicter des lois arbitraires. La souveraineté autorise
seulement à légiférer de telle manière que le peuple reconnaisse le caractère obligatoire de la
législation. Cette souveraineté aura donc comme corollaire la possibilité de lever des impôts.
La doctrine contemporaine continue de rattacher le pouvoir de décider et de lever l’impôt à la
souveraineté alors que l’autonomie fiscale peut être accordée à des entités infra-étatiques.
Selon André BARILARI, « l'autonomie est une question de degré, la souveraineté, elle, est une
question de nature ». L'autonomie fiscale est la capacité d'une collectivité non souveraine d'ajuster
ses recettes à ses dépenses.

3
En fait, la souveraineté suppose le pouvoir de définir la nature et les modalités de ses ressources
fiscales et d’avoir la légitimité et le pouvoir nécessaire pour les percevoir. Une telle conception a
conduit A. BARILARI à conclure que : « Entendue dans ce sens large, l’autonomie fiscale est un
attribut de la souveraineté ».
L’autorité de l’Etat, lui accorde le droit de prélever les impôts et se transforme en obligation
d’utiliser ses recettes pour le bien-être du public. Du côté du citoyen cette autorité a pour résultat
d’obliger le contribuable à payer les impôts et par là à contribuer aux charges communes.
L’État souverain, de par son omni compétence, peut organiser comme il l’entend son pouvoir
d’imposer. Il dispose en effet d’un pouvoir fiscal absolu. Mais ce pouvoir fiscal absolu connaît une
limite qui tient au territoire de l’État souverain. Celui-ci peut certes tout faire en matière fiscale,
mais il ne peut le faire que sur son territoire. Pour montrer l’importance de ce pouvoir fiscal, mais
aussi ses limites, deux situations doivent être distinguées : d’une part la situation d’un système
fermé, où l’État souverain vit en quelque sorte en autarcie, d’autre part celle d’un système ouvert,
dans lequel l’État souverain est en concurrence avec deux ou plusieurs États souverains.
Dans un système fermé, l’État souverain a un pouvoir fiscal absolu, en ce sens qu’il peut édicter le
système fiscal qui lui paraît le plus apte à répondre à ses exigences, à ses aspirations ou à ses
besoins. Ce système fiscal doit présenter une autonomie technique et budgétaire par rapport aux
systèmes susceptibles d’entrer en concurrence avec lui. A cet effet, il doit satisfaire à quatre
conditions que l’on peut ainsi résumer : être applicable, à l’exclusion de tout autre, dans les limites
d’un territoire déterminé, contenir en lui-même toutes les règles nécessaires à sa mise en œuvre et
qui sont relatives à l’assiette, à la liquidation, au recouvrement, aux contrôles et aux sanctions, être
destiné à alimenter un budget distinct de ceux qui alimentent les systèmes fiscaux concurrents et
être élaboré par des organes propres au territoire sur lequel il exerce ses compétences. Dès lors que
ces quatre conditions sont réunies, l’État souverain peut tout faire, en fonction de ses choix
politiques, entendus lato sensu : choix relatifs au rôle qu’il veut jouer dans le domaine économique,
choix relatifs à son organisation administrative…
Ainsi, selon qu’il est libéral ou interventionniste, l’État souverain peut jouer du poids de l’impôt à
des fins sociales ou économiques. Par exemple, pour lutter contre l’inflation, il peut augmenter la
pression fiscale ; ou bien, pour réduire les inégalités sociales, il peut augmenter la progressivité de
certains impôts. De la même manière, l’État souverain peut tenir compte des particularités de son
organisation politique et administrative ; il peut en conséquence conférer un pouvoir fiscal à des
autorités publiques qui lui sont subordonnées.

4
Ainsi, l’État fédéral peut attribuer des compétences fiscales aux États fédérés ; il en va de même
pour un État unitaire décentralisé, et c’est l’exemple français des Territoires d’Outre-Mer, telle la
Polynésie française qui a un système fiscal autonome, élaboré par son assemblée territoriale. Dans
ces deux cas, force est de constater qu’il y a coexistence de plusieurs souverainetés fiscales au sein
d’un même État. Bien évidemment, l’État souverain, précisément parce qu’il est souverain, peut
remettre en cause les particularismes qui viennent d’être évoqués. Il peut très bien défaire ce qu’il a
fait.
Dans un système ouvert, la souveraineté de l’État se heurte inévitablement à la souveraineté des
autres États. Ce choc de souverainetés peut conduire à des situations iniques, se traduisant en
matière fiscale par des phénomènes de doubles impositions. Pour les éviter, les États souverains
concluent des conventions le plus souvent bilatérales, qui organisent entre eux le partage de l’impôt.
Il va de soi que, ce faisant, les États consentent à des limitations de leur souveraineté fiscale. Il
convient d’ores et déjà de préciser ce que recouvre la souveraineté fiscale. Elle est généralement
décrite comme la réunion de deux pouvoirs : d’une part, le pouvoir de légiférer, c’est-à-dire le
pouvoir de créer des impôts ou de modifier des impôts existants, d’autre part le pouvoir de disposer,
c’est-à-dire le pouvoir de bénéficier du produit de ces impôts. Ce rappel fait, il est permis de
constater que les limitations que les États peuvent apporter à leur souveraineté, généralement
réduites dans les conventions fiscales bilatérales, peuvent être beaucoup plus fortes lorsque l’État
souverain est partie à un traité qui contient des dispositions fiscales, tel le Traité de la Communauté
européenne. Par application des dispositions fiscales de ce Traité (art. 90 à 94) et des directives
subséquentes, les États, membres de l’Union et toujours souverains, ont été contraints de modifier
des pans entiers de leur législation fiscale en matière d’impôts indirects (droits d’accises et surtout
TVA). En outre et surtout, une décision du Conseil des Communautés européennes en date du 21
avril 1970 a mis fin à l’alimentation du budget communautaire par des contributions étatiques,
soumises au contrôle et à l’approbation des Parlements nationaux. Cette décision a remplacé ce
mécanisme traditionnel de financement des organisations internationales par l’attribution à la
Communauté de « Ressources propres », ne transitant plus par les budgets nationaux. La question
s’est alors posée de savoir si cette mesure devait s’analyser comme un transfert à la Communauté,
par les États-membres, d’une partie de leur souveraineté fiscale, ou au contraire comme une simple
limitation de cette souveraineté. La question se pose d’ailleurs toujours ! La théorie de la limitation
de la souveraineté a les faveurs de la doctrine et de la jurisprudence françaises. Elle se présente sous
la forme suivante : la Communauté.
La constitutionnalisation du phénomène fiscal est compréhensible car, comme l’a déjà affirmé J.
BODIN, « le droit d’imposer est basé sur la théorie générale de la souveraineté ».

5
B-/ L’IMPOT COMME LEVIER DE SOUVERAINETE
Pour GEST et TIXIER, « pouvoir fiscal et pouvoir politique vont de pair. D’autre part, l’impôt a
toujours été un aspect essentiel de la souveraineté de l’État. Il est l’un des droits régaliens qui
expriment la puissance du prince ». C’est pourquoi concluaient-ils, « maitriser l’impôt, c’est
maitriser l’État ». A cette acception apparaît sans ambiguïté le lien de complémentarité entre impôt
et souveraineté. Partant, nous pouvons entrevoir que la souveraineté d’un Etat est sous-tendue par
les prélèvements obligatoires que celui- ci effectue sur les revenus des contribuables. Ce
raisonnement- ci tient dans la mesure où la souveraineté de l’Etat va de pair avec l’exercice de
fonctions de souveraineté dites fonctions régaliennes, des fonctions nécessitant des dépenses dont la
prise en charge est facilitée par les impôts. Il s’agit surtout des dépenses liées à la défense nationale,
à la diplomatie et à l’émission de la monnaie. Aujourd’hui, force est de constater que la prise en
charge de ces dépenses est un défi à relever pour tout Etat qui se veut souverain. Alors se demande-
t-on comment y parvenir en dehors de l’imposition. Certes l’actualité dominante laisse entrevoir
l’existence d’Etats souverains aptes à assurer leurs fonctions régaliennes et maintenir leur
souveraineté tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Cependant, il ne saurait être question que l’on perde
de vue qu’il s’agit soit d’Etats qui sont adossés aux revenus des ressources naturelles soit de petits
Etats avec moins de charges.
A ce jour, les Etats ne peuvent se passer de l’impôt et prétendre à la souveraineté ni à l’échelle
nationale et non plus à l’échelle internationale. En effet, ce sont les recettes fiscales qui permettent
aux Etats de faire face, principalement aux dépenses publiques. Imaginons l’hypothèse où un Etat
est en mal d’assurer les charges de sécurité et de défense de son territoire sinon d’assurer la sécurité
des personnes et leurs biens. Quel sort serait réservé au territoire d’un tel Etat et qu’adviendrait- il
de sa souveraineté ? Dans un monde en « état de guerre de tous contre tous » l’ennemi sinon le faux
ami n’hésiterait point à convoiter son sol et toutes les richesses qui vont avec. Aussi, un Etat n’a-t-il
pas besoin de recettes fiscales pour mobiliser et activer sa diplomatie en vue d’avoir droit à la
parole partant se faire entendre et ainsi exprimer et faire jouer sa souveraineté internationale et au
mieux sa suprématie dans le concert des nations ?
A l’instar des autres instances d’expression de la souveraineté comme la cellule familiale, le village,
la commune, la prise en charge de dépenses collectives conditionne la souveraineté dans les sphères
étatiques et internationales.
Au regard de ce qui précède, il convient de comprendre, avec GEST et TIXIER, que « pouvoir
fiscal et pouvoir politique vont de pair. »

6
II-/ RELATION D’INTERDEPENDANCE ENTRE IMPOT ET SOUVERAINETE
L’impôt et la souveraineté partagent des liens d’interdépendance.
Nous allons passer en revue ces liens à travers une étude sur l’impôt comme déterminant de la
souveraineté nationale et internationale (A) et la souveraineté comme déterminant du pouvoir
d’imposer (B)

A-/ L’IMPOT COMME DETERMINANT DE LA SOUVERAINETE NATIONALE ET


INTERNATIONALE
Dans cette rubrique, il s’agit de montrer, de façon rationnelle, en quoi la souveraineté nationale et
internationale d’un Etat est fonction de sa capacité à imposer, de son pouvoir de mobiliser des
recettes fiscales.

Entendons par souveraineté nationale la capacité d’un Etat à décider librement et sans soumission à
un Etat quelconque dans le cadre de la gestion de ses affaires internes. Elle est dite internationale
lorsque l’Etat est à même d’agir librement dans les relations inter- étatiques. Notons que cette
souveraineté est, à ce jour, déterminée par la capacité contributive des contribuables qui consentent
librement à l’impôt ou au pouvoir de l’Etat de lever des impôts. En effet, la souveraineté d’un Etat
s’exprime au mieux lorsque celui- ci a les moyens de sa politique. Ces moyens, puisque leur
acquisition est fonction des recettes fiscales, l’expression correcte de la souveraineté ne saurait s’en
passer. Sans impôts, il n'y a pas d'État et sans Etat, il n’y a pas de souveraineté ! L’impôt
conditionne l’existence même de l’Etat en ce sens qu’il lui garantit la quiétude en l’outillant contre
les divers besoins liés à son organisation et à son fonctionnement. Il s’ensuit que lorsque le fisc se
porte bien, l’équilibre financier de l’Etat est assuré et sa souveraineté s’exprime tant bien sur son
territoire que dans les arènes politiques internationales. Aujourd’hui, si les Etats- unis d’Amérique
sont souverains au point d’avoir une puissance hégémonique, c’est en partie grâce à la performance
de son système fiscal qui à travers le critère de mondialité impose les revenus de tous ses citoyens et
cela quel que soit le lieu de leur résidence.

De même que la souveraineté s’exprime au mieux dans le contexte où le système fiscal est efficace,
elle est mise en mal lorsque ledit système n’est pas à même de mobiliser assez de recettes fiscales.
Cela s’entend bien lorsque nous savons que les recettes fiscales servent de base à la souveraineté de
l’Etat, à l’exercice de ses fonctions de souveraineté.

7
Comment faire face aux coûts énormes que sont les dépenses de sécurité, de défense, de justice, de
diplomatie et d’émission de monnaie sans les recettes fiscales dans un monde où les tarifs douaniers
en cours de suppression et où les revenus des ressources naturelles ne sont pas suffisants ? En
dehors de la mobilisation adéquate des recettes fiscales, l’exercice des fonctions de souveraineté ne
saurait qu’être compromise ; d’où la compromission de la souveraineté elle-même.

B-/ LA SOUVERAINETE COMME DETERMINANT DU POUVOIR D’IMPOSER


Le pouvoir d’imposer est le corollaire de la souveraineté. La souveraineté permet à un Etat d’asseoir
l’impôt à sa guise on dit que l’Etat dispose de la souveraineté fiscale. L’impôt est un prélèvement
par voie publique et obligatoire pour citoyens. La constitution du 22 juillet 2023 dispose dans son
article 27 : « Tout citoyen est tenu de remplir ses devoirs civiques, notamment de s’acquitter de ses
obligations fiscales. »

L’impôt existe parce que l’Etat est souverain et puissant sans quoi, on sait que personne ne souhaite
dépenser de l’argent si ce n’est pour ses propres intérêts. L’impôt apparaît donc comme la marque
de l’Etat, de sa souveraineté. Les citoyens en payant l’impôt prouvent leur reconnaissance de
l’autorité de celui qui dirige le pays. Les historiens nous apprennent que dans les royaumes qui ont
existé à Ségou le roi n’attendait des tributs conquis que le paiement de l’impôt chose qui était
important pour le roi, car cela démontrait que son autorité n’était pas remise en cause.

Sans autorité, il n’y a pas d’impôt. Les citoyens paient parce qu’ils ont peur du pouvoir de sanction
dont dispose l’Etat pour forcer les récalcitrants. Si l’Etat est faible il ne pourra pas percevoir
d’impôt puisque les gens vont se soustraire de cette charge qu’ils jugent inutile.

Ainsi la capacité d’un Etat à lever des impôts apparaît- elle fonction de son niveau de souveraineté.
Plus sa souveraineté s’exprime mieux il mobilise des recettes fiscales et plus il est contesté moins il
parvient à lever l’impôt. Cela sied dans la mesure où la lever de l’impôt est inhérente à l’expression
de la souveraineté en ce sens que les opérations et les personnes ne sont imposables qu’eu égard à
leur rattachement à un territoire soumis à une autorité. Pour mieux mobiliser les recettes d’un
territoire donné, il faudrait au préalable que ce territoire te soit soumis. Dans cet ordre d’idée, nous
pouvons comprendre que si les royaumes vassaux étaient moins soumis à l’autorité de l’Empereur,
ils lui feraient moins d’allégeance et par voie de conséquence ces derniers seraient de moins en
moins portés à consentir à l’impôt sinon l’Empereur lui- même aurait de plus en plus du mal à y
mobiliser des recettes fiscales. Il en est de même aujourd’hui avec les Etats modernes où le
consentement à l’impôt et la capacité de lever l’impôt se voit à la hausse ou à la baisse suivant les
variations de la souveraineté de l’Etat.

8
CONCLUSION

Impôt et souveraineté sont inhérents à la notion d’Etat. L’Etat est souverain en raison du pouvoir
qui est le sien de lever l’impôt. L’impôt est donc la marque de la souveraineté.

La souveraineté confère à un Etat la possibilité de s’affirmer en tant que maître de ses décisions et
de sa politique. L’Etat peut décréter dans quelle mesure les citoyens doivent participer
financièrement aux charges communes.

L’Etat souverain, de par son omni compétence, peut organiser comme il l’entend son pouvoir
d’imposer. Il dispose en effet d’un pouvoir fiscal absolu. Mais ce pouvoir fiscal absolu connaît une
limite qui tient au territoire de l’Etat souverain : l’Etat souverain peut certes tout faire en matière
fiscale, mais il ne peut le faire que sur son territoire et dans le respect des exigences
communautaires et internationales.

En fin de comptes, l’impôt est sans conteste un révélateur de la souveraineté. Il est un instrument de
souveraineté et un attribut nécessaire de l’Etat souverain.

9
BIBLIOGRAPHIE

BUISSON, J. (2002). Impôt et Souveraineté.


GUINCHARD, S. et DEBARD, T. (2023). Lexique des termes juridiques.
TOURE, Elhadji, B. Les ressources fiscales et la souveraineté de l’Etat : cas du Mali.
LY, I. (2018). Territoire et pouvoirs de l’Etat en droit international.
WEBOGRAPHIE

https://www.cairn.info. Consulté le 24 Octobre 2023.


https://www.larousse.fr. Consulté le 24 Octobre 2023.

III
TABLE DES MATIERES
Liste des sigles et abréviations………………………………………………………………………..I
Sommaire…………………………………………………………………………………………….II
Introduction…………………………………………………………………………………………..1
I-/ Relation de causalité entre impôt et souveraineté……..……………………...…………………...2
A-/ La souveraineté comme pendant normatif de l’imposition………………………………………3
B-/ L’impôt comme levier de souveraineté…………………………………………………………..6
II-/ Relation d’interdépendance entre impôt et souveraineté…………………………………………7
A-/ L’impôt comme déterminant de la souveraineté nationale et internationale…………………….7
B-/ La souveraineté comme déterminant du pouvoir d’imposer……………………………………..8
Conclusion……………………………………………………………………………………………9
Bibliographie………………………………………………………………………………………..III
Table des matières…………………………………………………………………………………..IV

IV

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