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13/12/2018 Dalloz.

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Revue des sociétés

 
Revue des sociétés 2011 p.692

L'affaire Hermès, ou l'émergence de la notion de concert « de fait »
Note sous Cour d'appel de Paris, ch. 5­7, 15 septembre 2011, n° 2011/00690, ADAM  c/  Dumas
 
Hervé Le Nabasque, Professeur à l'École de droit de la Sorbonne (Paris I)

L'essentiel 
La dérogation à l'obligation d'avoir à déposer un projet d'offre publique d'acquisition portant sur tous les titres de
la société Hermès International est confirmée par la cour de Paris, motif tiré de ce que la promesse d'apporter plus
de  50%  des  titres  de  cette  société  à  une  société  holding  constituée  entre  les  cinquante­deux  demandeurs  à  la
dérogation, tous membres de la famille Hermès, n'entraînerait pas de changement de contrôle de cette société. 
 

La Cour, 
 
Sur la procédure 
 
En ce qui concerne la régularité de la saisine : 
 
Considérant  que  l'ADAM  soutient  que  l'AMF  ne  pouvant  être  valablement  saisie  d'une  demande  de
dérogation à l'obligation de dépôt d'un projet d'offre publique que par des personnes physiques ou morales
établissant leur qualité d'actionnaire et, à tout le moins, précisant leur identité, la décision déférée encourt
l'annulation en ce qu'elle ne précise pas le nombre d'actions HERMÈS détenues par chacune des personnes
physiques  ou  morales  ayant  saisi  l'Autorité  et  en  ce  que  le  nombre,  les  noms  et  les  représentants  des  «
sociétés patrimoniales » ne sont même pas mentionnés ; 
 
Mais  considérant  que  s'il  est  vrai  que  la  décision  déférée  qui,  après  avoir  mentionné,  dans  son  premier
paragraphe, la liste complète des cinquante­deux personnes physiques ayant saisi l'Autorité des marchés
financiers  d'une  demande  de  dérogation,  se  borne  ensuite  à  énoncer  «  et  leurs  sociétés  patrimoniales
actionnaires directs d'Hermès », il n'en demeure pas moins que la liste complète de ces sociétés, dont le
capital est détenu exclusivement par ces personnes physiques, ainsi que leur participation individuelle au
capital d'Hermès ont bien été préalablement communiquées à l'Autorité, à laquelle aucun texte particulier
ne  fixe  d'exigences  concernant  les  indications  que  doivent  contenir  ses  décisions  individuelles  ;  que,  dès
lors,  il  suffit  de  constater,  qu'en  la  forme,  la  décision  attaquée  satisfait  assurément  aux  prescriptions  de
l'article 3 de la loi n° 79­587 du 11 juillet 1979 relative à la motivation des actes administratifs qui dispose
que la motivation exigée par cette loi doit être écrite et comporter l'énoncé des considérations de droit et
de fait qui constituent le fondement de la décision ; 
 
Que, dès lors et, par surcroît, en l'absence d'allégation d'un quelconque grief, le moyen sera rejeté ; 
 
En ce qui concerne l'autorisation antérieure de l'opération : 
 
Considérant que la requérante soutient aussi que la décision déférée est également entachée d'irrégularité
dès  lors  que  l'AMF  a  déjà  pris  position  sur  l'opération,  en  consentant  une  approbation  initiale,  comme
l'atteste  la  formulation  d'un  précédent  communiqué  publié  le  5  décembre  2010  par  HERMÈS,  qui  indique
que l'opération de « reclassement » décidé le 3 décembre 2010 « sera soumise à l'approbation définitive
de  l'Autorité  des  marchés  financiers  avant  sa  mise  en  oeuvre  »  (soulignement  ajouté)  ;  qu'en  ne
demandant aucune rectification alors qu'elle contrôle l'information diffusée par les sociétés cotées et que,
alors que la requérante s'était étonnée auprès des services de l'Autorité qu'HERMÈS ait pu faire état d'une
telle  approbation,  l'AMF  a  admis  l'existence  de  cette  approbation  initiale,  probablement  accordée  par  ses
services ; que, cependant, aucun texte ne lui permet de délivrer de telles approbations initiales qui pèsent
ensuite  nécessairement  sur  l'instruction  du  dossier,  le  collège  «  ne  pouvant  qu'être  à  tout  le  moins  gêné
par l'approbation initiale d'ores et déjà donnée » ; 
 
Mais considérant qu'il suffit de relever qu'alors que, dans un communiqué du 5 décembre 2010, HERMES

https://www-dalloz-fr.ezproxy.univ-paris1.fr/documentation/Document?id=REVSOC/CHRON/2011/0191&ctxt=0_YSR0MT0ib3JpZW50YXRpb25zIHN0cmF0w6l… 1/20
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avait  en  effet  indiqué  que  l'opération  sera  soumise  à  l'approbation  définitive  de  l'Autorité  des  marchés
financiers avant sa mise en oeuvre, l'autorité s'est en réalité bornée à demander à la société HERMÈS de
bien vouloir publier un communiqué rectificatif destiné à expliciter la phrase en cause, estimée peu claire,
afin  de  bien  marquer  que  l'opération  envisagée  était  soumise  à  la  condition  suspensive  d'octroi  d'une
dérogation  purgée  de  tout  recours  ;  que  c'est  dans  ces  conditions  que  HERMES  a  publié  le  communiqué
rectificatif suivant : 
 
« Pour éviter toute ambiguïté, la famille Hermès souhaite préciser, à la suite de son communiqué diffusé le
5  décembre  2010  au  soir,  que  l'engagement  de  la  famille  de  constituer  le  holding  mentionné  dans  ce
communiqué est pris sous réserve de l'obtention d'une dérogation définitive (i.e. purgée de tout recours)
de l'Autorité des marchés financiers à l'obligation de dépôt d'une offre publique raison du franchissement
des seuils qui résulterait de l'apport par la famille de plus de 50 % du capital d'Hermès International » ; 
 
Que le moyen ne peut être qu'écarté ; 
 
En ce qui concerne le caractère incomplet du dossier de l'Autorité : 
 
Considérant  que  l'ADAM  affirme  encore  que  la  décision  est  nulle  dès  lors  que  l'AMF  n'établit  pas  la
présence au dossier remis aux membres du collège de l'AMF le 6 janvier 2011 : 
 
­ d'une liste complète des demandeurs, incluant les « sociétés patrimoniales », 
 
­ de « l'accord » ou des « accords » du 3 décembre 2010 auxquels se réfère la décision, 
 
­ de l'approbation initiale donnée aux demandeurs, 
 
­  des  éléments  établissant  qu'auraient  été  constamment  déposées  dans  les  caisses  sociales  de  la  SARL
Emile Hermès des actions HERMÈS INTERNATIONAL représentant plus de 50 % du capital de cette société, 
 
­  des  pièces  justifiant  que,  à  supposer  que  HERMÈS  INTERNATIONAL  était  auparavant  une  société
contrôlée, le prétendu « reclassement » n'entraînera pas un changement de contrôle, 
 
­ plus généralement, de tous les documents permettant d'établir les « circonstances » relevées par l'AMP
au soutien de sa décision : 
 
Que l'ADAM souligne que la régularité d'une décision du collège de l'AMF s'apprécie au vu des documents
examinés  par  ce  dernier  lors  de  sa  séance  ainsi  qu'au  vu  de  la  décision  elle­même,  telle  que  publiée,  et
que,  dès  lors,  c'est  en  vain  que  l'Autorité  tente  de  justifier  désormais  des  «  circonstances  »  qu'elle  a
relevées  dans  sa  décision  alors  que  leur  justification  devait  figurer  dans  le  dossier  sur  la  base  duquel  le
collège  a  statué  ;  qu'en  refusant  la  communication  du  dossier,  l'AMF  se  place  ainsi  dans  l'incapacité
d'apporter la preuve qui lui incombe, ce qui doit entraîner l'annulation de la décision litigieuse ; 
 
Mais  considérant  que  le  recours  portant  sur  la  décision  de  dérogation  prise  par  le  collège  et  ayant  pour
objet d'en vérifier la légalité au regard des textes applicables, il appartient à la requérante de démontrer,
soit que le collège a fait une mauvaise application du droit au fait d'espèce, soit que la décision a été prise
dans  des  conditions  irrégulières  ;  que  son  recours  ne  peut  avoir  pour  objet  d'examiner  la  nature  et  la
teneur  de  documents  purement  préparatoires,  comme  tels  dénués  de  toute  portée  juridique,  qui  sont
préparés  par  les  services  pour  le  collège,  étant  par  ailleurs  observé  que  l'Autorité  n'est  pas  tenue
d'instruire  sa  décision  autrement  que  par  l'examen  des  demandes,  pièces  et  mémoires  qui  lui  sont
transmises ou dont elle demande la production ; 
 
Qu'au  surplus,  sous  couvert  d'un  moyen  d'annulation  tiré  d'une  irrégularité  de  procédure,  la  requérante,
lorsqu'elle évoque certains éléments, tels ces « circonstances », visés dans la décision attaquée, critique,
en réalité, la motivation adoptée par le collège, ce qui relève du fond du débat ; 
 
Que le moyen n'est pas fondé ; 
 
En ce qui concerne le manquement au devoir d'indépendance et d'impartialité ; 
 
Considérant que l'ADAM prétend également qu'il ressort de la décision attaquée que l'AMF a écarté certains
moyens invoqués par les demandeurs à l'appui de leur demande de dérogation, en particulier ceux tenant
au  statut  de  société  en  commandite  par  actions  et  leur  en  a  substitué  d'autres,  reposant  sur
l'interprétation  de  «  circonstances  »  qu'elle  relève  elle­même,  de  sorte  que  l'Autorité  a  manqué  à  son
devoir  d'indépendance  et  d'impartialité  ;  que  la  requérante  précise  que  si  l'AMF  estimait  que  les  moyens
invoqués  ne  lui  permettaient  pas  d'accorder  la  dérogation  demandée,  elle  devait  simplement  refuser  de
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l'accorder  et,  qu'en  se  substituant  aux  demandeurs  pour  justifier  la  dérogation,  sans  même  solliciter  son
avis  ni  celui  des  autres  actionnaires  minoritaires  d'Hermès  qui  s'étaient  manifestés  auprès  d'elle,  sur  les
moyens  de  pur  fait  qu'elle  a  retenu  d'office,  l'AMF  a  adopté  un  comportement  partial  et  partisan
incompatible  avec  son  statut  d'autorité  administrative  indépendante  ;  que  cette  circonstance  doit
également conduire la cour à prononcer l'annulation de sa décision ; 
 
Mais  considérant  que,  dans  l'exercice  de  ses  compétences  en  matière  d'offre  publique,  l'Autorité,  à  qui  il
revient d'appliquer une réglementation d'ordre public, n'est tenue de rechercher les motifs de ses décisions
qu'au  regard  des  exigences  de  cette  réglementation,  sans  être  aucunement  liée  par  les  motifs  que  les
demandeurs auront choisi de développer à l'appui de leur requête, étant également observé que l'Autorité
a, en tant que de besoin, la faculté de procéder à toute requalification qu'elle jugerait utile ; qu'au surplus,
la  réglementation  applicable  à  la  procédure  devant  l'autorité  de  marché  ne  lui  impose,  ni  d'entendre  en
séance tous les actionnaires minoritaires qui en feraient la demande ou de répondre à leurs observations
éventuelles, ni de leur communiquer les documents relatifs aux projets d'offre publique ; 
 
Qu'au demeurant, la cour observe que, dans la présente espèce, l'AMF a pris soin d'exposer les principaux
arguments  mis  en  avant  par  les  actionnaires  minoritaires  et  d'y  répondre  et  qu'en  réalité,  sous  couvert
d'un  grief  d'annulation  de  la  décision  tiré  d'un  défaut  d'indépendance  et  d'impartialité  du  collège,  l'ADAM
critique  une  nouvelle  fois  la  motivation  en  droit  et  en  fait  de  la  décision  attaquée,  ce  qui  constitue
précisément le fond du débat ; 
 
Que le moyen sera également rejeté 
 
En ce qui concerne le respect des règles de fonctionnement de l'Autorité des marchés financiers : 
 
Considérant  que  l'ADAM  fait  encore  grief  à  la  décision  entreprise  de  ne  pas  mentionner  les  noms  des
membres  du  collège  ayant  délibéré  le  6  janvier  2011,  ce  qui  ne  permet  pas  à  la  cour  de  contrôler,  à  la
simple lecture des deux communiqués publiés, si la décision a été rendue dans le strict respect du principe
d'ordre  public  d'indépendance  et  d'impartialité  garanti  par  la  Convention  européenne  de  sauvegarde  des
droits  de  l'homme  et  en  conformité  avec  les  prescriptions  des  articles  L.  621­4  et  R.  621­1  du  code
monétaire et financier relatifs aux quorum et incompatibilités applicables au collège, circonstance qui doit
emporter  l'annulation  de  sa  décision  ;  que  la  requérante  observe  qu'en  tout  état  de  cause,  alors  qu'il
appartient  à  l'Autorité  de  justifier  la  régularité  de  la  procédure  qui  a  conduit  à  la  décision  litigieuse  au
regard des règles qui régissent son fonctionnement, la seule production d'un extrait très limité du procès­
verbal de la réunion du collège de l'AMF du 6 janvier 2011 ne permet pas d'apprécier si toutes les règles
qui viennent d'être rappelées ont été respectées ; 
 
Mais considérant que si les textes cités par la requérante posent en effet des règles de fond en matière de
prévention  des  conflits  d'intérêts,  il  n'en  résulte  nullement  que  le  texte  de  la  décision  lui­même  doive
mentionner le nom des membres du collège ayant délibéré, étant au demeurant observé que l'Autorité a
communiqué à l'ADAM un extrait du procès­verbal de la séance du collège du 6 janvier 2011 indiquant les
noms des membres du collège ayant participé à la décision, ce qui lui permet ainsi, en tant que de besoin,
de constater que les dispositions des articles L. 621­4 et R. 621­1 du code monétaire et financier avaient
bien été respectées en l'espèce ; 
 
Que ce moyen d'annulation sera écarté : 
 
En ce qui concerne l'identification des bénéficiaires de la dérogation : 
 
Considérant que la requérante prétend, enfin, qu'alors qu'une décision de l'AMF ne peut bénéficier qu'à des
personnes  morales  ou  physiques  parfaitement  identifiables,  la  décision  critiquée  est  également  entachée
d'une  irrégularité  devant  conduire  à  son  annulation,  dès  lors  qu'elle  est  prononcée  au  bénéfice  de  «
sociétés patrimoniales » dont ni les noms ni les noms de leurs représentants n'ont été précisés ; 
 
Mais considérant qu'il convient de se référer aux développements qui précèdent concernant la régularité de
la  saisine,  dont  il  ressort  que  la  liste  complète  de  ces  sociétés,  dont  le  capital  est  de  toute  façon  détenu
exclusivement  par  les  personnes  physiques  demanderesses  à  la  dérogation  ainsi  que  leur  participation
individuelle  au  capital  d'Hermès  ont  bien  été  préalablement  communiquées  à  l'Autorité,  de  sorte  que  le
marché  a  été  pleinement  mis  en  mesure  de  connaître  le  périmètre  du  groupe  familial  bénéficiaire  de  la
dérogation ; 
 
Que le moyen n'apparaît pas fondé ; 
 
Sur la demande de communication de pièces formulée par M . Repplinger 
 
https://www-dalloz-fr.ezproxy.univ-paris1.fr/documentation/Document?id=REVSOC/CHRON/2011/0191&ctxt=0_YSR0MT0ib3JpZW50YXRpb25zIHN0cmF0w6l… 3/20
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Considérant que ce requérant demande à la cour d'enjoindre aux bénéficiaires de la dérogation de produire
aux  débats  les  statuts  de  la  holding  et  les  «  accords  »  du  3  décembre  2010  dont,  comme  l'AMF,  ils  se
prévalent  dans  leurs  écritures,  en  faisant  valoir,  qu'en  l'absence  de  ces  pièces,  il  lui  est  impossible
d'apprécier et de critiquer leurs écritures ; 
 
Mais  considérant  que  cette  demande  est  désormais  privée  d'objet  en  ce  qui  concerne  les  accords  du  3
décembre 2010, qui ont été communiqués par les demandeurs à la dérogation le 16 mai 2011 (bordereau
de  communication  de  pièces  récapitulatif  du  16  mai  2011)  ;  que,  concernant  les  statuts  de  la  société
holding, le recours de M, Repplinger portant sur la décision de dérogation prise par le collège et ayant pour
objet  d'en  vérifier  la  légalité  au  regard  des  textes  applicables,  il  revient  seulement  au  requérant  de
démontrer, soit que le collège a fait une mauvaise application du droit au fait d'espèce, soit que la décision
a été prise dans des conditions irrégulières ; qu'à cet égard, il suffit de constater que la décision déférée ­
page 2 deuxième paragraphe ­ relate de manière précise le contenu d'une série de clauses des statuts du
holding en question, et que, dans ces conditions, M. Repplinger n'a pas été privé de la possibilité d'exercer
son  recours  dans  les  conditions  qui  viennent  d'être  relatées  ;  qu'au  surplus,  contrairement  à  ce  que
prétend  le  requérant,  ni  les  demandeurs  à  la  dérogation  dans  leurs  écritures,  ni  l'AMF  dans  ses
observations, ne font état d'autres clauses des statuts de la holding que celles qui ont été rappelées par le
collège dans la décision attaquée ; 
 
Que, dès lors, la demande de communication de pièces formulée par M. Repplinger ne peut qu'être rejetée
; 
 
Sur le fond 
 
Considérant  que  le  troisième  alinéa  de  l'article  L.  433­3  du  code  monétaire  et  financier  dispose  :  «  Le
Règlement  général  de  l'Autorité  des  marchés  financiers  fixe  [...]  les  conditions  dans  lesquelles  l'autorité
peut  accorder  une  dérogation  à  l'obligation  de  déposer  un  projet  d'offre  publique  portant  sur  des
instruments financiers émis par une société dont le siège social est établi en France et dont les instruments
financiers  sont  admis  aux  négociations  sur  un  marché  réglementé  d'un  Etat  membre  de  la  Communauté
européenne ou d'un autre Etat partie à l'accord sur l'Espace économique européen. » ; 
 
Que l'article L. 233­10 du code de commerce précise : « I. ­ Sont considérées comme agissant de concert
les  personnes  qui  ont  conclu  un  accord  en  vue  d'acquérir  ou  de  céder  des  droits  de  vote  ou  en  vue
d'exercer les droits de vote pour mettre en oeuvre une politique vis­à­vis de la société. » : 
 
Que  l'article  234­8  du  Règlement  général  de  l'Autorité  des  marchés  financiers  (Règl.  AMF)  énonce  :  «
L'AMF  peut  accorder  une  dérogation  à  l'obligation  de  déposer  un  projet  d'offre  publique  si  la  ou  les
personnes  concernées  justifient  auprès  d'elle  remplir  l'une  des  conditions  énumérées  à  l'article  234­9,
L'AMF se prononce après avoir examiné les circonstances dans lesquelles le ou les seuils ont été ou seront
franchis,  la  répartition  du  capital  et  des  droits  de  vote  et  les  conditions  dans  lesquelles,  le  cas  échéant,
l'opération a fait ou fera l'objet d'une approbation par l'assemblée générale des actionnaires de la société
visée. » ; 
 
Qu'enfin, l'article 234­9 du Règl. AMF précise : « Les cas dans lesquels l'AMF peut accorder une dérogation
sont  les  suivants  :  [...]  7°  Opération  de  reclassement,  où  s'analysant  comme  un  reclassement,  entre
sociétés ou personnes appartenant à un même groupe. » ; 
 
Considérant qu'au soutien de son recours, l'ADAM prétend que les conditions exigées par l'article 234­9 du
Règlement général de l'Autorité des marchés financiers pour obtenir le bénéfice d'une dérogation ne sont
pas réunies en l'espèce, dès lors que les demandeurs à la dérogation ne constituent pas un groupe au sens
de  ces  dispositions,  que  l'opération  envisagée  ne  constitue  pas  un  reclassement  et,  également,  que,
portant  gravement  atteinte  aux  intérêts  des  actionnaires  d'HERMÈS,  cette  opération  n'est  pas  conforme
aux principes régissant les offres publiques ; 
 
Que la requérante affirme, en premier lieu, que la dérogation a été accordée par la décision critiquée au «
groupe  familial  Hermès  tel  que  défini  par  les  demandeurs  »,  alors  qu'il  s'agit  d'une  «  entité  à  géométrie
variable  »  particulièrement  fluctuante  et  floue,  tant  au  niveau  des  demandeurs  eux­mêmes,  qui  font
référence tantôt à eux­mêmes, tantôt à toute la famille Hermès, que dans la décision de l'AMF pour qui ce
même groupe est, soit constitué uniquement par les demandeurs à la dérogation, soit composé de tous les
actionnaires  de  HERMÈS  appartenant  à  la  famille  Hermès  ;  que,  cependant,  les  demandeurs  ne  peuvent
pas être assimilés à la famille Hermès définie comme constituée de tous les descendants d'Emile Hermès
et  de  son  épouse,  puisque  leur  petit­fils,  M.  Nicolas  Puech,  qui  détient  plus  de  5  %  des  droits  de  vote
d'HERMES  international  selon  sa  déclaration  au  CMF  du  9  juin  1997  qui  n'a  jamais  été  suivie  d'une
déclaration de franchissement de seuil à la baisse, ne figure pas parmi les demandeurs ; que la requérante
précise, qu'en tout état de cause, si le groupe familial Hermès est uniquement constitué des demandeurs,
https://www-dalloz-fr.ezproxy.univ-paris1.fr/documentation/Document?id=REVSOC/CHRON/2011/0191&ctxt=0_YSR0MT0ib3JpZW50YXRpb25zIHN0cmF0w6l… 4/20
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c'est­à­dire des membres de la famille Hermès ayant participé à la réunion du 3 décembre 2010 et ayant
donné leur accord au schéma de restructuration du capital d'HERMÈS qui est envisagé, ce groupe n'avait
aucune  réalité  avant  cette  réunion  et  ne  peut  donc  revendiquer  aucune  antériorité  dans  le  contrôle
d'HERMÈS  ;  que,  selon  la  requérante,  ce  groupe  est  également  une  entité  non  structurée  ;  qu'en  effet,
alors  que  l'AMF  retient  que  le  seul  lien  qui  unit  les  demandeurs  à  la  dérogation  est  d'avoir  pour  ancêtre
commun­Emile Hermès et son épouse, tous les. demandeurs ­ tel M. de Seynes ou, a fortiori, les sociétés
patrimoniales  ­  ne  remplissent  pas  cette  condition  et  que,  par  ailleurs,  tous  les  actionnaires  d'HERMÈS
ayant  la  qualité  de  descendants  d'Emile  Hermès,  tel  Nicolas  Puech  déjà  cité,  ne  figurent  pas  parmi  les
demandeurs,  de  sorte  que  ce  «  lien  du  sang  lointain  et  partiel  »  ne  peut  suffire  à  structurer  un  groupe
d'actionnaires agissant de concert ; que, par surcroît, la qualité d'associé de la Emile Hermès SARL ne peut
davantage  structurer  le  groupe  familial,  puisque  les  susnommés  ­  M.  de  Seynes  et  les  sociétés
patrimoniales ­ ne sont pas associés de cette société et qu'il n'est pas établi que les autres demandeurs le
soient  à  ce  jour,  dès  lors  que,  le  2  juin  2005,  dernière  date  à  laquelle  la  composition  de  cette  société  à
capital variable a été connue, celle­ci ne comprenait que 21 associés ; qu'enfin, indéfini et sans véritable
lien entre ses membres, ce prétendu groupe, qui ne se présente pas comme tel, n'a jamais non plus été
révélé  au  public,  puisque  la  notion  de  groupe  familial  est  absente  des  documents  de  référence  et  des
autres communications d'HERMÈS des 10 dernières années : 
 
Que  l'ADAM  fait  valoir,  en  deuxième  lieu,  que  l'opération  envisagée  ne  peut  être  qualifiée  de  «
reclassement », lequel implique que le capital de la société concernée est déjà contrôlé et que le contrôle
ne  se  trouve  pas  finalement  modifié  ;  qu'en  effet,  jusqu'au  3  décembre  2010,  la  situation  de  la  société
HERMÈS se caractérisait, tout d'abord, par l'absence de tout contrôle déclaré, dès lors que personne, et en
tout cas aucun « groupe familial », n'avait déclaré et encore moins revendiqué le contrôle du capital ou des
droits  de  vote  d'HÈRMÈS  ;  que  si  un  groupe  familial  de  concert  contrôlant  le  capital  de  HERMÈS  avait
réellement  existé,  ses  dirigeants  auraient  donc  dû  déclarer  que  la.  société  était  contrôlée,  avec  comme
seule conséquence l'obligation de donner la composition du « groupe familial de concert », sans obligation
de dépôt d'un projet d'offre publique ; que les membres du groupe familial de concert auraient simplement
dû,  d'une  part,  déclarer  le  franchissement  à  la  baisse  du  seuil  de  80  %  et,  d'autre  part,  lors  de  chaque
franchissement de seuil par ses diverses composantes, rappeler l'existence et la composition du concert ce
qui,  précisément,  n'a  pas  été  le  cas  ;  qu'à  l'opposé,  depuis  l'introduction  de  ses  actions  en  bourse,
HERMÈS et ses actionnaires familiaux ont constamment fait savoir au marché que le capital de la société
n'était  pas  contrôlé,  les  déclarations  de  franchissement  de  seuil,  seul  ou  de  concert,  effectuées  par  les
différents actionnaires familiaux ne dépassant pas le seuil de 10 % du capital d'HERMÈS, étant précisé que
la  seule  fois  où  un  actionnaire  a  franchi  le  seuil  de  10  %  de  droits  de  vote,  il  a  indiqué  qu'il  n'avait  pas
l'intention « d'acquérir le contrôle de la société HERMÈS » ; que, de la sorte, HERMÈS n'a jamais indiqué
qu'elle était une société contrôlée et que, jamais, à la connaissance du public tout au moins, l'AMF ne lui a
fait  d'observation  sur  ce  point  ;  qu'à  l'opposé,  dans  ses  notes  d'information  visées  par  l'AMF,  HERMÈS  a
précisé  qu'elle  n'était  pas  contrôlée  et  que,  dans  ses  documents  de  référence  annuels,  la  société  ne
distingue  même  pas  les  actionnaires  familiaux  des  autres  actionnaires,  comme  le  font  généralement  les
sociétés dont le capital est partiellement détenu par les membres d'une même famille mais, simplement,
les  actionnaires  détenant  plus  de  5  %  du  capital  des  autres  actionnaires  ;  que  l'ADAM  ajoute  que  la
situation  antérieure  se  caractérise,  ensuite,  par  l'absence  de  tout  concert  conférant  un  contrôle  et,  qu'à
supposer que HERMÈS soit contrôlée, cela ne pourrait être que par des actionnaires familiaux agissant de
concert  dans  le  cadre  du  «  groupe  familial  de  concert  »  dont  l'AMF  a,  pour  l'occasion,  relevé  l'existence,
après  avoir  visé  pendant  des  années  des  documents  faisant  état  d'une  absence  de  contrôle  ;  que,
cependant,  en  l'absence  d'accord  répondant  aux  conditions  exigées  par  l'article  L.  233­10  du  code  de
commerce  et  l'article  L.  233­  11  du  même  code,  une  telle  action  de  concert  n'est  pas  caractérisée  ;  que
l'ADAM précise ainsi qu'il n'est pas sérieusement contestable que HERMÈS n'est pas une société au capital
contrôlé  et  que,  si  les  actionnaires  familiaux  d'HERMÈS,  à  qui  aucune  volonté  de  tromper  le  marché  en
dissimulant une action de concert ne peut être imputée, n'ont jamais déclaré contrôler de concert HERMÈS,
«  c'est  tout  simplement  qu'ils  ne  la  contrôlaient  pas  de  concert  »,  n'ayant  aucune  raison  de  dissimuler
l'existence d'une action de concert si celle­ci était avérée ; que, par surcroît, les luttes d'influence existant
entre  les  actionnaires  familiaux  et  la  volonté  d'optimiser  la  gestion  de  leurs  patrimoines  propres,
notamment  au  plan  fiscal,  excluaient  toute  action  de  concert  ;  qu'alors  qu'à  l'origine,  le  statut  de
commandite  par  actions  était,  selon  eux,  censé  leur  assurer  une  protection  suffisante  contre  toute
offensive externe, comme l'indique le communiqué de l'AMF du 24 octobre 2010 consécutif à l'annonce de
la  prise  de  participation  de  LVMH,  pour  des  raisons  non  révélées,  tenant  vraisemblablement  à  des
préoccupations  divergentes  des  membres  de  la  famille,  ils  ont  majoritairement  changé  d'avis  le  3
décembre  2010  et  opté  pour  la  mise  en  place  d'une  holding  détenant  50,2  %  du  capital  de  la  société
HERMES ; que ce récent revirement ne permet pas pour autant de relever un contrôle dans le cadre d'un
concert  qui,  selon  leurs  propres  déclarations  n'a  jamais  existé  ;  qu'en  revanche,  selon  l'ADAM,  si
l'opération  projetée  est  réalisée,  HERMÈS  deviendra  une  société  contrôlée  par  la  holding  qui  détiendra
dans l'immédiat 50,2 % et, à terme, 62,8 % du capital ; qu'en application de l'article L. 233­10 II 4° du
CMF,  tous  ses  associés  contrôleront  de  concert  HERMES  et  du  fait  de  ce  contrôle  assuré  pour  une  durée
illimitée,  les  actions  HERMÈS  perdront  le  supplément  de  valeur  lié  à  l'absence  de  contrôle,  la  prime  de
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contrôle passant à la holding sans qu'elle ait pour autant été tenue de désintéresser les autres actionnaires

 
Que la requérante souligne, en dernier lieu, que la dérogation accordée par des motifs inopérants par l'AMF
est, par surcroît, contraire à plusieurs principes régissant les offres publiques ; 
 
Que tel est le cas, tout d'abord, de la transparence des marchés, dans la mesure où la décision valide le
passage  d'une  absence  de  contrôle  à  un  contrôle  par  une  société  holding  en  interdisant  le  libre  jeu  des
offres et des surenchères et porte ainsi atteinte au contrat d'investissement conclu avec les actionnaires,
de  manière  contradictoire  avec  les  messages  reçus  par  le  marché  sur  l'absence  de  contrôle  d'HERMÈS,
situation  désormais  remis  en  cause  par  l'opération  incriminée,  qui  aboutit  à  un  contrôle  pour  une  durée
indéterminée ; qu'à ce sujet, la requérante fait observer que, préalablement à l'introduction en bourse de
l'action  HERMÈS  en  1993,  une  holding  familiale  intermédiaire  a  été  absorbée  pour  «  améliorer  la
transparence financière par suppression du double niveau de holding » et que, le projet des demandeurs
étant  désormais  de  recréer  une  holding  intermédiaire  regroupant  les  participations  d'une  partie  des
membres  de  la  famille,  le  parallélisme  des  formes  exige  que,  dans  le  même  souci  de  transparence,  «  le
retour  à  une  forme  d'organisation  du  passé  s'accompagne  d'une  possibilité  offerte  aux  actionnaires
d'Hermès international de céder leurs actions dans le cadre d'une offre publique » ; 
 
Que l'ADAM affirme aussi que la dérogation accordée porte atteinte à l'égalité des actionnaires ainsi qu'à
l'intégrité du marché et à la protection de l'épargne ; qu'en effet, alors qu'à présent tous les actionnaires
commanditaires d'HERMÈS disposent des mêmes droits, et que, la société n'étant pas contrôlée, la liquidité
du  marché  de  l'action  est  assurée,  de  fait,  par  les  opérations,  notamment  les  ventes  des  actionnaires
familiaux, contexte dans lequel les actionnaires ont investi dans le cadre d'un contrat d'investissement, tel
ne  sera  plus  le  cas  désormais  dans  la  situation  du  contrôle  de  concert  des  demandeurs  au  travers  de  la
holding projetée, qui s'attribuera la prime de contrôle au détriment des actionnaires actuels et qu'alors, le
droit de vote des autres actionnaires sera dépourvu de toute valeur, HERMÈS cessant d'être un société «
opéable  »  ;  que,  dans  une  telle  situation,  la  liquidité  du  marché,  et  donc  son  intégrité,  deviendront
problématiques  et  que  les  intérêts  des  actionnaires  ayant  transféré  leur  participation  dans  la  SAS  de
contrôle  qui,  intéressés  par  le  contrôle,  ne  pouvant  pas  vendre,  seront  sensibles  aux  avantages,  en
particulier  fiscaux,  d'une  baisse  du  cours  du  titre,  divergeront  de  ceux  des  autres  actionnaires  qui,  à
l'opposé,  recherchent  une  valorisation  de  leurs  actions  ;  qu'ainsi,  en  accordant  aux  demandeurs  une
dérogation  qui  leur  donne  ou  donne  à  certains  d'entre  eux  un  pouvoir  qu'ils  n'ont  pas  aujourd'hui,  et  en
dévalorisant par là même la valeur des actions des autres actionnaires, la décision litigieuse porte atteinte
au principe d'égalité des actionnaires ; 
 
Considérant  que,  de  son  côté,  M.  Repplinger  poursuit  également  l'annulation  de  la  décision  déférée  en
prétendant aussi que l'AMF  n'a pas fait une juste appréciation des conditions de dérogation à l'obligation
de déposer un projet d'offre publique d'acquisition ; 
 
Que,  selon  ce  requérant,  cette  inexacte  appréciation  procède,  en  premier  lieu,  de  l'absence  de  contrôle
capitalistique  préexistant  ;  qu'en  effet,  la  dérogation  à  l'obligation  de  déposer  un  projet  d'offre  publique
d'acquisition  s'explique  par  le  fait  que  le  contrôle  n'est  pas  substantiellement  modifié  :  dès  lors  que  le
franchissement de seuil par la holding « sera actif, et les intérêts des actionnaires minoritaires ne seront
pas  protégés  autrement  »,  le  fondement  de  l'article  234­9,7°  repose  uniquement  sur  l'absence  de
changement  de  contrôle  d'HERMÈS  ;  qu'en  effet,  la  raison  d'être  de  l'obligation  de  déposer  un  projet
d'offre  publique  d'acquisition  étant  de  permettre  aux  actionnaires  minoritaires  d'exercer  leur  droit  de
retrait dans des conditions équitables lors d'un changement de contrôle, seule l'absence d'un changement
de  contrôle  peut  justifier  une  dérogation  à  cette  même  obligation  ;  qu'ainsi,  pour  que  l'AMF  accorde  une
dérogation  sur  le  fondement  d'une  opération  de  reclassement  ou  s'analysant  comme  un  reclassement
entre  sociétés  ou  personnes  appartenant  un  même  groupe,  il  est  nécessaire  que  l'AMF  constate  que  ce
groupe  contrôlait  au  préalable  la  société  visée  et  que  la  société  visée  demeure  contrôlée  par  ce  même
groupe  ;  qu'à  cet  égard,  il  convient  de  distinguer  le  contrôle  de  gestion  du  contrôle  capitalistique,  seul
considéré  pour  établir  l'existence  d'un  contrôle  au  sens  de  la  réglementation  applicable,  les  dispositions
des articles L. 433­3,1 du code monétaire et financier et 234­2 du RGAMF édictant une obligation d'offre
publique  raison  du  franchissement  du  seuil  du  tiers  du  capital  et  des  droits  vote  d'une  société,  fût­elle
constituée  sous  la  forme  d'une  société  en  commandite  par  actions,  de  sorte  qu'il  incombait  ainsi  à
l'Autorité de rechercher si les bénéficiaires contrôlaient le capital d'HERMÈS ; qu'en l'absence, en l'espèce,
de  contrôle  capitalistique  exclusif,  l'Autorité  devait  rechercher  si  les  bénéficiaires  contrôlaient
conjointement  HERMÈS  avant  ces  opérations,  et  donc  s'ils  agissaient  de  concert  ;  que  le  concert  ne
pouvant se déduire d'un simple parallélisme des comportements ou d'un état de fait, l'AMF était dès lors
tenue de relever l'existence d'un accord, consistant nécessairement en un acte juridique contraignant et,
qu'en ne le relevant pas, l'Autorité a violé les articles L. 233­3 III et L. 233­10 du code de commerce ainsi
que les articles 234­2 et suivants du Règlement général ; qu'au surplus, non seulement l'absence de cet
accord  n'est  pas  palliée  par  les  cas  de  présomption  d'un  accord,  mais  encore,  jusqu'à  la  demande  de
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dérogation,  les  bénéficiaires  ont  toujours  nié  l'existence  d'une  quelconque  action  de  concert  pouvant
donner  lieu  à  un  contrôle  conjoint  du  capital  d'HERMÈS,  ayant,  de  façon  constante,  procédé  à  des
déclarations  de  franchissement  de  seuils  sans  jamais  déclarer  les  actions  ou  les  droits  de  vote  possédés
par  leurs  sociétés  patrimoniales  respectives  et  les  documents  émanant  d'HERMÈS  mentionnant  l'absence
de  contrôle  ou  de  concert  ;  qu'au  demeurant,  dans  les  situations  où  des  tiers  cherchent  à  démontrer
l'existence dissimulée d'un concert, à l'encontre de concertistes cherchant à échapper à leurs obligations,
le  concert  est  en  effet  un  fait  juridique  pour  les  tiers  qui  peuvent  le  prouver  par  tout  moyen,  ce  qui
autorise  l'AMF  à  recourir  à  la  méthode  du  faisceau  d'indices  ;  que  cependant,  tel  ne  peut  être  le  cas  en
l'espèce, où les parties au prétendu accord souhaitent démontrer l'existence entre elles d'un accord qui, de
ce  fait,  doit  être  considéré  comme  un  acte  juridique  pour  les  bénéficiaires  et  dont  la  preuve  doit  être
rapportée  par  écrit,  conformément  à  l'article  1341  du  code  civil  ;  qu'en  tout  état  de  cause,  les  indices
retenus  par  l'AMF,  pris  seuls  ou  combinés,  ne  permettent  pas  de  prouver  l'existence  d'un  accord  en  vue
d'acquérir, de céder ou d'exercer des droits de vote pour mettre en oeuvre une politique commune vis­à­
vis  d'HERMÈS  ou  pour  obtenir  le  contrôle  d'HERMÈS  ;  qu'en  effet,  la  notion,  floue,  de  dépôt  par  les
bénéficiaires  de  leurs  actions  dans  les  caisses  de  la  SARL  Emile  Hermès  ne  constitue  pas  un  élément
pertinent,  alors  que  les  bénéficiaires  demeurent  propriétaires  de  leurs  actions  HERMÈS  et  continuent
d'exercer  individuellement  les  droits  de'  vote  qui  y  sont  attachés  sans  concertation  préalable  et  que,  par
surcroît, la présence des bénéficiaires au sein de Emile Hermès SARL peut s'expliquer par d'autres raisons
qu'une action de concert, en particulier le désir de ne pas être exclus de la gestion de cette société ; que
les liens de parenté pouvant unir les bénéficiaires ne sont pas non plus susceptibles de constituer l'indice
d'un  tel  accord,  alors  même  que  la  définition  d'un  groupe  familial  dont  il  n'a  jamais  été  fait  état  dans  la
documentation  d'HERMÈS  soulève  des  difficultés,  s'agissant  d'un  groupe  s'étendant  sur  six  générations,
avec trois branches distinctes issues du mariage de trois héritières de Emile HERMÈS et, qu'en tout état de
cause,  même  si  les  bénéficiaires  étaient  réputés  faire  partie  d'une  même  famille,  l'existence  d'un  lien  de
parenté entre les cinquante­deux bénéficiaires issus de familles différentes ne constitue pas un élément de
preuve d'un quelconque accord en vue d'acquérir, de céder ou d'exercer des droits de vote, pour mettre en
oeuvre  une  politique  commune  vis­à­vis  d'HERMÈS  ou  pour  obtenir  le  contrôle  de  la  société  ;  que,  ni  la
présence  et  l'implication  des  bénéficiaires  dans  la  gestion  d'HERMÈS,  ni  le  fait  que  ceux­ci  votent  de
manière convergente au sein de l'assemblée générale des associés commanditaires d'HERMÈS ne peuvent
constituer  l'indice  d'un  accord,  une  communauté  de  vue  entre  actionnaires  n'étant  pas  suffisante  pour
caractériser une action de concert, une majorité formée en assemblée générale pouvant en effet résulter
d'une rencontre purement conjoncturelle ou d'appréciations convergentes à un moment donné ; qu'enfin, à
aucun  moment,  les  bénéficiaires  de  la  dérogation  n'ont  expliqué  en  quoi  consistait  la  politique  commune
dont ils tentent de se prévaloir pour prouver un concert ; 
 
Que M. Repplinger affirme, en second lieu, que l'AMF n'a pas fait une juste appréciation des circonstances
du franchissement de seuil par la holding et par ses bénéficiaires ainsi que de la répartition du capital et
des droits de vote, portant par là même atteinte aux principes directeurs des offres publiques ; 
 
Que,  tout  d'abord,  selon  le  requérant,  l'appréciation  incorrecte  portée  par  l'AMF  sur  les  circonstances  du
franchissement de seuil par la holding n'est pas conforme : 
 
­  en  premier  lieu,  au  principe  de  protection  des  actionnaires  minoritaires,  du  fait  que  les  opérations
envisagées  conduiront  à  placer  HERMÈS  sous  le  contrôle  de  la  holding,  sans  pour  autant  permettre  aux
actionnaires  minoritaires  qui  le  souhaitent  de  sortir  du  capital  à  des  conditions  équitables  via  une  offre
publique  d'acquisition,  le  non­respect  de  ce  principe,  sous­jacent  à  l'obligation  de  déposer  une  offre
publique,  entraînant  pour  lui  comme  pour  les  autres  actionnaires  minoritaires  un  préjudice  certain  et
l'apparition  d'un  actionnaire  de  contrôle  ayant  par  surcroît  pour  conséquence  de  réduire  la  capacité
d'intervention des actionnaires minoritaires ; 
 
­  en  deuxième  lieu,  au  principe  d'égalité  de  traitement  des  actionnaires,  du  fait  que  le  transfert  par  les
bénéficiaires d'une partie de leurs actions HERMÈS à la holding suppose l'organisation d'une « offre privée
d'échange », qui ne s'adressera qu'aux bénéficiaires et dont sont exclus les actionnaires minoritaires de la
société,  étant  par  surcroît  précisé  que  la  holding  devenant  majoritaire  au  sein  des  assemblées  générales
d'HERMÈS,  il  est  à  craindre  que  les  décisions  prises  par  ces  assemblées  ne  cherchent  qu'à  satisfaire  les
intérêts des bénéficiaires, spécialement en ce qui concerne les dividendes ; 
 
­ en troisième lieu, aux principes, pourtant inhérents au régime des offres publiques, de transparence, de
loyauté  et  de  libre  jeu  de  la  concurrence,  en  ce  que  la  décision  critiquée  d'octroi  de  la  dérogation,  qui
constate  l'existence  d'une  action  de  concert  non  déclarée,  ne  tire  pas  les  conséquences  du  grave
manquement à l'obligation d'information du marché, constatée par l'AMF au niveau du souhait d'une « plus
grande  précision  sur  la  définition  du  groupe  familial  »,  allant  au­delà  des  déclarations  des  intéressés
pourtant publiées dans des documents officiels destinés au marché, pour satisfaire à leurs demandes ; que
M.  Repplinger  précise  que  les  déclarations  faites  au  marché  sur  l'absence  de  contrôle  au  sein  d'HERMES
ont eu une incidence réelle sur les conditions de son investissement et de son entrée au capital de cette
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société  et  que,  dans  ces  conditions,  il  serait  inéquitable  que  la  décision  de  l'AMF  prenne  en  compte  de
fausses  déclarations  de  contrôle  pour  accorder  la  dérogation  demandée  ;  que  M.  Repplinger  ajoute,  par
ailleurs,  que  la  fermeture  du  capital  examinée  en  l'espèce,  en  empêchant  toute  prise  de  contrôle  par  un
tiers, entraînera une perte de valeur par rapport à la situation où cette société serait demeurée « opéable
»,  ce  qui  conduira  à  une  réduction  de  la  liquidité  des  titres  détenus  par  les  actionnaires  minoritaires  qui
seront  privés  du  bénéfice  d'un  prix  de  prise  de  contrôle  fixé  par  le  libre  jeu  du  marché  et  des  offres  de
surenchères ; 
 
Qu'ensuite,  selon  M.  Repplinger,  l'Autorité  n'a  pas  fait  une  juste  appréciation  de  la  modification  en
profondeur de la répartition actuelle du capital et des droits de vote d'HERMÈS, caractérisée par le fait que
le capital n'est contrôlé par aucun actionnaire, alors que l'opération envisagée conduira à une « détention
capitalistique  ultime  majoritaire  »  par  la  holding,  la  nouvelle  actionnaire  ;  que  l'équilibre  actionnarial
préexistant s'en trouvera bouleversé et que les actionnaires n'appartenant pas au groupe constitué parles
bénéficiaires  deviendront,  à  la  suite  de  l'apparition  d'un  «  actionnaire  contrôlant  »,  des  actionnaires
minoritaires ne disposant, tout au plus, que du solde de 17 %, ce qui signifierait, qu'à terme, ils n'auraient
pas  vocation  à  devenir  majoritaires,  ni  même  à  bénéficier  d'un  flottant  satisfaisant  leur  assurant  une
liquidité du titre à des conditions équitables ; que M. Repplinger précise aussi que la constitution de cette
holding par les demandeurs est, en réalité, destinée à éviter une nouvelle intrusion hostile dans le capital
d'HERMÈS,  dans  lequel  ils  souhaitent  radicalement  et  définitivement  modifier  leur  mode  de  participation
qui, jusqu'alors, s'est en effet avéré impropre à empêcher l'entrée de LVMH ; que, dès lors, l'existence de
ce  moyen  de  défense  contre  une  OPA  hostile  prouve  que  HERMÈS  se  pensait  «  opéable  »,  ce  qui  exclut
donc  tout  contrôle  préexistant  du  capital  ou  des  droits  de  vote  d'HERMES  par  les  bénéficiaires  de  la
dérogation  ;  que,  dans  ces  conditions,  les  opérations  devraient  donc  consister,  non  en  une  dérogation,
mais en une offre publ ique obligatoire afin de lui permettre, ainsi qu'aux autres actionnaires minoritaires
qui n'ont pas consenti à cette modification de la répartition de l'actionnariat, de sortir du capital d'Hermès
à  des  conditions  équitables  ;  que  le  requérant  affirme,  enfin,  que  l'octroi  de  la  dérogation  emporte  des
conséquences  préjudiciables  pour  le  marché,  compte  tenu  de  la  diminution  de  la  liquidité  des  actions
HERMES, qui pèsera durablement sur la valeur des titres, et que l'octroi d'une dérogation à l'obligation. de
déposer  un  projet  d'offre  publique  revient  à  limiter  sérieusement  son  droit  d'investissement,  ce  qui  est
ainsi contraire à l'intérêt du marché et des investisseurs et/ou des stratégies d'investissement à court et
/ou long terme, la répartition de l'actionnariat, dont notamment l'absence d'un actionnaire de contrôle au
sein  d'HERMÈS  constituant  un  des  éléments  du  «  contrat  d'investissement  »  auquel  il  a  souscrit  et  qui
s'avère profondément modifié par les opérations en question ; 
 
Mais considérant que c'est par des appréciations pertinentes, que la cour fait siennes, que l'AMF a décidé
que  les  demandeurs  à  la  dérogation  font  partie  d'un  groupe  familial,  dont  le  projet  de  regrouper  une
participation  majoritaire,  provenant  principalement  des  actions  déposées  dans  les  caisses  sociales  de
l'associé commandité, Emile Hermès SARL, au profit d'une holding, peut s'analyser comme une opération
de  reclassement  entre  personnes  appartenant  à  un  même  groupe,  sans  incidence  sur  le  contrôle  de  la
société  HERMES  et  que,  sur  ces  bases,  en  application  des  articles  234­  8,  234­9  7°  et  234­10  du
Règlement  général  de  l'AMF,  l'Autorité  a  accordé  au  groupe  familial  Hermès,  tel  que  défini  par  les
demandeurs, la dérogation à l'obligation de dépôt d'un projet d'offre publique ; 
 
Considérant  que,  comme  l'Autorité  l'a  relevé  à  titre  liminaire,  il  n'est  ni  contesté  ni  contestable  que  la
réglementation sur les offres publiques est pleinement applicable aux sociétés en commandite par actions
et que, dans ce cadre, il importe en effet de rechercher si, au regard des exigences fixées par l'article 234­
9 du Règlement général de l'AMF, les demandeurs à la dérogation pouvaient être effectivement considérés
comme constituant un groupe d'actionnaires familiaux, associés commanditaires et contrôlant le capital de
la société ; 
 
Considérant  qu'à  cet  égard,  il  est  exact,  comme  le  soulignent  les  requérants  et  comme  l'Autorité  elle­
même n'a pas manqué de le relever, tout en observant aussi, de son côté, que la communication adressée
au  public  mettait  l'accent  sur  les  caractéristiques  particulières  de  la  société  HERMÈS  procédant  de  son
statut de commandite familiale, que : 
 
­ hormis le document de référence de la société HERMES relatif à l'exercice 2009, les documents émanant
de  la  société  ou  des  membres  de  la  famille  ne  mentionnent  pas  formellement  l'existence  d'un  groupe
familial et que les déclarations de franchissements de seuils faites par des membres de la famille retracent
uniquement des détentions individuelles ; 
 
­ des documents émanant de la société­notes d'information relatives à la mise en oeuvre de programmes
de rachat dont la dernière remonte à 2005 mentionnent l'absence de contrôle ; 
 
Considérant, cependant, que les affirmations formulées par les demandeurs à la dérogation au soutien de
leur  requête,  puis  réitérées  dans  leurs  écritures  déposées  devant  la  cour,  suivant  lesquelles  «  l'existence
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d'un  groupe  familial  est  incontestable  et  a  toujours  été  de  notoriété  publique  »,  ne  sont  pas  pour  autant
dénuées de portée ; 
 
Considérant,  en  effet,  que  le  mécanisme  de  pouvoir  résultant  des  statuts  de  société  en  commandite  par
actions  et  la  concentration  des  pouvoirs  stratégiques  et  de  gestion  entre  les  mains  de  l'associé
commandité,  la  société  Emile  Hermès  SARL,  qui  permettent  de  retenir,  pour  HERMÈS,  la  qualification  de
commandite  familiale,  figurent  depuis  le  rapport  annuel  2006,  soit  postérieurement  à  l'entrée  en  vigueur
de  l'article  L.  225­100­3  du  code  de  commerce,  dans  la  partie  relative  aux  éléments  susceptibles  d'avoir
une incidence en cas d'offre publique : 
 
« HERMES international est une société en commandite par actions et bénéficie à ce titre des particularités
de cette forme sociale dont certaines, légales ou statutaires, sont susceptibles d'avoir une incidence en cas
d'offre publique et notamment : 
 
­ la désignation et la révocation des gérants sont de la compétence exclusive de l'associé commandité ; 
 
­  l'obligation  pour  Emile  Hermès  SARL,  associé  commandité,  de  maintenir  dans  ses  statuts  un  certain
nombre de dispositions concernant sa forme sociale, son objet et les conditions à respecter pour déténir la
qualité d'associé [...] ; 
 
­ aucune décision des assemblées des commanditaires (actionnaires) n'est valablement prise si elle n'a pas
été approuvée par la société commandité et au plus tard à la clôture de ladite assemblée » ; 
 
Que  la  forme  de  la  société  en  commandite  par  actions,  dans  un  premier  temps,  puis  la  description  des
pouvoirs  d'Emile  Hermès  SARL  ­  et  notamment  ceux  de  nommer  et  de  révoquer  les  gérants  ­  dans  un
second temps, figuraient également dans les notes afférentes au programme de rachat d'actions publiées
par  la  société,  les  membres  du  groupe  familial  pouvant  ainsi  affirmer  que  la  société  a  décrit  son
organisation  juridique  plutôt  que  de  la  qualifier  en  termes  de  contrôle  «  afin  que  le  public  ait  une
information transparente sur la situation et les conditions du contrôle qui sont en l'occurrence atypiques »
; 
 
Qu'en  ce  qui  concerne  l'information  proprement  dite  sur  la  participation  détenue  dans  HERMÈS,  il  est
constant  que  la  note  d'introduction  en  bourse,  de  même  que  les  rapports  annuels  de  1993  et  1994  font
état de la répartition du capital et des droits de vote en distinguant « le groupe familial Hermès » et le «
public » et que le document de référence de la société pour 2009, qui constitue l'information à jour, affiche
ainsi la participation familiale : « A la connaissance de la société, la somme des actions détenues par les
membres de la famille Hermès représente environ 73 % du capital social » ; 
 
Qu'en  ce  qui  concerne  enfin  l'information  sur  la  présence  de  membres  du  groupe  familial  au  sein  des
organes sociaux, que la présentation des informations relatives aux mandataires sociaux traduit également
la présence de ce groupe, dès lors que les documents de référence font mention du critère d'appartenance
à la famille, chaque mandataire social étant présenté en fonction de ses liens avec la famille Hermès ; 
 
Considérant  qu'au­delà  de  ces  affirmations  sur  l'existence  d'un  groupe  familial,  à  tout  le  moins
apparemment  structuré  autour  de  la  société  Hermès  SARL,  l'Autorité,  estimant  qu'une  plus  grande
précision sur la définition du groupe familial eût, malgré tout, été préférable, a été légitimement conduite à
décider  que  la  démonstration  de  l'existence  d'un  groupe  familial,  le  cas  échéant  de  concert,  pouvait
résulter  d'autres  éléments  que  les  seules  déclarations  des  intéressés  ;  que  c'est  ainsi  que  le  collège  a
relevé : 
 
­  que  le  groupe  familial  détient  au  jour  de  sa  décision  62,8  %  du  capital  et  71,9  %  des  droits  de  vote
d'Hermès,  soit  une  très  large  part  ­  plus  de  85  %  ­  du  total  des  actions  HERMÈS  détenue  par  tous  les
membres  de  la  famille  Hermès,  qui  détiennent  au  total  plus  de  70  %  du  capital  ;  que  les  demandeurs
personnes physiques sont tous associés d'Emile Hermès SARL et exercent ensemble des pouvoirs dévolus
à  celle­ci  en  qualité  d'unique  associée  commanditée,  les  membres  du  conseil  de  gérance  étant
exclusivement issus de cette société ; qu'ils ont accepté de déposer leurs actions Hermès dans les caisses
sociales  d'Emile  Hermès  SARL  ;  que  ce  dépôt,  bien  que  les  associés  de  cette  société  puissent  reprendre
leurs actions à tout moment et qu'ils en demeurent % propriétaires, exerçant à ce titre les droits de vote
attaché auxdites actions HERMÈS est librement consenti par les demandeurs, ce qui constitue un indice de
leur volonté de diriger ensemble la société ; 
 
­ que les actions HERMES déposées dans les caisses d'Emile Hermès SARL représentent 57,25 % du capital
au 30 novembre 2010 ; que ce dépôt a représenté plus de 50 % du capital et les droits de vote de façon
quasi­continue depuis l'introduction en bourse de la société HERMÈS intervenue en 1993, étant précisé que
le groupe familial a toujours détenu plus de 50 % du capital et des droits de vote d'Hermès ; 
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­  que  les  membres  du  conseil  de  surveillance  d'HERMÈS,  lequel  représente  les  associés  commanditaires,
sont majoritairement issus de la famille Hermès depuis au moins 2006 et sont signataires des accords du 3
décembre  2010,  étant  souligné  que  l'intégralité  des  associés  d'Emile  Hermès  SARL  et  des  membres  du
conseil de gérance ont souscrit auxdits accords ; 
 
­  que  les  demandeurs  sont  impliqués  dans  la  gestion  de  la  société,  puisque  25  personnes  exercent
actuellement  des  fonctions  de  salariés  ou  de  mandataires  sociaux  dans  les  sociétés  du  groupe  HERMÈS,
que  17  d'entre  eux  sont  membres  du  conseil  de  gérance  d'Emile  Hermès  SARL  ou  du  conseil  de
surveillance d'HERMÈS, soit au total 33 personnes parmi les demandeurs ; 
 
­  qu'au  sein  de  l'assemblée  générale  des  associés  commanditaires  d'HERMÈS,  les  demandeurs  votent  de
manière  convergente  ;  qu'en  outre,  ils  déterminent  en  fait  les  décisions  prises  lors  des  assemblées
générales ; qu'à cet égard, les pourcentages que représentent en assemblée générale d'HERMÈS les votes
des  membres  du  groupe  familial  en  faveur  des  résolutions  présentées  ont,  depuis  2007  au  moins,
représenté plus de deux tiers des voix exprimées ; 
 
­  que  le  projet  de  regroupement  des  participations  du  groupe  familial  dans  la  holding  ne  donnera  lieu  à
aucune modification de la composition des organes sociaux de la société HERMÈS ; 
 
­ que les éléments fournis par les demandeurs montrent que les conditions dans lesquelles les membres du
groupe  familial  exercent  leurs  pouvoirs  au  sein  d'HERMÈS  sont  demeurées  stables  dans  le  temps­
participation  consolidée  de  la  famille,  titres  HERMÈS  en  dépôt  chez  Emile  Hermès  SARL,  stabilité  des
organes sociaux, présence importante de la famille au sein des organes sociaux d'HERMÈS, cette stabilité
devant  s'apprécier  nonobstant  «  l'évolution  des  générations  »  qui  ne  remet  pas  en  cause  pour  autant  ce
rôle familial ; 
 
Considérant que, rapprochés et analysés de manière conjuguée, ces éléments constituent autant d'indices
concordants,  procédant  tant  de  réalités  objectives  que  d'une  communauté  de  comportement,  qui
traduisent effectivement la mise en oeuvre par les membres du groupe familial d'une politique commune,
continue  et  réitérée,  vis­à­vis  d'HERMÈS,  dont  ils  déterminent  les  orientations  stratégiques,  notamment
par l'exercice des droits de vote des demandeurs et leur présence majoritaire au sein des organes sociaux
; 
 
Que,  contrairement  à  ce  qu'affirment  les  actionnaires  minoritaires,  l'Autorité  a  relevé  à  juste  titre  que,
pour autant, ces éléments ne reposent pas sur les seuls liens de parenté entre les demandeurs, ni sur le
seul  contrôle  de  l'associé  commandité  par  ces  derniers,  et  qu'ils  sont  largement  antérieurs  au  contexte,
précédemment  rappelé,  dans  lequel  s'inscrivent  les  accords  du  3  décembre  2010  et  la  demande  de
dérogation déposée le 6 décembre 2010 ; 
 
Que,  dès  lors,  l'Autorité  était  en  droit  de  conclure,  sans  être  tenue  d'exiger  par  surcroît  la  preuve  d'un
accord formel et contraignant conclu entre les membres du groupe, que ceux­ci agissent ensemble comme
un groupe familial de concert au sens des dispositions de l'article L. 233­ 10 du code de commerce pour la
mise en oeuvre de la même politique et qu'ils contrôlent ensemble la société HERMÈS ; 
 
Considérant  qu'au  rebours  de  ce  que  soutiennent  M.  Repplinger  et  l'ADAM,  le  comportement  et  l'action,
dans la durée, des demandeurs à la dérogation à l'égard d'HERMÈS, suffisent à caractériser l'appartenance
à  un  groupe  au  sens  de  l'article  234­9  du  Règl.  AMF,  qui  n'exige  pas  qu'un  tel  groupe,  distinct  de
l'ensemble  des  membres  de  la  famille  Hermès  détenant  une  participation  dans  le  capital  de  la  société,
présente  les  caractéristiques  mises  en  exergue  par  les  requérants  telles  que,  notamment,  une
représentation complète et homogène des différentes branches de cette famille ainsi qu'une structuration
ou une révélation particulières ; 
 
Qu'au surplus, c'est à tort que M. Repplinger critique la pertinence de la prise en compte du dépôt par les
demandeurs de leurs actions HERMÈS dans les caisses sociales de Emile Hermès SARL comme un indice de
la  volonté  des  membres  du  groupe  familial  de  diriger  ensemble  la  société  HERMÈS,  dès  lors  qu'il  est
constant que, comme l'a constaté l'AMF : 
 
­  ce  dépôt,  librement  consenti,  a  représenté  plus  de  50  %  du  capital  et  des  droits  de  vote  de  façon
continue depuis l'introduction en bourse d'HERMÈS en 1993, le groupe familial ayant par ailleurs toujours
détenu plus de 50 % du capital et des droits de vote d'HERMÈS, 
 
­ et qu'il est constant, par surcroît, qu'alors que les associés de la société Emile Hermès SARL, comme les
statuts de cette société les autorisaient pourtant à le faire, n'ont jamais manifesté le souhait de soustraire
leurs titres Hermès des caisses sociales de la société ; 
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Qu'au demeurant, au regard de la mise en oeuvre par l'Autorité de la méthode du faisceau d'indices en vue
d'apprécier la réalité de l'existence préalable d'un contrôle familial qui ne sera pas modifié, il importe peu
que,  pris  isolément,  certains  des  éléments  retenus  puissent,  le  cas  échéant,  être  considérés  comme  ne
présentant pas un caractère suffisamment probant ; 
 
Qu'il importe peu, également, que l'AMF ait antérieurement apposé son visa sur des notes d'informations
relatives  à  des  programmes  de  rachat,  dont  la  dernière  a  été  mise  en  oeuvre  par  HERMÈS  en  2005,
mentionnant l'absence de contrôle de la société, dès lors que, plus de cinq ans plus tard, le collège a été
saisi,  cette  fois­ci  en  application  de  l'article  234­9  du  Règlement  général  de  l'Autorité  des  marchés
financiers, d'une demande distincte de dérogation fondée sur d'autres éléments de fait et de droit ; 
 
Qu'à  cet  égard,  il  est  constant  que  le  contrôle  de  la  gestion  et  de  la  direction  de  cette  commandite  par
actions, qui appartient à l'associé commandité statutairement détenue par le seul groupe familial Hermès,
ne  sera  pas  modifié  et  qu'il  en  va  de  même  concernant  le  contrôle  du  capital  dès  lors  qu'à  l'issue  des
opérations de reclassement la holding détiendra 50,2 % du capital d'HERMÈS et au moins autant en droits
de vote et qu'elle bénéficiera d'un droit prioritaire portant sur les actions qui seront détenues par le groupe
familial Hermès et qui ne lui seront pas transférées, soit environ 12,6 % du capital ; que, non seulement,
la holding dont le capital sera détenu, directement et indirectement, par le groupe familial aura donc ainsi
le contrôle du capital de la société HERMÈS postérieurement au reclassement, mais encore que, comme l'a
constaté l'Autorité dans sa décision, le projet de regroupement des participations du groupe familial dans
la  holding  ne  donnera  lieu  à  aucune  modification  de  la  composition  des  organes  sociaux  de  la  société
HERMÈS ; 
 
Et  considérant  que  l'ADAM  et  M.  Repplinger  invoquent  en  vain  l'irrégularité  de  la  décision  entreprise  au
regard des principes généraux du droit boursier ; 
 
Considérant que, s'il est vrai que l'article L. 621­1 du code monétaire et financier précise que l'AMF a pour
mission de veiller à « l'information des investisseurs et au bon fonctionnement des marchés d'instruments
financiers  »,  il  n'en  demeure  pas  moins  que  les  principes  dont  se  prévalent  les  requérants  sont  des  «
principes directeurs des offres », édictés en vue des procédures d'offre publique par l'article 231­1 du Règl.
AMF,  qui  énonce  :  «  En  vue  d'un  déroulement  ordonné  des  opérations  au  mieux  des  intérêts  des
investisseurs  et  du  marché,  toutes  les  personnes  concernées  par  une  offre  doivent  respecter  le  libre  jeu
des  offres  et  de  leurs  surenchères,  d'égalité  de  traitement  et  d'information  des  détenteurs  des  titres  des
personnes  concernées  par  l'offre,  de  transparence  et  d'intégrité  du  marché  et  de  loyauté  dans  les
transactions et la compétition » ; 
 
Or  considérant  qu'en  l'espèce,  l'Autorité  était  saisie  d'une  demande  de  dérogation  à  l'obligation  de  dépôt
d'une  telle  offre,  dont  il  vient  précisément  d'être  démontré  qu'elle  répondait  aux  exigences  fixées  par
l'article  234­9  du  Règlement  général  de  l'AMF  touchant  à  l'existence  d'une  opération  de  reclassement,
entre  personnes  appartenant  à  un  même  groupe  dans  des  circonstances  où  le  contrôle,  avéré,  de  la
société HERMÈS, n'a pas été modifié ; 
 
Qu'en  réalité,  sous  couvert  de  griefs  touchant  au  non­respect  de  certains  principes  du  droit  boursier,  les
requérants formulent à nouveau à l'encontre de la décision de l'AMF des critiques, dont la pertinence n'a
pas été reconnue, sur l'absence de contrôle de concert des demandeurs ; 
 
Qu'au  demeurant,  la  décision  critiquée  n'est  susceptible  de  porter  atteinte,  ni  à  l'égalité  des  actionnaires
de  la  société  concernée,  principe  qui  doit  s'apprécier  au  regard  d'une  situation  identique,  laquelle  n'est
précisément pas établie en l'espèce, dès lors que les demandeurs à la dérogation, membres d'un groupe
familial  contrôlant  de  concert  HERMES,  ne  se  trouvent  pas  dans  la  même  situation  que  M.  Repplinger  et
l'ADAM,  ni  aux  principes  précités  de  transparence,  d'intégrité  et  de  loyauté,  dans  la  mesure  où,  en
l'espèce, l'Autorité n'était pas conduite à vérifier les conditions d'information du marché en période d'offre
publique ; 
 
Considérant qu'il résulte de ce qui précède que les recours seront rejetés ; 
 
Par ces motifs 
 
Rejette la demande de communication de pièces formulée par M. Repplinger, 
 
Rejette les recours de l'ADAM et de M. Repplinger, 
 
Condamne l'ADAM et M. Repplinger aux dépens 
 
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M.  Remenieras,  cons.  ff  de  prés.  de  la  chambre  ;  Mmes  Tardif,  Beaudonnet,  cons.  ;  SCP  Grappotte­
Benetreau et Pelit­Jumel, Me Geniteau, av. 
 
Note
 
Curieux  arrêt  ­  tout  de  même  ­  que  cet  arrêt  de  la  cour  de  Paris  du  15  septembre  2011 (1).  Non  pas
tellement parce qu'il se borne à reproduire la plupart des considérants qui avaient été adoptés les 6 et 7
janvier  2011  par  l'AMF (2)  au  soutien  de  sa  décision  d'accorder  aux  cinquante­deux  demandeurs  (tous
membres  de  la  famille  Hermès)  le  bénéfice  de  la  «  dérogation  »  qu'ils  sollicitaient  sur  le  fondement  de
l'article  234­9,  7°  du  Règlement  général  de  l'Autorité  des  marchés  financiers (3)  (encore  que  l'on  peut
être  d'accord  avec  l'autorité  des  marchés  financiers  sans  se  résoudre  à  pratiquer  l'exercice  du
copier/coller), mais parce que, sur le fondement d'un concept nouveau, qui serait celui du « concert de fait
» (donc du concert qui aurait existé « en fait » entre les demandeurs à la dérogation), il accepte de leur
accorder le bénéfice d'une dérogation alors que, dans le même temps, il est amené à sous­entendre qu'ils
se seraient rendus coupables d'un certain nombre de violations de ce même Règlement général (défaut de
déclaration de l'action de concert, défaut de déclaration des multiples franchissements de seuils réalisés de
concert,  etc.).  En  d'autres  lieux,  mais  sous  d'autres  latitudes,  ces  mêmes  manquements  à  l'obligation
d'information du marché ont entraîné, on s'en souvient, des sanctions plus sévères. 
 
Au cas particulier, les demandeurs (cinquante­deux personnes au total, toutes membres de la « famille »
Hermès),  représentant  ensemble  62,8  %  du  capital  social  et  71,9  %  des  droits  de  vote  de  Hermès
International (une société en commandite par actions), avaient conclu, le 3 décembre 2010, sous condition
suspensive de l'obtention d'une dérogation à l'obligation d'avoir à déposer un projet d'offre publique sur les
titres  de  la  SCA,  un  accord  par  lequel  ils  s'étaient  engagés  à  (i)  transférer  une  partie  de  leurs  actions
Hermès International à une holding familiale appelée à détenir 50,2% du capital de la SCA et ­ au moins ­
autant  de  droits  de  vote  et  à  (ii)  consentir  à  cette  holding  familiale  (à  créer)  un  droit  prioritaire
d'acquisition sur les actions qui ne lui auraient pas été transférées (soit, environ, 12,6 % du capital). En
conséquence de cette opération, la holding franchirait à la hausse le seuil du tiers (aujourd'hui des trois­
dixièmes)  du  capital  et  des  droits  de  vote  de  Hermès  International  et  était  donc  en  position  de  devoir
déposer  un  projet  d'offre  publique  obligatoire  portant  sur  tous  les  titres  de  capital  ou  donnant  accès  au
capital  de  la  SCA  (art.  234­2  du  RG  AMF).  Les  demandeurs  sollicitaient  donc  de  l'AMF  le  bénéfice  d'une
dérogation  à  cette  obligation  sur  le  fondement  de  l'article  234­9,  7°  du  RG  AMF  qui  prévoit  la  possibilité
d'accorder  une  telle  dérogation  en  cas  «  d'opération  de  reclassement,  ou  s'analysant  comme  un
reclassement, entre sociétés ou personnes appartenant à un même groupe » (4). 
 
La cour de Paris, reprenant un à un les arguments avancés par l'Autorité des marchés financiers, qui avait,
dans la décision précitée, accordé aux cinquante­deux demandeurs le bénéfice de la dérogation sollicitée,
confirme la décision de l'AMF motif tiré qu'il aurait existé entre les membres de la famille Hermès (ou, plus
exactement, les cinquante­deux demandeurs à la dérogation) une sorte de « concert de fait » (à défaut de
tout accord contraignant qui en serait le socle) (I) justifiant, à lui seul, que la dérogation puisse leur être
accordée  puisque  le  projet  de  constitution  du  holding  n'entraînerait  pas,  de  fait,  le  moindre  changement
dans le contrôle de la commandite par actions (II) 
 
I. Où il est établi que le concert « de fait » existerait
Comme l'Autorité des marchés financiers, en son temps, la cour de Paris accepte d'entrer dans le débat qui
consiste à savoir si la société en commandite par actions se prête, à raison de sa forme et, plus encore, de
son organisation, à un changement de contrôle au sens du droit des offres publiques. Et, comme l'Autorité
des  marchés  financiers,  elle  répond  que  «  oui  »  alors  qu'il  eût  été  tout  aussi  convaincant  de  répondre  à
cette première question par la négative... et de clore ­ par ce biais ­ le débat. 
 
A.  L'offre  publique  obligatoire  n'est  pas  exclue  du  droit  applicable  à  la  société  en  commandite
par actions
 
Une  première  façon  de  penser  serait  de  dire  que,  quoiqu'il  arrive  du  côté  des  actions,  et  donc  des
actionnaires commanditaires, aucun changement de contrôle ne peut en résulter dans une commandite par
actions car le contrôle serait toujours, dans ce type de société, entre les mains des associés commandités
(de la SARL Emile Hermès, au cas particulier), non entre celles des actionnaires commanditaires (5). Et,
de fait, les pouvoirs détenus par l'associé commandité (surtout lorsqu'il est seul) dans une commandite par
actions sont à ce point considérables qu'il est assez tentant d'en déduire qu'il contrôle ­ seul ­ la société,
au  sens  de  l'article  L.  233­3  du  code  de  commerce,  parce  qu'il  maîtrise  ­  seul  ­  la  plupart  des  décisions
collectives.  C'est  ainsi  qu'aucune  décision  collective  (ou  peu  s'en  faut)  ne  peut  être  adoptée,  dans  une
société en commandite par actions, serait­elle modificative des statuts, sans le consentement de l'associé
commandité (6) (sauf le droit pour les commanditaires de procéder, seuls, à la désignation des membres
du conseil de surveillance (7), lequel n'est toutefois, comme son nom l'indique, qu'un organe chargé du

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contrôle  de  la  gestion  de  la  commandite,  non  de  sa  direction).  Au  résultat,  quelle  que  soit  la  quotité  de
capital  (ou  de  droits  de  vote)  dont  pourrait  disposer  un  actionnaire  commanditaire,  agissant  seul  ou  de
concert avec d'autres commanditaires, il ne détiendra jamais le droit de déterminer, seul ou de concert, le
sens des décisions collectives au sens de l'article L. 233­3, I, II ou III du code de commerce (sauf le droit
qu'il  pourrait  avoir,  selon  les  circonstances,  de  nommer  seul  ou  de  révoquer  seul,  ou  en  agissant  de
concert avec d'autres, la « majorité des membres » du conseil de surveillance au sens de l'article L. 233­3,
I,  4°  du  même  code (8)).  Mieux,  même,  le  ou  les  associés  commandités  peuvent  s'arroger  le  droit  de
nommer, seul(s), le ou les gérants de la société puisque la disposition qui voudrait qu'il soit nommé par les
deux  catégories  d'associés  n'est  pas  d'ordre  public  (art.  L.  226­2,  al.  2)  et  qu'il  est  assez  fréquent  en
pratique  qu'une  clause  des  statuts  réserve  ce  droit  (comme  c'était  le  cas  en  l'espèce)  aux  associés
commandités ; lesquels contrôlent alors la société, au moins au sens de l'article L. 223­3, I, 4° (préc.). 
 
S'arrêter là, toutefois, eût été à la fois politiquement très incorrect (autant dire en effet que les sociétés en
commandite par actions ne seraient pas concernées par le droit des offres publiques, donc que leurs titres
ne devraient pas être admis aux négociations sur un marché réglementé) et juridiquement inexact puisque
la SCA se prête, tout au contraire, à une figure originale de « co­contrôle » (qui n'est toutefois pas celle du
contrôle  conjoint)  en  ce  sens  (et  c'est  l'histoire  éternellement  recommencée  du  verre  «  à  moitié  plein,  à
moitié vide ») que, quels que soient les pouvoirs importants dont pourrait disposer un associé commandité
dans  une  commandite  par  actions,  il  n'en  reste  pas  moins,  ainsi  que  le  relève  la  cour  de  Paris,  que  les
commanditaires  ont,  eux  aussi,  des  pouvoirs  «importants  »  :  celui  de  faire  obstacle  à  l'adoption  d'une
décision collective, par exemple (9) ; ou celui ­ et bien sûr ­ de pouvoir nommer, seuls, les membres du
conseil  de  surveillance  de  la  société  (soit  une  forme  de  contrôle  au  sens  de  l'article  L.  233­3,  I,  4°,
précité). 
 
C'est donc à juste titre que, après que l'AMF l'ait elle­même relevé, la cour de Paris choisit d'enfoncer le
clou en soulignant, comme l'on s'y attendait, que les commanditaires disposent, eux aussi, de pouvoirs «
importants » dans une commandite par actions (v. supra) ; que le contrôle, au sens de l'article L. 233­3 du
code de commerce, ne se réduit pas au pouvoir de nommer les dirigeants ou la majorité des dirigeants de
la société (art. L. 233­3, 4°) mais s'exprime également, et surtout, en termes de capital et de nombre de
droits  de  vote  détenus  au  sein  des  assemblées  (seraient­elles  celles  des  actionnaires  commanditaires
(10)) ; ou que, surtout, les articles L. 433­1 du code monétaire et financier et 234­2 du RG AMF imposent
de déposer un projet d'offre publique obligatoire en cas de franchissement du seuil de 30 % (en capital ou
en droits de vote) ; ce qui, évidemment, ne peut que concerner ­ aussi ­ les actionnaires commanditaires
d'une  société  en  commandite  par  actions,  peu  important  l'imperfection  (ou  l'inadaptation)  de  l'article  L.
233­3 à cette forme de société. 
 
Aussi la cour de Paris finit­elle par poser, comme l'avait fait l'AMF avant elle, qu'il n'est « ni contesté, ni
contestable  que  la  réglementation  sur  les  offres  publiques  est  pleinement  applicable  aux  sociétés  en
commandite  par  actions  et  que,  dans  ce  cadre,  il  importe  [désormais]  de  rechercher  si,  au  regard  des
exigences  fixées  par  l'article  234­9  du  règlement  général  de  l'AMF,  les  demandeurs  à  la  dérogation
[peuvent]  être  effectivement  considérés  comme  constituant  un  groupe  d'actionnaires  familiaux,  associés
commanditaires et contrôlant le capital de cette société ». 
 
B. La preuve que le groupe familial contrôlait le capital de la société en commandite par actions
Hermès International aurait été brillamment rapportée
 
Mais c'est précisément dans le rapport de cette preuve (que le groupe familial constitué par les cinquante­
deux  demandeurs  contrôlerait  le  capital  de  la  commandite  par  actions),  dont  l'objet  est  précis,  et
que  la  Cour s'est  imposée  elle­même,  après  que  l'AMF  l'eût  fait,  que  l'arrêt  de  la  cour  de  Paris  n'est  pas
très convaincant. 
 
De prime abord, il y avait bien en effet, du fait du projet de holding, changement de contrôle de la société
(ce  dernier  apprécié  dans  la  personne  des  actionnaires  commanditaires)  puisque,  tant  la  communication
financière émanée de Hermès International que les déclarations de franchissement de seuils souscrites par
divers membres de la famille Hermès indiquaient que Hermès « n'était pas contrôlée » (en capital ou en
droits  de  vote)  ou  qu'il  n'existait  «  aucun  concert  »  entre  les  membres  de  la  famille  susceptible  de  faire
apparaître le moindre contrôle conjoint (11).  Et,  d'ailleurs,  si  la  constitution  du  holding  ne  devait  «  rien
changer  »  (alors  qu'il  a  vocation,  lui,  à  recevoir  plus  de  la  moitié  des  droits  de  vote  de  la  SCA),  on  se
demande  pourquoi  l'idée  même  de  le  faire  naître  a  pu  germer  un  jour  dans  l'esprit  d'une  partie  des
membres de la famille Hermès? 
 
Quoiqu'il  en  soit,  de  même  que  l'Autorité  des  marchés  financiers  avait  pu  estimer,  en  son  temps,  que
l'absence de toute déclaration d'action de concert ne faisait pas obstacle à ce qu'un tel concert existât « en
fait », la cour de Paris va s'efforcer de le faire apparaître, elle aussi (12), en recourant à la technique du
« faisceau d'indices ». Compte tenu, toutefois, de l'objet de la preuve qu'elle s'est ­ elle­même ­ imposée
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de rapporter, nombre de ces indices ne sont pas pertinents, en ce qu'ils ne tendent pas à démontrer que le
«  groupe  familial  »,  constitué  par  les  cinquante­deux  demandeurs,  contrôlait  le  capital  de  la
commandite par actions. 
 
Observons! 
 
1°/ Une première catégorie d'indices tendent en effet à démontrer que « le groupe familial » aurait,
en fait, contrôlé... la SARL Emile Hermès, seul associé commandité de la commandite par actions. 
 
A titre d'exemple, la Cour relève, après que l'AMF l'ait fait elle­même, que : 
 
Les demandeurs (cinquante­deux au total, soit une partie significative, mais néanmoins minoritaire, de la
famille  Hermès)  «  font  tous  partie  d'un  même  groupe  familial  (ce  qui  est  assez  peu  contestable)  et  sont
tous associés... de la SARL». 
 
Qu'ils  auraient  exercé  «  ensemble  »  les  pouvoirs  dévolus  à  l'associé  commandité  ;  ce  qui  n'est  pas,  au
fond, tout à fait pertinent, ni tout à fait exact, car les pouvoirs dévolus à l'associé commandité sont dictés ­
en  l'espèce  ­  par  les  décisions  du  conseil  de  gérance  de  la  SARL,  dont  tous  les  demandeurs  ne  sont  pas
membres, quoiqu'il soit vrai que les membres du Conseil soient désignés à la majorité des associés de la
SARL. 
 
Que  onze  des  demandeurs  (sur  les  cinquante­deux  au  total)  sont  membres  du  conseil  de  gérance  de  la
SARL. 
 
Autrement  dit,  la  Cour  s'efforce  de  démontrer  que  les  actionnaires  commanditaires  (par  ailleurs  associés
de  la  SARL  Emile  Hermès  et  majoritaires  en  capital  dans  la  commandite  par  actions)  contrôleraient...
l'associé commandité, soit la SARL Emile Hermès. 
 
Pour autant, lorsqu'on s'assigne pour objectif premier de démontrer qu'un hypothétique « groupe familial »
(apparu  ­  seulement  ­  lors  de  la  conclusion  de  l'accord  portant  projet  de  constituer  le  holding  familial)
contrôlerait « en capital » la SCA Hermès International (donc indépendamment de l'influence que peut y
exercer  l'associé  commandité),  la  démonstration  paraît  courte  ;  car  ce  n'est  pas  parce  que  certains  des
actionnaires  commanditaires  contrôleraient  l'associé  commandité  (à  supposer  que  cela  fût  exact)  qu'ils
contrôleraient « en capital » la société en commandite par actions. 
 
L'AMF,  en  son  temps,  avait  perçu  la  faille  du  raisonnement  en  relevant  que  ces  «  premiers  »  indices
étaient, somme toute, assez peu convaincants, car le problème (tel qu'elle se l'était elle­même posé, et tel
que se le pose la cour d'appel de Paris) n'était pas de savoir si les commanditaires contrôlaient ­ on non ­
l'associé  commandité (13)  ;  mais  de  vérifier  que  les  commanditaires  (demandeurs  à  la  dérogation)
contrôlaient  conjointement  le  capital  et  les  droits  de  vote  de  la  SCA  Hermès  International  dans  ses
assemblées  générales  de  commanditaires  ;  en  vertu  ­  de  prime  abord,  du  moins  ­  d'un  accord  «
contraignant » qui aurait pu les lier. 
 
L'AMF,  autant  que  la  cour  de  Paris,  le  reconnaissait  clairement  lorsqu'elle  notait,  en  passant  en  revue
d'autres  indices,  présupposés  plus  pertinents,  que  «  ces  circonstances,  qui  ne  reposent  pas  sur  les  seuls
liens  de  parenté  entre  les  demandeurs,  ni  sur  le  seul  contrôle  de  l'associé  commandité  par  ces  derniers,
traduisent effectivement la mise en oeuvre d'une politique commune » vis­à­vis de Hermès international
(14). 
 
2°/ Les critères pertinents se nicheraient donc ailleurs. A l'examen, toutefois, ils ne se révèlent pas
beaucoup plus convaincants que les précédents. 
 
Selon la Cour, ils devraient être recherchés dans les rapports directs que le « groupe familial », venu d'on
ne  sait  où (15),  entretiendrait,  pris  en  sa  qualité  de  «  commanditaire  »,  avec  la  SCA  elle­même.  C'est
ainsi qu'elle relève, après que l'AMF l'eût fait elle­même, que : 
 
• Le « groupe familial » détiendrait à ce jour 62,8 % du capital social et 71,9 % des droits de vote de la
commandite par actions. Ce qui, en, soi, n'est pas de nature à révéler, ni l'existence d'un groupe familial
fortement  structuré  ­  sinon  au  moment  même  où  il  arrête  le  projet  de  constitution  du  holding  ­,  ni
l'existence  d'un  accord  concertant  qui,  préexistant  à  ce  projet,  aurait  été  le  fondement  d'une  action  de
concert  et  d'un  contrôle  conjoint  exercé  par  ce  groupe  sur  le  capital  et/ou  sur  les  droits  de  vote  de  la
commandite par actions. 
 
• Que les actions appartenant à ce « groupe » auraient été « déposées » dans les caisses de la SARL, ce
qui laisserait ­ clairement ­ entrevoir, au travers de cet acte « librement consenti », l'indice « fort » d'une
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volonté  (de  tous  les  actionnaires  commanditaires  déposants)  de  «  diriger  ensemble  la  société  » (16).
Avouons, au terme d'une réflexion passablement austère, qu'on ne voit pas vraiment en quoi cet acte de «
dépôt  »,  «  librement  consenti  »,  constituerait  l'indice  de  la  moindre  volonté  de  s‘accorder,  enfin,  sur  les
modalités  d'exercice  des  droits  de  vote  au  sein  des  assemblées  (des  associés  commanditaires)  de  la
commandite par actions. La cour le reconnaît d'ailleurs lorsqu'elle relève, après que l'AMF l'eût dit, que ce
« dépôt » laissait chaque déposant libre d'exercer ses droits de vote et n'affectait aucunement la propriété
des  actions.  Le  vrai  est  que  le  «  dépôt  »  n'est  ­  aujourd'hui  ­  qu'une  façon  de  parler,  depuis  la
dématérialisation  des  valeurs  mobilières  ;  et  n'était,  en  l'espèce,  qu'une  façon  d'établir  que  chaque
commanditaire  détenait  effectivement  le  nombre  d'actions  requis  (9  000  pour  recevoir  une  part)  pour
devenir associé de la SARL (17). Une nouvelle fois, c'est donc par le truchement de la SARL (la volonté
d'en  faire  partie,  parce  qu'elle  est  l'associée  commanditée  de  la  société  en  commandite),  que  la  cour  en
déduit qu'il y aurait accord portant sur « l'exercice des droits de vote » des actionnaires commanditaires
dans  la  commandite  par  actions  (au  sens  de  l'article  L.  233­10  du  code  de  commerce)  ;  ce  qui  est  loin
d'être établi. 
 
• Que ces mêmes actions déposées ont toujours représenté plus de 50 % du capital de la commandite par
actions  (et  57,25  %  au  30  décembre  2010)  ;  ce  qui,  en  soi,  ne  veut  pas  dire  grand­chose,  si  l'on  agrée
l'idée que le « dépôt » n'est aucunement révélateur de la moindre action de concert, au sens de l'article L.
233­10, n'étant qu'une simple clé d'accès au capital de la SARL, par justification de la propriété du nombre
de titres requis par les statuts de cette dernière. 
 
Que dire, alors, des autres indices relevés par la cour de Paris, parmi lesquels figurent, pèle mêle : (i) le
fait  que  les  membres  du  conseil  de  surveillance  d'Hermès  International,  lequel  «  représente  les  associés
commanditaires », sont majoritairement issus de la famille Hermès (six sur dix) ; circonstance qui relève ­
uniquement  ­  de  la  constatation  qu'il  existe  un  lien  de  parenté  entre  les  membres  (ou  la  majorité  des
membres) d'un organe chargé, au demeurant, non de déterminer la politique sociale, mais du contrôle de
la gestion ; ou que (ii) les demandeurs (ou tout du moins trente­trois d'entre eux, représentant ensemble
42 % du capital et 47 % des droits de vote de Hermès International), sont « impliqués dans la gestion »
de  la  société  en  commandite  ou  du  groupe  qu'elle  chapeaute,  motif  tiré  qu'ils  y  exerceraient  un  certain
nombre de mandats sociaux ou y travailleraient en qualité de salariés ; ou bien encore (iii) qu'un certain
nombre d'entre eux (dix­sept sur cinquante­deux, semble­t­il) seraient soit membres ­ encore ­ du conseil
de gérance de la... SARL, soit membres du conseil de surveillance de la société en commandite ; ou que,
enfin, (iv) la constitution du holding « n'entraînera pas de changement » dans la composition des organes
de  cette  société.  Tous  ces  éléments,  en  effet,  attestent  qu'une  partie  des  demandeurs  est  effectivement
impliquée dans la gestion de la société, qu'ils y détiennent une fraction importante du capital social, et qu'il
existe  entre  eux  des  «  liens  de  famille  »  ;  mais  aucun,  en  revanche,  ne  laisse  deviner  ni  vaguement
entrevoir qu'ils auraient conclu un accord ­ autre que celui portant promesse de constitution du holding ­
en vue de mener ensemble une politique commune vis­à­vis de la société (18). 
 
Reste,  toutefois,  qu'un  dernier  élément  est  relevé  par  la  Cour,  comme  il  l'avait  été  par  l'AMF,  peut­être
plus déterminant que les précédents (19), et qui tiendrait au fait que les demandeurs au bénéfice de la
dérogation  votaient  de  manière  convergente  dans  les  assemblées  générales  de  Hermès  International  (où
ils représentaient plus des deux­tiers des voix), déterminant ainsi en fait ses décisions, depuis au moins
2007 (avait ajouté l'AMF). 
 
Voilà, enfin, une référence précise aux dispositions de l'article L. 233­3 du code de commerce qui dispose,
en effet, qu'une société (entendons une ou plusieurs personnes) est considérée comme en contrôlant une
autre lorsque (I, 3°) « elle détermine en fait, par les droits de vote dont elles dispose, les décisions dans
les assemblées générales de cette société » (20). 
 
Certes ! Mais à y regarder de plus près, il est douteux que cet élément soit véritablement plus pertinent
que les autres, pour au moins trois raisons. 
 
La  première  est  que  les  décisions  adoptées  dans  les  assemblées  générales  de  Hermès  International
semblent l'être, depuis plusieurs années, à la majorité (extraordinaire !) de... 98 %, sans pour autant que
l'on puisse en déduire que les commanditaires extérieurs à la famille Hermès agiraient de concert avec elle
(21). 
 
La  seconde  est  que  cette  «  convergence  »  des  votes  peut  ­  aussi  ­  résulter  d'un  simple  parallélisme  de
comportements (22)  dont  on  sait  qu'il  n'est  en  principe  pas  le  signe  d'une  action  de  concert,  sauf  s'il
résulte ­ évidemment ­ d'un accord préalable dont il n'est plus ­ alors ­ que la simple expression. 
 
La troisième est que, lorsqu'on évoque la notion de « contrôle de fait » (au sens de l'article L. 233­3, I, 3°,
préc.),  elle  paraît  beaucoup  plus  adaptée  à  l'hypothèse  d'un  contrôle  exclusif  (que  détiendrait  une

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personne  agissant  seule)  qu'à  celle  d'un  contrôle  exercé  conjointement  par  deux  ou  par  plusieurs
personnes.  Autrement  dit,  autant,  lorsqu'on  détient  le  contrôle  exclusif  d'une  société,  ce  contrôle  peut
s'induire du fait que l'on détermine seul, en fait, les décisions qui sont prises en assemblée générale (c'est
là le sens de l'article L. 233­3, I, 3°, précité), autant, lorsqu'il y a contrôle conjoint reposant sur un concert
«  de  fait  »,  faut­il  établir  ce  concert  ;  lequel  suppose,  nécessairement,  l'existence  d'un  «  accord  »  et,
normalement,  d'un  accord  «  contraignant  » (23),  conclu  en  vue  d'acquérir,  de  céder  ou  d'exercer  des
droits de vote pour mettre en oeuvre une politique commune vis­à­vis de la société ou ­ aujourd'hui (24)
­ d'en prendre le contrôle (C. com., art. L. 233­10). Autrement dit, encore, il n'y a pas de contrôle conjoint
sans  concert  (comme  le  dit  l'article  L.  233­3,  III  du  code  de  commerce (25))  ;  et  pas  de  concert  sans
accord préalable, qui plus est « contraignant » (26). 
 
Au  cas  particulier,  on  peut,  en  conséquence,  s'interroger  ­  encore  ­  sur  l'existence  d'un  tel  «  accord  »
qu'auraient  conclu  les  membres  du  «  groupe  familial  »  relativement  à  l'exercice  de  leurs  droits  de  vote
dans  la  commandite  par  actions.  Qu'il  y  ait  une  certaine  «  entente  »  entre  les  associés  commanditaires
(membres, du moins, de la SARL et de la famille Hermès) et/ou entre les cinquante­deux demandeurs à la
dérogation pour contrôler les actes de l'associé commandité, est une chose (et encore, c'est la majorité en
assemblée  ou  au  conseil  de  gérance  de  la  SARL  qui  décide  de  la  conduite  à  adopter  par  le  gérant  de  la
commandite). Mais qu'il y ait, de ce fait, accord conclu entre les associés commanditaires relativement à
l'exercice  de  leurs  droits  de  vote  dans  Hermès  international  est  une  autre  question.  Laquelle  reste  en
suspens,  même  à  lire  et  relire  l'arrêt  de  la  cour  de  Paris.  Autrement  dit,  on  a  le  sentiment  ­  diffus  et
perturbant ­ que ni l'AMF, en son temps, ni la cour de Paris, aujourd'hui, ne parviennent à répondre à la
question  qu'elles  s'étaient  pourtant  elles­mêmes  posée  :  savoir  si  les  commanditaires  contrôlaient
conjointement,  ou  non,  le  capital  de  la  commandite  par  actions.  Malgré  les  détours  empruntés,
l'impression ­ finalement ­ est que le projet de constitution du holding ne changera pas grand­chose à la
situation  préexistante  ;  parce  que,  si  contrôle  il  y  a,  dans  une  commandite  par  actions,  il  est  entre  les
mains de l'associé commandité ; non entre celles des associés commanditaires. 
 
II. Où il est établi que « moins par moins fait plus »
Le  plus  curieux,  dans  la  décision  commentée,  est  qu'il  y  est  implicitement  acté  que,  tant  les  associés
commanditaires  que  la  société  en  commandite  par  actions,  ont  manifestement  manqué  à  leur  obligation
d'informer  le  marché  de  ce  que  la  commandite  était,  au  vrai,  contrôlée  conjointement,  de  concert,  par
certains membres de la famille Hermès (27) ; et ce depuis ­ au moins ­ un certain temps (qui n'est pas
précisé) (A). Au résultat, le holding (qui n'est pas encore constitué au jour où ces lignes sont écrites) n'en
obtient pas moins le bénéfice d'une dérogation à l'obligation d'avoir à déposer un projet d'offre publique,
ce qui appelle ­ tout de même ­ un certain nombre d'observations (B). 
 
A. Les manquements sous­jacents..
 
De prime abord, il y avait, en effet, du fait du projet de constitution du holding, changement de contrôle de
la  société  (ce  dernier  apprécié  dans  la  personne  des  actionnaires  commanditaires)  puisque,  tant  la
communication  financière  émanée  de  Hermès  International  que  les  déclarations  de  franchissement  de
seuils souscrites par divers membres de la famille Hermès indiquaient que Hermès « n'était pas contrôlée
»  (en  capital  ou  en  droits  de  vote)  ou  qu'il  n'existait  «  aucun  concert  »  entre  les  membres  de  la  famille
susceptible de faire apparaître le moindre contrôle conjoint. 
 
Le fait que la société ait fait savoir au marché qu'elle était organisée sous la forme d'une «commandite par
actions  »,  ne  supplée  pas,  contrairement  à  ce  que  la  cour  de  Paris  laisse  entendre  dans  l'un  de  ses
attendus, les manquements dont les commanditaires ­ et la société elle­même ­ se sont rendus coupables
vis­à­vis  du  marché  :  manquement  à  l'obligation  d'avoir  à  déclarer  qu'ils  agissaient  de  concert  (ce  qu'ils
apprennent,  sans  doute)  ;  mais  manquement,  également,  à  l'obligation  de  déclarer  qu'ils  ont  franchi
ensemble certains seuils (presque tous) de concert, y compris donc celui de 30 %. 
 
Encore,  si  le  concert  «  de  fait  »  datait  de  l'introduction  en  bourse  d'Hermès  International  (en  1993),  les
choses  seraient­elles  ­  peut­être  ­  un  peu  moins  graves  ;  mais  comme  personne  ne  le  sait,  ou  ne  le  dit
clairement  (même  pas  la  cour  d'appel),  on  est  amené  à  constater  que  son  arrêt  porte,  en  lui­même,
reconnaissance de ces manquements. 
 
Comme le disait l'AMF en son temps (décision précitée), l'absence de toute déclaration d'action de concert
ne  fait  (sans  doute)  pas  obstacle  à  ce  qu'un  concert  existe  réellement  ;  mais  il  n'empêche  que  cette
absence  constitue  un  manquement,  dont  on  observe  qu'il  n'interdit  pas,  cependant,  l'octroi  de  la
dérogation. 
 
B. ... N'interdisent aucunement d'accéder au bénéfice de la dérogation
 
Le moins que l'on puisse dire est que la situation est curieuse et, apparemment, inédite. 
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On  se  souvient  pourtant  que,  dans  l'affaire  Gecina,  le  projet  d'OPRA  que  cette  société  se  proposait  de
lancer sur ses titres fût retoqué par l'AMF motif tiré de ce que sa réalisation « amènerait nécessairement
MM Rivero et Soler, agissant de concert (vis­à­vis de Gecina), en situation de dépôt obligatoire d'un projet
d'offre  publique  visant  les  actions  Gecina  »  (par  franchissement  du  seuil  du  tiers (28)).  En  foi  de  quoi,
elle  estima  que  les  (autres)  actionnaires  de  Gecina  «  ne  disposaient  pas,  en  l'état,  de  l'information
cohérente  et  complète  »  à  laquelle  ils  avaient  droit  en  cas  de  dépôt  d'une  offre  publique  (savoir  :
l'existence du concert), et conclut donc à l'absence de conformité du projet d'offre (29). 
 
Dans la figure « Hermès », la situation est inverse. L'information due au marché est tout aussi déficiente
que dans l'affaire Gecina (quoique les concertistes, dans « l'affaire Hermès », n'aient sans doute jamais eu
la  moindre  conscience  qu'ils  agissaient  de  concert  et  contrôlaient,  de  ce  fait,  conjointement  Hermès
International)  ;  mais  il  ne  s'agissait  pas  de  soumettre  au  visa  de  l'AMF  un  projet  d'offre  publique  (en
considération d'une information du marché jugée insuffisante) mais, au contraire, de tenter de ne pas le
faire. Autrement dit, ce n'est pas l'information due au marché « en cas d'offre publique » qui était, ici, en
cause ; mais, à l'inverse, l'information qu'il aurait dû avoir avant que la dérogation ne soit accordée. 
 
Dans  ces  conditions,  l'on  est  contraint,  au  moins  juridiquement,  de  ne  pas  brocarder  la  solution  retenue
par la cour de Paris (sur ce point), pour au moins deux raisons. 
 
1°/  La  première  est  que  sa  décision  (toutes  conditions  par  ailleurs  réunies,  comme  l'aiment  à  le  dire  les
économistes) demeure assez logique : si la constitution de la holding familiale n'entraînait pas « vraiment
»  un  changement  de  contrôle  (ce  qui  est  discutable),  il  n'est  pas  aberrant  que,  quels  que  soient  les
manquements aujourd'hui imputables à la « famille Hermès », le bénéfice de la dérogation puisse lui être
accordé.  Après  tout,  si  l'on  quitte  les  rives,  quelque  peu  dogmatiques,  du  droit  des  sociétés  et  du  droit
financier,  chacun  pensait,  sinon  savait,  que  la  société  Hermès  International  était  «  aux  mains  »  de  la
famille  Hermès,  y  compris,  et  bien  sûr,  l'ADAM  ou  le  président  de  LVMH.  Juridiquement,  bien  sûr,  ces
conclusions  ne  valent  pas  l'attention  qu'on  pourrait  leur  porter,  mais  elles  ont  ­  c'est  certain  ­  guider  la
plume de l'AMF, puis celle, assez servile, de la cour de Paris. 
 
2°/  La  seconde,  un  peu  plus  juridique,  est  qu'un  manquement  connaît  logiquement  SA  sanction,  laquelle
est  édictée  soit  par  le  code  monétaire  et  financier,  soit  par  le  Règlement  général  de  l'AMF.  Or  le
manquement à l'obligation de déclarer un franchissement de seuil, réalisé seul ou de concert, comme celui
qui consiste à ne pas déclarer que l'on agit de concert (qu'on le sache ou qu'on ne le sache pas), consiste
dans la privation des droits de vote attachés aux actions « excédant la fraction qui aurait dû être déclarée
»  (C.  mon.  fin.,  art.  L.  233­14),  outre  les  amendes  par  ailleurs  encourues.  Autrement  dit,  la  sanction  ne
saurait consister dans l'impossibilité d'accéder au bénéfice d'une dérogation, quelle que choquante que la
solution puisse paraître. 
 
Reste  que  «  moins  par  moins  »  (deux  manquements,  a minima)  finit  donc  par  faire  «  plus  »  (l'accès  au
bénéfice de la dérogation) ; ce qui n'est pas, on l'avouera, pleinement satisfaisant. 
 

Mots clés : 
MARCHE FINANCIER * Offre publique d'achat * Procédure obligatoire * Dérogation * Hermès * Concert
de fait 

 
(1) Dalloz Actualités, 20 sept. 2011, obs. X. Delpech ; D. 2011. 2275, obs. X. Delpech  ; Bull. Joly 2011,
§ 462, p 882, note D. Schmidt ; Bull. Joly Bourse déc. 2011, note S. Torck, à paraître. 
 
 
(2) Décisions AMF, n° 211C0008 du 6 janv. 2011 et n° 211C0024 du 7 janv. 2001, Hermès international,
abondamment  commentées  :  Rev.  sociétés  2011.  364,  note  F.  Martin­  Laprade   ;  RD  banc.  fin.  2001,
Comm. n° 69, obs. D. Bompoint ; Bull. Joly 2011, p 201, n° 115, note A. Couret ; Bull. Joly Bourse mai
2011, p 326, n° 148, note S. Torck ; Dr. sociétés 2011, Comm. n° 115, obs. R. Mortier ; JCP G 2011. 159,
note T. Brocas. 
 
 
(3)  Qui  dispose  que  l'AMF  peut  accorder  une  dérogation  à  l'obligation  d'avoir  à  déposer  un  projet  d'offre
publique en cas (7°) d'« opération de reclassement, ou s'analysant comme un reclassement, entre sociétés
ou personnes appartenant à un même groupe ». Or l'on sait que le « groupe », au sens de cet article, peut
recouvrir à la fois un groupe de sociétés ou un « groupe familial » : V., pour un précédent, Paris, 19 mars
2002, D. 2002. 1678 , obs. M. Boizard  ; JCP E 2002, n° 26, p 1100, notre A. Viandier ; RD banc. fin.

https://www-dalloz-fr.ezproxy.univ-paris1.fr/documentation/Document?id=REVSOC/CHRON/2011/0191&ctxt=0_YSR0MT0ib3JpZW50YXRpb25zIHN0cmF0w… 17/20
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2002, n° 121, obs. A. Couret ; Dr. sociétés 2002, n° 162, obs. Th. Bonneau ; Banque et Droit mars­avr.
2002, 33, obs. H. De Vauplane et J.­J. Daigre. 
 
 
(4) V. note 3. 
 
 
(5)  Au  cas  particulier,  la  société  en  commandite  par  actions  Hermès  International  a  pour  seul  associé
commandité  une  SARL,  la  SARL  Emile  Hermès.  Seuls  les  descendants  d'Emile  Hermès  et  de  son  épouse
(alors que la famille Hermès comporte trois branches) ont qualité pour devenir associés de la SARL, sous
condition  qu'ils  justifient  de  la  propriété  d'un  certain  nombre  d'actions  de  la  commandite  (9  000  actions
donnant droit à une part dans la SARL). Le gérant de la SARL est nommé par le commandité. Ses décisions
sont,  au  vrai,  le  reflet  de  celles  qui  sont  préalablement  adoptées  par  un  «  conseil  de  gérance  »  institué
dans la SARL et composé d'un certain nombre d'associés de la SARL, nommés par l'assemblée. 
 
 
(6) C. com., art. L. 226­11, pour la modification des statuts. C. com., art. L. 221­6 (relatif aux SNC, mais
applicable dans les commandites pour ce qui est des décisions relevant de la compétence, là des associés
en  nom,  ici  des  associés  commandités).  Au  résultat,  la  plupart  des  décisions  collectives  requièrent,  dans
une  commandite  par  actions,  la  double  approbation  des  associés  commanditaires,  d'une  part,  et  des
associés commandités, de l'autre. 
 
 
(7) C. com., art. L. 226­4. 
 
 
(8) Où il est dit qu'une société est réputée en contrôler une autre « lorsqu'elle est associée ou actionnaire
de cette société et dispose du pouvoir de nommer ou de révoquer la majorité des membres des organes
d'administration, de direction ou de surveillance de cette société ». 
 
 
(9) En conséquence de la règle qui requiert, en principe, que les décisions collectives soient adoptées à la
fois par les commanditaires et les commandités. 
 
 
(10)  V.,  dernièrement,  Com.  15  mars  2011,  Bull.  Joly  2011,  p.  388,  n°  187,  note  D.  Schmidt,  d'où  il
ressort  qu'une  action  concertée  au  niveau  du  conseil  d'administration  de  la  société  ne  préjuge  pas
nécessairement d'un accord conclu en vue de déterminer les décisions de ses assemblées générales. 
 
 
(11) Ce que la cour de Paris relève évidemment dans l'un de ses attendus. 
 
 
(12)  Elle  note  à  cet  égard  que  malgré  l'absence  de  concert  déclaré,  il  n'en  reste  pas  moins  que  «  les
affirmations  formulées  par  les  demandeurs  à  la  dérogation  au  soutien  de  leur  requête  [...]  suivant
lesquelles « l'existence d'un groupe familial est incontestable et a toujours été de notoriété publique » ne
sont pas pour autant dénuées de toute portée ». 
 
 
(13) Car, après tout, il est bien évident que les associés d'une SARL « la contrôlent ». Une autre question
serait de savoir qui la contrôle majoritairement en vertu d'un accord. 
 
 
(14) Décision AMF, préc. ; le même raisonnement est emprunté par la cour de Paris puisqu'elle note, au
final, que les indices qu'elle a répertoriés et qui étayent sa conclusion (selon laquelle le « groupe familial »
existerait et que ses membres « [mettraient] en oeuvre une politique commune vis­à­vis d'Hermès, dont
ils [détermineraient] les orientations stratégiques»), « ne reposent pas sur les seuls liens de parenté entre
les demandeurs, ni sur le seul contrôle de l'associé commandité par ces derniers ». 
 
 
(15) Que le « groupe familial », formé des cinquante­deux demandeurs, soit apparu le 3 décembre 2010
(jour de la conclusion de l'accord portant promesse de constitution du holding) est ­ évidemment ­ assez
peu contestable, comme l'est d'ailleurs le fait que cet accord constituait un concert au sens de l'article L.
233­10,  puisqu'il  était  conclu  «  en  vue  de  céder  des  droits  de  vote  ».  Il  est  moins  évident  qu'il  existait
antérieurement, encore que la cour de Paris affirme le contraire en relevant que les indices (qu'elle jugera
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pertinents)  seraient  «  largement  antérieurs  au  contexte,  précédemment  rappelé,  dans  lequel  s'inscrivent
les accords du 3 décembre 2010 et la demande de dérogation déposée le 6 décembre 2010 ». 
 
 
(16) Ainsi que le relève D. Schmidt, note préc. (p. 893), cette circonstance (du « dépôt de titres dans les
caisses sociales de la SARL ») est évoquée à trois reprises par la cour de Paris ; signe que l'indice est, pour
elle, important. 
 
 
(17) V. H. Le Nabasque, Du dépôt de titres « dans les caisses sociales » dans ses rapports avec l'action de
concert, RD banc. fin. 2011, « repère » n° 3. 
 
 
(18) La cour, à cet égard, a beau jeu de relever que lorsque l'on met en oeuvre la technique du « faisceau
d'indices  »,  il  n'est  pas  nécessaire  que  chacun  de  ces  indices  soit,  à  lui  seul,  pertinent,  car  c'est  «
rapprochés et analysés de manière conjuguée » qu'ils finissent ­ quelquefois ­ par emporter la conviction.
Mais, quand aucun n'est vraiment pertinent, on se demande comment, « appréciés de manière conjuguée
», ils peuvent asseoir une conclusion. 
 
 
(19) En sens, D. Schmidt, note préc., p 893 (2, a). 
 
 
(20) Curieusement, l'art. L. 233­3 C. com. n'est jamais visé par la cour de Paris (il ne l'avait pas été ­ non
plus  ­  par  l'AMF).  En  revanche,  les  références  à  l'existence  d'un  «  accord  concerté  »,  donc  d'un  contrôle
conjoint (au sens de l'art. L. 233­3, III), abondent dans la décision. 
 
 
(21) La circonstance est relevée par D. Schmidt, note préc., p 893, note 20. 
 
 
(22) Comme il est assez probable en l'espèce. 
 
 
(23) L'exigence n'est pas au texte de l'art. L 233­10, mais la doctrine et la jurisprudence s'accordent sur
sa nécessité, car on ne voit pas qu'un accord qui n'obligerait à rien, ou porterait de simples obligations «
morales », puisse constituer une action de concert : V., en ce sens, en doctrine, A. Viandier, OPA, OPE et
autres offres publiques,  Ed.  Fr.  Lefebvre,  2010,  n°  1431  s.,  ou  encore  les  auteurs  du  Mémento Sociétés
commerciales,  Fr.  Lefebvre,  2012,  n°  64  173  ;  et,  en  jurisprudence,  Paris,  24  juin  1991,  Rev.  sociétés
1992. 70, note J.­Y. Martin et D. Carreau  ; RTD civ. 1992. 755, obs. J. Mestre ; RTD com. 1992. 832,
obs. Y. Reinhard ; Paris 24 juin 2008, Bull. Joly Bourse 2008, p 389, obs. B. Zabala ; T. com. Nîmes, 18
février 1992 (pour un protocole portant de simples obligations morales), Bull. Joly 1992, p. 536, note P. Le
Cannu. Comp., toutefois, posant que l'accord peut ne pas être constaté par écrit (ce qui est exact) et qu'il
n'aurait nul besoin d'être contraignant (ce qui ne convainc pas), Paris, 2 août 2008, RJDA 6/08, n° 676. 
 
 
(24) Depuis la loi n° 2010­1249 du 22 oct. 2010 (art. 48). 
 
 
(25)  Art.  L.  233,  III  :  «  pour  l'application  des  mêmes  sections  du  présent  chapitre,  deux  ou  plusieurs
personnes  agissant  de  concert  sont  considérées  comme  en  contrôlant  conjointement  une  autre
lorsqu'elles déterminent en fait les décisions prises en assemblée générale ». 
 
 
(26) Cette circonstance est négligée par la cour de Paris qui souligne, au contraire, que l'AMF n'était pas «
tenue d'exiger la preuve d'un accord formel et contraignant conclu entre les membres du groupe » (?) ; «
accord  »  que  les  demandeurs  ne  disaient  pas,  d'ailleurs,  avoir  jamais  conclu.  On  peut  s'étonner  de  la
démarche, car le seul moyen d'obtenir le bénéfice de la dérogation (sur le fondement de l'art. 234­9, 7° du
RG  AMF  ­  invoqué  en  l'espèce  ­  ou  sur  celui  de  l'art.  234­9­6°  ­  existence  d'un  concert  majoritaire
préexistant ­) est tout de même de passer par la case préalable qui veut que la constitution du holding ne
«  change[rait]  rien  »  aux  conditions  d'exercice  du  contrôle  dans  la  commandite  par  actions.  Or,  si  la
situation  reste  identique,  c'est  que  ­  nécessairement  ­  un  contrôle  conjoint  résultant  d'une  action  de
concert préexistait au projet de constitution du holding : soit la nécessité d'établir l'existence de « l'accord
» qu'évoque l'art. L. 233­10, I C. com. Mais il est vrai, aussi, que l'AMF semble aujourd'hui estimer ­ de
plus en plus clairement ­ que l'absence de tout « accord conclu » ne constitue pas forcément un obstacle à
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la  caractérisation  d'une  action  de  concert  :  V.,  en  dernier  lieu,  Décis.  AMF  n°  211C0028,  10  janv.  2011,
Union Technologies Informatique Group. 
 
 
(27) Telle est, effectivement, la conclusion de la cour de Paris lorsqu'elle relève que « dès lors, l'autorité
des  marchés  financiers  était  en  droit  de  conclure,  sans  être  tenue  d'exiger  par  surcroît  la  preuve  d'un
accord formel et contraignant conclu entre les membres du groupe (sic) que ceux­ci agissent ensemble
comme un groupe familial de concert au sens des dispositions de l'article L 233­10 du code de
commerce pour la mise en oeuvre de la même politique et qu'ils contrôlent ensemble la société
Hermès ». 
 
 
(28) La seconde offre devait permettre, en effet, aux groupes Rivero et Soler de détenir ensemble environ
42,7 % du capital et des droits de vote de Gécina. 
 
 
(29) AMF, décis. n° 207C2792 du 13 déc. 2007. 
 
 

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