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REPUBLIQUE DU BENIN

**********

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE


LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
***********
UNIVERSITE D’ABOMEY-CALAVI (U.A.C)

*************

ECOLE NATIONALE D’ECONOMIE APPLIQUEE ET DE MANAGEMENT (E.N.E.A.M)

Filière : Statistique Option : Statistique Economique et Sectorielle

MEMOIRE DE FIN DE CYCLE DE LICENCE EN


STATISTIQUE
39ème PROMOTION

THEME :
FACTEURS EXPLICATIFS DES VIOLENCES SUBIES PAR
LES FEMMES DANS LES MENAGES AU BENIN

Réalisé et présenté par :


Zilal ACHAMOU & Roméo SOMITONDJI
Sous la direction de :

Maître de Stage : Tuteur de mémoire :

Nassiratou OSSENI LAWANI Habib C. M. TIDJANI

Administrateur et gestionnaire de projets, Ingénieur Statisticien Economiste,

Chef Cellule Genre et Environnement du Enseignant à l’ENEAM.

Ministère de l’Economie et des Finances.

Année académique : 2020-2021


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Avant-propos
L’Ecole Nationale d’Economie Appliquée et de Management (ENEAM) est une école
d’enseignement professionnel de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC). Elle offre des
formations de trois ans dans plusieurs domaines, au nombre desquelles, la nôtre : la Statistique
Economique et Sectorielle. Il est exigé, au bout des trois années, à tout étudiant admissible
d’effectuer un stage pratique en entreprise au terme duquel un mémoire de fin de cycle est
rédigé. Pour répondre à cette exigence et obtenir notre Licence en Statistique à l’ENEAM, nous
avons effectué un stage de trois mois à la Cellule Genre et Environnement du Ministère de
l’Economie et des Finances.

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI i


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Avertissement

L’Ecole Nationale d’Economie Appliquée et de Management


(ENEAM) n’entend donner aucune approbation ou
improbation aux opinions émises dans ce mémoire. Ces
opinions doivent être considérées comme propres à leurs
auteurs.

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Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Approbations
Nous certifions que le présent mémoire a été rédigé par ses auteurs. Il est arrivé à terme
et peut-être soutenu devant un jury.

Cotonou, le …………………

Signatures

Maître de Stage : Tuteur de mémoire :

Nassiratou OSSENI LAWANI Habib C. M. TIDJANI


Ingénieur Statisticien Economiste,
Administrateur et gestionnaire de projets
Enseignant à l’ENEAM.
Chef Cellule Genre et Environnement du
Ministère de l’Economie et des Finances.

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Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Identification du jury

Nous certifions que le présent mémoire a été corrigé et peut être déposé.

Cotonou, le …………………

Signatures

Président du jury : Vice-président du jury :

Dr Barthélémy SENOU Dr KPOGBEZAN Gino


Enseignant chercheur à l’ENEAM.
Enseignant chercheur et Chef Département
de la Statistique à l’ENEAM

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Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Dédicaces

A mon père ACHAMOU Moïbi, à ma mère RADJI Rikayath et à mes proches, en témoignage
de vos multiples efforts et sacrifices quotidiens. Puisse ce travail vous rendre fiers, et que Dieu vous
bénisse.

Zilal ACHAMOU

A mon père SOMITONDJI Adolphe, à ma mère GOGOYI Charlotte et à mes proches, en


témoignage de vos multiples efforts et sacrifices quotidiens. Puisse ce travail vous rendre fiers, et que
Dieu vous bénisse.

Roméo SOMITONDJI

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Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Remerciements
Au seuil de ce travail, avant tout développement, il paraît opportun de remercier :

⁕ M. Albert HONLONKOU, Maître de Conférences Agrégé des Sciences Économiques,


Directeur de l’ENEAM ;

⁕ M. Théophile K. DAGBA, PhD, Maître de Conférences, Directeur-adjoint et Chargé des


affaires académiques de l’ENEAM ;

⁕ M. Habib C. M. TIDJANI, Ingénieur Statisticien Economiste, DPP du Ministère de


l’Economie et des Finances et Enseignant à l’ENEAM, notre tuteur de mémoire pour avoir
accepté suivre la rédaction de ce mémoire malgré ses multiples obligations et sollicitations et
également pour son soutien, ses conseils et ses suggestions ;

⁕ Mme Nassiratou OSSENI LAWANI, Administrateur, gestionnaire de projets et Chef


Cellule Genre et Environnement du MEF, notre maître de stage pour son soutien, ses conseils,
ses suggestions et surtout pour son encouragement ;

⁕ M. Barthélémy SENOU, PhD, Chef département de statistique de l’ENEAM ;

⁕ Tout le personnel enseignant de l’ENEAM, pour la qualité de la formation transmise ;

⁕ Tous les cadres et fonctionnaires du MEF et tous les chefs services de la Direction de la
Programmation et de la Prospective du MEF pour nous avoir orientés, aidés et conseillés ;

⁕ Tous nos camarades de la 39ème promotion de la filière Statistique de l’ENEAM ;

⁕ Nos parents et amis, tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à l’élaboration du présent
mémoire.

Enfin nous adressons nos sincères remerciements aux membres de jury pour le grand sacrifice
qu’ils ont consenti en acceptant d’apprécier ce travail malgré leurs multiples occupations et
responsabilités.

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Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Listes des sigles et acronymes

ACM : Analyse des Correspondances Multiples

CGE : Cellule Genre et Environnement

DPP : Direction de la Programmation et de la Prospective

EDSB : Enquête Démographique et de Santé du Bénin

et al. : et alliés

FNSF : Fédération Nationale Solidarité des Femmes

INSAE : Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique

INStaD : Institut National de la Statistique et de la Démographie

MEF : Ministère de l’Economie et des Finances

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ONDRP : Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales

PACS : Pacte Civil de Solidarité

REFELA : Réseau des Femmes Locales d’Afrique

RGPH : Recensement Général de la Population et de l’Habitat

UNFPA : United Nations Population Fund

UNICEF : United Nations of International Children Emergency Fund

UPS : Unités Primaires de Sondage

USAID : United States Agency for International Development

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Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Résumé
L’objectif de ce mémoire est d’analyser les facteurs explicatifs des violences conjugales subies
par les femmes au Bénin. Pour y arriver, nous avons utilisé les données recueillies lors de la
5ème Enquête Démographique et de Santé du Bénin (EDSB-V). Deux méthodes d’analyse ont
été utilisées à cet effet : une analyse descriptive (univariée, bivariée et multivariée) suivie d’une
analyse économétrique. Des résultats de ces analyses, il ressort que les femmes qui vivent en
milieu rural, dans un ménage pauvre, de religion vodoun ou sans aucune religion et ayant des
maris consommateurs d’alcool sont les plus touchées par les violences conjugales. De plus, on
remarque que le risque d’exposition d’une femme à la violence augmente avec le nombre de
contrôles exercés sur elle par son conjoint et le nombre d’enfants du ménage. Ainsi, pour
permettre aux autorités compétentes de réduire la prévalence de violence conjugale au Bénin,
des préconisations opérationnelles ont été faites sur la base de nos analyses.

Mots clés : Femmes, violences conjugales, milieu rural, consommateur d’alcool

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Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Abstract
The objective of this study is to analyze the explanatory factors of domestic violence against
women in Benin. To achieve this, we used the data collected during the 5th Demographic and
Health Survey of Benin (EDSB-V). Two methods of analysis were used for this purpose: a
descriptive analysis (univariate, bivariate and multivariate) followed by an econometric
analysis. The results of these analyses show that women who live in rural areas, in poor
households, of Vodoun religion or without any religion and with husbands who consume
alcohol are the most affected by domestic violence. In addition, it is noted that a woman's risk
of exposure to violence increases with the number of controls exercised over her by her husband
and the number of children in the household. Thus, to enable the competent authorities to reduce
the prevalence of domestic violence in Benin, operational recommendations have been made
on the basis of our analyses.

Key-words: Women, domectic violence, rural areas, consume alcohol.

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Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

TABLE DES MATIERES

Avant-propos ............................................................................................................................... i
Avertissement ............................................................................................................................. ii
Approbations ............................................................................................................................. iii
Identification du jury ................................................................................................................. iv
Dédicaces ................................................................................................................................... v
Remerciements .......................................................................................................................... vi
Listes des sigles et acronymes .................................................................................................. vii
Résumé .................................................................................................................................... viii
Abstract ..................................................................................................................................... ix
Introduction ................................................................................................................................ 1
Chapitre 1 : Cadre institutionnel de l’étude ............................................................................... 2
1-1 MISSION ET ATTRIBUTIONS DU MEF ..................................................................... 2
1-2 FONCTIONNEMENT ET ORGANISATION DU MEF ................................................ 2
1-3 PRESENTATION DE LA DIRECTION ET DE LA CELLULE D’ACCUEIL ............. 3
1-4 DEROULEMENT DU STAGE ET OBSERVATIONS .................................................. 4
1-4-1 Déroulement de stage ................................................................................................ 4
1-4-2 Observations .............................................................................................................. 5
Chapitre 2 : Cadre théorique et méthodologie de l’étude ........................................................... 6
2-1- PROBLEMATIQUE ET INTERET DE L’ETUDE ....................................................... 6
2-1-1 Enoncé du problème .................................................................................................. 6
2-1-2 Intérêt de l’étude ........................................................................................................ 7
2-2 OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE RECHERCHE ...................................................... 8
2-2-1 Objectifs de recherche ............................................................................................... 8
2-2-2 Hypothèses de recherche ........................................................................................... 8
2-3 REVUE DE LITTERATURE .......................................................................................... 8
2-3-1 Clarification conceptuelle.......................................................................................... 8
2-3-2 Revue théorique....................................................................................................... 10
2-3-3 Revue empirique ..................................................................................................... 11
2-4 METHODOLOGIE ET LIMITES DE L’ETUDE ......................................................... 13
2-4-1 Méthodologie .......................................................................................................... 14
2-4-2 Limites de l’étude .................................................................................................... 20
Chapitre 3 : Présentations des résultats et préconisations opérationnelles. .............................. 21
3-1 ANALYSE DESCRIPTIVE ........................................................................................... 21

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Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

3-1-1 Analyse univariée .................................................................................................... 21


3-1-2 Analyse bivariée ...................................................................................................... 23
3-1-3 Analyse multivariée ................................................................................................. 25
3-2 ANALYSE ECONOMETRIQUE .................................................................................. 27
3-2-1 Significativité globale et validation du modèle ....................................................... 27
3-2-2 Résultats de la régression logistique ....................................................................... 28
3-3 SYNTHESES DES RESULTATS, DICUSSIONS ET VERIFICATION DES
HYPOTHESES ..................................................................................................................... 31
3-3-1 Synthèse des résultats .............................................................................................. 31
3-3-2 Discussions .............................................................................................................. 32
3-3-3 Vérifications des hypothèses ................................................................................... 32
3-4 PRECONISATIONS OPERATIONNELLES ............................................................... 33
Conclusion ................................................................................................................................ 34
Références bibliographiques .................................................................................................... 35
ANNEXE ................................................................................................................................. 37

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Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

LISTES DES TABLEAUX

Tableau 1 : Présentation des variables explicatives retenues avec leurs modalités ................. 19
Tableau 2 : Résultats des tests du khi-deux.............................................................................. 23
Tableau 3 : Résultats de la régression ...................................................................................... 28
Tableau 4: Tableaux croisés de la violence conjugale avec les variables explicatives selon les
profils-lignes.............................................................................................................................. D
Tableau 5 : Caractérisation des axes factoriels .......................................................................... F

LISTES DES GRAPHIQUES

Graphique 1 : Prévalence de la violence conjugale .................................................................. 21


Graphique 2 : Répartition des femmes selon la consommation d’alcool de leurs maris ......... 22
Graphique 3 : Répartition des femmes selon leur capacité à travailler .................................... 22
Graphique 4 : Répartition des femmes selon le groupe d’âge ................................................... A
Graphique 5 : Répartition des femmes selon le niveau de vie du ménage ................................ A
Graphique 6 : Répartition des femmes victimes de violence par groupe d’âge ........................ B
Graphique 7 : Répartition des femmes victimes de violence selon le contrôle exercé par le
partenaire ................................................................................................................................... B
Graphique 8 : Répartition des femmes victimes de violence selon le nombre d’enfants du
ménage ...................................................................................................................................... C
Graphique 9 : Répartition des femmes victimes de violence selon le niveau de vie du ménage
................................................................................................................................................... C
Graphique 10 : Répartition des femmes victimes de violence selon le milieu de résidence ..... D
Graphique 11 : Histogramme des valeurs propres ..................................................................... F
Graphique 12 : Carte factorielle ................................................................................................ H
Graphique 13 : Courbe ROC ..................................................................................................... O

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Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Introduction
Présente dans toutes les sociétés, la violence contre les femmes reste l'une des atteintes aux
droits humains les plus graves et les plus répandues de nos jours. C’est une forme de violence
qui reste dans l'inconscient collectif et qui est perpétuée par les enfants qui en ont été témoins.
Comme le montrent de nouvelles données alarmantes publiées par l’OMS et ses partenaires, au
cours de sa vie, une femme sur trois est victime de violence physique ou sexuelle de la part d’un
partenaire intime ou de violence sexuelle de la part de quelqu'un d'autre que son partenaire –
soit environ 736 millions de femmes, un nombre qui est resté en grande partie inchangé au cours
de la dernière décennie.

Partout dans le monde, les fonctions et les rôles sociaux des femmes sont préétablies. Les
femmes sont presque toujours cantonnées dans des rôles secondaires par rapport à ceux des
hommes. En Afrique, les autorités montrent leur bon vouloir de relever le statut de la femme, à
travers le protocole africain sur les droits de l’homme relatifs aux droits de la femme, cependant,
la situation de la femme reste inchangée. La situation est angoissante en Afrique, à cause du
sous-développement des pays, l’attachement aux traditions et coutumes, l’analphabétisme des
femmes, la faible participation des femmes au processus de prise de décision allant de la gestion
du ménage à leur fécondité. Le fait le plus étonnant est que certaines femmes voient la violence
qu'elles subissent de manière positive. Elles sont trois sur cinq au Sénégal (Cissoko, 2010), 56%
au Cameroun (EDSC 2004), 32% au Bénin (EDSB-V).

Au Bénin, en union ou en rupture d’union, 42 % des femmes de 15-49 ans ont déclaré avoir
subi, à un moment donné, n’importe quelle forme de violence, qu’elle soit physique,
émotionnelle ou sexuelle exercées par leur mari/partenaire (EDSB, 2017-2018). D’après cette
même enquête, 39 % des femmes ayant subi des violences physiques ou sexuelles ont eu, à un
moment donné, une blessure quelconque à la suite de ces actes violents perpétrés par leurs
partenaires (EDSB, 2017-2018). Ces taux seraient des plus élevés si toutes les femmes osaient
dénoncer les abus qu’elles subissent.

Ainsi, la présente recherche se veut un document qui ressort les facteurs explicatifs des
violences conjugales subies par les femmes au Bénin. Elle sera abordée en trois chapitres : dans
le premier chapitre, nous présenterons le cadre institutionnel de l’étude ; le chapitre deux
s’accentuera sur le cadre théorique et méthodologique de l’étude et le dernier chapitre sera
réservé à la présentation et à l’analyse des résultats obtenus puis aux préconisations
opérationnelles.

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 1


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Chapitre 1 : Cadre institutionnel de l’étude

1-1 MISSION ET ATTRIBUTIONS DU MEF


Le Ministère de l’Économie et des Finances a pour mission, conformément au décret no 221-
307 du 09 juin 2021 portant attribution, organisation et fonctionnement du Ministère de
l’Economie et des Finances, la conception, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation de la
politique générale de l’Etat en matière budgétaire, économique, financière et monétaire, et en
matière de constitution et de conservation du patrimoine foncier et immobilier de l’État.

À ce titre, il a en charge :

⁕ la mobilisation de ressources ;

⁕ la gestion des investissements publics ;

⁕ la gestion et de contrôle des finances publiques ;

⁕ la réforme, la gestion et la maîtrise de l’environnement macroéconomique ;

⁕ la gestion et la sécurité foncière et du patrimoine de l’Etat ;

⁕ le contrôle de la gestion des entreprises publiques et semi-publiques.

1-2 FONCTIONNEMENT ET ORGANISATION DU MEF


La structure du ministère comprend :

⁕ le ministre ;

⁕ les personnes et services directement rattachés au ministre ;

⁕ le Cabinet du ministre ;

⁕ l’Inspection générale du ministère ;

⁕ le Secrétariat général du ministère ;

⁕ les directions centrales que sont :

- la Direction de la Planification, de l’Administration et des Finances (DPAF) 1

- la Direction des Systèmes d’Information (DSI).

1
DPAF qui est une fusion de la DPP et de la DAF et qui n’est pas encore effective.

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 2


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

⁕ les directions techniques et les directions départementales ;

⁕ les organismes sous tutelle ;

⁕ les organes de renforcement du système de contrôle et de bonne gouvernance.

1-3 PRESENTATION DE LA DIRECTION ET DE LA CELLULE D’ACCUEIL


La Direction de la programmation et de la Prospective (DPP) a pour mission d’élaborer en
collaboration avec les directions techniques, les directions départementales, les collectivités
locales et les organismes sous tutelle les programmes et projets du ministère.

Pour mener à bien sa mission, la DPP met en place une base de données et un dispositif de
collecte et de traitement des informations grâce à ses services à savoir :

• Le Secrétariat

• Le Service des Etudes et de la Prospective (SEP)

• Le Service de la Gestion du Système d’Information (SGSI)

• Le Service de la Coopération (SC)

• La Cellule de Suivi-Evaluation/Capitalisation des Programmes et Projets (CSE)

• La Cellule Genre et Environnement (CGE).

Au cours de notre stage, nous sommes restés précisément dans la Cellule Genre et
Environnement. Elle est chargée conformément à l’arrêté 2008 n°1999-
c/MEF/DC/SGM/DPP/SP portant création, attributions, organisation et fonctionnement de la
Cellule Genre au Ministère de l’Economie et des Finances :

- d’œuvrer pour la prise en compte des besoins stratégiques des hommes et des femmes
dans l’élaboration, l’exécution, le suivi et l’évaluation des politiques, stratégies, plans, projets
et programmes du Ministère de l’Economie et des Finances ;

- de coordonner toutes activités de promotion du genre au niveau du Ministère ;

- d’assurer la diffusion des informations visant la promotion de l’approche genre et


environnement ;

- d’organiser la formation des différents acteurs susceptibles d’accompagner la politique


d’intégration du genre ;

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 3


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

- de susciter la conception et la mise en œuvre de plans d’actions, projets et programmes


visant à promouvoir une politique sectorielle sur le Genre ;

- de veiller au respect des engagements du Gouvernement en matière de prise en compte


de l’approche genre dans les domaines de l’Economie et des Finances ;

- de veiller à l’intégration dans les rapports d’activités des projets et programmes, d’une
rubrique sur la prise en compte du Genre ;

- de faire constituer un fonds documentaire sur l’approche genre dans le Ministère ;

- d’élaborer un rapport annuel d’activités mettant en exergue l’évolution de la prise en


compte du genre au niveau du Ministère ;

- d’assurer la liaison entre le Ministère de l’Economie et des Finances et le Ministère


chargé de la Promotion de la Femme et du Genre ;

- de participer aux activités de la Commission Nationale de Promotion de la Femme


(CNPF).

1-4 DEROULEMENT DU STAGE ET OBSERVATIONS


1-4-1 Déroulement de stage
Au niveau de la Cellule Genre et Environnement (CGE), nous avons eu a mené des activités
telles que rédactions de documents administratifs, et beaucoup d’autres activités qui nous ont
permis de nous imprégner de la réalité du milieu professionnel. Nous avons également eu à
participer à un atelier sur la Journée Internationale de la Femme (JIF) qui a eu lieu le vendredi
11 mars 2022 et ayant pour thème « Egalité aujourd’hui pour un avenir durable ». Au cours de
cet atelier, il a été question des enjeux du genre dans l’optique de parvenir à l’égalité des sexes
et l’autonomisation de toutes les femmes du Bénin. Pour atteindre cet objectif, quelques pistes
d’action ont été élaborées au cours de l’atelier. Il s’agit entre autres de promouvoir la
participation pleine et entière des femmes dans la prise des décisions et d’intégrer les
perspectives d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes dans les politiques, stratégies
et programmes de lutte contre les violences faites aux femmes.

Au niveau transversal, le Ministère de l’Economie et des Finances coordonne la réforme


budgétaire axée sur la performance avec la prise en compte des dimensions transversales
(Genre, Climat, Objectifs de Développement Durable) dans le pilotage des dépenses et la
politique fiscale. C’est à ce titre que l’initiative de la Budgétisation Sensible au Genre (BSG)

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 4


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

est pilotée par le ministère à travers la Direction Générale du Budget, bras opérationnel de la
stratégie BSG en collaboration avec les autres parties prenantes. La budgétisation sensible au
genre (BSG) vise à s’assurer que la dimension genre est prise en compte dans les systèmes de
gestion des finances publiques ; la notion de BSG est fondée sur le fait que les politiques
publiques et les décisions budgétaires qui en découlent ont un impact sur la situation des
femmes et des hommes. Cette initiative consiste à utiliser la politique budgétaire et les outils et
pratiques de gestion des finances publiques pour promouvoir l’égalité.

Au niveau sectoriel, le diagnostic sur les inégalités de genre dans le secteur de l’économie et
des finances élaboré en 2013 n’a pas pris en compte les cinq programmes du Document de
Programmation Pluriannuelle des Dépenses et du Projet Annuel de Performance mais a révélé
que sur un effectif global de 3470 agents identifiés au cours du diagnostic participatif, on
dénombre 898 femmes contre 2572 hommes, soit respectivement 25,88% contre 74,12%. En
dépit de la légère amélioration de la situation en 2021 où les femmes représentent 27,12% du
personnel du ministère, les chiffres démontrent la persistance des inégalités significatives entre
hommes et femmes en termes d’effectifs au sein du ministère.

De plus, les politiques métiers du secteur ne font pas entrevoir aisément les situations
éventuelles d’inégalités autres que la représentativité des sexes dans la sphère décisionnelle.
C’est donc pour faciliter l’avancée du secteur dans le processus de Budgétisation Sensible
Genre qu’une étude diagnostique est en cours de réalisation. Ce diagnostic approfondi sur le
périmètre des programmes permettra sans doute de mieux orienter les mesures de politique
économique, budgétaire et de gestion de patrimoine en général.

1-4-2 Observations
Notre stage à la Cellule Genre et Environnement de la DPP s’est passé dans une très bonne
ambiance conviviale de travail et dans de très bonnes conditions. Au cours de ce stage nous
avons eu la chance et le plaisir de mettre en application nos nombreuses connaissances
théoriques acquises au cours de ces trois années d’études supérieures notamment nos
connaissances en matière de conception de base de données. Ce stage nous a aussi permis de
toucher les réalités de la vie professionnelle à travers l’ambiance et l’environnement de travail
au sein de la cellule.

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 5


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Chapitre 2 : Cadre théorique et méthodologie de l’étude

2-1- PROBLEMATIQUE ET INTERET DE L’ETUDE


2-1-1 Enoncé du problème
La violence conjugale est la forme la plus répandue et la plus persistante des violences subies
par les femmes dans le monde. Elle peut s’exercer sous plusieurs formes à savoir : les violences
sous forme verbale, physique, sexuelle, psychologique et économique. Les répercussions de ce
type de violences sur les femmes sont d’ordre physique, psychologique et même
intergénérationnel. En effet, l’étude multi-pays de l’OMS (2012) sur la santé des femmes et la
violence domestique à l’égard des femmes a révélé que les violences conjugales peuvent être à
l’origine de dépression, de l’état de stress post-traumatique, des troubles liés au sommeil, à
l’alimentation, et même à des tentatives de suicide. Aussi, le Fonds de développement des
Nations Unies pour la Femme (UNIFEM) estime que ce type de violence « a pour conséquences
de détruire des vies, fracturer des communautés et freiner le développement » et entraîne « une
situation effrayante en termes de conséquences sociales et sanitaires ». Ainsi, de par son atteinte
au droit fondamental des personnes à vivre en sécurité, à leur dignité, à leur intégrité physique
et psychique, les violences conjugales constituent un phénomène social grave.

En dépit des lourdes conséquences que peuvent causer la violence conjugale, son taux
d’occurrence est assez remarquable à travers le monde. En effet, un rapport de l’OMS en 2013
révèle que 35% des femmes ont subi des violences physiques et/ou sexuelles de leur partenaire
intime, ou des violences exercées par d'autres que leur partenaire, et parfois jusqu’à 71 % des
femmes subissent des violences. Toujours, selon ce rapport la plupart de ces violences sont
commises dans le cadre de la famille et du couple, presque un tiers (27 %) de toutes les femmes
ayant eu une relation de couple ont subi des violences physiques et/ou sexuelles de leur
partenaire intime et 38% du total des meurtres de femmes sont commis par des partenaires
intimes, soit six fois plus que le nombre d’hommes ayant été tués par leurs partenaires (6,3%
pour les hommes). En France, les chiffres sont accablants en 2012, avec 148 femmes décédées
sous les coups de leurs conjoints, soit une femme tous les deux jours et demi.

En Afrique, la situation est également très critique. Ainsi, en Afrique de l’Ouest, plus de 40%
des femmes sont victimes de violences conjugales selon un rapport (fondé sur les chiffres de
l’OMS) du Réseau des Femmes Elues Locales d’Afrique (REFELA) en 2018. Au Mozambique,
ce sont les femmes pauvres habitant les zones rurales, les plus sujettes aux violences conjugales.

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 6


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Au Mali, plus de 38% des femmes subissent des violences physiques de la part de leur conjoint.
Le Bénin, quant à lui, n’est pas épargné pour autant. En effet, selon le rapport de la 5ème édition
de l’Enquête Démographique et de Santé du Bénin (EDSB-V) 2017-2018 réalisée par l’Institut
National de la Statistique et de la Démographie (INStaD), un peu plus de quatre femmes sur
dix (42%) ont déclaré avoir subi des actes de violence sous forme émotionnelle, sexuelle et/ou
physique de leur mari/partenaire. Au regard de toutes ces statistiques, il nous est aisé de
constater qu’aucune femme, dans le monde, n’est à l’abri des violences.

Bien que les violences conjugales touchent plusieurs pays dont le Bénin, le taux de violence
observé n’est pas forcément le même chez tous les types de femmes. Aussi, on remarque que,
quelques fois, les attitudes de leurs partenaires peuvent exposer beaucoup plus certaines
femmes aux violences que d’autres. En effet, d’après le rapport de l’EDSB-V, le pourcentage
de femmes de 15-49 ans ayant subi des actes de violence physique depuis l’âge de 15 ans
augmente en fonction de l’âge des femmes victimes, passant de 22 % chez les femmes âgées
de 15-19 ans à 30 % chez celles de 25-29 ans. De plus, le pourcentage de femmes de 15-49 ans,
actuellement en union ou en rupture d’union, ayant déclaré avoir subi une forme quelconque de
violence est plus élevé chez les femmes vivant en milieu rural (44%) que chez celles vivant en
milieu urbain (39 %). Toujours selon le même rapport, la prévalence de la violence conjugale,
quelle qu’en soit la forme, augmente avec le nombre de contrôles exercés par le mari/partenaire
passant de 23 % chez les femmes dont le conjoint n’a exercé aucun contrôle à 67 %, chez celles
dont le mari en a exercé 5 (EDSB-V)2. On remarque ainsi donc qu’un type de femmes, compte
tenu de certains facteurs, est plus touché par les violences conjugales qu’un autre. Dans cette
étude, nous nous intéressons donc à ces facteurs qui expliquent les violences conjugales subies
par les femmes au Bénin.

Pour cela, nous formulons les questions de recherche suivantes : En quoi les facteurs
sociodémographiques des femmes agissent leur exposition aux violences conjugales ? Quelle
est l’influence du profil du mari sur les violences faites aux femmes dans les ménages ?

2-1-2 Intérêt de l’étude


Le caractère pertinent des droits de l’homme dans la lutte contre la violence conjugale n’est
plus à démontrer. Au Bénin, la violence conjugale demeure un problème majeur. De ce fait,
analyser et ressortir les différents facteurs qui expliquent la violence conjugale à travers une
étude aussi bien théorique qu’empirique, permettra aux divers organismes internationaux ainsi

2
Types de contrôle présentés en annexe 4.

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 7


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

qu’aux autorités béninoises intervenant dans ce domaine de mieux cerner le problème. Ainsi,
cette étude permettra d’améliorer les connaissances sur les facteurs explicatifs de la violence
conjugale au Bénin et de cibler les facteurs sur lesquels il faudra agir dans l’élaboration des
politiques et programmes de lutte contre la violence conjugale.

2-2 OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE RECHERCHE


2-2-1 Objectifs de recherche
L’objectif général de cette recherche est d’analyser les facteurs explicatifs des violences
conjugales subies par les femmes. Plus spécifiquement, il s’agit de :

• Objectif 1 : Analyser l’effet de facteurs socio-économiques des femmes sur leur exposition
aux violences conjugales ;

• Objectif 2 : Décrire l’influence du profil du partenaire sur les violences conjugales subies par
les femmes.

2-2-2 Hypothèses de recherche


Pour atteindre ces objectifs, deux hypothèses sont formulées :

• Hypothèse 1 : Les femmes qui travaillent sont moins touchées par les violences conjugales ;

• Hypothèse 2 : Une femme dont le partenaire consomme de l’alcool court un plus grand de
subir la violence conjugale que celle dont le mari ne boit pas.

2-3 REVUE DE LITTERATURE


2-3-1 Clarification conceptuelle
● Violence

Du latin violentia, elle désigne la force brutale utilisée pour soumettre quelqu’un et le faire agir
contre sa volonté. Elle consiste à agir sur quelqu’un de manière physique ou psychologique en
utilisant la force et l’intimidation. C’est le caractère de tout ce qui est extrême, agressif et brutal
(Dictionnaire Larousse en ligne).

● Violence conjugale

La violence conjugale étant un phénomène social grave et récurrent dans le monde, les
organisations internationales se devaient de définir de façon explicite le concept. C’est ainsi
que selon l’OMS (2016), on entend « par violence d'un partenaire intime, tout comportement
qui, dans le cadre d'une relation intime (partenaire ou ex-partenaire), cause un préjudice d'ordre

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 8


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

physique, sexuel ou psychologique, notamment les actes d'agression physique, les relations
sexuelles forcées, la violence psychologique et tout autre acte de domination ». Dans le rapport
annuel de l’Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales (ONDRP, 2015),
les violences conjugales sont vues comme étant les violences « qui s’exercent à l’encontre d’un
conjoint ou concubin, que le couple soit marié, lié par un Pacte Civil de Solidarité (PACS), en
simple concubinage ou même séparé ». Elles peuvent être de plusieurs natures. Dans ce même
rapport, la Fédération Nationale Solidarité des Femmes (FNSF) identifie six catégories de
violences conjugales dont certaines correspondent à des infractions pénales (violences
physiques ou sexuelles) et d’autres ne faisant pas directement référence à des infractions
pénales mais regroupant des infractions ou des comportements pour lesquels les auteur(e)s
peuvent être poursuivi(e)s (violences économiques). Il s’agit des :

• violences physiques qui sont définies, par exemple, comme étant les coups, les brûlures ou
encore la séquestration ;

• violences sexuelles qui comprennent les viols conjugaux ou encore les pratiques sexuelles
imposées ;

• violences verbales sont, par exemple, les cris, les injures ou encore les menaces ;

• violences dites psychologiques qui sont généralement les humiliations, le mépris, le chantage
ou encore la surveillance de la victime ;

• violences économiques qui peuvent concerner le chantage économique, la non contribution


aux charges ou encore la privation de ressources ;

• violences administratives consistant à la confiscation de papiers, la limitation de l’accès aux


droits ainsi qu’au chantage administratif, principalement.

L’EDSB-V, quant à elle, énumère trois grands types de violences : violence physique, violence
émotionnelle et violence sexuelle. Ainsi, la violence conjugale est appréhendée comme une
tentative de prise de contrôle qui s’établit dans un rapport de domination.

● Genre

Le concept du « genre » peut être défini sous plusieurs angles. Ainsi, selon le dictionnaire
Larousse en ligne, le genre représente un ensemble de traits communs à des êtres ou à des
choses caractérisant et constituant un type, un groupe, un ensemble. En sociologie, le genre

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 9


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

désigne un concept qui renvoie à la dimension identitaire, historique, politique, sociale,


culturelle et symbolique des identités sexuées.

2-3-2 Revue théorique


Bien que nous puissions retrouver dans la littérature scientifique un intéressant travail de
conceptualisation, il n’existe pas d’approche universellement acceptée de la violence conjugale.
Nombreuses sont les conceptions théoriques qui offrent des opinions parfois fondamentalement
contradictoires voire incompatibles. Les diverses approches de la violence conjugale suscitent
de nombreux débats sur le plan théorique mais également sur le plan des politiques et des
pratiques d’interventions. Qu’elles soient structurelles, politiques, sociodémographiques ou
encore économiques, ces approchent offrent un point de vue sur l’effet de certains facteurs
sociaux sur les violences conjugales faites aux femmes.

Une approche structurelle et politique (Rinfret-Raynor, 1996) explique la violence conjugale


comme le résultat de facteurs sociaux et historiques qui ont renforcé une série de mythes et
préjugés faisant de la femme une victime toute désignée en raison de valeurs patriarcales
dominantes (Walby, 1990). Mais cette représentation de la femme divise et cette assignation à
une posture victimaire a par exemple été remise en contexte et discutée par des travaux récents
(Cardi et al., 2012). Inscrite dans cette approche structurelle, l’approche féministe analyse la
violence conjugale sous un angle social mettant l’accent sur l’inégalité organisationnelle de
pouvoir des hommes sur les femmes que l’on retrouve à divers niveaux (social, économique,
politique). Dans cette lecture structurelle des rapports entre les hommes et les femmes, la
violence conjugale est établie comme la manifestation d’une oppression patriarcale (Parent et
al., 2004).

L’origine ethnique, le statut matrimonial, le statut socioéconomique, le niveau d’éducation et


le lieu de résidence ont été avancés comme étant des facteurs sociodémographiques pouvant
expliquer une exposition accrue à la violence domestique. Selon Hidrobo et Fernald (2013), le
fait d’appartenir à une communauté autochtone, de ne pas être mariée, d’être plus jeune, de
résider dans une zone rurale et d’avoir plusieurs enfants en bas âge serait associé à une plus
grande exposition à la violence domestique (Hidrobo et Fernald, 2013).

Sur le plan économique, le revenu des femmes serait également un facteur pouvant contribuer
à une exposition accrue à la violence domestique. Les femmes dont le revenu est supérieur à
celui de leur conjoint seraient plus susceptibles de subir des épisodes de violence domestique,
comparativement aux femmes dont le revenu est égal ou moindre à celui de leur conjoint (Dalal,

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 10


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

2011). Toutefois, plus les femmes seraient en mesure d’assumer elles-mêmes les frais associés
aux dépenses du foyer et de la famille, moins elles seraient susceptibles de subir de la violence
domestique (Dalal, 2011).

La violence conjugale se développe, selon l’approche psychologique, à travers des cycles dont
l'intensité et la fréquence augmentent avec le temps. L'évolution suit une courbe croissante qui
va de la moindre à la plus grande dangerosité : agressions psychologiques (qui peuvent durer
des années), violence verbale, agression physique, tentatives d'homicides. Dans la majorité des
cas le comportement du conjoint violent est de plus en plus dangereux avec le temps (Salmona,
2014). Au fil du temps, l'agresseur développe une véritable addiction à la violence et s'il
constate qu'aucune conséquence n'a découlé de ses actes violents et qu'il bénéficie d'une totale
impunité, le climat de domination peut se réinstaller, le cycle recommence et s'aggrave alors, il
est essentiel de l'arrêter le plus précocement possible car les conséquences psycho-traumatiques
sur la victime sont énormes. Ainsi, elles sont à l’origine d’une augmentation importante du
recours à des consultations médicales, des examens complémentaires, des prises de
médicaments, des soins d’urgences, des soins psychiatriques, des hospitalisations et des
interventions chirurgicales (Salmona, 2014).

2-3-3 Revue empirique


Plusieurs études ont été effectuées sur la violence conjugale et ont aussi abordé la question des
facteurs explicatifs de cette dernière. Il ressort de ces études que la violence conjugale peut être
expliquée par des facteurs de type socioéconomique, socioculturel et démographique.

⁕Facteurs socio-démographiques

Groupe d’âge et violence conjugale

Les femmes de 15-19 ans courent 15 fois plus de risque d’être victimes de violence physique
que celles de plus de 50 ans à Madagascar (Gastineau, et al., 2007). Le même résultat a été
trouvé par Strauss (1979), aux Etats-Unis et Johnson (1995) au Canada. Ils concluent que, les
plus jeunes femmes ont un risque plus élevé d’être victimes de violences conjugales.

Milieu de résidence et violence conjugale

Kishor et al (2006) remarquent que les femmes vivant en milieu urbain déclarent plus les actes
de violence que celles vivant en milieu rural. Ces résultats peuvent trouver leur explication dans
le fait qu’en milieu urbain, il existe des infrastructures favorisant un niveau d’instruction élevé

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 11


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

et, une connaissance des droits et devoirs des femmes. Cherchant le lien entre le statut de la
femme et les risques de violence encourus, Yllö (1990) montre que, les taux de violence sont
élevés dans les Etats où le statut de la femme est relativement bas, que dans les Etats où le statut
de la femme est plus élevé. Le milieu de résidence et l’entourage du couple peuvent être à la
base des violences conjugales. Par contre, Gillioz (1997) en Suisse, montre qu’il n’existe pas
de différence significative entre milieu rural et milieu urbain en termes de violence conjugale
envers les femmes.

⁕Caractéristiques du mari

Violence conjugale et consommation d’alcool

Certains travaux empiriques ont démontré que la consommation d’alcool n’est pas réellement
une cause de la violence mais plutôt un facteur amplifiant cette dernière (Gastineau, et al.,
2007). Kishor (2006) a étudié la violence domestique dans neuf pays (Cambodge, Colombie,
République dominicaine, Égypte, Haïti, Inde, Nicaragua, Pérou et Zambie) et a constaté que,
les femmes dont les conjoints viennent souvent ivres à la maison, sont plus exposées à la
violence que celles dont les maris reviennent en état de clairvoyance chez eux. A l’opposé, les
femmes qui abusent de l’alcool, ont 2,7 fois plus de risque d’être victimes de violence dans leur
relation de couple que, celles qui n’en prennent pas du tout. Certaines études ont montré,
cependant, que l’état d’ivresse de l’homme n’a aucun lien avec la violence que subit la femme
(Killias, 1997).

⁕Facteurs socio-économiques

Femme qui travaille et violence conjugale

Champagne et Lebœuf (1995), montrent qu’il existe un lien positif entre la pauvreté des femmes
et les violences qu'elles subissent. Un résultat similaire a été trouvé par Mac Millan (1999). A
l’inverse, Kishor et al (2006) montrent que sur neuf pays, seules les femmes égyptiennes ayant
un salaire sont moins victimes de violences conjugales que celles qui ne travaillent pas ; dans
les autres pays, l’effet du travail est nul ou expose même plus la femme à la violence conjugale.

Niveau de vie et violence conjugale

La violence conjugale se constate dans tous les groupes socio-économiques mais, les femmes
des ménages relativement pauvres en sont beaucoup plus victimes (Krug, et al., 2002). Il ressort
de cette étude que les femmes habitant les ménages ayant un niveau de vie faible sont plus

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 12


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

violentées que celles dans le cas contraire. Des résultats similaires ont été trouvés en Inde, au
Nicaragua, aux USA, en Thaïlande (Jewkes, et al., 2002).

Par contre, pour Kishor et al (2006) la pauvreté n’est pas un facteur causal de violence mais
plutôt un facteur qui contribue à accroître le risque de violence domestique. Ils trouvent que la
relation entre la pauvreté et les violences ne s’exerce entièrement que dans une seule direction
et il montre aussi qu’il n’y a aucune relation entre le risque de violence et le statut de pauvreté
du ménage dans lequel vit la femme.

⁕Facteurs socio-culturels

Ethnie et violence conjugale

En Afrique, les unions conjugales, les droits coutumiers, confèrent aux hommes un statut de
supériorité par rapport à celui de la femme. Les épouses s’adressent à leurs conjoints, dans les
échanges, comme à un maître ou à un propriétaire, ce qui favorise les violences. Au Mali par
exemple, le chef de famille a le droit d’infliger des châtiments corporels à sa femme si cette
dernière ne répond pas à ses devoirs. Au Cameroun, dans plusieurs ethnies, les rapports
conjugaux sont marqués d’une domination masculine et d’un manque d’intimité ; c’est le cas
des Mkako de l’Est du Cameroun. La femme a le devoir d’être soumise à son époux qui a le
droit de la battre s’il est contrarié. La femme ne doit en aucun cas dominer son mari et surtout
faire l’usage de la force physique (Ella Meye, 2005).

Religion et violence conjugale

Gastineau, et al., (2007), utilisant une analyse quantitative au Madagascar, ne remarquent aucun
lien entre la religion des conjoints et la survenance des violences conjugales mais lorsque les
conjoints sont de confessions religieuses différentes le taux de violence au sein du ménage
s’élève à 60%. Jaspard (2003) constate que les femmes musulmanes, juives courent plus de
risque d’être victimes de violence que celles de la religion catholique ou protestante.

2-4 METHODOLOGIE ET LIMITES DE L’ETUDE


Sous cette rubrique, nous allons présenter les démarches à suivre pour l’atteinte de nos objectifs.
Il sera question, de préciser la source de nos données, de décrire la méthodologie
d’échantillonnage, de spécifier notre modèle, d’exposer notre procédure d’estimation et enfin
d’analyser la pertinence du modèle à travers des tests d’hypothèses.

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 13


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

2-4-1 Méthodologie
2-4-1-1 Données

Cette étude se base sur les données issues de la cinquième Enquête Démographique et de Santé
au Bénin (EDSB-V), édition 2017−2018, conduite par l’INStaD (ex INSAE) grâce au
financement de plusieurs partenaires tels que l’USAID, l’UNICEF, l’UNFPA, le Fonds
Mondial et la Banque Mondiale. L’objectif principal de cette enquête a été de produire des
indicateurs démographiques et de santé à partir d’un échantillon national représentatif de
femmes de 15 − 49 ans et d’hommes de 15 − 64 ans.

2-4-1-2 Population d’étude et méthode d’échantillonnage


Le territoire national a été découpé en 12 domaines d’études correspondant aux 12 départements
administratifs et, dans chaque domaine d’étude, 2 strates ont été créées : la strate du milieu
urbain et celle du milieu rural. Le tirage de l’échantillon de l’EDSB-V a été fait, strate par strate,
à travers un sondage aréolaire stratifié et à 2 degrés. Au premier degré, 555 Unités Primaires de
Sondage (UPS) ou grappes ont été tirées à partir de la liste des zones de dénombrement établies
au cours du quatrième Recensement Général de la Population et de l’Habitation effectué au
Bénin en 2013 (RGPH4, 2013), en procédant à un tirage systématique avec probabilité
proportionnelle à la taille de l’UPS (la taille de l’UPS est le nombre de ménages). Ensuite, un
dénombrement des ménages dans chacune de ces grappes a permis d’obtenir une liste des
ménages à partir de laquelle a été tiré, au second degré, un échantillon de 26 ménages par grappe
aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural, avec un tirage systématique à probabilité égale.
Un total de 14 435 ménages (6 528 en milieu urbain dans 251 grappes et 7 907 en milieu rural
dans 304 grappes) a été sélectionné. Toutes les femmes âgées de 15-49 ans vivant
habituellement dans les ménages sélectionnés et présentes la nuit précédant l’enquête, étaient
éligibles pour être interviewées.
Au cours de l’EDSB-V, 14 435 ménages ont été sélectionnés dont 14 293 identifiés au moment
de l’enquête. Parmi ces 14 293 ménages, 14 156 ont pu être enquêtés avec succès, soit un taux
de réponse de 99 %. Les taux de réponses des ménages, en milieu urbain ne sont pas très
différents de ceux du milieu rural. En outre, pour les 14 156 ménages visités, 16 233 femmes
de 15-49 ans étaient éligibles pour l’interview individuelle et a été menée avec succès pour 15
928 d’entre elles. Globalement, le taux de réponse des femmes éligibles est de 98 %. Ce taux
ne varie pas entre les milieux de résidence (98 % pour chacun).

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 14


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Dans le cadre de cette étude, nous avons éliminé de la base femme tous les individus n’ayant
pas apporté une réponse aux questions concernant la violence conjugale. Ainsi, nous obtenons
une nouvelle base de 4488 individus.
2-4-1-3 Méthodes et outils d’analyse
2-4-1-3-1 Analyse descriptive
Les méthodes descriptives regroupent des techniques d’analyse univariée, bivariée et
multivariée.

Analyse univariée
L’analyse univariée permet de dresser un portrait de la population étudiée à partir de sa
répartition suivant la variable d’intérêt de l’étude et les principales variables explicatives
retenues sur la base de nos hypothèses.

Analyse bivariée

L’analyse bivariée a pour but d’identifier les associations entre deux variables et d’apprécier la
significativité statistique de cette association à partir d’un seuil donné. Dans le cadre de cette
étude, elle permettra non seulement de voir, au seuil de 5% à l’aide du test de Khi-deux, la
significativité ou non de l’association entre la variable dépendante et chacune des variables
explicatives, mais aussi de mesurer les variations du phénomène selon ces dernières.

Analyse multivariée

L’analyse multivariée permet d'aboutir à des cartes de représentation sur lesquelles on peut
observer les proximités entre les catégories des variables qualitatives et les observations.

2-4-1-3-2 Analyse économétrique

2-4-1-3-2-1 Modèle de régression logistique

Notre variable d’intérêt est une variable qualitative dichotomique. A cet effet, nous sommes en
présence de deux types possibles de modèle : logit et probit. Notre choix porte donc sur le
modèle logit car il donne, en tenant compte des éléments aberrants (ou valeurs extrêmes), une
meilleure estimation que le modèle probit (qui utilise la loi normale). De plus, la facilité
d’interprétation des odds-ratio dont dispose le modèle logit vient conforter notre préférence.
L’analyse de régression logistique est une technique qui porte sur la relation entre deux ou
plusieurs variables de manière à ce qu’une des variables soit prédite par la connaissance des
autres. Le modèle cherche à établir une relation fonctionnelle de la forme : 𝑌 = 𝑓(𝑋), où 𝑌 est

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 15


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

la variable à prédire et 𝑋, le vecteur des variables explicatives ou de prédiction. La variable


dépendante Y mesure la violence dans le cadre de cette étude. Elle prend la valeur 0 lorsque la
femme n’a subi aucune violence et 1 si la femme a subi au moins une violence.

2-4-1-3-2-2 Spécification du modèle

On considère une population P divisée en 2 groupes d’individus G1 et G2 distinguables par des


variables X1, ..., Xp. Soit Y la variable qualitative valant 1 si l’individu considéré appartient à
G1 et 0 sinon. On souhaite expliquer Y à partir de X1, ..., Xp. Plus précisément, on souhaite
estimer la probabilité inconnue qu’un individu w vérifiant (x1, ..., xp) = x, appartienne au groupe
G1 :

p(x)= P(Y = 1|(X1,..., Xp)= x), x =(x1,..., xp),

à l’aide des données.

On appelle transformation logit la fonction :

y
logit(y)= ln(1−y ) ∈ R, y ∈ ]0,1[.

Son inverse est la fonction :

exp(y)
logit-1 (y)= 1+exp(y) ∈ ]0,1[, y ∈ R.

Le modèle de régression logistique est caractérisé, pour tout i ∈ {1, ......, n}, par :

● (x1i, ......, xpi) est une réalisation du vecteur aléatoire réel (X1, ..., Xp),

● sachant que (X1,..., Xp)=(x1i, ..., xpi) = xi, yi est une réalisation de :

Yi ∼ ℬ(p(xi), avec p(xi)= P({Y = 1}|(X1,..., Xp)= xi),

● on a:

logit(p(x))=β0 +β1x1 + ... +βpxp x =(x1,..., xp),

où β0,...,βp sont des coefficients réels inconnus.

Ainsi, p(x) et β0 +β1x1 + ... +βp xp sont liés par la transformation logit : on parle de lien logit.

On en déduit l’expression de p(x) :

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 16


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

exp(β0 +β1x1 + ...+βp xp)


p(x)= logit−1(β0 +β1x1 + ... +βp xp)=1+exp(β0 +β1x1 + ...+βp xp)

On souhaite estimer β0, ..., βp à partir des données, ce qui amènera à une estimation de p(x)
par substitution. Pour ce faire, on utilise la méthode du maximum de vraisemblance.

2-4-1-3-2-3 Estimation du modèle

Vraisemblance

Soit β = (β0, ..., βp). La vraisemblance associée à (Y1, ..., Yn) est :

L(β,z)= ∏ni=1 p(xi)zi (1-p(xi))1-zi , z =(z1, ...,zn) ∈ {0,1}n ,


avec xi =(x1i,..., xpi).

Estimation du maximum de vraisemblance

Les estimateurs du maximum de vraisemblance de β0...,βp, notés β̂0,….., β̂p vérifient les
équations :

∑ni=1 (yi – logit-1 ( β̂0 + β̂1x1,i +...+ β̂p xp,i))= 0 et, pour tout j ∈ 1,..., p,

∑ni=1 xj,i (yi – logit-1( β̂0 + β̂1x1,i +...+ β̂p xp,i )) = 0

Dans le cas général, il n’y a pas d’expression analytique pour β̂0,….., β̂p ,; leurs valeurs peuvent
être approchées par l’algorithme IWLS (Iteratively Reweighted Least Squares). Dans ce
modèle, les valeurs des coefficients ne sont pas directement interprétables en termes de
propension marginale, seuls les signes des coefficients indiquent si la variable agit positivement
ou négativement sur la variable latente.

2-4-1-3-3 Les tests post-estimation

2-4-1-3-3-1 Significativité de la régression

Significativité globale

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 17


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Pour vérifier la significativité globale du modèle, on fait recours à la probabilité associée au


ratio de la Log Vraisemblance. On considère les hypothèses :

H0 : β1 = β2 = ... = βp = 0

H1 : il y a au moins un coefficient non nul

La p−value associée utilise la loi du Khi-deux. Ainsi, le modèle est jugé globalement significatif
lorsque cette probabilité est inférieure à 5%.

Significativité individuelle

En ce qui concerne la significativité individuelle des variables explicatives, nous ferons recours
au test de Wald. Il permet de mesurer l’influence de Xj sur Y. On considère les hypothèses :

H0 : βj = 0

H1 : βj ≠ 0

On calcule la réalisation zobs de z*, en faisant le rapport entre le coefficient estimé β̂j de la
variable j et son écart-type estimé. Ensuite, on considère une variable Z ∼ N (0, 1). Alors la p−
value associée est p − value = P( |Z| ≥ |zobs|). Si la p-value est inférieure à 0,05 alors Xj est
significative au seuil de 5%.

2-4-1-3-3-2 Validation du modèle

Il s’agira d’effectuer certains tests de validation parmi lesquels on retrouve le test de Hosmer-
Lemeshow, le test du taux d’erreur et le test de la courbe ROC.

Test de Hosmer-Lemeshow

Pour évaluer la pertinence du modèle, on préconise le test de Hosmer-Lemeshow. Sa p-value


est associée à la loi de khi-deux et il déclare le modèle adapté aux données, lorsque la p-value
est superieure à 0,05.

La matrice de confusion et le taux d’erreur

La matrice de confusion est une matrice qui renseigne sur les individus bien ou mal prédits par
le modèle suivant les modalités de la variable dépendante. Le taux d’erreur t est la proportion
des modalités prédites qui diffèrent des modalités observées (c’est aussi la somme des 2 valeurs
non-diagonales de la matrice de confusion divisée par n). Plus t est proche de 0, meilleure est

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 18


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

la qualité prédictive du modèle. On convient que la qualité prédictive du modèle est mauvaise
lorsque t > 0,5 (Chesneau, 2019).

La courbe de ROC
Plus l’aire de la courbe ROC sera proche de 1, plus le modèle aura un excellent pouvoir
discriminant. Généralement, on retient souvent 50% comme seuil à partir duquel il y a
discrimination.
2-4-1-3-3 Sélection des variables
Dans le cadre de la modélisation, il est important que les variables choisies expliquent au mieux
notre variable d’intérêt. Le choix des variables a été fait sur la base du test d’indépendance de
khi-deux. Les variables retenues sont donc consignées dans le tableau ci-après :
Tableau 1 : Présentation des variables explicatives retenues avec leurs modalités

Libellés Nom de la Description Modalités


variable
Facteurs socio-démographiques
groupe_age Groupe d’âge L’âge des femmes 1- 15 − 19
regroupé par 2- 20 − 24
intervalle 3- 25 − 29
4- 30 − 34
5- 35 − 39
6- 40 − 44
7- 45 − 49
Region Région 1-Nord
Région de résidence
2-Sud
de la femme
3-Centre
Milieu_resid Milieu de Le milieu de
résidence résidence de la 1-Urbain
femme 2-Rural
Nbr_enfant Nombre Indique le nombre 1-Pas d’enfant
d’enfant d’enfants de la 2-1 à 4 enfants
femme regroupé par 3-5 enfants et plus
classes
Facteurs socio-culturels
Ethnie Ethnie L’ethnie de la 1-Adja
femme 2-Dendi
3-Betamaribe
4-Yoa_Lokpa
5-Fon
6-Peulh
7-Yoruba

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 19


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

8-Bariba
9- Autres
Religion Religion Religion de la 1-Vodoun ;
femme 2-Islam ;
3-pas de religion ;
4-christianisme ;
5-autre
Facteurs socio-économiques
femme_travailleuse Femme Indique si la femme 0- Non
travailleuse travaille ou pas 1- Oui

Niveau_vie Niveau de vie 1-Pauvre


Il s’agit du niveau de
2-Moyen
richesse du ménage
3-Riche
Caractéristiques du mari
Mari_conso_alcool Mari Indique si le mari 0- Non
consommateur consomme de 1- Oui
d’alcool l’alcool ou pas
Control Contrôle Indique le nombre de 1-Pas de contrôle
exercé par contrôle exercé par le 2- Exerce 1 type de
l’époux conjoint sur sa contrôle
femme. 3-Exerce 2 types de
contrôle
4- Exerce 3 types de
contrôle
5- Exerce 4 types de
contrôle ou plus

Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-V

2-4-2 Limites de l’étude


Il faut noter que la principale limite de cette étude réside dans le fait que nous n’avons pas tenu
compte de tous les facteurs explicatifs des violences conjugales au Bénin notamment le niveau
d’éducation de la femme, les antécédents familiaux de violence des conjoints ou encore
l’opinion des certaines femmes sur la justification ou non des violences conjugales. Aussi, notre
étude n’a-t-elle pas tenu compte des différents types de violence conjugale. Toutefois cette
étude aura permis d’apprendre plus sur les facteurs qui expliquent la violence conjugale au
Bénin et de mettre en relief les caractéristiques des femmes victimes et celles des hommes
auteurs de violence conjugale.

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 20


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Chapitre 3 : Présentations des résultats et préconisations opérationnelles.


3-1 ANALYSE DESCRIPTIVE
Dans cette rubrique, nous allons effectuer une analyse descriptive univariée, bivariée et
multivariée de nos variables.

3-1-1 Analyse univariée


3-1-1-1 Prévalence de la violence conjugale

L’analyse du graphique 1 nous révèle qu’un peu plus du tiers (37,86%) des femmes enquêtées
ont été, une fois, victime de violence conjugale. Celles qui ne l’ont jamais été représentent
62,14% de la population étudiée. Cette proportion de femmes victimes de violence est proche
de celle observée en moyenne en Afrique de l’Ouest (40%)

Graphique 1 : Prévalence de la violence conjugale

Violence conjugale

37,86%
Non
62,14%
Oui

Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-V

3-1-1-2 Répartition des femmes suivant la consommation en alcool de leurs maris

L’analyse du graphique 2 ci-après, montre que près d’un tiers (28%) des femmes de 15-49 ans
ont un mari alcoolique. Le pourcentage des femmes qui n’ont pas de mari consommateur
d’alcool est de 72%. Le taux des femmes ayant un mari consommateur d’alcool qui est de 28%
montre que toutes les femmes victimes de violence (37,86%) n’ont pas forcément un mari
consommateur d’alcool.

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 21


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Graphique 2 : Répartition des femmes selon la consommation d’alcool de leurs maris

Mari consommateur d'alcool

28%
Non
Oui

72%

Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-V

3-1-1-3 Répartition des femmes suivant leur capacité à travailler

De l’analyse du graphique 3 suivant, il ressort qu’un peu plus de huit femmes sur dix (84,25%)
exerce une activité, tandis que la proportion de femmes qui ne travaillent pas est de 15,75%. Ce
taux important de femmes travailleuses dans l’échantillon pourrait révéler un taux d’exposition
importante de ces femmes aux violences conjugales.

Graphique 3 : Répartition des femmes selon leur capacité à travailler

Femme travailleuse
90,00%
80,00%
84,25%
70,00%
60,00%
50,00%
40,00%
30,00%
20,00%
10,00% 15,75%
0,00%
OUI NON

Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-V

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3-1-2 Analyse bivariée


Il sera question non seulement de voir, à l’aide du test de Khi-deux, les liaisons entre la variable
dépendante et chacune des variables explicatives, mais aussi de mesurer la répartition de la
violence suivant nos variables explicatives à l’aide d’analyses croisées.

3-1-2-1 Test de khi deux

Tableau 2 : Résultats des tests du khi-deux

Variables p-value

Groupe d’âge de la
0,0002574**
femme

Femme travailleuse 9,59E-08**

Nombre d’enfants 9,192E-06**

Control exercé par


< 2,2e-16**
l'époux

Ethnie 9,42E-08**

Religion 1,14E-08**

Mari consommateur
< 2,2e-16**
d’alcool

Mari travailleur 0,8187

Différence d’âge 0,7142

Capacité intellectuelle 0,07071

Milieu de résidence 0,0003832**

Région 0,03165**

Niveau de vie 0,00932**

** : indique que la variable est significativement liée à la violence au seuil de 5%

Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-V

Les résultats du tableau 2 ci-dessus, nous montre que toutes les variables explicatives sont
significativement liées à la violence au seuil de 5% mises à part les variables différence d’âge,
capacité intellectuelle et mari travailleur.

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3-1-2-2 Analyses croisées de la variable dépendante avec les variables explicatives

Les résultats des différentes analyses croisées de la violence avec les variables explicatives se
trouvent dans le Tableau 4 présenté en annexe 1. Nous nous sommes intéressés, principalement
à cause de notre thème, à la répartition des femmes victimes de violence ou non suivant les
modalités de chaque variable explicative (i.e. profils-lignes).

Violence conjugale et groupe d’âge

L’analyse du graphique 6 (annexe 1) nous révèle que les pourcentages de femmes victimes de
violence au sein des tranches d’âges 25-29 et 30-34 ans sont les plus élevés (40,37% pour la
tranche 25-29 ans et 40,70% pour celle de 30-34 ans). Ainsi, ces deux tranches d’âge sont
beaucoup plus sujettes aux violences conjugales, que les autres. La tranche d’âge de femmes
la moins touchée par les violences conjugales est la tranche des femmes âgées de 15 à 19 ans
avec un pourcentage de femmes victimes de 26,89%.

Violence conjugale et contrôle exercé par le mari

Au regard du graphique 7 présenté en annexe 1, on constate que le pourcentage de femmes


victimes de violence augmente avec le nombre de contrôles exercés par le partenaire, passant
de 20% chez les femmes sur lesquelles aucun contrôle n’est exercé à 63% chez celles sur qui le
partenaire exerce 4 types de contrôle ou plus. Ainsi, le taux de violence conjugale subi augmente
avec le nombre de contrôles exercées par le partenaire.

Violence conjugale et consommation d’alcool du partenaire

De l’analyse du tableau 4 (annexe 1), il ressort que le taux d’exposition des femmes aux
violences conjugales est plus faible (29,61%) au niveau des femmes n’ayant pas un mari
consommateur d’alcool que chez celles dont le partenaire consomme de l’alcool (58,62%).

Violence conjugale et nombre d’enfants

De l’analyse du graphique 8 présenté en annexe 1, il ressort que le pourcentage de femmes qui


ont subi au moins un type de violence conjugale parmi les femmes augmente avec le nombre
d’enfants. C’est ainsi qu’il passe de 28% chez les femmes n’ayant aucun enfant, à 38% chez
celles qui ont entre 1 et 4 enfants pour ensuite aller à 40% chez les femmes ayant 5 enfants ou
plus. On voit donc que le taux de violence augmente avec le nombre d’enfants.

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Violence conjugale et niveau de vie du ménage

Après analyse du graphique 9 présenté en annexe 1, on remarque que les femmes vivant dans
des ménages relativement pauvres sont plus sujettes (40,40%) aux violences conjugales que
celles vivant dans les ménages à revenu moyen (38,39%) qui sont à leur tour encore plus
victimes de violences que les femmes vivant dans des ménages relativement riches (35,48%).
Ainsi, on constate que le taux d’exposition aux violences conjugales diminue lorsque le niveau
de vie du ménage augmente.

Violence conjugale et milieu de résidence

Après analyse du graphique 10 (annexe 1), il ressort que la proportion de femmes victimes
violences conjugales est plus élevée (40,11%) au sein des femmes vivant en milieu rural que
chez celles qui vivent en milieu urbain (34,87%).

3-1-3 Analyse multivariée


L’analyse factorielle est réalisée sur la base de 10 variables (soit 43 modalités) en corrélation
avec la variable dépendante dans une Analyse des Correspondances Multiples (ACM) sous le
logiciel R.

3-1-3-1 Choix des axes factoriels

En appliquant le critère de coude à l’histogramme des valeurs propres (graphique 11, annexe
2), nous choisissons les deux premiers axes factoriels. En effet, on observe sur l’histogramme
des valeurs propres, on remarque un saut significatif se trouvant juste après la première valeur
propre. Ce critère nous permet donc de retenir uniquement le premier axe factoriel. Mais
puisque la représentation graphique se fait suivant un plan factoriel nous retenons donc les deux
premiers axes factoriels de l’analyse. L’inertie expliquée par ces deux axes représente 15% de
l’inertie totale du nuage. Les résultats ne doivent pas être donc pris pour absolus ; néanmoins
cette étude permet de ressortir un profil des femmes qui sont sujettes aux violences conjugales.

3-1-3-2 Description des deux premiers axes factoriels

L’analyse comporte 43 modalités actives. Pour chaque axe, le pourcentage d’inertie théorique
moyen expliqué par chaque modalité est de 2,32% (100% /43). Seules les modalités dont la
contribution est supérieure à 2,32% seront prises. Les modalités actives, à considérer pour
l’interprétation des deux axes, accompagnées de leurs contributions et cos2 respectifs sont
consignées dans le tableau 4 présenté en annexe 2. De l’analyse de ce tableau, on constate que

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12 modalités représentent 82,79% de l’inertie de l’axe 1 et 13 modalités représentent 76,78%


de l’inertie de l’axe 2.

3-1-3-3 Interprétation des résultats

De l’analyse du tableau 5 (annexe 2) relatif à la caractérisation des axes factoriels, il ressort que
la modalité « Violence_Oui » est bien représentée sur l’axe 2 et est située du côté positif de cet
axe. De même la modalité « Violence_Non » se situe du côté négatif de l’axe 2. Ainsi, on
distingue, selon les axes, deux groupes d’individus, l’un composé de femmes victimes de
violence et l’autre composé de celles qui n’ont pas été victimes de violence. Mais avant toute
classification, on se gardera d’interpréter les modalités ayant une faible qualité de
représentation (cos2) tels que les modalités « Exerce 4 contrôle ou plus » de cos2 0,02, «45-49
ans » avec une qualité de représentation de 0,06 et « Femme_travailleuse_Non » de cos2 0,06.
Les groupes obtenus sont donc caractérisés comme suit :

⁕ le premier groupe des femmes victimes de violence conjugale est constitué des femmes
d’origine Betamaribe, vivant en milieu rural, dans un ménage pauvre, de religion vodoun ou
sans aucune religion et qui ont des maris consommateurs d’alcool. Ces femmes ont aussi
généralement cinq enfants ou plus et vivent au centre du pays.

⁕ le second groupe de femmes non victimes de violence est constitué des femmes dont le mari
ne boit pas, qui résident dans un ménage situé en milieu urbain, de niveau de vie riche, et qui
ont entre un et quatre enfants. Elles vivent, pour la plupart, dans le sud du pays.

En analysant la carte factorielle du graphique 12 (annexe 2) et en tenant compte uniquement


des modalités ayant une contribution supérieure à 2,32%, on obtient les mêmes résultats que
ceux précédemment obtenus à l’exception des modalités « Betamaribe » absente dans le groupe
des femmes victimes de violence et « Christianisme » présente dans le groupe des femmes non
victimes sur la carte factorielle. En effet, la modalité « Betamaribe » est considérée ici comme
atypique puisqu’elle se retrouve éloignée de l’ensemble des autres variables. Quant à la
modalité « Christianisme », elle a non seulement une contribution supérieure (6,37%) à la
contribution théorique moyenne mais également une bonne qualité de représentation de 0,4 sur
l’axe 1. Cette modalité est donc prise en compte dans la classification des femmes non victimes
de violence tandis que la variable « Betamaribe » est retirée du profil de femmes victimes de
violence.

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De tout ce qui précède, il ressort que le profil des femmes victimes de violence est donné par
les femmes vivant, en milieu rural, dans un ménage pauvre, de religion vodoun ou sans aucune
religion, ayant cinq enfants ou plus, résidant au centre du pays et qui ont des maris
consommateurs d’alcool. Le profil des femmes non victimes est, quant à lui, donné par les
femmes chrétiennes, qui résident dans un ménage situé en milieu urbain, de niveau de vie riche,
qui ont entre un et quatre enfants, vivant, pour la plupart, dans le sud du pays et dont les maris
ne boivent pas.

3-2 ANALYSE ECONOMETRIQUE


3-2-1 Significativité globale et validation du modèle
3-2-1-1 Significativité globale

Les résultats du test du rapport de vraisemblance sont présentés en annexe 3. La p-value est très
inférieure à 0,05 (4,7E-162). Le modèle est donc globalement très significatif, car il l’est non
seulement au seuil de 5% mais également au seuil limite de 0,1%.

3-2-1-2 Validation du modèle

Les résultats pour la validation du modèle sont présentés en annexe 3.

Test de Hosmer-Lemeshow

La probabilité associée à la statistique de Khi-deux est supérieure à 0,05(0,396). Par


conséquent, l’ajustement du modèle est bon et le modèle est bien adapté aux données.

La matrice de confusion et le taux d’erreur

Le taux d’erreur est t= 0,2990196, soit 29,9%. Ainsi 69,1% des individus sont bien prédits par
le modèle. Le taux d’erreur étant inférieur à 0,5, nous pouvons donc conclure que le modèle a
une bonne qualité prédictive.

Test de la courbe ROC

L’aire en dessous de la courbe ROC est égale à 0,7504. Cette valeur étant supérieure à 0,5, le
modèle a donc un bon pouvoir discriminant.

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3-2-2 Résultats de la régression logistique


Tableau 3 : Résultats de la régression

Variables Coefficients Odds ratio p-value


Facteurs socio-démographiques
Groupe d’âge (Référence=15-19ans)
20-24ans 0.16911 1.18425 0.378674
25-29ans 0.54129 1.71822 0.003908 **
30-34ans 0.46844 1.59751 0.015716 *
35-39ans 0.37232 1.45110 0.064610 .
40-44ans 0.41335 1.51187 0.051017 .
45-49ans 0.36352 1.43838 0.096661 .
Femme travailleuse (Référence=Non)
Oui 0.34047 1.40561 0.000853 ***
Nombre d'enfants (Référence=pas d'enfant)
1 à 4 enfants 0.41032 1.50731 0.010206 *
5 enfants et plus 0.42806 1.53428 0.017461 *
Contrôle exercé par l'époux (Référence=Exerce 4 types de contrôle ou plus)
Pas de contrôle -1.94655 0.14277 < 2e-16 ***
Exerce 1 type de contrôle -1.31354 0.26887 < 2e-16 ***
Exerce 2 types de contrôle -0.70639 0.49342 1.36e-10 ***
Exerce 3 types de contrôle -0.46168 0.63023 0.000157 ***
Ethnie (Référence=Adja)
Bariba -0.07229 0.93026 0.728800
Dendi 0.10130 1.10661 0.673820
Fon 0.08653 1.09039 0.418343
Yoa, lokpa 0.43814 1.54982 0.093356 .
Betamaribe 0.42392 1.52794 0.054896 .
Peulh 0.09689 1.10174 0.655328
Yoruba 0.20716 1.23018 0.147403
Autres 0.12332 1.13125 0.557348
Religion (Référence=Vodoun)
Pas de religion 0.09499 1.09965 0.610191
Christianisme -0.1181 0.88861 0.325893
Islam -0.0866 0.91705 0.600340
Autres -0.76504 0.46532 0.031562 *

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Caractéristiques du mari
Mari consommateur d'alcool (Référence=Non)
Oui 1.19201 3.29369 < 2e-16 ***
Caractéristiques du ménage
Milieu de résidence (Référence=Urbain)
Rural 0.17441 1.19055 0.024848 *
Région (Référence=Nord)
Sud -0.02649 0.97386 0.869047
Centre 0.06216 1.06413 0.697664
Niveau de vie (Référence=Pauvre)
Moyen -0.05113 0.95015 0.600493
Riche -0.01166 0.98840 0.898766
Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-V

Le tableau 3 ci-dessus présente le récapitulatif des estimations du modèle logit. Pour l’analyse
des résultats du modèle, la valeur numérique des paramètres (coefficients) estimés n’a pas
vraiment d’intérêt en soi. La seule information réellement utilisable est le signe des paramètres,
indiquant en cas de significativité du paramètre, si la variable associée influence la variable
dépendante de façon positive ou négative. L’odd-ratio permet d’exprimer de façon relative le
degré de dépendance entre les modalités de la variable explicative (donné par rapport à une
modalité de référence) et celles de la variable dépendante. Ainsi, l’interprétation des odds-ratio
et des signes des coefficients des variables significatives se présente comme suit :

Influence de la variable Groupe d’âge sur la violence conjugale

D’abord, les modalités 25-29ans et 30-34ans ont des coefficients positifs. Cela indique donc
que ces modalités influencent positivement la violence conjugale, c’est-à-dire que les femmes
dont l’âge est compris entre 25 et 34 ans ont plus de chance de subir la violence conjugale
comparativement aux femmes qui ont entre 15 et 19 ans. Avoir entre 25-34 ans augmente donc
le risque d’être victime de violence conjugale. Et c’est ce que confirme l’odd-ratio en précisant
le degré de ce risque. En effet, les femmes dont l’âge est compris entre 25-29 ans et 30-34 ans
ont respectivement 1,18 fois et 1,72 fois plus de chance de subir les violences conjugales
comparativement aux femmes dont l’âge est compris entre 15-19 ans (modalité de référence).

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Influence de la variable femme travailleuse sur la violence conjugale

Les femmes qui ont une activité courent plus de risque d’être victimes de violence que celles
qui n’en n’ont pas. Ces femmes ont 1,4 fois plus de chance d’être violentées que celles qui ne
travaillent pas.

Influence de la variable Contrôle du mari sur la violence conjugale

Etant donné que les coefficients associés aux modalités « pas de contrôle », « Exerce 1 contrôle
», « Exerce 2 contrôle », « Exerce 3 contrôle » sont tous négatifs, alors les femmes
correspondantes ont moins de chance de subir la violence conjugale comparativement à celles
sur lesquelles l’époux exerce 4 types de contrôles ou plus. Mieux, les odds-ratio nous montrent
que les femmes qui ne sont soumises à aucun contrôle, celles sur lesquelles le conjoint exerce
1 type de contrôle, 2 types de contrôle et 3 types de contrôle ont respectivement 7,14 ; 3,71 ;
2,03 ;1,53 fois moins de chance de subir la violence que celles sur lesquelles le partenaire exerce
4 types de contrôle ou plus. On remarque donc que, plus le nombre de contrôle diminuent, plus
les chances d’être victime de violence conjugale diminuent.

Influence de la variable Mari consommateur d’alcool sur la violence conjugale

Les femmes dont les maris consomment de l’alcool ont 3,29 fois plus de chance de subir la
violence conjugale que celle dont le marie n’en consomme pas.

Influence de la variable Nombre d’enfant sur la violence conjugale

Les femmes qui ont entre 1 à 4 enfants et celles qui ont plus de 5 enfants sont plus exposées à
la violence conjugale que celles qui n’en n’ont pas. En effet, ces femmes ont respectivement
1,5 et 1,53 de chance de subir la violence que celles qui n’ont pas d’enfant. On constate qu’à
partir de la venue d’un enfant dans le ménage, la femme est plus exposée au risque de subir de
violence. On peut donc conclure que la présence d’enfants agit positivement sur le taux
d’exposition aux violences conjugales.

Influence de la variable Religion sur la violence conjugale

Le coefficient associé à la modalité « Autre religion » étant négatif, les femmes qui sont d’une
religion autre que le Christianisme, l’Islam et l’Athéisme, ont moins de risque d’être victimes
de violence conjugale que celles qui pratiquent le vodoun (modalité de référence). En effet, les
femmes d’autres religions ont 2,17 fois (1/0,46532) moins de risque de subir de violence
conjugale comparativement aux femmes de confession religieuse vodoun. Les autres modalités

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 30


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

de la variable « Religion » ne sont pas significatives dans le modèle donc on évitera de les
interpréter. On peut donc conclure que les femmes, pratiquantes du vodoun, sont beaucoup plus
prédisposées à subir des violences conjugales que les femmes d’autres religions.

Influence du milieu de résidence sur la violence conjugale

Lorsque les femmes vivent en milieu rural, elles courent 1,22 fois plus de risque de subir la
violence que lorsqu’elles résident en milieu urbain.

3-3 SYNTHESES DES RESULTATS, DICUSSIONS ET VERIFICATION DES


HYPOTHESES
3-3-1 Synthèse des résultats
De la mise en relation des résultats obtenus, il ressort que le profil des femmes victimes de
violence est donné par les femmes vivant en milieu rural, dans un ménage pauvre, de religion
vodoun ou sans aucune religion, qui ont cinq enfants ou plus et dont les conjoints sont des
consommateurs d’alcool. Les femmes qui subissent le moins de violence sont en majorité celles
qui vivent en milieu urbain dans des ménages relativement riches et dont les maris ne boivent
pas. Cela s’explique par le fait qu’en milieu urbain il existe certaines institutions capables de
sévir ce type de violence comparativement au milieu rural. Par ailleurs, l’analyse économétrique
faite montre que les différents facteurs tels que le groupe d’âge, la capacité de la femme à
travailler, le nombre d’enfants, le contrôle exercé par l’époux, la religion, la consommation
d’alcool par le mari et le milieu de résidence expliquent significativement la violence conjugale.
En effet les femmes béninoises les plus susceptibles d’être victimes de violence conjugale sont
les femmes vodoun, âgées de 25 à 34 ans, ayant au moins un enfant et vivant en milieu rural.
Ces femmes ont majoritairement des conjoints consommateur d’alcool. De même, le risque de
violence conjugale encouru par les femmes augmente lorsque le nombre de contrôle de leurs
conjoints est élevé. Entre autres, concernant la capacité de la femme à travailler ou non, nous
prévoyions que les femmes travailleuses, par leur liberté financière, soient plus exemptées de
la violence conjugale que celles qui ne font rien. Mais force est de constater le contraire. On
peut expliquer ce résultat par le fait que, les femmes qui ont une activité, sont autonomes et
donc indépendantes de leurs conjoints ; ce qui peut conduire à un phénomène de violence
conjugale. En effet, l’argent peut monter à la tête de ces femmes et peut les pousser à mal agir
envers leurs partenaires, ce qui pourrait entrainer des cas de violence dans le couple. Ce résultat
est conforme à celui de Kishor (2006) que nous avons eu à expliquer dans notre revue de
littérature. Nos analyses nous ont également montré que les femmes dont les maris consomment

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 31


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

l’alcool courent plus de risque de subir la violence que celles dont les maris reviennent à la
maison en état de clairvoyance, ce que confirment les travaux de Kishor (2006) dont nous avons
parlé dans la revue empirique.

3-3-2 Discussions
Kishor et al., (2006) ont étudié la violence domestique dans des pays tels que le Cambodge, la
Colombie, la République dominicaine, l’Égypte, le Haïti, l’Inde, le Nicaragua, le Pérou et la
Zambie et ont constaté que les femmes dont les conjoints viennent souvent ivres à la maison,
sont plus exposées à la violence que celles dont les maris reviennent en état de clairvoyance
chez eux. Killias et al., (1997) par contre, ont démontré, à travers une étude réalisée en Suisse,
que l’état d’ivresse de l’homme n’a aucun lien avec la violence que subit la femme.

Concernant la capacité de la femme à travailler, Kishor et al., (2006) montrent que l’effet du
travail est nul ou expose même plus les femmes à la violence conjugale. A l’inverse Champagne
et Lebœuf (1995), montrent qu’il existe un lien positif entre la pauvreté des femmes et les
violences qu'elles subissent. Un résultat similaire à celui de Champagne et Lebœuf (1995) a été
trouvé par Mac Millan (1999).

3-3-3 Vérifications des hypothèses


Les analyses révèlent que les femmes dont les maris consomment de l’alcool ont plus de chance
de subir la violence conjugale que celles dont les maris n’en consomment pas. Ce qui confirme
l’hypothèse 2 de notre étude.

En ce qui concerne l’hypothèse 1, on s’attendait à un signe négatif quant à la capacité de la


femme à travailler, mais les résultats nous montrent une corrélation positive entre la capacité à
travailler de la femme et la violence conjugale. Les femmes qui ont une activité courent plus de
risque d’être victimes de violence que les femmes qui ne travaillent pas. Ce qui infirme
l’hypothèse 1 de l’étude.

Hypothèses Conclusion

H1 : Les femmes qui travaillent sont moins touchées par les violences
conjugales
Rejetée

H2 : Une femme dont le partenaire consomme de l’alcool court un plus


grand de subir la violence conjugale que celle dont le mari ne boit pas. Acceptée

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 32


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

3-4 PRECONISATIONS OPERATIONNELLES


Au terme de cette étude et au regard des facteurs explicatifs qui influencent la violence
conjugale basée sur le genre au Bénin, il ressort que des actions concrètes doivent être mises en
œuvre par les autorités politiques pour atténuer les risques de violence conjugale dans les
ménages au Bénin. Dans ce but, quelques suggestions ont été formulées à l’endroit de ces
autorités pour prévenir et réduire le risque d’être victime de violence. Il s’agit de :

⁕ mener de larges campagnes de sensibilisation portant sur les effets nocifs de la violence
conjugale sur tout le territoire national en particulier dans les milieux ruraux du Bénin ;

⁕ mettre, à un stade très précoce, l’accent sur les méfaits liés à la violence conjugale et
l’éducation à l’égalité des sexes et à la non-violence, au cours des leçons d’instruction civique
et morale dans les écoles ;

⁕ renforcer les concertations entre les leaders religieux et chefs coutumiers sur la gestion
des violences conjugales ;

⁕ établir un plan d’action pour une égalité réelle entre l’homme et la femme dans le ménage
afin de lutter contre les contrôles exercés par le conjoint

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 33


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Conclusion
La violence conjugale subie par la femme est un phénomène complexe et multiple, qui englobe
la violence physique, sexuelle et émotionnelle. Elle touche toutes les sociétés, développées ou
en développement, toutes les classes sociales, et ses conséquences sont dévastatrices pour la
société dans son ensemble. Les violences subies par les femmes demeurent une réalité dans le
vécu des béninois. L’objectif général de notre étude a été d’analyser les facteurs explicatifs des
violences conjugales subies par les femmes au Bénin. Afin d’atteindre cet objectif, sur un
échantillon de 4488 femmes extraites de la base de données issue de l’EDSB-V et, à base des
logiciels EXCEL, SPSS et R, nous avons fait une analyse descriptive qui a fourni une idée sur
la relation entre les différents facteurs explicatifs et la violence conjugale envers la femme.
Ensuite nous avons procédé à une analyse économétrique afin de tirer des conclusions plus
pointues sur le lien entre les différents facteurs retenus et la violence conjugale.
Au terme de ces analyses, les conclusions suivantes ont été tirées. De l’analyse descriptive, il
ressort que les femmes dont le partenaire consomme de l’alcool, résidant principalement dans
les zones rurales sont celles qui sont les plus victimes de violence parmi les femmes de notre
échantillon. L’analyse économétrique quant à elle nous montre que les différents facteurs tels
que le groupe d’âge, la femme travailleuse, le nombre d’enfant, le contrôle exercé par l’époux,
la religion, la consommation d’alcool par le mari et le milieu de résidence influencent la
violence conjugale envers les femmes.
Ainsi, les femmes victimes de violence conjugale appartiennent à la catégorie des femmes âgées
de 25 à 34 ans ; les femmes qui ont au moins un enfant courent plus un risque de violence
conjugale que celles qui n’en ont pas ; plus le nombre de contrôles exercés par le mari
augmente, plus la femme est susceptible d’être victime de violence conjugale. Il urge donc de
prendre des mesures pour pallier cette situation. Ainsi, nous préconisons aux autorités politiques
de mener de larges campagnes de sensibilisation portant sur les effets nocifs de la violence
conjugale sur tout le territoire national en particulier dans les milieux ruraux du Bénin et de
mettre, à un stade très précoce, l’accent sur les méfaits liés à la violence conjugale et l’éducation
à l’égalité des sexes et à la non-violence, au cours des leçons d’instruction civique et morale
dans les écoles. Nous ne prétendons pas avoir abordé tous les contours du sujet. Des recherches
plus profondes pourraient être menées dans cette voie en tenant compte des facteurs à l’origine
des violences en milieu professionnel au Bénin.

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 34


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Références bibliographiques
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Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 35


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Participation and the Risk of Spousal Violence against Women ». In Journal of Marriage and
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Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 36


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

ANNEXE

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI 37


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Annexe 1 : Complément d’analyse descriptive

Graphique 4 : Répartition des femmes selon le groupe d’âge

Groupe d'âge

23,84%
19,88%
15,98% 15,33%
10,94%
9,31%
4,72%

15-19 ANS 20-24 ANS 25-29 ANS 30-34 ANS 35-39 ANS 40-44 ANS 45-49 ANS

Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-V

Graphique 5 : Répartition des femmes selon le niveau de vie du ménage

Niveau de vie
43,65%

36,68%

19,67%

Pauvre Moyen Riche

Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-V

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI A


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Graphique 6 : Répartition des femmes victimes de violence par groupe d’âge

Répartition des femmes selon la


violence subie et le groupe d'age
80,00% 73,11%
70,00% 67,36%
59,63% 59,30% 62,06% 60,49% 62,20%
60,00%
50,00% 40,37% 40,70% 37,94% 39,51% 37,80%
40,00% 32,64%
26,89%
30,00%
20,00%
10,00%
0,00%
15-19ANS 20-24ANS 25-29ANS 30-34ANS 35-39ANS 40-44ANS 45-49ANS

Pas victime Victime de violence

Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-V

Graphique 7 : Répartition des femmes victimes de violence selon le contrôle exercé par le
partenaire

Répartition des victimes selon le controle


exercé par le partenaire
90,00%
80,00%
70,00% 80,16%

60,00% 66,74%
62,58%
50,00% 54,88% 52,17%
40,00% 45,12% 47,83%
30,00% 37,42%
33,26%
20,00%
10,00% 19,84%
0,00%
PAS DE CONTROL 1 CONTROL 2 CONTROL 3 CONTROL 4 CONTROL ET PLUS

Pas victime Victime de violence

Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-V

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI B


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Graphique 8 : Répartition des femmes victimes de violence selon le nombre d’enfants du ménage

Répartition des victimes selon le nombre


0,80 d'enfants
0,72
0,70
0,62 0,60
0,60
0,50
0,38 0,40
0,40
0,28
0,30
0,20
0,10
0,00
PAS D'ENFANT 0 À 4 ENFANT 5 ENFANTS ET PLUS

Pas victime Victime de violence

Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-V

Graphique 9 : Répartition des femmes victimes de violence selon le niveau de vie du ménage

Répartition des femmes suivant la


violence conjugale et le niveau de vie
35,48%
RICHE
64,52%

38,39%
MOYEN
61,61%

40,40%
PAUVRE
59,60%

0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00% 60,00% 70,00%

Victime de violence Pas victime

Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-V

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI C


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Graphique 10 : Répartition des femmes victimes de violence selon le milieu de résidence

Répartition des femmes victimes de


violence selon le milieu de résidence
70,00%
60,00% 65,13%
50,00% 59,89%

40,00%
40,11%
30,00% 34,87%
20,00%
10,00%
0,00%
URBAIN RURAL

Non Oui

Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-V

Tableau 4 : Tableaux croisés de la violence conjugale avec les variables explicatives


selon les profils-lignes
Violence
Variables
0 1
Facteurs socio-démographiques
Groupe d’âge
15-19ans 73,11% 26,89%
20-24ans 67,36% 32,64%
25-29ans 59,63% 40,37%
30-34ans 59,30% 40,70%
35-39ans 62,06% 37,94%
40-44ans 60,49% 39,51%
45-49ans 62,20% 37,80%
Femme travailleuse
Non 71,15% 28,85%
Oui 60,46% 39,54%
Enfants
Pas d'enfant 72,86% 27,14%
1 à 4 enfants 62,09% 37,91%
Plus de 5 enfants 59,85% 40,15%
Ethnie
Adja 62,36% 37,64%
Bariba 68,11% 31,89%
Dendi 66,99% 33,01%
Fon 61,23% 38,77%
Yoa,lokpa 56,56% 43,44%
Betamaribe 46,28% 53,72%
Peulh 68,13% 31,87%

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI D


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Yoruba 59,61% 40,39%


Autres 69,14% 30,86%
Religion
Pas de religion 52,17% 47,83%
Christianisme 61,43% 38,57%
Islam 67,66% 32,34%
Vodoun 54,68% 45,32%
Autres 77,05% 22,95%
Caractéristiques du mari
Mari consommateur d’alcool
Non 70,39% 29,61%
Oui 41,38% 58,62%
Mari travailleur
Non 61,48% 38,52%
Oui 62,21% 37,79%
Control exercé par l'époux
Pas de contrôle 80,16% 19,84%
Exerce 1 type de contrôle 66,74% 33,26%
Exerce 2 types de contrôle 54,88% 45,12%
Exerce 3 types de contrôle 47,83% 52,17%
Exerce 4 types de contrôle ou plus 37,42% 62,58%
Caractéristiques du ménage
Différence d’âge
Femme plus âgée 59,46% 40,54%
Homme 0-4 ans plus âgé 63,30% 36,70%
Homme 5-9 ans plus âgé 62,79% 37,21%
Homme 10-14 ans plus âgé 61,16% 38,84%
Homme âgé de 15+ 61,18% 38,82%
Capacité intellectuelle
Sans instruction 61,19% 38,81%
Homme plus instruit 62,55% 37,45%
Femme plus instruite 60,05% 39,95%
Même niveau d'instruction 66,84% 33,16%
Milieu de résidence
Urbain 65,13% 34,87%
Rural 59,89% 40,11%
Région
Nord 63,75% 36,25%
Sud 63,13% 36,87%
Centre 59,38% 40,62%
Niveau de vie
Pauvre 59,60% 40,40%
Moyen 61,61% 38,39%
Riche 64,52% 35,48%
Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-V

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI E


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Annexe 2 : Résultats de l’analyse des correspondances multiples

Graphique 11 : Histogramme des valeurs propres

Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-Vs

Tableau 5 : Caractérisation des axes factoriels

Côté positif Côté négatif


Axe 1

Religion
Islam(15,53 ; 0,59) Christianisme(6,37 ; 0,40)

Consommation d'alcool par le partenaire


Oui(2,84 ; 0,11)

Région
Nord(18,73 ; 0,77) Sud(6,69 ; 0,28)
Centre(2,80 ; 0,11)

Ethnie
Bariba(4,33 ; 0,13) Fon(5,57 ; 0,33)

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI F


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Dendi(3,19 ; 0,09)
Peulh(8,18 ; 0,24)

Niveau de vie
Pauvre(3,28 ; 0,14) Riche(3,28 ; 0,16)

Axe 2

Religion
Vodoun(7,37 ; 0,16)
Pas de réligion(3,02 ; 0,06)

Femme travailleuse
Non(3,33 ; 0,08)

Milieu de résidence
Rural(5,47 ; 0,26) Urbain(7,25 ; 0,25)

Consommation d'alcool par le partenaire


Oui(4,84 : 0,13)

Groupe d’âge
45-49(2,75 ; 0,06)

Ethnie
Betamaribe(5,29 ; 0,1)

Niveau de vie
Pauvre(6,91 ; 0,22) Riche(9,03 ; 0,32)

Nombre d'enfants
5 enfants et plus(9,18 ; 0,25) 1 à 4 enfants(2,52 ; 0,15)

Violence
Oui(3,21 ; 0,1) Non(1,96 ; 0,1)
⁕lire modalité (Contribution ; cos )
2

Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-V

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI G


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Graphique 12 : Carte factorielle

Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-V

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI H


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Tableau des contributions de chaque modalité

Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-V

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI I


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Tableau des cosinus carrés

Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-V

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI J


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Coordonnées des modalités

Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-V

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI K


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Annexe 3 : Régression logistique binaire

Résultats de la régression (sortie de logiciel)

Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-V

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI L


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Odds-ratio

Source : Réalisé par les auteurs, d’après les données de l’EDSB-V

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI M


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Test de significativité globale

Tests de validation du modèle

Test de Hosmer-Lemeshow

Matrice de confusion et taux d’erreur

Test de la courbe ROC

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI N


Facteurs explicatifs des violences subies par les femmes dans les ménages au Bénin

Graphique 13 : Courbe ROC

Annexe 4 : Types de contrôle exercé par le conjoint.


⁕ Jaloux ou en colère si elle parle à d’autres hommes ;
⁕ L’accuse fréquemment d’être infidèle ;
⁕ Ne lui permet pas de rencontrer ses amies ;
⁕ Essaye de limiter ses contacts avec sa famille ;
⁕ Insiste pour savoir où elle est à tout moment.

Réalisé par Zilal ACHAMOU et Roméo SOMITONDJI O

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