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LA NATURE

LA PHUSIS
φύσις
La Phusis

La phusis est un concept philosophique grec qui signifie


nature ou réalité. Il désigne tout ce qui existe et se
transforme.
Les premiers philosophes, appelés
présocratiques, ont cherché à
comprendre la phusis en identifiant
son arché, son principe originaire.

Pour eux, l’arché et la phusis sont liés,


car l’arjé est ce qui donne naissance et
forme à la phusis.

Par exemple, pour Thalès de Milet (fin


VII, début VI siècle avant Jésus-Christ), l’arché
est l’eau, car c’est à partir de l’eau que
tout naît et vit.

Pour Héraclite d’Éphèse (576 à 480


avant Jésus-Christ), l’arché est le feu, car
c’est le feu qui anime et transforme
tout.
Les présocratiques ont découvert
la notion de phusis en cherchant
à comprendre l’origine et le
principe de tout ce qui existe. Ils
sont arrivés à la notion d’arché en
percevant que cette nature avait
une harmonie, un ordre, et que cet
ordre etait un principe propre de
la nature même.
Parmi les présocratiques, il y
a eu aussi Anaximandre qui a
introduit le concept d’apeiron,
qui signifie illimité ou indéfini.
Selon lui, l’apeiron est la
source de tout ce qui est et
advient, et il engendre les
contraires comme le chaud et
le froid, le sec et l’humide.
Pour Anaximandre (610 à 546
avant Jésus-Christ), l’apeiron est
donc le vrai arche, un principe
dynamique et indéterminé qui
explique l’ordre mais aussi la
diversité et le changement du
monde.
Héraclite est un philosophe présocratique
qui a développé une pensée originale sur
la phusis et le logos.

Pour lui, la phusis est le déploiement de


tout ce qui est, dans un mouvement
perpétuel de devenir et de changement12.

Le logos est le principe qui ordonne et


unifie la diversité et la contradiction des
des objets et des événements, en les
faisant participer à une même harmonie.
Le logos est donc à la fois le discours de
la vérité naturelle exprimé par Héraclite, et
le sens profond de la réalité qui se
manifeste dans la nature. Héraclite invite
ainsi à comprendre le logos comme la loi
commune à tous les êtres, et à vivre en
accord avec lui5.
Pour Platon (428 à 345 avant Jésus-Christ),
la phusis est le modèle intelligible
et éternel dont les choses
sensibles sont des copies
imparfaites.

La phusis est donc le domaine


des idées ou des formes, qui sont
les véritables réalités,
accessibles seulement par la
raison1.
Pour Aristote (384-322 av. J.-C.), la
phusis est le principe interne de
mouvement et de finalité des
êtres naturels, qui tendent à
réaliser leur essence ou leur
forme.

La phusis est donc le domaine


des substances individuelles, qui
sont les sujets de la science,
observables par les sens3.
La notion de phusis a évolué au
Moyen Âge sous l’influence du
christianisme et de la redécouverte
d’Aristote.
Pour Saint Augustin (354-430), la
phusis est la création de Dieu, qui
est le seul être nécessaire et
immuable. La phusis est donc
soumise à la providence divine et à
la grâce surnaturelle1.
Pour Saint Thomas d’Aquin
(1225-1274), la phusis est la
participation des créatures à l’
être de Dieu, qui est leur cause
première et leur fin dernière.

La phusis est donc régie par


des lois naturelles et des vertus
morales, qui sont conformes à
la raison humaine.
Pour René Descartes
(1596-1650), la nature est le
produit de la volonté de Dieu, qui
est la cause première et la
garantie de la vérité.
La nature est donc composée de
deux substances distinctes : la
res cogitans (l’esprit) et la res
extensa (la matière), qui sont
régies par des lois mécaniques
et mathématiques.
Pour Spinoza (1632-1677), la
nature est l’expression de l’essence
de Dieu, qui est la cause
immanente et nécessaire de tout
ce qui existe.
La nature est donc identique à Dieu
(Deus sive Natura), et elle est
constituée d’une seule substance
infinie, qui se manifeste sous une
infinité d’attributs et de modes2.
Pour Leibniz (1646-1716), la nature
est l’harmonie préétablie par Dieu,
qui est la cause finale et optimale
de l’ordre du monde.
La nature est donc formée d’une
multitude de substances simples ou
monades, qui sont dotées de
perception et d’appétition, et qui
reflètent chacune à leur manière
l’univers entier3.
Pour David Hume (1711-1776) et les empiristes,
la nature est le résultat de l’observation des faits
sensibles, qui sont les seules sources de la
connaissance humaine. La nature est donc le
champ de l’expérience réelle, qui est fondée sur
les impressions (les sensations) et les idées (les
copies affaiblies des impressions)12.

La science de la nature humaine de Hume est


une critique de la raison humaine, qui doit
renoncer aux notions abstraites et aux principes
a priori, tels que la causalité, la substance, le moi,
etc.23. Hume montre que ces notions sont des
habitudes ou des croyances de l’esprit, qui ne
reposent pas sur une démonstration rationnelle,
mais sur une association constante d’idées24.
L’idée de nature est au cœur du débat entre les
rationalistes et les empiristes, qui s’opposent sur la
source et la validité de la connaissance humaine 1. Les
rationalistes affirment que la nature est ordonnée et
intelligible par la raison, qui peut accéder à des
principes universels et nécessaires, indépendants de
l’expérience sensible.

Les empiristes soutiennent que la nature est diverse et


contingente, et que la connaissance ne peut se fonder
que sur l’observation des faits sensibles, qui sont les
seuls critères de vérité1.
Emmanuel Kant (1724-1804) résout le problème entre
les empiristes et les rationalistes en proposant une
synthèse entre les deux courants. Il reconnaît que la
connaissance humaine a besoin à la fois de la raison et
de l’expérience, mais il distingue entre les jugements
analytiques (qui sont fondés sur la raison seule et qui
sont universels et nécessaires) et les jugements
synthétiques (qui sont fondés sur l’expérience et qui
sont particuliers et contingents)12. Il montre ensuite qu’il
existe des jugements synthétiques a priori, qui sont à la
fois fondés sur l’expérience et universels et nécessaires,
et qui sont les conditions de possibilité de la science 1.
Ces jugements sont fondés sur les formes a priori de la
sensibilité (l’espace et le temps) et les catégories a
priori de l’entendement (la causalité, la substance, etc.),
qui sont des structures innées de l’esprit humain1.
Pour Kant, la nature est l’ensemble des
phénomènes qui sont soumis aux conditions
de la connaissance humaine. La nature est
donc le domaine de l’expérience possible, qui
est fondée sur les formes a priori de la
sensibilité (l’espace et le temps) et les
catégories a priori de l’entendement (la
causalité, la substance, etc.)2.

La critique de la raison pure est l’examen


critique des limites et des possibilités de la
raison humaine, qui doit distinguer entre le
phénomène (ce qui apparaît à la conscience) et
la chose en soi (ce qui est en dehors de toute
expérience)3. Le phénomène est le seul objet
de la connaissance scientifique.
La relation entre la nature et la
phénoménologie chez Hegel (1770-1831)
est celle d’une dialectique entre l’esprit et
la matière. La nature est le moment
négatif de l’esprit, qui se manifeste
comme une extériorité et une
contingence, opposées à l’intériorité et à
la nécessité de l’esprit12.

La phénoménologie est le mouvement de


l’esprit qui se reconnaît dans la nature, en
passant par les différentes figures de la
conscience, jusqu’à atteindre la sagesse
absolue, qui est l’identité de l’esprit et de
la nature1. La phénoménologie est donc le
passage de la nature à l’esprit, ou de l’être
La nature chez Schopenhauer
(1788-1860) est le résultat de la
Volonté, qui est la force qui anime
tout ce qui existe.

La Volonté est aveugle, insatiable et


souffrante, et se manifeste dans la
nature sous des formes multiples et
conflictuelles1. Le monde comme
représentation est le monde tel qu’il
apparaît à notre esprit, qui est
soumis aux formes de l’espace, du
temps et de la causalité13. La
représentation est donc le voile qui
nous cache la véritable nature du
monde, qui est Volonté14.
La relation entre la nature et la volonté
chez Nietzsche (1844-1900) est celle
d’une affirmation de la vie.
La nature est le lieu où s’exprime la
volonté de puissance, qui est le principe
fondamental de tout ce qui existe1. La
volonté de puissance est la tendance à
accroître sa force, à dominer et à créer1.
La volonté de puissance est donc la
source de la valeur, de la morale et de
l’art. Le surhomme est celui qui réalise
pleinement sa volonté de puissance, en
se libérant des illusions et des
conventions, et en créant ses propres
valeurs.
La nature chez Heidegger
(1889-1976) est le nom de l’
Être, qui se manifeste comme
le fondement de tout ce qui
est.

La nature n’est pas un objet


que l’on peut connaître ou
maîtriser, mais une présence
qui se dévoile et se cache à la
fois. La nature est donc le lieu
où l’homme peut accéder à la
question de l’Être, en se
mettant à l’écoute de son sens
et de son origine.
La nature, la technique et la culture sont des
notions qui peuvent être mises en relation de
différentes manières. On peut considérer que
la technique et la culture sont des productions
humaines qui s’opposent à la nature, qui est le
donné originel1. On peut aussi penser que la
technique et la culture sont des extensions de
la nature, qui permettent à l’homme de se
transformer et de transformer son
environnement2. On peut enfin soutenir que la
technique et la culture sont la nature même de
l’homme, qui se distingue des autres êtres
vivants par sa capacité à créer et à
transmettre3. La technique et la culture
seraient alors une deuxième nature, qui ne s’
éloigne pas de la première, mais qui la
révèle23.
Dans “La question de la technique”, Martin Heidegger explore la relation entre l’homme et la
technologie moderne. Il soutient que la technologie n’est pas simplement une activité humaine
ou un simple outil, mais une manière de révéler qui représente son essence, une essence qui
s’assimile au destin de l’être1.

Heidegger définit l’essence de la technique en relation avec un certain destin de l’être et le


dévoilement de l’étant. Il distingue entre la technique et l’essence de la technique, affirmant que
cette dernière préside à son déploiement3.

Il remet en question la conception instrumentale traditionnelle de la technique, qui la voit comme


un moyen au service d’une fin, et propose à la place une compréhension plus profonde basée
sur les quatre causes d’Aristote : cause motrice, cause matérielle, cause formelle et cause
finale3.

En fin de compte, Heidegger voit dans la technologie moderne le danger le plus grand. Plus
l’homme se prend pour le “seigneur de la terre”, plus il devient une simple pièce du "dispositif
technique". Cette omniprésence de la technologie peut nous faire oublier les mutations
historiques qui nous ont conduits à elle3.
Présocratiques : Saint Augustin : Georg W. F. Hegel :
Eléments d'histoire de la philosophie antique / Jean-Paul LA CITÉ DE DIEU (bibliotheque-monastique.ch)
Dumont | Gallica (bnf.fr) 1Cairn.info (philotextes.info)

Saint Thomas D’Aquin :


Thalès : Arthur Schopenhauer :
Question 84, 85 et 86 Le Monde comme volonté et
unithales (free.fr) Somme Théologique complète - Tome I (free.fr)
comme représentation/Texte
entier/Tome 1 - Wikisource
Anaximandre: René Descartes :
anaximandre (free.fr)
Méditation cinquième Martin Heidegger :
Microsoft Word - Méditations.docx (philotextes.info) L’INTERPRÉTATION DU DASEIN PAR RAPPORT À
Héraclite : LA TEMPORALITÉ ET L’EXPLICATION DU TEMPS
Héraclite, Heraclitus (free.fr) COMME HORIZON TRANSCENDANTAL DE LA
Baruch de Spinoza : QUESTION DE L’ÊTRE
Spinoza, Ethique (palimpsestes.fr) Microsoft Word -
heraclitefranengv6 (free.fr) Heidegger_etre_et_temps.doc
Gottfried Leibniz : (free.fr)
Parménide : Monadologie (Édition Janet, 1900) - Wikisource
Parménide (free.fr)
La question de la technique :
David Hume : la question de la technique
Platon : Traité de la nature humaine - Wikisource (palimpsestes.fr)
Platon : Parménide (français) : traduction de Victor Cousin. HUME - Philotextes
(remacle.org)

Emmanuel Kant :
Aristote : Immanuel Kant, Critique de la raison pure. Emmanuel
Physique d'Aristote, ou Leçons sur les principes généraux Kant, Critique de la raison pure (uqac.ca)
de la nature / traduite en français pour la première fois et
accompagnée d'une paraphrase et de notes... par J.
Barthélemy-Saint-Hilaire,... | Gallica (bnf.fr)
Voici dix sujets de dissertation philosophique possibles en lien avec la notion
de nature :
1. La nature est-elle une réalité indépendante de l’homme ?
2. La nature humaine est-elle innée ou acquise ?
3. Peut-on parler d’une nature bonne ou mauvaise ?
4. La nature est-elle un guide moral pour l’homme ?
5. L’homme peut-il se libérer de sa nature ?
6. La technologie est-elle une violation de la nature ou une extension de
celle-ci ?
7. Quel est le rôle de la nature dans l’épanouissement de l’individu ?
8. La nature a-t-elle des droits que l’homme doit respecter ?
9. Peut-on considérer la culture comme une seconde nature ?
10. Quel est le rapport entre la nature et la liberté ?
La question de savoir si la nature est une réalité indépendante de l’homme est un sujet profondément enraciné dans
la philosophie. Cette question nous invite à explorer les relations complexes entre l’homme et la nature, et à réfléchir
sur la manière dont notre perception et notre compréhension de la nature peuvent être façonnées par nos propres
expériences et connaissances.

Étape 1 - Présentation du sujet : La nature a toujours été un sujet de fascination pour l’homme, suscitant une
multitude de questions philosophiques. L’une d’elles est de savoir si la nature existe indépendamment de l’homme ou
si elle est une construction de notre perception.

Étape 2 - Définition des termes : Dans cette dissertation, nous allons d’abord examiner les différentes définitions de
la nature et comment elles ont évolué au fil du temps. Nous allons également définir ce que signifie pour quelque
chose d’exister “indépendamment” de l’homme.

Étape 3 - Annonce du plan : Nous allons ensuite analyser les arguments philosophiques qui soutiennent l’idée que la
nature existe indépendamment de l’homme. Enfin, nous allons contester cette affirmation en explorant les théories
qui suggèrent que notre compréhension de la nature est intrinsèquement liée à notre existence humaine.

Étape 4 - Annonce de la problématique : En abordant ces points, nous espérons éclairer les multiples facettes de
cette question complexe et stimuler une réflexion plus approfondie sur notre relation avec la nature.

Étape 5 - Annonce de l’enjeu : L’enjeu ici est de comprendre comment notre perception de la nature peut influencer
notre comportement envers elle, et donc les implications pour notre environnement et notre avenir.

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