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ASPJ French - 1er trimestre 2009

Théorie de l’organisation
à l’intention des leaders
par le docteur Frank R. Hunsicker

Le docteur Hunsicker est président du département de Gestion et de marketing de West Georgia College,
Carrollton, Georgie.

La théorie de l’organisation est plus qu’une simple quête intellectuelle ; elle est nécessaire à un
bon leadership. Cet article contribue à répondre à ce besoin en envisageant les organisations
comme une partie d’un environnement global plus large et donne un aperçu de la façon dont les
organisations communiquent avec des secteurs particuliers de leur environnement. Il se termine
par une analyse du rôle des échelons supérieurs de direction dans les organisations.

L
a société est devenue au siècle der- l’histoire militaire tels qu’Alexandre le Grand,
nier une société d’organisations.1 Napoléon et Clausewitz reconnurent l’impor-
L’examen de la croissance d’une civi- tance des organisations et en tirèrent parti. Le
lisation est vraiment une étude de la leader d’aujourd’hui, plus encore que par le
capacité des gens à s’organiser d’une façon passé, doit posséder une connaissance de base
constructive. Les principaux participants à des facteurs affectant les organisations.

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Que sont les organisations ? Quels sont ajustements terminologiques, nous pourrions
leurs caractères et comment fonctionnent- parler d’IBM ou de US Steel.
elles ? Ces questions sont fondamentales pour
qui étudie les organisations. Elles sont égale-
ment d’une importance vitale pour ceux qui Une organisation et son
se qualifient eux-mêmes de leaders car les lea- environnement
ders n’existent que par rapport à quelque
type d’organisation. Dans la mesure où les Même si la définition précédente indiquait
leaders sont chargés d’organiser, de diriger et que les organisations étaient essentiellement
de contrôler les divers éléments d’une organi- des entités à part et distinctes, elle ne disait pas
sation, il est évident qu’ils doivent compren- qu’elles étaient autonomes et totalement indé-
dre ce qu’ils sont chargés de mener. Com- pendantes de leur environnement. Effective-
prendre les organisations est plus qu’une ment, elles ne le sont pas. Le docteur William
simple quête intellectuelle ; c’est l’une des B. Wolf, dans son article intitulé “Reflections on
principales conditions qu’exige un leadership the Theory of Management” (Réflexions sur la
de qualité. Le présent article se propose théorie de la gestion), observe que « l’orga-
d’aider à satisfaire cette exigence.2 nisation ne peut être isolée de la société plus
Pour comprendre quelque chose aux orga- large dont elle constitue une partie. »3 Philip
nisations, on doit aborder le sujet d’une façon Selznick déclare qu’« une organisation est sou-
logique. C’est la raison pour laquelle cet article ple, s’adaptant à l’influence exercée sur elle
envisage d’abord les organisations comme une par un environnement extérieur »4 et Chester
partie d’un environnement global plus large. Il I. Barnard, écrivant dans The Functions of the
examine ensuite la façon dont les organisations Executive (Les fonctions du cadre), note que
communiquent avec des secteurs particuliers « la survie même d’une organisation dépend
au sein de cet environnement extérieur et cata- d’un bon équilibre de son environnement. »5
logue enfin les caractères intrinsèques fonda- Si par exemple l’organisation est une
mentaux des organisations sur lesquels baser entreprise, elle doit faire de la publicité pour
l’examen du rôle du leader. Bien que la théo- ses produits et les vendre à des clients qui se
rie présentée ci-après se rapporte aussi bien
trouvent dans l’environnement plus large.
aux entreprises qu’aux organisations militai-
Si l’entreprise ne peut vendre ses produits,
res, elle isole explicitement les aspects particu-
elle ne pourra survivre. Par conséquent, une
liers qui les différencient.
entreprise tire sa nourriture même de l’envi-
On doit toutefois, pour commencer, défi-
nir d’abord ce qu’est une organisation et le ronnement et, si elle ne peut le faire, elle cesse
bref composite qui suit peut servir d’excel- d’être une organisation viable. De même, une
lente introduction : « Une organisation est organisation militaire doit satisfaire l’envi-
essentiellement un groupe à part et distinct ronnement politique dont elle tire le budget
de personnes (et de ressources) qui ont été dont sa base de ressources a impérativement
réunies pour atteindre un objectif partagé. besoin pour survivre.
En outre, l’interaction de ses membres est Cet échange avec l’environnement est
coordonnée consciemment pour atteindre constant. Une entreprise met ses produits à la
cet objectif. » Par exemple, l’armée de l’Air disposition des clients et ceux-ci lui procurent
des Etats-Unis est une entité organisationnelle des recettes lorsqu’ils achètent ses produits.
à part et distincte. Elle a pour objectif partagé Les employés sont recrutés dans l’environne-
la défense du pays et de ses ressources. L’em- ment et la législation impose certaines
ploi de tous ses pilotes, mécaniciens, équipes contraintes quant à la façon dont l’entreprise
au sol et aéronefs a été coordonné dans le but peut les traiter. Ces rapports sont en fait telle-
d’atteindre cet objectif. Une description simi- ment complexes et cruciaux qu’il vaut de
laire pourrait s’appliquer aux escadres et noter divers secteurs de l’environnement avec
escadrons tactiques et, moyennant quelques lesquels cette interaction se déroule.

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Pour les besoins de notre analyse, l’environ- motivation de leurs employés et à réexaminer
nement se limitera à cinq secteurs principaux : la vraie nature du travail lui-même.
économique, culturel, politique, concurrentiel Une entreprise commerciale communique
et technologique. On pourrait leur en ajouter également avec le secteur politique de son
d’autres tels que les organisations internationa- environnement. Le gouvernement peut par
les, les collectivités locales et d’autres organisa- exemple, à n’importe quel niveau, faire pres-
tions. Pour communiquer avec ces secteurs sion sur les organisations pour les inciter à
principaux, une organisation doit opérer au changer leurs méthodes ou promulguer des
sein d’un complexe de structures et de condi- lois destinées à les contrôler, et l’entreprise
tions. Pour illustrer cet échange, considérons la n’existe qu’avec l’accord de la société. La pré-
façon dont une entreprise commerciale com- occupation croissante en matière de protection
munique avec les divers secteurs de son environ- du consommateur est un exemple de l’effet du
nement. Nous effectuerons plus loin la même secteur politique sur les entreprises. Les métho-
analyse avec des organisations militaires. des de recrutement sont également réglemen-
S’il est vrai qu’une entreprise communique tées par le secteur politique. La législation
généralement avec tous les principaux sec- applicable déclare désormais que les deman-
teurs, son objectif principal est de dégager deurs d’emploi ne peuvent être rejetés pour
une marge bénéficiaire. Dans la mesure où des raisons d’âge, de race ou de sexe.
elle est essentiellement une organisation éco- La situation de la technologie dans l’envi-
nomique, ses dirigeants définissent soigneuse- ronnement est également importante. Aux
ment un segment particulier de l’environne- Etats-Unis, une entreprise peut compter sur
ment économique qu’ils désirent exploiter, un plus grand nombre de sous-traitants et de
analysent le marché que représente la
spécialistes à la pointe de la technologie pour
demande du secteur culturel pour un produit
l’aider à régler ses problèmes d’organisation.
particulier et mettent en œuvre dans l’organi-
Vu sous cet angle, l’environnement technolo-
sation des politiques visant à encourager ce
gique représente généralement un facteur
marché à acheter leur produit. Si les gens
positif. Toutefois, lorsque les secteurs techno-
achètent le produit et que les ventes sont bon-
nes, cela procure des recettes à l’entreprise et logique et concurrentiel de l’environnement
l’échange se poursuit. Si le produit se vend se combinent, cela peut poser des problèmes.
mal, le chiffre d’affaires en souffre et l’entre- A titre d’exemple, en 1961, une société du
prise doit opérer certains ajustements. Par nom de American Photocopy annonça avec assu-
exemple, les constructeurs automobiles amé- rance qu’elle allait dominer, avec deux autres
ricains s’efforcent actuellement de s’adapter à entreprises, le marché de la photocopie grâce
un changement de la demande dans l’envi- à sa nouvelle photocopieuse à voie humide.
ronnement économique en produisant des Malheureusement, elles n’avaient pas
voitures plus petites. Le secteur économique conscience des compétences technologiques
ne constitue toutefois pas l’unique préoccu- d’une petite entreprise nommée Xerox. La
pation d’une entreprise – il en est d’autres. concurrence existe toujours et la technologie
Le secteur culturel de l’environnement est souvent utilisée pour exploiter cette
affecte également les entreprises dans la mesure concurrence.
où il détermine les attitudes de base des Pour résumer, on peut dire qu’une entre-
employés vis-à-vis de leur travail et de leur ser- prise n’est en aucun cas un îlot replié sur lui-
vice ou produit. Historiquement, notre société même. Elle communique constamment avec
s’est caractérisée par une déontologie très forte les divers secteurs de son environnement et,
qui, si on en croit les recherches menées sur le lorsque celui-ci change, l’entreprise doit en
sujet, est actuellement dans une période de faire autant si elle espère rester une institution
changement. Ce changement affectant les viable. De tous les secteurs de l’environne-
valeurs culturelles peut conduire les entrepri- ment, toutefois, le secteur économique a l’ef-
ses à rechercher de nouvelles méthodes de fet le plus profond sur les entreprises. Privez

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une entreprise des recettes que lui procure L’interaction d’un organisme militaire avec
son environnement et elle cessera d’exister. les secteurs culturel et technologique est à peu
Qu’en est-il des organisations militaires ? près la même que celle des entreprises. Il existe
Sont-elles uniques en leur genre ou ont-elles toutefois une nette différence dans le secteur
beaucoup de points communs avec le modèle concurrentiel de l’environnement. Les orga-
de base d’une entreprise ? nismes militaires ne sont généralement pas en
Au sens le plus large, les organismes publics concurrence avec d’autres organismes sur le
et les entreprises commerciales sont similaires marché. Pourtant, même cette règle connaît
dans la mesure où ni les uns ni les autres ne des exceptions. L’armée de l’Air et la Marine
sont des structures autonomes. Il n’est pas non des Etats-Unis se sont certainement fait concur-
plus nécessaire de s’appesantir sur ce point. Le rence pour voir qui fournira l’armement straté-
plus grand de nos organismes publics, le dépar- gique principal dans l’avenir. L’armée de l’Air
tement de la Défense (Department of Defense – pousse le bombardier furtif et la Marine recom-
DOD ), sait très bien à quel point un sénateur mande le Trident. En outre, le département de
et ses collègues sont importants pour la conti- la Défense est en concurrence en termes de
nuation de son bien-être. Si vous avez encore priorités nationales avec l’assurance maladie et
des doutes à ce sujet, lisez le compte-rendu des l’assurance vieillesse.
séances annuelles consacrées aux crédits bud- Les entreprises et les organismes militaires
gétaires pour les dissiper. En fait, pour élargir ont par conséquent de nombreux points com-
cet exemple, tous les organismes publics (aux muns mais présentent certaines différences
niveaux Fédéral, des Etats ou local) doivent qui leur sont propres. Ces deux facettes se
s’exposer au feu politique et économique de résument le mieux aux points suivants :
l’affectation des crédits budgétaires. 1. Les organisations, aussi bien militaires
Les organismes militaires communiquent que commerciales, communiquent avec
donc avec leurs environnements et une grande leurs environnements et sont tributaires
partie de ce qui a été dit des entreprises leur de ceux-ci.
est également applicable. Il existe toutefois
quelques différences fondamentales. Un orga- 2. Les deux types d’organisations sont
nisme militaire a beaucoup plus de relations influencés par cinq secteurs principaux
avec le secteur politique qu’une entreprise. (économique, culturel, politique,
En dernière analyse, les deux types d’organi- concurrentiel et technologique) de l’en-
sations doivent compter sur la réaction favora- vironnement global.
ble des citoyens individuels mais l’entreprise 3. Il existe quelques différences très nettes
reçoit son soutien essentiellement du marché, entre les deux types d’organisations, en
alors que l’organisme militaire est plus tribu- particulier la façon dont ils communi-
taire du processus politique. quent avec les secteurs économique,
Le secteur économique influence égale- politique et concurrentiel de l’environ-
ment les organismes militaires car, comme les nement.
entreprises, ils doivent eux aussi faire face aux
problèmes d’inflation. En outre, ils doivent 4. Même si les organisations militaires et
tous deux retirer des fonds de l’environne- commerciales diffèrent, leurs ressem-
ment économique. Alors qu’une entreprise blances l’emportent sur leurs différen-
ces. Ces dernières semblent en outre
reçoit son financement directement de son
plus procédurales et techniques que
chiffre d’affaires, une Arme reçoit ses fonds
fondamentales.
par l’intermédiaire du processus d’affectation
des crédits budgétaires. Dans un cas comme Avant de mettre fin à cet examen des organi-
dans l’autre, le montant reçu est basé pour sations et de leur environnement, il convient
une bonne part sur les conditions régnant d’insister de nouveau sur le concept suivant :
dans les secteurs économique et politique. une organisation est tributaire de son environ-

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nement et, au fur et à mesure que celui-ci sation ; c’est-à-dire les buts que se fixent les
change, l’organisation doit en faire de même si éléments de celle-ci. En tant que tels, ils jouent
elle veut rester totalement opérationnelle. un rôle central dans la coordination des
Bien que de nombreuses organisations existent efforts. En outre, les objectifs généraux de
dans un environnement pacifique et favorable, l’organisation globale se décomposent en
il n’en est pas toujours ainsi. Pour arriver à une objectifs secondaires plus étroits attribués aux
harmonie relative avec son environnement et organisations subordonnées. On l’appelle
la maintenir, une organisation doit identifier souvent l’effet de cascade par lequel les
les réalités de cet environnement et y réagir. Si niveaux inférieurs de l’organisation s’intè-
l’organisation est un système fermé qui ne res- grent au tout. Le département de la Défense a
pecte pas, ne comprend pas ou rejette les pour mission ou objectif général d’assurer
informations qu’il reçoit de son environne- une défense nationale efficace. L’armée de
ment, il est douteux qu’elle s’y adaptera comme l’Air, celle de Terre et la Marine ont chacune
il convient. Si par contre l’organisation est dis- un énoncé de mission sur lequel elles s’ap-
posée à tenir compte de la remontée de l’infor- puient, comme le font les organisations qui
mation et peut s’y adapter, elle restera proba- leur sont subordonnées, jusqu’à la plus petite
blement une institution viable. Si on se base unité dans l’endroit le plus retiré.
sur ce concept, il y a peu ou pas de différence Certains aspects des objectifs sont mal
entre les organismes publics et les entreprises. compris. Pour commencer, et c’est ce qui est
Le changement le plus important qui, lors le plus important, les énoncés d’objectifs des
des années récentes, a affecté les organisa- organisations devraient traiter de la façon
tions est l’interdépendance croissante de ces dont une organisation communique avec son
dernières et de leurs environnements. Dans environnement extérieur. Une organisation
les vieux westerns, Fort Apache pouvait fermer est tributaire de son environnement et, si elle
ses portes au monde environnant. Les organi- ne peut maintenir des rapports harmonieux
sations militaires d’aujourd’hui ont beaucoup avec cet environnement, elle cesse d’être une
de responsabilités vis-à-vis de l’environnement institution viable. Dans la mesure où l’exis-
extérieur. La nature de notre monde com- tence même d’une organisation dépend du
plexe tendrait à suggérer qu’aucune organisa- maintien de ces rapports, les organisations
tion ne peut être un îlot. devraient énoncer les éléments fondamen-
taux de ce qu’elles doivent faire pour garantir
l’harmonie. L’énoncé général de la mission
Les caractères internes d’une d’un département tel que celui de la Défense
indique ce qu’il doit faire pour se voir attribué
organisation des crédits budgétaires. Par exemple, pendant
Toutes les organisations partagent certains les années 50, les Américains avaient peur de
caractères internes. Même si tous les spécialistes l’Union Soviétique. Ils demandaient au dépar-
ne sont pas d’accord quant à ce que sont ces tement de la Défense de réagir à la menace à
caractères communs ou à la façon de les catalo- n’importe quel prix raisonnable et cela devint
guer, quatre sont fréquemment identifiés : l’objectif de ce département. A la fin des
objectifs, structure, processus et comporte- années 60 et pendant les années 70, la menace
ment.6 L’examen de toute organisation révèle la sembla diminuer et, au fur et à mesure que les
preuve de ces caractères communs. Ce qui suit idées culturelles et politiques changeaient, un
est un examen détaillé de ces caractéristiques profil militaire beaucoup plus bas fut suggéré.
internes que partagent les organisations. Dans les années 80, les idées changèrent de
nouveau et les forces culturelles, politiques et
Objectifs
économiques suggérèrent un changement
pour les forces militaires.
Les objectifs sont sensés, par définition, repré- La chose importante à noter dans cet exem-
senter la focalisation des efforts d’une organi- ple est qu’un changement important affectant

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ce que demandait le peuple (environnement) il n’est pas nécessaire de passer du temps à


provoqua un changement d’objectifs. L’har- justifier le fait que la plupart des organisations
monie antérieure avait été bouleversée et une sont structurées suivant des modèles établis à
nouvelle direction interne (objectifs) était l’avance. Ce qui toutefois semble nécessaire
nécessaire si l’harmonie devait être rétablie. est un bref examen de certains des aspects
L’objectif général d’une entreprise est causaux et dysfonctionnels de la structure.
déterminé d’une manière légèrement diffé- La structure dérive de la taille et de la techno-
rente mais, comme dans le cas d’un organisme logie. Au fur et à mesure qu’une organisation
militaire, cet objectif implique le souhait croît et incorpore de nouvelles activités comple-
d’une harmonie avec l’environnement. L’ob- xes, le travail dépasse les capacités d’une seule
jectif pourrait par exemple être d’obtenir un personne. Un autre employé est embauché et la
taux de rendement de l’investissement de dix tâche est divisée en deux. Une personne se spé-
pourcent après impôts. Cet énoncé d’objectif cialise dans une partie du travail et l’exécute,
implique un corollaire : l’entreprise n’obtien- l’autre se spécialise dans les autres tâches, et
dra un tel taux sur un segment de marché
ainsi de suite. Plus une organisation est vaste et
limité que si elle répond de façon satisfaisante
plus les activités qu’elle implique sont nombreu-
aux besoins de ses clients. En d’autres termes,
ses, plus elle devient spécialisée et structurée. La
l’entreprise doit adapter son produit et son
spécialisation et la structuration sont donc les
prix aux conditions de l’environnement.
Lorsqu’on examine le concept d’objectifs, corollaires naturels d’une taille et d’une com-
il convient d’introduire deux autres considé- plexité croissantes et on les rencontre dans tou-
rations. D’abord, les objectifs peuvent chan- tes les grandes organisations.
ger et le font effectivement. Si les exigences Malheureusement, certaines difficultés sont
de l’environnement changent d’une manière associées à la structure, et la rigidité en est une.
significative, l’objectif devrait probablement Une fois qu’une structure est établie, elle est
changer – et le plus tôt sera le mieux. Ensuite, difficile à modifier et la rigidité peut dissuader
les objectifs d’une organisation ne sont pas une organisation d’essayer de s’adapter aux
nécessairement partagés par ses membres. Le changements de l’environnement.
simple fait d’officialiser les objectifs d’une Un autre problème tient au fait que l’esprit
organisation ne signifie pas que la direction et de clocher tend à s’installer et à causer un conflit
les employés travaillent toujours à atteindre dysfonctionnel. Les membres de l’escadron A
ces objectifs. Cette considération est particu- ont tendance à penser que la totalité de l’organi-
lièrement applicable dans la société sation opère en soutien de celui-ci quels que
d’aujourd’hui, où un engagement est crucial soient les besoins de l’escadron B. Le personnel
pour la réussite d’une organisation. Un leader d’entretien et celui chargé des approvisionne-
est confronté au défi de comprendre les objec- ments se disputent pour déterminer qui est res-
tifs de l’organisation, de les communiquer ponsable de la mise hors service d’un aéronef.
aux membres de l’unité et de s’efforcer d’ob- Chaque spécialité tend à mettre l’accent sur ce
tenir l’engagement de ces derniers. qui l’intéresse et à oublier les objectifs de l’orga-
En résumé, une organisation et son envi- nisation dans son ensemble.
ronnement sont directement liés. Les objectifs La structure d’une organisation doit être
devraient non seulement définir ce qu’exigent adaptée aux objectifs de celle-ci. Une escadre
des rapports harmonieux mais également ser- du commandement aérien stratégique et une
vir de guide au comportement interne. du commandement du transport aérien mili-
taire ont des structures différentes parce que
Structure
leurs objectifs sont différents. Les leaders sont
Compte tenu de tous les « schémas de prin- confrontés au défi que représente l’adapta-
cipe » (organigrammes) que l’on rencontre tion de la structure de leurs organisations aux
dans les organismes publics et les entreprises, objectifs de celles-ci.

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Processus se déroulant dans les organisations nisations se trouvent de nombreuses person-


et structure nes exécutant des tâches très diverses et exer-
Ni l’un ni l’autre ne sert à décrire l’activité au çant une influence qui se fait sentir dans toute
sein d’une organisation. Les organisations se cette organisation. Vous devez réfléchir à ce
caractérisent par des types d’activités continues qu’est votre rôle dans votre organisation pour
et, dans toute organisation, de nombreux pro- bien la comprendre.
cessus différents se déroulent simultanément. Le premier point est qu’il y a du bon et du
Même si les processus physiques sont les plus mauvais dans les membres des organisations.
visibles (par exemple, une chaîne de fabrica- Ils sont nécessaires et précieux dans la mesure
tion dans une usine), d’autres qui sont moins où ils font marcher les machines, exécutent
visibles se déroulent dans les organisations. les opérations, rédigent les rapports et font
La compréhension des processus informels leur travail. Dans ce sens, ils représentent un
et formels de communication dans les organi- atout pour l’organisation et ont une valeur
sations représente un défi majeur pour les lea- considérable pour elle.
ders. L’information est cruciale pour le proces- Malheureusement, ils peuvent également
sus de prise de décisions dans une organisation représenter un problème pour l’organisation.
et le leader efficace doit connaître les canaux Ils peuvent détourner des fonds, mal travailler,
formels et informels de communication. demander des congés, bâtir leur propre fief,
Les processus de prise de décisions dans les établir des normes qui limitent la production
organisations prennent souvent une forme et soumettre des rapports mensongers.
très précise, qu’il s’agisse de décisions budgé- Le concept important est ici qu’il y a du
taires ou d’acquisition de matériel. Les orga- bon et du mauvais dans les membres d’une
nisations militaires ont élaboré des processus organisation ! Leurs efforts de production
de prise de décisions programmés dans des sont précieux et fonctionnels pour l’organisa-
règlements et directives conçus pour optimi- tion et leur comportement est dysfonctionnel.
ser l’emploi des ressources. Les leaders effica- Les comportements fonctionnels et dysfonc-
ces connaissent ces processus, l’étendue de tionnels font tous deux partie de la réalité
l’autorité discrétionnaire dont ils disposent et d’une organisation. Pour comprendre une
le moment auquel l’exercer. organisation, par conséquent, on doit être
Ces processus constituent une importante conscient de certains des types de comporte-
caractéristique de toutes les organisations et ment rencontrés au sein de l’organisation et
la compréhension d’une organisation impli- de leur effet sur les fonctions de celle-ci. C’est
que celle de ses processus. Une organisation ce qu’on appelle souvent le micro aspects
n’est pas simplement une structure telle que d’une organisation.
la décrit son schéma de principe. Une organi- Un autre point crucial concernant le com-
sation est également un complexe de proces- portement dans l’organisation est le fait que
sus étroitement liés et c’est grâce à la connais- les employés sont essentiellement intéressés.
sance de ceux-ci que l’on comprend l’activité Leur comportement ne vise pas nécessaire-
officielle d’une organisation. ment à atteindre les objectifs de l’organisation
mais plutôt de satisfaire leurs propres aspira-
Comportement
tions et besoins. Le psychologue Carl Rogers
indique que les gens agissent pour maintenir
La compréhension des objectifs, de la struc- et renforcer l’image qu’ils se font d’eux-
ture et des processus formels d’une organisa- mêmes.7 Abraham H. Maslow affirme que le
tion permet d’acquérir une idée de base de la comportement a ses origines dans les besoins
nature de cette organisation. L’image est des individus.8 Fredrick I. Herzberg suggère
néanmoins incomplète tant qu’on ne prend que les employés ne sont motivés que lorsque
pas en considération l’aspect réellement les conditions de travail satisfont leurs besoins
dynamique des organisations : le personnel et et qu’ils sont relativement isolés des sources
son comportement. Dans la plupart des orga- de mécontentement personnel.9 La théorie

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actuelle de l’expectative suggère que les gens offrent tous au dirigeant astucieux une base
accomplissent des tâches pour être récom- fondamentale d’étude et de compréhension
pensés par une promotion, une augmentation des organisations.
de salaire ou quelque autre avantage, ainsi
que sur la base de la solidité de leurs rapports
et de leurs sentiments.10 Le rôle du leadership au
Le but n’est pas ici de présenter ici quelque plus haut niveau
concept cynique de la personne car la plupart
des gens sont certainement capables de faire Il est souvent difficile de distinguer le rôle
preuve de bienveillance. Néanmoins, les gens du leadership au plus haut niveau dans les
jouissent ou sont affligés de besoins personnels situations de forces internes dynamiques, avec
et de pulsions auxquels ils sont essentiellement le problème persistant d’adaptation au chan-
obligés de réagir. Ce type de réaction est un gement continuel dans l’environnement exté-
élément de la réalité du comportement dans rieur. Les leaders au plus haut niveau doivent
l’organisation et détermine un grand nombre clarifier leurs positions par rapports aux
des méthodes de motivation du leader. besoins internes de l’organisation en termes
Il est important de noter que les gens recher- de planification, de coordination et d’orienta-
chent la satisfaction de leurs besoins indivi- tion en tenant compte des besoins externes
duellement et en tant que membres de petits de faire face aux forces environnementales.
groupes informels. Ces groupes représentent Le rôle des leaders au plus haut niveau
un élément important de la matrice de l’orga- devient celui d’harmonisateur et de compen-
nisation. Ces groupes informels (l’organisation sateur. Ceux qui s’efforcent d’être informés
informelle) sont des mécanismes sociaux utili- doivent considérer, équilibrer et intégrer les
sés par les employés pour exercer des pressions facteurs et forces internes et ceux qui sont
internes sur les organisations. extérieurs à l’organisation. Pour illustrer ce
Les individus se comportent souvent diffé- point, voyons ce qui arrive lorsqu’un leader
remment lorsqu’ils deviennent membres d’un au plus haut niveau néglige l’une ou l’autre
groupe. Leur comportement est affecté par de ces responsabilités.
l’association et l’unité, ainsi que par les nor- Examinons d’abord le cas des chefs militai-
mes, les valeurs et les objectifs du groupe. Les res qui concentrent leurs efforts sur les facteurs
types de comportement du groupe peuvent externes de l’organisation. Leurs efforts sont
être fonctionnels ou dysfonctionnels. Les pour l’essentiel dirigés vers l’image perçue par
efforts des groupes peuvent souvent conduire le public. Ils se concentrent sur l’interface avec
les organisations à dépasser leurs objectifs l’environnement, tout en négligeant la situa-
opérationnels. A l’inverse, ils peuvent empê- tion intérieure. Aux yeux du public, leurs orga-
cher la production d’atteindre les objectifs nisations apparaissent saines et efficaces. Le
raisonnables que s’est fixée l’organisation. Il test suprême pour toutes les organisations mili-
convient aux leaders d’acquérir une parfaite taires, toutefois, est la capacité de leurs systè-
compréhension de la dynamique de compor- mes internes à défendre efficacement le pays.
tement des groupes et de maîtriser les compé- Le fait de négliger les facteurs internes com-
tences nécessaires pour faire face à ses promet cette possibilité.
influences positives et négatives. Les leaders à orientation externe adoptent
En résumé, les organisations ont des carac- généralement une perspective à court terme
tères internes communs tels que des objectifs, et peuvent très bien réussir dans l’avenir
une structure, des processus et un comporte- immédiat. Les leaders doivent néanmoins
ment. En outre, ces caractères ne sont pas à faire plus qu’une bonne impression : ils doi-
part ni distincts ; ce sont des facteurs interdé- vent également s’attaquer aux problèmes,
pendants qui se chevauchent dans le système plus difficiles à long terme, de solidité interne.
de l’organisation au sens large. Ils affectent Les unités militaires dont les chefs sont nom-
tous le comportement de l’organisation et més intentionnellement ou par mégarde pour

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une courte durée ont de fortes chances d’en- Cette analyse et ces exemples montrent que
courager ce type de leadership. les leaders au plus haut niveau sont plus que de
A l’autre bout de la gamme, on trouve des simples fonctionnaires internes ou agents de
leaders qui se concentrent sur les caractéristi- relations publiques. Les leaders efficaces à ce
ques internes de l’organisation et ignorent les niveau ont plusieurs responsabilités. Ils doivent
forces extérieures. Ils estiment que la valeur d’abord connaître et prendre en considération
d’une organisation efficace sera reconnue les facteurs et les forces de l’environnement. Ils
automatiquement. Ce point de vue n’est pas doivent ensuite connaître, prendre en considé-
non plus sans faille. Henry Ford se concentra ration et pouvoir influencer les facteurs et for-
sur le processus interne de fabrication pour ces internes de leurs organisations. Ils doivent
bâtir une formidable organisation. Sa préten- enfin pouvoir équilibrer, intégrer et harmoni-
due attitude selon laquelle les gens pourraient ser raisonnablement les deux, tout en orientant
acheter des voitures de n’importe quelle cou- leurs organisations vers des objectifs produc-
leur tant qu’elles étaient noires est un indica- tifs.12 La façon dont les leaders s’acquittent de
teur de la différence entre Ford et General cette troisième et dernière responsabilité
Motors. Alfred Sloan, de General Motors, dépend, dans une certaine mesure, de leur
reconnut la nécessité d’équilibrer les facteurs compréhension des principes fondamentaux
internes et externes et, en conséquence, délo- de la théorie de l’organisation. ❑
gea Ford de sa position initialement domi-
nante dans l’industrie automobile.11

Notes
1. Peter F. Drucker, Management Tasks Responsibilities 6. Edmund P. Learned et Audrey T. Sproat, Organiza-
(Responsabilités et tâches de gestion), (New York: Har- tion Theory and Policy (Théorie et politique de l’organisa-
per and Row, 1947), 807. tion), (Homewood, Illinois: Richard D. Irwin, Inc., 1966).
2. Frank R. Hunsicker et M. J. Christenson, “Organiza- 7. Carl R. Rogers, Counseling and Psychotherapy (Aide
tional Theory for Managers” (Théorie de l’organisation à psychosociale et psychothérapie), (Boston, Massachusetts
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(Motivation et personnalité), (New York: Harper and
bama: Air Command and Staff College, août 1976) : 144.
Row, 1954), 80–106.
(Cet article est basé sur un article antérieur.)
9. Fredrick I. Herzberg, “The Motivation-Hygiene
3. William B. Wolf, “Reflections on the Theory of Manage-
Concept and Problems of Manpower” (Le concept bifactoriel
ment” (Réflexions sur la théorie de la gestion), Manage-
et les problèmes de main d’œuvre), Personnel Adminis-
ment Readings Toward a General Theory (Belmont, Califor- tration (janvier–février 1964), 480–87.
nie: Wadsworth Publishing Co., Inc., 1964), 316. 10. Victor Vroom, Work and Motivation (Travail et
4. Philip Selznick, American Sociological Review, février motivation), (New York: John Wiley & Sons, 1964).
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5. Chester I. Barnard, The Functions of the Executive années à General Motors), (Garden City, New York: Dou-
(Les fonctions du cadre), 15e édition (Cambridge, Massa- bleday and Co., 1964).
chusetts: Harvard University Press, 1962), 6. 12. Drucker, 400.

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Comité de rédaction
(par ordre alphabétique)
Chef d’état-major de l’armée de l’air américaine Paul D. BERG, docteur en histoire et lieutenant colonel, Maxwell AFB, Alabama, Etats-Unis.
Général Norton A. Schwartz Xavier CABANNES, docteur en droit, Paris, France.
Murielle Lucie CLEMENT, docteur ès lettres, Amsterdam, Pays-Bas.
Commandant, commandement de l’éducation et Virginie DOUBLI, docteur en sciences du langage, Montréal, Canada.
de la formation de la force aérienne Abdallah EL MOUNTASSIR, docteur ès lettres, Agadir, Maroc.
Général Stephen R. Lorenz Tim LARRIBAU, officier de réserve, Bordeaux, France.
http://www.af.mil Paul MANSIANGI MANKADI, doctorant, Kinshasa, République Démocratique du Congo (RDC).  
Commandant de Air University Silviu MATEI, directeur de recherches et doctorant, Bucarest, Roumanie.
Général de corps d’armée aérienne Allen G. Peck Juan Carlos MORENO ROMO, docteur en philosophie, Querétaro, Mexique.
Wautabouna OUATTARA, docteur en sciences économiques, Abidjan, Côte d’Ivoire.
Andrianjaka Hanitriniala RAJAONARISON, président Esprit d’Entreprise, Madagascar.
Directeur des Revues professionnelles Tafita RAVELOJAONA, doctorant en sociologie, Antananarivo, Madagascar.
Alain Joseph SISSAO, docteur en sciences littéraires et humaines, Ouagadougou, Burkina Faso.
Lieutenant colonel Paul D. Berg

Editeur
Rémy M. Mauduit
Ashley B. Lowe
   Assistante à l’éditeur http://www.aetc.randolph.af.mil

L’équipe
Colonel Robyn S. Read (c.f.), USAF,
analyste en défense militaire
Colonel John Conway (c.f.), USAF,
analyste en défense militaire
Catherine Parker, éditrice du site web ASPJ
Steven C. Garst, Directeur Art et Production
Daniel M. Armstrong, Illustrateur
L. Susan Fair, Illustratrice
Mary Ferguson, Manager mise en pages et pré-production http://www.au.af.mil

Air and Space Power Journal (ISSN 1931-728X) est publié


trimestriellement. Cette revue est conçue pour servir de
forum ouvert à la présentation et à la stimulation de réflexions
innovatrices sur la doctrine militaire, la stratégie, la tactique, ASPJ French
la structure de force, la préparation et d’autres sujets de la 155 N. Twining Street
défense nationale. Les points de vue et les opinions exprimés Maxwell AFB AL 36112-6026
ou implicites dans cette revue sont ceux des auteurs et ne U.S.A.
devraient pas être interprétés comme portant la sanction Télécopieur : 1 (334) 953-6739
officielle du Département de la défense, de l’Armée de l’Air, courriel aspjfrench@maxwell.af.mil
du Commandement de l’éducation et de la formation des
Forces aériennes, de l’Air University, ou d’autres agences ou Visitez Air and Space Power Journal en ligne
départements du Gouvernement des Etats-Unis. à http://www.airpower.au.af.mil

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Photo prise lors des Ateliers de l’armée de l’Air 2008 « Les défis de la Transformation pour l’armée de
entièrement ou partiellement sans permission au préalable. l’air » à l’amphithéâtre Foch de l’Ecole militaire, organisés annuellement par le Centre d’études
S’ils sont reproduits, nous demandons à ce que Air & Space stratégiques aérospatiales sous la forme d’un colloque international.
Power Journal soit référé.
A gauche, le lieutenant colonel Paul D. Berg, directeur de la division des revues professionnelles
de l’United States Air Force. Au milieu, le général de brigade aérienne Guillaume Gelée, alors
directeur du Centre d’études stratégiques aérospatiales. A droite, Rémy M. Mauduit, éditeur de
l’Air & Space Power Journal en français.

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