Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
2
Table des matières
3
4 TABLE DES MATIÈRES
Chapitre 1
L’analyse des marges d’une entreprise est la première étape de toute analyse financière. C’est
une étape essentielle car il est clair qu’une entreprise qui n’arrive pas à vendre ses produits ou ses
services à un prix supérieur à leurs coûts de production est inévitablement condamnée à disparaı̂tre.
Mais comme nous le verrons, la réalisation de marges positives n’est cependant pas une condition
suffisante pour créer de la valeur ou échapper à la faillite !
Le résultat net est un résidu issu de l’ensemble des charges et produits figurant dans le compte
de résultat. Comme on pourra le constater l’analyse du résultat net est très marginale dans notre
approche. En effet, la performance d’une entreprise est avant tout issue de sa performance opé-
rationnelle, ce qui explique que le résultat d’exploitation soit au centre des préoccupations des
analystes financiers ou le le résultat non récurrent étant sans grand intérêt, notamment dans une
perspective prévisionnelle.
L’analyse des marges passe d’abord par une analyse des pratiques comptables de l’entreprise pour
élaborer son compte de résultat. En effet, la tentation est forte pour cretaines entreprises, connais-
sant l’accent mis par les analystes sur le résultat d’exploitation, d’en améliorer le niveau en faisant
riper les dépenses d’exploitation dans le résultat financier ou dans le résultat exceptionnel (ou une
catégorie ”non courant” en IFRS).
Puis l’analyse des marges nécessite une analyse en tendance qui consiste à comprendre l’évo-
lution du résultat d’exploitation à partir de celle des charges et des produits dont il est le solde.
Elle n’a intérêt que si elle permet de comprendre le passé pour extrapoler l’avenir. Aussi est-elle
historique et s’étend-elle sur plusieurs exercices. Elle présuppose, bien entendu, que l’activité de la
société n’ait pas été substantiellement modifiée sur la période considérée.
1
2 CHAPITRE 1. ANALYSE DES MARGES : STRUCTURE
ceux de l’exercice précédent selon un même périmétre et avec les mêmes méthodes de consolidation.
Si l’entreprise est en très forte croissance, l’analyste s’interrogera sur la maı̂trise de la croissance
des charges d’exploitation et des besoins financiers induits par cette croissance.
L’entreprise en stagnation devra gérer une décroissance des charges et des besoins financiers.
Lorsque l’entreprise est monoproduit, la croissance en volume se déduit facilement de la croissance
apparente du chiffre d’affaires et de celle du prix du produit vendu.
Lorsque l’activité est hétérogène, l’analyse est plus délicate : soit on revient au cas précédent en
effectuant une analyse au niveau des principaux produits ; soit on calcule une croissance moyenne
des prix, à partir de laquelle on déduit une croissance moyenne en volumes.
L’impact de l’évolution des taux de change sur l’activité de l’entreprise doit être mis en regard
de l’exposition des coûts à ces mêmes devises. Une entreprise produisant et vendant dans un même
pays ne sera exposée que sur la marge contrairement à une entreprise exportant.
Questions et ratios-clés : A ce niveau, le taux de croissance du chiffre d’affaires est la variable
à expliquer. Il doit être décomposé en termes de volumes et de prix ; de produits et de zones
géographiques. Ces différents taux de croissance doivent alors être comparés à ceux du marché et
aux indices de prix (général et sectoriels) et tenir compte de l’effet de change. Quel est l’impact
des changements de périmètre sur le chiffre d’affaires ?
1.1.2 La production
Si le chiffre d’affaires constitue l’élément essentiel d’appréciation des performances à moyen
terme de l’entreprise, il peut, à l’échelle d’un exercice, traduire d’une manière inexacte l’activité
de celle-ci. Aussi, dans la présentation des comptes par nature, a-t-on développé le concept de
production, qui représente à la fois :
— la production vendue ou chiffre d’affaires, évaluée au prix de vente ;
— la production stockée, évaluée au prix de revient, et représentée par l’accroissement du stock
de produits finis, semi-ouvrés et en-cours ;
— la production immobilisée, représentée par les travaux faits par l’entreprise pour elle-même,
évaluée au prix de revient.
La production se calcule ainsi :
Production stockée et production immobilisée sont en lecture directe dans le compte de résultat
par nature. D’une manière générale, il est souhaitable d’isoler la production immobilisée des deux
autres composantes de la production, dans la mesure où elle ne se rapporte pas directement au
marché final des produits de l’entreprise.
Le concept de la production permet avant tout de comparer les consommations de l’exercice à la
base d’activité à laquelle elles correspondent ; il est donc d’autant plus importtant que l’entreprise
est caractérisée par un montant élevé de stocks ou de travaux en cours. Il est malheureusement
hétérogène dans la mesure où il agrège :
1.1. LA FORMATION DU RÉSULTAT D’EXPLOITATION 3
Production
− Consommation de matières
= Marge sur consommation de matières
La marge sur consommation de matières caractérise la position qu’occupe l’entreprise entre le mar-
ché des produits finis (clients et concurrents) et le marché des matières premières (fournisseurs).
Elle est d’autant plus pertinente que la production immobilisée ne revêt pas un caractère important.
Là aussi interviennent un effet prix et effet volume, quasiment impossible à séparer car ces
consommations sont trop disparates. Il est très difficile de calculer à ce niveau général des ratios de
productivité ”matières”. On se contente alors d’une comparaison du taux de croissance par rapport
à celui de la production. Une divergence durable peut s’expliquer par une modification des produits
fabriqués par l’entreprise ou par une amélioration (une détérioration) du processus de production.
Questions et ratios-clés : Quelle est l’évolution de cette marge rapportée à l’activité et comment
s’explique-t-elle (prix, volume) ?
Ventes de marchandises
− Achats de marchandises
= Marge commerciale
4 CHAPITRE 1. ANALYSE DES MARGES : STRUCTURE
Elle n’a de sens que pour les entreprises de négoce, de distribution...Pour ces sociétés, la marge
commerciale ou le taux de marge (rapport de la marge commerciale au chiffre d’affaires) est l’in-
dicateur fondamental. Elle est généralement plus stable que les éléments qui la composent (chiffre
d’affaires et coût d’achat des marchandises vendues), le distributeur ayant une capacité à répercu-
ter les hausses de prix sur le client final et la concurrence imposant une baisse de prix lorsque le
prix d’achat diminue.
Marge commerciale
+ Marge sur consommation de matières
− Autres charges externes
= Valeur ajoutée
Les autres charges externes se composent de la sous-traitance, des loyers de location d’immeubles
ou de matériels, des achats non stockables de matières et de fournitures (eau, énergie, petit équipe-
ment, entretien, fournitures administratives...), des travaux d’entretien et de réparation, des primes
d’assurances, des études et recherches, des rémunérations du personnel extérieur à l’entreprise, des
rémunérations d’intermédiaires et des honoraires, des frais de publicité, de transports, des déplace-
ments, réunions et réceptions, des frais postaux, des commissions sur services bancaires (différentes
des intérêts sur crédits bancaires, comptabilisés en charges financières) et de dépenses diverses.
L’analyse s’intéresse à la fois à des effets volume et à des effets prix (mesurés par le salaire
chargé :
charges de personnel
effectif moyen
ou encore à la productivité du personnel. Celle-ci se mesure par les ratios :
chiffre d’affaires
effectif moyen
valeur ajoutée
effectif moyen
production
effectif moyen
L’excédent brut d’exploitation correspond à la différence entre tous les produits d’exploitation
et toutes les charges d’exploitation qui se traduiront, tôt ou tard, par une entrée de trésorerie ou
un débours de trésorerie.
L’EBE se calcule ainsi :
Valeur ajoutée
+ Subvention d’exploitation reçues
− Impôts, taxes et versements assimilés
− Rémunération du personnel et charges sociales
− Dépréciation (nette des reprises sur actifs circulants
et provisions pour risques et pour charges d’exploitation
+ Autres produits d’exploitation
− Autres charges d’exploitation
= Excédent brut d’exploitation
Les autres charges d’exploitation regroupent redevances sur brevets, licences, concessions, régies,
jetons de présence versés...Les autres produits d’exploitation correspondent à des redevances sur
brevets, licences, concessions, régies, jetons de présence reçus...
— des autres intérêts et produits assimilés : revenus des créances commerciales et diverses, reve-
nus des valeurs mobilières de placement, escompte obtenus des fournisseurs, autres produits
financiers ;
— des reprises sur provisions et tranfert de charges : ce poste est constitué des reprises sur
provisions pour risques et charges financières, des reprises sur dépréciations des éléments
financiers et enfin des transferts de charges financières ;
— des différences positives de change ou écart de conversion ;
— des produits nets sur cession de valeurs mobilières de placement, c’est-à-dire les plus-values
sur cessions de titres de placement.
Comptablement, les charges financières se composent :
— des intérêts et charges assimiliées ;
— des différences négatives de change ;
— des charges nettes sur cessions de valeurs mobilières de placement qui enregistrent les moins-
values résultant des cessions de titres de placement ;
— des dotations aux amortissement des primes de remboursement des obligations ;
— des dotations aux provisions financières, les dépréciations des immobilisations financières.
Ainsi, comptablement, une dépréciation de titres de participation ne sera pas inscrite dans
les charges exceptionnelles, mais dans les charges financières.
Si les produits croissent de 5% par an et que les charges croissent en moyenne plus vite, le
résultat, différence entre les produits et charges, diminue fatalement. Si cette tendance se poursuit,
la baisse du résultat va s’amplifier chaque année avec, à terme, des pertes. Tel est le mécanisme
baptisé du nom d’”effet ciseau”.
La connaissance de l’effet ciseau importe peu ; ce qu’il est important de découvrir, ce sont les
causes de cet effet ciseau. En effet, l’effet ciseau est aussi un mécanisme économique : c’est l’évolu-
tion divergente des produits, d’une part, et du coût des facteurs de production au sens large, d’autre
part. L’effet ciseau peut être observé pour toute une série de raisons (fait du prince, concurrence
exacerbée, mauvaise gestion du secteur...) qui traduisent la plus ou moins grande qualité de la posi-
tion stratégique de l’entreprise sur son marché. SI sa position est forte, elle pourra répercuter toute
hausse de ses coûts à ses clients par une hausse de ses prix de vente, elle pourra progressivement
augmenter ses marges...
que ces facteurs constituent un élément fondamental du prix de revient des produits.
L’analyse devra alors s’attacher à estimer la durée probable d’un retard d’ajustement sur les
prix. Celui-ci dépend essentiellement du comportement de l’entreprise, de celui de la concurrence,
et de sa position de force par rapport au marché.
des entreprises de ce secteur, ne sera répercutée qu’avec retard sur le prix de vente des livraisons
des colis.
L’inertie peut également être liée à des engagements contractuels à moyen ou long terme avec
les clients ou les fournisseurs.
C’est toute une mécanique de fuite en avant que favorise l’inflation, et leui qui veut être prudent
dans cette période de grande folie est laminé. S’il ne surstocke pas, il ne peut pas réaliser de
profit d’inflation et, dès lors, ne peut rétrocéder une partie aux consommateurs comme le font ses
concurrents. Ainsi, en période d’inflation :
— les dotations aux amortissements sont sûrement insuffisantes pour faire face au remplacement
d’un investissement dont le prix a crû ;
— les stocks permettent de réaliser des profits nominaux d’inflation d’autant plus importants
que leur rotation est faible.
La déflation conduit à des conclusions inverses.
Questions
Eléments de réponse
1. Il ajoute des produits évalués au prix de vente (chiffre d’affaires) et des produits évalués au
prix de revient (production stockée et immobilisée).
2. Il mesure la richesse produite par l’actif économique.
3. C’est un concept plus macroéconomique que microéconomique qui établit une différence
artificielle entre les charges internes et externes et qui perd son reste de pertinence à l’heure
où l’externalisation est devenue plus fréquente.
4. Bien comprendre la nature du résultat exceptionnel (récurrence éventuelle ?), car a priori
une telle situation n’est pas durable.
5. Bien comprendre la nature du résultat financier. Est-ce un véritable résultat financier lié à
une trésorerie pléthorique, des reprises de provisions, des gains de change, etc ?
6. Être flexible : sous-traiter, appel au travail intérimaire ; monter en gamme ; innover pour
offrir des produits pour lesquels le prix ne sera pas le paramètre clef.
7. Il dépend du caractère cyclique du chiffre d’affaires, de la flexibilité de l’entreprise (réparti-
tion frais fixes/frais variables) et de la marge en valeur absolue.
8. Analyser la politique d’investissement et d’amortissement ainsi que les provisions pour dé-
préciation d’actifs immobilisés.
9. Quelle est l’incidence sur le résultat d’exploitation ?
12 CHAPITRE 1. ANALYSE DES MARGES : STRUCTURE
Exrecices
1. Etudiez les conséquences d’un taux d’inflation élevé sur les résultats. Vous supposerez que
les quantités vendues par l’entreprise ne progressent pas mais que les prix de vente et les
charges externes croissent au taux d’inflation. Vous analyserez tout particuilèrement les frais
financiers et la dotation aux amortissements et, par voie de conséquence, l’excédent brut
d’exploitation, le résultat d’exploitation, le résultat courant et le résultat net.
2. La société agricole Masque publie le compte de résultat simplifié ci-après. La société précise
dans les annexes à ses comptes les éléments suivants :
— les charges financières sont constituées à hauteur de 28,3Me de charges d’intérêt et à
hauteur de 150Me d’escomptes sur ventes ;
— comme chaque année, les cessions d’actifs correspondent aux machines agricoles cédées,
les machines étant renouvelées en moyenne tous les deux ans ;
— les loyers annuels de crédit-bail (inclus dans les autres charges externes) sont d’un mon-
tant de 10Me. Pour l’année passée, ils peuvent être décomposée en :
— dotation théorique aux amortissements : 4Me ;
— frais financiers : 6Me.
La société Masque fait appel à la sous-traitance et emploie des intérimaires, l’ensemble des
charges s’y rapportant sont incluses dans les autres achats et charges externes pour un mon-
tant de 12,3Me.
Solution