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REMERCIEMENTS :

Avant d’ouvrir ce rapport, je tiens tout d’abord à remercier particulièrement et à


témoigner toute ma reconnaissance à M. ABBAS MAHAMAT TOLY
(Gouverneur de la BEAC

) pour m’avoir aidé à travers le temps qu’il m’a consacré tout au long de la
période de mon stage.

Je remercie mon père MOUSSA MOURNO GAGAYE et ma mère KHADIDJA


SIBERO KAYA, ainsi que ma grand-mère SANI KARAMA et mon oncle
SIDICK SIBERO KAYA, qui m’ont témoigné durant des années d’une forte
amabilité, d’une grande compréhension et m’ont accompagné d’inestimables
conseils tout au long de ma formation.

Enfin, j’adresse également mes vifs remerciements aux personnels de la BEAC:


les encadreurs et l’agent de BEAC qui ont, de près ou de loin, œuvré à la
réalisation et la réussite de ce stage à travers leur expérience et leur expertise.

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PLAN DE TRAVAIL

INTRODUCTION

PREMIERE PARTIE : LA STRUCTURE D’ACCUEIL : LA BANQUE DES


ETATS DE L’AFRIQUE CENTRALE (BEAC)

CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA BEAC

SECTION I : HISTORIQUE ET MISSIONS DE LA BEAC

SECTION II : ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE LA BEAC

CHAPITRE II : DEROULEMENT DU STAGE AU SEIN DU

DEPARTEMENT
DES AFFAIRES JURIDIQUES ET DE LA REGLEMENTATION DE LA
STRUCTURE (DAJR)

SECTION I : PRESENTATION DU DAJR

SECTION II : LES DIFFERENTES TACHES EFFECTUEES

SECONDE PARTIE (THEME D’ETUDE) : LES CONTROLES DE


L’EXECUTION DU BUDGET DE L’ETAT AU CAMEROUN

CHAPITRE I : IDENTIFICATION ET PRESENTATION DES TYPES DE


CONTROLE DE L’EXECUTION DU BUDGET AU CAMEROUN

SECTION I : LE CONTROLE INTERNE A L’EXECUTIF OU CONTROLE


ADMINISTRATIF

SECTION II : LE CONTROLE EXTERIEUR A L’ADMINISTRATION

CHAPITRE II : EVALUATION DU STAGE, PROPOSITIONS ET


SUGGESTIONS

SECTION I : LES DIFFICULTES RENCONTREES


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SECTION II : SUGGESTIONS ET RECOMMANDATIONS

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CONCLUSION

ABREVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES

BEAC : Banque des Etats de l’Afrique Centrale

CEMAC : Communauté Economique et Monétaire des Etats d’Afrique Centrale

CONAC : Commission Nationale Anti-Corruption

CTD : Collectivité Territoriale Décentralisée

DAJR : Département des Affaires Juridiques et de la Réglementation

MINCONSUPE : Ministère en charge du Contrôle Supérieur de l’Etat

MINEPAT : Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement


du Territoire

MINFI : Ministère des Finances

MINMAP : Ministère des Marchés Publics

UMAC : Union Monétaire d’Afrique Centrale

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INTRODUCTION

« La pratique sans théorie est aveugle ; la théorie sans pratique est vide »1. Il va
sans dire que nous entendons faire nôtres ces propos du penseur et homme
politique ghanéen Kwamé NKRUMAH. La véracité de tels propos n’est plus à
démontrer quand on sait que tout apprentissage ou enseignement a vocation
naturelle à s’incarner dans la pratique. C’est en effet dans une telle logique que
s’arrime l’Université de Yaoundé II, dont les offres de formation comprennent, à
côté de l’itinéraire classique, un parcours professionnel. Ainsi, s’agissant tout
spécifiquement de ce dernier, les étudiants de cette institution universitaire ont la
possibilité d’effectuer un stage académique de professionnalisation, qui vient
alors sanctionner la fin d’un cycle de formation.

Ce stage professionnel vient nécessairement compléter les connaissances


théoriques acquises tout au long d’une formation en donnant l’occasion à
l’étudiant de mieux les assimiler car permettant de rattacher les concepts et
notions explorés lors des enseignements à une réalité matérielle en même temps
que ce dernier pourra mieux connaître les réalités du milieu professionnel dans
leur ensemble.

C’est dans le respect de toutes ces considérations que nous avons eu le privilège
d’effectuer un stage académique d’une durée d’un mois, notamment du mardi 27
juillet 2021 au vendredi 27 août de la même année au sein de la Banque des Etats
d’Afrique Centrale. C’est le récit de cette expérience enrichissante que nous
avons eu l’honneur de consigner dans les pages de ce modeste document, qui
sera subdivisé en deux grandes parties.

Il s’agira dans la première partie, de faire une présentation générale de la BEAC.


Ceci concernera aussi bien la présentation de la structure d’accueil proprement
dite que le déroulement du stage au sein de celle-ci. Dans le second moment de

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KWAME NKRUMAH, Le Consciencisme, éditions Présence Africaine, 1976, Paris. Ch IV, pp. 97-129.
notre tâche, il sera question d’effectuer une étude de thème, notamment sur les
contrôles de l’exécution du budget au Cameroun, sujet que nous exposerons
avant de formuler toute observation, suggestion et/ou recommandation relative à
notre séjour professionnel.

PREMIERE PARTIE : LA STRUCTURE D’ACCUEIL : LA BANQUE


DES
ETATS DE L’AFRIQUE CENTRALE

L a Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) est un établissement


public international africain régi par la convention instituant l’Union
Monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC), la convention de Coopération
Monétaire passée entre la France et les Etats membres de cette Union et ses
statuts.

La Banque Centrale émet la monnaie de l’Union Monétaire et en garantit la


stabilité et la distribution dans les six Etats membres à savoir : le Cameroun, la
République Centrafricaine, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le
Tchad. Sans préjudice de cet objectif, elle apporte son soutien aux politiques
économiques générales élaborées dans l’Union Monétaire.

Les Services Centraux de la BEAC sont composés de douze Directions Centrales


et de plusieurs Départements rattachés au Secrétariat Général et aux Directions
Générales sises à la Banque Centrale.

Comme toute personne physique ou morale ayant existé ou existante, la Banque


Centrale possède une histoire, qui raconte les événements, les modifications et
les évolutions de son entité. Pour son bon fonctionnement, elle dispose d’un
fonctionnement effectif et qualifié. Ce personnel respecte un ordre hiérarchique
et une organisation décentralisée.

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Dans cette première partie, nous ferons une présentation simplifiée de la BEAC
(Chapitre I), avant de faire un récit fidèle du déroulement de notre séjour dans
la structure (Chapitre II).

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CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA BEAC

La présentation de notre structure d’accueil peut s’effectuer suivant plusieurs


méthodes. En ce qui nous concerne, nous choisissons ici de présenter en premier
l’historique de la structure et les missions qui sont les siennes (Section I), avant
de s’attarder sur la présentation de ses principaux organes ainsi que sur le
fonctionnement global de ses services (Section II).

SECTION I : HISTORIQUE ET MISSIONS DE LA BEAC

Ça ne saurait être un sacrilège de dire aujourd’hui, pas moins qu’hier d’ailleurs,


que le développement d’un territoire se mesure essentiellement au travers
d’indicateurs de performances économiques. C’est dire que le développement est
essentiellement et incontestablement d’abord une notion économique. Si nous
avons choisi de partir de ce postulat, c’est pour démontrer l’importance du rôle,
la place de premier choix que détient la finance - et partant, l’institution qui en a
principalement la charge dans toute organisation cohérente, étatique ou non, y
compris au plan communautaire CEMAC. La situation macroéconomique d’un
territoire peut nécessiter pour s’améliorer, des gages de stabilité et
d’approvisionnement qu’offre l’institution, notamment à travers ses rôles
d’assistance et de régulateur de l’activité financière au sein des Etats membres.
En considération de tous ces éléments, des missions aussi importantes que
nombreuses sont dévolues à l’institution faîtière de la finance dans l’espace
CEMAC (II). Missions qui ne pourront être mieux cernées qu’après un retracé
de l’historique de l’institution (I).

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I- HISTORIQUE DE LA BEAC

L’histoire de la Banque Centrale part de son essence à partir du 29 juin 1901 par
la création de la Banque d’Afrique Occidentale dite BAO, autorisée à émettre le
franc en AOF (Afrique Occidentale Française). En 1920, le privilège de la BAO
en Afrique Equatoriale Française (AEF) s’étend vingt-et-un an plus tard : la
création de la Caisse Centrale de la France Libre (CCFL) advient le 2 décembre
1941. Celle-ci sera chargée de l’émission monétaire en Afrique Centrale ralliée à
la France libre. La CCFL autorise l’émission de la monnaie dès le 1er août 1942 à
partir de l’ordonnance du 24 juillet 1942. Parallèlement, la CCFL est remplacée
par la Caisse Centrale de la France d’Outre-Mer le 2 février 1944 ; suivie de la
création du Franc des Colonies françaises d’Afrique (FCFA) en parité de 1 franc
CFA = 1,70 FF. La parité du franc CFA change vis-à-vis du FF et devient 1
FCFA= 2 FF, le 17 décembre 1948. A la suite de cela, l’Institut d’Emission de
l’AEF et du Cameroun fut créé le 20 janvier 1955. La parité du FCFA change
encore le 26 décembre 1958 vis-à-vis du FF, qui devient 1FCFA= 0,02 FF.

Le 14 Avril 1959, la Banque Centrale des Etats de l’Afrique Equatoriale et du


Cameroun (BCEAC) fut créée. Treize ans après, naquit la Banque des Etats de
l’Afrique Centrale (BEAC) et le Franc de la Coopération financière en Afrique
Centrale (FCFA), pour débuter ses activités le 2 avril 1973. Un autre événement
majeur porte sur le transfert du siège des Services Centraux de la BEAC de Paris
à Yaoundé le 1er avril 1977. Puis s’ensuit la nomination d’un Gouverneur et d’un
Vice-Gouverneur africains à la tête de celle-ci une année plus tard.

Le 1er janvier 1985 fut marqué par l’entrée de la Guinée Equatoriale au sein de la
BEAC. D’importantes réformes des règles d’intervention de la Banque Centrale,
succédées de la création de la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale
« COBAC » ont eu lieu le 16 octobre 1990.

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Ce rappel historique non exhaustif nous permet de présenter maintenant les
missions de la BEAC.

II- MISSIONS DE LA BEAC

La BEAC a pour missions de :

- définir et conduire la politique monétaire de l’Union Monétaire ;


- émettre les billets de banque et les monnaies métalliques qui ont cours
légal
et pouvoir libératoire dans l’Union Monétaire ;
- conduire la politique de change de l’Union Monétaire ;
- détenir et gérer les réserves officielles de change des Etats membres ;
- promouvoir les systèmes de paiement et de règlement et veiller à leur bon
fonctionnement ;
- promouvoir la stabilité financière dans l’Union Monétaire.

En droite ligne avec les meilleures pratiques actuelles des Banques Centrales,
les activités de la BEAC telles qu’elles sont mentionnées dans les statuts sont
respectivement les suivantes :

- l’exécution de toute demande de transfert des Etats membres, en


conformité avec la réglementation des changes en vigueur ;
- l’ouverture des livres de comptes aux Trésoreries et Comptabilités
Publiques des Etats membres par la BEAC, aux établissements de crédit et
à tout autre organisme expressément autorisé à cet effet par le Conseil
d’Administration ;
- la mise en place, dans les conditions approuvées par le Conseil
d’Administration, de tout système de paiement et de règlement nécessaire
au bon fonctionnement de l’économie ;
- l’organisation d’un système de compensation sur les places où elle est
installée ;

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- la participation au marché monétaire institué dans la zone d’émission et à
son bon fonctionnement.

Il convient maintenant de présenter l’organisation ainsi que le


fonctionnement de la structure.

SECTION II : L’ORGANISATION DE LA BEAC ET LE


FONCTIONNEMENT DE SES SERVICES

Comme toute institution qui se veut cohérente, la BEAC n’échappe pas à une
organisation bien définie (I), qui conditionne son fonctionnement (II).

I- ORGANISATION DE LA BEAC

La BEAC dispose pour l’accomplissement de ses missions des organes ci-après :

A- Les Services Centraux

Les Services Centraux sont composés des Directions Centrales, Départements


et Cellules.

1) Les Directions Centrales

Selon la décision 061/GR/2018, il est retenu douze Directions Centrales qui


sont :

- La Direction du Patrimoine et des Moyens Généraux (DPMG) ;


- La Direction de l’Organisation et des Projets (DOP) ;
- La Direction des Ressources Humaines et de la Formation (DRHF) ;
- La Direction des Systèmes d’Information (DSI) ;
- La Direction de la Comptabilité, du Budget et du Contrôle de Gestion
(DCBCG) ;
- La Direction de l’Emission Monétaire et de la Circulation Fiduciaire
(DEMCF) ;
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- La Direction des Systèmes et Moyens de Paiements (DSMP) ;
- La Direction de l’Audit Interne (DAI) ;
- La Direction des Opérations Financières (DOF) ;
- La Direction des Etudes, de la Recherche et de la Statistique (DERS) ;
- La Direction des Stabilités Financières, des Activités Bancaires et du
Financement des Economies (DSFABFE) ;
- La Direction des Relations Internationales (DRI).

2) Les départements et cellules

S’agissant des départements, on distingue :

- Le Département des Affaires Juridiques et de la Réglementation ;


- Le Département des Relations Publiques et du Protocole ;
- Le Département de l’Audit et des Systèmes d’Information ;
- Le Département des Risques et de Contrôle Permanent ;
- Le Département de la Gestion Administrative.

La Banque Centrale compte en son sein neuf cellules qui sont :

- La Cellule en charge des Enquêtes Spéciales de la Destruction des Signes


Monétaires ;
- La Cellule de Coordination des Cellules Internes de Contrôle ;
- La Cellule de Gestion Administrative des Marchés ;
- La Cellule Interne de Contrôle (CIC-DGE) ;
- La Cellule Centrale de l’Etude, des Transferts et du Suivi de la
Réglementation des Changes ;
- La Cellule de Communication ;
- La Cellule de Traduction Linguistique ;
- La Cellule Interne de Contrôle (CIC-DGEFRI) ;
- La Cellule Interne de Contrôle (CIC-SG).

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B- Les Centres

Dans son fonctionnement, la BEAC dispose de vingt-trois centres, dont six


Directions Nationales (1), seize Agences (2), un Bureau extérieur situé à Paris et
un dépôt situé à Bouar en Centrafrique.

1) Les Directions Nationales

Dirigées par des Directeurs Nationaux nommés par le Conseil d’Administration,


sur proposition du Gouverneur et après agrément de l’Etat membre concerné, qui
sont chargés d’appliquer et de contrôler l’exécution des instructions du
Gouverneur par les Centres de leur ressort et de rapporter au Secrétariat Général
et aux Directions Centrales les divers problèmes qu’ils rencontrent dans le
fonctionnement de leurs services. Les Directions Nationales sont implantées
dans la capitale politique de chaque Etat membre de la CEMAC comme suit :

- Une Direction Nationale pour le Cameroun à Yaoundé ;


- Une Direction Nationale pour la République Centrafricaine à Bangui ;
- Une Direction Nationale pour le Congo à Brazzaville ;
- Une Direction Nationale pour le Gabon à Libreville ;
- Une Direction Nationale pour la Guinée Equatoriale à Malabo ;
- Une Direction Nationale pour le Tchad à N’Djamena.

2) Les Agences

Elles sont réparties comme suit :

- Cameroun : cinq agences dont une à Douala, une à Bafoussam, une à


Garoua, une à Limbé et une à Nkongsamba ;
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- Centrafrique : une à Berberati ;
- Congo : trois agences dont une à Pointe Noire, une à Ouesso et une à Oyo ;
- Gabon : trois agences dont une à Port-Gentil, une à Oyem et une autre à
Franceville
- Guinée Equatoriale : une agence à Bata ;
- Tchad : trois agences dont une à Moundou, une à Abéché et une autre à
Sarh.
II- LE FONCTIONNEMENT DES SERVICES DE LA BEAC

La BEAC, en tant qu’établissement public international africain, est coiffée par


le Comité Ministériel de l’UMAC. Régi par la Convention de l’Union Monétaire
de l’Afrique Centrale, le Comité Ministériel est composé de deux Ministres pour
chaque Etat membre, dont le Ministre des Finances qui examine les grandes
orientations en matière de politique des Etats et assure leur cohérence avec la
politique monétaire commune. Le Comité Ministériel, entre autres :

- décide de l’augmentation ou de la réduction du capital de la Banque


Centrale ;
- donne un avis conforme sur les propositions de modification des statuts de
la Banque soumises par le Conseil d’Administration ;
- ratifie les comptes annuels de la Banque Centrale approuvés par le Conseil
d’Administration et décide, sur proposition de celui-ci, de l’affectation des
résultats ;
- statue, sur proposition du Conseil d’Administration, sur la création et
l’émission des billets de banque et des monnaies métalliques ainsi que sur
leur retrait et leur annulation.

Le fonctionnement de la BEAC est assuré par les organes de décision (A) et les
organes de contrôle (B).

A- Les organes de décision

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1) Le Conseil d’Administration et le Gouvernement de la BEAC
 Le Conseil d’Administration veille au bon fonctionnement de la Banque ;
il comprend quatorze (14) membres, à raison de deux Administrateurs
pour chaque Etat membre et de deux pour la France.

Chaque Administrateur a un suppléant désigné pour la durée de son mandat.


En cas d’empêchement, tout Administrateur peut se faire remplacer par son
suppléant ; en cas d’empêchement simultané de ce dernier, le mandat notifié
par le Président du Conseil est donné à un autre Administrateur ou à un
Administrateur temporaire désigné par l’Etat dont il est question.

Les Administrateurs sont désignés pour une période de trois ans, renouvelable
par leurs Etats respectifs.

 Le Gouvernement de la Banque Centrale est composé de six membres à


savoir le Gouverneur, le Vice-Gouverneur, le Secrétaire Général et trois
Directeurs Généraux, notamment le Directeur Général des Etudes,
Finances et Relations Internationales, le Directeur Général de
l’Exploitation et le Directeur Général du Contrôle Général.

Le mandat du Gouverneur est de sept ans non renouvelables et celui des autres
membres du Gouvernement est de six ans non renouvelables. Les membres du
Gouvernement sont nommés par la Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC,
sur proposition du Comité Ministériel de l’UMAC, après avis conforme du
Conseil d’Administration statuant à l’unanimité.

Sous l’autorité du Gouverneur, le Gouvernement de la Banque Centrale assure la


direction et la gestion courante de la Banque Centrale, dans le respect des statuts
ainsi que des dispositions des traités, conventions internationales, lois et textes
réglementaires en vigueur. Le Gouverneur organise et dirige les services de la
Banque Centrale, propose au président du Conseil d’Administration la
convocation des réunions du Conseil d’Administration et le projet d’ordre du
14
jour,

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rapporte les affaires inscrites à l’ordre du jour du Conseil et fait exécuter ses
décisions, préside le Comité de Politique Monétaire et représente la Banque vis-
à-vis des tiers.

2) Le Comité de Politique Monétaire et les Comités Monétaires et


Financiers Nationaux
 Le Comité de Politique Monétaire est l’organe de décision de la BEAC en
matière de politique monétaire et de gestion des réserves de change. Outre
le Président, le Comité de Politique Monétaire compte quatorze (14)
membres délibérants, à raison de deux par Etat membre, dont le Directeur
National de la BEAC, et de deux pour la France. La Présidence du Comité
de Politique Monétaire est assurée par le Gouverneur de la Banque
Centrale et en cas d’empêchement de celui-ci, par le Vice-Gouverneur. Un
membre du Gouvernement rapporte les affaires inscrites à l’ordre du jour
conformément aux dispositions du Règlement Intérieur du Comité de
Politique Monétaire.
 Il est créé dans chaque Etat membre, auprès de la Direction Nationale de la
BEAC, un Comité Monétaire Financier National ayant pour rôle, dans les
limites des pouvoirs qui lui sont délégués et suivant les directives données
par le Conseil d’Administration et le Comité de Politique Monétaire, de
procéder à l’examen des besoins généraux de financement de l’économie
de l’Etat membre et de déterminer les moyens propres à les satisfaire, ainsi
que de formuler des propositions en vue de la coordination de la Politique
Economique Nationale avec la politique monétaire commune.
 Le Comité Monétaire et Financier National est présidé par le Ministre des
Finances de l’Etat membre ou son représentant ; sa composition est
comme suit :
- les Ministres représentant l’Etat membre au Comité Ministériel ou leurs
représentants ;

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- les représentants de l’Etat membre au Conseil d’Administration de la
BEAC ;
- les représentants de l’Etat membre au Comité de Politique Monétaire de la
BEAC ;
- une personnalité nommée par le Gouvernement de l’Etat membre en raison
de ses compétences et de ses qualifications en matière économique,
monétaire et financière ;
- le Gouverneur de la BEAC ou son représentant.
B- Les organes de contrôle
1) Le collège des Censeurs

Le collège des Censeurs est composé de trois censeurs dont un désigné par la
France. Ces derniers sont désignés pour un mandat de trois ans renouvelables
une fois. Chaque Censeur a un suppléant désigné pour la durée de son
mandat.

Les Censeurs contrôlent l’exécution du budget de la Banque et proposent au


Conseil d’Administration toutes recommandations ou mesures appropriées
résultant de ce contrôle. Ils assistent, avec voix consultative, aux réunions du
Conseil d’Administration et à celles des Comités Monétaires et Financiers
Nationaux où leurs avis sont obligatoirement consignés au procès-verbal.

2) Le Comité d’Audit

Le Comité d’Audit est composé de cinq membres et a pour mission :

- de superviser le système de contrôle de la Banque Centrale et


particulièrement les activités de l’audit externe ;
- de participer à la programmation des activités du contrôle externe ;
- d’examiner l’état du système de contrôle de la Banque Centrale ;
- d’analyser le rapport du contrôle interne et les rapports des Censeurs et
Commissaires aux comptes, ainsi que toute autre enquête ad hoc relative
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aux activités de la Banque ;

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- établir un rapport pour le Gouvernement de la Banque Centrale et au
Conseil d’Administration des conclusions de leurs travaux.

C’est sur cette dernière mention que peut se clôturer la présentation générale
de notre structure d’accueil, à savoir la Banque des Etats de l’Afrique Centrale.

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CHAPITRE II : DEROULEMENT DU STAGE AU SEIN DU
DEPARTEMENT DES AFFAIRES JURIDIQUES ET DE LA
REGLEMENTATION DE LA STRUCTURE (DAJR)

Durant notre séjour au sein de la BEAC, nous avons été affectés dans un
département spécifique, à savoir le Département des Affaires Juridiques et de la
Réglementation (DAJR). Nous allons procéder à la présentation de ce dernier
(Section I) puis nous mentionnerons les différentes activités y effectuées
(Section II).

SECTION I : PRESENTATION DU DAJR

Les Services Centraux de la BEAC présentent dans leur structuration des


départements parmi lesquels le Département des Affaires Juridiques et de la
Réglementation. Celui-ci assure un rôle juridique interne et d’assistance à la
décision en amont et en aval auprès des unités opérationnelles de la BEAC et de
ses organes de décision, dont le Gouvernement de la BEAC, dans l’objectif
d’aider à la réalisation, en toute sécurité juridique, des opérations ou de
contribuer à la maîtrise des risques d’ordre juridique. Nous présenterons ici, ses
attributions (I) avant d’évoquer son fonctionnement (II).

I- LES ATTRIBUTIONS DU DAJR

Le DAJR traite de l’ensemble des problèmes juridiques relatifs à l’activité de


la Banque Centrale, en particulier il :

- conseille les services de la Banque Centrale, examine et rédige tout acte


juridique relevant de leur exploitation courante ;
- veille à la prise en compte des intérêts de la Banque Centrale lors d la
négociation, de la conclusion et de l’exécution du contrat ;

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- assure le traitement conforme aux lois en vigueur, des procédures
d’exécution impliquant la Banque Centrale en tant que tiers ou dans le
cadre du recouvrement de ses créances ;
- établit l’avis technique de la Banque Centrale lorsque celle-ci est
sollicitée, notamment par les autorités nationales sur toutes questions
d’ordre juridique en matière bancaire, monétaire ou financière ;
- organise le règlement des litiges concernant la Banque Centrale et, le cas
échéant, la défense des intérêts de la Banque Centrale devant les
juridictions judiciaires ou arbitrales. A cet effet, le DAJR intervient dans
le choix concernant le recours aux avocats ou experts, l’orientation de la
procédure, l’opportunité d’exercer des voies de recours et les honoraires à
verser en fonction de la nature du dossier, des risques encourus et des
résultats de la procédure ;
- assure la formation et la sensibilisation des agents aux aspects juridiques de
l’activité de la Banque ;
- collecte les textes juridiques en relation avec l’activité de la Banque
Centrale qui sont en vigueur dans les Etats membres ;
- collabore à l’élaboration des mesures d’harmonisation de la législation
bancaire, monétaire et financière applicable dans les Etats membres, et
suit en matière de projets régionaux de réformes juridiques auxquels
lesdits Etats sont parties.
- le DAJR en sa qualité de conseiller juridique de la BEAC, intervient dans
la conclusion de mémoires posés par les avocats-conseil pour son compte
ainsi que le respect des délais de procédure pour la conclusion des
documents et l’exercice des voies de recours.

Les attributions du DAJR ainsi déclinées, nous pouvons à présent faire état de
son fonctionnement.

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II- FONCTIONNEMENT DU DAJR

Le DAJR rend compte au Secrétaire Général de la BEAC, auquel il est rattaché.


Le Chef du Département tient des réunions périodiques, prescrit les orientations
concernant les enjeux, les priorités ou les contrôles visant à s’assurer de la
conformité au plan juridique des solutions préconisées, organise les échanges de
vues sur les dossiers en instance et suit tout particulièrement les affaires en
suspens.

Le DAJR fonctionne comme un cabinet et sans subdivisions formelles par


services. Il comporte néanmoins dans le cadre de son fonctionnement un
regroupement des activités principales et récurrentes en pôles qui permettent la
répartition des dossiers en fonction de l’expérience. Cette orientation de son
organisation vise la souplesse et une réalité optimale en ce qu’elle permet de
favoriser une relative polyvalence rendue nécessaire par les contraintes
d’effectifs et la très grande diversité de sollicitations et demandes d’avis dont le
département fait l’objet.

La subdivision plus ou moins formalisée du DAJR en pôles d’activités pour les


fonctions d’encadrement supérieur et en sections pour les activités relevant de
l’encadrement moyen, tend à s’imposer comme une nécessité pratique ne valant
pas subdivision formelle en services. Ces différents pôles sont définis pour
faciliter l’attribution des dossiers et la spécialisation des actions de formation et
de perfectionnement, et à encadrer l’organisation des intérimaires.

Les qualifications de juristes conseillers, de juristes principaux, de juristes


juniors ou assistants ont vocation à être utilisées pour l’organisation interne du
Département, suivant l’ancienneté et les états de service des juristes qui y sont
employés.

Pour l’heure, le DAJR compte six agents d’encadrement supérieur juristes


hormis le Chef de Département et sept agents d’encadrement moyen.
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Nous pouvons désormais étudier les différentes tâches qui sont effectuées au sein
du DAJR.

SECTION II : LES DIFFERENTES TACHES EFFECTUEES AU SEIN


DU DAJR

On peut les identifier selon qu’il s’agit des contrats et dossiers du personnel (I)
ou bien suivant qu’il s’agit d’autres tâches (II).

I- LES CONTRATS ET DOSSIERS DU PERSONNEL

Au cours de notre stage, nous avons eu à joindre nos connaissances théoriques à


la pratique de l’élaboration et de l’analyse des contrats. Généralement, le DAJR
effectue l’analyse juridique des contrats à conclure par la BEAC dans le cadre de
besoins liés à son fonctionnement.

Lors de la réception des projets de contrats au DAJR, le Chef du Département


attribue le dossier à un agent pour analyse et suivi. Le dossier peut venir d’une
entité des Services Centraux, des Directions Nationales et même des Agences de
la BEAC. L’agent en charge du traitement du dossier procède à l’analyse du
contrat reçu en s’assurant que les intérêts de la BEAC sont protégés. Si le contrat
respecte les règles de procédure et est conforme aux dispositions légales et à
celles prévues par le code des marchés de la BEAC, l’agent appose le visa sur le
projet de contrat reçu.

Cependant, si le projet de contrat n’est pas conforme aux textes juridiques en la


matière, l’agent fait une note contenant les observations et suggestions qui
devront être prises en compte par l’entité métier en relation avec le cocontractant
de la BEAC.

Relativement au personnel, les dossiers traités par mon encadreur et moi


portaient notamment sur les résiliations de contrats entre la Banque Centrale et
ses agents.

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II- AUTRES TACHES EFFECTUEES DANS LE DEPARTEMENT

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Hormis les tâches purement juridiques effectuées au DAJR, nous avons eu à
nous confronter de plus près aux activités du secrétariat. C’est dire entre autres
que, nous avons eu une meilleure connaissance sur l’utilisation d’une
imprimante ou d’une copieuse.

Par ailleurs, nous avons eu à distribuer le courriel aux agents du DAJR et à


d’autres entités de la Banque Centrale.

Au cours du stage, nous avons eu à assister à l’enregistrement du contrat. Ce


processus s’effectue de la manière suivante : l’agent en charge de
l’enregistrement des contrats réceptionne le contrat déjà signé, en trois
exemplaires originaux, qui lui a été coté par le Chef via le secrétariat du DAJR.
Il fait une relecture du contrat afin de s’assurer qu’il a fait l’objet d’un avis
juridique préalable et que les éventuelles observations ou suggestions du DAJR
ont bien été intégrées. Si les vérifications sont satisfaisantes, l’agent procède à
l’enregistrement de trois exemplaires du contrat. Un exemplaire est gardé au
DAJR qui est le dépositaire de tous les contrats et conventions signés par la
BEAC, et les deux autres sont retournés à l’entité métier, qui en gardera un pour
son exploitation et transmettra l’autre au cocontractant de la BEAC.

En guise de conclusion de cette première partie de notre travail, nous pouvons


dire sans risque de nous désabuser que notre expérience enrichissante au sein de
la BEAC, notamment son Département des Affaires Juridiques et de la
Réglementation, nous a permis de sortir de notre confort théorique des
connaissances acquises en amphithéâtre pour nous frotter aux réalités d’un
monde professionnel dont la cohérence de l’organisation n’a d’égal que la
complexité du fonctionnement. Il est désormais impérieux pour nous dans les
plus prochaines lignes de nous consacrer à une étude de thème avant de clôturer
par un diagnostic global de notre séjour dans la structure.

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SECONDE PARTIE (THEME D’ETUDE) : LES CONTROLES DE
L’EXECUTION DU BUDGET DE L’ETAT AU CAMEROUN

En lien plus ou moins visible avec certains aspects de l’activité de la BEAC,


nous avons procédé à une étude de thème, à savoir Les contrôles de l’exécution
du budget au Cameroun. Il n’est sans doute pas crucial de rappeler que le
Cameroun est un Etat membre de l’UMAC. Ces considérations liminaires
précisées, nous opterons premièrement pour l’exposé de notre thème d’étude
(Chapitre I) avant, par la suite, de consacrer nos dernières lignes à une
évaluation de notre séjour dans la structure d’accueil, opération qui pourra nous
permettre de formuler quelques modestes suggestions et/ou propositions en guise
de contribution à une efficacité accrue de l’action de la BEAC (Chapitre II).

25
CHAPITRE I : IDENTIFICATION ET PRESENTATION DES TYPES DE
CONTROLE DE L’EXECUTION DU BUDGET DE L’ETAT AU
CAMEROUN

Le vote du budget dans la loi de finances de l’année donne logiquement lieu à


son exécution. Le rituel de la circulaire prise en début de chaque année
budgétaire par le Ministre en charge des Finances de l’Etat et portant exécution
du budget de l’année entame la matérialisation du processus de son exécution. A
cet effet, les performances économiques à moyen terme sont tributaires de la
qualité de l’exécution du budget par les responsables des institutions et
organismes concernés. C’est la prise en compte de l’impact d’une bonne ou
d’une mauvaise exécution de budget sur le sort de l’Etat qui justifie et légitime
l’existence de mécanismes de contrôle ayant pour but de jeter un regard sur la
qualité de l’exécution du budget de tel ou tel service. Bien que partageant un
objectif commun, il ne s’agit pas d’un bloc monolithique mais de contrôles
d’exécution du budget à la fois divers et variés. Ceci dit, quels sont les types de
contrôle de l’exécution du budget au Cameroun ? Dans une logique non
seulement d’efficacité, mais également de cohérence et d’intelligibilité, nous
avons choisi dans le cadre de cette réflexion de les répartir en deux groupes.
Nous les aborderons ainsi selon qu’il s’agit des formes rentrant dans le contrôle
interne à l’exécutif encore appelé contrôle administratif de l’exécution du budget
(Section I) et suivant qu’il s’agit du contrôle s’exerçant de manière extérieure à
l’Administration (Section II).

SECTION I : LES FORMES DE CONTROLE ADMINISTRATIF DE


L’EXECUTION DU BUDGET AU CAMEROUN

Nous présenterons à ce niveau le contrôle de l’exécution du budget assuré par le


MINFI (I) à côté de celui exercé par d’autres départements ministériels ou
organismes (II).

26
I- LE CONTROLE EXERCE PAR LE MINISTERE DES
FINANCES

Au-delà du travail des comptables publics et des contrôleurs financiers


dont le délai de traitement des dossiers est de 72 heures au maximum, le contrôle
interne exercé par le ministère des finances comprend des missions de contrôles
(A) et d’audit (B).
 Les Missions de contrôles
Il convient de rappeler que le MINFI a l’obligation de veiller à la bonne
exécution des lois de finances ; cette veille consiste en des contrôles budgétaires
a priori, concomitants, a posteriori, inopinés ou programmés. Conformément
à la circulaire du 28 décembre 2018, ces contrôles ont pour objectifs de :
- coordonner et superviser les activités des contrôleurs financiers
- harmoniser et codifier les procédures des contrôles financiers
- contrôler la régularité et l’effectivité des opérations de d’exécution des budgets
- contrôler la réalisation physico-financière des programmes et projets
- contrôler les structures de traitement de la solde
- évaluer les opérations d’investissement public
- évaluer les performances des administrations publiques dans le cadre de la
gestion budgétaire.
En vue d’éviter le sentiment d’acharnement des personnes contrôlées et de
promouvoir un contrôle de qualité, le MINFI a prescrit la mobilisation des
équipes conjointes de contrôle. Les missions de contrôles portent sur la
régularité de la gestion budgétaire et de la gestion-matières des services publics,
Etablissements publics, Collectivités territoriales décentralisées et autres
organismes subventionnés par l’Etat.

27
Les missions de contrôle ont un double caractère, d’une part elles sont à titre
pédagogique et informatif (remise de documents relatifs à la réglementation
financière à la séance de travail de clôture) et d’autre part, elles sont à titre
Répressif (transmission du rapport de contrôle au CONSUPE qui peut saisir le
CDBF ou la Chambre des comptes ou même le juge répressif). Les missions de
contrôles n’excluent pas celles d’audit.

 Les Missions d’Audit


L’audit a pour rôle de prévenir les risques juridiques, financiers et comptables ; il
permet de signaler en temps utile les écarts par rapport à la norme ou les atteintes
aux principes de conformité aux lois, de l’efficacité et de l’efficience de la
gestion budgétaire et matières, de manière à ce que l’on puisse dans tous les cas
prendre des mesures correctives. Les structures en charge de l’audit veillent
également à la qualité de la dépense et à l’économie ; pour ce faire, les auditeurs
ont le droit de solliciter des services audités tous les documents nécessaires à
l’accomplissement de leurs missions ; mais les auditeurs procèdent aussi à
l’information et au conseil des ordonnateurs, des comptables publics, des
régisseurs d’avance et de recettes et leur proposent des mesures correctives. Au
plan fiscal le MINFI est assisté par l’Agence Nationale d’Investigation
Financière (ANIF).

II- LE CONTROLE EXERCE PAR LES AUTRES


DEPARTEMENTS MINISTERIELS
Il s’agit principalement du CONSUPE (A) et du Ministère des marchés publics
(B).
A- Le CONSUPE (décret n° 2005/ 374 du 11 Octobre 2005).
Le CONSUPE est un département ministériel rattaché à la Présidence de la
République chargé du contrôle supérieur de l’Etat, c’est-à-dire du contrôle de la
gestion de la fortune publique par les ordonnateurs et gestionnaires de crédits

28
publics (Ministre, Président de Conseil d’Administration, Directeur Général des
sociétés d’Etat, Directeur des sociétés d’Etat, Recteurs, Doyens ……). Les
agents publics et les commissaires aux comptes. Ce ministère agit à deux
niveaux, amont et aval :
- en amont, le CONSUPE exerce un contrôle sur pièces (compte
administratif) et sur place (misions de vérifications et d’audits conduits
par les inspecteurs d’Etat. Ces missions se soldent par des rapports
adressés au MINCONSUPE.
- en aval, le CONSUPE exerce une fonction de répression des atteintes aux
deniers publics à travers le CDBF (voir les affaires Gervais Mendo Ze,
Bruno Bekolo Ebe, Jean Jacques Ndoudoumou et Jean Tabi Manga).
Organe hybride, ce dernier est à la fois un organe mi-administratif (article
1er décret n° 2008/028 du 17 Janvier 2008, portant organisation et
fonctionnement du CDBF) rattaché au CONSUPE c’est-à-dire l’exécutif)
et mi-juridictionnel parce qu’il sanctionne les ordonnateurs et gérants de
crédits sur la base de la loi n° 74/ 18 du 5 Décembre 1974 relative au
contrôle des ordonnateurs, gestionnaires et gérants des crédits publics et
des entreprises d’Etat, modifiée par la loi n° 76/4 du 8 Juillet 1976. A cet
effet, le CDBF prononce des condamnations de mise en débet, des
amendes spéciales et des déchéances. Il est présidé par le Ministre chargé
du CONSUPE qui reçoit les instructions directes du Président de la
République et lui rend compte. Lors des séances du CDBF, il est assisté,
outre du secrétaire permanent du CDBF, des membres représentant le
Président de la République, le Premier Ministre, le Ministre de la Justice ;
le Ministre de l’Administration Territoriale, le Ministre des Finances,
l’Administration d’origine de l’agent soupçonné d’irrégularité (Article 4
de la loi portant organisation du CDBF).
Le CDBF réprime les irrégularités commises par les agents de l’Etat et des
collectivités publiques dans l’exercice de leurs fonctions (article 3 loi de 74 :

29
engagement d’une dépense sans avoir qualité pour le faire, sans crédits
disponibles, sans pièces justificatives suffisantes, sans visa préalable, sans
certificat de service fait ou des fournitures, recrutement irrégulier c’est-à-dire
non inscrit au budget, ou d’un agent en infraction à la réglementation du travail,
le non-respect de la concurrence dans la passation des lettres commandes ou des
marchés publics …) ; les irrégularités commises par les agents publics des
entreprises d’Etat (marchés passés sans concurrence, mauvais recrutement, tenue
irrégulière ou absence de comptabilité, un engagement délibéré de l’entreprise
dans des opérations ruineuses) et enfin les fautes de gestion (réception des
prestation non conformes aux cahiers des charges, fractionnement des marchés,
paiement des avances de marché au-delà des seuils réglementaires, non
reversement des impôts ou des cotisations sociales à la CNPS, paiement des
indemnités à un licencié sans retenue à la source des sommes dues par
l’intéressé, passation des marchés (forage) sans études techniques préalables et
après échec. S’agissant des marchés publics, le CONSUPE est parfois précédé
par la Commission Nationale Anti-Corruption (CONAC) et renforcé par le
Ministre des marchés publics.

B- Le Ministère des Marchés Publics


Créé par décret n° 2012/075 du 08 Mars 2012, le Ministre des Marchés
Publics rattaché à la présidence comprend l’inspecteur général chargé du
contrôle des marchés publics, une Direction Générale des marchés des
infrastructures, une Direction Générale des marchés publics des
approvisionnements et des services, une division des études et de la
prospective et une Direction Générale des contrôles des marchés publics ;
Cette dernière est chargée du contrôle de la réalisation physique des marchés
publics, de la centralisation des procès-verbaux des infractions établies par les
brigades régionales et départementales et l’élaboration des rapports des contrôles
de réalisation physique (brigade centrale

30
+ brigade régionale et départementale).

31
Le Ministre des marchés publics est assisté par les commissions de passation des
marchés créées par décret n°2012/074 du 08 Mars 2012 (commission centrale
près du Ministre des marchés publics, commissions ministérielles, locales
(régionales et départementales) et internes). En matière de gestion du budget
d’investissement public, l’action du MINMAP est harmonisée avec celle du
MINFI et du MINEPAT en ce qui concerne le suivi-évaluation des projets.
Le contrôle des finances publiques qui n’est pas interne à l’administration, lui est
nécessairement extérieur. C’est à ce type de contrôle que nous entendons nous
consacrer dans les prochaines lignes.

SECTION II : LE CONTROLE DE L’EXECUTION DU BUDGET


EXTERNE A L’ADMINISTRATION
Si l’on met de côté l’aspect international (droit de regard des bailleurs de
fonds internationaux), le contrôle externe de finances publiques comprend
l’aspect juridictionnel (I) et politique (II).

I- LE CONTROLE JURIDICTIONNEL
Outre le juge administratif qui effectue le contrôle de légalité, il est
principalement exercé par la chambre des comptes (A), le juge répressif
ordinaire (B) et le Tribunal criminel spécial (C).
A- La Chambre des Comptes
Selon les dispositions de l’article 40 de la Constitution du 18 janvier 1996 et
suivant les termes de la loi n° 2003/ 005 du 21 avril 2003 fixant ses attributions,
son organisation et son fonctionnement en son article 2 (1) : « la chambre des
comptes contrôle et juge les documents en tenant lieu des comptables publics ou
de fait :
- de l’Etat et de ses Etablissements publics
- des Collectivités territoriales et leurs Etablissements publics
- des Entreprises du secteur public et parapublic ».

32
B- Le Juge Répressif Ordinaire
Il est chargé de réprimer, sur le fondement des articles 134-134 bis, 135, 136,
137,
140, 142, 143, 144 et 185 du Code Pénal Camerounais, la corruption, définie
comme le fait pour une autorité ou un agent public de solliciter ou d’agréer
(corruption passive) sans droit, directement ou indirectement, des offres, des
promesses des dons, des présents ou des avantages quelconques, pour accomplir
ou s’abstenir d’accomplir un acte de sa fonction, de sa mission ou de son
mandat. Elle est étroitement liée au détournement de fonds publics ou de biens
publics, qui consiste à obtenir ou retenir frauduleusement une somme ou un bien
appartenant à l’Etat, à une collectivité publique ou à une entreprise publique ou
parapublique.

C- Le Tribunal Criminel Spécial


Créé par la loi n° 2011/028 du 14 Décembre 2011, modifiée par la loi n°
2012/011 du 16 Juillet 2012, le Tribunal Criminel Spécial est compétent pour
connaître, lorsque le préjudice est d’un montant supérieur à 50.000.000 de
francs des infractions de détournement de biens publics et des infractions
connexes prévues par le Code Pénal et les conventions ratifiées par le
Cameroun. Son siège est à Yaoundé et son ressort couvre l’ensemble du
territoire national.

II- LE CONTROLE POLITIQUE


Le contrôle politique est celui qui s’exerce essentiellement par les représentants
du peuple, à savoir les membres du Parlement et le Président de la République
(A), mais ce contrôle peut aussi revêtir une forme directe par l’information de la
société civile et le suivi participatif (B).

33
A- LE CONTROLE POLITIQUE EXERCE PAR LES
REPRESENTANTS DU PEUPLE
« La société a le droit de demander compte à tout agent public de son
administration » (article 15 déclaration des droits de l’homme et du citoyen) ; ce
rôle incombe en premier au Parlement chargé du contrôle politique. Comme
le rappelait François Chouvel, outre le droit à une information sincère et
transparente à l’occasion de l’examen du projet de loi de finances par les
commissions de finances de l’Assemblée Nationale et du Sénat, ainsi qu’en
séance plénière, le Parlement détient un pouvoir budgétaire à savoir le contrôle
des performances des administrations lors de l’examen des rapports présentés par
les ordonnateurs. De plus, la Commission de Finances de l’Assemblée
Nationale et du Sénat et les rapporteurs (parmi les rapporteurs budgétaires, il y a
le Rapporteur Général et les rapporteurs spéciaux, chargés de procéder à toutes
investigations sur pièces et sur place et aux auditions jugées utiles). Ils exercent
un contrôle de l’exécution des Lois de Finances et procèdent à l’évaluation de
l’efficacité de la dépense publique dans le cadre des politiques publiques, en
liaison avec la Chambre des comptes. Pour cela, les rapporteurs spéciaux
peuvent mener toutes investigations, auditionner des personnes par le biais des
questions écrites ou orales (article 35 de la constitution, articles 69 à 71 du
Régime financier de l’Etat de 2007, ce régime de contrôle s’étend également à la
fin de l’exécution dans le cadre de la loi de règlement, laquelle faudrait-il le
rappeler arrête le montant définitif des ressources et des charges de trésorerie,
approuve le compte de résultat de l’exercice, affecte au bilan le résultat
comptable et approuve ce bilan, ratifie les opérations non autorisées lors du vote
de la loi de finances initiale (dépassements de crédits, décrets d’avance…) et
comporte enfin toutes dispositions relatives à l’information et au contrôle du
Parlement sur la gestion des finances publiques.
Le Président de la République pour sa part, en tant que chef de
l’État, bénéficie d’un certain nombre de compétences importantes au regard de la

34
constitution camerounaise (loi constitutionnelle n°96/06 du 18 janvier 1996
modifié et complété par la n°2008/001 du 14 avril 2008). Conformément à
l’article 8 de ce texte, il exerce le pouvoir réglementaire, il nomme aux emplois
civils et militaires. L’article 12 renchérit en donnant au Président de la
République la compétence pour nommer le Premier ministre, les membres du
gouvernement et assimilés. Par interprétation, il faut comprendre que le
Président de la République s’il a compétence pour nommer, inversement, il a
aussi une compétence pour destituer et démettre les agents. C’est ce parallèle qui
peut être utilisé en droit public financier pour démontrer que le Président de la
République peut sanctionner en appliquant son pouvoir de révocation à l’endroit
des agents à l’origine des irrégularités dans la gestion des comptes publics.

Il ressort à titre principal que l’exercice par le Président de la République


de ce pouvoir de sanction est essentiellement discrétionnaire. Le rôle des
représentants du peuple est renforcé par l’implication de la société civile.

B- L’INFORMATION DE LA SOCIETE CIVILE ET LE SUIVI


PARTICIPATIF
Cette exigence démocratique prend la forme d’un contrôle politique voire
populaire de l’exécution du budget ; en effet, l’information de la société civile et
le suivi participatif sont institués par le décret n°20/2013/7987/PM du 13
septembre 2013 portant création, organisation et fonctionnement des comités de
suivi de l’exécution physico-financière de l’investissement public. Il est ainsi
demandé au MINEPAT d’impliquer la société civile dans le processus
budgétaire en rendant les informations disponibles sur le budget et son
exécution. Ces comités de suivi transmettent leurs rapports aux instances
compétentes :
- le comité technique communal transmet son rapport au sous-comité technique
départemental ;

35
- le comité départemental transmet son rapport au comité régional,

36
- le comité régional transmet son rapport au comité national
- le comité national transmet son rapport au PM, au MINEPAT. MINMAP,
MINFI, au CONSUPE et à la CONAC ; un compte rendu d’exécution de chaque
projet d’investissement est publié trimestriellement par les délégués territoriaux
du MINEPAT et du MINMAP.

Les contrôles de l’exécution du budget au Cameroun connaissent des


formes multiples. S’ils se déploient de manière significative dans l’action de
l’administration active, ils s’identifient également de façon au moins tout aussi
importante dans l’activité politique et juridictionnelle. Le bon ou le mauvais état
de l’environnement budgétaire des administrations de l’Etat dans leur ensemble
est en grande partie tributaire de la qualité de ces contrôles. Sur cette dernière
note nous pouvons aborder le dernier chapitre de notre travail, qui sera consacré
à une évaluation de notre séjour au sein du DAJR de la BEAC, à quelques
suggestions et/ou propositions naïves ayant pour unique but de contribuer
humblement à l’amélioration de son activité.

CHAPITRE II : EVALUATION DU STAGE, PROPOSITIONS ET


SUGGESTIONS

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Dans ce chapitre il sera exclusivement question pour nous de procéder à une
évaluation de la qualité de notre séjour dans le lieu d’affectation, notamment
relever les difficultés rencontrées (Section I) et par la suite apporter quelques
modestes suggestions et/ou recommandations y relatives (Section II).

SECTION I : DIFFICULTES RENCONTREES


Notre séjour professionnel dans la structure de la BEAC connu quelques
d’importance plus ou moins bénigne. Celles-ci concernent :
 La lourdeur de notre intégration : En effet, l’intégration dans la
structure d’accueil de jeunes inexpérimentés étrangers au milieu
professionnel demeure une tâche ardue.
 L’absence d’encadreur dans certains services : Toute chose qui
empêche l’étudiant-stagiaire de se consacrer à une tâche précise dans la
structure et quand bien même, de bien l’exécuter en l’absence de
directives à suivre.
 Le manque de certaines fournitures de bureau.
Ces difficultés connues sont néanmoins remédiables.

SECTION II : SUGGESTIONS ET RECOMMANDATIONS

Face aux difficultés rencontrées, nous proposons à la Banque, en toute humilité,


les suggestions suivantes :
 Un meilleur approvisionnement des bureaux en fournitures de travail afin
d’éviter le ralentissement des activités et un éventuel manque à gagner
pour la structure ;
 La désignation automatique d’un formateur lors de l’acceptation d’un
stagiaire dans la structure. Toute chose qui permettra à ce dernier de se
perfectionner comme souhaité.

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 L’amélioration de la qualité de la connexion internet en vue de la
facilitation des tâches d’exécution des utilisateurs.
 Le renouvellement des machines qui ne supportent pas l’important volume
des données.
 Le partage des imprimantes dans le but de simplifier le travail des
utilisateurs métiers.

CONCLUSION

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Au terme de ce travail de restitution et d’analyse d’une riche expérience
professionnelle, quoique de courte durée, nous pouvons affirmer sans l’ombre
d’un doute que les objectifs généraux du stage ont tant bien que mal été atteints.
Ainsi, aux connaissances théoriques acquises tout au long de notre cycle
de formation, viennent se greffer quelques rudiments de professionnalisation, de
mise en pratique des enseignements dispensés.
Fidèle à notre profil académique tout au long de cette brève expérience
professionnelle, nous partons un peu plus aguerri et convaincu de notre choix de
formation, avec l’assurance de pouvoir mieux contribuer à l’avenir, au
développement des Etats de la sous-région d’une manière spécifique, et du
monde en général.

BIBLIOGRAPHIE :

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A- Cours :

 Lionel Pierre GUESSELE ISSEME, Cours de Droit de la comptabilité


publique (UYII-SOA, 2019-2020) ;
 Lionel Pierre GUESSELE ISSEME, Cours de Contentieux des comptes
publics (UYII-SOA, 2020-2021) ;
 BEGNI BAGAGNA, Cours de Finances Publiques et Institutions
Financières (Université de Douala, 2019-2020).

B- Dictionnaires et lexiques :

 Serge GUINCHARD, Thierry DEBARD, Lexique des Termes


Juridiques, 25e édition, 2017-2018.

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