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Diagnostic financier

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Table des matières

1 Analyse des marges : structure 1


1.1 La formation du résultat d’exploitation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1.1 Le chiffre d’affaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1.2 La production . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.1.3 La marge sur consommation de matières et la marge brute . . . . . . . . . . 3
1.1.4 La marge commerciale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.1.5 La valeur ajoutée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.6 La rémunération du personnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.7 L’excédent brut d’exploitation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.1.8 Le résultat d’exploitation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2 La répartition du résultat d’exploitation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2.1 Le résultat financier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.3 Le diagnostic financier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.3.1 L’effet ciseau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.3.2 Les pièges de nature économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

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4 TABLE DES MATIÈRES
Chapitre 1

Analyse des marges : structure

L’analyse des marges d’une entreprise est la première étape de toute analyse financière. C’est
une étape essentielle car il est clair qu’une entreprise qui n’arrive pas à vendre ses produits ou ses
services à un prix supérieur à leurs coûts de production est inévitablement condamnée à disparaı̂tre.
Mais comme nous le verrons, la réalisation de marges positives n’est cependant pas une condition
suffisante pour créer de la valeur ou échapper à la faillite !

Le résultat net est un résidu issu de l’ensemble des charges et produits figurant dans le compte
de résultat. Comme on pourra le constater l’analyse du résultat net est très marginale dans notre
approche. En effet, la performance d’une entreprise est avant tout issue de sa performance opé-
rationnelle, ce qui explique que le résultat d’exploitation soit au centre des préoccupations des
analystes financiers ou le le résultat non récurrent étant sans grand intérêt, notamment dans une
perspective prévisionnelle.
L’analyse des marges passe d’abord par une analyse des pratiques comptables de l’entreprise pour
élaborer son compte de résultat. En effet, la tentation est forte pour cretaines entreprises, connais-
sant l’accent mis par les analystes sur le résultat d’exploitation, d’en améliorer le niveau en faisant
riper les dépenses d’exploitation dans le résultat financier ou dans le résultat exceptionnel (ou une
catégorie ”non courant” en IFRS).

Puis l’analyse des marges nécessite une analyse en tendance qui consiste à comprendre l’évo-
lution du résultat d’exploitation à partir de celle des charges et des produits dont il est le solde.
Elle n’a intérêt que si elle permet de comprendre le passé pour extrapoler l’avenir. Aussi est-elle
historique et s’étend-elle sur plusieurs exercices. Elle présuppose, bien entendu, que l’activité de la
société n’ait pas été substantiellement modifiée sur la période considérée.

1.1 La formation du résultat d’exploitation


1.1.1 Le chiffre d’affaires
Son évolution est le paramètre essentiel de toute analyse financière et de la compréhension de
l’entreprise. Une firme dont l’activité est en forte croissance, en stagnation en croissance ralentie,
en retournement, en dépression...sera confrontée à des problèmes différents. En étudiant l’évolution
de son activité, on plante le décor de l’ensemble de l’analyse financière. La base de toute analyse
est l’évolution du chiffre d’affaires, qui doit être décomposée en termes de volumes (quantités
vendues), de mix produits et de prix, de croissance interne et de croissance externe et, le cas
échéant, d’évolution des taux de change.
L’analyse en volumes nécessite d’isoler la croissance externe de la croissance interne (aussi appe-
lée croissance organique) de l’entreprise afin de comparer ce qui est comparable. Il faut donc analyser
la performance de l’entreprise (en volumes et en prix) à périmètre de consolidation identique, puis
mesurer l’impact des entrées et sorties du périmètre de consolidation. En pratique, lorsqu’il y a
des acquisitions, des cessions ou des changements de méthodes comptables importants, la plupart
des groupes publient des comptes pro forma présentant les comptes de résultat de l’exercice clos et

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2 CHAPITRE 1. ANALYSE DES MARGES : STRUCTURE

ceux de l’exercice précédent selon un même périmétre et avec les mêmes méthodes de consolidation.

Si l’entreprise est en très forte croissance, l’analyste s’interrogera sur la maı̂trise de la croissance
des charges d’exploitation et des besoins financiers induits par cette croissance.
L’entreprise en stagnation devra gérer une décroissance des charges et des besoins financiers.
Lorsque l’entreprise est monoproduit, la croissance en volume se déduit facilement de la croissance
apparente du chiffre d’affaires et de celle du prix du produit vendu.
Lorsque l’activité est hétérogène, l’analyse est plus délicate : soit on revient au cas précédent en
effectuant une analyse au niveau des principaux produits ; soit on calcule une croissance moyenne
des prix, à partir de laquelle on déduit une croissance moyenne en volumes.

L’analyse de la croissance en prix permet notamment de comprendre la part de la croissance


apparente du chiffre d’affaires due à l’inflation. Elle est menée en comparant l’évolution des prix
de l’entreprise à celle de l’indice général des prix de son secteur d’activité. Il faut également tenir
compte des variations de taux de change qui ont parfois un effet significatif sur le chiffre d’affaires.
Elle permet ensuite de découvrir la stratégie de l’entreprise : croissance des prix fondée sur
une volonté de vendre des produits à plus forte valeur ajoutée ; croissance des prix fondée sur
une absence de maı̂trise des frais de gestion, conduisant progressivement l’entreprise à réduire son
efficacité commerciale ; diminution des prix permettant à l’entreprise de récupérer ses gains de pro-
ductivité sur ses prix de vente et améliorant ainsi sa position concurrentielle, etc.

L’impact de l’évolution des taux de change sur l’activité de l’entreprise doit être mis en regard
de l’exposition des coûts à ces mêmes devises. Une entreprise produisant et vendant dans un même
pays ne sera exposée que sur la marge contrairement à une entreprise exportant.
Questions et ratios-clés : A ce niveau, le taux de croissance du chiffre d’affaires est la variable
à expliquer. Il doit être décomposé en termes de volumes et de prix ; de produits et de zones
géographiques. Ces différents taux de croissance doivent alors être comparés à ceux du marché et
aux indices de prix (général et sectoriels) et tenir compte de l’effet de change. Quel est l’impact
des changements de périmètre sur le chiffre d’affaires ?

1.1.2 La production
Si le chiffre d’affaires constitue l’élément essentiel d’appréciation des performances à moyen
terme de l’entreprise, il peut, à l’échelle d’un exercice, traduire d’une manière inexacte l’activité
de celle-ci. Aussi, dans la présentation des comptes par nature, a-t-on développé le concept de
production, qui représente à la fois :
— la production vendue ou chiffre d’affaires, évaluée au prix de vente ;
— la production stockée, évaluée au prix de revient, et représentée par l’accroissement du stock
de produits finis, semi-ouvrés et en-cours ;
— la production immobilisée, représentée par les travaux faits par l’entreprise pour elle-même,
évaluée au prix de revient.
La production se calcule ainsi :

Production vendue ou chiffre d’affaires


+ Production stockée
+ Production immobilisée
= Production

Production stockée et production immobilisée sont en lecture directe dans le compte de résultat
par nature. D’une manière générale, il est souhaitable d’isoler la production immobilisée des deux
autres composantes de la production, dans la mesure où elle ne se rapporte pas directement au
marché final des produits de l’entreprise.
Le concept de la production permet avant tout de comparer les consommations de l’exercice à la
base d’activité à laquelle elles correspondent ; il est donc d’autant plus importtant que l’entreprise
est caractérisée par un montant élevé de stocks ou de travaux en cours. Il est malheureusement
hétérogène dans la mesure où il agrège :
1.1. LA FORMATION DU RÉSULTAT D’EXPLOITATION 3

— la production vendue évaluée au prix de vente ;


— la production stockée et la production immobilisée, évaluées au prix de revient.....
La production est essentiellement un concept comptable qui dépend des modes de valorisation
des stocks de produits en-cours et finis de l’entreprise. Un taux de croissance de la production
supérieur à celui du chiffre d’affaires peut être la conséquence de phénomènes graves :
— une surproduction que l’entreprise devra résorber l’année suivante grâce à une croissance du
marché ou, à défaut, par une sous-activité qui engendre toujours des coûts supplémentaires ;
— une survalorisation des stocks, réduisant ainsi la marge qui sera ultérieurement sécrétée.
La production immobilisée ne pose de problème que lorsque son montant paraı̂t relativement
important. Il est en effet de bonne gestion fiscale de passer en charges le maximum d’investissements.
La production immobilisée est alors minime. Un montant trop élevé peut dissimuler des problèmes
et le souci d’augmenter, en apparence au moins, le résultat comptable.
La production immobilisée est constituée en réduisant les charges améliorant ainsi les soldes du
compte de résultat.
Questions et ratios-clés : Taux de croissance de la production et ratio production/chiffre d’affaires
sont les deux ratios-clés. Ils appellent immédiatement une réflexion sur les volumes de production
et les méthodes d’évaluation des stocks.

1.1.3 La marge sur consommation de matières et la marge brute


Ce solde est particulièrement important pour les sociétés industrielles ; il est, sauf exception,
d’aucun intérêt pour les sociétés de service. La marge sur consommation de matières est calculé
ainsi :

Production
− Consommation de matières
= Marge sur consommation de matières

Or, la consommation de matières se calcule comme suit :

Achats de matières et autres approvisionnements


− Variation de stocks de matières premières et approvosionnements
= Consommation de matières

La marge sur consommation de matières caractérise la position qu’occupe l’entreprise entre le mar-
ché des produits finis (clients et concurrents) et le marché des matières premières (fournisseurs).
Elle est d’autant plus pertinente que la production immobilisée ne revêt pas un caractère important.

Là aussi interviennent un effet prix et effet volume, quasiment impossible à séparer car ces
consommations sont trop disparates. Il est très difficile de calculer à ce niveau général des ratios de
productivité ”matières”. On se contente alors d’une comparaison du taux de croissance par rapport
à celui de la production. Une divergence durable peut s’expliquer par une modification des produits
fabriqués par l’entreprise ou par une amélioration (une détérioration) du processus de production.
Questions et ratios-clés : Quelle est l’évolution de cette marge rapportée à l’activité et comment
s’explique-t-elle (prix, volume) ?

1.1.4 La marge commerciale


La marge commerciale est la différence entre le montant des ventes de marchandises et leur
coût d’achat. Elle est calculée ainsi :

Ventes de marchandises
− Achats de marchandises
= Marge commerciale
4 CHAPITRE 1. ANALYSE DES MARGES : STRUCTURE

Elle n’a de sens que pour les entreprises de négoce, de distribution...Pour ces sociétés, la marge
commerciale ou le taux de marge (rapport de la marge commerciale au chiffre d’affaires) est l’in-
dicateur fondamental. Elle est généralement plus stable que les éléments qui la composent (chiffre
d’affaires et coût d’achat des marchandises vendues), le distributeur ayant une capacité à répercu-
ter les hausses de prix sur le client final et la concurrence imposant une baisse de prix lorsque le
prix d’achat diminue.

1.1.5 La valeur ajoutée


Elle traduit le supplément de valeur donné par l’entreprise, dans son activité, aux biens et aux
services en provenance de tiers. Elle est donc égale à la somme de la marge commerciale et de
la marge sur consommation de matières, diminuée des consommations de biens et de services en
provenance des tiers. Elle se se calcule ainsi :

Marge commerciale
+ Marge sur consommation de matières
− Autres charges externes
= Valeur ajoutée

Les autres charges externes se composent de la sous-traitance, des loyers de location d’immeubles
ou de matériels, des achats non stockables de matières et de fournitures (eau, énergie, petit équipe-
ment, entretien, fournitures administratives...), des travaux d’entretien et de réparation, des primes
d’assurances, des études et recherches, des rémunérations du personnel extérieur à l’entreprise, des
rémunérations d’intermédiaires et des honoraires, des frais de publicité, de transports, des déplace-
ments, réunions et réceptions, des frais postaux, des commissions sur services bancaires (différentes
des intérêts sur crédits bancaires, comptabilisés en charges financières) et de dépenses diverses.

1.1.6 La rémunération du personnel


Ce poste est très important, tant en raison d’un montant relatif souvent élevé, que d’une très
grande inertie des charges de personnel, théoriquement frais variables par excellence, mais en fait
de véritables frais fixes à court terme.

L’analyse s’intéresse à la fois à des effets volume et à des effets prix (mesurés par le salaire
chargé :
charges de personnel
effectif moyen
ou encore à la productivité du personnel. Celle-ci se mesure par les ratios :

chiffre d’affaires
effectif moyen

valeur ajoutée
effectif moyen

production
effectif moyen

Questions et ratios-clés : les charges de personnel doivent être analysés :


— en termes de productivité : chiffre d’affaires/effectif moyen, valeur ajoutée/effectif moyen,
production/effectif moyen ;
— en termes de contrôle des coûts : charges de personnel/effectif moyen ;
— en termes de croissance.
1.2. LA RÉPARTITION DU RÉSULTAT D’EXPLOITATION 5

1.1.7 L’excédent brut d’exploitation


Les notions de valeur ajoutée et de production précédemment analysées relevaient plus de la
macroéconomie. L’excédent brut d’exploitation relève, lui, de la microéconomie.

L’excédent brut d’exploitation correspond à la différence entre tous les produits d’exploitation
et toutes les charges d’exploitation qui se traduiront, tôt ou tard, par une entrée de trésorerie ou
un débours de trésorerie.
L’EBE se calcule ainsi :

Valeur ajoutée
+ Subvention d’exploitation reçues
− Impôts, taxes et versements assimilés
− Rémunération du personnel et charges sociales
− Dépréciation (nette des reprises sur actifs circulants
et provisions pour risques et pour charges d’exploitation
+ Autres produits d’exploitation
− Autres charges d’exploitation
= Excédent brut d’exploitation

Les autres charges d’exploitation regroupent redevances sur brevets, licences, concessions, régies,
jetons de présence versés...Les autres produits d’exploitation correspondent à des redevances sur
brevets, licences, concessions, régies, jetons de présence reçus...

1.1.8 Le résultat d’exploitation


Le résultat d’exploitation est égal à l’EBE diminué des charges calculées d’exploitation. Il se
calcule ainsi :

Excédent brut d’exploitation


− Dotations aux amortissements
+ Reprises sur amortissements
= Résultat d’exploitation

1.2 La répartition du résultat d’exploitation


Le résultat d’exploitation se répartit entre les pourvoyeurs de fonds de l’entreprise : le résultat
financier pour les créanciers, le résultat net pour les actionnaires, et l’impôt sur les sociétés pour
l’Etat qui, s’il n’apporte pas de fonds, met à la disposition de l’entreprise des infrastructures et un
environnement favorable ; sans oublier les éléments non récurrents.

1.2.1 Le résultat financier


Il peut paraı̂tre paradoxal de parler de résultat financier pour une entreprise industrielle ou
commerciale dans la mesure où son activité n’a pas pour objet, a priori, de dégager des produits
financiers. La finance ne devant être qu’un mode de financement, ce solde devrait être le plus
souvent négatif. C’est le cas général. Cela dit, certaines entreprises, et tout particulièrement les
plus grandes, ont une vocation financière et dégagent un résultat financier dans lequel la part des
produits financiers n’est pas négligeable.
Comptablement les produits financiers se composent :
— des produits financiers de participations, des autres valeurs mobilières et des créances de
l’actif immobilisé : c’est l’ensemble des produits perçus sur les immobilisations financières
(dividendes et intérêts des créances)
6 CHAPITRE 1. ANALYSE DES MARGES : STRUCTURE

— des autres intérêts et produits assimilés : revenus des créances commerciales et diverses, reve-
nus des valeurs mobilières de placement, escompte obtenus des fournisseurs, autres produits
financiers ;
— des reprises sur provisions et tranfert de charges : ce poste est constitué des reprises sur
provisions pour risques et charges financières, des reprises sur dépréciations des éléments
financiers et enfin des transferts de charges financières ;
— des différences positives de change ou écart de conversion ;
— des produits nets sur cession de valeurs mobilières de placement, c’est-à-dire les plus-values
sur cessions de titres de placement.
Comptablement, les charges financières se composent :
— des intérêts et charges assimiliées ;
— des différences négatives de change ;
— des charges nettes sur cessions de valeurs mobilières de placement qui enregistrent les moins-
values résultant des cessions de titres de placement ;
— des dotations aux amortissement des primes de remboursement des obligations ;
— des dotations aux provisions financières, les dépréciations des immobilisations financières.
Ainsi, comptablement, une dépréciation de titres de participation ne sera pas inscrite dans
les charges exceptionnelles, mais dans les charges financières.

1.3 Le diagnostic financier


1.3.1 L’effet ciseau
L’effet ciseau est d’abord un simple mécanisme mathématique.
L’effet ciseau résulte de l’évolution différente des produits et des charges. Il explique dès lors la
variation du résultat

Si les produits croissent de 5% par an et que les charges croissent en moyenne plus vite, le
résultat, différence entre les produits et charges, diminue fatalement. Si cette tendance se poursuit,
la baisse du résultat va s’amplifier chaque année avec, à terme, des pertes. Tel est le mécanisme
baptisé du nom d’”effet ciseau”.
La connaissance de l’effet ciseau importe peu ; ce qu’il est important de découvrir, ce sont les
causes de cet effet ciseau. En effet, l’effet ciseau est aussi un mécanisme économique : c’est l’évolu-
tion divergente des produits, d’une part, et du coût des facteurs de production au sens large, d’autre
part. L’effet ciseau peut être observé pour toute une série de raisons (fait du prince, concurrence
exacerbée, mauvaise gestion du secteur...) qui traduisent la plus ou moins grande qualité de la posi-
tion stratégique de l’entreprise sur son marché. SI sa position est forte, elle pourra répercuter toute
hausse de ses coûts à ses clients par une hausse de ses prix de vente, elle pourra progressivement
augmenter ses marges...

Lorsqu’il joue à la baisse du résultat, l’effet ciseau peut s’expliquer :


— par un degré de concurrence élevé qui peut empêcher une entreprise de répercuter sur ses
prix de vente une forte augmentation du prix des matières premières utilisées. Aussi une
entreprise de textile synthétique aura du mal à incorporer dans son prix de vente à la hausse
du prix de pétrole si, au même moment, le cours de la laine ou du coton est orienté à la
baisse ;
— par un blocage institutionnel des prix de vente sur lesquels il est donc impossible de réper-
cuter les hausses des facteurs de production (Energe et le gaz pour les ménages) ;
— par un blocage psychologique qui empêche l’entreprise d’augmenter son prix de vente au-
delà d’un certain seuil (19,99 D par exemple) ; ce qui l’amène pour un temps à prendre à sa
charge la hausse des cours des matières premières ;
— ou par une mauvaise gestion des coûts : l’évolution des charges est mal maı̂trisée et ne peut,
en raison de la concurrence, être répercutée totalement sur les prix de vente. L’entreprise
ne croı̂t plus, mais ses charges, elles, continuent de croı̂tre.
L’incidence d’une évolution du coût des facteurs de production est d’autant plus importante
1.3. LE DIAGNOSTIC FINANCIER 7
8 CHAPITRE 1. ANALYSE DES MARGES : STRUCTURE

que ces facteurs constituent un élément fondamental du prix de revient des produits.

L’analyse devra alors s’attacher à estimer la durée probable d’un retard d’ajustement sur les
prix. Celui-ci dépend essentiellement du comportement de l’entreprise, de celui de la concurrence,
et de sa position de force par rapport au marché.

1.3.2 Les pièges de nature économique


L’analyse des comptes d’une société est aussi semée de pièges de nature économique qu’il faut
déceler pour éviter des erreurs d’interprétation. Les principaux pièges sont les suivants :

Un principe de stabilité (qui empêche tout raisonnement simpliste)


Ce principe indique que le résultat d’une entreprise est beaucoup plus stable qu’on pourrait le
croire. Le résultat net est un solde, bien souvent faible, qui résulte d’un équilibre global de charges
et de produits, et qui ne se rompt pas mécaniquement. Considérons ainsi une chaı̂ne de supermar-
chés dont le bénéfice net est à peu près égal aux produits financiers. Il est erroné de dire que si les
taux d’intérêt chutent, le résultat de l’entreprise disparaı̂tra. Non, tout le problème est de savoir si
l’entreprise pourra augmenter légèrement ses prix de vente pour compenser la baisse des taux, sans
réduire sa compétitivité. Elle le pourra probablement si tous ses concurrents sont dans la même
situation. Mais elle risque de disparaı̂tre s’il existe des outils de distribution plus efficaces que les
siens.
Les marges d’une entreprise dépendent aussi, et surtout, de celles de ses concurrents. L’objet du
diagnostic financier est de comprendre pourquoi elles sont meilleures ou moins bonnes que celles
de la concurrence.

Il existe cependant des limites à ce principe de stabilité.

Les mécanismes de ”fait de prince”


Les mécanismes de ”fait de prince” sont imposés à la société par une instance supérieure (géné-
ralement l’Etat). Ces mécanismes s’opposent généralement à l’évolution ”naturelle” de l’environne-
ment de la société. Ainsi une dévaluation agressive (différente de la simple constatation de la perte
de valeur de la monnaie), ou la création ou la hausse de certaines taxes.

Les mécanismes externes


Ces phnénomènes sont, comme ceux du ”fait de prince” indépendants de l’entreprise ; ils sont
cependant moins pontuels et touchent le secteur d’activité de la société plus particulièrement :
tensions sur un marché, arrivée (ou réveil) d’un concurrent très puissant, ou modification d’une
convention collective.

Les mécanismes d’anticipation


Les mécanismes d’anticipation conduisent à répercuter immédiatement sur un prix de vente une
augmentation future du coût d’un facteur de production.
Les mécanismes d’anticipation sont d’autant plus rapides qu’il n’y a pas de produits de substitution
à court ou moyen terme et que le degré de concurrence dans le secteur est faible. Ils conduisent
à des profits ou des pertes sur stocks que seule l’évaluation au coût de remplacement permet de
révéler.

Les mécanismes d’inertie


Ils sont beaucoup plus fréquents que les précédents dont ils constituent l’inverse. L’entreprise
éprouve alors des difficultés à répercuter immédiatement dans son prix de vente toute fluctuation
du prix des facteurs de production. Ainsi, dans un secteur aussi concurrentiel et à faibles barrières
à l’entrée tel que le transport par camion, une augmentation du prix du diesel, et donc des coûts
1.3. LE DIAGNOSTIC FINANCIER 9

des entreprises de ce secteur, ne sera répercutée qu’avec retard sur le prix de vente des livraisons
des colis.

L’inertie peut également être liée à des engagements contractuels à moyen ou long terme avec
les clients ou les fournisseurs.

Les mécanismes d’inflation


L’inflation, tout particulièrement lorsqu’elle est élevée, déforme le résultat des entreprises qui
ont intérêt à surinvestir et à surproduire. L’entreprise planifiait-elle d’augmenter la taille d’une
usine d’ici 4 ans ? En la construisant immédiatement, elle économise 30 à 40% de son coût en
dinars courants, d’où un avantage compétitif en termes de prix de revient comptable. Le sursto-
ckage est alors aussi une bonne opération financière car le passage du temps ajoute de la valeur
aux stocks, compensant, et au-delà, les frais financiers liés à leur partage et permettant ainsi de
dégager des profits d’inflation.

C’est toute une mécanique de fuite en avant que favorise l’inflation, et leui qui veut être prudent
dans cette période de grande folie est laminé. S’il ne surstocke pas, il ne peut pas réaliser de
profit d’inflation et, dès lors, ne peut rétrocéder une partie aux consommateurs comme le font ses
concurrents. Ainsi, en période d’inflation :
— les dotations aux amortissements sont sûrement insuffisantes pour faire face au remplacement
d’un investissement dont le prix a crû ;
— les stocks permettent de réaliser des profits nominaux d’inflation d’autant plus importants
que leur rotation est faible.
La déflation conduit à des conclusions inverses.

Les investissements et les restructurations


Il est fréquent de noter que les investissements importants (création d’usines par exemple) sont
générateurs d’une détériorartion de la rentabilité de l’exploitation, voire de pertes d’exploitation,
au cours de leurs premières années de mise en service.
Ainsi, la création d’une nouvelle usine se traduit couramment par :
— des frais généraux supplémentaires : frais de recherche et de lancement, honoraires, etc. ;
— des charges financières n’ayant aucune contrepartie en produits d’exploitation tant que l’in-
vestissement n’ets pas devenu productif (ce phénomène est fréquent dans l’hôtelerie compte
tenu du délai de rentabilisation caractérisant les investissements de ce secteur d’activité) ; à
moins de les comptabiliser en intérêts intercalaires ;
— des frais de personnel supplémentaires liés au recrutement anticipé des ouvriers et de l’en-
cadrement devant être présent lors de la mise en service de la nouvelle usine ;
— des pertes de productivité liées à la fois au délai de mise en place des nouveaux matériels et
à ”l’inexpérience” du nouvel outil de production.
Dans un tel contexte, une partie des dépenses d’investissement est, de fait, intégrée au compte
de résultat qui se trouve donc considérablement ”allourdi” par les conséquences du programme
entrepris.

Inversement, une entreprise peu pratiquer volontairement une politique de sous-investissement


dans le but d’améliorer son résultat (par exemple, pour procéder à une cession à un prix très élevé)
et de profiter au maximum de la rentabilisation d’investissements déjà anciens. Une telle stratégie
revient à maximiser les marges tout en hypothéquant les possibilités futures de création de valeur
(absence de création de produits nouveaux, formation du personnel insuffisante pour préparer une
évolution de l’activité, etc.)
10 CHAPITRE 1. ANALYSE DES MARGES : STRUCTURE

Questions

1. Pourquoi le concept de production n’est-il pas satisfaisant ?


2. Pourquoi le résultat d’exploitation est-il au centre de la lecture du compte de résultat ?
3. Montrez les limites du concept de la valeur ajoutée.
4. L’entreprise industrielle Heems affiche un résultat net formé à 80% du résultat exceptionnel.
Qu’en pensez-vous ?
5. L’entreprise Vandamme affiche un résultat net formé à 80% du résultat financier. Qu’en
pensez-vous ?
6. Quelles sont les mesures susceptibles de remédier à un effet ciseau négatif ?
7. De quoi dépend la stabilité du bénéfice net d’une entreprise ?
8. L’entreprise ABC présente un EBE positif et en croissance, mais un résultat d’exploitation
négatif. Qu’en pensez-vous ?
9. Que pensez-vous d’une entreprise dont le chiffre d’affaires a beaucoup augmenté en raison
d’une forte baisse de prix assortie d’un effet volume important ?
1.3. LE DIAGNOSTIC FINANCIER 11

Eléments de réponse

1. Il ajoute des produits évalués au prix de vente (chiffre d’affaires) et des produits évalués au
prix de revient (production stockée et immobilisée).
2. Il mesure la richesse produite par l’actif économique.
3. C’est un concept plus macroéconomique que microéconomique qui établit une différence
artificielle entre les charges internes et externes et qui perd son reste de pertinence à l’heure
où l’externalisation est devenue plus fréquente.
4. Bien comprendre la nature du résultat exceptionnel (récurrence éventuelle ?), car a priori
une telle situation n’est pas durable.
5. Bien comprendre la nature du résultat financier. Est-ce un véritable résultat financier lié à
une trésorerie pléthorique, des reprises de provisions, des gains de change, etc ?
6. Être flexible : sous-traiter, appel au travail intérimaire ; monter en gamme ; innover pour
offrir des produits pour lesquels le prix ne sera pas le paramètre clef.
7. Il dépend du caractère cyclique du chiffre d’affaires, de la flexibilité de l’entreprise (réparti-
tion frais fixes/frais variables) et de la marge en valeur absolue.
8. Analyser la politique d’investissement et d’amortissement ainsi que les provisions pour dé-
préciation d’actifs immobilisés.
9. Quelle est l’incidence sur le résultat d’exploitation ?
12 CHAPITRE 1. ANALYSE DES MARGES : STRUCTURE

Exrecices

1. Etudiez les conséquences d’un taux d’inflation élevé sur les résultats. Vous supposerez que
les quantités vendues par l’entreprise ne progressent pas mais que les prix de vente et les
charges externes croissent au taux d’inflation. Vous analyserez tout particuilèrement les frais
financiers et la dotation aux amortissements et, par voie de conséquence, l’excédent brut
d’exploitation, le résultat d’exploitation, le résultat courant et le résultat net.
2. La société agricole Masque publie le compte de résultat simplifié ci-après. La société précise
dans les annexes à ses comptes les éléments suivants :
— les charges financières sont constituées à hauteur de 28,3Me de charges d’intérêt et à
hauteur de 150Me d’escomptes sur ventes ;
— comme chaque année, les cessions d’actifs correspondent aux machines agricoles cédées,
les machines étant renouvelées en moyenne tous les deux ans ;
— les loyers annuels de crédit-bail (inclus dans les autres charges externes) sont d’un mon-
tant de 10Me. Pour l’année passée, ils peuvent être décomposée en :
— dotation théorique aux amortissements : 4Me ;
— frais financiers : 6Me.
La société Masque fait appel à la sous-traitance et emploie des intérimaires, l’ensemble des
charges s’y rapportant sont incluses dans les autres achats et charges externes pour un mon-
tant de 12,3Me.

Présentez un compte de résultat simplifié et retraité pour la société Masque.

Compte de résultat de Masque 2019


Chiffre d’affaires 1 917,9
Production stockée (2,0)
Production 1 915,9
Achats consommés 1 511,5
Marge brute 404,4
Autres consommations et charges externes 97,2
Valeur ajoutée 307,2
Frais de personnel 105,5
Impôts et taxes 9,8
Subventions d’exploitation 0,4
Soldes des autres produits et charges d’exploitation 22,0
Excédent brut d’exploitation 214,3
Dotations aux amortissements nettes des reprises 26,8
Résultat d’exploitation 187,5
Charges financières 178,3
Produits financiers 17,1
Résultat financier (161,2)
Résultat courant 26,3
Charges exceptionnelles de gestion 50,8
Produits nets de cessions d’immobilisations 35,6
Résultat exceptionnel (15,2)
Impôt sur les bénéfices 3,0
Participation des salariés 3,4
Résultat net 4,7
1.3. LE DIAGNOSTIC FINANCIER 13

Solution

1. L’excédent brut d’exploitation suit le rythme d’inflation, le résultat d’exploitation va plus


vite du fait de la sous-évaluation de la dotation aux amortissements qui est calculée sur
des bases historiques, le résultat net, qui peut être fictif, profite des insuffissances de frais
financiers si les taux d’intérêt réels sont négatifs.

Compte de résultat de Masque 2019


Chiffre d’affaires 1 917,9 − 150=1 767,9
Production stockée (2,0)
Production (100%) 1 765,9
Achats consommés 1 511,5
Marge brute 254,4
Autres consommations et charges externes (hors crédit-bail et sous-traitance) 97,2−10−12,3=74,9
Valeur ajoutée 179,5
Frais de personnel (y compris sous traitance et participation) 105,5+12,3+3,4=121,2
Impôts et taxes 9,8
Subventions d’exploitation 0,4
Soldes des autres produits et charges d’exploitation (y compris cessions d’exploitation) 22+35,6=57,6
Excédent brut d’exploitation 106,5
Dotations aux amortissements nettes des reprises 26,8+4=30,8
Résultat d’exploitation 75,7
Charges financières 178,3+6−150=34,3
Produits financiers 17,1
Résultat financier (17,2)
Résultat courant 58,5
Charges exceptionnelles de gestion 50,8
Résultat exceptionnel (15,2)−35,6=(50,8)
Impôt sur les bénéfices 3,0
Rsultat net 4,7

2. Les escomptes accordés doivent être déduits du chiffre d’affaires.

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