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Section 4.

Malentendus sur les avantages comparatifs et validité empirique et limites de


la théorie de Ricardo :

I- Malentendus sur les avantages comparatifs :


Trois malentendus sont souvent observés sur les avantages comparatifs. Ils se réfèrent au lien
entre productivité et compétitivité, à l’argument de l’exploitation du travail, et à celui de
l’échange inégal

1-Productivité et compétitivité :
Malentendu 1 : La liberté des échanges est profitable seulement si le pays est à la mesure de la
concurrence internationale.
Cet argument, utilisé le plus souvent en ce qui concerne les pays moins développés, implique
que les pays pauvres devraient s’isoler de l’économie internationale jusqu’à ce qu’ils soient
forts assez pour manifester leur compétitivité. Ceci est équivalent à dire qu’un pays ne pourra
participer à l’échange international que s’il dispose d’un avantage absolu. Nous avons déjà
rejeté cet argument dans nos analyses précédentes démontrant que l’avantage absolu n’est ni
une condition nécessaire ni suffisante pour participer à l’échange international et en tirer profit.

2- L’argument de l’exploitation du travail :


Malentendu 2 : La concurrence internationale est injuste et nuit aux autres pays quand elle est
basée sur de bas salaires.
Cet argument, que l’on qualifie parfois d’argument d’exploitation du travail, rencontre une
grande faveur auprès des syndicats ouvriers cherchant, dans les pays développés, à se protéger
de la concurrence étrangère. Ceux qui adhèrent à cette idée soutiennent que les industries ne
devraient pas devoir être en compétition avec des industries étrangères à moindre productivité
mais payant des salaires plus bas.
Cependant, notre analyse dans les sections précédente montre que cet argument ne tient pas :
ce qui est important pour un pays est qu’il est meilleur marché pour lui de produire un bien X
par exemple et de l’échanger contre un bien Y que de produire lui-même ce dernier. La source
de l’avantage comparatif de l’autre pays (productivité plus élevée ou salaire plus faible)
n’intervient pas.
3- L’échange inégal :
Malentendu 3 : L’échange international aboutit à l’exploitation d’un pays et en empire la
situation s’il utilise plus de travail pour produire ses biens exportés que les autres pays n’en
utilisent pour produire les biens qu’il reçoit en échange.
Cet argument, que l’on appelle parfois théorie de l’échange inégal, tend à être invoqué par ceux
qui, dans les pays en développement, plaident pour une redistribution du revenu des pays riches
aux pays pauvres. L’échange inégal ne signifie cependant pas que le pays à bas salaire perde à
l’échange international.

II- Vérification empirique et limites du modèle ricardien :


Le modèle ricardien fait-il une prédiction correcte des flux internationaux tels qu’ils se
présentent dans la réalité ?
Certaines études ont cherché à répondre à cette question. McDougall (1951), dans son étude
« British and American export : a study suggested by the theory of comparative costs »
(Economist Journal), met en relation le rapport des productivités relatives des Etats Unis et
celles de la Grande Bretagne. Plus précisément, l’auteur cherche à vérifier que les Etats-Unis
exportent vers la Grande Bretagne des biens pour lesquels le rapport des salaires,
comparativement au rapport des productivités, lui sont favorables :
(Productivité par tête US / Productivité par tête GB)> (taux de salaire US / taux de salaire GB)
Les résultats obtenus par McDougall montrent clairement une relation positive entre
productivité et exportations : sur les 25 industries de l’étude, la corrélation est forte pour 20
d’entre-elles. Les résultats de de McDougall ont été confirmés par l’étude de Balassa (1963)
qui a porté sur 28 industries.

Malgré ces résultats favorables à la capacité prédictive du modèle ricardien sur la configuration
des échanges, il est important à souligner que plusieurs critiques lui ont été adressées :
1- Le modèle ricardien simple (à deux biens) prédit un degré extrême de spécialisation
qu’on ne retrouve pas dans le monde réel.
2- Le modèle ricardien exclut les effets du commerce international sur la distribution du
revenu à l’intérieur des pays et prédits dès lors que les pays globalement tireront toujours des
gains de l’échange. Mais le commerce international a des effets puissants sur la distribution du
revenu.
3- Le modèle ricardien ne donne aucun rôle aux différences de ressources entre les pays
comme facteur d’échange international, omettant ainsi un aspect important du système
d’échange.
4- Le modèle ricardien néglige le rôle possible des économies d’échelle comme facteur des
échanges. Ceci le rend incapable d’expliquer une bonne part des flux commerciaux qui se
produisent entre nations similaires.

Remarque :
L’extension du modèle à un facteur et deux biens à un modèle avec de nombreux biens ne
change pas ces conclusions. Il y a une seule différence : il devient nécessaire de considérer
directement la demande relative de travail pour déterminer les salaires relatifs plutôt que de le
faire par le biais de la demande relative des biens. De plus, le modèle à nombreux biens peut
être utilisé pour illustrer un point important : les coûts de transport peuvent donner lieu à une
situation où il existe des biens non échangés.

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