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UNIVERSITE GASTON BERGER DE SAINT LOUIS

UFR DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES


SECTION SCIENCE POLITIQUE

Sujet : En partant de l’étude d’Evans-Pritchard sur les Nuer et du document joint, montrez les
conditions de subsistance d’un pouvoir politique non coercitif.

La société dans sa globalité a été toujours le souci majeur de ses habitants. Son émergence voire son
développement ont toujours été l’objectif majeur de ceux qui l’habitent. Ainsi des organisations furent
mises en place pour atteindre cet objectif. Des structures de multiples compositions et de divers
fonctionnement ont vu le jour. Toutefois, suivant la distinction faite par Evans-Pritchard, il y a donc
deux formes de régulation de la société. D’ailleurs même cela fera sans doute l’objet de notre analyse
future.
Le pouvoir politique est considéré comme une autorité détenu par une personne ou un groupe, lui
accordant la puissance publique. La coercition quant à elle est définie comme une obligation ou un
moyen de contrainte par lequel le concerné ou les concernés s’obligent à suivre la direction ou
l’orientation suggérée.
Le pouvoir politique non coercitif est donc un concept qui suscite plusieurs interrogations. Elle fait
l’objet de multiples débats. Bien évidemment parce que ce concept comporte de mots essentiellement
complexes dans leur unité. Par ailleurs pour des soucis de précision nous allons centrer notre travail
sur la subsistance du pouvoir politique non coercitif. Autrement dit nous allons nous intéresser aux
conditions de fonctionnement de ce pouvoir politique non coercitif. Parler de sa spécificité et donc de
sa persistance dans le monde actuel.
Comment se manifeste le pouvoir politique non coercitif dans son élaboration ?
La réponse à cette question incombe pour nous d’étudier d’une part, l’indispensabilité des relations
parentales dans la régulation sociétale et l’absence de toute formes d’hiérarchie organisationnelle dans
les prises de décision, d’autre part l’inexistence d’instances judiciaires dans la régulation sociétale et
une absence de structures administratives dans l’élaboration du groupe social.
Ainsi dans la logique de notre étude nous allons étudier la priorité du social dans le pouvoir politique
non coercitif avant de terminer par l’absence de formes d’institutions dans le pouvoir politique non
coercitif.
I- La priorité du social dans le pouvoir politique non coercitif :
Cette priorité du social se manifeste par l’importance accordée aux relations parentales dans la
régulation sociétale (A), et l’absence d’hiérarchie organisationnelle dans les prises de décision (B).
A- L’importance des relations parentales dans la régulation sociétale :
Dans les études menées par Evans-Pritchard, il a eu à faire une séparation des types de sociétés
pris comme objet d’étude. Alors selon lui et Fortes, il existe deux formes de sociétés. D’abord il y
des sociétés considérées comme étatiques, ensuite il y a des sociétés considérées comme non
étatiques. C’est cette dernière qui nous intéresse. En effet ces sociétés sont caractérisées d’abord
par une importance des relations parentales au sein de la régulation sociétale. Il est vrai qu’elles
sont sans Etat ou comme le dirait Pierre Clastres, des « sociétés contre Etat ». Loin d’être
soumises à une instance coercitive, elles apparaissent au contraire comme des anarchies
ordonnées. Dès lors il urge de souligner que les rapports parentales dans ces sociétés constituent
un levier important dans l’organisation sociétale. Toutefois, il est important également de
souligner un autre aspect des sociétés dites « sociétés contre Etats ». En effet elles sont aussi
dépourvues de toute hiérarchie leur rattachant à une organisation verticale.
B- L’absence d’hiérarchie organisationnelle dans les prises de décisions :
Comme évoqué ultérieurement, il y a un autre aspect des sociétés sans Etats qui marque notre
attention. Il y a une absence drastique d’une quelconque hiérarchie verticale Autrement dit il
n’existe pas de supériorité de postes dans leur fonctionnement. Chacun peut décider, et chacun
doit se résoudre à obéir aux ordres. Personne n’est au-dessus des autres. Tout le monde est
considéré au même pied d’égalité. Il y a donc une hiérarchie horizontale. Chacun décide, chacun
exécute. Il y a certes du politique dans ces sociétés, mais l’Etat n’y est pas vu comme un objectif
évolutionniste à atteindre. Contrairement à ce que font les sociétés étatiques, c’est-à-dire, les
sociétés dotées d’un appareil étatique, et dont les conflits sont réglés par des institutions
spécialisées, « les sociétés contre Etat » n’ont pas d’organes juridiques spécialisées dans les
affaires conflictuelles. Toutefois l’essentiel est que l’aspect politique est retrouvé dans les deux
types de sociétés. Dès lors il convient donc de souligner que la subsistance du pouvoir politique
non coercitif continue par d’autres aspects.
II- L’absence de forme d’institutions dans le pouvoir politique non coercitif
Cette absence d’institutions est surtout visible au niveau judiciaire (A) et au niveau administratif
(B).
A- L’inexistence d’instances judiciaires dans l’ordre social :
Comme évoqué ultérieurement dans nos analyses, dans les sociétés sans Etats ou donc les sociétés
avec un pouvoir politique non coercitif, on note une absence d’institutions au niveau juridique. En
effet, il n’y a pas d’instances proprement attachées au service juridique. Ceci est sans doute une
des grandes caractéristiques du pouvoir politique non coercitif. Dans l’élaboration d’un conflit, il y
a certes un juge, mais cela est loin d’une place fixe d’arbitre. Ici l’autorité est synonyme de
symbole de la vie collective. C’est donc au chef qu’il appartient de juger. Cela se faisant
seulement en présence du peuple et donc finalement par le peuple. Ceci étant dit, l’absence
d’instances judiciaires n’est pas donc assimilable à une absence de justice dans les sociétés non
étatiques. Il s’agit juste d’une autre manière de former et de faire régner la justice. Car comme on
peut le constater, le continent africain était marqué principalement de l’oralité. Cette oralité était
un outil pour faire passer les messages, communiquer entre peuples, mais aussi et surtout rendre
justice. Toutefois nous notons également une autre grande caractéristique du pouvoir politique non
coercitif.
B- L’absence de structures administratives dans l’élaboration du groupe social :
L’administration dans les sociétés étatiques est donc définie comme l’ensemble ou l’arsenal
structurel et fonctionnaliste mis en place pour maintenir une organisation des plus fluides. Elle
serait donc une manière de palier au problème que rencontre la Cité au cours de son évolution.
Toutefois, elle n’est pas la seule façon de réguler la société. Comme nous le montre les « sociétés
contre Etats », là où il n’y a pas une assise d’institutions administratives mis en place. Et pourtant
ces sociétés avec un pouvoir politique non coercitif est bel et bien en mesure de gérer des fléaux
sociétales. Certes ils n’ont pas d’arsenal structuro-fonctionnel, mais ces sociétés comportent des
rapports internes qui suffisent aux groupe social afin de mener à bien l’évolution de ce groupe. On
note cependant dans les sociétés de pouvoir politique non coercitif, une pluralité d’autorité. Ceci
explique l’absence d’institutions administratives. Car en un certain moment, si chacun peut
décider, chacun peut ordonner et donc chacun se résout à exécuter, la liaison verticale observée
dans les sociétés étatiques est brisée. Tout le monde est au même pied d’égalité. Nous avons
l’exemple des Nuer là où l’autorité est conçue comme une personnification contingente.

CONCLUSION :
En somme, nous pouvons dire qu’Evans-Pritchard et Fortes bien sûr, ont fait une claire séparation
entre les sociétés qui n’avaient pas d’Etat et celles qui en avaient. On nomme les sociétés sans
Etats, des « sociétés contre Etat ». Elles sont aussi nommées des sociétés avec un pouvoir
politique non coercitif. Donc on fait allusion à un pouvoir politique dépourvu de toute violence
physique légitime. Toutefois ce pouvoir politique non coercitif est aussi caractérisé par une
absence d’institution juridique et administrative. Dans une certaine mesure, cela n’est pas
synonyme d’une absence drastique de justice de moyen de régulation de la société. Au contraire,
cela est justement la marque que l’objectif de toute société n’est pas l’institution étatique avec ses
dérives.

Correction :
Pb : Quelles sont les conditions de subsistance du pouvoir politique non coercitif dans la
perspective anthropologique ?
Notion d’ « anarchie ordonnées » : parler justement de l’absence d’une autorité différenciée
(égalitaire)
Pouvoir arbitral : capacité d’arbitrer les conflits
Arabie islamique : Le Prophète était à la fois le chef religieux, militaire, politique (pouvoir
théocratique)
*Modèle d’organisation basé sur la parenté
* Echanges basées sur le « don et le contre don »
* Rôle symbolique du chef
Plan :
I- L’existence d’une « anarchie ordonnée »
A- L’absence d’un pouvoir politique centralisé
B- L’importance des liens sociaux
II- L’existence de mécanismes de régulation politique
A- Les échanges comme moyen de consolidation du tissu social
B- Le pouvoir arbitral du chef symbolique

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