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Il est aléatoire lorsque la prestation de l’une des parties dépend, dans son existence ou dans son

étendue, d’un événement incertain : tel est le cas du contrat d’assurance, qui constitue la première
déclinaison de cette catégorie, où l’obligation de garantie de l’assurance est subordonnée à la
survenance d’un sinistre (incendie, vol, etc.) dont aucune des parties ne peut savoir si et quand il
surviendra. L’aléa est donc inhérent au contrat d’assurance, ce que rappelle la deuxième
chambre de la Cour de cassation dans la décision rapportée pour en tirer la conséquence logique
que le contrat d’assurance ne peut jamais porter sur un risque que l’assuré sait s’être déjà
réalisé.
En l’espèce, un particulier acquiert un véhicule au moyen d’un contrat de location avec option d’achat,
souscrit le 20 septembre 2012. Quelques mois plus tard – le 25 mai 2013 –, l’acquéreur adhère à un
contrat d’assurance garantissant notamment son incapacité totale de travail et affecté au contrat de
location avec option d’achat.
L’acquéreur assigne, par la suite, le vendeur et l’assureur en paiement d’une somme représentant les
mensualités du crédit réglées durant sa période d’arrêt de travail. La cour d’appel fait droit à sa
demande, aux motifs que l’assuré, souffrant d’une entorse du genou droit, a bénéficié d’un arrêt de
travail à compter du 18 février 2013, que cette pathologie a été consolidée le 11 septembre 2014 et que
l’assuré a été de nouveau en arrêt de travail à compter du 12 septembre 2014. Les juges du fond
rappellent que, pour s’opposer à la garantie, l’assureur fait valoir que le contrat d’assurance, par nature
aléatoire, ne peut porter sur un risque que l’assuré sait déjà réaliser. Ils ajoutent cependant que
l’assureur n’a pas sollicité la nullité du contrat d’assurance, de sorte que la cour n’est pas saisie de
cette demande.
L’assureur forme un pourvoi en cassation, dans lequel il rappelle que l’aléa étant consubstantiel au
contrat d’assurance, il ne pouvait être tenu à garantir un risque déjà réalisé au moment de la
souscription du contrat litigieux, date à laquelle l’arrêt de travail de l’assuré était en cours et dont il
avait connaissance au jour de son adhésion à l’assurance, sans que les juges ayant retenu l’inverse
aient méconnu les articles 1964 du Code civil dans sa rédaction antérieure à l’ordonnance du
10 février 2016, applicable au litige, L. 121-15 du Code des assurances, ensemble l’article 12 du Code
de procédure civile ».
La deuxième chambre civile de la Cour de cassation, par un arrêt rendu le 6 mai 2021, censure
intégralement la décision des juges du fond. Visant l’article 1964 du Code civil, dans sa rédaction
antérieure à celle issue de l’ordonnance du 10 février 2016, applicable à la cause, elle rappelle
qu’« aux termes de ce texte, le contrat aléatoire est une convention réciproque dont les effets, quant
aux avantages et aux pertes, soit pour toutes les parties, soit pour l’une ou plusieurs d’entre elles,
dépendent d’un événement incertain. Tel est le contrat d’assurance » (pt 4). La deuxième chambre
civile en conclut qu’en statuant comme elle l’avait fait, « alors qu’en l’absence d’aléa, au jour de
l’adhésion, concernant l’un des risques couverts par le contrat d’assurance, la garantie y afférente ne
pouvait être retenue, la cour d’appel, qui relevait que le premier arrêt de travail avait débuté le
18 février 2013, avant la date de l’adhésion, n’a pas tiré les conséquences légales de ses propres
constatations » et a violé l’article 1964 (ancien) du code civil

En l'espèce, un promoteur immobilier s'est rapproché d'une compagnie d'assurance pour souscrire une
assurance couvrant la construction d'une résidence composée de 2 bâtiments. La compagnie
d'assurance lui transmet une proposition qui est acceptée.
Par la suite, le promoteur émet 3 chèques de 36 512 euros pour le paiement de la prime provisionnelle
totale mais il n'obtient pas la garantie financière d'achèvement de sa banque pour la construction de
la résidence. Renonçant provisoirement à son projet immobilier, il se tourne alors vers l'assureur afin
de se voir rembourser les sommes versées et que le contrat d'assurance ne soit pas établi.
La compagnie d'assurance refuse ses demandes et saisit les juridictions pour que soit prononcée
l'exécution forcée du contrat d'assurance. Si la Cour d'Appel rejette la demande de l'assureur et
ordonne le remboursement des sommes perçues, la troisième Chambre civile de la Cour de Cassation
va dans un autre sens.

Dans un arrêt de censure du 20 avril 2017 (n°16-10.696), la Cour de Cassation rejette le raisonnement
de la Cour d'Appel qui retenait que le contrat n'avait pas été valablement formé car la validité des
notes de couvertures émises était conditionnée à la fourniture de la déclaration d'ouverture du
chantier.
Cette déclaration n'ayant jamais été remise car le promoteur n'a jamais obtenu le financement, le
contrat n'existait pas. Cette idée est rejetée par la Cour de Cassation qui rappelle que "le contrat
d'assurance est un contrat consensuel qui est formé par le simple accord des parties sur les éléments
essentiels".
Ces éléments essentiels sont le montant de la prime et l'étendue des garanties. L'acceptation de l'offre
émise et l'émission des chèques en paiement des primes valent consentement et forment le contrat.

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