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PATHOLOGIE DU DEVELOPPEMENT : MALFORMATIONS CONGENITALES

OBJECTIFS

1- Définir les termes suivant de la pathologie malformative : malformation,


déformation, disruption, séquence, syndrome
2- Enumérer les différents niveaux d’intervention des agents pathogènes sur la
morphogénèse
3- Citez 3 types de dysembryoplasie vestigiale
4- Citez 3 grandes malformations externes

PLAN
INTRODUCTION
1- GEHERALITES
2- ETIOPATHOGENIE DES MALFORMATIONS
3- ETUDE ANALYTIQUE DES MALFORMATIONS
CONCLUSION

INTRODUCTION
Les malformations sont extrêmement hétérogènes, de sévérité variable, allant de la simple
disgrâce (malformation mineure), sans caractère pathogène, jusqu’aux grandes malformations
incompatibles avec la vie (malformations majeures). Elles sont uniques ou multiples, primaires
(vraies) ou secondaires. Certaines sont accidentelles et ne se reproduiront pas, d’autres, au
contraire, ont un caractère génétique dont il conviendra de préciser la nature pour évaluer les
risques de récidive

1- GENERALITES
Les malformations constituent des anomalies intrinsèques survenant au cours du
développement
Exemple : les malformations cardiaques et l’anencéphalie (absence de cerveau).
Les déformations, au contraire des malformations, surviennent plus tard au cours de la vie
fœtale et constituent une altération de forme ou de structure, résultant de facteurs mécaniques.
Elles se manifestent comme des anomalies de contour, de forme ou de position du corps et
comportent en général un risque beaucoup moindre de récurrence dans la fratrie.
Exemple : La compression utérine est le facteur le plus souvent en cause chez les enfants nés
avec des déformations.
Les disruptions, 3ème anomalie principale de la morphogénèse, sont dues à la destruction
secondaire ou à la perturbation d’un organe ou d’une région du corps qui s’était développé
normalement.
Exemple : les brides amniotiques, résultant de la rupture de l’amnios durant le développement
fœtal, peuvent comprimer, adhérer ou encore enserrer certaines parties du fœtus en
développement.

Une séquence est un ensemble d’anomalies en cascade.


Exemple : séquence oligo-amnios (ou séquence de Potter). La compression fœtale qui résulte
d’un oligo amnios va induire l’apparition chez le nouveau-né du phénotype classique associant,
un faciès aplati, des déformations positionnelles des membres. Les hanches peuvent être
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luxées ; la croissance thoracique et pulmonaire compromise aboutissant à une hypoplasie
pulmonaire dont le degré peut être tel qu’il compromettra la survie. De plus on constate
fréquemment la présence de nodules sur l’amnios (amnios nodosum).
Un syndrome est l’ensemble d’anomalies congénitales reliées entre elles d’un point de vue
physiopathologique et qui au contraire d’une séquence, ne peuvent pas être expliquées par une
anomalie causale unique et localisée.
Exemple : le diagnostic de neurofibromatose est fait chez un enfant porteur de tâches café au
lait et de neurofibromes multiples.
La dysplasie dans un contexte malformatif signifie une organisation cellulaire anormale.

2- ETIOPATHOGENIE DES MALFORMATIONS


Le défaut de développement pouvant survenir à tout moment de la gestation. Selon la date de
survenue de ce défaut, on distingue deux cadres pathogéniques principaux : les embryopathies
et les fœtopathies.
On distingue également les malformations vraies (ou primaires), des déformations et
disruptions qui sont secondaires à un facteur extrinsèque (malformations secondaires). Cette
distinction est importante en raison de ses implications pour le conseil génétique.
La malformation peut être isolée (environ 2% des nouveau-nés vivants naissent avec une
malformation congénitale isolée) ou faire partie d’un syndrome malformatif ou d’une séquence
malformative.
Les embryopathies désignent les troubles du développement qui surviennent au cours des trois
premiers mois de la gestation et sont parfois incompatibles avec la vie. En règle générale, ces
embryopathies sont des affections précoces et sévères retentissant sur la différenciation des
feuillets embryonnaires et sur l’organogenèse. Il s'agit de malformations soit d'un, soit de
plusieurs organes. Certaines associations malformatives témoignent du moment de l’agression
pathogène au cours de la période d’embryogenèse.
Parmi les principales étiologies, les anomalies chromosomiques peuvent correspondre à des
accidents survenus lors de la méiose (triploïdies, trisomies, monosomies…) – ou au cours des
premières divisions de l’œuf du fait de la relative instabilité des premières divisions
blastomériques (pouvant conduire à des mosaïques). Les anomalies chromosomiques les plus
sévères conduisent à des avortements spontanés parfois très précoces, les autres peuvent
conduire à des malformations congénitales importantes. D’autres malformations peuvent être
liées à des anomalies géniques (portant par exemple sur des gènes du développement). Enfin,
les autres causes d’embryopathies doivent être recherchées parmi certaines affections ou
perturbations subies par la mère - définissant des agents tératogènes externes (radiations
ionisantes, agents toxiques ou pharmacologiques, agents infectieux) ou internes (troubles
endocriniens, anticorps anti-tissulaires...).
Les fœtopathies surviennent après le 3ème mois de gestation et peuvent conduire à des
anomalies du développement d'organes initialement normaux. Ces anomalies sont congénitales,
car l'enfant naît avec elles, mais ne sont pas malformatives au sens strict. Elles correspondent
plutôt à des troubles de la croissance tissulaire et de la différenciation.

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Les causes de ces fœtopathies sont variées : infections virales (CMV), parasitaires
(toxoplasmose)…
Exemples : microcéphalie, glaucome congénital, certaines hypoplasies du ventricule gauche.
Les syndromes malformatifs correspondent à l'association de plusieurs malformations de
cause commune mais touchant des segments différents de l'embryon. Les étiologies en sont
variées : anomalies chromosomiques, géniques et facteurs environnementaux. L’étiologie est
souvent plurifactorielle.
Exemples de syndromes malformatifs d’origine chromosomique :
Trisomie 21 : épaississement de la nuque, dysmorphie faciale, atrésie duodénale, malformation
cardiaque et retard mental ;
Trisomie 18 : hypotrophie majeure, visage triangulaire avec micrognathie, pavillon des oreilles
d’aspect faunesque, communication interventriculaire, omphalocèle, déformation en flexion
des doigts des mains et des pieds avec chevauchement ;
Syndrome de Turner avec monosomie pour le chromosome X (formule 45X) : mort in utero
par accumulation de liquide dans la région cervicale (anasarque) secondaire à un hygroma
kystique du cou, et associé à des malformations cardio-vasculaires (coarctation de l'aorte),
rénales (rein en fer à cheval) et des organes génitaux de type féminin hypoplasiques.

Le syndrome de Meckel constitue un exemple de syndrome malformatif d’origine génique, de


transmission autosomique récessive. Il associe des anomalies du système nerveux central, une
polydactylie et des lésions kystiques rénales ».

3- ETUDE ANALYTIQUE DES MALFORMATIONS


3-1 Dysembryoplasies
Les dysembryoplasies désignent les malformations résultant d'une anomalie du développement
survenant au cours de l’embryogenèse. Elles peuvent avoir des expressions diverses :
Vestige embryonnaire : structure tissulaire persistant après la naissance alors qu'elle
aurait normalement dû disparaître au cours de l’embryogenèse.
Exemple : le diverticule de Meckel par désigne un vestige sur le versant intestinal du
canal omphalo-mésentérique.
Beaucoup de ces vestiges sont kystiques.
Exemple : kystes branchiaux latéro-cervicaux, kystes du tractus thyréoglosse.
Hétérotopie : anomalie congénitale de la situation d'un tissu.
Exemple : hétérotopie pancréatique dans un diverticule de Meckel.
Ectopie : anomalie de la situation de la totalité d'un organe
Exemple : ectopie testiculaire.
Hamartome : formation tissulaire pseudo-tumorale définie comme un mélange anormal de
cellules et de tissus normalement présents dans l'organe où cet hamartome se développe, de
morphologie normale, mais d'agencement désordonné.
Exemple : hamartome pulmonaire.

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3-2 Tératomes
Désigne une tumeur composée de tissus matures développés à partir d’un ou plusieurs feuillets
embryonnaires (ectoderme, endoderme, mésoderme).
(Cf tumeur des autres tissus, et pathologie tumorale des ovaires)
3-3 Grandes malformations externes
Ce sont des dysgenèses spectaculaires dues à des impacts tératogènes de survenue très précoce
au cours du développement embryonnaire, souvent graves et incompatibles avec la vie. La
plupart d’entre elles, qualifiées de monstruosités, sont dues à la perturbation d’un événement
majeur de l’embryogénèse.
Parmi les grandes malformations externes :
Les dysraphies : correspondent à l’absence de fermeture, à la fermeture partielle ou à la
soudure incomplète de bourgeons.
Exemples : Tube neural : anencéphalie, encéphalocèle
Bourgeons faciaux : fente labiale et labio-palatine
Paroi abdominale : hernie ombilicale, omphalocèle (avec ectopie viscérale),
laparoschisis ou exstrophie vésicale.
La dysgénésie caudale est une anomalie de formation de l’extrémité caudale de la colonne
vertébrale par perturbation de la fonction inductrice du sacrum sur le développement de
l’extrémité caudale, qui induit un trouble de gravité variable : au minimum sinus pilonidal, ou
bien imperforation anale – atrésie rectale, au maximum sirénomélie.
Une intervention tératogène lors de la formation des bourgeons des membres peut entraîner
l’agénésie d’un membre : amélie, phocomélie (atrophie des membres aboutissant à
l’implantation directe des mains et/ou des pieds directement sur le tronc, même racine que «
phoque »).
Pathologie de la gémellité : monstres doubles.
Ils peuvent être isopages si les deux individus sont égaux et symétriques, en Y, en lambda ou
en X (les siamois sont isopages), ou anisopages dans le cas contraire. Ils sont reliés entre eux
de manière variable : simple pont tégumentaire, partie plus ou moins importante de la paroi du
tronc (thoracopages et/ou abdominopages) et peuvent avoir un certain nombre de viscères
anastomosés ou communs.

3-4 Malformations d’organe


Hypoplasie : développement embryologique anormal d'un viscère ou d'une partie d'un viscère
aboutissant à un organe fonctionnel mais trop petit.
Exemple : hypoplasie rénale.
Par extension : développement insuffisant d'un tissu lorsque les stimuli assurant sa trophicité
normale diminuent ou cessent
Exemple : hypoplasie mammaire.
Atrésie : variété d'aplasie consistant en l’absence de développement de la lumière d'un organe
creux avec éventuellement absence de certains segments de cet organe.
Exemples : atrésie œsophagienne ; atrésie biliaire ; imperforation anale.
Dysplasie : au sens étymologique, terme général désignant une lésion qui résulte d'une
anomalie de développement d'un tissu, d'un organe, ou d'une partie de l'organisme.
Exemple : dysplasie rénale, plage de tissu rénal immature, non organisée en néphrons.
Au sens dérivé et beaucoup plus souvent utilisé actuellement : lésion acquise consistant en une
anomalie de maturation dans un tissu à renouvellement rapide. Dans ce sens, la dysplasie est
souvent considérée, dans certains de ses aspects, comme synonyme de lésion précancéreuse et
n'a plus rien à voir avec les malformations congénitales (Cf pathologie tumorale).
Exemple : dysplasie du col utérin.

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La formation d’un organe débute à partir d’un massif cellulaire indifférencié (blastème rénal,
pulmonaire…). Celui-ci subit des phénomènes d’induction sous la dépendance d’un tissu voisin
déjà différencié. Dans le rein par exemple, le bourgeon urétéral (diverticule du canal de Wolf)
pénètre dans le blastème rénal et induit la différenciation des néphrons. Entre le début du
développement d’un organe et son achèvement se produit souvent une série d’événements reliés
entre eux. Leur perturbation pourra être à l’origine de malformations diverses :
Duplication : dédoublement d'un organe ou d'une partie d'organe.
Exemples : polydactylie (mains, pieds) ; duplication digestive ; double rein pelvien, uretère
double ; duplication de la moelle épinière ; utérus double : dans ce cas, les deux cavités
endométriales sont séparées par une cloison musculaire qui s'étend du fond utérin jusqu'au
vagin.
Fusion : fusion de deux organes ou parties d'organe.
Exemples : syndactylie (fusion ou défaut de séparation des doigts ou des orteils) ; cyclopie
(fusion des globes oculaires) ; rein en "fer à cheval" (pont parenchymateux croisant la ligne
médiane).
Agénésie : absence complète d'un organe liée à l'absence de son ébauche embryonnaire.
Exemple : agénésie rénale.
Aplasie : absence d'un organe provoquée par l'absence de développement de son ébauche
embryonnaire.
Exemple : aplasie pulmonaire unilatérale.
Par extension : Arrêt transitoire ou définitif de la multiplication cellulaire dans un tissu qui
devrait normalement se renouveler en permanence
Exemple : aplasie médullaire.

CONCLUSION
Les malformations peuvent être primaire ou secondaire et résulter de plusieurs mécanismes.
Ces malformations vont de la simple déformation aux grandes malformations externe
incompatibles avec la vie. Les causes sont nombreuses, intrinsèques et extrinsèques, et parfois
inconnues. Leur identification permet de mener des actions afin d’éviter les récidives.

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