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INTRODUCTION

Le Droit considéré comme « l’ensemble des règles régissant les relations de personnes vivant
en société et sanctionnés par une contrainte émanant de l’autorité publique »1 serait sans
intérêt s’il n’était qu’un corps de règles théoriques sans aucune mise en œuvre pratique. La
science du droit est étudiée traditionnellement sous l’angle de sa théorie générale, à travers
l’étude des différentes disciplines juridiques et de leurs sources (lois, règlements, jurisprudence
doctrine coutume). Cependant, la réalisation effective des droits subjectifs suppose leur
application judiciaire. La pratique judiciaire revêt une importance certaine puisqu’elle permet
de confronter les solutions juridiques aux contraintes des réalités sociologiques.

Dans le discours juridique, l’expression « pratique du droit » revêt deux significations renvoyant
à autant d’aspects de l’activité des tribunaux. Dans l’ancienne terminologie du « Palais », la
pratique désignait l’art des formules, styles ou cautèles utilisés pour former les demandes et
instruire les procès et dont l’enseignement était assuré par les praticiens en dehors des écoles
de droit. Au sens moderne du terme, la pratique du droit ou encore la pratique judiciaire ne
désigne plus les actes des praticiens mais « la manière dont les juges statuent ». Ainsi entendu
la pratique du droit renvoie à « l’application du Droit par les tribunaux » à la « façon dont le
droit est appliqué par les juges et l’ensemble des services et auxiliaires de la justice ». Elle est
constituée des « usages du palais » c'est-à-dire de « ce qui se fait habituellement » dans les
juridictions, les cabinets des auxiliaires de justice (avocats, huissiers, notaires ect…) et les
greffes des tribunaux. Il s’agit d’usages répétés et souvent considérés comme obligatoires par
les praticiens du droit.

Parfois la pratique du droit est assimilée à la « jurisprudence des cours et tribunaux ». Mais,
cette confusion est malheureuse puisqu’elle réduit la jurisprudence à une somme de pratiques,
en passant sous silence sa fonction. En effet, la jurisprudence est constituée de l’ensemble des
décisions de justice rendues dans le même sens sur une même question de droit. On peut
distinguer, à l’image de la coutume, trois types d’usages et de pratiques judiciaires. La pratique
secundum legem, la pratique praeter legem et la pratique contra legem. D’abord, la loi procède
quelquefois par renvoi à l’usage judiciaire. Dans ce cas, par l’effet de ce renvoi, l’usage à la
même force que la loi. On peut citer la pratique des juges des référés consistant à se déclarer
compétents pour statuer sur une demande résiliation de bail commercial lorsqu’une clause
résolutoire de plein droit est insérée dans le contrat de bail.

Cette pratique a été accueillie récemment par l’article 133 de l’Acte uniforme relatif au droit
commercial général adopté le 15 février 2011. Il s’agit en réalité d’un usage qui a fini par
prendre les proportions d’une « jurisprudence ». Ensuite, la pratique peut compléter la loi ou
même combler les vides législatifs. On parle de pratique praeter legem. A titre d’exemple,
devant le silence de la loi, les juges correctionnels ont l’habitude de mettre à la charge de la
partie civile ayant initié une citation directe, l’obligation de consigner une somme d’argent.

Les magistrats renvoient à cet effet l’affaire à la première audience pour au paiement de la
consignation. Les praticiens se sont ainsi inspirés de l’exigence de consignation en matière
d’instruction préparatoire. Enfin, la pratique peut aller à l’encontre de la loi ; il s’agit de pratique
contra legem. Il est possible de tirer un exemple de la pratique du « retour de parquet », très
décriée par les organisations de Droits de l’Homme. Dans la cadre de la procédure de flagrant
délit, il arrive souvent que le procureur de la République, empêché, ordonne aux OPJ (officiers
de police judiciaire) de conduire à nouveau la personne déférée au Parquet dans les locaux de
la gendarmerie ou de la police pour y être détenu, en attendant son audition Cet usage des
parquets, rendu nécessaire par le volume du contentieux, est souvent contestée en raison de la
prolongation de la détention du mis en cause qu’elle implique. Le cours de « pratique du droit
» se fixera pour objectif de systématiser une « théorie de la pratique judiciaire ». Il s’agira
d’étudier dans les limites du droit privé, la façon dont les magistrats et auxiliaires du droit
appliquent les règles juridiques.

La pratique du droit fait aujourd’hui l’objet d’études dans le cadre de la sociologie juridique
qui a pour objet l’analyse empirique des phénomènes juridiques au-delà de leur cadre normatif.
A cet égard, l’étude des usages à l’honneur dans les juridictions civiles, commerciales et pénales
se fera, sous l’angle du droit judiciaire (droit processuel) et plus précisément à l’aune de
l’instance judiciaire. Le cours sera axé sur l’aspect dynamique du procès. Il s’agira au travers
des différentes étapes du procès civil et pénal d’identifier et d’étudier les différentes pratiques
qui rythment l’univers des cours et tribunaux. Ce cours articulé autour des professions et de
l’instance judiciaire, nous permettra d’étudier dans une première partie le statut des magistrats
et des auxilliaires de justice (Partie 1), la règlementation de la profession d’avocat (Partie 2)
ainsi que la pratique judiciaire devant les juridictions civiles et pénales (Partie 3) ;

Partie 1 : STATUT DES MAGISTRATS ET AUXILLIAIRES DE


JUSTICE
La justice en tant que service public destiné au citoyen d’un pays et notamment de la Côte
d’Ivoire est constituée de plusieurs professions qui assurent son fonctionnement quotidien.
Certaines de ces professions sont inhérentes au service public de la justice. Il s’agit de la
profession de magistrat, de celle de greffier, des personnels de l’administration pénitentiaire
(surveillants chef et régisseur de prison) et de l’éducation surveillé (maitre de l’éducation
surveillé). D’autres professions bien qu’exercés à l’extérieur du service public de la justice
ont un lien avec lui. Telles sont les professions d’avocats, de notaires, d’huissier de justice
et de commissaires priseurs. Les personnes qui exercent ces professions sont appelés
auxiliaires de justice. Qu’il s’agit de la profession des personnels judiciaire ou de celles des
auxiliaires de justice, chaque profession est organisé par la loi selon des règles propres. Ces
règles forment le statut de la profession. Ainsi en est-il du statut de la magistrature et des
statuts des auxiliaires de justice.

Notre enseignement portera d’abord sur le statut de la magistrature (Sous-Partie 1) puis


ensuite sur celle des statuts des différents auxiliaires de justice que compte l’organisation
judiciaire en Côte d’Ivoire (Sous-partie 2).

Sous-Partie 1 : LE STATUT DE LA MAGISTRATURE

La profession de magistrat est une profession fortement règlementée. En Côte d’Ivoire, elle
est régie par la loi N° 78/662 du 04 Août 1978 portant statut de la magistrature et son décret
d’application N° 697 du 27 Août 1978. Ce statut a connu plusieurs modifications législatives.
Toutefois, l’accès à la profession, ces conditions d’exercice ainsi que la carrière du magistrat
sont organisés pour l’essentiel par la loi de 1978.

Titre 1 : L’accès à la profession de magistrat


Un magistrat est au sens strict du terme une personne appartenant au corps judiciaire et ayant
pour profession de rendre la justice ou de requérir l’application de la loi au nom de l’Etat. La
profession de magistrat est une profession aussi vieille que le monde car où ont existés les
hommes, il y a toujours eu un besoin de justice. Les personnes chargées de rendre la justice
autrefois n’avaient pas besoin d’une formation particulière pour le faire. Leur qualité de sage
ou d’érudit suffisait à l’exercice de la profession car la justice était très souvent rendue en
équité. La profession ayant évolué avec la société et les systèmes politiques, il s’est agit
désormais de rendre la justice non plus en équité mais en appliquant la loi et en disant le
droit. Par ailleurs elle ne sera plus ouverte à toute personne, elle sera désormais réservée aux
juristes et son exercice soumit à un recrutement et une formation préalable

Chapitre 1 : le recrutement des magistrats

L’accès a la profession de magistrat en Côte d’Ivoire par voie de recrutement. La loi de 1978
portant statut de la magistrature indique les différents modes de recrutement et les conditions
à remplir.

Section 1 : Les différents modes de recrutement

Le statut prévoit deux modes de recrutement. Le recrutement par voie de concours et


l’admission sur titre.

Paragraphe 1 : le recrutement par voie de concours

L’article 20 du statut déclare que nul ne peut être nommé magistrat s’il n’a accomplit
préalablement un stage de formation professionnel et satisfait aux examens de fin stage.
L’admission au stage a lieu par voie de concours.

A- L’organisation du concours d’accès à la profession de magistrat

Un concours est une compétition organisée en vue de procéder à une sélection. Le concours
d’accès à la profession de magistrat est donc une compétition organisé par l’Etat de Côte
d’Ivoire à travers ses institutions pour procéder au recrutement des magistrats. Mais qui
organise ce concours et comment se déroule t-il ?

1- Qui organise le concours


Jusqu’à un passé récent, le recrutement et la formation des magistrats étaient confiées au
ministère de la fonction publique à travers Ecole National d’Administration dite E.N.A mais en
2005, l’organisation du concours a été attribué au ministère de la justice avec la création de
l’école de la magistrature et des professions judiciaires (E.M.P.J) puis celle par la suite en 2008
de l’Institut National de la Formation Judiciaire (I.N.F.J.) qui a accueilli sa première promotion
en 2008-2009. La présence de l’Etat dans l’organisation de ce concours s’explique par le fait
que la profession de magistrat n’est pas une profession libérale ou privée. C’est une profession
publique et le magistrat est un fonctionnaire de l’Etat particulièrement du ministère de la justice.
2- Les modalités d’organisation
Le concours de la magistrature est constitué de deux séries d’épreuves. Une première série
consacrée à l’admissibilité et une seconde relative à l’admission définitive.

a- Les épreuves d’admissibilité


Elles sont essentiellement écrites et consiste à traiter des sujets soumis à l’appréciation du
candidat. Les épreuves sont des épreuves de droit, droit civil, droit commercial, droit pénal et
droit administratif. Néanmoins une épreuve d’ordre générale est également soumise au
candidat sous forme de dissertation littéraire pour apprécier leur niveau de connaissance
générale.

b- L’admission définitive
Elle est organisée sur la base d’épreuves orales. Ces épreuves portent sur des sujets de culture
générale, de procédure civile et de procédure pénale. Elle se déroule devant un jury composé
essentiellement de magistrat en fonction et de professeurs d’universités. Chaque candidat
admissible se présente devant le jury pour exposer sur un sujet qu’il aura préalablement tiré
au sort et préparé.

B- Les résultats du concours


Ils font l’objet d’une délibération et d’une proclamation.

1- Les délibérations du jury


L’admissibilité tout comme l’admission définitive font l’objet d’une délibération du jury. En
effet, à la suite de la correction des épreuves écrites, le jury se réunit pour délibérer sur la liste
des candidats qui seront déclarés admissibles. Il convient de préciser que ces derniers sont
retenus en fonction de leur moyenne et des places disponibles au concours. Celles-ci
n’excèdent pas en général le nombre de 15. Ces personnes près leur comparution devant le
jury pour les épreuves orales vont être encore appréciés et déclarées définitivement admises
au regard de leur moyenne. La moyenne d’admission définitive est au minimum 12/20. Si le
nombre de candidat ayant obtenu cette moyenne n’atteint pas le nombre des places
disponibles, celle-ci restent vacante.
2- La proclamation des résultats
Elle a lieu après les épreuves d’admission définitives et le jour même où celles-ci ont été
passées. La proclamation se fait par affichage dans les locaux de l’institut de formation et tout
le monde peut avoir accès à ces résultats.

Paragraphe 2 : L’admission sur titre

On parle d’admission sur titre lorsqu’une est autorisée à suivre directement le stage
professionnel ou est nommé directement magistrat sans avoir satisfait aux épreuves du
concours. La loi de 1978 portant statut de la magistrature prévoit deux hypothèses d’admission
sur titre. Premièrement la nomination en qualité d’auditeur de justice et deuxièmement celle
en qualité de magistrat.
A- La nomination en qualité d’auditeur de justice

Aux termes de l’article 24 de la loi de 78, peuvent être nommés directement auditeur de justice
c'est-à-dire magistrat stagiaire sans avoir satisfait aux épreuves du concours :

- Les avocats stagiaires qui justifient de deux années de stage


- Les fonctionnaires et agents publics titulaire de leur compétence et leur activité dans
le domaine juridique, économique et social qualifie de l’exercice des fonctions
judiciaires
- Les docteurs en droit
- Les assistants des facultés de droit ayant exercés cette fonction pendant trois années
au moins et possédant un diplôme d’étude supérieur dans une discipline juridique.

L’article 24 précise que le nombre de personnes nommés dans ces conditions ne peuvent
excéder le 1/10ème du nombre des auditeurs juridique issus du concours.

B- La nomination en qualité de magistrat

L’article 25 du statut dispose que peuvent être nommés directement dans les fonctions de
magistrat sans avoir satisfait aux épreuves du concours ni au stage de formation :
- Les fonctionnaires et officiers ministériels que leur compétence et leur activité dans
le domaine juridique, économique et social qualifie pour l’exercice des fonctions
judiciaires et qui exerce leurs fonctions précédentes depuis plus de 10 ans
- Les avocats, les greffiers en chef et les secrétaires de chambre de la cour suprême
ayant au moins 10 années de service.
- Les agrégés des facultés de droit et les chargés de cours ayant enseigné pendant 2 ans
au moins dans une faculté de droit.

Ici également le nombre de personne nommées ne doit pas excéder le 1/10ème de postes
disponibles.

Section 2 : Les conditions du recrutement

Les candidats qu’ils soient retenus par voie de concours où admis sur titre à la profession
doivent réunir un certain nombre de conditions. Les unes sont communes à tous les candidats,
les autres concernent les candidats admis sur titre uniquement.

Paragraphe 1 : les conditions de recrutement communes à tous les candidats

Ces conditions sont relatives pour certaines à la personne même du candidat et pour d’autres
à son niveau d’étude.

A- Les conditions relatives à la personne du candidat


Aux termes de l’article 21 du statut, tout candidat à la profession de magistrat doit réunir les
conditions suivantes :

- Etre de nationalité ivoirienne


- Etre âgé de 21 ans au moins et de 40 ans au plus au 1er janvier de l’année en cours
- Jouir de ses droits civiques et être de bonnes moralités
- Remplir les conditions d’aptitudes physique nécessaire à l’exercice de la profession
et être reconnu indemne ou définitivement guéri de toute affection donnant droit à un
congé de longue durée
- Etre en position régulière au regard des lois sur le recrutement dans l’armée.
B- Les conditions relatives au niveau d’étude

L’article 21 du statut exige du candidat d’être titulaire de la licence en droit délivrée sous le
régime fixé par décret N° 54/343 du 27 mars 1954 ou de la maitrise en droit.
Il convient de faire deux remarques à ce niveau. Tout d’abord la licence prévue par le décret
de 1954 appelée licence ancienne formule et qui s’obtenait après quatre années a été
définitivement supprimé de l’enseignement supérieur. Depuis lors, une distinction a été faite
entre une licence en droit obtenue après trois années d’étude juridique et la maitrise en droit
obtenue une année plus tard. Une nouvelle modification est intervenue avec le système LMD.
La deuxième remarque est relative au fait que l’article 21 de distingue pas entre les différentes
filières conduisant à la maitrise. Peu importe donc que le candidat soit titulaire d’une maitrise
en droit judiciaire, publique, des affaires etc.

Paragraphe 2 : Les conditions propres aux candidats admis sur titre

On peut observer à travers les articles 24 et 25 du statut que l’une des conditions de l’admission
sur titre est d’avoir déjà une certaine expérience professionnelle. Elle est également d’a voir
des compétences en matière juridique, économique ou sociale enfin d’avoir des diplômes de
l’enseignement supérieur.

Chapitre 2 : La formation à la profession de magistrat

Elle vise à appendre au candidat les rudiments de la profession. La formation se déroule sur
deux années et comprend une formation initiale et un stage pratique.

Section 1 : La formation initiale

Elle débute dès l’entrée à l’institue de formation. Elle vise à inculquer une formation de base à
travers divers enseignements consacrés à la connaissance de toutes les fonctions judiciaires.

Paragraphe 1 : Les matières enseignées

Visant tout d’abord la connaissance théorique des fonctions judiciaires, la formation initiale
est basée essentiellement sur les matières spécifiques telles que : la fonction du parquet,
l’instruction, le siège civil et le siège pénale. Toutefois sont également enseignées les matières
qui ne sont pas liées directement à la profession mais concours à un meilleur exercice de celle-
ci. Il s’agit de la comptabilité privé, du management des organisations, de la psychologie
judiciaire et du droit administratif.

Paragraphe 2 : Le déroulement de la formation

La formation initiale qui dure une année se déroule exclusivement au sein de l’Institut National
de Formation Judiciaire (I.N.F.J). Elle est assurée par des magistrats et des non magistrats. Les
enseignements sont dispensés sous forme de cours académiques. Les cours sont animées sur
la base de méthodes pédagogiques dites actives qui implique la participation effective des
étudiants et l’utilisation des moyens et des supports pédagogiques appropriés. Chaque
enseignement donne lieu à deux évaluations écrites ainsi qu’à une note de participation. A
l’issu de cette formation initiale, les étudiants admis au stage pratique sont envoyés dans les
différentes juridictions.

Section 2 : La formation pratique

Il s’agit du stage professionnel portant sur toutes les fonctions judiciaires susceptibles d’être
exercées par l’étudiant à la sortie des instituts et des stages dans des services extérieurs à la
justice mais qui en raison de leur activité collabore avec elle.

Paragraphe 1 : Le stage en juridiction

Le stage en juridiction se déroule dans les tribunaux de première instance et leurs sections
détachées et est obligatoirement précédé de la prestation de serment d’auditeur de justice.

A- La prestation préalable du serment d’auditeur de justice

L’article 20 du statut déclare que les candidats admis au stage sont nommés auditeur de
justice et peuvent en cette qualité être affectés dans les juridictions pour y effectuer des stages
pratiques. Cependant préalablement à toute activité il prête servent devant la cour d’appel.
Le contenu du serment est le suivant : « je jure de garder religieusement le secret
professionnel et de me conduire en tout, comme un digne et loyal auditeur de justice. ».

La nécessité de serment s’explique par le fait que durant le stage, les auditeurs de justice
participent sous la responsabilité des magistrats à l’activité juridictionnel. Ils peuvent
notamment assister le juge d’instruction dans ses actes, le procureur de la république dans
l’exercice des poursuites et siéger en surnombre avec voix consultative aux délibérations des
tribunaux. Aussi est-il est nécessaire qu’il garde le secret de tous les dossiers auxquels ils
auront eu accès à l’occasion du stage.

B- Le stage proprement dit


Les auditeurs de justice sont repartis pour leur stage sur l’ensemble des tribunaux de
premières instances et sections détachées du territoire national. La répartition est faite par
ordre de mérite sur la base du classement de la première année et selon les nécessités du
stage. Le stage se déroule dans les différents secteurs du tribunal à savoir au service du
procureur de la république ou parquet, celui du président du tribunal que l’on appelle le siège
et au greffe de la juridiction. Le stage se déroule dans ces différents services suivant un
calendrier préalablement établi par l’institut. La durée minimum de temps est de trois mois
par service. Les auditeurs de justice participent également aux audiences publiques. A la fin
de stage, une note leur est attribuée.

Paragraphe 2 : Les stages extérieurs

Certains services extérieurs à la justice reçoivent également les auditeurs de justice pour leur
formation pratique. Ces services ont la caractéristique de travailler en collaboration avec la
justice. Il s’agit des services de police, de gendarmerie, des compagnies d’assurance, cabinet
de notaire, d’avocat et étude d’huissier de justice. Ces services et leurs animateurs apportent
ainsi aux auditeurs de justice d’autres connaissances de la vie professionnelle. Il convient de
préciser que les stages extérieurs ne font pas l’objet d’évaluation. La fin de la formation est
sanctionnée par la moyenne des notes obtenues au cours de la formation initiale et au cours
du stage pratique. Tout auditeur de justice qui aura obtenu une moyenne de 12/20 est donc
accessible à l’exercice de la profession de magistrat.

Titre II : L’exercice de la profession de magistrat

La fin de la formation fut-elle réalisée avec succès, ne donne pas directement lieu à l’exercice
de la profession. Il faut l’accomplissement de certaines formalités administratives.

Chpitre 1 : Les formalités administratives nécessaires à l’exercice de la profession

Il y a deux séries de formalités: la nomination et l’affectation à un poste d’une part, la


prestation de serment et l’installation dans les nouvelles fonctions d’autre part.

Section 1 : La nomination et l’affectation

Paragraphe 1 : La nomination dans une fonction de la magistrature


Il existe deux grandes fonctions dans la magistrature : la fonction de siège et la fonction de
parquet.

A- La fonction de siège
C’est la magistrature assise. Elle se subdivise en deux fonctions : la fonction de siège pur et
la fonction d’instruction.

1- La fonction de siège pur


Elle est celle des magistrats qui reste assis sur leurs sièges durant une audience et qui dirigent
les débats entre les parties. Elle consiste à juger une affaire à partir des preuves recueillies
et des arguments développés par chacune des parties. L’auditeur de justice qui a satisfait aux
épreuves de la formation peut donc être nommé dans cette fonction en qualité de juge du
tribunal de première instance ou de juge de section adjoints dans une section de tribunal.
Suivant la nature des affaires dont il aura à connaitre, il pourra exercer les fonctions de juge
des affaires matrimoniales, juge des tutelles, juge pénal ou encore juge civil.

2- La fonction d’instruction

Elle consiste à faire des enquêtes relativement à des affaires pénales dont le tribunal est saisi.
Cette fonction est celle du juge d’instruction. L’auditeur de justice peut être nommé juge
d’instruction de deuxième classe dans un tribunal de première instance.

Ce qui caractérise les magistrats qui exercent la fonction de siège c’est qu’ils sont
indépendants et inamovibles. En effet ils exercent leurs fonctions en toute liberté vis-à-vis du
pouvoir politique et ne peuvent être affectés à d’autres postes contre leur gré même s’il s’agit
d’une promotion.
B- La fonction de parquet

C’est la magistrature debout. Ceux qui exercent cette fonction se tiennent toujours debout
lorsqu’ils prennent la parole à l’audience. Elle consiste à engager des poursuites pénales
contre tous ceux qui commettent des infractions et à les conduire devant la justice. Pour ce
faire, les magistrats du parquet reçoivent les plaintes et les dénonciations et travaille en
collaboration avec les services de police et de gendarmerie auxquels il donne des instructions.
Au cours d’un procès c’est eux qui soutiennent l’accusation et demande l’application de la
peine. Les postes dans les fonctions du parquet sont ceux de substitut du procureur de la
république de deuxième classe, substitut du procureur de la république de première classe,
procureur de la république adjoint et procureur de la république. L’auditeur de justice qui
commence sa carrière en cette fonction est nommé substitut du procureur de deuxième classe.
Les autres postes ne lui seront accessibles qu’après un certain nombre d’année de carrière.
Les magistrats du parquet ne sont pas indépendants. Ils obéissent à leurs supérieurs
hiérarchiques dont ils doivent appliquer les instructions. Ils sont placés sous l’autorité directe
du garde des sceaux ministre de la justice.

Enfin la nomination dans les fonctions de siège ou de parquet se fait par décret du président
de la république.

Paragraphe 2 : L’affectation dans une juridiction

Les différentes fonctions et les postes ci-dessus décrits s’exercent dans les juridictions de
l’ordre judiciaire repartis sur l’ensemble du territoire national. Les affectations dans ces
juridictions se font suivant certains critères.

A- Les juridictions d’affectation


La justice en Côte d’Ivoire est organisée selon le système du double degré de juridiction. On
distingue ainsi les juridictions du premier degré qui sont les juridictions inférieures dans
l’organisation judiciaires. Il s’agit des tribunaux de première instance installés dans les
grands départements et des sections détachées institués dans les départements de moyennes
dimensions. Les juridictions de second degré qui sont les juridictions supérieures c'est-à-dire
les cours d’appel. Le système judiciaire de la Côte d’Ivoire comprend trois cours d’appel :
la cour d’appel d’Abidjan, la cour d’appel de Bouaké et la cour d’appel de Daloa. Il existe
huit (8) tribunaux de première instance et plusieurs sections de tribunaux.

- Le tribunal de première instance d’Abidjan Plateau auxquels sont rattachées les


sections de tribunal de Bassam, Aboisso, Agboville et Adzopé
- Le tribunal de première instance d’Abidjan Yopougon dont les sections détachées
sont Dabou et Tiassalé.
- Tribunal de première d’instance ‘Abengourou avec comme sections détachées
Bondoukou et Bouna
- Le tribunal de première instance de Bouaké avec pour section détaché Toumodi,
Dimbokro et M’Bahiakro
- Le tribunal de première instance de Korhogo avec les sections détachées d’Odiéné et
de Boundiali
- Le tribunal de première instance de Bouaflé avec comme section détachées Sinfra et
Oumé.
- Le tribunal de première instance de Gagnoa dont les sections détachées sont Lakota
et Divo
- Le tribunal de première instance de Daloa auxquelles sont rattachées les sections de
Soubré et Séguéla
- Le tribunal de première instance de Man avec deux sections détachées : Danané et
Touba.

B- Les critères d’affectation

L’affectation tient compte de trois critères. Le premier est que l’auditeur de justice
fraichement sorti de la formation ne peut être affecté dans une juridiction de second degré.
Le deuxième critère est que l’affectation dans les juridictions de premier degré se fait au
mérite notamment en fonction de la place occupée dans le classement de sortie. Enfin pour
des raison de nécessité de service, les affectations peuvent ne pas obéir aux critères précités.

Section 2 : La prestation de serment de magistrat

Il convient de distinguer la prestation de serment du magistrat de son installation dans les


fonctions auxquelles il est nommé.
Paragraphe 1 : L’obligation au serment

Le magistrat prête serment deux fois tout au long de sa carrière. Une première fois en tant
qu’auditeur de justice et une deuxième fois en tant que magistrat. En effet l’article 8 alinéa
1er du statut dispose que « tout magistrat lors de sa nomination à son premier poste et avant
l’entrée en fonction prête serment. »

La formule de serment de magistrat est quelque peu différente de celle de l’auditeur de


justice. Elle s’exprime en ces termes : « je jure de bien et fidèlement remplir mes fonctions
et de me conduire en tout, comme un digne et loyal magistrat. ».

Le serment de magistrat est en principe prêté solennellement devant la cour d’appel au cours
d’une audience spéciale. Mais en cas de nécessité, le magistrat peut prêter serment par écrit
sous réserve de le renouveler plus tard au cours d’une audience solennel (article 9 alinéa 2 du
statut). Le magistrat ne peut jamais être relevé de son serment aussi longtemps qu’il demeure
dans cette profession et le serment de magistrat se prête une seule fois quelques soit les
différentes fonctions qu’on occupera au cours de sa carrière. Cependant il peut y avoir
plusieurs cérémonies d’installation dans les fonctions occupées au cours de la carrière.
Paragraphe 2 : L’installation dans les fonctions de magistrat

L’installation apparait comme une sorte d’investiture du magistrat dans ses nouvelles
fonctions. Elle a lieu dans la juridiction où il est nommé et se fait au cours d’une audience
solennelle. L’installation dans les fonctions intervient aussi bien pour les nouveaux que pour
les anciens magistrats.

A titre d’exemple, un auditeur de justice est nommé juge d’instruction au tribunal de première
instance de Yopougon. Avant d’entrer en fonction, il va prêter serment devant la cour d’appel
d’Abidjan. Puis il sera installé dans ses fonctions de juge d’instruction à un autre moment au
cours d’une cérémonie d’installation qui aura lieu au tribunal de Yopougon. Le deuxième
exemple concerne un magistrat déjà en fonction au tribunal de Yopougon en qualité de
substitut du procureur et qui est muté au tribunal de première instance de Bouaké. Avant de
prendre fonction dans cette juridiction, il ne prêtera pas serment devant la cour d’appel de
Bouaké puisqu’il l’a déjà fait à Abidjan. Mais il fera l’objet d’une cérémonie d’installation
dans ses fonctions au tribunal de Bouaké.

Chapitre II : L’exercice proprement dite de la profession de Magistrat

La profession de magistrat est une profession particulièrement contraingnante; car elle


comporte beaucoup d’interdictions, d’incompatibilité et d’obligations. Mais le magistrate a
aussi des avantages et des droits lies à sa profession.

Section 1 : Les contraintes de la profession

Il s’agit des interdictions, incompatibilités et obligations auxquelles est soumis le magistrat


dans l’exercice de ses fonctions.
Paragraphe 1 : Les interdictions

Elles sont énumérées aux articles 13 à 16 du statut et concerne le traitement d’une affaire
concernant un proche, l’acquisition ou la cession de biens faisant l’objet d’une procédure
judiciaire, le règlement des intérêts personnels par un acte de sa fonction et la cessation de
travail.

A- L’interdiction de traiter une affaire concernant un proche

L’article 13 du statut interdit aux magistrat de connaitre d’une affaire dans laquelle l’une des
parties est représentée par un avocat ou un mandataire qui est sont parent ou son allié
jusqu’au quatrième degré.

Par exemple si l’épouse d’un magistrat est avocate, ce magistrat ne doit pas traiter les affaires
dans lesquelles sa conjointe représente l’une des parties au procès. Ceci pour éviter un
éventuel parti-pris et éviter au juge son impartialité. En cas de violation de cette interdiction,
la procédure peut être frappée de nullité.

B- L’interdiction des transactions sur les droits litigieux

Le magistrat ne doit pas se rendre acquéreur ou cessionnaire par lui-même ou par personne
interposée des droits litigieux qui sont de la compétence des juridictions dans le ressort
desquelles il exerce ses fonctions. Il ne doit pas acquérir des biens, droits et créances dont il
doit poursuivre ou autoriser la vente. Il ne doit pas les prendre en louage ni les recevoir en
nantissement. De telles transactions de sa part seraient frappées de nullité (article 14 du
statut).
C- L’interdiction du règlement des intérêts personnels par un acte de sa fonction

L’article 15 du statut interdit au magistrat d’accomplir un acte de sa fonction lorsqu’il s’agit


de ses propres intérêts, de ceux de sa femme, de ses enfants ou alliés en ligne directe ou en
ligne collatérale jusqu’au quatrième degré ou encore lorsqu’il s’agit des intérêts d’une
personne dont il est le représentant légal ou le mandataire. Un tel acte sera frappé de nullité.

D- La cessation du travail

Aux termes de l’article 16 alinéa 3 du statut : « est également interdit au magistrat toute
action concerté de nature à arrêter ou entraver le fonctionnement des juridictions. »

Il résulte de cet article que les magistrats n’ont pas le droit de grève. Ils ne peuvent par une
action concertée décider d’arrêter le travail. Cette interdiction du droit de grève contient
implicitement celle de constituer en syndicat puisque le droit de grève est l’un des moyens
d’action de revendication des syndicats. Cependant, avec l’avènement de la nouvelle
constitution ivoirienne du 01 Août 2000 qui reconnait ce droit à tout travailleur, les magistrats
peuvent également pour des revendications professionnelles arrêter le travail tout en
conservant un service minimum.

Paragraphe 2 : les incompatibilités

Il s’agit de certaines activités qui ne peuvent s’exercer concomitamment avec la profession


de magistrat. Toutefois en la matière il y a un principe et une exception.

A- Le principe de l’incompatibilité de la fonction de magistrat


avec d’autres activités

Au terme de l’article 10 alinéa 1 du statut « l’exercice des fonctions de magistrat est


incompatible avec l’exercice de toutes fonctions publiques et de tout autres fonction
rémunérées ».

Cela signifie que l’on ne peut magistrat en fonction dans une juridiction (juge d’instruction,
substitut du procureur) et exercé une autre fonction publique (directeur, sous-directeur
d’administration) ou tout autre activité rémunérée (activité commerciale, associé ou
consultant dans une entreprise privée, etc.).

L’article 11 du même statut précise encore que l’exercice des fonctions de magistrat est
incompatible avec l’exercice de toute fonction élective ce qui veut dire qu’on ne peut être
juge et député ou juge et maire de commune. Cependant ces incompatibilités connaissent
quelques exceptions.

B- Les exceptions au principe


Certaines activités peuvent être exercées en même temps que la profession de magistrat à
condition d’avoir des dérogations ou autorisations.

1- Les activités nécessitant des dérogations


L’alinéa 2 de l’article 10 du statut dispose que les dérogations individuelles peuvent être
accordées aux magistrats pour:

- Donner des enseignements ressortissants à leur compétence par exemple un magistrat


du ministère public peut être autorisé à donner des cours de droit pénal et de procédure
pénale ;
- Exercer des fonctions ou activités qui ne seraient pas de nature à porter atteinte à la
dignité du magistrat et à son indépendance (conseiller de ministre).
2- Les activités nécessitant une autorisation
Il s’agit d’activités qui ne sont pas vraiment incompatible avec la fonction de magistrat en ce
qu’elles ne portent pas atteinte à la dignité et à l’indépendance de ce dernier mais dont
l’exercice nécessite néanmoins une autorisation préalable de l’autorité hiérarchique. Tel est
le cas de la participation des magistrats aux travaux d’organismes ou de commissions
extrajudiciaires par exemple la participation à des commissions d’enquêtes, des commissions
des droits de l’Homme, des séminaires, colloques et autres tables rondes. Cette autorisation
est accordée par le garde des sceaux ministre de la justice.
3- Les activités ne nécessitant aucune autorisation
Il existe des activités pour lesquelles le magistrat n’a pas besoin d’autorisations. En
effet, l’article 10 alinéa 3 du statut déclare que « les magistrats peuvent, sans autorisation
préalable, se livrer à des travaux scientifiques, littéraires ou artistiques ».

Paragraphe 3 : Les obligations

Quatre principales obligations pèsent sur le magistrat dans l’exercice de ses fonctions :

- L’obligation au secret professionnel ;


- L’obligation de réserve ;
- L’obligation de résidence ;
- L’obligation de porter le costume d’audience.

A- L’obligation au secret professionnel


Cette obligation signifie que le magistrat ne doit pas divulguer les informations et
renseignements confidentiels auxquels il aurait eu accès dans l’exercice de ses fonctions. Il
en doit pas non plus diffuser avant qu’elle ne soit prononcée publiquement les décisions
prises au cours des délibérations auxquels il a participé. On dit qu’il doit garder le secret des
délibérations.

B- L’obligation de réserve
Le magistrat est tenu à une obligation de réserve. Cette obligation résulte en réalité des
interdictions qui lui sont faites par l’article 7 du statut en ces termes : « toutes délibérations
politiques est interdites au corps judiciaire. Toutes manifestations d’hostilités aux
principes et à la forme du gouvernement de la République est interdit aux magistrats de
même que toute démonstration de nature politique incompatible avec la réserve que leur
impose leur fonction».

Il résulte de ce qui précède que le magistrat ne doit pas faire de la politique. Il ne doit pas
manifester son opinion politique ni participer à des rencontres de même nature.

C- L’obligation de résidence
L’article 18 alinéa 1 dispose que « les magistrats sont astreint à résider au siège de la
juridiction à laquelle ils appartiennent. Ils ne peuvent s’absenter sans congé ou permission
si ce n’est pour cause de service ». L’obligation de résidence signifie que le magistrat doit
habiter dans le lieu de sa juridiction. Par exemple s’il est en fonction au TPI de Bouaké, il
doit résider la ville de Bouaké ; il ne peut résider ailleurs.

Cette obligation de résidence s’accompagne d’une autre obligation qui est l’obligation de
présence. En effet, le magistrat ne peut s’absenter de son poste de travail sans raison. S’il doit
s’absenter, cela ne peut se faire qu’avec une permission ou une décision de congés ou encore
pour des raisons de service.
D- L’obligation de porter le costume d’audience
Les magistrats sont également astreints à l’audience au port d’un costume c’est-à-dire une
tenue qu’ils arborent pour prendre part aux audiences des juridictions. On distingue à cet
effet deux types de costumes :

- Le costume des audiences ordinaires ;


- Le costume des audiences solennelles.
1- Le costume des audiences ordinaires
Les audiences ordinaires sont généralement celles au cours desquelles les affaires sont
jugées. Le costume de circonstance dans ce cas est la toge noire à grande manche avec
simarre noire et ceinture noire, toque noire bordée de velours noir ornée d’un galon d’argent,
cravate tombante de baptiste blanche plissée et une épitoge de fourrure blanche (article 18
alinéa 1 du décret de 1998).

2- Le costume des audiences solennelles


Il s’agit des audiences de cérémonie par exemple les audiences de prestation de serment,
d’installation de magistrat, et audiences de rentrée judiciaire. Le costume porté dans ces
occasions est la toge de couleur rouge avec simarre de soie noire, ceinture de soie aux
couleurs ivoiriennes avec frange de soie et une toque de velours noire (article18 alinéa 2).

Section 2 : Les droits et avantages de la profession de magistrat


Paragraphe 1 : Les droits

Tout magistrat a droit à une rémunération et à une carte professionnelle.

A- Le droit à une rémunération


L’article 33 du statut de la magistrature indique que les magistrats perçoivent une
rémunération qui comprend le traitement soumis à retenue pour pension et des accessoires
de salaires tels que défini par le statut général de la fonction publique. Ce traitement est fixé
par décret.

B- Le droit à une carte professionnelle


L’article 19 du décret d’application de la loi portant statut de la magistrature déclare que les
magistrats en fonction dans les emplois judicaires sont munis d’une carte professionnelle dont
le modèle et les conditions de délivrance, d’usage et de retrait sont définis par arrêté du garde
des sceaux, ministre de la justice.

Cette carte comporte entre autre indications la mention suivante : « le garde des sceaux,
ministre de la justice prescrit aux agents de l’autorité d’assurer la libre circulation de M
ou Mme …… pour les besoins de service et dans l’exercice de ses fonctions »

Lorsque le magistrat cesse d’assurer la fonction pour laquelle la carte lui a été délivrée, il doit
la restituer sans délai au ministère qui lui en délivrera une nouvelle s’il y a lieu.
Paragraphe 2 : Les avantages liés à la profession

Il s’agit des prérogatives accordées aux magistrats mais qui peuvent leur être retiré à tout
moment. On distingue les avantages pécuniaires, des avantages sociaux ainsi que des
avantages d’autres natures.

A- Les avantages pécuniaires


Les magistrats ont doit à deux sortes d’avantages pécuniaires :

- Les avantages consentis à tous les fonctionnaires ;


- Les avantages propres à la fonction de magistrat.
En effet l’article 34 du statut de la magistrature dispose que « les magistrats ont en outre
droits à tous les avantages consentis aux fonctionnaires régis par le statut général de la
fonction publique ». Il s’agit notamment de l’indemnité de transport et des allocations
familiales. Mais les magistrats disposent également d’avantages pécuniaires spécifiques à
savoir une indemnité de logement, une indemnité de judicature, une indemnité
d’investigation, une indemnité de représentation, et une indemnité de responsabilité.

B- Les avantages sociaux


L’article 58 du statut de la magistrature précise que « les dispositions du statut général de la
fonction publique relatives notamment aux diverses positions des fonctionnaires, aux
régimes des congés et des pensions s’appliquent aux magistrats dans la mesure où elles ne
sont pas contraires aux règles statutaires du code judiciaire ».

Ainsi les magistrats bénéficient aussi des prestations de la MUGEFCI et de la CGRAE. Les
magistrats bénéficient également d’une protection particulière. En effet indépendamment des
règles du code pénal qui punissent toutes infraction commises à l’égard de tout citoyen quel
qu’il soit, les magistrats sont protégés contre les menaces et attaques de quelque nature qu’elles
soient dont ils peuvent faire l’objet dans l’exercice de leur fonction. Ils sont également
protégés contre les poursuites judiciaires qui ne peuvent être engagées à leur endroit que
suivant une procédure particulière dites procédure de prise à partie (article 17 alinéa 2 du
statut).

Chapitre III : LA CARRIERE DE MAGISTRAT


Section 1 : Le déroulement de la carrière

Il ne suffit pas d’être nommé dans les fonctions de magistrat, encore faut-il y faire carrière.
Cela n’est possible qu’en application de certaines règles. Les règles déterminant les grades et
les emplois auxquels le magistrat peut accéder durant sa carrière d’une part, et les règles fixant
les conditions d’avancement dans la carrière d’autre part.

Paragraphe 1: Les grades et emplois de la profession de magistrat

La profession de magistrat est fortement hiérarchisée. Elle comprend différends grades et


emplois auxquels le magistrat peut accéder tout au long de sa carrière s’il donne satisfaction.

A- Les grades de la magistrature


Le corps de la magistrature est divisé en trois grades :

- Le grade de magistrat hors hiérarchie ;


- Le grade de magistrat du premier grade ;
- Le grade de magistrat du deuxième grade.

1- Le grade de magistrat hors hiérarchie


C’est le grade le plus élevé de la profession car il est le dernier auquel on accède avant la
retraite. Ce grade est subdivisé en deux groupes, le groupe A et le groupe B. Le magistrat
accède directement au groupe A après trois année passée dans le groupe B. Mais pour accéder
au grade de magistrat hors hiérarchie groupe B, il faut avoir au moins vingt ans de carrière.

2- Le magistrat du premier grade


Le premier grade de la magistrature qui vient immédiatement après celui de hors hiérarchie
comprend également deux groupes, le 1er groupe et le 2ème groupe. On distingue ainsi dans
ce grade les magistrats du 1er grade 1er groupe, qui est le plus élevé, et les magistrats du 1er
grade 2ème groupe.

3- Les magistrats du deuxième grade


La réparation se fait ici de la même manière que dans le premier grade. On distingue alors les
magistrats du 2ème grade 1er groupe suivis des magistrats du 2ème grade 2ème groupe.
Ferment la marche les auditeurs de justice qui forment le grade des auditeurs de justice.

B- Les emplois de la magistrature

Dans profession de magistrat, n’accède pas à un emploi qui veut. Il faut avoir le grade
correspondant à l’emploi car chaque emploi correspond en effet à un grade. Par exemple si
l’on est magistrat hors hiérarchie du groupe A, l’on peut être membre de la cour suprême. Si
l’on est magistrat hors hiérarchie du groupe B, l’on peut occuper les fonctions de premier
président de la cour d’appel ou de procureur général près de ladite cour. Le premier grade
premier groupe grade donne droit aux emplois ou aux fonctions d’avocat général et président
de chambre à la cour d’appel, de président du tribunal de première instance et de procureur de
la république près dudit tribunal. Le premier grade deuxième groupe ouvre aux emplois de
substitut général et de conseiller à la cour d’appel, de vice président du tribunal de première
instance, et de procureur de la république près du même adjoint tribunal. Les fonctions de
deuxième grade premier groupe sont celles de substitut du procureur de la république de
première classe, juge d’instruction de première classe et juge de section. Quant aux fonctions
de deuxième grade deuxième groupe, il s’agit de juge d’instruction de deuxième classe, juge
de section adjoint et de substitut du procureur de deuxième classe.

Paragraphe 2 : Les avancements

Les avancements sont les passages d’un grade à un autre. Ils obéissent à certaines règles
relative tant à la durée qu’au critère de choix.

A- La durée des avancements

Pour avancer d’un grade à un autre il faut avoir passé un certain nombre d’années dans le grade
initial. Ainsi par exemple, pour passer du grade de magistrat deuxième grade du deuxième
groupe à celui de magistrat du 2ème grade 1er groupe il faut au moins 8 ans en exercice de
service. Pour accéder au grade de magistrat premier grade deuxième groupe lorsque l’on quitte
legrade de magistrat du deuxième grade premier groupe il faut au moins 6 ans de service. Il
convient de préciser que pour accéder au grade de magistrat hors hiérarchie, il n’y a pas de
durée précise à observer dans le grade précédent c'est-à-dire du grade de magistrat premier
grade premier groupe car la nomination au grade de magistrat hors hiérarchie relève du
pouvoir discrétionnaire du président de la république.

B- Les critères d’avancement

L’avancement d’un grade à un autre n’est pas automatique. Il intervient sur la base de
notations. En effet, les magistrats sont notés par leurs chefs hiérarchiques dans l’exercice de
leur fonction. Ces notes portent sur plusieurs éléments d’appréciation qui sont : la tenue
vestimentaire et la présentation, le bon sens, le jugement, l’esprit de synthèse, la culture
générale, la curiosité intellectuelle, l’autorité, le sens des responsabilités, la force de
caractère, la pondération, le sens de la mesure, la puissance de travail, la méthode et le sens
de l’organisation, les connaissances juridiques et le sens de l’application du droit, la qualité
de rédaction, l’aptitude à la présidence des audiences, la qualités d’administrateur et enfin
l’aptitude à la parole.

Les degrés d’appréciation de ces différents critères vont de mauvais à exceptionnels en


passant par insuffisant, bon, très bon. Ils correspondent à une note sur 20. Chaque année
judiciaire, une liste d’aptitude et d’avancement des magistrats est dressée par la direction des
services judiciaires et des ressources humaines du ministère de la justice qui la transmet au
conseil supérieur de la magistrature. Cet organise délibère sur les avancements et proclame
ses résultats. Il convient toutefois de dire que l’avancement n’est pas seulement fondé sur les
notes. Le comportement et la discipline du corps sont également pris en compte.

Paragraphe 3 : La discipline des magistrats

Dans l’exercice de leurs fonctions les magistrats doivent faire preuve d’une certaine
discipline c'est-à-dire qu’ils doivent observer les règles déontologique que leur impose la
profession et ne jamais manquer à leurs obligations faute de quoi ils peuvent faire l’objet de
sanctions disciplinaires. Quels sont ces manquements et les sanctions qui y sont attachées.
A- Les fautes disciplinaires

L’article 35 alinéa 1er du statut de la magistrature définit la faute disciplinaire comme étant
« tout manquement par un magistrat aux convenance de son état à l’honneur, à la
délicatesse ou à la dignité ».

Par convenance il faut comprendre tout ce qui est approprié, tout ce qui est bienséant pour la
profession. Et par manquement aux convenances, tout ce qui peut nuire à l’image de la
profession. Par exemple, il est inconvenant qu’un magistrat soit en Etat d’ivresse dans
l’exercice de ses fonctions. Il est également inconvenant qu’un magistrat s’adonne à certaine
pratique telle que le racket, l’escroquerie, l’extorsion de fonds etc. enfin le magistrat en
exercice ne doit pas participer à des débats politiques ou prendre publiquement des positions
politiques.

La délicatesse est relative au tact et à la finesse auxquels le magistrat doit faire preuve. Il ne
doit pas dans l’exercice de ses fonctions tenir les discours ou des propos choquants,
belliqueux, discriminatoire ou racistes. Le magistrat doit toujours faire preuve de diplomatie.
Outre ces comportements, la faute disciplinaire consiste également dans la désobéissance à
son chef particulièrement pour les magistrats du ministère public. Cette désobéissance peut
consister dans le fait de ne pas exécuter les instructions du supérieur hiérarchique ou d’agir
contrairement à ses instructions (article 35 alinéa 2 du statut).

B- La procédure disciplinaire à l’égard des magistrats


Elle concerne la saisine des organes de discipline, la mise en œuvre de la procédure et les
sanctions.

1- La saisine des organes de discipline

Deux organes disciplinaires interviennent dans la sanction des fautes commises par les
magistrats dans l’exercice de leurs fonctions. Il s’agit des chefs de cours et du conseil
supérieur de la magistrature.

a- Les chefs de cours


L’article 36 du statut dispose que « en dehors de toute action disciplinaire, les procureurs
généraux et les premiers présidents des cours d’appel, ont le pouvoir de donner un
avertissement aux magistrat placés sous leur autorité. ».
L’avertissement infligés aux magistrats par les chefs de cours c'est-à-dire les premiers
présidents et les procureurs généraux n’est pas en soi une sanction disciplinaire. Il n’a aucun
effet sur sa carrière. Il reste néanmoins une mesure préventive qui sanctionne son
comportement.

b- Le conseil supérieur de la magistrature


C’est le véritable organe de discipline des magistrats. Il a été créé par la loi N° 61-202 du 02
juin 1961. Cette loi a connu plusieurs modifications relatives à la composition, la présidence
et le fonctionnement du conseil supérieur de la magistrature.
2- La mise en œuvre de la procédure disciplinaire

C’est le garde des sceaux, ministre de la justice qui dénonce au conseil supérieur de la
magistrature les plaintes ou les faits dont il a connaissance. Le président de la cour suprême
qui est le vice président du conseil supérieur de la magistrature fait alors ouvrir une enquête
disciplinaire. Un membre du conseil est désigné en qualité de rapporteur. C’est lui qui
procédera à l’audition du magistrat en cause ainsi qu’à celle du plaignant et éventuellement
des témoins. Après l’enquête le magistrat en cause est invité à compromettre en personne
devant le conseil. Il peu se faire assister d’un avocat au besoin se faire représenter par un
collègue en cas de maladie ou d’empêchement (article45, 46 du statut). Le magistrat traduit
devant le conseil ainsi que son avocat ont le droit de prendre connaissance du dossier avant
leur comparution (article 47). Au jour de l’audience, le magistrat rapporteur livre les résultats
de son enquête. Le mise en cause est invité à fournir des explications, puis le conseil met
l’affaire en délibérée pour décision être rendu à une date qu’il indiquera.

3- L e prononcé de la sanction disciplinaire

Le conseil de discipline statut à huit clos. Sa décision est notifiée au magistrat concerné dans
les formes administratives. Elle prend effet du jour de cette notification. En cas de faute
disciplinaire, le conseil supérieur de la magistrature peut prendre les sanctions suivantes :
- La réprimande avec inscription au dossier
- Le déplacement d’office
- La radiation du tableau d’avancement
- Le retrait de certaines fonctions
- L’abaissement d’échelons
- La rétrogradation
- La mise à la retraite d’office
- La révocation

La réprimande est un blâme c'est-à-dire une désapprobation du comportement du magistrat.


Cette désapprobation est inscrite dans son dossier personnel. Le déplacement d’office consiste
à affecter le magistrat fautif à un autre poste en cours d’année judiciaire sans qu’il ne l’ait
souhaité. La radiation du tableau d’avancement consiste à retirer le nom du magistrat en cause
de la liste des personnes proposées à l’avancement aux grades. Le retrait de certaines fonctions
conduit le magistrat sanctionné à se voire retirer les fonctions qu’ils exerçaient au moment des
faits. Par la rétrogradation, le magistrat est ramené à un grade inférieur à celui dont il est
titulaire. La mise à la retraite d’office entraine la cessation de toute fonction avant l’âge requis
pour la retraite.

Quant à la révocation, c’est une destitution des fonctions et de la profession. Celui qui est
frappé de cette sanction ne fait plus partir du corps des magistrats et ne peut en aucun cas
exercer la profession. Il convient de préciser que le conseil supérieur de la magistrature ne peut
prononcer une seule des sanctions énumérées même si le magistrat en cause a commis
plusieurs fautes. Par ailleurs sa décision n’est pas susceptible de recours.

Section 2 : la fin de la carrière du magistrat.


La carrière du magistrat prend fin à un moment donné de l’exercice de la profession. Cette fin
peut intervenir normalement ou de façon prématurée.

Paragraphe 1 : La fin normale de la carrière

La carrière de tout travailleur prend fin normalement à sa mise à la retraite après un certain
temps de travail. Pour ce qui est des magistrats, le temps du travail et notamment l’âge de la
retraite varie suivant le grade. Ainsi, pour les magistrats hors hiérarchie, l’âge de la retraite est
fixé à 65 ans. Pour tous les autres grades, il est de 60 ans. Pour revoir cette disposition, l’article
63 du statut qui prévoit cette disposition précise c’est sous réserve des prérogatives pouvant
résulter des textes applicables à l’ensemble des agents de l’Etat. La retraite donne droit à une
pension qui représente la somme des cotisations retraites payés durant l’activité.

Paragraphe 2 : La fin prématurée

La carrière du magistrat peut également prendre fin de manière prématurée c'est-à-dire à


long terme. Cela peut être de son fait ou indépendant de sa volonté. Elle est de son fait lorsque
le magistrat présente sa démission et que celle-ci est acceptée par son employeur. La
démission ne donne droit à aucune indemnité. La fin prématurée peut intervenir
indépendamment de sa volonté pour cause de décès et de révocation. La révocation qui est
une sanction disciplinaire consécutive à une faute du magistrat n’est pas en réalité
indépendante de sa volonté. Toutefois, elle met brutalement fin à sa carrière et de la plus
mauvaise manière.
Sous-Partie 2 : Les auxiliaires de justice
Un auxiliaire de justice est un homme de droit qui concourt à la bonne administration de la
justice. En côte d’ivoire on distingue plusieurs auxiliaires de justice que l’on peut regrouper
en deux grandes catégories. D’une part les auxiliaires de justice qui ont la qualité d’officiers
publics et ministériels et d’autre part les auxiliaires de justice qui n’ont pas cette qualité.

Titre I : les auxiliaires de justices ayant la qualité d’officiers publics et ministériels

Un officier public est une personne investit par l’autorité publique du pouvoir de dresser des
actes authentiques et obligatoires. Ainsi sont des officiers publics les officiers d’Etats civils
qui dressent les actes de naissance, des mariages et des décès, les greffiers des services
judiciaires qui délivrent des actes de justices, les conservateurs de la propriété foncière qui
délivrent des certificats de propriété foncière.

Quant à l’officier ministériel, c’est une personne qui détient une charge qui lui é été conféré
à vie par les pouvoirs publics et à laquelle ceux-ci reconnaissent l’attribution d’exercer une
activité qui normalement relève du service public. Font partir de cette catégorie les notaires,
les huissiers de justice et les commissaires priseurs. Cependant certains auxiliaires de justice
réunissent ces deux qualités c'est-à-dire qu’ils sont à la fois officiers publics et officiers
ministériels. Il s’agit des notaires et des huissiers de justices. D’autres sont uniquement
officiers publics. Il s’agit des greffiers. D’autres encore ne disposent d’aucune de ces qualités.
Tel est le cas des avocats.

Chapitre 1: LES GREFFIERS DES SERVICES JUDICIAIRES

Les greffiers des services judiciaires ont un statut hybride. Ils sont à la fois officiers publics
et fonctionnaire du ministère de la justice. Ils sont régit par le décret N° 78-769 de la loi du
23 septembre 1978 portant statut particuliers des personnels des services judiciaires. Une
ordonnance présidentielle intervenue en 2002 semble avoir modifié ce statut quant au
recrutement, à la formation et à l’exercice de la profession de greffier.

Section 1 : Le recrutement

Il se fait en fonction des différents corps de la profession.

Paragraphe 1 : le recrutement dans les différents corps de la profession de greffier.

La profession de greffier comprend quatre corps qui correspondent à quatre niveaux


d’emplois. Il s’agit dans l’ordre hiérarchique:

- Du corps des administrateurs des services judiciaires


- Du corps des attachés des services judiciaires
- Du corps des secrétaires des services judiciaires
- Du corps des assistants des services judiciaires

Paragraphe 2 : Les conditions du recrutement

Le recrutement dans l’un ou l’autre de ces corps intervient essentiellement par voie de
concours. Cependant on distingue un concours dirent et un concours professionnel.

A- Le concours d’accès direct aux différents corps de la profession de greffier


Le concours direct est ouvert au trois corps de la profession : le corps des attachés des services
judiciaires, celui des secrétaires des services judiciaires et enfin le corps des assistants des
services judiciaires. Les conditions de recrutement pour chacun de ces corps sont différentes
sur certains points et communes sur d’autres.

S’agissant des conditions communes au recrutement dans tous ces corps, le statut exige que le
candidat soit de nationalité ivoirienne, qu’il jouisse de ses droits civiques et civils, qu’il soit
en position régulière vis-à-vis des lois sur le recrutement militaire. Qu’il soit en bonne santé
physique et exempt de toute maladie contagieuse. Quant aux conditions d’âge et de niveaux
d’étude, elles sont différentes. Ainsi le candidat au concours direct d’’accès au corps des
attachés judiciaires doit être titulaire d’un Bac+2 c'est-à-dire d’un DEUG 2 ou d’un BTS et
être âgé de 18 ans au moins et de 40 au plus. Pour le concours des secrétaires de service
judiciaire seul le BAC est requis quelque soit la série. Les conditions d’âge étant les mêmes.

Quant aux corps des assistants des services judiciaire, le BEPC suffit.

B- Les concours professionnels

Le concours professionnel est ouvert uniquement à ceux qui exercent déjà la profession de
greffier et qui désire changer de corps. Il concerne donc le corps des secrétaires des services
judiciaires, celui des attachés des services judiciaires et le corps le plus élevé qui est celui des
administrateurs des services judiciaires. Ainsi pour l’assistant des services judiciaire qui désire
accéder au corps des secrétaires, il lui faut avoir au moins 3 années de service en tant que
titulaire dans le corps précédent et être âgé de 40 ans au plus. Les secrétaires des services
judiciaires qui veulent devenir des attachés sont soumises aux mêmes conditions. Quant aux
attachés qui veulent accéder au grade d’administrateur des services judiciaires, il doit avoir
effectué au moins trois de service dans le corps précédent et être âgé au maximum de 45 ans.

Section 2 : La formation

Elle a lieu à l’institut national de la formation judiciaire à l’instar de celle des magistrats. Elle
dure deux ans dont une année de formation initiale et une autre de stage pratique en juridiction.
A l’institut la formation des greffiers est subdivisée en trois cycles. D’une part le cycle
supérieur qui reçoit les administrateurs des services judiciaires, d’autre part le cycle moyen
supérieur pour les attachés des services judiciaires et enfin le cycle moyen pour les secrétaires
des services judiciaires. Il faut préciser que les assistants des services judiciaires ne sont ni
recrutés ni formés à l’institut. C’est le ministère de la fonction publique qui assure leur
recrutement et leur formation dans les antennes de la fonction publique.

Section 3 : L’exercice de la profession de greffier

Il s’agit ici de préciser les attributions du greffier dans le fonctionnement de l’appareil


judiciaire. Ainsi que d’indiquer les contrainte et les avantages liés à l’exercice de la profession.

Paragraphe 1 : Les attributions du greffier

Le greffier est avant tout un collaborateur du magistrat sous l’autorité duquel il exerce sa
fonction. Il dispose d’attributions juridictionnelles et administratives.

A- Les attributions juridictionnelles

Il s’agit des tâches qu’il accomplit dans le cadre des procédures judiciaires. A ce titre, le
greffier est chargé d’assister le juge dans l’exercice de ses fonctions et de dresser tout acte
constatant cet exercice. Ainsi le greffier rédige des procès verbaux, des convocations, des
notifications etc. il délivre en outre copie des décisions rendues par les juges. Enfin il participe
au procès au cours duquel il tient la plume. Selon le grade le greffier peut occuper dans
l’appareil judiciaire divers emplois. Ainsi un administrateur des services judiciaires peut être
nommé greffier en chef du tribunal de la cour d’appel. L’attaché des services judiciaires peut
être lui greffier en chef adjoint. Pour tous les autres et notamment pour les secrétaires c’est
l’emploi de greffier ordinaire.

B- Les attributions administratives

Les greffiers peuvent également exercer des tâches administratives. Ils peuvent par exemple
diriger les secrétariats des présidents des tribunaux de première instance et des procureurs de
la république. Cette fonction est dévolue à ceux qui ont le grade de secrétaire des services
judiciaires. Quant aux greffiers qui ont le grade d’attachés des services judiciaires, ils peuvent
diriger les secrétariats du premier président de la cour d’appel et du procureur général. Les
greffiers administrateurs eux assurent l’inspection des greffes.

Paragraphes 2 : Les contraintes liées à la profession

La profession de greffier est une profession de la justice. A ce titre elle est soumise à certaines
contraintes nécessaires au bon fonctionnement de la justice. Deux contraintes present
essentiellement sur les greffiers : l’obligation de prêter serment et les incompatibilités de la
profession.

A- L’obligation de prêter serment

Tout greffier avant d’entrer en fonction prête serment. Les secrétaires des services judiciaires,
les attachés ainsi que les assistants. Le serment est prêté une seule fois même si le greffier
change de corps. Il est prêté devant la juridiction où le greffier est affecté. La formule du
serment du greffier est la suivante : « je jure de bien et loyalement remplir mes fonctions et
d’observer en tout les devoirs qu’elle m’impose » 5Article 23 à 25 de la loi de 1978).

En plus de cette obligation les greffiers sont astreints au port de costume pendant l’audience.
Ce costume est constitué d’une toge noire sans épitoge et une toque noire sans galon.

B- Les incompatibilités

Plusieurs incompatibilités et interdictions concerne l’exercice de la profession du greffier. La


première est que le greffier ne peut participer aux travaux d’un organisme ou d’une
commission extra judiciaire sans une autorisation préalable du ministre de la justice. La
seconde contrainte vient de ce que le greffier ne peut siéger à la même audience qu’un
magistrat qui est son conjoint, un parent ou un allié en ligne directe ou en ligne collatérale
jusqu’au troisième degré. Il ne peut pas assister un magistrat dans l’accomplissement de
certains actes pour les mêmes raisons. La troisième contrainte est que le greffier ne peut pas
siéger à une audience ou assister le juge à une procédure concernant ses propres intérêts ou
ceux de son épouse, de ses parents ou de ses alliés en ligne directe ou en ligne collatérale
jusqu’au troisième degré. Il ne peut le faire également lorsqu’il s’agit des intérêts des
personnes dont il est le représentant légal ou le mandataire. Enfin, le greffier ne peuvent se
rendre acquéreur de droits litigieux qui font l’objet de procès devant la juridiction dans laquelle
il est affectée.

Paragraphe 3 : Les droits et avantages de la profession

Autrefois les greffiers étaient des officiers publics et ministériels exerçant une profession
libérale de sorte qu’ils percevaient des honoraires sur les actes qu’ils dressaient à l’instar
des notaires et des huissiers de justice. Tout en conservant cet avantage, les greffiers sont
devenus des agents de l’Etat avec un traitement salarial. Il en résulte que le greffier bénéficie
d’un salaire ainsi que de quelques droits sur les actes qu’il dresse. Par ailleurs étant des
fonctionnaires, ils bénéficient de tous les avantages résultant du statut général de la fonction
publique.

Chapitre II : LES NOTAIRES

La fonction notariale est régie en Côte d’Ivoire par divers textes. Il y a tout d’abord la loi N°
69/372 du 12 Août 1969 portant statut du notariat. Il y a ensuite la loi N° 97/ 513 du 04
septembre 1997 modifiant certaines dispositions de la loi de 1969. Le décret N° 2002 /356 du
23 juillet 2002 fixant les modalités d’application de la loi du 04 septembre 1997. Et enfin
l’arrêté N° 002 du 11 Janvier 2008 pris par le ministre de la justice et des droits de l’homme
et définissant les modalités et mécanisme de mise en œuvre des dispositions du décret de 2002.
Ces différents textes organisent l’accès et l’exercice de la profession.

Section 1 : L’accès à la profession de notaire

Il s’agit d’indiquer comment l’on devient notaire. L’accès à la profession de notaire se fait
après un recrutement et une formation professionnelle.

Sous-section 1 : Le recrutement

La loi du 04 septembre 1997 détermine les modes et les conditions du recrutement.

Paragraphe 1 : Les différents modes de recrutement de notaires

Les candidats à la profession de notaire sont recrutés selon deux modes. D’une part le mode
de l’examen professionnel et d’autre part le mode du recrutement sur titre. Un troisième mode
d’accès concerne celle des greffiers notaires.

A- Le recrutement par voie d’examen professionnelle

L’article 5 de la loi de 1997 précise que nul ne peut être nommé notaire s’il a subit avec succès
un examen professionnel à l’issu de son stage. Ainsi toute personne désirant exercer la
profession de notaire doit d’abord obtenir un stage dans une étude de notaire. Puis à l’issu
d’une période de deux ans, il doit se présenter à un examen professionnel de notaire. Toutefois,
les règles relatives à l’organisation de cet examen de même que celles concernant la délivrance
du diplôme d’aptitude à la profession de notaire ainsi que le programme des épreuves ne sont
pas encore définies. En tout état de cause celui qui aura satisfait à l’examen professionnel
de notaire aura droit à un diplôme d’aptitude à la profession notariale et du statut de notaire
stagiaire en attendant de se voire attribuer un office de notaire par le garde des sceaux ministre
de la justice. Ce qui lui confèrera le statut de notaire titulaire de charges.

B- Le recrutement sur titre

Certaines personnes peuvent être recrutées comme notaires sans avoir effectuées un stage ni
suivies un examen professionnel mais uniquement sur la base de leur titre. On peut les
regrouper en deux catégories. La première est relative aux personnes recrutées sur titre après
cinq années au moins de pratique de leur profession précédente et dispensées aussi bien du
stage que de l’examen professionnel. Il s’agit des magistrats, des avocats et des enseignants
docteurs en droit. La deuxième catégorie concernent ceux qui ont deux années de pratique au
moins de leur profession précédente. En font partie les greffiers en chef, certains
fonctionnaires de l’administration des concours et notamment ceux du service enregistrement.
Ces personnes sont dispensées de l’examen professionnel mais doivent effectuer le stage de
deux années dans une étude de notaire.

C- La nomination des greffiers notaires

Dans les localités où il n’existe pas de notaires, la loi de 1997 autorise que les fonctions de
notaires soient exercées par les greffiers en chef des juridictions se trouvant dans ces localités
(Article 2). Cependant ces fonctions prennent fin dès l’installation d’un notaire titulaire de
charge dans la localité.

Paragraphe 2 : Les conditions d’accès à la profession de notaire

Ces conditions sont relatives à la personne du candidat à la profession et au niveau d’étude de


celle-ci.

A- Les conditions relatives à la personne du candidat à la profession de notaire


Selon l’article 4 de la loi de 1997 toute personne qui désire exercer les fonctions de notaire ne
doit remplir les conditions suivantes :

- Elle doit être de nationalité ivoirienne


- Jouir de ses droits civil et civique
- Etre âgé de 25 ans au moins
- Se trouver en position régulière au regard des lois sur le recrutement de l’armée
- N’avoir subit aucune condamnation pour des faits contraire à la probité et aux bonnes
mœurs
- N’avoir été ni déclaré en faillite ni mis en état de liquidation judiciaire
- Ne pas être un officier public destitué ou un avocat rayé du barreau
- Ne pas être un fonctionnaire révoqué au fait contraire à la probité et aux bonnes
mœurs
B- Les conditions d’études

Le candidat à la profession doit être titulaire de la licence en droit ancienne formule ou de la


maitrise en droit actuelle peu importe la spécialité. Si le candidat est un clerc c'est-à-dire un
collaborateur de noatire, il doit avoir exercé au moins pendant deux ans à cet titre dans une
étude de notaire ou un cabinet d’avocat.

Sous-section 2 : LA FORMATION

Il n’existe pas en côte d’ivoire d’école de formation à la profession de notaire. Cette formation
est prévue pour être effectuée à l’institut national de formation judiciaire mais elle n’a pas
encore vu le jour. De sorte que la seule formation à laquelle accèdent les candidats à la
profession est celle issue au stage pratique dans l’étude d’un notaire.

Section 2 : L’exercice de la profession

Il est soumis à des conditions préalables.

Paragraphe 1 : Les conditions préalables à l’exercice de la profession de notaire.

Ces conditions sont au nombre de trois (3). Premièrement être nommé notaire titulaire de
charges. Deuxièmement prêter serment. Troisièmement procéder à son installation.

A- La nomination en qualité de notaire titulaire de charges

Les notaires sont nommés par arrêtés du garde des sceaux ministre de la justice parmi les
candidats ayant satisfait au stage et réussi à l’examen professionnel (article 5 du décret de
2002). Ils sont nommé titulaire d’un office c'est-à-dire d’une charge. En effet au siège de
chaque tribunal de première instance ou section de tribunal, l’Etat crée un ou plusieurs offices
de notaires. Et c’est au sein de ces offices que sont nommés les notaires. Ainsi par exemple un
notaire peut être nommé titulaire de la première charge de notaire auprès du tribunal de
première instance d’Abidjan ou titulaire de la 10ème charge auprès du tribunal de première
instance de Yopougon. Cependant bien que rattaché à une juridiction donnée, le notaire
titulaire de charge exerce ses fonction sur toute l’étendue du territoire national. Par ailleurs il
ne prête pas serment devant la juridiction à laquelle il est rattaché mais devant la cour d’appel
dont relève sa juridiction de rattachement.

B- La prestation de serment et l’installation du notaire


1- La prestation de serment

Le notaire doit obligatoirement prêter serment devant la cour d’appel avant d’entrer en
fonction. Cela doit être fait dans les trois mois de sa nomination sous peine d’être considéré
comme démissionnaire (article 10 de la loi de 1997 et article 2 du décret de 2002). Toutefois,
le notaire n’est admis au serment qu’après s’être acquitté de certaines obligations. La
premièrement est le paiement d’un cautionnement fixé à 2.000.000 de francs. La seconde
obligation est le dépôt au greffe de la cour d’appel du spécimen de sa signature et de son
parafe. La formule du serment du notaire est ainsi libellée : « je jure de remplir mes fonction
avec exactitude et probité ». Après la prestation du serment le notaire doit songer à son
installation.
2- L’installation

La profession de notaire est une profession libérale. C’est donc le notaire lui-même qui crée
son lieu de travail en ouvrant une étude à ses propres frais. L’installation doit intervenir dans
les six mois de la nomination. Elle se fait dans le lieu du ressort du tribunal de rattachement.
L’installation doit être justifiée au procureur de la république auprès du tribunal ainsi
qu’auprès de la chambre des notaires (article 2 du décret de 2002). Il convient de préciser qu’il
est interdit au notaire d’ouvrir un établissement secondaire ou une succursale.

Tout notaire qui n’a pas prêté serment et ne s’est pas installé dans le délai imparti est considéré
comme démissionnaire. Cette démission est constatée par un arrêté du garde des sceaux
ministre de la justice saisit à cet effet par la chambre des notaires. (Article 3 du décret de 2002).

Paragraphe 2 : Les attributions du notaire

Elles sont déterminées à l’article 1er de la loi de 1997 en ces termes : « les notaires sont des
officiers publics institués pour recevoir les actes et contrats auxquels les parties doivent ou
veulent donner le caractère d’authenticité attaché aux actes de l’autorité publique et pour
en assurer la date, en conserver le dépôt, en délivrer les grosses et expéditions ».

Toutes ces attributions doivent être exercées selon l’article 24 du décret de 2002 avec la probité
la plus scrupuleuse et la plus grande diligence. On distingue trois principales attributions du
notaire: l’établissement des actes, leur conservation et leur délivrance.

A- L’établissement des actes

Le notaire établit ou reçoit les actes et contrats auxquels les parties doivent ou veulent donner
le caractère d’authenticité attaché aux actes de l’autorité publique. C’est cette authenticité qui
fait foi et donne à ces actes une valeur probante très importante. En effet, des actes comme la
vente d’un immeuble ou la constitution d’une société commerciale, sont obligatoirement
passées devant un notaire pour leur conférer une certaine valeur, une certaine authenticité.
D’autres actes tels que les testaments peuvent être rédigés par un notaire à la demande des
personnes intéressées pour leur conférer la même valeur. En principe le notaire établit seul
les actes authentiques. Il n’a pas besoin d’une assistance quelconque. Cependant si les parties
pour lesquelles il établit l’acte déclarent le savoir ou le pouvoir signer, alors le notaire doit se
faire assister de deux témoins dans la rédaction de l’acte. Ces témoins doivent être majeurs,
avoir la jouissance de leur droit civil, savoir signer et avoir une bonne moralité (article 23 de
la loi de 1997). Il faut préciser en outre que le notaire doit toujours instrumenter en son étude
et non en dehors sauf si une disposition spéciale de la loi le prévoit.
B- La conservation et la délivrance des actes

Les notaires sont les dépositaires de certains actes et principalement de ceux qu’ils établissent.
Ils sont tenus de garder les minutes de ces actes c'est-à-dire les originaux et peuvent les délivrer
en cas de besoins sous forme de grosse, expédition et extrait. Une grosse est une copie d’un
document revêtue de la formule exécutoire. Une expédition est une copie certifiée conforme
d’un document mais qui n’est pas revêtue de la forme exécutoire. Enfin un extrait est une
partie d’un document. Le notaire ne peut délivrer copie d’un document dont il a la
conservation à une personne autre que les parties concernées. Toute délivrance à un tiers doit
être autorisée par le président de la juridiction du lieu de résidence du notaire (article 36 et 39
de la loi de 1997).

Paragraphe 3 : Les contraintes liées à l’exercice de la profession de notaire

L’exercice de la profession de notaire induit de nombreuses contraintes qui sont des


interdictions, incompatibilités et obligations auxquelles le statut du notariat soumet les
notaires.

A- Les abstentions et interdictions


1- Les abstentions
Les articles 16 et 20 de la loi de 1997 font obligation au notaire de s’abstenir :

- De recevoir des actes dans lesquelles ses parents ou alliés seraient partie ou qui
contiendraient quelques dispositions en leur faveur
- De réclamer d’autres droits et honoraires que ceux fixés par décret
- De conserver pendant plus de 6 mois les sommes qu’ils détiennent pour le compte
d’un tiers à quelque titre que ce soit.
2- Les interdictions
L’article 42 de la loi de 1997 fait formellement interdiction au notaire :

- De se livrer à des spéculations de bourses ou des opérations de commerces, de


banques, d’escomptes ou de courtage
- De s’immiscer dans l’administration des sociétés, entreprises de commerce ou
d’industries
- De s’intéresser dans une affaire pour laquelle il prête son ministère
- De constituer garant ou caution à quelque titre que ce soit à la négociation, des prêts
desquelles il aurait participé comme aussi de ceux dont les actes seraient dressés par
lui ou avec sa participation
- D’avoir recours à des prête-noms
- D’employer même temporairement les sommes ou les valeurs dont il est constitué
détenteur à un usage dont elles ne sont pas destinées.
L’article 32 du décret de 2002 fait également interdiction au notaire de faire de la publicité et
une concurrence déloyale. L’article 32 est ainsi libellé : « il est interdit au notaire de faire des
démarches directes ou indirectes ; publiques ou sécrètes, pour s’attirer les clients de ses
confrères ou les détourner à peine de sanctions disciplinaires. Il lui est également interdit
de s’attirer la clientèle par voix de publicité quelqu’en soit la forme».

B- Les incompatibilités

Les fonctions de notaire sont incompatibles avec toute activité d’avocat et toute fonction
publique rémunérée (article 18 de la loi de 1997). Cependant, le notaire peut à titre subsidiaire
dispenser des enseignements correspondant à sa spécialité dans des établissements de
formation. (Article 18 alinéa 2).

C- Les obligations du notaire


Plusieurs obligations incombent au notaire lorsqu’il entre en fonction.

1- L’obligation de résidence
Le notaire est astreint à résider au chef lieu de la juridiction à laquelle il appartient. Cette
obligation lui est signifiée dès sa nomination par l’arrêté du garde des sceaux ministre de la
justice qui lui octroie une charge (article 1er du décret de 2002).

2- L’obligation de souscrire à une assurance responsabilité


L’article 8 du statut fait obligation au notaire de souscrire à une police d’assurance
responsabilité professionnelle. Le notaire qui ne satisfait pas à cette obligation est considéré
comme démissionnaire et remplacé d’office.

3- L’obligation de présence
Les notaires sont tenus d’être présents à leurs études. Ils ne peuvent s’absenter même pour
cause de maladie sans une autorisation du garde des sceaux ministre de la justice. Pendant son
absence le notaire est remplacé par un intérimaire désigné le ministre de la justice.

4- Obligation de tenir une comptabilité


La loi fait obligation au notaire de tenir une comptabilité destinée à constater les recettes et les
dépenses en espèce ainsi que les entrées et les sorties de valeurs effectuées pour le compte de
ses clients.

5- L’obligation de ne pas présenter de successeur


En cas de cessation de ses fonctions, notamment par démission, le notaire ne peut et ne doit
présenter un successeur. Tout acte ou toute convention portant cession d’office de notaire ou
de clientèle est nul et entraine la révocation de l’officier public ou contractant du notaire
(article 6 du statut).

Paragraphe 4 : Les droits et privilèges du notaire

A- Les droits
Le statut du notariat reconnait au notaire un certain nombre de voix. Le droit de percevoir des
honoraires, droit à un congé annuel, droit à une garantit responsabilité civile et une droit à une
carte professionnel.

1- Le droit de percevoir des honoraires


Le droit a le droit de percevoir des honoraires sur les prestations qu’il fournit et notamment
sur les actes qu’il dresse. Le taux de ces honoraires est fixé par décret. Le statut précise
néanmoins en son article 19 que les notaires ne peuvent réclamer ni recevoir d’autres droits et
honoraires que ceux fixés par décrets.

2- Le droit à un congé annuel


Bien que le notaire soit astreint à une présence effective et quotidienne à son étude, il jouit
comme tout travailleur d’un droit de repos. En effet il a droit à un congé dont la durée
maximum est de deux mois. Ce droit lui est accordé par le ministre de la justice.

3- Le droit à une garantit responsabilité civile


L’article 9 de la loi de 1997 institut une caisse de garantit gérée par la chambre des notaires.
Cette caisse est spécialement affectée à la garantie des condamnations susceptibles d’être
prononcées contre les notaires à l’occasion des fautes de toute nature commises dans l’exercice
de leur fonction.

4- Le droit à une carte professionnelle


Les notaires titulaires de charge et les greffiers notaires ont droit à une carte professionnelle
(article 11 de la loi de 1997). Les conditions de délivrance de cette carte sont fixées par arrêté
du garde des sceaux ministre de la justice.

B- Les privilèges.
Les notaires bénéficient d’une protection contre tout abus en cas de poursuite pénale. En effet
l’article 68 du décret de 2002 dispose que : « en cas de poursuite pour faute commise dans
l’exercice de ses fonctions, aucun notaire ne peut être arrêté ni déféré sans que le
président de la chambre des notaires ou son représentant n’ait été avisé et sans que l’intéressé
n’ait été entendue au préalable par le procureur général ou tout magistrat du parquet délégué
par lui ».

Cette protection assurée au notaire par l’article 68 contre les éventuels abus de poursuite
apparait comme une véritable immunité de poursuite empêchant d’engager la responsabilité
pénale de ce dernier. En réalité il n’en est rien. L’article 68 ne fait que préciser la procédure à
observer en cas de poursuite contre les notaires. Il ne l’empêche pas.

Section 3 : La carrière professionnelle du notaire


Paragraphe 1 : Le déroulement de la carrière

A- La surveillance et le contrôle de l’activité du notaire

Certaines autorités interviennent dans la carrière du notaire et notamment dans la surveillance


et le contrôle de son activité. Il s’agit en premier lieu du garde des sceaux ministre de la justice
qui est l’autorité de tutelle des notaires. C’est lui qui les nomme titulaire de charges, nomme
également leur intérimaire en cas d’absence prolongée, constate leur démission et prononce
contre eux des sanctions disciplinaires en cas de faute professionnelle.

En deuxième lieu il y a le procureur général. Il contrôle la comptabilité du notaire et exerce


contre lui l’action disciplinaire. Il peut prendre certaine sanctions à son égard. Enfin on a la
chambre des notaires qui est l’organe représentant l’ensemble de la profession auprès du
service public. Elle a également un droit de regard sur les activités des notaires et dispose d’un
pouvoir disciplinaire.

B- La discipline des notaires

Elle est assurée par le ministre de la justice, le procureur général et la chambre des notaires.
Quelles sont les fautes pouvant être retenues contre un notaire et les sanctions applicables?

1- Les fautes disciplinaires


Deux types de fautes disciplinaires peuvent être retenus contre un notaire. Tout d’abord les
manquements aux devoirs et aux obligations professionnelles qui lui sont imposés. A cela il
faut ajouter tout fait contraire à la probité, à l’honneur ou la délicatesse même commis en
dehors de la profession. Ensuite les violations des lois et décrets en vigueur.

2- Les sanctions applicables

Les autorités chargées de la discipline des notaires peuvent de saisir d’office lorsqu’elles ont
connaissance des manquements commis par ces derniers. Par ailleurs le garde des sceaux peut
être saisit par le procureur général ou par la chambre des notaires. Les sanctions auxquelles
s’exposent les notaires en cas de sanctions disciplinaires sont l’avertissement et le blâme
prononcés par le procureur général et la chambre des notaires, la suspension temporaire pour
une durée ne pouvant excédée 12 mois et la suspension prononcé par le garde des sceaux
ministre de la justice (article 44 de la loi de 1997).

Paragraphe 2 : La fin de la carrière du notaire

La profession de notaire est une profession qui s’exerce à vie. Elle ne connait pas de retraite.
Toutefois le notaire titulaire de charge qui se trouve dans l’impossibilité de continuer
normalement l’exercice de ses fonctions pour cause de maladie ou d’âge peut offrir sa
démission. Celle-ci est reçue par le garde des sceaux ministre de la justice qui déclare par un
arrêté la démission du notaire. La carrière peut également prendre fin à la suite d’un décès ou
d’une mesure de destitution. Dans tous ces cas le notaire ne peut présenter un successeur. La
charge qui lui est attribuée retourne dans le patrimoine de l’Etat qui peut être attribuée à un
autre notaire.

Chapitre III : Les huissiers de justices


La profession d’huissier de justice est règlementée par la loi N° 97/514 du 04 septembre 1997
portant statut des huissiers de justice et le décret N° 2012/15 du 18 janvier 2012 fixant les
modalités d’application de la loi de 1997. Cette loi détermine les conditions d’accès à la
profession d’huissier de justice, son exercice et sa fin.

Section 1 : Les conditions d’accès à la profession d’huissier de justice

La profession d’huissier est une profession libérale qui collabore avec la justice notamment
pour en assurer l’exécution des décisions et signifier les actes. Cependant la profession n’est
pas ouverte à tous le monde. Elle est strictement règlementé par les textes qui déterminent les
conditions de recrutement et de la formation.

Paragraphe 1 : Le recrutement des huissiers de justice

La loi de 1997 prévoit deux modes de recrutement.

A- Les différents modes de recrutement


On distingue un recrutement par voie d’examen professionnel et un recrutement direct sur titre.

1- Le recrutement par voir d’examen professionnel

L’article 14 du statut des huissiers de justice cite comme condition de nomination en cette
qualité le succès à un examen professionnel et un stage dont les modalités seront fixées par
décret. Les articles 6 à 10 du décret de 2012 déterminent justement ces modalités. L’article 6
indique que l’examen professionnel est organisé par arrêté du garde des sceaux ministre de la
justice une fois l’an au cours du second trimestre. Les modalités, le programme de l’examen
et du stage sont précisés par le même arrêté. Quant à l’article 7 il indique que seul le candidat
ayant subit avec succès l’examen professionnel est admis au stage dont la durée est de deux
ans. Toutefois cet examen n’étant pas encore effectif, les candidats à la profession
accomplissent directement le stage auprès d’un huissier de justice titulaire.

2- Le recrutement direct

Certaines personnes peuvent être nommées directement huissier de justice sans avoir à subir
un examen professionnel. Il s’agir des clercs assermentés d’huissiers de justice et des huissiers
de justice auxiliaire. En effet, les clercs assermentés qui ont exercés pendant cinq (5) ans dans
une étude d’huissier de justice et sont titulaire d’une maitrise en droit ou de la licence
ancienne formule peuvent être nommés directement huissier de justice titulaire de charge
(article 15 de la loi de 1997).

De même sont nommés huissiers de justice auxiliaire les fonctionnaires âgés de 25 ans au
moins en service au siège d’une sous préfecture ou il n’y a pas d’huissier de justice (article 16
de la loi de 1997).

B- Les conditions de recrutement


1- Les conditions relatives à la personne du candidat
Pour prétendre à la profession d’huissier de justice, l’article 14 de la loi de 1997 exige:

- D’être de nationalité ivoirienne


- Jouir de ses droits civils et civiques
- De se retrouver en position régulière au regard des lois sur le recrutement de l’armée
- D’être apte physiquement à remplir ses fonctions et d’être reconnu indemne ou
définitivement guéris de toute affection contagieuse
- Etre âgé de 25ans au moins
- De n’avoir subit aucune condamnation pour des faits contraire à la probité et aux
bonnes mœurs
- D’avoir été déclaré ni en faillite ni en état de limitation judiciaire
- De ne pas être anciens officiers ministériels destitués ou fonctionnaires révoqués pour
par mesure disciplinaire pour des faits contraires à la probité ou aux bonnes mœurs.
- Ne pas être un avocat rayé du barreau

2- Les conditions relatives au niveau d’étude

Le candidat à la profession d’huissier de justice titulaire de charge doit avoir une maitrise en
droit ou une licence en droit ancienne formule. Cette exigence vaut également pour le clerc
assermenté qui désire être nommé huissier de justice titulaire de charge. Mais pour l’huissier
de justice auxiliaire, ces diplômes ne sont pas exigés. Sa seule qualité de fonctionnaire suffit.

Paragraphe 2 : La formation des huissiers de justice

Elle consiste uniquement en un stage pratique auprès d’un huissier de justice titulaire de
charge. En effet le candidat ayant subit avec succès l’examen professionnel et qui est admis
au stage adresse une demande d’inscription au stage au ministre de la justice en précisant
l’huissier de justice titulaire auprès duquel il souhaiterait faire sa formation. La chambre
nationale des huissiers de justice procède alors à son inscription sur un registre spécial tenu à
cet effet. Elle assure l’organisation et le suivi du stage en accord avec le ministère de la justice
(article 7 et 8 du décret de 2012). A la fin des deux années de stage, une attestation signée par
le maitre de stage est délivré à l’huissier de justice stagiaire. Au vu de cette attestation, le
ministre de la justice lui délivre un certificat d’aptitude à la profession d’huissier de justice.

Section 2 : L’exercice de la profession

Paragraphe 1 : Les tâches accomplis par l’huissier de justice

Les attributions de l’huissier de justice sont déterminées au chapitre 5 à 13 du statut. On peut


distinguer les tâches principales et les tâches accessoires.

A- Les tâches principales de l’huissier de justice


L’huissier de justice signifie les actes de justice procède aux constatations matérielles et assure
le service des audiences.

1- La signification, la remise et l’exécution des actes de justices

Les huissiers de justices sont les seuls auxiliaires de justice auxquels la loi a confié la tâche de
signifier les actes de justices et tout autre acte en forme exécutoire. C'est-à-dire que c’est
l’huissier de justice qui porte officiellement à la connaissance de son destinataire un acte en
forme exécutoire qui le concerne. Par exemple, si une personne est condamnée par la justice
à payer à une autre une certaine somme d’argent, c’est l’huissier de justice qui est habilitée à
porter cette décision à la connaissance de la personne condamnée et à en assurer l’exécution.
De même si une personne fait l’objet d’une décision d’expulsion d’un logement pour non
paiement de loyer, c’est à l’huissier de justice qu’il appartient de lui apporter l’exécution et de
l’exécuter

2- Les constatations matérielles

Les services des huissiers justice peuvent être également requis pour procéder à des
constatations matérielles. En effet, il peut être demandé à l’huissier de justice de noter par
procès verbal ce qu’il a vu ou entendu. Par exemple un huissier de justice peut être requis par
un conjoint à l’effet de procéder à un constat d’adultère. Il peut également être requis pour
constater des dégâts occasionnés dans une habitation ou encore pour procéder à des
inventaires. Toutes ces constatations ne préjugent pas des conséquences de droit qui peuvent
en découler car les constatations ne valent qu’à titre de simples renseignements.

3- Le service des audiences

Les huissiers de justice assurent également le service des audiences des cours et des tribunaux.
En effet lorsqu’il y a un procès, c’est l’huissier de justice qui annonce l’entrée de la cour ou
du tribunal dans la salle d’audience. Il procède également à l’appel des causes c'est-à-dire que
c’est lui qui appels les affaires devant être jugées. Pendant le procès il veille à la tranquillité
des débats. Il est la courroie de transmission entre le président de l’audience et les parties au
procès. A la fin du procès, il fait vider la salle et s’assure qu’elle est complètement vide.

B- Les taches accessoires de l’huissier de justice

En dehors des tâches citées plus haut, les huissiers de justices peuvent exercer certaines
attributions accessoirement à celles initiales. En effet ils peuvent procéder à des recouvrements
de créance, être administrateur d’immeubles, agent d’assurance, secrétaire de coopérative
agricole ou encore chargé d’un enseignement.

Paragraphe 3 : Les avantages et contraintes liées à la profession

L’huissier de justice bénéficie de certains avantages liés à sa profession mais il y a également


des contraintes. Au titre des avantages l’huissier de justice a droit à une rémunération pour les
prestations accomplies et à une carte professionnelle. S’agissant des contraintes il est tenu de
porter un costume d’audience, de souscrire à une assurance responsabilité, de tenir une
comptabilité et d’assurer le service des audiences des juridictions. Sa profession est
incompatible avec l’exercice d’une activité commerciale. Par ailleurs les huissiers de justice
sont tenus à un devoir de probité et de loyauté. Ils doivent en toute occasion s’efforcer
d’exercer dans les limites de la loi leurs ministères avec modération et se limiter en particulier
aux seules actes ou démarches nécessaires pour arriver au but que le mandant se propose
d’atteindre. Tout refus d’instrumenter ou tout retard injustifié dans l’exécution portant
préjudice à un justiciable peut donner lieu à une sanction disciplinaire indépendamment des
dommages et intérêts.

Section 3 : La discipline des huissiers de justices

Les huissiers de justice sont sanctionnés pour les fautes et manquements commis dans
l’exercice de leur fonction. L’organe chargé de la discipline des huissiers de justice ainsi que
la procédure sont déterminés par le décret de 2012.

Paragraphe 1 : Les organes chargés de la discipline des huissiers de justice

Trois organes assurent la discipline des huissiers de justice : le garde des sceaux ministre de
la justice, le procureur général et la chambre national des huissiers de justice. Ces organes
assurent également la surveillance générale des activités des huissiers de justice. En cas de
poursuite pénal contre un huissier de justice, le procureur de la république doit être
préalablement avisé (article 59 du décret).

Paragraphe 2 : la procédure disciplinaire

L’huissier de justice peut être sanctionné pour les manquements aux lois et règlements, les
faits contraires à la probité à l’honneur et à la délicatesse même commis en dehors de la
profession. Les sanctions auxquelles s’expose l’huissier de justice fautif sont l’avertissement
et le blâme prononcé par le procureur général et la chambre nationale des huissiers de justice,
la suspension et destitution prononcé par le garde des sceaux ministre de la justice celui-ci
étant saisit des faits soit par le procureur général soit par la chambre des huissiers de justice.

PARTIE 2 : LE REGLEMENT N° 05/CM/UEMOA RELATIF A L'HARMONISATION


DES REGLES REGISSANT LA PROFESSION D'AVOCAT DANS L'ESPACE
UEMOA DU 24 SEPTEMBRE 2014

TITRE 1: DISPOSITIONS GENERALES

Article premier:
Le présent Règlement établit les règles régissant l'exercice de la profession d'Avocat dans les
Etats membres de l'UEMOA.
Article 2 :
La profession d'Avocat est libérale et indépendante. L'Avocat fait partie d'un Barreau
administré par un Conseil de l'Ordre présidé par un Bâtonnier. Les Avocats exercent des
fonctions judiciaires et juridiques. Ils sont un des acteurs principaux du service public de la
justice. Seules ont droit au titre d'Avocat ou d'Avocat stagiaire, les personnes inscrites au
tableau ou admises sur la liste du stage d'un Barreau de l'espace UEMOA. Les Avocats ou
Avocats stagiaires doivent faire suivre leur titre d'Avocat ou d'Avocat stagiaire de la mention
du ou des Barreaux auxquels ils appartiennent, suivi, le cas échéant, des titres universitaires ou
des distinctions professionnelles.
Article 3 :
Dans l'exercice des fonctions judiciaires, seuls les Avocats ont qualité pour plaider, postuler et
représenter, sans limitation territoriale, les parties en toutes matières devant les juridictions ou
organismes juridictionnels ou disciplinaires et devant les instances arbitrales, sauf dispositions
particulières prévues par la législation nationale. Ils assistent également leurs clients devant
toutes les administrations publiques. Les Avocats peuvent exercer les fonctions d'arbitre, de
médiateur et de conciliateur. Ils peuvent être liquidateurs amiables ou judiciaires,
administrateurs provisoires et syndics. Les Avocats revêtent, dans l'exercice de leur profession,
un costume professionnel dont les caractéristiques sont définies par la législation de chaque
Etat membre. Ils sont dispensés de produire une procuration sauf dispositions particulières.
Article 4:
Les Avocats donnent des conseils et des consultations en matière juridique, rédigent des actes
sous seing privé. Les Avocats rédigent également des actes sous seing privé contresignés par
eux et appelés « actes d'avocat ». En contresignant un acte sous seing privé, l'Avocat atteste
avoir éclairé pleinement la ou les parties qu'il conseille sur les conséquences juridiques de cet
acte. Les actes d'avocat font pleine foi de l'écriture et de la signature des parties tant à leur égard
qu'à celui de leurs héritiers et ayants droit. L'acte d'avocat est soumis à la procédure de faux.
L'acte contresigné par Avocat est, sauf disposition nationale contraire, dispensé de toute
mention manuscrite. Les modalités d'application des dispositions du présent article sont
précisées par voie de Règlement d'exécution.
Article 5 :
Les Avocats assistent leurs clients dès leur interpellation, durant l'enquête préliminaire, dans
les locaux de la police, de la gendarmerie, ou devant le parquet. A ce stade, aucune lettre de
constitution ne peut être exigée de l'Avocat. Les Avocats assistent et défendent leurs clients dès
la première comparution devant le juge d'instruction. Le ministère d'Avocat est obligatoire
devant toute juridiction et en tout état de procédure pour les personnes morales, sauf
dispositions particulières prévues par la législation nationale. Devant toute juridiction et en tout
état de procédure, la représentation des personnes physiques ne peut être assurée que par les
Avocats. Toutefois, devant les juridictions de première instance, les personnes physiques
peuvent donner mandat spécial de représentation aux conditions et modalités prévues par les
législations nationales. Quiconque exerce des attributions relevant du ministère de l'Avocat est
passible de poursuites pénales pour exercice illégal de la profession d'Avocat, conformément à
la législation nationale.
Article 6 :
Les Avocats, dans l'exercice de leur profession, bénéficient de l'immunité de parole et d'écrit.
Ils ne peuvent être entendus, arrêtés ou détenus, sans ordre du Procureur Général près la Cour
d'Appel ou du Président de la Chambre d'Accusation, le Bâtonnier préalablement consulté. Les
cabinets d'Avocat sont inviolables. Ils ne peuvent faire l'objet de perquisition qu'en présence du
Bâtonnier en exercice dûment appelé ou de son délégué.
Article 7 :
Les Avocats inscrits au Barreau d'un Etat membre de l'UEMOA peuvent exercer leur profession
dans les autres Etats membres de ,'UEMOA ou s'y établir définitivement à titre principal, ou y
créer un cabinet secondaire, conformément aux dispositions du Règlement relatif à la libre
circulation et à l'établissement des Avocats ressortissants de l'Union au sein de l'espace
UEMOA. Les conventions et accords internationaux de réciprocité en matière d'exercice de la
profession d'Avocat ne produisent des effets qu'entre les Etats signataires.

TITRE Il : CREATION, ORGANISATION ET ADMINISTRATION DES BARREAUX

Article 8 :
Il est créé dans chaque Etat membre de l'UEMOA un Barreau national organisé en Ordre.
L'Ordre des Avocats est une institution dotée de la personnalité civile et de l'autonomie
financière. Il dispose d'un patrimoine propre provenant des cotisations de ses membres, des
droits de plaidoirie ainsi que de dons et legs. Il peut créer ou subventionner des œuvres
intéressant la profession.
Article 9 :
Il est institué dans chaque Etat membre de l'Union, un droit de plaidoirie. La fixation des
montants et les modalités de paiement de ce droit de plaidoirie obligatoire sont déterminées par
le Conseil de l'Ordre de chaque Etat membre. Sont dispensés de ce droit, uniquement les
justiciables bénéficiaires de l'aide juridictionnelle et des commissions d'office.
Article 10 :
Il est fait obligation à chaque Barreau de se doter d'un siège et d'une administration autonome
et permanente.
Article 11 :
Le Bâtonnier de l'Ordre est élu pour un mandat de trois (3) ans non renouvelable, par
l'assemblée générale des Avocats au scrutin secret, parmi les Avocats inscrits au tableau
depuis au moins quinze (15) ans. L'élection est faite à la majorité absolue des membres ayant
pris part au vote aux deux (2) premiers tours de scrutin. Au troisième tour, la majorité relative
suffit. Les Avocats peuvent voter par procuration ou par correspondance. Un Avocat ne peut
être détenteur de plus d'une procuration. Le bulletin de vote par correspondance doit être adressé
sous pli fermé au Bâtonnier en exercice avant l'ouverture du scrutin.
Article 12 :
Un an avant la fin du mandat du Bâtonnier, un Dauphin, appelé à lui succéder, est élu. L'élection
du Dauphin se fait dans les mêmes conditions que celles du Bâtonnier. Le Dauphin est membre
de droit du Conseil de l'Ordre. Il n'a pas de voix délibérative, s'il n'est pas, au moment de son
élection, déjà membre du Conseil de l'Ordre.
Article 13 :
Les membres du Conseil de l'Ordre sont élus parmi les Avocats inscrits au tableau depuis au
moins sept (7) ans. Les sociétés civiles professionnelles ne peuvent être membres du Conseil
de l'Ordre.
Article 14 :
La composition du Conseil de l'Ordre est déterminée ainsi qu'il suit:
• 3 membres, si le nombre des Avocats inscrits est de 7 à 30 ;
• 6 membres, si ce nombre est de 31 à 50 ;
• 9 membres, si ce nombre est de 51 à 100 ;
• 12 membres, si ce nombre est de 101 à 200 ;
• 15 membres, si ce nombre est de 201 à 300 ;
• 18 membres, au-delà de 300.
Article 15 :
Les membres du Conseil de l'Ordre sont élus directement par l'assemblée générale. Leur mandat
est de trois (3) ans renouvelable. L'élection a lieu au scrutin secret uninominal, chaque bulletin
comportant autant de noms qu'il y a de sièges à pourvoir, à la majorité absolue des membres
ayant pris part au vote aux deux (2) premiers tours de scrutin. Au troisième tour, la majorité
relative suffit.
Article 16 :
Les élections générales ont lieu à l'époque fixée par le règlement intérieur de chaque Ordre. Les
élections partielles sont réalisées dans les deux (2) mois de l'événement qui les rend nécessaires.
Toutefois, si cet événement survient pendant les vacances judiciaires ou dans les deux mois qui
précèdent, il n'est procédé aux élections qu'à la rentrée judiciaire. En cas de décès, de démission
ou d'empêchement grave du Bâtonnier, l'intérim est assuré par le membre du Conseil de l'Ordre
le plus ancien dans l'ordre d'inscription au tableau et les élections, s'il y a lieu, se tiennent dans
les délais précisés à l'alinéa t'" du présent article. En cas de cessation de fonctions ou démission
collective du Bâtonnier et des membres du Conseil de l'Ordre et lorsque le nombre des anciens
Bâtonniers est au moins égal à 5, ceux-ci constituent un Collège des anciens Bâtonniers qui
constate cette cessation ou démission et qui se substitue aux organes défaillants. Le Collège
siège et délibère sous la présidence de son membre le plus ancien suivant l'ordre d'inscription
au tableau et convoque dans le délai de soixante (60) jours de la cessation de fonctions ou de la
démission l'assemblée générale élective, pour procéder à l'élection du Bâtonnier et à celle des
membres du Conseil de l'Ordre, sauf s'il y a un Dauphin. Lorsque le nombre des anciens
Bâtonniers est inférieur à 5, il est fait appel aux Avocats les plus anciens dans l'ordre
d'inscription au tableau pour compléter le Collège. A défaut de sa convocation dans le délai
précité par le Collège ou son corollaire prévu à l'alinéa précédent, la Conférence des Barreaux,
saisie par un Avocat inscrit du Barreau concerné, convoque et organise une assemblée générale
élective.

Article 17 :
Les Avocats inscrits au tableau peuvent déférer les élections à la Cour d'Appel dans le délai de
quinze (15) jours à partir desdites élections.
Article 18 :
Le Bâtonnier représente l'Ordre dans tous les actes de la vie civile et devant les juridictions. Il
est habilité, en cas d'urgence, à prendre toutes mesures conservatoires que requiert l'intérêt du
Barreau. Il prévient et concilie les différends d'ordre professionnel entre les membres du
Barreau, instruit et statue sur toutes les réclamations formulées par les tiers. Il gère les fonds de
l'assistance juridique et judiciaire. Il peut déléguer temporairement tout ou partie de ses
attributions à un ou plusieurs membres du Conseil de l'Ordre. Il peut, en outre, confier toute
mission spéciale à tout Avocat de son choix.
Article 19 :
Le Conseil de l'Ordre a pour attributions, notamment:
1) de statuer sur l'admission au stage des postulants;
2) de statuer sur l'inscription au tableau, l'omission, la réinscription et le rang;
3) de maintenir les principes de probité, de désintéressement, de modération, de confraternité,
de dignité, de loyauté, d'honneur et de délicatesse sur lesquels repose l'Ordre des Avocats et
d'exercer la surveillance que l'honneur et l'intérêt de l'Ordre rendent nécessaires;
4) de veiller à ce que les Avocats soient présents aux audiences dans le respect des règles qui
régissent la profession;
5) de traiter toute question intéressant l'exercice de la profession, la défense des droits des
Avocats et les strictes observations de leurs devoirs;
6) de gérer les biens de l'Ordre, d'administrer et d'utiliser les ressources de l'Ordre pour assurer
les secours, allocations ou avantages quelconques attribués aux membres ou anciens membres
de l'Ordre, à leurs conjoints survivants ou à leurs enfants;
7) de fixer le montant des cotisations à payer par les membres de l'Ordre;
8) de fixer le montant du droit de plaidoirie à payer à l'occasion de chaque affaire;
9) de souscrire une assurance collective pour couvrir la responsabilité professionnelle de tous
ses membres;
10) d'établir le règlement intérieur de l'Ordre ou de le modifier;
11) d'exercer la discipline dans les conditions prévues par le présent Règlement;
12) de vérifier la tenue de la comptabilité des Avocats exerçant individuellement ou en groupe
et la constitution des garanties imposées par le présent Règlement;
13) d'autoriser le Bâtonnier à ester en justice, à accepter les dons et les legs faits à l'Ordre, à
transiger, à compromettre, à consentir toutes aliénations ou hypothèques et à contracter tous
emprunts. En outre, le Conseil de l'Ordre peut prononcer, en cas de poursuites judiciaires ou
disciplinaires ouvertes à l'encontre d'un Avocat, une mesure de suspension de l'Avocat concerné
dans l'attente de la décision judiciaire ou disciplinaire. Dans ce cas, le Conseil de l'Ordre prend
les mesures nécessaires pour la sauvegarde des droits professionnels de l'Avocat concerné et de
ses clients. La mesure de suspension n'est pas susceptible de voie de recours. Les décisions
suivantes du Conseil de l'Ordre sont notifiées au Procureur Général par le
Bâtonnier:
a. les décisions relatives à l'admission et au refus d'admission au stage, à l'inscription au tableau
et à l'omission du tableau;
b. les décisions en matière disciplinaire sous réserve des dispositions particulières contenues
dans le présent Règlement. Les délibérations et décisions du Conseil de l'Ordre susvisées sont
notifiées au Procureur Général et à l'Avocat concerné par lettre recommandée avec demande
d'avis de réception, ou remise par porteur contre décharge et ce dans le délai de quinze (15)
jours de leur date. Les délibérations relatives à l'adoption ou à la modification du règlement
intérieur sont, en outre, communiquées aux Procureurs Généraux. Une copie du règlement
intérieur et des modifications intervenues est déposée aux greffes des Cours d'appel et tenue à
la disposition de tout intéressé.
Article 20 :
Le Conseil de l'Ordre statue sur les demandes d'inscription au tableau dans les six (6) mois de
la réception de la demande. Ce délai est suspendu par tout acte d'instruction. La décision du
Conseil de l'Ordre portant inscription au tableau est notifiée dans les quinze (15) jours à
l'intéressé et aux Procureurs Généraux près les Cours d'appel. Dans le délai d'un (1) mois à
partir de cette notification, le Procureur Général près la Cour d'Appel peut la déférer devant la
Cour d'Appel. A défaut d'une notification d'une décision dans le mois qui suit l'expiration du
délai imparti au Conseil de l'Ordre pour statuer, l'intéressé peut considérer sa demande comme
rejetée et se pourvoir devant la Cour d'Appel dans le délai d'un (1) mois. La décision portant
refus d'inscription est notifiée dans les quinze (15) jours à l'intéressé ainsi qu'au Procureur
Général près la Cour d'Appel qui peuvent, dans le délai d'un (1) mois, la déférer devant la Cour
d'Appel. En cas d'annulation de la décision de refus d'inscription, le postulant est renvoyé
devant le Conseil de l'Ordre pour un nouvel examen de sa demande. Aucun refus d'inscription
ou de réinscription, ne peut être décidée sans que l'intéressé ait été entendu ou préalablement
appelé dans un délai de quinzaine. Si la décision est prise par défaut, l'intéressé peut, par simple
déclaration au secrétariat de l'Ordre, qui lui délivre récépissé, former opposition dans le délai
de quinze (15) jours à dater de la notification à personne; si la notification n'est pas faite à
personne, l'opposition est recevable dans le délai d'un (1) mois à compter de la date à laquelle
l'intéressé a eu connaissance de la décision.
Article 21 :
Le recours contre les décisions du Conseil de l'Ordre et du Conseil de discipline sont dévolus à
une juridiction d'appel paritaire composée du Premier Président de la Cour d'Appel, de trois (3)
Présidents de chambre de la Cour d'Appel et de trois (3) Avocats autres que les membres du
Conseil de l'Ordre désignés par le Bâtonnier. Le recours est formé par lettre recommandée avec
demande d'avis de réception adressée au secrétariat-greffe de la Cour d'Appel ou remis contre
récépissé au Greffier en chef. Il est instruit et jugé selon les règles applicables en matière
contentieuse à la procédure, sans représentation obligatoire. Le délai du recours est d'un mois à
compter de la notification. La juridiction paritaire d'appel statue en chambre du conseil, après
avoir invité le Bâtonnier ou son représentant à présenter ses observations.
La décision de la juridiction paritaire d'appel est notifiée par le Greffier en chef de la Cour
d'Appel par lettre recommandée avec demande d'avis de réception ou remise par porteur contre
décharge au Procureur Général, au Bâtonnier et à l'intéressé. Elle est susceptible de pourvoi en
cassation dans un délai d'un mois à compter de sa notification. Le délai d'appel suspend
l'exécution de la décision du Conseil de l'Ordre. L'appel exercé dans ce délai est également
suspensif sauf en cas d'omission.
Article 22 :
L'assemblée générale se réunit au moins une fois par an, sous la présidence du Bâtonnier ou du
membre le plus ancien du Conseil de l'Ordre par lui désigné, à défaut, par un ancien Bâtonnier
ou par le plus ancien des Avocats présents dans l'Ordre du tableau. Elle ne peut examiner que
les questions qui lui sont soumises dans les conditions fixées dans le règlement intérieur. Le
Conseil délibère sur les recommandations formulées par l'assemblée générale dans le délai de
deux mois. En cas de rejet, le Conseil motive sa décision. Les décisions du Conseil sont portées
à la connaissance de la plus prochaine assemblée générale. Elles sont consignées sur un registre
spécial tenu à la disposition de tous les Avocats inscrits.

TITRE III : ACCES A LA PROFESSION D'AVOCAT

CHAPITRE PREMIER: STAGE ET FORMATION PROFESSIONNELLE

Section 1 : Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat

Article 23 :
Il est institué un examen pour l'obtention du Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat
(C.A.P.A.). Un Règlement d'exécution précisera les modalités de délivrance du Certificat
d'Aptitude à la Profession d'Avocat (C.A.P.A.).
Section 2 : Admission sur la liste du stage
Article 24:
Toute personne titulaire d'un Master Il en droit reconnu par le Conseil Africain et Malgache de
l'Enseignement Supérieur (CAMES) ou de la Maîtrise en droit ou d'un diplôme reconnu
équivalent et du Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat (C.A.P.A.) reconnu dans l'espace
UEMOA, peut demander son inscription sur la liste de stage d'un Barreau dudit espace. Toute
personne qui demande son admission au stage du Barreau doit être âgée de 21 ans au moins.
Elle doit être de bonne moralité. Elle est, en outre, tenue de fournir au Conseil de l'Ordre:
1) un extrait de son acte de naissance;
2) un extrait de son casier judiciaire datant de moins de trois mois;
3) les pièces établissant qu'elle possède la nationalité d'un Etat membre de l'Union;
4) le diplôme de Master Il en droit reconnu par le Conseil Africain et Malgache de
l'Enseignement Supérieur (CAMES) ou de la Maîtrise en droit ou d'un diplôme reconnu
équivalent;
5) le Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat (C.A.P.A.);
6) l'attestation délivrée par un Avocat inscrit au tableau ayant prêté serment depuis au moins
sept (7) ans portant engagement d'assurer dans son cabinet la formation effective du stagiaire.

Toutefois, sont dispensés du Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat (CAPA) :


1) les magistrats ayant accompli au moins dix (10) années de pratique professionnelle en
juridiction et qui auront préalablement démissionné de leur fonction;
2) les professeurs agrégés des facultés de droit. Les magistrats et les professeurs agrégés des
facultés de droit devront cependant avant la prestation de serment, suivre des cours de
déontologie et de pratique professionnelle d'Avocat pour une période d'au moins six (6) mois
suivants des modalités définies par le Bâtonnier. Les postulants doivent, avant d'être admis au
stage et sur la présentation du Bâtonnier de l'Ordre, prêter, devant la Cour d'Appel, serment en
ces termes: « Je jure, en tant qu'Avocat, d'exercer ma profession avec honneur,
indépendance, probité, délicatesse, loyauté et dignité, dans le respect des règles de mon Ordre
».
Article 25 :
Le refus d'admission ne peut être prononcé sans que l'intéressé ait été entendu ou dûment appelé
au moins quinze (15) jours avant sa comparution. Le recours contre le refus d'admission sur la
liste du stage est soumis aux dispositions de l'article 20, sans pouvoir d'évocation.

Section 3 : Régime du stage

Article 26:
Le stage comporte: la fréquentation obligatoire des audiences, le travail effectif et
obligatoirement rattaché à un Cabinet d'Avocat, la participation obligatoire à des travaux de la
Conférence du Stage dans les Barreaux qui l'ont instituée; l'assiduité aux cours du stage.
L'Avocat admis sur la liste du stage porte le titre d'Avocat-stagiaire et accomplit tous les actes
de la profession pour le compte et sous la responsabilité de l'Avocat dans le Cabinet duquel il
est admis. Le stage doit être effectué au Barreau du lieu de l'inscription et peut, pour partie, être
poursuivi auprès d'un autre Barreau de l'espace UEMOA ou d'un Etat accordant la réciprocité
d'établissement, par périodes successives sans interruption de plus de trois (3) mois.
Article 27 :
Sous réserve des dispositions de l'article 24 alinéa 4 du présent Règlement, la durée du stage
est de trois (3) ans effectifs. Elle peut, exceptionnellement, être prorogée deux (2) fois d'une
année sur la demande du stagiaire ou si le Conseil de l'Ordre estime que le stagiaire n'a pas
satisfait aux obligations résultant des prescriptions de l'article 26 du présent Règlement. Le
stagiaire doit être entendu par le Conseil de l'Ordre avant la prorogation de son stage.
Article 28 :
A l'expiration du délai du stage, un certificat, qui en constate l'accomplissement, est délivré, s'il
y a lieu, au stagiaire, par le Bâtonnier. A l'expiration de la cinquième année, le certificat est,
dans tous les cas, délivré ou refusé. Le refus de délivrance du certificat ne peut être prononcé
que par une décision motivée du Conseil de l'Ordre. Cette décision peut être déférée à la Cour
d'Appel par l'intéressé, suivant les modalités prévues par l'article 20.

Section 4 : La formation

Article 29 :
La formation professionnelle initiale et continue est obligatoire pour tout Avocat inscrit dans
un des Barreaux de l'espace UEMOA, suivant les conditions et modalités définies dans un acte
pris en application du présent Règlement et les règlements intérieurs des différents Barreaux.

CHAPITRE Il : LE TABLEAU DE L’ORDRE

Section 1 : Inscription au tableau


Article 30 :
Nul ne peut être inscrit au Tableau de l'Ordre des Avocats, sous réserve des droits acquis, s'il
ne remplit l'ensemble des conditions suivantes:
- être ressortissant d'un Etat membre de l'Union;
- être âgé de 24 ans au moins;
- être en possession du certificat de fin de stage;
- être de bonne moralité.

Section 2 : Honorariat

Article 31 :
Le titre d'Avocat honoraire peut être conféré par le Conseil de l'Ordre aux Avocats qui ont
exercé la profession pendant vingt (20) ans au moins et qui ont donné leur démission. Les droits
et devoirs des Avocats honoraires sont déterminés par les dispositions nationales en vigueur.
Article 32 :
Lorsque la participation d'un Avocat à une commission administrative ou à un jury de concours
ou d'examen est prévue par la loi nationale ou communautaire, l'autorité chargée de la
désignation peut, avec l'accord du Bâtonnier, porter son choix sur un Avocat honoraire
acceptant cette mission.

TITRE IV : EXERCICE DE LA PROFESSION D'AVOCAT

CHAPITRE PREMIER: LES INCOMPATIBILITES

Article 33 :
La profession d'Avocat est incompatible avec l'exercice de toute autre profession, sous réserve
des dispositions législatives ou réglementaires particulières, et, notamment: avec toutes les
activités de caractère commercial qu'elles soient exercées directement ou par personne
interposée; avec les fonctions d'associé dans une société en nom collectif, d'associé commandité
dans les sociétés en commandite, de gérant d'une société à responsabilité limitée, de président
d'une société par actions simplifiées, de président du conseil d'administration, membre du
directoire ou directeur général d'une société anonyme, de gérant d'une société civile à moins
que celle-ci n'ait, sous le contrôle du Conseil de l'Ordre qui peut demander tous renseignements
nécessaires, pour objet la gestion d'intérêts familiaux ou professionnels; plus généralement avec
l'exercice de toute autre profession ou fonction emportant un lien de subordination.
Article 34:
L'Avocat justifiant d'au moins sept (7) ans d'exercice effectif de la profession peut être élu aux
fonctions de membre du Conseil de surveillance d'une société commerciale ou d'administrateur
de société, après avoir sollicité préalablement l'autorisation du Conseil de l'Ordre de son
Barreau. La demande d'autorisation est adressée par lettre recommandée avec demande d'avis
de réception ou remise contre récépissé, au Conseil de l'Ordre et comporte en annexe un
exemplaire des statuts sociaux et, lorsque la société a au moins une année d'activité, une copie
du dernier bilan. Le Conseil de l'Ordre peut demander à l'Avocat de lui fournir toute explication
et tous documents utiles.
Article 35 :
La profession d'Avocat est compatible avec les fonctions d'enseignant vacataire. Les Avocats
peuvent également être désignés en qualité de suppléant de juge d'instance, de membres
assesseurs des tribunaux pour enfants ou des tribunaux paritaires de baux ruraux, des tribunaux
de travail, de membre des tribunaux des affaires de sécurité sociale, conformément aux
dispositions législatives et règlementaires en vigueur dans chaque Etat membre de l'Union.
Article 36 :
Les Avocats peuvent être chargés par l'Etat ou par tout organisme international de missions
temporaires, même rétribuées. Dans ces cas, les Avocats concernés ont l'obligation d'en
informer le Bâtonnier. Celui-ci saisit, dans les meilleurs délais, le Conseil de l'Ordre qui peut
interdire auxdits Avocats d'accomplir pendant lesdites missions, directement ou indirectement
les actes de leur profession. Dans l'acceptation ou l'accomplissement des missions, les Avocats
sont tenus aux obligations de confidentialité, de moralité, de probité, de loyauté et de
compatibilité relevant de leur profession.
Article 37 :
L'Avocat investi d'un mandat parlementaire ou de tout autre mandat électif public est soumis
aux incompatibilités édictées par la législation nationale applicable dans son Etat.

CHAPITRE Il : LES MODALITES D'EXERCICE DE LA PROFESSION

Article 38 :
Tout Avocat inscrit à l'un des Barreaux des Etats membres de l'UEMOA peut exercer dans les
conditions précisées, par voie de Règlement d'exécution, la profession suivant l'une des formes
ci-après: l'exercice individuel; l'association; la collaboration, le salariat; les sociétés civiles
professionnelles (SCP) ; les cabinets groupés; les sociétés civiles de moyens; le groupement
d'intérêt professionnel (GIP).

CHAPITRE III: REGLES PROFESSIONNELLES

Section 1 : Dispositions générales

Article 39 :
L'Avocat ne doit être, ni le conseil, ni le représentant, ni le défenseur de plus d'un client dans
une même affaire s'il existe un risque sérieux de conflit d'intérêts. Il doit s'abstenir de s'occuper
des affaires de tous les clients concernés lorsque surgit un conflit d'intérêts, lorsque le secret
professionnel risque d'être violé ou lorsque son indépendance risque de ne plus être entière. Il
ne peut accepter l'affaire d'un nouveau client si le secret des informations données par un ancien
client risque d'être violé ou lorsque la connaissance par l'Avocat des affaires de
l'ancien client favoriserait le nouveau client de façon injustifiée. Lorsque des Avocats exercent
en groupe, les dispositions des alinéas qui précèdent sont applicables au groupe dans son
ensemble et à tous ses membres.
Article 40 :
L'Avocat doit conduire jusqu'à son terme l'affaire dont il est chargé, sauf si son client l'en
décharge ou si lui-même décide de ne plus poursuivre sa mission, sous réserve, dans ce dernier
cas, que le client soit prévenu en temps utile pour pourvoir à la défense de ses intérêts. Il doit
observer les règles de prudence, de délicatesse et de diligence qu'exige la sauvegarde des
intérêts qui lui sont confiés par ses clients.
Article 41 :
Lorsque l'affaire est terminée ou qu'il en est déchargé, l'Avocat doit restituer, sans délai, les
pièces dont il est dépositaire. Les difficultés relatives à la restitution des pièces relèvent de la
compétence du Bâtonnier.
Article 42 :
L'Avocat a obligation, lorsqu'il plaide devant une juridiction extérieure au ressort de son
Barreau, de se présenter au Bâtonnier. Le Bâtonnier ou un membre du Conseil de l'Ordre, par
lui désigné, le présente au Président et au Magistrat du Ministère Public devant siéger à
l'audience.
Article 43 :
La désignation et la commission d'office ne peuvent être faites que par le Bâtonnier. Les
Avocats sont tenus d'y déférer, sauf motif légitime d'excuse ou d'empêchement admis par le
Bâtonnier.
Article 44:
L'Avocat, en toute matière, ne doit commettre aucune divulgation contrevenant au secret
professionnel. Il doit, notamment, respecter le secret de l'instruction en matière pénale, en
s'abstenant de publier des documents, pièces ou lettres intéressant une information en cours ou
de communiquer, sauf à son client pour les besoins de la défense, des renseignements extraits
du dossier.
Article 45 :
A l'exclusion de la publicité fonctionnelle assurée par le Bâtonnier, tout acte de publicité, de
démarchage ou de sollicitation est interdit à l'Avocat. La création de sites web ou de tout autre
support numérique destiné au public est subordonnée à l'autorisation préalable du Conseil de
l'Ordre.

Article 46 :
Le règlement intérieur du Conseil de l'Ordre de chaque Etat fixe les dispositions nécessaires
pour assurer l'information du public quant aux modalités d'exercice de la profession par les
membres du Barreau.
Article 47 :
Tout Avocat qui fait l'objet d'une action en justice doit en informer sans délai le Bâtonnier.
Section 2 : Domicile professionnel
Article 48:
Tout Avocat est tenu d'avoir un domicile professionnel. Est réputé domicile professionnel de
l'Avocat, le cabinet principal, et le cas échéant, le cabinet secondaire.
Article 49 :
L'ouverture d'un cabinet secondaire, en dehors du ressort territorial du Barreau d'origine, est
soumise aux conditions édictées par le Règlement relatif à la libre circulation et à l'établissement
des Avocats ressortissants de l'Union au sein de l'espace UEMOA.
Section 3 : Suppléance
Article 50 :
Lorsque l'Avocat est temporairement empêché d'exercer ses fonctions, il propose un ou
plusieurs suppléants, qui doivent recevoir l'agrément du Bâtonnier.
Article 51 :
Lorsque l'Avocat empêché se trouve dans l'impossibilité d'exercer son choix ou ne l'exerce pas,
le ou les suppléants sont désignés par le Bâtonnier. La suppléance ne peut excéder un an. A
l'issue de ce délai, elle peut être renouvelée une fois par le Bâtonnier pour une même durée.
Passé ce nouveau délai, il est fait application des règles de l'administration provisoire du présent
Règlement. Le suppléant assure la gestion du cabinet. Il accomplit lui-même tous les actes
professionnels dans les mêmes conditions qu'aurait pu le faire le suppléé.
Article 52 :
Le Bâtonnier porte à la connaissance du Procureur Général le nom du ou des suppléants choisis
ou désignés. Il est mis fin à la suppléance par le Bâtonnier soit d'office, soit à la requête du
suppléé, soit à la requête du suppléant. Le Procureur Général est informé par le Bâtonnier de la
fin de la suppléance.
Section 4 : Administration provisoire et liquidation
Article 53 :
Lorsqu'un Avocat fait l'objet d'une décision exécutoire de suspension provisoire, d'interdiction
temporaire, le Bâtonnier désigne un ou plusieurs administrateurs qui le remplacent dans ses
fonctions. L'administrateur perçoit, sur les ressources générées par le cabinet administré, une
indemnité forfaitaire dont le montant est fixé par le Bâtonnier. Il paie à concurrence de ses
rémunérations les charges afférentes au fonctionnement du cabinet. Le Bâtonnier informe le
Procureur Général de la désignation du ou des administrateurs. L'administration provisoire
cesse de plein droit dès que la suspension provisoire ou l'interdiction temporaire a pris fin.
Article 54:
En cas de décès ou de radiation, le Bâtonnier désigne un liquidateur du cabinet de l'Avocat
concerné. Il est mis fin à la mission du liquidateur par décision du Bâtonnier.

CHAPITRE IV : LES HONORAIRES ET DEBOURS

Section 1 : Fixation des honoraires

Article 55:
Les honoraires de l'Avocat, au titre de ses prestations, sont librement fixés par l'Avocat et son
client. Ils peuvent faire l'objet d'une convention écrite. A défaut de convention d'honoraire entre
l'Avocat et son client, les honoraires sont fixés conformément aux règles établies par chaque
Barreau.

Section 2 : Contestation en matière d'honoraires

Article 56 :
Les contestations concernant le montant ou le recouvrement des honoraires et des débours des
Avocats ne peuvent être réglées qu'en recourant à la procédure prévue par la présente section.
Toute contestation soulevée à l'expiration du délai de deux années suivant le versement de la
provision ou de l'honoraire par le client est irrecevable.
Article 57 :
Les réclamations sont soumises au Bâtonnier par toute partie. Le Bâtonnier ou le membre du
Conseil qu'il désigne instruit l'affaire et rend sa décision dans le délai de deux (2) mois. A
l'expiration de ce délai, la partie la plus diligente peut saisir le Premier Président de la Cour
d'Appel. Cette décision est notifiée, dans les quinze (15) jours de sa date, à l'Avocat et à la
partie, par le Secrétaire de l'Ordre, par tout moyen laissant trace écrite. La notification
mentionne, à peine de nullité, le délai et les modalités du recours.
Article 58 :
La décision du Bâtonnier est susceptible de recours devant le Premier Président de la Cour
d'Appel. Le Premier Président de la Cour d'Appel statue, conformément aux textes régissant la
matière telle que prévue par la législation nationale de chaque Etat membre. Le délai de ce
recours est d'un (1) mois à compter de la date de notification de la décision tranchant la
contestation d'honoraire.
Article 59 :
Lorsque la décision prise par le Bâtonnier n'a fait l'objet d'aucun recours, celle-ci est revêtue de
la formule exécutoire apposée par le Greffier en Chef de la Cour d'Appel au vu d'un certificat
de non contestation délivré par ce dernier.
Article 60 :
Lorsque la contestation est relative aux honoraires du Bâtonnier, l'affaire est soumise au doyen
du Conseil de l'Ordre, ou un ancien Bâtonnier désigné par le doyen du Conseil de l'Ordre.

TITRE V : LA DISCIPLINE DE LA PROFESSION


CHAPITRE PREMIER: LE CONSEIL DE DISCIPLINE

Article 61 :
Il est institué, au sein de chaque Barreau, un Conseil de discipline qui connaît des faits reprochés
à un Avocat ou à un Avocat stagiaire, de même qu'à un ancien Avocat dès lors qu'à l'époque où
les faits ont été commis, il était inscrit au tableau, sur la liste du stage ou sur la liste des Avocats
honoraires d'un Barreau.
Article 62 :
Le Conseil de discipline est présidé par le Bâtonnier et, en cas d'empêchement de celui-ci, selon
les règles particulières prévues par chaque Barreau. Lorsque, par suite d'empêchement de
plusieurs membres du Conseil de l'Ordre ou pour toutes autres causes, le quorum ne peut être
atteint, le Bâtonnier convoque, dans les plus brefs délais, l'assemblée générale de l'Ordre, qui
désigne, jusqu'à concurrence du quorum nécessaire, des remplaçants pour la durée de l'instance
ou de l'empêchement.

Article 63 :
Sans préjudice des poursuites pénales, tout manquement aux règles professionnelles, à la
probité, à l'honneur, à la dignité, à la loyauté, à la modération ou à la délicatesse, même se
rapportant à des faits extraprofessionnels, expose l'Avocat qui en est l'auteur aux sanctions
disciplinaires énumérées dans le présent Règlement.

CHAPITRE II -MANQUEMENTS ET SANCTIONS DISCIPLINAIRES

Article 64:
Les sanctions disciplinaires sont:
1) l'avertissement;
2) le blâme;
3) l'interdiction temporaire, qui ne peut excéder trois années;
4) la radiation du tableau des Avocats ou de la liste du stage, ou le retrait de l'honorariat.
L'avertissement, le blâme et l'interdiction temporaire peuvent être assortis de la privation du
droit de faire partie d'un Conseil de l'Ordre, ainsi que de celui d'être éligible au Bâtonnat pendant
une durée n'excédant pas dix (10) ans. Les sanctions disciplinaires peuvent faire l'objet d'une
publication dans les bulletins internes et les locaux de l'Ordre. L'interdiction temporaire et les
peines complémentaires confirmées en appel peuvent, en outre, faire l'objet d'une publication
dans un ou plusieurs journaux d'annonces légales. Cette publication est obligatoire en cas de
radiation.
Article 65 :
La sanction de l'interdiction temporaire peut être assortie du sursis. La suspension de la sanction
ne s'étend pas aux mesures accessoires prises en application de l'article 64. Si, dans le délai de
cinq (5) ans à compter du prononcé de la sanction, l'Avocat commet une nouvelle faute
occasionnant le prononcé d'une seconde sanction disciplinaire, celle-ci entraîne l'exécution de
la première sans confusion avec la seconde. La décision prononçant les sanctions prévues à
l'article 64 du présent Règlement est notifiée à tous les autres Barreaux de l'Union.
Article 66 :
L'Avocat radié ne peut être, ni inscrit au tableau, ni sur la liste du stage d'aucun autre Barreau
de l'Union.
Article 67 :
L'Avocat interdit temporairement doit, dès que la décision est passée en force de chose jugée,
s'abstenir de tout acte professionnel. Il ne peut en aucune circonstance faire état de sa qualité
d'Avocat. Il ne peut participer à l'activité des organismes professionnels auxquels il appartient.

CHAPITRE III – LA PROCEDURE DISCIPLINAIRE

Article 68:
Aucune sanction disciplinaire ne peut être prononcée sans que l'Avocat mis en cause n'ait été
entendu ou appelé, au moins quinze (15) jours à l'avance.
Article 69 :
Le Bâtonnier, sur sa propre initiative, ou à la demande du Procureur Général, ou sur la plainte
de toute personne intéressée, procède à une enquête sur le comportement de l'Avocat mis en
cause. Le cas échéant, il désigne, à cette fin, un rapporteur. Il classe l'affaire ou prononce le
renvoi devant le Conseil de discipline.
Article 70 :
L'Avocat est convoqué devant le conseil de discipline par lettre recommandée avec demande
d'avis de réception ou par tout moyen laissant trace écrite. La convocation comporte l'indication
des faits imputés et leur qualification. L'Avocat comparait en personne. Il peut se faire assister
par un Conseil. Les débats devant le Conseil de discipline ne sont pas publics.
Article 71 :
Durant l'enquête disciplinaire ou lors de l'instruction à l'audience, toute personne susceptible
d'éclairer l'instruction peut être entendue contradictoirement. Il est dressé procès-verbal de toute
audition; le procès-verbal est signé par la personne entendue.
Article 72 :
Toutes les pièces constitutives du dossier disciplinaire qui accompagnent le rapport
d'instruction doivent être cotées et paraphées. Une copie du dossier est délivrée à l'Avocat ou à
son Conseil, sur sa demande et à ses frais.
Article 73 :
Toute décision prise par le Conseil de discipline est notifiée à l'Avocat intéressé, au Procureur
Général et au plaignant. La notification est faite par le secrétariat de l'Ordre dans le mois du
prononcé de la décision, par lettre recommandée avec demande d'avis de réception ou par tout
moyen laissant trace écrite.
Article 74:
L'Avocat qui fait l'objet d'une sanction disciplinaire et le Procureur Général peuvent former un
recours contre la décision rendue par le Conseil de discipline. La juridiction paritaire d'appel
est saisie dans les conditions prévues par l'article 21 du présent Règlement. Elle statue dans le
délai de deux (2) mois à compter de sa saisine.
Article 75 :
Le Procureur Général assure et surveille l'exécution des sanctions disciplinaires.

TITRE VI : RESPONSABILITE CIVILE ET REGLEMENT PECUNIAIRE


DES AVOCATS

CHAPITRE PREMIER: RESPONSABILITE CIVILE

Article 76 :
Tout Avocat doit être couvert contre les conséquences pécuniaires de sa responsabilité civile
professionnelle par un contrat souscrit, auprès d'une entreprise d'assurances régie par le code
des assurances applicable dans les Etats membres de l'UEMOA. Cette assurance peut être
souscrite collectivement par le Barreau.
Article 77:
La responsabilité civile professionnelle de l'Avocat membre d'une société d'Avocats ou
collaborateur ou salarié d'un autre Avocat est garantie par l'assurance de la société dont il est
membre ou de l'Avocat dont il est le collaborateur ou le salarié. Toutefois, lorsque le
collaborateur d'un Avocat exerce en même temps la profession d'Avocat pour son propre
compte, il doit justifier d'une assurance couvrant la responsabilité civile professionnelle qu'il
peut encourir du fait de cet exercice.

CHAPITRE Il : CAISSE AUTONOME DE REGLEMENTS PECUNIAIRES DES


AVOCATS (CARPA)
Article 78 :
Il est créé au sein de chaque Barreau, entre les Avocats inscrits au tableau, une Caisse Autonome
de Règlements Pécuniaires des Avocats (CARPA) destinée à centraliser dans un compte unique
les fonds, effets ou valeurs reçus par les Avocats. L'inscription au tableau d'un Ordre emporte
d'office souscription au compte unique dans les livres de la Caisse Autonome de Règlements
Pécuniaires des Avocats (CAR PA) de cet Ordre. La Caisse Autonome de Règlements
Pécuniaires des Avocats (CARPA) reçoit également les fonds séquestres ainsi que les
consignations diverses à la requête des juridictions ou des personnes physiques ou morales.
Article 79 :
Le compte dans les livres de la Caisse Autonome de Règlements Pécuniaires des Avocats
(CARPA) est insaisissable. La Caisse Autonome de Règlements Pécuniaires des Avocats
(CARPA) est gérée par un Conseil d'administration, conformément aux dispositions en vigueur
en la matière, dans chaque Etat Membre.
Article 80 :
Il peut être institué une caisse autonome régionale de règlements pécuniaires des avocats à
l'initiative de la Conférence des Barreaux de l'UEMOA.

CHAPITRE III : REGLEMENT PECUNIAIRE ET COMPTABILITE DES AVOCATS

Section 1 : Règlement pécuniaire

Article 81 :
L'Avocat est tenu, lorsqu'il représente ou assiste son client, de procéder aux règlements
pécuniaires directement liés à son activité professionnelle, conformément aux dispositions
régissant le fonctionnement de la Caisse Autonome de Règlements Pécuniaires des Avocats
(CARPA).
Article 82 :
Nonobstant toutes dispositions contraires, l'Avocat ne peut procéder aux règlements pécuniaires
portant sur les fonds, effets ou valeurs reçus à l'occasion de son activité professionnelle que par
l'intermédiaire de la Caisse Autonome de Règlements Pécuniaires des Avocats (CARPA), sous
peine de sanction disciplinaire.

Section 2 : Règles et documents comptables

Article 83 :
Les opérations de chaque Avocat et ou cabinet d'Avocats sont retracées dans des documents
comptables destinés, notamment, à constater les versements de fonds et remises d'effets ou
valeurs qui lui sont faits au titre de ses opérations professionnelles, ainsi que les opérations
portant sur ces versements ou remises. Cette comptabilité est tenue dans les conditions prévues,
par les articles 87 et 88 du présent Règlement.
Article 84:
L'Avocat est tenu de présenter sa comptabilité à toute demande du Bâtonnier.
Article 85 :
Tous les versements de fonds ou remises d'effets ou valeurs à un Avocat ou cabinet d'Avocats
donnent lieu à la délivrance ou à l'envoi d'un accusé de réception s'il n'en a pas été donné
quittance.
Article 86 :
Le compte doit porter mention des sommes précédemment reçues à titre de provision ou de
frais. Avant tout règlement définitif, l'Avocat ou le cabinet d'Avocats remet à son client un
compte détaillé. Ce compte doit faire ressortir distinctement, d'une part, les frais et débours et,
d'autre part, les émoluments et les honoraires.
Article 87 :
Les formes dans lesquelles doit être tenue la comptabilité des Avocats sont fixées par le Conseil
de l'Ordre.

Article 88 :
La comptabilité des Avocats ou des cabinets d'Avocats est régie par les règles en vigueur dans
les Etats du siège de chaque Barreau.

TITRE VII - DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET FINALES

Article 89:
La durée des mandats du Bâtonnier et des membres du Conseil de l'Ordre en exercice au jour
de l'entrée en vigueur du présent Règlement, demeure régie par les dispositions en vigueur au
moment de leur élection. Les Etats membres de l'UEMOA mettront en place la juridiction
d'appel paritaire dans un délai de six (6) mois à compter de l'entrée en vigueur du présent
Règlement.
Article 90 :
La Commission prendra les actes d'application du présent Règlement, après avis de la
Conférence des Barreaux instituée par le Règlement relatif à la libre circulation et à
l'établissement des Avocats ressortissants de l'Union au sein de l'espace UEMOA.
Article 91 :
Demeurent applicables, les dispositions des législations et règlementations nationales des Etats
membres qui ne sont pas contraires au présent Règlement.
Article 92 :
Le présent Règlement abroge et remplace toutes dispositions antérieures contraires. Le présent
Règlement, qui entre en vigueur à compter du 1er janvier 2015, sera publié au Bulletin officiel
de l'UEMOA.

PARTIE 3: LA PRATIQUE JUDICIAIRE DEVANT LES JURIDICTIONS


CIVILES ET PENALES

TITRE I : LA PRATIQUE JUDICIAIRE DEVANT LES JURIDICTIONS CIVILES

Par « juridictions civiles », nous entendrons les juridictions statuant en matière civile et
commerciale. En matière civile et commerciale, la pratique judiciaire sera analysée sous l’angle
de l’instance judiciaire. Pour étudier les usages pratiqués devant ces juridictions, il faudra passer
en revue la procédure ordinaire ou procédure de droit commun, par opposition aux procédures
particulières (référé, requête, procédures gracieuses, etc…). Il s’agit de la procédure qui a
vocation à s’appliquer en l’absence de règles spéciales organisant l’instance civile. Cette
procédure est constituée de plusieurs étapes importantes, de l’introduction de l’instance à son
dénouement en passant par le déroulement de l’instance. Pour mieux appréhender les questions
importantes qui se posent dans la pratique juridictionnelle, nous étudierons d’abord
l’introduction de l’instance (chapitre I) ensuite son déroulement (chapitre II) et enfin le
dénouement de l’instance (chapitre III)

Chapitre I : L’introduction de l’instance civile.


En pratique, l’instance commence par une demande initiale qui est celle par laquelle un plaideur
prend l’initiative d’un procès en soumettant au juge ses prétentions. Il s’agit d’une demande
introductive d’instance. Mais, il nous faut voir d’abord, les modes de saisine des juridictions
civiles (section I) avant d’analyser les formalités supplémentaires à respecter (section II)

Section I : Les modes de saisine des juridictions civiles

Le code de procédure civile a organisé une diversité de modes de saisine des juridictions civiles.
Il s’agit notamment de la requête conjointe, de la comparution volontaire, de la déclaration au
greffe. Mais, l’assignation (paragraphe I) et la requête (paragraphe II) constituent les modes de
saisine les plus utilisés.

Paragraphe I : L’assignation

L’assignation est acte d’huissier (exploit d’assignation) par lequel le demandeur invite son
adversaire (le défendeur) à comparaitre devant un tribunal. Il s’agit donc d’une convocation à
comparaitre devant le tribunal. Il résulte de l’article 32 du Code de Procédure Civile que « les
instances en matière civile, commerciale et administrative sont introduites par voie
d’assignation volontaire des parties ». L’assignation obéit à des règles de forme. En effet, pour
être valable elle doit nécessairement contenir un certain nombre de mentions (A) et respecter
des délais dits d’ajournement (B)

A. Les mentions obligations de l’assignation

L’assignation doit d’abord comporter à peine de nullité des mentions propres aux actes
d’huissier (acte de signification, commandement de payer, sommation interpellative) en général
prévues par l’article 246 du Code de procédure civile qui stipule que « les exploits dressés par
les huissiers de justice contiennent notamment le nom du requérant, ses prénoms, profession,
nationalité et domicile réel ou élu, et le cas échéant les noms prénoms, profession et domicile
de son représentant légal ou statutaire ». L’assignation doit également comporter la date les
jours, mois et an, des noms, prénom et demeure de l’huissier, des noms, prénoms et demeure
du requis et de l’objet de l’acte. En outre, le Code de Procédure Civile prévoit que l’assignation
doit être signifié au requis, à personne, à domicile, à voisin ou même à mairie si la personne
refuse de prendre l’acte.

Certaines mentions sont propres à l’assignation en tant qu’acte introductif d’instance. Il s’agit
de l’exposé sommaire des moyens, de l’indication du tribunal qui doit connaitre de la demande,
de la date et de l’heure de l’audience. Ces mentions sont prescrites à peine de nullité de l’exploit
d’assignation, mais les juges en cas d’omission de certaines mentions, ne prononcent pas
automatiquement ladite nullité de l’exploit. Les magistrats appliquent à cet égard le principe
selon lequel « pas de nullité sans texte et pas de nullité sans grief ». La Cour Suprême du
Sénégal a déjà décidé, dans un arrêt du 25 novembre 1987 que la mention inexacte de l’adresse
du défendeur lorsque son identité est exacte ne constitue pas une formalité substantielle de
nature à entrainer l’annulation de l’exploit en l’absence de la caractérisation d’un grief. Mais,
la mention du nom de l’Huissier, la désignation du tribunal devant lequel le défendeur doit
comparaitre, la date de l’exploit d’assignation constituent des
formalités substantielles susceptibles d’entrainer la nullité de l’assignation même en l’absence
de la caractérisation d’un grief. .

B. Les délais d’ajournement

Les délais d’ajournement sont les délais qui doivent impérativement séparer le moment où
l’assignation est délivrée (servie) au défendeur et celui où l’audience doit se tenir. L’observation
de ces délais est dictée par des considérations liées au respect des droits de la défense. En effet,
il s’agit à travers ces délais de permettre au défendeur de préparer sa défense en attendant de
comparaitre devant le juge.

Ces délais varient suivant que le défendeur est domicilié sur le territoire ivoirien ou à l’étranger
et est prévu par l’article 34 du code de procédure civile qui dispose que : « Sauf consentement
des parties ou abréviation du délai par le juge, en cas d'urgence, il doit y avoir entre le jour de
l'assignation et celui indiqué pour la comparution, un délai de huit (8) jours au moins, si le
destinataire est domicilié dans le ressort de la juridiction. Ce délai est augmenté d'un délai de
distance de quinze (15) jours si le destinataire est domicilié dans un autre ressort et de deux
(2) mois s'il demeure hors du territoire de la République »..

Il ressort de cette disposition que pour les défendeurs domicilié en Côte d’Ivoire, le délai à
respecter entre la date de la signification de l’assignation à l’adversaire et la date de la première
audience d’évocation de l’affaire doit être d’au moins huit jours (8) si le défendeur est domicilié
dans le lieu où siège le tribunal compétent (l’on dit également le ressort de ce tribunal). Ce délai
d’ajournement est augmenté de quinze (15) jours lorsque la personne poursuivie est domiciliée
dans le ressort d’un autre tribunal, et dans les autres parties de la République. Si le défendeur
demeure hors du territoire de la République le délai de huit jours est augmenté d’un délai de
distance de deux mois pour celui qui demeure en Europe, en Afrique, en Amérique, en Asie ou
en d’autres termes si le défendeur demeure dans le reste du monde.

En principe, la sanction du non-respect du délai d’ajournement doit être la nullité de l’exploit


d’assignation toutes les fois où le demandeur à l’instance n’a pas obtenu une ordonnance
abréviative de délai, l’adversaire n’ayant pu comparaitre dans le délai imparti et n’ayant ainsi
pu faire valoir ses moyens de défense.

Paragraphe II : La requête

La requête est un mode normal de saisine des tribunaux. C’est ce qui résulte de l’article 32 du
Code de procédure civile qui dispose entre autres que : « Les instances en matière civile,
commerciale ou administrative, sont introduites par voie d'assignation, sauf comparution
volontaire des parties. Toutefois, dans les actions personnelles ou mobilières dont l'intérêt
pécuniaire, n'excède pas la somme de 500.000 francs, l'instance peut être introduite par voie de
requête ».
.
Selon ce texte les instances devant les tribunaux sont introduites en cas de procédure gracieuse
ou pour les litiges dont l’intérêt en jeu est faible, soit par requête écrite signée du demandeur
ou de son mandataire, soit par la comparution du demandeur accompagnée d’une déclaration
dont le procès-verbal est dressé par le greffier. Cette déclaration est signée du demandeur, ou
mention est faite qu’il ne sait signer. La requête doit généralement indiquer les prénoms, noms,
domiciles ou résidences du demandeur et du défendeur ainsi que l’énonciation de l’objet et des
moyens de la demande.

Le procès-verbal de dépôt de la requête au greffe doit contenir entre autres,

 la date du dépôt de la requête ;

 les noms, prénoms, profession, nationalité, domicile ou résidence du requérant, et le cas


échéant, mention de son avocat ou mandataire;

 élection de domicile, soit au siège de la juridiction, soit chez son avocat ou mandataire ;

 les noms, prénoms, domicile ou résidence du défendeur, ou s'il s'agit d'une personne
morale, de son représentant légal ou statutaire, et à défaut de son siège ;

 l'exposé des faits, l'objet de la demande et ses justifications éventuelles ;

 l'indication de la juridiction qui doit connaître de la demande, ainsi que les dates et
heures de l'audience.

La requête dans le cadre d’une procédure contentieuse, doit être signifiée à la partie adverse par
le biais d’un exploit d’huissier de justice à son domicile élu dans le respect des règles relative
au délai d’ajournement. En matière de divorce contentieux, le tribunal de première instance est
saisi par une requête en divorce. En matière de jugement d’hérédité le tribunal est saisi par une
requête aux fins de délivrance d’un jugement d’hérédité. Dans le cadre de la procédure sur
requête, le Président du Tribunal est également saisi par une requête. Par exemple, en matière
d’injonction de payer, la procédure est introduite par une requête aux fins d’injonction de payer
(article 2 de l’Acte uniforme sur les procédures simplifiées de recouvrement et des voies
d’exécution).

Cette requête doit comporter à peine d’irrecevabilité les noms et prénoms, professions des
parties, le siège social, la forme sociale des personnes morale. Toutes difficultés relatives à la
recevabilité de la requête et à l'établissement du procès-verbal seront jugées en dernier ressort
par le président de la juridiction sur simple requête du greffier, de la partie en cause, de son
représentant ou de son mandataire selon l’article 37 du CPC.

Section II : Le respect des formalités supplémentaires

Il ne suffit pas de délaisser au défendeur un acte introductif d’instance pour saisir la juridiction,
encore faudrait-il accomplir des formalités supplémentaires. Il s’agit de l’enrôlement
(paragraphe I) et de la consignation (paragraphe II). Ce n’est qu’à partir de ce moment que le
président répartit les dossiers entre les chambres du Tribunal ( paragraphe III)

Paragraphe I : L’enrôlement
La demande en justice ne se confond pas à la saisine effective du Tribunal. La saisine du tribunal
suppose l’accomplissement d’une formalité postérieure appelé enrôlement. En vertu des
dispositions du Code de procédure civile, le tribunal est saisi, à la diligence du demandeur, par
la remise au secrétariat du greffe au plus tard l’avant-veille de l’audience (deux jours avant la
date de la première comparution) de l’original de l’assignation ou d’une copie de la requête. A
cet effet, l’article 41 du CPC dispose que « Si l'instance est introduite par voie d'assignation, le
demandeur doit, au plus tard quarante-huit (48) heures avant l'audience, en déposer l'original
au greffe. Le numéro d'ordre du rôle général sera reproduit en tête des conclusions ».

Ces diligences sont en réalité destinées à l’accomplissement de la formalité de l’enrôlement.


L’enrôlement consiste à faire inscrire l’affaire au registre tenu au greffe du tribunal saisi, appelé
rôle général. Il s’agit d’un registre tenu au greffe sur lequel sont inscrites, dans leur ordre de
présentation, toutes les affaires portées devant ledit Tribunal C’est au demandeur de prendre
l’initiative de l’enrôlement au plus tard l’avant-veille de l’audience, en remettant l’original de
l’assignation au greffier.

Dès l'enrôlement, il sera établi au greffe de chaque juridiction, par affaire inscrite, un dossier
qui portera les noms et domiciles des parties, et s'il y a lieu les noms des avocats, le numéro et
la date de mise au rôle, l'objet de la demande et les dates successives de renvoi de l'affaire.
Seront déposés dans ce dossier et côtés par le greffier :

 le récépissé constatant la consignation de la provision au greffe ;

 l'original de l'exploit d'assignation ou copie du procès-verbal de dépôt visé à l'article


36, auquel sera jointe, le cas échéant, la requête écrite ;

 les conclusions ou notes des parties ou de leurs conseils avec mention de la date de
leur dépôt ;

 les pièces et documents versés par les parties ou les récépissés constatant leur retrait ;

 la copie des décisions prises par le juge de la mise en état ;

 la copie des jugements qui seront rendus successivement par la juridiction, et celle des
procès-verbaux et rapports dressés en exécution des jugements ou des décisions
rendues par le juge de la mise en état.

Le dossier sera conservé au greffe de la juridiction qui aura statué. Toutefois, les pièces et
documents seront restitués aux parties sur leur demande contre récépissé. (article 42 CPC)

Paragraphe II : La consignation

L’article 43 du CPC énonce que sauf dans les cas d’assistance judiciaire, le demandeur est tenu
lors de l’enrôlement de son acte introductif d’instance de consigner au greffe de la juridiction
qu’il entend saisir une somme suffisante pour garantir le paiement des droits de timbre et
d’enregistrement au droit fixe. Cet article précise en outre que « Il devra compléter cette
provision, si, en cours d'instance, elle se révèle insuffisante. Si cette insuffisance a pour origine
le dépôt de demandes reconventionnelles par le défendeur, le complément de provision sera
fourni par ce dernier. Le versement de la provision est constaté par récépissé délivré par le
greffier ».
A défaut de paiement de la provision, la demande est irrecevable et la décision d’irrecevabilité
est considérée comme une mesure d’administration judiciaire qui ne peut faire l’objet d’aucune
voie de recours. Mais, il faut préciser que dans certains cas et notamment lorsque le litige porte
sur une matière sociale (litige entre employeur et employés), la procédure est gratuite. Cette
gratuité ne concerne que les droits d’enregistrement et de timbre, à l’exclusion des droits de
délivrance des actes qui sont dus.

Paragraphe III : La répartition des affaires enrôlées.

Une fois que le tribunal est effectivement saisi, le président du tribunal procède à la répartition
des dossiers entre les chambres du tribunal. A titre d’exemple, au niveau du tribunal de première
instance d’Abidjan, il a été créées notamment une chambre civile, une chambre des affaires
familiales, une chambre de référé expulsion, une chambre immobilière, et plusieurs chambres
correctionnelles.

Dans la pratique des tribunaux, la répartition des affaires entre les différentes juridictions est à
la charge du greffier enrôleur du tribunal saisi. En cas d’erreur dans l’affectation de l’affaire
ou en cas de de mauvaise attribution, la juridiction saisie peut procéder par renvoi devant la
juridiction compétente. Ladite répartition des dossiers entre les chambres du tribunal est
fonction de la nature et de l’importance de l’affaire mais aussi de l’état des rôles des chambres.

Chapitre II : Le déroulement de l’instance


Une fois que le tribunal est saisi, l’instance doit se dérouler normalement. Mais, devant de
nombreuses juridictions, il arrive des cas où la procédure contentieuse proprement-dite (section
II) soit précédée d’une étape préalable de conciliation (section I).

Section I : Le préalable à la procédure contentieuse : la conciliation

En principe, les instances devant le tribunal de première instance sont dispensées du


préliminaire de conciliation sauf pour les litiges portant sur la contestation des ordonnances
d’injonction de payer et les actions en divorce dans lesquelles la conciliation est obligatoire.
Devant le tribunal du commerce et le tribunal du travail, la tentative de conciliation des parties
est une condition de recevabilité de l’action en justice.

Mais, l’obligation de conciliation peut d’une part résulter de la volonté des parties ou du juge.
En effet, d’abord, les parties peuvent comparaitre volontairement aux fins de conciliation
devant le juge compétent. Ensuite, le demandeur a la faculté de citer le défendeur en conciliation
en respectant les délais d’ajournement. Enfin, le juge saisi peut en tout état de la procédure
tenter la conciliation des parties, ces dernières pourront être assistées de leurs conseils.

Mais, devant le Tribunal du commerce, le tribunal du travail et parfois même du tribunal de


première instance, le préliminaire de la conciliation résulte souvent des exigences même de la
loi. Il en est ainsi en matière d’injonction de payer, où en cas d’opposition formée par le
débiteur, le tribunal est tenu de procéder à une tentative de conciliation. En effet, en vertu de
l’article 12 de l’acte uniforme sur les procédures simplifiées de recouvrement et des voies
d’exécution de l’OHADA « la juridiction saisie sur opposition procède à une tentative de
conciliation ». Ce n’est qu’en cas d’échec de la tentative de conciliation que le tribunal statue
sur la demande en recouvrement de la créance.
Il en est de même devant le Tribunal de première instance, en cas de divorce contentieux. Selon
les dispositions de la loi de 1964 sur le divorce, lors de la première comparution devant la
juridiction aux affaires familiales, le juge a l’obligation de procéder à une tentative de
conciliation, en tenant aux époux des observations qu’il croit nécessaires pour opérer la
réconciliation, hors la présence des conseils des parties. Ce n’est que lorsque la conciliation
échoue que la phase contentieuse est ouverte.

Dans la pratique, le tribunal de première instance a institué une audience des conciliations
présidée par un juge. Au cours de cette audience spéciale qui se tient en chambre de conseil, le
juge procède à la conciliation des parties. Si la conciliation aboutit le juge assisté du greffier
dresse un procès-verbal de conciliation. Ce procès-verbal est signé par les deux parties et déposé
au greffe. Cette conciliation met fin à l’instance et le procès-verbal de conciliation signé par le
juge et les parties constitue un titre exécutoire (V. article 33 de l’acte uniforme sur les
procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution de l’OHADA) Si la tentative
de conciliation échoue, ou n’a pas lieu, on entrera dans la procédure contentieuse

Section II : Le déroulement de la procédure contentieuse proprement-dite

Le déroulement de la procédure contentieuse devant le tribunal se subdivise en deux étapes


importantes, à savoir l’instruction des affaires (paragraphe I) et les débats (paragraphe II)

Paragraphe I : L’appel des causes et l’instruction des affaires

A- L’appel des causes

Selon l’article 46 du code de procédure civile, au jour fixé pour l'audience l’affaire est
obligatoirement appelée. Si le demandeur ne comparaît pas, ni personne pour lui, l’affaire est
rayée d’office, à moins que le défendeur ne sollicite jugement au fond. Si l’affaire n'est pas
inscrite au rôle, faute par le demandeur d’avoir consigné, elle sera renvoyée à cette fin, sur la
demande du défendeur et après consignation par ce dernier. Dans les deux cas, il sera statué par
jugement contradictoire. Si le demandeur se trouve dans l'impossibilité de se déplacer il peut
demander que le Tribunal statue sur pièces.

Si le défendeur ne comparaît pas, ni personne pour lui, il s’expose à ce qu’une décision soit
rendue contre lui. Cette décision rendue en l’absence du défendeur sera soit une décision de
défaut si l’assignation n’a pas été faite à partie, c’est-à-dire n’a pas été signifiée
personnellement à l’adversaire, mais a été donnée à un membre de sa famille ou son conjoint
par exemple. La décision sera dite « réputée contradictoire » si l’assignation a été faite à partie.

L’article 47 de son côté stipule que si, au jour fixé pour l'audience, les parties comparaissent ou
sont régulièrement représentées, le Tribunal peut :

1°) soit retenir l’affaire, s'il estime qu'elle est en état d'être jugée le jour même ;

2°) soit fixer la date à laquelle l'affaire sera plaidée et impartir les délais utiles à la
communication de pièces ou au dépôt de conclusions, ces délais devant être observés à peine
d'irrecevabilité desdites pièces et conclusions. Cette irrecevabilité sera prononcée d'office par
le tribunal à moins que l'inobservation des délais résulte d'un cas fortuit ou de force majeure.
Toutefois, les parties peuvent, par requête adressée au Président de la juridiction, obtenir
l'évocation de l'affaire avant le terme des délais fixés. La partie qui bénéficie de cette abréviation
de délais doit en aviser l'autre dans les quarante-huit (48) heures par exploit d'huissier, faute
de quoi, la date initiale est maintenue ;

3°) soit renvoyer l'affaire devant le Président d'audience ou devant le juge qu'il désigne parmi
les juges de la formation de jugement, pour être mise en état par ses soins.

Les décisions du Tribunal visées à l’article 46 précité du code de procédure civile sont des
décisions de pure administration judiciaire contre lesquelles aucun recours n'est possible.

B- Le déroulement de la mise en état

Il est rare qu’une affaire puisse être plaidée et jugée dès la première audience. Dans la plupart
du temps, il est nécessaire de procéder à une instruction. L’instruction des affaires renvoie à
leur mise en état. La mise en état d’une affaire consiste à mettre l’affaire en état d’être jugée.
C’est-à-dire qu’il s’agit de permettre aux parties d’échanger leurs conclusions, de veiller à la
communication des pièces, de procéder à des enquêtes ou expertises pour que le dossier puisse
être jugé dans des délais raisonnables.

Dans la pratique des Tribunaux de première instance et des cours d’appel, pour ce qui concerne
la plupart des affaires et notamment des affaires jugées urgentes (résiliation de bail
professionnel, opposition à ordonnance d’injonction de payer, opposition à contrainte,
opposition à jugement de défaut…), la mise en état est réalisée directement par la chambre
collégiale du Tribunal ou de la cour d’appel et non par le juge de la mise en état. Cette pratique
est conforme à l’esprit de célérité qui anime le traitement de ces procédures, puisque la mise en
état effectuée par la chambre permet un gain de temps certain. Au cours du déroulement de
l’instruction des affaires, le juge de la mise en état se voit reconnaitre des compétences (1) et
des pouvoirs considérables (2)

1. La compétence du juge de la mise en état

Lorsqu’elle est constituée, la juridiction de la mise en état a jusqu’à son dessaisissement une
compétence exclusive pour statuer sur certaines questions. En effet, le juge de la mise en état
est compétent pour statuer sur les exceptions de procédure (exception de nullité d’un acte de
procédure, d’incompétence, de connexité…), à l’exclusion des fins de non-recevoir (défaut de
qualité à agir, d’intérêt, autorité de la chose jugée) et des défenses au fond.Ainsi, l’article 48 du
code de procédure civile dispose que : Le juge chargé de la mise en état comme il est dit à
l'article précédent doit prendre toutes mesures qui lui paraissent nécessaires pour parvenir à une
instruction complète de l’affaire. A cet effet il peut notamment :

1°) inviter les parties. leurs conseils, leurs représentants, ou mandataires, à présenter sur leurs
prétentions respectives, les conclusions soit écrites, soit orales, dans ce dernier cas elles font
l'objet d'un procès verbal ;

2°) convoquer les parties, leurs conseils, leurs représentants ou mandataires aussi souvent qu'il
le juge nécessaire, leur faire toutes communications utiles, leur adresser des injonctions,
procéder à leur conciliation dans les formes prévues à l'article 134, leur donner acte de leur
désistement ;
3°) autoriser ou réclamer le dépôt de conclusions additionnelles, ainsi que de toutes pièces
utiles, en original on en copie, sauf au Tribunal à tirer toutes conséquences d'une abstention ou
d'un refus ;

4°) procéder à une enquête d'office ou à la demande des parties, ou commettre un juge d’un
autre ressort à cet effet ;

5°) ordonner une expertise, une vérification d’écriture, une descente sur les lieux, la
comparution personnelle des parties déférer d'office le serment ou commettre un huissier de
justice pour procéder à des constatations ;

6°) recevoir ou ordonner toute intervention, prescrire la jonction de deux ou plusieurs instances
instruites par ses soins sauf au Tribunal à prescrire, le cas échéant. la disjonction ;

7°) statuer sur les exceptions de caution ou de cautionnement, de communication de pièces et


de nullité d'acte, ainsi que les demandes de provision ad litem ;

8°) se prononcer sur les demandes de provision sur dommages-intérêts lorsque la responsabilité
ne sera pas contestée ou aura été établie par une décision passée en force de chose jugée
irrévocable ;

9°) ordonner même d’office une mise sous séquestre ou toutes mesures conservatoires.

Le juge chargé de la mise en état est assisté dans ses fonctions d'un greffier.

Le juge de la mise en état peut accorder une provision au créancier lorsque l’existence de
l’obligation n’est pas sérieusement contestable. La provision est une avance sur une somme
due. Il est compétent pour ordonner des mesures provisoires, même conservatoires, à
l’exception des saisies conservatoires, des nantissements ou des hypothèques conservatoires.
Enfin le juge de la mise en état ordonne, même d’office toute mesure d’instruction appropriée
(enquête, expertise…)
2. Les pouvoirs du juge de la mise en état

Le juge de la mise en état dispose de larges prérogatives dans le cadre de la conduite de


l’instance et ses pouvoirs tendent à s’accroitre. Ainsi, le juge de la mise en état veille au
déroulement loyal de la procédure, à la ponctualité de l’échange des conclusions et à la
communication des pièces. A cet égard, il peut entendre les avocats ou les parties et leurs
adresser des injonctions. Il fixe des délais pour accomplir des actes et peut accorder des
prolongations de délais. Il peut ordonner la jonction des instances présentant un lien de
connexité ou à des disjonctions. Enfin, il a le pouvoir de constater l’extinction de l’instance
notamment en cas de décès du demandeur ou de désistement d’instance.

Si les deux parties s’abstiennent d’accomplir les actes de procédure dans les délais, le juge de
la mise en état peut ordonner d’office la radiation de l’affaire par une décision non susceptible
de recours. Mais, le juge de la mise en état voit de plus en plus ses pouvoirs étendus même en
dehors de l’instance. Ainsi, il peut constater la conciliation entre les parties et statuer sur les
dépens. Ainsi, lorsque les parties se concilient en cours de procédure, le juge de la mise en état
constate la conciliation intervenue entre les partie et ordonne la radiation de l’affaire du rôle.
C. La clôture de la mise en état
La clôture de l’instruction est la fin de la mise en état. En principe, après la clôture de
l’instruction, aucune pièce ou conclusion ne peut être déposée par les parties. C’est pourquoi
dans la pratique judiciaire, avant de procéder à la clôture le juge de la mise en état renvoie
l’affaire pour vérification. Pendant ce temps, le juge vérifie l’état du dossier (dépôt de toutes
les conclusions et des pièces) statue éventuellement sur les exceptions de procédure (exception
d’incompétence, de connexité, de non communication des pièces, de nullité d’un acte de
procédure…). La clôture de l’instruction peut être d’abord ordonnée lorsque qu’à la fin de
l’instruction, l’affaire est en état d’être jugée. A cet effet, le juge va rendre une ordonnance de
clôture qui renvoie l’affaire devant le tribunal pour être jugée. Par ailleurs, la clôture de
l’instruction peut être ordonnée par le juge de la mise en état lorsque l’une des parties n’a pas
accompli les actes de procédure dans les délais.

L’ordonnance de clôture ne peut faire l’objet d’aucun recours. Lorsque l’affaire est clôturée, la
cause et les parties sont renvoyées devant la chambre collégiale pour la mise de l’affaire en
délibéré. Mais, l’ordonnance de clôture peut être révoquée en cas de cause grave dûment
justifiée depuis qu’elle a été rendue. Il en est ainsi par exemple, lorsqu’une partie après la
clôture de l’instruction, entend déposer des pièces déterminantes pour l’issue du litige. La
révocation de l’ordonnance de clôture peut être décidée par une ordonnance motivée d’office
par le juge de la mise en état ou à la demande des parties, ou même par une décision du tribunal.
La révocation de l’ordonnance de clôture permet la réouverture des débats et de l’échange des
conclusions et pièces.

Paragraphe II : Les débats

Les débats sont marqués par le principe de la publicité et l’oralité des débats (A) et le président
du tribunal au cours des débats dispose d’importants pouvoirs de police (B).

A. La publicité et l’oralité des débats.

Selon les dispositions du CPC « les audiences sont publiques, à moins que cette publicité ne
soit dangereuse pour l’ordre ou les moeurs, auquel cas la juridiction saisie le déclare par arrêt
ou jugement préalable, le ministère public entendu ». Ainsi, lorsque la publicité des débats
risque d’entrainer des troubles (des manifestations) ou lorsque l’affaire est relative aux moeurs,
le tribunal peut par jugement, après audition du Ministère public, décider que les débats se
feront à huit clos. Mais que les débats soient publics ou non, le CPC précise que « sauf
dispositions légales contraires, les jugements, en toute matière, sont prononcés publiquement
et doivent être motivés, à peine de nullité ». Dans la pratique, la procédure est souvent écrite,
les parties ou leurs avocats versent aux débats, à cet effet, des mémoires ou des conclusions.
Mais, le CPC dispose également que « à l’audience, les parties ou leurs mandataires sont
autorisés à présenter des observations orales ou à développer leurs conclusions déposées et
jointes au dossier ».

Dans la pratique des tribunaux, les parties plaident selon un ordre. Le demandeur d’abord,
ensuite le défendeur et si le demandeur le requiert la parole peut lui revenir. Mais, le défendeur
doit répliquer, il a la parole en dernier. Il appartient alors au juge de faire cesser les plaidoiries,
s’il le juge nécessaire. Dans certains cas, le Ministère public peut intervenir dans les débats,
notamment, lorsqu’il est partie jointe. Dans ce cas, il intervient pour donner son avis sur une
question portée à sa connaissance. Certaines affaires sont obligatoirement communiquées au
Ministère public ; il s’agit des affaires qui concernent l’état des personnes, les personnes
présumées absentes, l’ordre public, la causes des incapables, les récusations, et renvois pour
causes de parenté. Le procureur de la République peut néanmoins prendre communication de
toutes les autres causes dans lesquelles il croit son ministère nécessaire. Le tribunal peut même
l’ordonner d’office. La communication du dossier se fait au Parquet. Une fois les plaidoiries
achevées, les parties vont remettre au juge leurs dossiers et les débats seront alors clos, sauf si
le juge autorise leur réouverture.

B. La police des débats

Le président du Tribunal a la police des débats. Tout ce que qu’il ordonne pour le maintien de
l’ordre à l’audience est exécuté ponctuellement à l’instant. La même disposition est observée
dans les lieux où les magistrats et les greffiers exercent les fonctions de leur état. Le code de
procédure civile prévoit que « les parties sont tenues de s’exprimer avec modération et de
garder en tout le respect dû à la justice; si elles y manquent, le juge les y rappellera d’abord
par un avertissement; en cas de récidive, elles pourront être condamnées à une amende». Si un
ou plusieurs individus, quels qu’ils soient, interrompent le silence, donnent des signes
d’approbation ou d’improbation, soit à la défense des parties, soit aux discours et ordres des
magistrats, causent ou excitent du tumulte de quelque manière que ce soit, et si, après
l’avertissement du président, ils ne rentrent pas dans l’ordre sur le champ, il leur sera enjoint de
se retirer et les résistants seront saisis et déposés à l’instant dans la maison d’arrêt pour 24
heures. Si le trouble est causé par un individu remplissant une fonction près le tribunal, il outre
en outre être suspendu à temps de ses fonctions. Si le trouble se trouve causé par un avocat, le
président pourra, après un avertissement resté sans effet, lui enjoindre de se retirer de
l’audience, ce qui sera exécuté sur le champ.

Chapitre III : Le dénouement de l’instance


Le jugement est le principal mode d’extinction de l’instance. Il est défini comme l’acte
juridictionnel par lequel le juge tranche le litige qui lui est soumis. Mais, techniquement, on
admet qu’un jugement est une décision rendue par un tribunal alors qu’une ordonnance est une
décision rendue par un président de tribunal ou par un juge. Mais, tous les jugements ne mettent
pas fin à l’instance. En effet, les jugements avant dire droit ayant pour objet de prescrire une
mesure en vue de préparer le jugement définitif de l’affaire (expertise, enquête…) ne dénouent
pas l’instance. Après l’accomplissement de la mesure ordonnée par le jugement (dépôt du
rapport d’enquête ou d’expertise) l’instance est simplement reprise. Il nous faut voir les
préalables au jugement (Paragraphe I) avant d’analyser l’élaboration des jugements (paragraphe
II)

Section I : Les préalables au jugement


Les préalables au jugement visent les étapes préliminaires au jugement définitif des affaires. Il
s’agit de la mise en délibéré (A) et du délibéré (B)

Paragraphe I : La mise en délibéré

Dans les affaires simples où il n’y a guère de difficultés, il arrive que le jugement soit rendu
sur-le-champ. On dit que le jugement est rendu sur le siège. Par ailleurs, dans les cas moins
simples, les juges se retirent dans la chambre du conseil pour revenir ensuite prononcer le
jugement. Dans les deux cas le jugement est rendu le même jour. Mais, dans la plupart des cas
le prononcé du jugement est renvoyé à une date ultérieure et le président du tribunal indique la
date à laquelle l’affaire sera jugée. On dit que l’affaire est mise en délibéré. La mise en délibéré
est une prérogative exclusive du tribunal et non du juge de la mise en état qui lorsque l’affaire
est en état d’être jugée clôture l’instruction et renvoie la cause et les parties devant le tribunal
pour mise en délibéré. La mise en délibéré par le tribunal permet aux juges de mieux mûrir la
décision avant son prononcé.

Paragraphe II : Le délibéré

C’est la phase de réflexion que s’accorde le tribunal après avoir entendu les parties avant de
prononcer sa décision. On dit en pratique que le tribunal vide son délibéré lorsqu’il a prononcé
publiquement sa décision. C’est aussi le moment où, lorsque le tribunal ne statue pas à juge
unique, les magistrats discutent entre eux en vue de s’accorder sur la décision qui sera rendue.
Le délibéré est régi principalement par deux principes fondamentaux : le principe de la majorité
et le principe du secret. Le principe de la majorité en ce que au cours des délibérations le
jugement est pris à la majorité des magistrats composant la chambre. Ni le président de
chambre, ni les titulaires dans la chambre n’ont une voie prépondérante. C’est la loi de la
majorité qui s’impose. Il arrive souvent que les présidents de chambre soient minorisés au cours
de délibération. Le délibéré est en outre régi par le principe du secret. Les magistrats sont tenus
de garder le secret des délibérés, ils doivent se garder de révéler à des tiers les positions prises
par les membres de la chambre au cours des délibérations. D’ailleurs, l’obligation de garder le
secret des délibérés est inscrite dans la formule du serment prêté par les magistrats avant leur
entrée en fonction.

Section II : L’élaboration des jugements

Il nous faut étudier la rédaction des jugements (1) et ensuite la classification des jugements (2)

Paragraphe I : La rédaction des jugements

Une fois que les jugements sont prononcés à l’audience publique, ils doivent être
dactylographiés. Selon les dispositions du CPC, les jugements doivent comporter un certain
nombre de mentions, les noms des magistrats qui ont rendu le jugement, les noms des
représentants du Ministère public, les noms, profession et domicile des parties, le dispositif des
déclarations des parties , le dispositif des jugements avant dire droit. Les motifs des jugements
doivent aussi être inscrits dans le jugement. En outre, le jugement doit être revêtu de la signature
du greffier et du juge.
Dans la pratique, c’est le greffier audiencier qui a l’obligation, sous la surveillance du greffier
en chef, d’assurer dans les deux semaines du prononcé du jugement, la dactylographie et la
présentation de la décision à la signature du magistrat qui l’a rendue.
Le président du Tribunal et le greffier signent chaque jugement dans un délai maximum de 25
jours à compter de son prononcé. Mais, ces délais ne sont pas toujours respectés dans la pratique
en raison du volume important du contentieux.

Paragraphe II : La classification des jugements

En droit judiciaire privé, plusieurs classifications peuvent être retenues :


A. Jugements contradictoires et jugements par défaut

Le jugement contradictoire est un jugement rendu dans une instance où les parties ont comparu
personnellement ou se sont fait représentées par leurs conseils ou représentants. Le jugement
par défaut est une décision rendue à l’issue d’une instance à laquelle le défendeur n’a ni
comparu ni été représenté. Seul le jugement rendu par défaut peut donner ouverture à
l’opposition.

B. Jugements contentieux et jugements gracieux

Le jugement contentieux tranche le fond du litige au principal ou sur un incident (exception, ou


fin de non recevoir). Ex : un jugement qui condamne une personne à payer une somme d’argent.
Le jugement gracieux est une décision par laquelle le juge ne tranche pas une contestation mais
se contente d’opérer un contrôle exigé par la loi, en vue de donner un effet juridique à un acte
privé. Par exemple le jugement de divorce par consentement mutuel, le jugement homologuant
un concordat, le jugement d’homologation du partage amiable en matière de succession.

C. Jugement définitifs et jugements avant dire droit.

Le jugement définitif tranche une contestation sur le fond du litige. Exemple : un jugement qui
se prononce sur une demande de restitution en y faisant droit. Le jugement avant dire droit est
une décision qui en préparation la solution à donner à un litige, se borne à ordonner une mesure
d’instruction (enquête, expertise) ou une mesure provisoire (provision, garde provisoire d’un
enfant) sans trancher le principal du litige. Les jugements avant dire droit se subdivisent en
deux catégories. Il s’agit des jugements préparatoires et des jugements interlocutoires.

Selon le CPC, les jugements préparatoires sont les jugements rendus pour l’instruction de la
cause et qui tendent à mettre l’affaire en état de recevoir un jugement définitif. Exemple : un
jugement désignant une expertise pour évaluer la valeur vénale d’un immeuble. Par contre, les
jugements interlocutoires sont des décisions rendus lorsque le tribunal ordonne avant dire droit
une mesure qui préjuge du fond du litige. Les jugements interlocutoires peuvent faire l’objet
d’un appel avant même l’intervention du jugement sur le fond ; alors que les jugements
préparatoires ne peuvent faire l’objet d’un appel après le jugement sur le fond.

TITRE II: LA PRATIQUE JUDICIAIRE DEVANT LES JURIDICTIONS PENALES

Devant les juridictions répressives malgré le principe de la légalité criminelle qui postule une
interprétation restrictive de la loi pénale, il s’est développé dans la pratique plusieurs usages
qui souvent tendent à compléter le dispositif pénal. L’analyse de ces usages du palais se fera au
regard de l’instance pénale, c'est-à-dire elle sera articulée autour du déroulement proprement
dit du procès pénal ( poursuite, instruction et jugement) Il s’agira ainsi d’analyser l’étape
préalable au jugement des auteurs d’infractions pénales ( titre I) avant d’étudier l’étape du
jugement proprement dit (titre II)

SOUS-TITRE I : L’étape préalable au jugement des auteurs d’infractions pénales

Le procès pénal est ponctuée de phases au cours des quelles les parties et les autorités publiques
accomplissent diverses formalités. Mais, dans la phase antérieure au jugement des infractions,
il importera d’étudier la poursuite auteurs d’infractions (chapitre I) et l’instruction des affaires
pénales (chapitre II)

CHAPITRE I : LA POURSUITE DES AUTEURS D’INFRACTIONS

La poursuite est la première étape du procès pénal après l’enquête préliminaire. La poursuite
consiste au déclenchement de l’action publique. Il nous faut d’abord étudier les organes chargés
de la poursuite (section I) avant d’analyser spécifiquement la décision de poursuite (section II)

Section I : Les organes de poursuites

En règle générale, la décision de mettre en mouvement ou non l’action publique est prise par
un service public spécialisé dans cette tâche : le Ministère Public (paragraphe I). Mais
exceptionnellement, l’action publique peut être déclenchée sans l’intervention du Parquet par
la victime qui porte son action civile devant la juridiction répressive (paragraphe II)

Paragraphe I : Le Ministère public

Le Ministère public ou Parquet est constitué des magistrats du parquet encore appelés «
magistrats debout » parce qu’ils se lèvent à l’audience pour prendre leurs réquisitions6. Il
s’agira de revenir sur l’organisation du Ministère Public (A) avant d’étudier ses caractères (B)

A. L’organisation du Ministère Public

Il s’agira de distinguer le ministère public près les juridictions ordinaires (1) du ministère public
près les juridictions d’exception (2).

1. Le ministère public près les juridictions ordinaires

Auprès du tribunal de première instance, le ministère public est représenté par le Procureur de
la République ou ses adjoints. Dans les sections détachées des tribunaux de première instance,
le ministère publique est assuré par le substituts du procureur résident ou même par le Président
de cette juridiction, sous le contrôle direct du Procureur de la République du TPI de
rattachement. En cas d’empêchement ou d’absence momentanée du procureur de la République,
il est remplacé, s’il n’a pas de substituts, par un juge commis à cet effet par le Président du
Tribunal de première instance, sur sa proposition ou à défaut sur celle du Procureur Général.
près de la cour d’appel.

Au près de la cour d’appel et des cours d’assises, le ministère public est représenté par le
Procureur Général en personne, ou par ses substituts que l’on appelle substituts généraux ou
avocats généraux selon leur grade., Auprès de la Cour d’appel, le parquet est représenté par le
Procureur Général ou par ses avocats généraux.

2. Le ministère public près les juridictions d’exception

Devant la Haute Cour de Justice, les fonctions du ministère public sont assurées par le Procureur
Général près la cour suprême. Devant le tribunal militaire, le ministère public est représenté
par le procureur militaire lorsque l’infraction a été commise par un militaire dans l’exercice de
ses fonctions. Devant le tribunal pour enfants, le ministère public est assuré par un substitut du
Procureur de la République chargé cumulativement avec ses fonctions, des poursuites et du
règlement des affaires concernant les mineurs.

B. Les caractères du Ministère Public

Le statut du Ministère Public présente des spécificités par rapport à la condition des magistrats
du siège. La condition du Parquet est caractérisée par la substitution hiérarchique(1),
l’indivisibilité (2) l’irresponsabilité (3) et l’irrécusabilité (4)

1. La substitution hiérarchique.

D’abord, les magistrats du parquet sont soumis à une hiérarchie. Ainsi, il résulte de la loi
organique portant statut des magistrats que les magistrats du parquet sont placés sous la
direction et le contrôle de leurs supérieurs hiérarchiques et sous l’autorité du Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice. De même, les dispositions du code de procédure pénale disposent que le
Garde des Sceaux, Ministre de la justice peut dénoncer au Procureur Général les infractions à
la loi pénale dont il a connaissance, lui enjoindre d’engager ou de faire engager les poursuites
ou de saisir la juridiction compétente de telles réquisitions écrites qu’il juge opportunes.

Il ressort donc que si le ministre de la Justice peut donner l’ordre de poursuivre, il ne peut
toutefois ordonner le classement d’une affaire. On dit que l’ordre de poursuivre est légal mais
l’ordre de ne pas poursuivre est illégal. Par ailleurs, parallèlement à ces instructions
particulières concernant une procédure, le ministre peut agir par voie de circulaire pour définir
une politique pénale laquelle est destinée à assurer une application coordonnée et cohérente de
la loi répressive. Dans sa lancée le CPP, prévoit que le Procureur général a autorité sur tous les
magistrats du ministère public du ressort de la cour d’appel. Ces dispositions précisent qu’à
l'égard de ces magistrats, il a les mêmes prérogatives que celles reconnues au Ministre de la
Justice. Il est donc le chef hiérarchique de tous les membres du ministère public dans le ressort
de sa Cour d’Appel.

Enfin il y a lieu cependant de souligner que le législateur ne confère pas au Procureur Général
près la cour Suprême cette autorité sur les parquets. En résumé on peut dire que le Procureur
Général a un pouvoir de direction sur les Procureurs de la République de son ressort qui ont les
mêmes prérogatives sur leurs substituts et sur leurs délégués. Cependant ce pouvoir comporte
une limite puisqu’à l’audience, lorsqu’il requiert, le magistrat du parquet est libre de dire tout
ce qu’il croit au bien de la justice. On exprime cette idée en disant que « la parole est libre et
la plume serve »

2. L’indivisibilité
L’indivisibilité du ministère public signifie que chacun de ses magistrats représente le parquet
tout entier. C’est l’expression de la règle « un pour tous et tous pour un ». C’est pour cette
raison qu’ils peuvent se remplacer mutuellement l’un débutant une audience et prenant la parole
pour poser des questions, l’autre terminant la même audience en prenant des réquisitions. De
même, un acte portant mention du Procureur de la République peut très bien être signé par l’un
de ses substituts ou délégué. Il en est autrement pour les magistrats du siège qui à l’occasion du
jugement d’une affaire, sont tenus de poursuivre leur office jusqu’au prononcé de la décision.
3. L’irresponsabilité

Les magistrats du parquet sont irresponsables. A la différence de la partie civile qui en cas de
non lieu peut être condamné à des dommages intérêts, le Ministère Public qui a intenté à tort
l’action publique ne peut jamais être condamné à des dommages intérêts envers le prévenu
acquitté. Mais, cette irresponsabilité n’est pas totale. S’il commet une faute personnelle, sa
responsabilité civile peut être mise en jeu, comme pour les magistrats du siège, par la procédure
de prise à partie. S’il commet une infraction, il pourra être poursuivi mais il bénéficie d’un
privilège de juridiction.

4. L’irrécusabilité

Le Ministère public en tant que partie privilégiée du procès pénal est irrécusable. Alors qu’un
juge au siège peut être récusé aussi ben en matière civile que pénale, le magistrat du parquet ne
peut être récusé. Le plaideur ne peut récuser son adversaire.

Paragraphe II : La victime

Le parquet n’est pas seul à pouvoir prendre une décision de poursuite. Celle-ci peut émaner de
la victime. En effet, la victime d’une infraction à la loi pénale peut porter son action civile
devant la juridiction pénale en se constituant partie civile. Elle peut se constituer partie civile
devant le juge d’instruction, devant la juridiction de jugement ou l’officier de police judiciaire.
Mais, la mise en mouvement de l’action publique par la victime elle-même est un acte qui
engage sa responsabilité; puisqu’accompli de mauvaise foi, il peut l’exposer à des dommages
intérêts s’il a eu lieu de façon imprudente ou intempestive.

Section II : Le sens de la décision

Saisi de faits supportant une qualification pénale, le Ministère public a le choix entre abandon
des poursuites (paragraphe I) et l’exécution de la décision de poursuite (paragraphe II).

Paragraphe I : L’abandon des poursuites

L’abandon des poursuites peut intervenir soit dans le cadre d’un classement sans suite soit après
une médiation pénale.

A. Le classement sans suite

Le pouvoir de classement sans suite ressort de l’article 40 du code de procédure pénale qui
dispose notamment que le Procureur de la République peut décider de classer l’affaire sans
suite. Mais le procureur doit dans ce cas adresser au plaignant un avis de cette décision dans les
huit jours de celle-ci. Cet avis doit comporter notamment la mention que le plaignant peut, s’il
le désire, prendre l’initiative de mettre l’action publique en mouvement en se constituant partie
civile. Ce pouvoir est une manifestation de la règle de l’opportunité des poursuites qui permet
au Procureur de la République d’apprécier librement la suite à donner aux plaintes
dénonciations et autres enquêtes.

Cette règle de l’opportunité des poursuites comporte néanmoins des limites prévues par la loi.
D’abord, la poursuite de certaines infractions subordonnée à un plainte préalable de la victime
(adultère, diffamation contre un particulier, vol entre ascendants et descendants). Ensuite, la
poursuite peut être subordonnée à une mise en demeure préalable. C’est le cas pour le délit
d’abandon de famille (abandon de foyer) dont se rend coupable le père ou la mère de famille
ou le conjoint qui abandonne sans motif grave, pendant plus de deux mois, la résidence familiale
; la poursuite n’est possible que quinze jours après une interpellation du délinquant par un
officier de police judiciaire ou un huissier.

Enfin, dans certains cas exceptionnels, la décision de poursuivre peut se trouver paralysée par
l’existence d’une question préjudicielle à l’action. Il s’agit de questions de pur droit privé qui
ne peuvent être tranchées que par une juridiction civile ou commerciale. Il faut distinguer la
question préjudicielle à l’action de la question préjudicielle au jugement. La question
préjudicielle au jugement n’empêche pas la mise en mouvement de l’action publique ; elle
oblige seulement la juridiction répressive à surseoir à statuer jusqu’à ce que le tribunal
compétent pour trancher l’exception préjudicielle ait rendu sa décision. Par exemple,
l’exception de propriété immobilière soulevée devant une juridiction pénale est une question
préjudicielle au jugement. Cependant, l’exception préjudicielle à l’action, dont il est question
ici, ne suspend pas seulement le jugement, elle fait obstacle à tout acte de poursuite.

2. La médiation pénale

Elle est prévue par l’article 40 du code de procédure pénale qui prévoit que le Procureur de la
République, peut préalablement à la décision sur l’action publique, et avec l’accord des parties
soumettre l’affaire à la médiation ou à la transaction pénale s’il apparaît qu’une telle mesure est
susceptible d’assurer la réparation du dommage causé à la victime, mettre fin au trouble
résultant de l’infraction et contribuer au reclassement de l’auteur. A souligner que la solution
retenue par cette médiation ou transaction ne doit être ni contraire à l’ordre public, ni aux bonnes
moeurs. En cas d’échec de la médiation pénale, le Procureur de la République apprécie alors
l’opportunité d’engager des poursuites. Cependant le législateur prévoit, dans le cas de
poursuites, que les informations recueillies dans le cadre de la médiation ne peuvent être
utilisées contre l’une ou l’autre partie.

Paragraphe II : L’exécution de la décision de poursuite

Une fois la décision d’engager des poursuites pénales prise, le Procureur de la République a le
choix entre trois modes de poursuites, à savoir le flagrant délit (A), la citation directe (B) et
l’information judiciaire (C)

A. Le flagrant délit

Il s’agit d’une procédure de comparution rapide devant la juridiction de jugement qui est
règlementée pour l’essentiel par les articles 53 à 73 du code de procédure pénale. Il est utilisé
dans deux cas : en cas de délit flagrant lorsque le fait est puni d’une peine d’emprisonnement
ou alors lorsqu’il existe contre une personne des indices graves et concordants de nature à
motiver son inculpation pour une infraction correctionnelle et lorsque cette personne reconnaît
devant le procureur de la république avoir commis les faits constitutifs du délit considéré. La
procédure du flagrant délit ne peut être utilisée en cas matière de délit de presse, de délits
politiques et dans tous les cas où une loi spéciale exclut son application.

Lorsque le procureur de la république décide de recourir à la procédure de flagrant délit, il


interroge la personne déférée sur son identité et sur les faits qui lui sont reprochés, ce en
présence de son avocat. Il dresse à l’occasion un procès verbal d’interrogatoire de flagrant délit
qui est l’acte de saisine du tribunal des flagrants délits. Après avoir recueilli ses déclarations et
permis éventuellement à son conseil de lui poser des questions, le Procureur de la République
peut décider de placer le mis en cause sous mandat de dépôt. Le procureur de la République
peut également laisser l’inculpé en liberté provisoire. Il saisit ensuite immédiatement la
juridiction de jugement.

Les articles précités du code de procédure pénale prévoient que cet individu doit être traduit sur
le champ à l’audience du tribunal et s’il n’est point tenu d’audience, il est déféré à l’audience
du lendemain, le tribunal étant au besoin spécialement convoqué à la requête du ministère
public. Dans la pratique, le ministère public se limite à enrôler l’affaire à une audience assez
proche, le mis en cause comparaissant devant la juridiction de jugement dans la semaine de son
placement sous mandat de dépôt. En raison de la rapidité de cette procédure, le législateur
prévoit à peine de nullité du jugement, que le président du tribunal doit avertir le prévenu de
son droit de demander un délai pour préparer sa défense. Lorsque le prévenu use de cette faculté,
le délai qui est accordé ne pourra être inférieur à trois jours.

B. La citation directe

C’est une procédure qui permet soit au ministère public (citation directe à la requête du Parquet)
soit à la victime de l’infraction (citation directe à la requête de la victime) de saisir directement
la juridiction de jugement en informant le prévenu par exploit d’huissier de la date et du lieu de
l’audience ainsi que des faits à lui reprochés. L’exploit doit également préciser les textes
applicables. Il est remis à l’intéressé contre signature de l’original. Lorsque la citation directe
est faite à l’initiative de la victime, sa recevabilité est subordonnée au versement d’une
consignation fixée par la juridiction de jugement. Une fois cette juridiction régulièrement saisie,
celle-ci peut lorsqu’elle n’est pas suffisamment éclairée sur un point, ordonner un supplément
d’information dont l’exécution sera confiée à un de ses membres qui peut donner des
commissions rogatoires ou des délégations judiciaires dans le cadre de sa mission.
C. L’information judiciaire

C’est la procédure par laquelle, le Procureur de la République, par la délivrance d’un


réquisitoire introductif, demande au juge d’instruction de mener une enquête sur des faits qu’il
considère comme une violation de la loi pénale. Le réquisitoire peut être délivré soit contre une
ou des personnes dénommées (réquisitoire nominatif) soit contre un inconnu que le juge
d’instruction devra identifier. Il doit cependant obligatoirement qualifier les faits et viser les
textes de loi applicables ce d’autant qu’il fixe la saisine du juge d’instruction. En cours
d’information, le procureur peut étendre cette saisine en délivrant au juge d’instruction un
réquisitoire supplétif.

Dans ce réquisitoire introductif, le procureur de la République peut solliciter l’exécution de


certains actes comme le placement sous mandat de dépôt, le placement sous contrôle judiciaire,
ou encore la délivrance d’un mandat d’arrêt ou la prise de mesures conservatoire sur les biens
de l’inculpé. A ce réquisitoire est généralement annexé le procès-verbal d’enquête ou tout autre
document pouvant justifier l’ouverture de l’information. En matière criminelle, la procédure
d’information est obligatoire ; elle est en effet la seule voie ouverte au Procureur de la
République. En matière correctionnelle, la voie de l’information est utilisée lorsque les faits
sont complexes et nécessitent des investigations poussées, lorsque l’auteur est inconnu ou en
fuite. Elle peut également être utilisée en matière de délits politiques ou de presse.
CHAPITRE II : L’INSTRUCTION

L’instruction ou information judicaire est la phase du procès au cours de laquelle le juge


d’instruction saisi par le Parquet ou par une plainte avec constitution de partie civile accomplit
les actes utiles à la manifestation de la vérité. Au cours de cette étape du procès pénal, le
magistrat instructeur recueille les preuves de l’infraction et décide du renvoi devant la
juridiction de jugement de l’inculpé. Pour mieux comprendre l’instruction préparatoire, il
importe d’une part d’étudier la saisine du juge d’instruction (section I) avant d’analyser les
pouvoirs du juge d’instruction (section II)

Section I : La saisine du juge d’instruction

Le principe de la séparation des autorités de poursuite et des juridictions d’instruction interdit


au juge d’instruction de se saisir lui-même. Il doit être investi du pouvoir d’informer sur une
affaire déterminée par un acte émanant d’une personne ou d’une autorité tierce. De façon
générale, le juge d’instruction peut être saisi aussi bien par un réquisitoire introductif émanant
du Ministère Public (paragraphe I) que par une plaine avec constitution de partie civile
émanant de la partie civile (paragraphe II)

Paragraphe I : Le réquisitoire introductif

Le réquisitoire introductif ou réquisitoire aux fins d’informer ou de soit-informer peut être


défini comme l’acte par lequel le procureur de la République qui met en mouvement l’action
publique devant le juge d’instruction si le fait semble être un crime ou un délit. En vertu de
l’article 78 du CPP, dans son réquisitoire introductif, et à toute époque de l’information par
réquisitoire supplétif, le Procureur de la République peut requérir du magistrat instructeur tous
actes lui paraissant utiles à la manifestation de la vérité. Dans la pratique, le réquisitoire
introductif comporte un certain nombre de mentions; Il s’agit du nom du magistrat qui l’a
délivré, du nom du mis en cause, de l’infraction pour laquelle il est poursuivi.

Mais dans certaines matières la loi a prévu des mentions supplémentaires à peine de nullité.
Ainsi, en matière d’infractions de presse, le CPP énonce que si le ministère public requiert une
information, il sera tenu dans son réquisitoire introductif d’articuler et de qualifier les
provocations, outrages, diffamations et injures avec indication des textes applicables à peine de
nullité du réquisitoire. Le réquisitoire introductif est l’acte de saisine du juge d’instruction et en
tant qu’acte de poursuite fait courir le délai de prescription de l’action publique. Le juge
d’instruction saisi d’un réquisitoire introductif est en principe tenu d’informer. Mais, si les faits
visés dans le réquisitoire ne supportent aucune qualification pénale ou sont affectés par une
cause d’extinction de l’action publique (prescription, abrogation de la loi pénale, amnistie), le
juge d’instruction peut rendre une ordonnance de non-informer.

Le Procureur de la République ne peut saisir le juge d’instruction de réquisitions de non


informer que si, pour des causes affectant l’action publique elle-même, les faits ne peuvent
légalement comporter une poursuite ou si, à supposer ces faits démontrés, ils ne peuvent
admettre aucune qualification pénale. Dans le cas où le juge d’instruction passe outre, il doit
statuer par une ordonnance motivée.
Paragraphe II : La plainte avec constitution de partie civile

Toute personne qui se prétend lésée par un crime ou un délit peut, en portant plainte devant le
juge d’instruction, se constituer partie civile et déclencher par la même occasion l’action
publique. Selon le CPP la plaine avec constitution de partie civile devant le juge d’instruction
peut se faire par la victime soit en comparaissant personnellement ou par ministère d’avocat,
soit par lettre. Dans la pratique, elle résulte d’une lettre adressée au magistrat datée et signée de
son auteur en précisant les faits allégués et si possible leur auteur. Si la plainte est faite
oralement, le procès verbal dressé par le juge contiendra les mêmes mentions. La plainte peut
préciser en ce moment ou ultérieurement le montant de la réparation demandée. La constitution
de partie civile peut avoir lieu à tout moment de l’instruction.

La loi a prévu l’obligation pour la victime qui ne demeure pas dans le ressort de la juridiction
où se fait l’instruction d’y élire domicile par acte au greffe de cette juridiction. A défaut, elle
ne peut opposer le défaut de signification des actes qui auraient dû lui être signifiés. Lorsque
ces conditions sont respectées, le magistrat instructeur communique la plainte au procureur par
ordonnance de communication pour obtenir ses réquisitions La plainte avec constitution de
partie civile obéit à une autre condition liée à la consignation. Il résulte que, la partie civile qui
met en mouvement l’action publique doit, si elle n’a obtenu l’assistance judiciaire, et sous peine
de non recevabilité de sa plainte, consigner au greffe la somme présumée nécessaire pour les
faits de la procédure. Cette somme est fixée par ordonnance du juge d’instruction ; à cet effet,
il rend une ordonnance de consignation.

La plainte avec constitution de partie civile saisit le juge d’instruction et l’oblige à ouvrir une
information et à la mener jusqu’au prononcé d’une ordonnance de clôture. Cette solution a été
consacrée par l’arrêt Laurant Atthalin rendu par la chambre criminelle de la Cour de cassation
du 8 décembre 190617. Cette solution est considérable puisqu’elle donne à la victime un rôle
de premier plan dans la répression en lui permettant de vaincre l’inertie ou l’opposition du
Parquet aux poursuites. Mais, la victime encoure une certaine responsabilité dans la mise en
mouvement de l’action publique.

Selon le CPP, quand, après une information ouverte sur constitution de partie civile, une
décision de non lieu a été rendue, l’inculpé et toutes personnes visées dans la plainte, et sans
préjudice d’une poursuite pour dénonciation calomnieuse, peuvent, s’ils n’usent de la voie
civile, demander des dommages et intérêts au plaignant. L’action en dommages et intérêts doit
être introduite dans les 3 mois du jour où l’ordonnance de non-lieu est devenue définitive. Elle
est portée par voie de citation devant le tribunal correctionnel où l’affaire a été instruite. En cas
de condamnation, le tribunal peut ordonner la publication intégrale ou par extrait de son
jugement dans un ou plusieurs journaux qu’il désigne, aux frais du condamné.

Section II : Les pouvoirs du juge d’instruction

Le juge d’instruction possède dans la recherche des preuves des pouvoirs considérables. Il jouit
d’une grande indépendance dans la conduite de l’instruction. Il est en effet libre d’apprécier
l’utilité et l’opportunité des actes d’instruction nécessaires et dans l’ordre qui lui convient. A
cet égard, le juge d’instruction a des pouvoirs d’instruction (paragraphe I) et des
pouvoirs de jugement (paragraphe II).
Paragraphe I : Les pouvoirs d’instruction du juge d’instruction

Le juge d’instruction est d’abord un enquêteur chargé d’accomplir des actes utiles à la
manifestation de la vérité. Selon le CPP, le juge d’instruction procède, conformément à la loi,
à tous les actes d’information qu’il juge utiles à la manifestation de la vérité. En tant que tel, il
ne peut se saisir d’office. Il est saisi soit par le procureur de la République par un réquisitoire
introductif soit par la victime au moyen d’une plainte avec constitution de partie civile. Dans
l’exercice de cette mission, le juge d’instruction peut accomplir tous actes qu’il estime
nécessaires : interrogatoire de l’inculpé (interrogatoire de première comparution et
interrogatoire au fond), audition de témoins, de la partie civile, perquisition, visites
domiciliaires, saisies, transport sur les lieux, mesures conservatoires etc…

Mais, en dehors de ces pouvoirs d’instruction qui peuvent être exercés par les officiers de police
judiciaires, le magistrat instructeur dispose de pouvoirs propres. Ainsi, il peut décerner des
mandats contre des inculpés ou témoins. Les mandats sont des ordres écrits délivrés par le juge
d’instruction en vue d’obtenir la comparution ou la mise en détention provisoire de l’inculpé.
Ils sont exécutoires sur toute l’étendue du territoire national. Les mandats qui tendent à la
comparution sont le mandat de comparution et le mandat d’amener. Le mandat de comparution
a pour objet de mettre l’inculpé en demeure de se présenter devant le juge à la date et à l’heure
indiqué dans ce mandat.

Le mandat d’amener est un ordre donné par le juge à la force publique de conduire
immédiatement l’inculpé devant lui ; mais il est exécutoire par la force. Les mandats tendant à
la mise en détention sont le mandat de dépôt et le mandat d’arrêt. Le mandat de dépôt est l’ordre
donné par le juge au directeur de l’établissement pénitentiaire de recevoir et de retenir l’inculpé.
Ce mandat doit être dûment motivé. Ce mandat permet également de rechercher ou de transférer
l’inculpé lorsqu’il lui a été précédemment notifié. Le mandat d’arrêt est l’ordre donné à la force
publique de rechercher l’inculpé et de le conduire à la maison d’arrêt indiquée sur le mandat,
où il sera reçu et détenu.

Paragraphe II : Les pouvoirs de jugement du juge d’instruction

Le magistrat instructeur est aussi un juge chargé de rendre des décisions juridictionnelles
appelées « ordonnances ». A cet égard, il tranche les contestations qui s’élèvent au cours de
l’instruction (recevabilité de la constitution de partie civile, compétence, restitution d’objets
saisis, charges qui pèsent sur l’inculpé etc…). Les décisions juridictionnelles rendues par le
juge d’instruction peuvent être portées en appel devant la chambre d’accusation. Ces décisions
peuvent être rendues dès l’ouverture de l’information (A), au cours de l’information (B) ou à
sa clôture (C)

A. Les décisions juridictionnelles à l’ouverture de l’information

Dès l’ouverture de l’information, le juge d’instruction peut être amené à rendre plusieurs
ordonnances. Il peut d’abord répondre au réquisitoire introductif ou à la plainte avec
constitution de partie civile par une ordonnance de refus d’informer si par exemple les faits
portés devant lui ne supportent aucune qualification pénale. Il peut, s’il s’agit d’une plainte avec
constitution de partie civile, refuser d’informer en rendant une ordonnance d’irrecevabilité de
la constitution de partie civile au motif que les conditions de fond et de forme ne sont pas
réunies. Il en est ainsi lorsque le plaignant n’a pas respecté son obligation de consignation, ou
n’a pas justifié de sa qualité de partie civile. Le juge d’instruction devra aussi communiquer au
parquet la plainte avec constitution de partie civile et à cette fin, il rendra une ordonnance de
soit-communiqué, c'est-à-dire qu’il ordonnera que le dossier soit communiqué au procureur de
la République.

Le magistrat instructeur peut également dès le début de l’information rendre une ordonnance
d’incompétence lorsqu’il constate qu’il n’est pas compétent (compétence d’attribution ou
territoriale) pour connaitre des faits. Aux termes des dispositions du CPP, « dans le cas où le
juge d’instruction n’est pas compétent, il rend, après réquisition du ministère public, ou
directement selon sa compétence, une ordonnance renvoyant la partie civile à se pourvoir
devant telle juridiction qu’il appartiendra ». Mais, l’ordonnance de soit communiqué n’est pas
une ordonnance juridictionnelle mais une simple ordonnance administrative qui ne peut faire
l’objet de voies de recours. Le magistrat instructeur peut aussi dès le début de l’instruction
rendre une ordonnance de dessaisissement lorsque notamment il constate qu’un juge
d’instruction d’un autre ressort également compétent, en raison de la pluralité des principes de
compétence territoriale, a été saisi ; ce qui entraine le transfert du dossier à son collègue.

B. Les décisions juridictionnelles au cours de l’information

Au cours de l’information, le juge d’instruction est amené à rendre de nombreuses ordonnances.


Les décisions les plus importantes interviennent en matière de détention provisoire autrefois
appelée « détention préventive ». La mise en liberté de l’inculpé, sauf disposition législative
particulière et lorsqu’elle n’est pas de droit, peut être ordonnée d’office par le juge d’instruction.
En cas de demande de mise en liberté provisoire, le juge transmet la demande au Parquet dans
les 48 heures par une ordonnance de communication. Le procureur de la République doit
retourner le dossier avec ses réquisitions dans un délai de 10 jours à partir du jour e la
transmission qui lui a été faite par le juge d’instruction. Ce dernier doit statuer sur la demande
de mise en liberté provisoire par ordonnance spécialement motivée au plus tard dans le cinq
jours de la réception des réquisitions du Ministère public.

Faute par le juge d’instruction de statuer dans ce délai de 10 jours, l’inculpé peut saisir de sa
demande la chambre d’accusation qui sur les réquisitions motivées du procureur général qui se
prononce dans le mois de cette demande. Faute pour la chambre d’accusation de statuer dans
ce délai, l’inculpé est mis d’office en liberté provisoire sur l’initiative du procureur général. Le
juge d’instruction statue également sur les demandes de restitution d’objets placés sous mains
de. Dans le cas où une question d’ordre technique se pose au cours de l’information (par
exemple la restauration de données informatiques effacées dans un serveur), le juge
d’instruction peut ordonner une expertise à la demande du Ministère public, de la victime, de
l’inculpé ou même d’office.

Lorsqu’il estime ne peut devoir faire droit à cette demande d’expertise, il doit rendre une
ordonnance motivée qui est susceptible d’appel. A titre conservatoire, le magistrat instructeur
peut être amené à ordonner d’office ou sur la demande de la partie civile ou du ministère public,
des mesures conservatoires sur les biens de l’inculpé. Par exemple, le juge d’instruction peut, à
titre conservatoire, ordonner le blocage du compte bancaire de l’inculpé, ce qui entraine
l’indisponibilité des fonds.
C. Les décisions juridictionnelles prises à la fin de l’information

A la fin de l’instruction, des décisions très importantes peuvent être prises par le juge
d’instruction. Lorsqu’il a accompli tous les actes d’instruction qu’il a cru utiles de faire et que
l’information parait terminé, le juge d’instruction rend une ordonnance de règlement que l’on
appelle aussi ordonnance de clôture de l’information. Cette ordonnance dessaisit le juge
d’instruction. Il statue sur les charges qui pèsent sur l’inculpé. Avant de rendre cette
ordonnance, le juge devra communiquer le dossier au parquet par une ordonnance de soit
communiqué et aux conseils de l’inculpé et de la partie civile.

En principe, le parquet a l’obligation de d’adresser ses réquisitions au juge d’instruction dans


les 15 jours à compter de l’ordonnance de soit communiqué. Mais, dans la pratique, il arrive
rarement que les parquets respectent ce délai en raison surtout du volume des dossiers. Selon le
CPP, le juge d’instruction peut rendre une ordonnance de non lieu s’il estime que les faits ne
constituent ni crime, ni délit, ni contravention, ou qu’il n’existe pas de charges suffisantes
contre l’inculpé, ou si l’auteur est resté inconnu, il déclare, par ordonnance, qu’il n’y a lieu à
suivre. Ainsi, le non lieu peut être aussi bien fondé sur des motifs de droit (absence d’infraction,
existence d’une cause de non imputabilité ou d’un fait justificatif etc…) que sur des
considérations de fait (insuffisance de charges).

Mais, s’il survient des charges nouvelles depuis le non lieu, l’information peut être reprise. Par
charges nouvelles il faut entendre les déclarations des témoins, pièces et procès- verbaux qui
n’ayant pu être soumis à l’examen du juge d’instruction, sont cependant de nature soit à fortifier
les charges qui auraient été trouvés trop faibles, soit à donner aux faits de nouveaux
développements utiles à la manifestation de la vérité. La réouverture de l’information sur
charges nouvelles est réservée au Parquet Toutefois si le juge d’instruction estime qu’il y a des
charges suffisantes contre l’inculpé il rend une ordonnance de renvoi devant le tribunal.

C’est l’ordonnance de renvoi qui saisit la juridiction de jugement. Si le juge estime que les faits
constituent une contravention, il prononce le renvoi de l’affaire devant le tribunal de simple
police et ordonne la mise en liberté du prévenu. S’il s’agit d’un délit, le juge prononce le renvoi
devant le tribunal de première instance statuant en matière correctionnelle. Si le juge
d’instruction estime que les faits constituent une infraction qualifiée crime par la loi, il
ordonnait que le dossier de la procédure et un état des pièces servant à conviction soient
transmis dans un délai de quinze jours par le Procureur de la République au Procureur général
près la Cour d’Appel. Le juge d’instruction peut rendre une ordonnance de mise en accusation
devant la cour d’assises. Il reviendra au procureur général qui reçoit du juge d’instruction le
dossier et l’ordonnance, de procéder à l’enrôlement de la procédure devant la cour d’assises.

SOUS-TITRE II : L’ETAPE DU JUGEMENT DES AUTEURS D’INFRACTIONS

Le jugement est la dernière phase de la marche du procès pénal qui suit normalement la phase
de l’instruction. A cours de cette étape les juridictions de jugement se prononcent sur la
culpabilité des personnes poursuivies, en rendant une décision de relaxe d’acquittement ou de
condamnation. La juridiction d’instruction est saisie in rem, c'est-à-dire saisi des faits visés dans
l’acte de poursuite. Il peut inculper librement toute personne qui lui parait avoir participé aux
faits pour lesquels l’information est ouverte. Cependant la juridiction de jugement est saisie in
rem et in personam. Elle n’est pas seulement saisie des faits, elle est chargée de juger les
personnes qui lui sont déférées et elle ne peut juger que celles-là. Les juridictions de jugement
ne peuvent englober dans les poursuites des personnes qui n’ont pas été renvoyées devant elle
à titre de prévenus. Dans l’étude de l’étape du jugement, il s’agira d’analyser l’audience et les
débats (chapitre I) avant d’étudier la décision rendue au terme de la procédure (chapitre II)

Chapitre I : L’audience et les débats

En procédure pénale l’audience et les débats occupent une place importante dans la prise de
décision finale. C’est la raison pour laquelle ils sont régis par des principes directeurs (section
I) et la conduite des débats fait l’objet d’un encadrement strict (section II)

Section I : Les principes directeurs

Les débats sont marqués par trois principes fondamentaux: la publicité, l’oralité et la
contradiction. D’abord, les débats ont lieu publiquement. Il s’agit de l’une des plus solides
garanties des droits de la défense et d’’une bonne justice. Mais, le principe de la publicité des
débats souffre de quelques exceptions. En effet, le tribunal peut, en constatant que la publicité
est dangereuse pour l’ordre et les moeurs, ordonner, par jugement rendu en audience publique,
que les débats auront lieu ou seront poursuivis à huis clos. Dans tous les cas, même si le huit
clos est ordonné par la juridiction de jugement, le jugement sur le fond doit toujours être
prononcé en audience publique.

Ensuite, les débats ont lieu oralement. C’est tout le sens du principe de l’oralité des débats.
Contrairement à la procédure civile qui est une procédure essentiellement écrite, la procédure
pénale est marquée par l’oralité. A cet égard, les témoins déposent oralement. Toutefois, ils
peuvent, exceptionnellement, s’aider de documents avec l’autorisation du juge qui préside la
juridiction de jugement. L’interrogatoire du président, les explications des parties et de leurs
conseils, les questions qu’elles posent aux témoins ou se posent entre elles ont lieu également
de façon orale. Une importante partie de l’audience est consacrée aux plaidoiries orales des
avocats et au réquisitoire du procureur de la République.

Mais, auprès de la juridiction de jugement, siège un greffier qui prend note de tous ce qui se
passe à l’audience dans le plumitif d’audience. Ainsi, le greffier tient note du déroulement des
débats et principalement, sous la direction du président, des déclarations des témoins ainsi que
des réponses du prévenu. Il faut préciser que les notes d’audience sont signées par le greffier.
Elles sont visées par le président, au plus tard dans les trois jours qui suivent chaque audience.
Mais, dans la pratique juridictionnelle, ces délais sont rarement respectés et rares sont les
magistrats qui se conforment à leurs obligations de viser les notes d’audience.

Exceptionnellement, le CPP prévoit que le prévenu, les autres parties et leurs conseils, peuvent
déposer des conclusions. Ces conclusions sont visées par le président et le greffier ; ce dernier
mentionne ce dépôt aux notes d’audience. Enfin les débats sont marqués par le principe du
contradictoire. Les parties devant le tribunal sont placées à égalité. Le ministère public, la partie
civile et le prévenu ont les mêmes droits et notamment celui de poser des questions aux témoins.
En outre, en vertu du principe du contradictoire, la personne poursuivie ne peut être jugée sans
avoir été régulièrement convoquée ou citée en justice en vue de lui permettre de faire valoir ses
moyens de défense. Lorsque le jugement est rendu par défaut, la loi ouvre la possibilité au
prévenu défaillant de faire opposition contre le jugement.

Section II : La conduite des débats


Les débats commencent par l’appel des parties à savoir le prévenu, la partie civile,
éventuellement le civilement responsable, les témoins et les experts. Il est ensuite procédé à la
vérification de l’identité du prévenu à qui le tribunal donne lecture de l’acte de saisine. Le
président procède ensuite à l’instruction d’audience qui commence généralement par
l’interrogatoire du prévenu. Cet interrogatoire est ensuite complété par les questions des
assesseurs, du ministère public et éventuellement des conseils. Les témoins (qui avaient été au
préalable isolés) et experts défilent ensuite à la barre pour déposer et répondre aux questions
qui leur sont posées.

Au terme de cette phase relative à l’administration des preuves, commence celle des
observations durant laquelle la partie civile est entendue, puis le ministère public en ses
réquisitions avant que le prévenu ne présente sa défense. Le ministère public ainsi que la partie
civile peuvent user de leur droit de réplique mais en tout état de cause le prévenu ou son conseil
doivent avoir la parole en dernier. Il faut préciser que la constitution de partie civile fait après
les réquisitions du Parquet est irrecevable.

Une fois que toutes les parties se seront prononcées et que le président estimera détenir
suffisamment d’éléments pour décider, les débats seront clôturés. Le jugement pourra alors être
rendu à l’audience même où les débats ont eu lieu ou alors à une date ultérieure qui sera précisée
aux parties. On dit dans ce dernier cas que l’affaire a été mise en délibéré.

Chapitre II : LA DECISION

La décision rendue par la juridiction de jugement au terme des débats dénoue l’instance pénale.
Mais, la décision est précédée de la délibération dans certaines formes essentielles à la validité
des jugements (section I). Aussi, les jugements peuvent faire l’objet de plusieurs classifications
(section II)

Section I : La délibération sur la décision

Toute décision prise par une juridiction de jugement doit avoir au préalable fait l’objet d’une
délibération. On dit qu’il a fait l’objet d’un délibéré. Il s’agit d’échanges de vues et de
discussions qui interviennent entre les membres de la juridiction en vue de parvenir à une
décision finale. L’expérience des anciens guide les plus jeunes, les opinions de uns et des autres
se confrontent. Mais, le délibéré s’impose même aux juridictions à juge unique comme le
tribunal de simple police. L’unique juge qui compose ce tribunal délibère sur la sentence qu’il
va rendre c'est-à-dire qu’il va réfléchir et essayer de s’éclairer sur les points qui lui paraissent
douteux. Le délibéré peut être très bref ; il en est ainsi dans les cas fréquent où la décision est
rendue sur le siège. Ainsi, le président du tribunal au terme des débats se tourne successivement
vers ses deux assesseurs avant de prononcer le jugement. Il prononce à cet égard la formule «
le tribunal après en avoir délibéré (…)».

Mais, pour les affaires délicates qui nécessitent des recherches, le tribunal se retire pour
délibérer en chambre du conseil ou annonce souvent qu’il « met l’affaire en délibéré » à une
date précisée. La délibération est marquée par deux principes majeurs : la majorité et le secret.
Le principe de la majorité signifie dans la pratique qu’au cours des délibérations le jugement
est pris à la majorité des magistrats composant la chambre. Ni le président de chambre, ni les
titulaires dans la chambre n’ont une voie prépondérante. C’est la loi de la majorité qui s’impose.
Il arrive souvent que les présidents de chambre soient minorisés au cours de délibération. Le
délibéré est en outre régi par le principe du secret. Les magistrats sont tenus de garder le secret
des délibérés, ils doivent se garder de révéler à des tiers les positions prises par les membres de
la chambre au cours des délibérations. D’ailleurs, l’obligation de garder le secret des délibérés
est inscrite dans la formule du serment prêté par les magistrats avant leur entrée en fonction.

Section II : La classification des jugements

Les juridictions de jugement peuvent rendre une variété de jugements dont les effets sont
différents. Il convient de distinguer les décisions avant-dire droit (A), les décisions
d’incompétence (B), les décisions sur le fond (C) et les décisions d’irrecevabilité (D).

A. Les décisions avant dire droit

Les décisions avant dire droit ne statuent pas sur le fond même du procès pénal ; elles ne
tranchent pas le fond mais préparent simplement la solution du procès, en ordonnant des
mesures qui permettent d’éclairer la juridiction. Parmi ces décisions on peut mentionner celles
qui règlent un incident ou rejettent une exception (exception de prescription, exception de
nullité de la citation). On peut citer également les décisions qui ordonnent une mesure
d’instruction ou qui statuent sur une demande de mise en liberté provisoire. Ces décisions ont
la particularité de ne dessaisir la juridiction qui les a rendues.

B. Les décisions d’incompétence

Ces décisions sont celles qui se prononcent sur la compétence c'est-à-dire l’aptitude des
juridictions saisies à connaitre du procès. Cette compétence peut être matérielle, territoriale ou
personnelle. Toutes les juridictions de jugement sont effet tenues de vérifier leur compétence
avant de statuer. En effet, en matière pénale toutes les règles de compétence sont d’ordre public.
La décision d’incompétence dessaisit le tribunal qui l’a rendu. Si elle est infirmée par la cour
d’appel cette juridiction pourra évoquer l’affaire c'est-à-dire juger l’affaire au fond.

C. Les décisions sur le fond

Les décisions sur le fond sont des décisions qui se prononcent sur le fond de l’affaire. Il peut
s’agir d’un jugement de condamnation, d’un jugement de relaxe (devant le tribunal de simple
police et devant le tribunal correctionnel) ou d’acquittement ( devant la cour d’assise)

D. Les décisions d’irrecevabilité

Ce sont des décisions qui se prononcent en la forme pour déclarer l’action publique irrecevable.
Par exemple, le tribunal peut déclarer l’action publique irrecevable lorsque le parquet déclenche
l’action publique alors qu’il y a un obstacle aux poursuites. Il en est ainsi en cas d’immunité
familiale notamment en cas de vol commis par un fils au préjudice de son père en l’absence de
plainte préalable de la victime.

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
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INTRODUCTION

Le Droit considéré comme « l’ensemble des règles régissant les relations de personnes vivant
en société et sanctionnés par une contrainte émanant de l’autorité publique »1 serait sans
intérêt s’il n’était qu’un corps de règles théoriques sans aucune mise en œuvre pratique. La
science du droit est étudiée traditionnellement sous l’angle de sa théorie générale, à travers
l’étude des différentes disciplines juridiques et de leurs sources (lois, règlements, jurisprudence
doctrine coutume). Cependant, la réalisation effective des droits subjectifs suppose leur
application judiciaire. La pratique judiciaire revêt une importance certaine puisqu’elle permet
de confronter les solutions juridiques aux contraintes des réalités sociologiques.

Dans le discours juridique, l’expression « pratique du droit » revêt deux significations renvoyant
à autant d’aspects de l’activité des tribunaux. Dans l’ancienne terminologie du « Palais », la
pratique désignait l’art des formules, styles ou cautèles utilisés pour former les demandes et
instruire les procès et dont l’enseignement était assuré par les praticiens en dehors des écoles
de droit. Au sens moderne du terme, la pratique du droit ou encore la pratique judiciaire ne
désigne plus les actes des praticiens mais « la manière dont les juges statuent ». Ainsi entendu
la pratique du droit renvoie à « l’application du Droit par les tribunaux » à la « façon dont le
droit est appliqué par les juges et l’ensemble des services et auxiliaires de la justice ». Elle est
constituée des « usages du palais » c'est-à-dire de « ce qui se fait habituellement » dans les
juridictions, les cabinets des auxiliaires de justice (avocats, huissiers, notaires ect…) et les
greffes des tribunaux. Il s’agit d’usages répétés et souvent considérés comme obligatoires par
les praticiens du droit.

Parfois la pratique du droit est assimilée à la « jurisprudence des cours et tribunaux ». Mais,
cette confusion est malheureuse puisqu’elle réduit la jurisprudence à une somme de pratiques,
en passant sous silence sa fonction. En effet, la jurisprudence est constituée de l’ensemble des
décisions de justice rendues dans le même sens sur une même question de droit. On peut
distinguer, à l’image de la coutume, trois types d’usages et de pratiques judiciaires. La pratique
secundum legem, la pratique praeter legem et la pratique contra legem. D’abord, la loi procède
quelquefois par renvoi à l’usage judiciaire. Dans ce cas, par l’effet de ce renvoi, l’usage à la
même force que la loi. On peut citer la pratique des juges des référés consistant à se déclarer
compétents pour statuer sur une demande résiliation de bail commercial lorsqu’une clause
résolutoire de plein droit est insérée dans le contrat de bail.

Cette pratique a été accueillie récemment par l’article 133 de l’Acte uniforme relatif au droit
commercial général adopté le 15 février 2011. Il s’agit en réalité d’un usage qui a fini par
prendre les proportions d’une « jurisprudence ». Ensuite, la pratique peut compléter la loi ou
même combler les vides législatifs. On parle de pratique praeter legem. A titre d’exemple,
devant le silence de la loi, les juges correctionnels ont l’habitude de mettre à la charge de la
partie civile ayant initié une citation directe, l’obligation de consigner une somme d’argent.

Les magistrats renvoient à cet effet l’affaire à la première audience pour au paiement de la
consignation. Les praticiens se sont ainsi inspirés de l’exigence de consignation en matière
d’instruction préparatoire. Enfin, la pratique peut aller à l’encontre de la loi ; il s’agit de pratique
contra legem. Il est possible de tirer un exemple de la pratique du « retour de parquet », très
décriée par les organisations de Droits de l’Homme. Dans la cadre de la procédure de flagrant
délit, il arrive souvent que le procureur de la République, empêché, ordonne aux OPJ (officiers
de police judiciaire) de conduire à nouveau la personne déférée au Parquet dans les locaux de
la gendarmerie ou de la police pour y être détenu, en attendant son audition Cet usage des
parquets, rendu nécessaire par le volume du contentieux, est souvent contestée en raison de la
prolongation de la détention du mis en cause qu’elle implique. Le cours de « pratique du droit
» se fixera pour objectif de systématiser une « théorie de la pratique judiciaire ». Il s’agira
d’étudier dans les limites du droit privé, la façon dont les magistrats et auxiliaires du droit
appliquent les règles juridiques.

La pratique du droit fait aujourd’hui l’objet d’études dans le cadre de la sociologie juridique
qui a pour objet l’analyse empirique des phénomènes juridiques au-delà de leur cadre normatif.
A cet égard, l’étude des usages à l’honneur dans les juridictions civiles, commerciales et pénales
se fera, sous l’angle du droit judiciaire (droit processuel) et plus précisément à l’aune de
l’instance judiciaire. Le cours sera axé sur l’aspect dynamique du procès. Il s’agira au travers
des différentes étapes du procès civil et pénal d’identifier et d’étudier les différentes pratiques
qui rythment l’univers des cours et tribunaux. Ce cours articulé autour des professions et de
l’instance judiciaire, nous permettra d’étudier dans une première partie le statut des magistrats
et des auxilliaires de justice (Partie 1), la règlementation de la profession d’avocat (Partie 2)
ainsi que la pratique judiciaire devant les juridictions civiles et pénales (Partie 3) ;

Partie 1 : STATUT DES MAGISTRATS ET AUXILLIAIRES DE


JUSTICE
La justice en tant que service public destiné au citoyen d’un pays et notamment de la Côte
d’Ivoire est constituée de plusieurs professions qui assurent son fonctionnement quotidien.
Certaines de ces professions sont inhérentes au service public de la justice. Il s’agit de la
profession de magistrat, de celle de greffier, des personnels de l’administration pénitentiaire
(surveillants chef et régisseur de prison) et de l’éducation surveillé (maitre de l’éducation
surveillé). D’autres professions bien qu’exercés à l’extérieur du service public de la justice
ont un lien avec lui. Telles sont les professions d’avocats, de notaires, d’huissier de justice
et de commissaires priseurs. Les personnes qui exercent ces professions sont appelés
auxiliaires de justice. Qu’il s’agit de la profession des personnels judiciaire ou de celles des
auxiliaires de justice, chaque profession est organisé par la loi selon des règles propres. Ces
règles forment le statut de la profession. Ainsi en est-il du statut de la magistrature et des
statuts des auxiliaires de justice.

Notre enseignement portera d’abord sur le statut de la magistrature (Sous-Partie 1) puis


ensuite sur celle des statuts des différents auxiliaires de justice que compte l’organisation
judiciaire en Côte d’Ivoire (Sous-partie 2).

Sous-Partie 1 : LE STATUT DE LA MAGISTRATURE

La profession de magistrat est une profession fortement règlementée. En Côte d’Ivoire, elle
est régie par la loi N° 78/662 du 04 Août 1978 portant statut de la magistrature et son décret
d’application N° 697 du 27 Août 1978. Ce statut a connu plusieurs modifications législatives.
Toutefois, l’accès à la profession, ces conditions d’exercice ainsi que la carrière du magistrat
sont organisés pour l’essentiel par la loi de 1978.

Titre 1 : L’accès à la profession de magistrat

Un magistrat est au sens strict du terme une personne appartenant au corps judiciaire et ayant
pour profession de rendre la justice ou de requérir l’application de la loi au nom de l’Etat. La
profession de magistrat est une profession aussi vieille que le monde car où ont existés les
hommes, il y a toujours eu un besoin de justice. Les personnes chargées de rendre la justice
autrefois n’avaient pas besoin d’une formation particulière pour le faire. Leur qualité de sage
ou d’érudit suffisait à l’exercice de la profession car la justice était très souvent rendue en
équité. La profession ayant évolué avec la société et les systèmes politiques, il s’est agit
désormais de rendre la justice non plus en équité mais en appliquant la loi et en disant le
droit. Par ailleurs elle ne sera plus ouverte à toute personne, elle sera désormais réservée aux
juristes et son exercice soumit à un recrutement et une formation préalable

Chapitre 1 : le recrutement des magistrats

L’accès a la profession de magistrat en Côte d’Ivoire par voie de recrutement. La loi de 1978
portant statut de la magistrature indique les différents modes de recrutement et les conditions
à remplir.

Section 1 : Les différents modes de recrutement

Le statut prévoit deux modes de recrutement. Le recrutement par voie de concours et


l’admission sur titre.
Paragraphe 1 : le recrutement par voie de concours

L’article 20 du statut déclare que nul ne peut être nommé magistrat s’il n’a accomplit
préalablement un stage de formation professionnel et satisfait aux examens de fin stage.
L’admission au stage a lieu par voie de concours.

C- L’organisation du concours d’accès à la profession de magistrat

Un concours est une compétition organisée en vue de procéder à une sélection. Le concours
d’accès à la profession de magistrat est donc une compétition organisé par l’Etat de Côte
d’Ivoire à travers ses institutions pour procéder au recrutement des magistrats. Mais qui
organise ce concours et comment se déroule t-il ?

1- Qui organise le concours


Jusqu’à un passé récent, le recrutement et la formation des magistrats étaient confiées au
ministère de la fonction publique à travers Ecole National d’Administration dite E.N.A mais en
2005, l’organisation du concours a été attribué au ministère de la justice avec la création de
l’école de la magistrature et des professions judiciaires (E.M.P.J) puis celle par la suite en 2008
de l’Institut National de la Formation Judiciaire (I.N.F.J.) qui a accueilli sa première promotion
en 2008-2009. La présence de l’Etat dans l’organisation de ce concours s’explique par le fait
que la profession de magistrat n’est pas une profession libérale ou privée. C’est une profession
publique et le magistrat est un fonctionnaire de l’Etat particulièrement du ministère de la justice.
2- Les modalités d’organisation
Le concours de la magistrature est constitué de deux séries d’épreuves. Une première série
consacrée à l’admissibilité et une seconde relative à l’admission définitive.

a- Les épreuves d’admissibilité


Elles sont essentiellement écrites et consiste à traiter des sujets soumis à l’appréciation du
candidat. Les épreuves sont des épreuves de droit, droit civil, droit commercial, droit pénal et
droit administratif. Néanmoins une épreuve d’ordre générale est également soumise au
candidat sous forme de dissertation littéraire pour apprécier leur niveau de connaissance
générale.

b- L’admission définitive
Elle est organisée sur la base d’épreuves orales. Ces épreuves portent sur des sujets de culture
générale, de procédure civile et de procédure pénale. Elle se déroule devant un jury composé
essentiellement de magistrat en fonction et de professeurs d’universités. Chaque candidat
admissible se présente devant le jury pour exposer sur un sujet qu’il aura préalablement tiré
au sort et préparé.

D- Les résultats du concours


Ils font l’objet d’une délibération et d’une proclamation.

3- Les délibérations du jury


L’admissibilité tout comme l’admission définitive font l’objet d’une délibération du jury. En
effet, à la suite de la correction des épreuves écrites, le jury se réunit pour délibérer sur la liste
des candidats qui seront déclarés admissibles. Il convient de préciser que ces derniers sont
retenus en fonction de leur moyenne et des places disponibles au concours. Celles-ci
n’excèdent pas en général le nombre de 15. Ces personnes près leur comparution devant le
jury pour les épreuves orales vont être encore appréciés et déclarées définitivement admises
au regard de leur moyenne. La moyenne d’admission définitive est au minimum 12/20. Si le
nombre de candidat ayant obtenu cette moyenne n’atteint pas le nombre des places
disponibles, celle-ci restent vacante.
4- La proclamation des résultats
Elle a lieu après les épreuves d’admission définitives et le jour même où celles-ci ont été
passées. La proclamation se fait par affichage dans les locaux de l’institut de formation et tout
le monde peut avoir accès à ces résultats.

Paragraphe 2 : L’admission sur titre

On parle d’admission sur titre lorsqu’une est autorisée à suivre directement le stage
professionnel ou est nommé directement magistrat sans avoir satisfait aux épreuves du
concours. La loi de 1978 portant statut de la magistrature prévoit deux hypothèses d’admission
sur titre. Premièrement la nomination en qualité d’auditeur de justice et deuxièmement celle
en qualité de magistrat.

A- La nomination en qualité d’auditeur de justice

Aux termes de l’article 24 de la loi de 78, peuvent être nommés directement auditeur de justice
c'est-à-dire magistrat stagiaire sans avoir satisfait aux épreuves du concours :

- Les avocats stagiaires qui justifient de deux années de stage


- Les fonctionnaires et agents publics titulaire de leur compétence et leur activité dans
le domaine juridique, économique et social qualifie de l’exercice des fonctions
judiciaires
- Les docteurs en droit
- Les assistants des facultés de droit ayant exercés cette fonction pendant trois années
au moins et possédant un diplôme d’étude supérieur dans une discipline juridique.

L’article 24 précise que le nombre de personnes nommés dans ces conditions ne peuvent
excéder le 1/10ème du nombre des auditeurs juridique issus du concours.

B- La nomination en qualité de magistrat

L’article 25 du statut dispose que peuvent être nommés directement dans les fonctions de
magistrat sans avoir satisfait aux épreuves du concours ni au stage de formation :
- Les fonctionnaires et officiers ministériels que leur compétence et leur activité dans
le domaine juridique, économique et social qualifie pour l’exercice des fonctions
judiciaires et qui exerce leurs fonctions précédentes depuis plus de 10 ans
- Les avocats, les greffiers en chef et les secrétaires de chambre de la cour suprême
ayant au moins 10 années de service.
- Les agrégés des facultés de droit et les chargés de cours ayant enseigné pendant 2 ans
au moins dans une faculté de droit.

Ici également le nombre de personne nommées ne doit pas excéder le 1/10ème de postes
disponibles.

Section 2 : Les conditions du recrutement

Les candidats qu’ils soient retenus par voie de concours où admis sur titre à la profession
doivent réunir un certain nombre de conditions. Les unes sont communes à tous les candidats,
les autres concernent les candidats admis sur titre uniquement.

Paragraphe 1 : les conditions de recrutement communes à tous les candidats

Ces conditions sont relatives pour certaines à la personne même du candidat et pour d’autres
à son niveau d’étude.

C- Les conditions relatives à la personne du candidat

Aux termes de l’article 21 du statut, tout candidat à la profession de magistrat doit réunir les
conditions suivantes :

- Etre de nationalité ivoirienne


- Etre âgé de 21 ans au moins et de 40 ans au plus au 1er janvier de l’année en cours
- Jouir de ses droits civiques et être de bonnes moralités
- Remplir les conditions d’aptitudes physique nécessaire à l’exercice de la profession
et être reconnu indemne ou définitivement guéri de toute affection donnant droit à un
congé de longue durée
- Etre en position régulière au regard des lois sur le recrutement dans l’armée.
D- Les conditions relatives au niveau d’étude

L’article 21 du statut exige du candidat d’être titulaire de la licence en droit délivrée sous le
régime fixé par décret N° 54/343 du 27 mars 1954 ou de la maitrise en droit.
Il convient de faire deux remarques à ce niveau. Tout d’abord la licence prévue par le décret
de 1954 appelée licence ancienne formule et qui s’obtenait après quatre années a été
définitivement supprimé de l’enseignement supérieur. Depuis lors, une distinction a été faite
entre une licence en droit obtenue après trois années d’étude juridique et la maitrise en droit
obtenue une année plus tard. Une nouvelle modification est intervenue avec le système LMD.
La deuxième remarque est relative au fait que l’article 21 de distingue pas entre les différentes
filières conduisant à la maitrise. Peu importe donc que le candidat soit titulaire d’une maitrise
en droit judiciaire, publique, des affaires etc.
Paragraphe 2 : Les conditions propres aux candidats admis sur titre

On peut observer à travers les articles 24 et 25 du statut que l’une des conditions de l’admission
sur titre est d’avoir déjà une certaine expérience professionnelle. Elle est également d’a voir
des compétences en matière juridique, économique ou sociale enfin d’avoir des diplômes de
l’enseignement supérieur.

Chapitre 2 : La formation à la profession de magistrat

Elle vise à appendre au candidat les rudiments de la profession. La formation se déroule sur
deux années et comprend une formation initiale et un stage pratique.

Section 1 : La formation initiale

Elle débute dès l’entrée à l’institue de formation. Elle vise à inculquer une formation de base à
travers divers enseignements consacrés à la connaissance de toutes les fonctions judiciaires.

Paragraphe 1 : Les matières enseignées

Visant tout d’abord la connaissance théorique des fonctions judiciaires, la formation initiale
est basée essentiellement sur les matières spécifiques telles que : la fonction du parquet,
l’instruction, le siège civil et le siège pénale. Toutefois sont également enseignées les matières
qui ne sont pas liées directement à la profession mais concours à un meilleur exercice de celle-
ci. Il s’agit de la comptabilité privé, du management des organisations, de la psychologie
judiciaire et du droit administratif.

Paragraphe 2 : Le déroulement de la formation

La formation initiale qui dure une année se déroule exclusivement au sein de l’Institut National
de Formation Judiciaire (I.N.F.J). Elle est assurée par des magistrats et des non magistrats. Les
enseignements sont dispensés sous forme de cours académiques. Les cours sont animées sur
la base de méthodes pédagogiques dites actives qui implique la participation effective des
étudiants et l’utilisation des moyens et des supports pédagogiques appropriés. Chaque
enseignement donne lieu à deux évaluations écrites ainsi qu’à une note de participation. A
l’issu de cette formation initiale, les étudiants admis au stage pratique sont envoyés dans les
différentes juridictions.

Section 2 : La formation pratique

Il s’agit du stage professionnel portant sur toutes les fonctions judiciaires susceptibles d’être
exercées par l’étudiant à la sortie des instituts et des stages dans des services extérieurs à la
justice mais qui en raison de leur activité collabore avec elle.

Paragraphe 1 : Le stage en juridiction


Le stage en juridiction se déroule dans les tribunaux de première instance et leurs sections
détachées et est obligatoirement précédé de la prestation de serment d’auditeur de justice.

C- La prestation préalable du serment d’auditeur de justice

L’article 20 du statut déclare que les candidats admis au stage sont nommés auditeur de
justice et peuvent en cette qualité être affectés dans les juridictions pour y effectuer des stages
pratiques. Cependant préalablement à toute activité il prête servent devant la cour d’appel.
Le contenu du serment est le suivant : « je jure de garder religieusement le secret
professionnel et de me conduire en tout, comme un digne et loyal auditeur de justice. ».

La nécessité de serment s’explique par le fait que durant le stage, les auditeurs de justice
participent sous la responsabilité des magistrats à l’activité juridictionnel. Ils peuvent
notamment assister le juge d’instruction dans ses actes, le procureur de la république dans
l’exercice des poursuites et siéger en surnombre avec voix consultative aux délibérations des
tribunaux. Aussi est-il est nécessaire qu’il garde le secret de tous les dossiers auxquels ils
auront eu accès à l’occasion du stage.

D- Le stage proprement dit

Les auditeurs de justice sont repartis pour leur stage sur l’ensemble des tribunaux de
premières instances et sections détachées du territoire national. La répartition est faite par
ordre de mérite sur la base du classement de la première année et selon les nécessités du
stage. Le stage se déroule dans les différents secteurs du tribunal à savoir au service du
procureur de la république ou parquet, celui du président du tribunal que l’on appelle le siège
et au greffe de la juridiction. Le stage se déroule dans ces différents services suivant un
calendrier préalablement établi par l’institut. La durée minimum de temps est de trois mois
par service. Les auditeurs de justice participent également aux audiences publiques. A la fin
de stage, une note leur est attribuée.

Paragraphe 2 : Les stages extérieurs

Certains services extérieurs à la justice reçoivent également les auditeurs de justice pour leur
formation pratique. Ces services ont la caractéristique de travailler en collaboration avec la
justice. Il s’agit des services de police, de gendarmerie, des compagnies d’assurance, cabinet
de notaire, d’avocat et étude d’huissier de justice. Ces services et leurs animateurs apportent
ainsi aux auditeurs de justice d’autres connaissances de la vie professionnelle. Il convient de
préciser que les stages extérieurs ne font pas l’objet d’évaluation. La fin de la formation est
sanctionnée par la moyenne des notes obtenues au cours de la formation initiale et au cours
du stage pratique. Tout auditeur de justice qui aura obtenu une moyenne de 12/20 est donc
accessible à l’exercice de la profession de magistrat.

Titre II : L’exercice de la profession de magistrat


La fin de la formation fut-elle réalisée avec succès, ne donne pas directement lieu à l’exercice
de la profession. Il faut l’accomplissement de certaines formalités administratives.

Chpitre 1 : Les formalités administratives nécessaires à l’exercice de la profession

Il y a deux séries de formalités: la nomination et l’affectation à un poste d’une part, la


prestation de serment et l’installation dans les nouvelles fonctions d’autre part.

Section 1 : La nomination et l’affectation

Paragraphe 1 : La nomination dans une fonction de la magistrature


Il existe deux grandes fonctions dans la magistrature : la fonction de siège et la fonction de
parquet.

C- La fonction de siège
C’est la magistrature assise. Elle se subdivise en deux fonctions : la fonction de siège pur et
la fonction d’instruction.

1- La fonction de siège pur

Elle est celle des magistrats qui reste assis sur leurs sièges durant une audience et qui dirigent
les débats entre les parties. Elle consiste à juger une affaire à partir des preuves recueillies
et des arguments développés par chacune des parties. L’auditeur de justice qui a satisfait aux
épreuves de la formation peut donc être nommé dans cette fonction en qualité de juge du
tribunal de première instance ou de juge de section adjoints dans une section de tribunal.
Suivant la nature des affaires dont il aura à connaitre, il pourra exercer les fonctions de juge
des affaires matrimoniales, juge des tutelles, juge pénal ou encore juge civil.

2- La fonction d’instruction

Elle consiste à faire des enquêtes relativement à des affaires pénales dont le tribunal est saisi.
Cette fonction est celle du juge d’instruction. L’auditeur de justice peut être nommé juge
d’instruction de deuxième classe dans un tribunal de première instance.

Ce qui caractérise les magistrats qui exercent la fonction de siège c’est qu’ils sont
indépendants et inamovibles. En effet ils exercent leurs fonctions en toute liberté vis-à-vis du
pouvoir politique et ne peuvent être affectés à d’autres postes contre leur gré même s’il s’agit
d’une promotion.
D- La fonction de parquet

C’est la magistrature debout. Ceux qui exercent cette fonction se tiennent toujours debout
lorsqu’ils prennent la parole à l’audience. Elle consiste à engager des poursuites pénales
contre tous ceux qui commettent des infractions et à les conduire devant la justice. Pour ce
faire, les magistrats du parquet reçoivent les plaintes et les dénonciations et travaille en
collaboration avec les services de police et de gendarmerie auxquels il donne des instructions.
Au cours d’un procès c’est eux qui soutiennent l’accusation et demande l’application de la
peine. Les postes dans les fonctions du parquet sont ceux de substitut du procureur de la
république de deuxième classe, substitut du procureur de la république de première classe,
procureur de la république adjoint et procureur de la république. L’auditeur de justice qui
commence sa carrière en cette fonction est nommé substitut du procureur de deuxième classe.
Les autres postes ne lui seront accessibles qu’après un certain nombre d’année de carrière.
Les magistrats du parquet ne sont pas indépendants. Ils obéissent à leurs supérieurs
hiérarchiques dont ils doivent appliquer les instructions. Ils sont placés sous l’autorité directe
du garde des sceaux ministre de la justice.

Enfin la nomination dans les fonctions de siège ou de parquet se fait par décret du président
de la république.

Paragraphe 2 : L’affectation dans une juridiction

Les différentes fonctions et les postes ci-dessus décrits s’exercent dans les juridictions de
l’ordre judiciaire repartis sur l’ensemble du territoire national. Les affectations dans ces
juridictions se font suivant certains critères.

C- Les juridictions d’affectation

La justice en Côte d’Ivoire est organisée selon le système du double degré de juridiction. On
distingue ainsi les juridictions du premier degré qui sont les juridictions inférieures dans
l’organisation judiciaires. Il s’agit des tribunaux de première instance installés dans les
grands départements et des sections détachées institués dans les départements de moyennes
dimensions. Les juridictions de second degré qui sont les juridictions supérieures c'est-à-dire
les cours d’appel. Le système judiciaire de la Côte d’Ivoire comprend trois cours d’appel :
la cour d’appel d’Abidjan, la cour d’appel de Bouaké et la cour d’appel de Daloa. Il existe
huit (8) tribunaux de première instance et plusieurs sections de tribunaux.

- Le tribunal de première instance d’Abidjan Plateau auxquels sont rattachées les


sections de tribunal de Bassam, Aboisso, Agboville et Adzopé
- Le tribunal de première instance d’Abidjan Yopougon dont les sections détachées
sont Dabou et Tiassalé.
- Tribunal de première d’instance ‘Abengourou avec comme sections détachées
Bondoukou et Bouna
- Le tribunal de première instance de Bouaké avec pour section détaché Toumodi,
Dimbokro et M’Bahiakro
- Le tribunal de première instance de Korhogo avec les sections détachées d’Odiéné et
de Boundiali
- Le tribunal de première instance de Bouaflé avec comme section détachées Sinfra et
Oumé.
- Le tribunal de première instance de Gagnoa dont les sections détachées sont Lakota
et Divo
- Le tribunal de première instance de Daloa auxquelles sont rattachées les sections de
Soubré et Séguéla
- Le tribunal de première instance de Man avec deux sections détachées : Danané et
Touba.

D- Les critères d’affectation

L’affectation tient compte de trois critères. Le premier est que l’auditeur de justice
fraichement sorti de la formation ne peut être affecté dans une juridiction de second degré.
Le deuxième critère est que l’affectation dans les juridictions de premier degré se fait au
mérite notamment en fonction de la place occupée dans le classement de sortie. Enfin pour
des raison de nécessité de service, les affectations peuvent ne pas obéir aux critères précités.

Section 2 : La prestation de serment de magistrat

Il convient de distinguer la prestation de serment du magistrat de son installation dans les


fonctions auxquelles il est nommé.

Paragraphe 1 : L’obligation au serment

Le magistrat prête serment deux fois tout au long de sa carrière. Une première fois en tant
qu’auditeur de justice et une deuxième fois en tant que magistrat. En effet l’article 8 alinéa
1er du statut dispose que « tout magistrat lors de sa nomination à son premier poste et avant
l’entrée en fonction prête serment. »

La formule de serment de magistrat est quelque peu différente de celle de l’auditeur de


justice. Elle s’exprime en ces termes : « je jure de bien et fidèlement remplir mes fonctions
et de me conduire en tout, comme un digne et loyal magistrat. ».

Le serment de magistrat est en principe prêté solennellement devant la cour d’appel au cours
d’une audience spéciale. Mais en cas de nécessité, le magistrat peut prêter serment par écrit
sous réserve de le renouveler plus tard au cours d’une audience solennel (article 9 alinéa 2 du
statut). Le magistrat ne peut jamais être relevé de son serment aussi longtemps qu’il demeure
dans cette profession et le serment de magistrat se prête une seule fois quelques soit les
différentes fonctions qu’on occupera au cours de sa carrière. Cependant il peut y avoir
plusieurs cérémonies d’installation dans les fonctions occupées au cours de la carrière.
Paragraphe 2 : L’installation dans les fonctions de magistrat

L’installation apparait comme une sorte d’investiture du magistrat dans ses nouvelles
fonctions. Elle a lieu dans la juridiction où il est nommé et se fait au cours d’une audience
solennelle. L’installation dans les fonctions intervient aussi bien pour les nouveaux que pour
les anciens magistrats.

A titre d’exemple, un auditeur de justice est nommé juge d’instruction au tribunal de première
instance de Yopougon. Avant d’entrer en fonction, il va prêter serment devant la cour d’appel
d’Abidjan. Puis il sera installé dans ses fonctions de juge d’instruction à un autre moment au
cours d’une cérémonie d’installation qui aura lieu au tribunal de Yopougon. Le deuxième
exemple concerne un magistrat déjà en fonction au tribunal de Yopougon en qualité de
substitut du procureur et qui est muté au tribunal de première instance de Bouaké. Avant de
prendre fonction dans cette juridiction, il ne prêtera pas serment devant la cour d’appel de
Bouaké puisqu’il l’a déjà fait à Abidjan. Mais il fera l’objet d’une cérémonie d’installation
dans ses fonctions au tribunal de Bouaké.

Chapitre II : L’exercice proprement dite de la profession de Magistrat

La profession de magistrat est une profession particulièrement contraingnante; car elle


comporte beaucoup d’interdictions, d’incompatibilité et d’obligations. Mais le magistrate a
aussi des avantages et des droits lies à sa profession.

Section 1 : Les contraintes de la profession

Il s’agit des interdictions, incompatibilités et obligations auxquelles est soumis le magistrat


dans l’exercice de ses fonctions.

Paragraphe 1 : Les interdictions

Elles sont énumérées aux articles 13 à 16 du statut et concerne le traitement d’une affaire
concernant un proche, l’acquisition ou la cession de biens faisant l’objet d’une procédure
judiciaire, le règlement des intérêts personnels par un acte de sa fonction et la cessation de
travail.

E- L’interdiction de traiter une affaire concernant un proche

L’article 13 du statut interdit aux magistrat de connaitre d’une affaire dans laquelle l’une des
parties est représentée par un avocat ou un mandataire qui est sont parent ou son allié
jusqu’au quatrième degré.

Par exemple si l’épouse d’un magistrat est avocate, ce magistrat ne doit pas traiter les affaires
dans lesquelles sa conjointe représente l’une des parties au procès. Ceci pour éviter un
éventuel parti-pris et éviter au juge son impartialité. En cas de violation de cette interdiction,
la procédure peut être frappée de nullité.

F- L’interdiction des transactions sur les droits litigieux

Le magistrat ne doit pas se rendre acquéreur ou cessionnaire par lui-même ou par personne
interposée des droits litigieux qui sont de la compétence des juridictions dans le ressort
desquelles il exerce ses fonctions. Il ne doit pas acquérir des biens, droits et créances dont il
doit poursuivre ou autoriser la vente. Il ne doit pas les prendre en louage ni les recevoir en
nantissement. De telles transactions de sa part seraient frappées de nullité (article 14 du
statut).
G- L’interdiction du règlement des intérêts personnels par un acte de sa fonction

L’article 15 du statut interdit au magistrat d’accomplir un acte de sa fonction lorsqu’il s’agit


de ses propres intérêts, de ceux de sa femme, de ses enfants ou alliés en ligne directe ou en
ligne collatérale jusqu’au quatrième degré ou encore lorsqu’il s’agit des intérêts d’une
personne dont il est le représentant légal ou le mandataire. Un tel acte sera frappé de nullité.

H- La cessation du travail

Aux termes de l’article 16 alinéa 3 du statut : « est également interdit au magistrat toute
action concerté de nature à arrêter ou entraver le fonctionnement des juridictions. »

Il résulte de cet article que les magistrats n’ont pas le droit de grève. Ils ne peuvent par une
action concertée décider d’arrêter le travail. Cette interdiction du droit de grève contient
implicitement celle de constituer en syndicat puisque le droit de grève est l’un des moyens
d’action de revendication des syndicats. Cependant, avec l’avènement de la nouvelle
constitution ivoirienne du 01 Août 2000 qui reconnait ce droit à tout travailleur, les magistrats
peuvent également pour des revendications professionnelles arrêter le travail tout en
conservant un service minimum.

Paragraphe 2 : les incompatibilités

Il s’agit de certaines activités qui ne peuvent s’exercer concomitamment avec la profession


de magistrat. Toutefois en la matière il y a un principe et une exception.

A- Le principe de l’incompatibilité de la fonction de magistrat


avec d’autres activités

Au terme de l’article 10 alinéa 1 du statut « l’exercice des fonctions de magistrat est


incompatible avec l’exercice de toutes fonctions publiques et de tout autres fonction
rémunérées ».

Cela signifie que l’on ne peut magistrat en fonction dans une juridiction (juge d’instruction,
substitut du procureur) et exercé une autre fonction publique (directeur, sous-directeur
d’administration) ou tout autre activité rémunérée (activité commerciale, associé ou
consultant dans une entreprise privée, etc.).

L’article 11 du même statut précise encore que l’exercice des fonctions de magistrat est
incompatible avec l’exercice de toute fonction élective ce qui veut dire qu’on ne peut être
juge et député ou juge et maire de commune. Cependant ces incompatibilités connaissent
quelques exceptions.

B- Les exceptions au principe


Certaines activités peuvent être exercées en même temps que la profession de magistrat à
condition d’avoir des dérogations ou autorisations.

1- Les activités nécessitant des dérogations


L’alinéa 2 de l’article 10 du statut dispose que les dérogations individuelles peuvent être
accordées aux magistrats pour:

- Donner des enseignements ressortissants à leur compétence par exemple un magistrat


du ministère public peut être autorisé à donner des cours de droit pénal et de procédure
pénale ;
- Exercer des fonctions ou activités qui ne seraient pas de nature à porter atteinte à la
dignité du magistrat et à son indépendance (conseiller de ministre).
2- Les activités nécessitant une autorisation
Il s’agit d’activités qui ne sont pas vraiment incompatible avec la fonction de magistrat en ce
qu’elles ne portent pas atteinte à la dignité et à l’indépendance de ce dernier mais dont
l’exercice nécessite néanmoins une autorisation préalable de l’autorité hiérarchique. Tel est
le cas de la participation des magistrats aux travaux d’organismes ou de commissions
extrajudiciaires par exemple la participation à des commissions d’enquêtes, des commissions
des droits de l’Homme, des séminaires, colloques et autres tables rondes. Cette autorisation
est accordée par le garde des sceaux ministre de la justice.

3- Les activités ne nécessitant aucune autorisation


Il existe des activités pour lesquelles le magistrat n’a pas besoin d’autorisations. En
effet, l’article 10 alinéa 3 du statut déclare que « les magistrats peuvent, sans autorisation
préalable, se livrer à des travaux scientifiques, littéraires ou artistiques ».

Paragraphe 3 : Les obligations

Quatre principales obligations pèsent sur le magistrat dans l’exercice de ses fonctions :

- L’obligation au secret professionnel ;


- L’obligation de réserve ;
- L’obligation de résidence ;
- L’obligation de porter le costume d’audience.

E- L’obligation au secret professionnel


Cette obligation signifie que le magistrat ne doit pas divulguer les informations et
renseignements confidentiels auxquels il aurait eu accès dans l’exercice de ses fonctions. Il
en doit pas non plus diffuser avant qu’elle ne soit prononcée publiquement les décisions
prises au cours des délibérations auxquels il a participé. On dit qu’il doit garder le secret des
délibérations.

F- L’obligation de réserve
Le magistrat est tenu à une obligation de réserve. Cette obligation résulte en réalité des
interdictions qui lui sont faites par l’article 7 du statut en ces termes : « toutes délibérations
politiques est interdites au corps judiciaire. Toutes manifestations d’hostilités aux
principes et à la forme du gouvernement de la République est interdit aux magistrats de
même que toute démonstration de nature politique incompatible avec la réserve que leur
impose leur fonction».

Il résulte de ce qui précède que le magistrat ne doit pas faire de la politique. Il ne doit pas
manifester son opinion politique ni participer à des rencontres de même nature.

G- L’obligation de résidence
L’article 18 alinéa 1 dispose que « les magistrats sont astreint à résider au siège de la
juridiction à laquelle ils appartiennent. Ils ne peuvent s’absenter sans congé ou permission
si ce n’est pour cause de service ». L’obligation de résidence signifie que le magistrat doit
habiter dans le lieu de sa juridiction. Par exemple s’il est en fonction au TPI de Bouaké, il
doit résider la ville de Bouaké ; il ne peut résider ailleurs.

Cette obligation de résidence s’accompagne d’une autre obligation qui est l’obligation de
présence. En effet, le magistrat ne peut s’absenter de son poste de travail sans raison. S’il doit
s’absenter, cela ne peut se faire qu’avec une permission ou une décision de congés ou encore
pour des raisons de service.

H- L’obligation de porter le costume d’audience


Les magistrats sont également astreints à l’audience au port d’un costume c’est-à-dire une
tenue qu’ils arborent pour prendre part aux audiences des juridictions. On distingue à cet
effet deux types de costumes :

- Le costume des audiences ordinaires ;


- Le costume des audiences solennelles.
1- Le costume des audiences ordinaires
Les audiences ordinaires sont généralement celles au cours desquelles les affaires sont
jugées. Le costume de circonstance dans ce cas est la toge noire à grande manche avec
simarre noire et ceinture noire, toque noire bordée de velours noir ornée d’un galon d’argent,
cravate tombante de baptiste blanche plissée et une épitoge de fourrure blanche (article 18
alinéa 1 du décret de 1998).

2- Le costume des audiences solennelles


Il s’agit des audiences de cérémonie par exemple les audiences de prestation de serment,
d’installation de magistrat, et audiences de rentrée judiciaire. Le costume porté dans ces
occasions est la toge de couleur rouge avec simarre de soie noire, ceinture de soie aux
couleurs ivoiriennes avec frange de soie et une toque de velours noire (article18 alinéa 2).

Section 2 : Les droits et avantages de la profession de magistrat


Paragraphe 1 : Les droits
Tout magistrat a droit à une rémunération et à une carte professionnelle.

C- Le droit à une rémunération


L’article 33 du statut de la magistrature indique que les magistrats perçoivent une
rémunération qui comprend le traitement soumis à retenue pour pension et des accessoires
de salaires tels que défini par le statut général de la fonction publique. Ce traitement est fixé
par décret.

D- Le droit à une carte professionnelle


L’article 19 du décret d’application de la loi portant statut de la magistrature déclare que les
magistrats en fonction dans les emplois judicaires sont munis d’une carte professionnelle dont
le modèle et les conditions de délivrance, d’usage et de retrait sont définis par arrêté du garde
des sceaux, ministre de la justice.

Cette carte comporte entre autre indications la mention suivante : « le garde des sceaux,
ministre de la justice prescrit aux agents de l’autorité d’assurer la libre circulation de M
ou Mme …… pour les besoins de service et dans l’exercice de ses fonctions »

Lorsque le magistrat cesse d’assurer la fonction pour laquelle la carte lui a été délivrée, il doit
la restituer sans délai au ministère qui lui en délivrera une nouvelle s’il y a lieu.

Paragraphe 2 : Les avantages liés à la profession

Il s’agit des prérogatives accordées aux magistrats mais qui peuvent leur être retiré à tout
moment. On distingue les avantages pécuniaires, des avantages sociaux ainsi que des
avantages d’autres natures.

C- Les avantages pécuniaires


Les magistrats ont doit à deux sortes d’avantages pécuniaires :

- Les avantages consentis à tous les fonctionnaires ;


- Les avantages propres à la fonction de magistrat.
En effet l’article 34 du statut de la magistrature dispose que « les magistrats ont en outre
droits à tous les avantages consentis aux fonctionnaires régis par le statut général de la
fonction publique ». Il s’agit notamment de l’indemnité de transport et des allocations
familiales. Mais les magistrats disposent également d’avantages pécuniaires spécifiques à
savoir une indemnité de logement, une indemnité de judicature, une indemnité
d’investigation, une indemnité de représentation, et une indemnité de responsabilité.

D- Les avantages sociaux


L’article 58 du statut de la magistrature précise que « les dispositions du statut général de la
fonction publique relatives notamment aux diverses positions des fonctionnaires, aux
régimes des congés et des pensions s’appliquent aux magistrats dans la mesure où elles ne
sont pas contraires aux règles statutaires du code judiciaire ».
Ainsi les magistrats bénéficient aussi des prestations de la MUGEFCI et de la CGRAE. Les
magistrats bénéficient également d’une protection particulière. En effet indépendamment des
règles du code pénal qui punissent toutes infraction commises à l’égard de tout citoyen quel
qu’il soit, les magistrats sont protégés contre les menaces et attaques de quelque nature qu’elles
soient dont ils peuvent faire l’objet dans l’exercice de leur fonction. Ils sont également
protégés contre les poursuites judiciaires qui ne peuvent être engagées à leur endroit que
suivant une procédure particulière dites procédure de prise à partie (article 17 alinéa 2 du
statut).

Chapitre III : LA CARRIERE DE MAGISTRAT


Section 1 : Le déroulement de la carrière

Il ne suffit pas d’être nommé dans les fonctions de magistrat, encore faut-il y faire carrière.
Cela n’est possible qu’en application de certaines règles. Les règles déterminant les grades et
les emplois auxquels le magistrat peut accéder durant sa carrière d’une part, et les règles fixant
les conditions d’avancement dans la carrière d’autre part.

Paragraphe 1: Les grades et emplois de la profession de magistrat

La profession de magistrat est fortement hiérarchisée. Elle comprend différends grades et


emplois auxquels le magistrat peut accéder tout au long de sa carrière s’il donne satisfaction.

C- Les grades de la magistrature


Le corps de la magistrature est divisé en trois grades :

- Le grade de magistrat hors hiérarchie ;


- Le grade de magistrat du premier grade ;
- Le grade de magistrat du deuxième grade.

1- Le grade de magistrat hors hiérarchie


C’est le grade le plus élevé de la profession car il est le dernier auquel on accède avant la
retraite. Ce grade est subdivisé en deux groupes, le groupe A et le groupe B. Le magistrat
accède directement au groupe A après trois année passée dans le groupe B. Mais pour accéder
au grade de magistrat hors hiérarchie groupe B, il faut avoir au moins vingt ans de carrière.

2- Le magistrat du premier grade


Le premier grade de la magistrature qui vient immédiatement après celui de hors hiérarchie
comprend également deux groupes, le 1er groupe et le 2ème groupe. On distingue ainsi dans
ce grade les magistrats du 1er grade 1er groupe, qui est le plus élevé, et les magistrats du 1er
grade 2ème groupe.

3- Les magistrats du deuxième grade


La réparation se fait ici de la même manière que dans le premier grade. On distingue alors les
magistrats du 2ème grade 1er groupe suivis des magistrats du 2ème grade 2ème groupe.
Ferment la marche les auditeurs de justice qui forment le grade des auditeurs de justice.

D- Les emplois de la magistrature

Dans profession de magistrat, n’accède pas à un emploi qui veut. Il faut avoir le grade
correspondant à l’emploi car chaque emploi correspond en effet à un grade. Par exemple si
l’on est magistrat hors hiérarchie du groupe A, l’on peut être membre de la cour suprême. Si
l’on est magistrat hors hiérarchie du groupe B, l’on peut occuper les fonctions de premier
président de la cour d’appel ou de procureur général près de ladite cour. Le premier grade
premier groupe grade donne droit aux emplois ou aux fonctions d’avocat général et président
de chambre à la cour d’appel, de président du tribunal de première instance et de procureur de
la république près dudit tribunal. Le premier grade deuxième groupe ouvre aux emplois de
substitut général et de conseiller à la cour d’appel, de vice président du tribunal de première
instance, et de procureur de la république près du même adjoint tribunal. Les fonctions de
deuxième grade premier groupe sont celles de substitut du procureur de la république de
première classe, juge d’instruction de première classe et juge de section. Quant aux fonctions
de deuxième grade deuxième groupe, il s’agit de juge d’instruction de deuxième classe, juge
de section adjoint et de substitut du procureur de deuxième classe.

Paragraphe 2 : Les avancements

Les avancements sont les passages d’un grade à un autre. Ils obéissent à certaines règles
relative tant à la durée qu’au critère de choix.

C- La durée des avancements

Pour avancer d’un grade à un autre il faut avoir passé un certain nombre d’années dans le grade
initial. Ainsi par exemple, pour passer du grade de magistrat deuxième grade du deuxième
groupe à celui de magistrat du 2ème grade 1er groupe il faut au moins 8 ans en exercice de
service. Pour accéder au grade de magistrat premier grade deuxième groupe lorsque l’on quitte
legrade de magistrat du deuxième grade premier groupe il faut au moins 6 ans de service. Il
convient de préciser que pour accéder au grade de magistrat hors hiérarchie, il n’y a pas de
durée précise à observer dans le grade précédent c'est-à-dire du grade de magistrat premier
grade premier groupe car la nomination au grade de magistrat hors hiérarchie relève du
pouvoir discrétionnaire du président de la république.

D- Les critères d’avancement

L’avancement d’un grade à un autre n’est pas automatique. Il intervient sur la base de
notations. En effet, les magistrats sont notés par leurs chefs hiérarchiques dans l’exercice de
leur fonction. Ces notes portent sur plusieurs éléments d’appréciation qui sont : la tenue
vestimentaire et la présentation, le bon sens, le jugement, l’esprit de synthèse, la culture
générale, la curiosité intellectuelle, l’autorité, le sens des responsabilités, la force de
caractère, la pondération, le sens de la mesure, la puissance de travail, la méthode et le sens
de l’organisation, les connaissances juridiques et le sens de l’application du droit, la qualité
de rédaction, l’aptitude à la présidence des audiences, la qualités d’administrateur et enfin
l’aptitude à la parole.

Les degrés d’appréciation de ces différents critères vont de mauvais à exceptionnels en


passant par insuffisant, bon, très bon. Ils correspondent à une note sur 20. Chaque année
judiciaire, une liste d’aptitude et d’avancement des magistrats est dressée par la direction des
services judiciaires et des ressources humaines du ministère de la justice qui la transmet au
conseil supérieur de la magistrature. Cet organise délibère sur les avancements et proclame
ses résultats. Il convient toutefois de dire que l’avancement n’est pas seulement fondé sur les
notes. Le comportement et la discipline du corps sont également pris en compte.

Paragraphe 3 : La discipline des magistrats

Dans l’exercice de leurs fonctions les magistrats doivent faire preuve d’une certaine
discipline c'est-à-dire qu’ils doivent observer les règles déontologique que leur impose la
profession et ne jamais manquer à leurs obligations faute de quoi ils peuvent faire l’objet de
sanctions disciplinaires. Quels sont ces manquements et les sanctions qui y sont attachées.

C- Les fautes disciplinaires

L’article 35 alinéa 1er du statut de la magistrature définit la faute disciplinaire comme étant
« tout manquement par un magistrat aux convenance de son état à l’honneur, à la
délicatesse ou à la dignité ».

Par convenance il faut comprendre tout ce qui est approprié, tout ce qui est bienséant pour la
profession. Et par manquement aux convenances, tout ce qui peut nuire à l’image de la
profession. Par exemple, il est inconvenant qu’un magistrat soit en Etat d’ivresse dans
l’exercice de ses fonctions. Il est également inconvenant qu’un magistrat s’adonne à certaine
pratique telle que le racket, l’escroquerie, l’extorsion de fonds etc. enfin le magistrat en
exercice ne doit pas participer à des débats politiques ou prendre publiquement des positions
politiques.

La délicatesse est relative au tact et à la finesse auxquels le magistrat doit faire preuve. Il ne
doit pas dans l’exercice de ses fonctions tenir les discours ou des propos choquants,
belliqueux, discriminatoire ou racistes. Le magistrat doit toujours faire preuve de diplomatie.
Outre ces comportements, la faute disciplinaire consiste également dans la désobéissance à
son chef particulièrement pour les magistrats du ministère public. Cette désobéissance peut
consister dans le fait de ne pas exécuter les instructions du supérieur hiérarchique ou d’agir
contrairement à ses instructions (article 35 alinéa 2 du statut).

D- La procédure disciplinaire à l’égard des magistrats


Elle concerne la saisine des organes de discipline, la mise en œuvre de la procédure et les
sanctions.

1- La saisine des organes de discipline

Deux organes disciplinaires interviennent dans la sanction des fautes commises par les
magistrats dans l’exercice de leurs fonctions. Il s’agit des chefs de cours et du conseil
supérieur de la magistrature.

a- Les chefs de cours


L’article 36 du statut dispose que « en dehors de toute action disciplinaire, les procureurs
généraux et les premiers présidents des cours d’appel, ont le pouvoir de donner un
avertissement aux magistrat placés sous leur autorité. ».
L’avertissement infligés aux magistrats par les chefs de cours c'est-à-dire les premiers
présidents et les procureurs généraux n’est pas en soi une sanction disciplinaire. Il n’a aucun
effet sur sa carrière. Il reste néanmoins une mesure préventive qui sanctionne son
comportement.

b- Le conseil supérieur de la magistrature


C’est le véritable organe de discipline des magistrats. Il a été créé par la loi N° 61-202 du 02
juin 1961. Cette loi a connu plusieurs modifications relatives à la composition, la présidence
et le fonctionnement du conseil supérieur de la magistrature.
2- La mise en œuvre de la procédure disciplinaire

C’est le garde des sceaux, ministre de la justice qui dénonce au conseil supérieur de la
magistrature les plaintes ou les faits dont il a connaissance. Le président de la cour suprême
qui est le vice président du conseil supérieur de la magistrature fait alors ouvrir une enquête
disciplinaire. Un membre du conseil est désigné en qualité de rapporteur. C’est lui qui
procédera à l’audition du magistrat en cause ainsi qu’à celle du plaignant et éventuellement
des témoins. Après l’enquête le magistrat en cause est invité à compromettre en personne
devant le conseil. Il peu se faire assister d’un avocat au besoin se faire représenter par un
collègue en cas de maladie ou d’empêchement (article45, 46 du statut). Le magistrat traduit
devant le conseil ainsi que son avocat ont le droit de prendre connaissance du dossier avant
leur comparution (article 47). Au jour de l’audience, le magistrat rapporteur livre les résultats
de son enquête. Le mise en cause est invité à fournir des explications, puis le conseil met
l’affaire en délibérée pour décision être rendu à une date qu’il indiquera.

4- L e prononcé de la sanction disciplinaire

Le conseil de discipline statut à huit clos. Sa décision est notifiée au magistrat concerné dans
les formes administratives. Elle prend effet du jour de cette notification. En cas de faute
disciplinaire, le conseil supérieur de la magistrature peut prendre les sanctions suivantes :
- La réprimande avec inscription au dossier
- Le déplacement d’office
- La radiation du tableau d’avancement
- Le retrait de certaines fonctions
- L’abaissement d’échelons
- La rétrogradation
- La mise à la retraite d’office
- La révocation

La réprimande est un blâme c'est-à-dire une désapprobation du comportement du magistrat.


Cette désapprobation est inscrite dans son dossier personnel. Le déplacement d’office consiste
à affecter le magistrat fautif à un autre poste en cours d’année judiciaire sans qu’il ne l’ait
souhaité. La radiation du tableau d’avancement consiste à retirer le nom du magistrat en cause
de la liste des personnes proposées à l’avancement aux grades. Le retrait de certaines fonctions
conduit le magistrat sanctionné à se voire retirer les fonctions qu’ils exerçaient au moment des
faits. Par la rétrogradation, le magistrat est ramené à un grade inférieur à celui dont il est
titulaire. La mise à la retraite d’office entraine la cessation de toute fonction avant l’âge requis
pour la retraite.

Quant à la révocation, c’est une destitution des fonctions et de la profession. Celui qui est
frappé de cette sanction ne fait plus partir du corps des magistrats et ne peut en aucun cas
exercer la profession. Il convient de préciser que le conseil supérieur de la magistrature ne peut
prononcer une seule des sanctions énumérées même si le magistrat en cause a commis
plusieurs fautes. Par ailleurs sa décision n’est pas susceptible de recours.

Section 2 : la fin de la carrière du magistrat.


La carrière du magistrat prend fin à un moment donné de l’exercice de la profession. Cette fin
peut intervenir normalement ou de façon prématurée.

Paragraphe 1 : La fin normale de la carrière

La carrière de tout travailleur prend fin normalement à sa mise à la retraite après un certain
temps de travail. Pour ce qui est des magistrats, le temps du travail et notamment l’âge de la
retraite varie suivant le grade. Ainsi, pour les magistrats hors hiérarchie, l’âge de la retraite est
fixé à 65 ans. Pour tous les autres grades, il est de 60 ans. Pour revoir cette disposition, l’article
63 du statut qui prévoit cette disposition précise c’est sous réserve des prérogatives pouvant
résulter des textes applicables à l’ensemble des agents de l’Etat. La retraite donne droit à une
pension qui représente la somme des cotisations retraites payés durant l’activité.

Paragraphe 2 : La fin prématurée

La carrière du magistrat peut également prendre fin de manière prématurée c'est-à-dire à


long terme. Cela peut être de son fait ou indépendant de sa volonté. Elle est de son fait lorsque
le magistrat présente sa démission et que celle-ci est acceptée par son employeur. La
démission ne donne droit à aucune indemnité. La fin prématurée peut intervenir
indépendamment de sa volonté pour cause de décès et de révocation. La révocation qui est
une sanction disciplinaire consécutive à une faute du magistrat n’est pas en réalité
indépendante de sa volonté. Toutefois, elle met brutalement fin à sa carrière et de la plus
mauvaise manière.
Sous-Partie 2 : Les auxiliaires de justice
Un auxiliaire de justice est un homme de droit qui concourt à la bonne administration de la
justice. En côte d’ivoire on distingue plusieurs auxiliaires de justice que l’on peut regrouper
en deux grandes catégories. D’une part les auxiliaires de justice qui ont la qualité d’officiers
publics et ministériels et d’autre part les auxiliaires de justice qui n’ont pas cette qualité.

Titre I : les auxiliaires de justices ayant la qualité d’officiers publics et ministériels

Un officier public est une personne investit par l’autorité publique du pouvoir de dresser des
actes authentiques et obligatoires. Ainsi sont des officiers publics les officiers d’Etats civils
qui dressent les actes de naissance, des mariages et des décès, les greffiers des services
judiciaires qui délivrent des actes de justices, les conservateurs de la propriété foncière qui
délivrent des certificats de propriété foncière.

Quant à l’officier ministériel, c’est une personne qui détient une charge qui lui é été conféré
à vie par les pouvoirs publics et à laquelle ceux-ci reconnaissent l’attribution d’exercer une
activité qui normalement relève du service public. Font partir de cette catégorie les notaires,
les huissiers de justice et les commissaires priseurs. Cependant certains auxiliaires de justice
réunissent ces deux qualités c'est-à-dire qu’ils sont à la fois officiers publics et officiers
ministériels. Il s’agit des notaires et des huissiers de justices. D’autres sont uniquement
officiers publics. Il s’agit des greffiers. D’autres encore ne disposent d’aucune de ces qualités.
Tel est le cas des avocats.

Chapitre 1: LES GREFFIERS DES SERVICES JUDICIAIRES

Les greffiers des services judiciaires ont un statut hybride. Ils sont à la fois officiers publics
et fonctionnaire du ministère de la justice. Ils sont régit par le décret N° 78-769 de la loi du
23 septembre 1978 portant statut particuliers des personnels des services judiciaires. Une
ordonnance présidentielle intervenue en 2002 semble avoir modifié ce statut quant au
recrutement, à la formation et à l’exercice de la profession de greffier.

Section 1 : Le recrutement

Il se fait en fonction des différents corps de la profession.

Paragraphe 1 : le recrutement dans les différents corps de la profession de greffier.

La profession de greffier comprend quatre corps qui correspondent à quatre niveaux


d’emplois. Il s’agit dans l’ordre hiérarchique:

- Du corps des administrateurs des services judiciaires


- Du corps des attachés des services judiciaires
- Du corps des secrétaires des services judiciaires
- Du corps des assistants des services judiciaires
Paragraphe 2 : Les conditions du recrutement

Le recrutement dans l’un ou l’autre de ces corps intervient essentiellement par voie de
concours. Cependant on distingue un concours dirent et un concours professionnel.

A- Le concours d’accès direct aux différents corps de la profession de greffier


Le concours direct est ouvert au trois corps de la profession : le corps des attachés des services
judiciaires, celui des secrétaires des services judiciaires et enfin le corps des assistants des
services judiciaires. Les conditions de recrutement pour chacun de ces corps sont différentes
sur certains points et communes sur d’autres.

S’agissant des conditions communes au recrutement dans tous ces corps, le statut exige que le
candidat soit de nationalité ivoirienne, qu’il jouisse de ses droits civiques et civils, qu’il soit
en position régulière vis-à-vis des lois sur le recrutement militaire. Qu’il soit en bonne santé
physique et exempt de toute maladie contagieuse. Quant aux conditions d’âge et de niveaux
d’étude, elles sont différentes. Ainsi le candidat au concours direct d’’accès au corps des
attachés judiciaires doit être titulaire d’un Bac+2 c'est-à-dire d’un DEUG 2 ou d’un BTS et
être âgé de 18 ans au moins et de 40 au plus. Pour le concours des secrétaires de service
judiciaire seul le BAC est requis quelque soit la série. Les conditions d’âge étant les mêmes.

Quant aux corps des assistants des services judiciaire, le BEPC suffit.

B- Les concours professionnels

Le concours professionnel est ouvert uniquement à ceux qui exercent déjà la profession de
greffier et qui désire changer de corps. Il concerne donc le corps des secrétaires des services
judiciaires, celui des attachés des services judiciaires et le corps le plus élevé qui est celui des
administrateurs des services judiciaires. Ainsi pour l’assistant des services judiciaire qui désire
accéder au corps des secrétaires, il lui faut avoir au moins 3 années de service en tant que
titulaire dans le corps précédent et être âgé de 40 ans au plus. Les secrétaires des services
judiciaires qui veulent devenir des attachés sont soumises aux mêmes conditions. Quant aux
attachés qui veulent accéder au grade d’administrateur des services judiciaires, il doit avoir
effectué au moins trois de service dans le corps précédent et être âgé au maximum de 45 ans.

Section 2 : La formation

Elle a lieu à l’institut national de la formation judiciaire à l’instar de celle des magistrats. Elle
dure deux ans dont une année de formation initiale et une autre de stage pratique en juridiction.
A l’institut la formation des greffiers est subdivisée en trois cycles. D’une part le cycle
supérieur qui reçoit les administrateurs des services judiciaires, d’autre part le cycle moyen
supérieur pour les attachés des services judiciaires et enfin le cycle moyen pour les secrétaires
des services judiciaires. Il faut préciser que les assistants des services judiciaires ne sont ni
recrutés ni formés à l’institut. C’est le ministère de la fonction publique qui assure leur
recrutement et leur formation dans les antennes de la fonction publique.

Section 3 : L’exercice de la profession de greffier

Il s’agit ici de préciser les attributions du greffier dans le fonctionnement de l’appareil


judiciaire. Ainsi que d’indiquer les contrainte et les avantages liés à l’exercice de la profession.

Paragraphe 1 : Les attributions du greffier

Le greffier est avant tout un collaborateur du magistrat sous l’autorité duquel il exerce sa
fonction. Il dispose d’attributions juridictionnelles et administratives.

C- Les attributions juridictionnelles

Il s’agit des tâches qu’il accomplit dans le cadre des procédures judiciaires. A ce titre, le
greffier est chargé d’assister le juge dans l’exercice de ses fonctions et de dresser tout acte
constatant cet exercice. Ainsi le greffier rédige des procès verbaux, des convocations, des
notifications etc. il délivre en outre copie des décisions rendues par les juges. Enfin il participe
au procès au cours duquel il tient la plume. Selon le grade le greffier peut occuper dans
l’appareil judiciaire divers emplois. Ainsi un administrateur des services judiciaires peut être
nommé greffier en chef du tribunal de la cour d’appel. L’attaché des services judiciaires peut
être lui greffier en chef adjoint. Pour tous les autres et notamment pour les secrétaires c’est
l’emploi de greffier ordinaire.

D- Les attributions administratives

Les greffiers peuvent également exercer des tâches administratives. Ils peuvent par exemple
diriger les secrétariats des présidents des tribunaux de première instance et des procureurs de
la république. Cette fonction est dévolue à ceux qui ont le grade de secrétaire des services
judiciaires. Quant aux greffiers qui ont le grade d’attachés des services judiciaires, ils peuvent
diriger les secrétariats du premier président de la cour d’appel et du procureur général. Les
greffiers administrateurs eux assurent l’inspection des greffes.

Paragraphes 2 : Les contraintes liées à la profession

La profession de greffier est une profession de la justice. A ce titre elle est soumise à certaines
contraintes nécessaires au bon fonctionnement de la justice. Deux contraintes present
essentiellement sur les greffiers : l’obligation de prêter serment et les incompatibilités de la
profession.

C- L’obligation de prêter serment


Tout greffier avant d’entrer en fonction prête serment. Les secrétaires des services judiciaires,
les attachés ainsi que les assistants. Le serment est prêté une seule fois même si le greffier
change de corps. Il est prêté devant la juridiction où le greffier est affecté. La formule du
serment du greffier est la suivante : « je jure de bien et loyalement remplir mes fonctions et
d’observer en tout les devoirs qu’elle m’impose » 5Article 23 à 25 de la loi de 1978).

En plus de cette obligation les greffiers sont astreints au port de costume pendant l’audience.
Ce costume est constitué d’une toge noire sans épitoge et une toque noire sans galon.

D- Les incompatibilités

Plusieurs incompatibilités et interdictions concerne l’exercice de la profession du greffier. La


première est que le greffier ne peut participer aux travaux d’un organisme ou d’une
commission extra judiciaire sans une autorisation préalable du ministre de la justice. La
seconde contrainte vient de ce que le greffier ne peut siéger à la même audience qu’un
magistrat qui est son conjoint, un parent ou un allié en ligne directe ou en ligne collatérale
jusqu’au troisième degré. Il ne peut pas assister un magistrat dans l’accomplissement de
certains actes pour les mêmes raisons. La troisième contrainte est que le greffier ne peut pas
siéger à une audience ou assister le juge à une procédure concernant ses propres intérêts ou
ceux de son épouse, de ses parents ou de ses alliés en ligne directe ou en ligne collatérale
jusqu’au troisième degré. Il ne peut le faire également lorsqu’il s’agit des intérêts des
personnes dont il est le représentant légal ou le mandataire. Enfin, le greffier ne peuvent se
rendre acquéreur de droits litigieux qui font l’objet de procès devant la juridiction dans laquelle
il est affectée.

Paragraphe 3 : Les droits et avantages de la profession

Autrefois les greffiers étaient des officiers publics et ministériels exerçant une profession
libérale de sorte qu’ils percevaient des honoraires sur les actes qu’ils dressaient à l’instar
des notaires et des huissiers de justice. Tout en conservant cet avantage, les greffiers sont
devenus des agents de l’Etat avec un traitement salarial. Il en résulte que le greffier bénéficie
d’un salaire ainsi que de quelques droits sur les actes qu’il dresse. Par ailleurs étant des
fonctionnaires, ils bénéficient de tous les avantages résultant du statut général de la fonction
publique.

Chapitre II : LES NOTAIRES

La fonction notariale est régie en Côte d’Ivoire par divers textes. Il y a tout d’abord la loi N°
69/372 du 12 Août 1969 portant statut du notariat. Il y a ensuite la loi N° 97/ 513 du 04
septembre 1997 modifiant certaines dispositions de la loi de 1969. Le décret N° 2002 /356 du
23 juillet 2002 fixant les modalités d’application de la loi du 04 septembre 1997. Et enfin
l’arrêté N° 002 du 11 Janvier 2008 pris par le ministre de la justice et des droits de l’homme
et définissant les modalités et mécanisme de mise en œuvre des dispositions du décret de 2002.
Ces différents textes organisent l’accès et l’exercice de la profession.
Section 1 : L’accès à la profession de notaire

Il s’agit d’indiquer comment l’on devient notaire. L’accès à la profession de notaire se fait
après un recrutement et une formation professionnelle.

Sous-section 1 : Le recrutement

La loi du 04 septembre 1997 détermine les modes et les conditions du recrutement.

Paragraphe 1 : Les différents modes de recrutement de notaires

Les candidats à la profession de notaire sont recrutés selon deux modes. D’une part le mode
de l’examen professionnel et d’autre part le mode du recrutement sur titre. Un troisième mode
d’accès concerne celle des greffiers notaires.

D- Le recrutement par voie d’examen professionnelle

L’article 5 de la loi de 1997 précise que nul ne peut être nommé notaire s’il a subit avec succès
un examen professionnel à l’issu de son stage. Ainsi toute personne désirant exercer la
profession de notaire doit d’abord obtenir un stage dans une étude de notaire. Puis à l’issu
d’une période de deux ans, il doit se présenter à un examen professionnel de notaire. Toutefois,
les règles relatives à l’organisation de cet examen de même que celles concernant la délivrance
du diplôme d’aptitude à la profession de notaire ainsi que le programme des épreuves ne sont
pas encore définies. En tout état de cause celui qui aura satisfait à l’examen professionnel
de notaire aura droit à un diplôme d’aptitude à la profession notariale et du statut de notaire
stagiaire en attendant de se voire attribuer un office de notaire par le garde des sceaux ministre
de la justice. Ce qui lui confèrera le statut de notaire titulaire de charges.

E- Le recrutement sur titre

Certaines personnes peuvent être recrutées comme notaires sans avoir effectuées un stage ni
suivies un examen professionnel mais uniquement sur la base de leur titre. On peut les
regrouper en deux catégories. La première est relative aux personnes recrutées sur titre après
cinq années au moins de pratique de leur profession précédente et dispensées aussi bien du
stage que de l’examen professionnel. Il s’agit des magistrats, des avocats et des enseignants
docteurs en droit. La deuxième catégorie concernent ceux qui ont deux années de pratique au
moins de leur profession précédente. En font partie les greffiers en chef, certains
fonctionnaires de l’administration des concours et notamment ceux du service enregistrement.
Ces personnes sont dispensées de l’examen professionnel mais doivent effectuer le stage de
deux années dans une étude de notaire.

F- La nomination des greffiers notaires

Dans les localités où il n’existe pas de notaires, la loi de 1997 autorise que les fonctions de
notaires soient exercées par les greffiers en chef des juridictions se trouvant dans ces localités
(Article 2). Cependant ces fonctions prennent fin dès l’installation d’un notaire titulaire de
charge dans la localité.

Paragraphe 2 : Les conditions d’accès à la profession de notaire

Ces conditions sont relatives à la personne du candidat à la profession et au niveau d’étude de


celle-ci.

C- Les conditions relatives à la personne du candidat à la profession de notaire


Selon l’article 4 de la loi de 1997 toute personne qui désire exercer les fonctions de notaire ne
doit remplir les conditions suivantes :

- Elle doit être de nationalité ivoirienne


- Jouir de ses droits civil et civique
- Etre âgé de 25 ans au moins
- Se trouver en position régulière au regard des lois sur le recrutement de l’armée
- N’avoir subit aucune condamnation pour des faits contraire à la probité et aux bonnes
mœurs
- N’avoir été ni déclaré en faillite ni mis en état de liquidation judiciaire
- Ne pas être un officier public destitué ou un avocat rayé du barreau
- Ne pas être un fonctionnaire révoqué au fait contraire à la probité et aux bonnes
mœurs
D- Les conditions d’études

Le candidat à la profession doit être titulaire de la licence en droit ancienne formule ou de la


maitrise en droit actuelle peu importe la spécialité. Si le candidat est un clerc c'est-à-dire un
collaborateur de noatire, il doit avoir exercé au moins pendant deux ans à cet titre dans une
étude de notaire ou un cabinet d’avocat.

Sous-section 2 : LA FORMATION

Il n’existe pas en côte d’ivoire d’école de formation à la profession de notaire. Cette formation
est prévue pour être effectuée à l’institut national de formation judiciaire mais elle n’a pas
encore vu le jour. De sorte que la seule formation à laquelle accèdent les candidats à la
profession est celle issue au stage pratique dans l’étude d’un notaire.

Section 2 : L’exercice de la profession

Il est soumis à des conditions préalables.

Paragraphe 1 : Les conditions préalables à l’exercice de la profession de notaire.

Ces conditions sont au nombre de trois (3). Premièrement être nommé notaire titulaire de
charges. Deuxièmement prêter serment. Troisièmement procéder à son installation.
A- La nomination en qualité de notaire titulaire de charges

Les notaires sont nommés par arrêtés du garde des sceaux ministre de la justice parmi les
candidats ayant satisfait au stage et réussi à l’examen professionnel (article 5 du décret de
2002). Ils sont nommé titulaire d’un office c'est-à-dire d’une charge. En effet au siège de
chaque tribunal de première instance ou section de tribunal, l’Etat crée un ou plusieurs offices
de notaires. Et c’est au sein de ces offices que sont nommés les notaires. Ainsi par exemple un
notaire peut être nommé titulaire de la première charge de notaire auprès du tribunal de
première instance d’Abidjan ou titulaire de la 10ème charge auprès du tribunal de première
instance de Yopougon. Cependant bien que rattaché à une juridiction donnée, le notaire
titulaire de charge exerce ses fonction sur toute l’étendue du territoire national. Par ailleurs il
ne prête pas serment devant la juridiction à laquelle il est rattaché mais devant la cour d’appel
dont relève sa juridiction de rattachement.

B- La prestation de serment et l’installation du notaire


3- La prestation de serment

Le notaire doit obligatoirement prêter serment devant la cour d’appel avant d’entrer en
fonction. Cela doit être fait dans les trois mois de sa nomination sous peine d’être considéré
comme démissionnaire (article 10 de la loi de 1997 et article 2 du décret de 2002). Toutefois,
le notaire n’est admis au serment qu’après s’être acquitté de certaines obligations. La
premièrement est le paiement d’un cautionnement fixé à 2.000.000 de francs. La seconde
obligation est le dépôt au greffe de la cour d’appel du spécimen de sa signature et de son
parafe. La formule du serment du notaire est ainsi libellée : « je jure de remplir mes fonction
avec exactitude et probité ». Après la prestation du serment le notaire doit songer à son
installation.
4- L’installation

La profession de notaire est une profession libérale. C’est donc le notaire lui-même qui crée
son lieu de travail en ouvrant une étude à ses propres frais. L’installation doit intervenir dans
les six mois de la nomination. Elle se fait dans le lieu du ressort du tribunal de rattachement.
L’installation doit être justifiée au procureur de la république auprès du tribunal ainsi
qu’auprès de la chambre des notaires (article 2 du décret de 2002). Il convient de préciser qu’il
est interdit au notaire d’ouvrir un établissement secondaire ou une succursale.

Tout notaire qui n’a pas prêté serment et ne s’est pas installé dans le délai imparti est considéré
comme démissionnaire. Cette démission est constatée par un arrêté du garde des sceaux
ministre de la justice saisit à cet effet par la chambre des notaires. (Article 3 du décret de 2002).

Paragraphe 2 : Les attributions du notaire

Elles sont déterminées à l’article 1er de la loi de 1997 en ces termes : « les notaires sont des
officiers publics institués pour recevoir les actes et contrats auxquels les parties doivent ou
veulent donner le caractère d’authenticité attaché aux actes de l’autorité publique et pour
en assurer la date, en conserver le dépôt, en délivrer les grosses et expéditions ».

Toutes ces attributions doivent être exercées selon l’article 24 du décret de 2002 avec la probité
la plus scrupuleuse et la plus grande diligence. On distingue trois principales attributions du
notaire: l’établissement des actes, leur conservation et leur délivrance.

A- L’établissement des actes

Le notaire établit ou reçoit les actes et contrats auxquels les parties doivent ou veulent donner
le caractère d’authenticité attaché aux actes de l’autorité publique. C’est cette authenticité qui
fait foi et donne à ces actes une valeur probante très importante. En effet, des actes comme la
vente d’un immeuble ou la constitution d’une société commerciale, sont obligatoirement
passées devant un notaire pour leur conférer une certaine valeur, une certaine authenticité.
D’autres actes tels que les testaments peuvent être rédigés par un notaire à la demande des
personnes intéressées pour leur conférer la même valeur. En principe le notaire établit seul
les actes authentiques. Il n’a pas besoin d’une assistance quelconque. Cependant si les parties
pour lesquelles il établit l’acte déclarent le savoir ou le pouvoir signer, alors le notaire doit se
faire assister de deux témoins dans la rédaction de l’acte. Ces témoins doivent être majeurs,
avoir la jouissance de leur droit civil, savoir signer et avoir une bonne moralité (article 23 de
la loi de 1997). Il faut préciser en outre que le notaire doit toujours instrumenter en son étude
et non en dehors sauf si une disposition spéciale de la loi le prévoit.

B- La conservation et la délivrance des actes

Les notaires sont les dépositaires de certains actes et principalement de ceux qu’ils établissent.
Ils sont tenus de garder les minutes de ces actes c'est-à-dire les originaux et peuvent les délivrer
en cas de besoins sous forme de grosse, expédition et extrait. Une grosse est une copie d’un
document revêtue de la formule exécutoire. Une expédition est une copie certifiée conforme
d’un document mais qui n’est pas revêtue de la forme exécutoire. Enfin un extrait est une
partie d’un document. Le notaire ne peut délivrer copie d’un document dont il a la
conservation à une personne autre que les parties concernées. Toute délivrance à un tiers doit
être autorisée par le président de la juridiction du lieu de résidence du notaire (article 36 et 39
de la loi de 1997).

Paragraphe 3 : Les contraintes liées à l’exercice de la profession de notaire

L’exercice de la profession de notaire induit de nombreuses contraintes qui sont des


interdictions, incompatibilités et obligations auxquelles le statut du notariat soumet les
notaires.

D- Les abstentions et interdictions


1- Les abstentions
Les articles 16 et 20 de la loi de 1997 font obligation au notaire de s’abstenir :
- De recevoir des actes dans lesquelles ses parents ou alliés seraient partie ou qui
contiendraient quelques dispositions en leur faveur
- De réclamer d’autres droits et honoraires que ceux fixés par décret
- De conserver pendant plus de 6 mois les sommes qu’ils détiennent pour le compte
d’un tiers à quelque titre que ce soit.
2- Les interdictions
L’article 42 de la loi de 1997 fait formellement interdiction au notaire :

- De se livrer à des spéculations de bourses ou des opérations de commerces, de


banques, d’escomptes ou de courtage
- De s’immiscer dans l’administration des sociétés, entreprises de commerce ou
d’industries
- De s’intéresser dans une affaire pour laquelle il prête son ministère
- De constituer garant ou caution à quelque titre que ce soit à la négociation, des prêts
desquelles il aurait participé comme aussi de ceux dont les actes seraient dressés par
lui ou avec sa participation
- D’avoir recours à des prête-noms
- D’employer même temporairement les sommes ou les valeurs dont il est constitué
détenteur à un usage dont elles ne sont pas destinées.

L’article 32 du décret de 2002 fait également interdiction au notaire de faire de la publicité et


une concurrence déloyale. L’article 32 est ainsi libellé : « il est interdit au notaire de faire des
démarches directes ou indirectes ; publiques ou sécrètes, pour s’attirer les clients de ses
confrères ou les détourner à peine de sanctions disciplinaires. Il lui est également interdit
de s’attirer la clientèle par voix de publicité quelqu’en soit la forme».

E- Les incompatibilités

Les fonctions de notaire sont incompatibles avec toute activité d’avocat et toute fonction
publique rémunérée (article 18 de la loi de 1997). Cependant, le notaire peut à titre subsidiaire
dispenser des enseignements correspondant à sa spécialité dans des établissements de
formation. (Article 18 alinéa 2).

F- Les obligations du notaire


Plusieurs obligations incombent au notaire lorsqu’il entre en fonction.

6- L’obligation de résidence
Le notaire est astreint à résider au chef lieu de la juridiction à laquelle il appartient. Cette
obligation lui est signifiée dès sa nomination par l’arrêté du garde des sceaux ministre de la
justice qui lui octroie une charge (article 1er du décret de 2002).

7- L’obligation de souscrire à une assurance responsabilité


L’article 8 du statut fait obligation au notaire de souscrire à une police d’assurance
responsabilité professionnelle. Le notaire qui ne satisfait pas à cette obligation est considéré
comme démissionnaire et remplacé d’office.

8- L’obligation de présence
Les notaires sont tenus d’être présents à leurs études. Ils ne peuvent s’absenter même pour
cause de maladie sans une autorisation du garde des sceaux ministre de la justice. Pendant son
absence le notaire est remplacé par un intérimaire désigné le ministre de la justice.

9- Obligation de tenir une comptabilité


La loi fait obligation au notaire de tenir une comptabilité destinée à constater les recettes et les
dépenses en espèce ainsi que les entrées et les sorties de valeurs effectuées pour le compte de
ses clients.

10- L’obligation de ne pas présenter de successeur


En cas de cessation de ses fonctions, notamment par démission, le notaire ne peut et ne doit
présenter un successeur. Tout acte ou toute convention portant cession d’office de notaire ou
de clientèle est nul et entraine la révocation de l’officier public ou contractant du notaire
(article 6 du statut).

Paragraphe 4 : Les droits et privilèges du notaire

A- Les droits
Le statut du notariat reconnait au notaire un certain nombre de voix. Le droit de percevoir des
honoraires, droit à un congé annuel, droit à une garantit responsabilité civile et une droit à une
carte professionnel.

1- Le droit de percevoir des honoraires


Le droit a le droit de percevoir des honoraires sur les prestations qu’il fournit et notamment
sur les actes qu’il dresse. Le taux de ces honoraires est fixé par décret. Le statut précise
néanmoins en son article 19 que les notaires ne peuvent réclamer ni recevoir d’autres droits et
honoraires que ceux fixés par décrets.

2- Le droit à un congé annuel


Bien que le notaire soit astreint à une présence effective et quotidienne à son étude, il jouit
comme tout travailleur d’un droit de repos. En effet il a droit à un congé dont la durée
maximum est de deux mois. Ce droit lui est accordé par le ministre de la justice.

3- Le droit à une garantit responsabilité civile


L’article 9 de la loi de 1997 institut une caisse de garantit gérée par la chambre des notaires.
Cette caisse est spécialement affectée à la garantie des condamnations susceptibles d’être
prononcées contre les notaires à l’occasion des fautes de toute nature commises dans l’exercice
de leur fonction.

4- Le droit à une carte professionnelle


Les notaires titulaires de charge et les greffiers notaires ont droit à une carte professionnelle
(article 11 de la loi de 1997). Les conditions de délivrance de cette carte sont fixées par arrêté
du garde des sceaux ministre de la justice.
B- Les privilèges.
Les notaires bénéficient d’une protection contre tout abus en cas de poursuite pénale. En effet
l’article 68 du décret de 2002 dispose que : « en cas de poursuite pour faute commise dans
l’exercice de ses fonctions, aucun notaire ne peut être arrêté ni déféré sans que le
président de la chambre des notaires ou son représentant n’ait été avisé et sans que l’intéressé
n’ait été entendue au préalable par le procureur général ou tout magistrat du parquet délégué
par lui ».

Cette protection assurée au notaire par l’article 68 contre les éventuels abus de poursuite
apparait comme une véritable immunité de poursuite empêchant d’engager la responsabilité
pénale de ce dernier. En réalité il n’en est rien. L’article 68 ne fait que préciser la procédure à
observer en cas de poursuite contre les notaires. Il ne l’empêche pas.

Section 3 : La carrière professionnelle du notaire


Paragraphe 1 : Le déroulement de la carrière

C- La surveillance et le contrôle de l’activité du notaire

Certaines autorités interviennent dans la carrière du notaire et notamment dans la surveillance


et le contrôle de son activité. Il s’agit en premier lieu du garde des sceaux ministre de la justice
qui est l’autorité de tutelle des notaires. C’est lui qui les nomme titulaire de charges, nomme
également leur intérimaire en cas d’absence prolongée, constate leur démission et prononce
contre eux des sanctions disciplinaires en cas de faute professionnelle.

En deuxième lieu il y a le procureur général. Il contrôle la comptabilité du notaire et exerce


contre lui l’action disciplinaire. Il peut prendre certaine sanctions à son égard. Enfin on a la
chambre des notaires qui est l’organe représentant l’ensemble de la profession auprès du
service public. Elle a également un droit de regard sur les activités des notaires et dispose d’un
pouvoir disciplinaire.

D- La discipline des notaires

Elle est assurée par le ministre de la justice, le procureur général et la chambre des notaires.
Quelles sont les fautes pouvant être retenues contre un notaire et les sanctions applicables?

1- Les fautes disciplinaires


Deux types de fautes disciplinaires peuvent être retenus contre un notaire. Tout d’abord les
manquements aux devoirs et aux obligations professionnelles qui lui sont imposés. A cela il
faut ajouter tout fait contraire à la probité, à l’honneur ou la délicatesse même commis en
dehors de la profession. Ensuite les violations des lois et décrets en vigueur.

2- Les sanctions applicables

Les autorités chargées de la discipline des notaires peuvent de saisir d’office lorsqu’elles ont
connaissance des manquements commis par ces derniers. Par ailleurs le garde des sceaux peut
être saisit par le procureur général ou par la chambre des notaires. Les sanctions auxquelles
s’exposent les notaires en cas de sanctions disciplinaires sont l’avertissement et le blâme
prononcés par le procureur général et la chambre des notaires, la suspension temporaire pour
une durée ne pouvant excédée 12 mois et la suspension prononcé par le garde des sceaux
ministre de la justice (article 44 de la loi de 1997).

Paragraphe 2 : La fin de la carrière du notaire

La profession de notaire est une profession qui s’exerce à vie. Elle ne connait pas de retraite.
Toutefois le notaire titulaire de charge qui se trouve dans l’impossibilité de continuer
normalement l’exercice de ses fonctions pour cause de maladie ou d’âge peut offrir sa
démission. Celle-ci est reçue par le garde des sceaux ministre de la justice qui déclare par un
arrêté la démission du notaire. La carrière peut également prendre fin à la suite d’un décès ou
d’une mesure de destitution. Dans tous ces cas le notaire ne peut présenter un successeur. La
charge qui lui est attribuée retourne dans le patrimoine de l’Etat qui peut être attribuée à un
autre notaire.

Chapitre III : Les huissiers de justices

La profession d’huissier de justice est règlementée par la loi N° 97/514 du 04 septembre 1997
portant statut des huissiers de justice et le décret N° 2012/15 du 18 janvier 2012 fixant les
modalités d’application de la loi de 1997. Cette loi détermine les conditions d’accès à la
profession d’huissier de justice, son exercice et sa fin.

Section 1 : Les conditions d’accès à la profession d’huissier de justice

La profession d’huissier est une profession libérale qui collabore avec la justice notamment
pour en assurer l’exécution des décisions et signifier les actes. Cependant la profession n’est
pas ouverte à tous le monde. Elle est strictement règlementé par les textes qui déterminent les
conditions de recrutement et de la formation.

Paragraphe 1 : Le recrutement des huissiers de justice

La loi de 1997 prévoit deux modes de recrutement.

A- Les différents modes de recrutement


On distingue un recrutement par voie d’examen professionnel et un recrutement direct sur titre.

1- Le recrutement par voir d’examen professionnel

L’article 14 du statut des huissiers de justice cite comme condition de nomination en cette
qualité le succès à un examen professionnel et un stage dont les modalités seront fixées par
décret. Les articles 6 à 10 du décret de 2012 déterminent justement ces modalités. L’article 6
indique que l’examen professionnel est organisé par arrêté du garde des sceaux ministre de la
justice une fois l’an au cours du second trimestre. Les modalités, le programme de l’examen
et du stage sont précisés par le même arrêté. Quant à l’article 7 il indique que seul le candidat
ayant subit avec succès l’examen professionnel est admis au stage dont la durée est de deux
ans. Toutefois cet examen n’étant pas encore effectif, les candidats à la profession
accomplissent directement le stage auprès d’un huissier de justice titulaire.

2- Le recrutement direct

Certaines personnes peuvent être nommées directement huissier de justice sans avoir à subir
un examen professionnel. Il s’agir des clercs assermentés d’huissiers de justice et des huissiers
de justice auxiliaire. En effet, les clercs assermentés qui ont exercés pendant cinq (5) ans dans
une étude d’huissier de justice et sont titulaire d’une maitrise en droit ou de la licence
ancienne formule peuvent être nommés directement huissier de justice titulaire de charge
(article 15 de la loi de 1997).

De même sont nommés huissiers de justice auxiliaire les fonctionnaires âgés de 25 ans au
moins en service au siège d’une sous préfecture ou il n’y a pas d’huissier de justice (article 16
de la loi de 1997).

B- Les conditions de recrutement


3- Les conditions relatives à la personne du candidat
Pour prétendre à la profession d’huissier de justice, l’article 14 de la loi de 1997 exige:

- D’être de nationalité ivoirienne


- Jouir de ses droits civils et civiques
- De se retrouver en position régulière au regard des lois sur le recrutement de l’armée
- D’être apte physiquement à remplir ses fonctions et d’être reconnu indemne ou
définitivement guéris de toute affection contagieuse
- Etre âgé de 25ans au moins
- De n’avoir subit aucune condamnation pour des faits contraire à la probité et aux
bonnes mœurs
- D’avoir été déclaré ni en faillite ni en état de limitation judiciaire
- De ne pas être anciens officiers ministériels destitués ou fonctionnaires révoqués pour
par mesure disciplinaire pour des faits contraires à la probité ou aux bonnes mœurs.
- Ne pas être un avocat rayé du barreau

4- Les conditions relatives au niveau d’étude

Le candidat à la profession d’huissier de justice titulaire de charge doit avoir une maitrise en
droit ou une licence en droit ancienne formule. Cette exigence vaut également pour le clerc
assermenté qui désire être nommé huissier de justice titulaire de charge. Mais pour l’huissier
de justice auxiliaire, ces diplômes ne sont pas exigés. Sa seule qualité de fonctionnaire suffit.

Paragraphe 2 : La formation des huissiers de justice


Elle consiste uniquement en un stage pratique auprès d’un huissier de justice titulaire de
charge. En effet le candidat ayant subit avec succès l’examen professionnel et qui est admis
au stage adresse une demande d’inscription au stage au ministre de la justice en précisant
l’huissier de justice titulaire auprès duquel il souhaiterait faire sa formation. La chambre
nationale des huissiers de justice procède alors à son inscription sur un registre spécial tenu à
cet effet. Elle assure l’organisation et le suivi du stage en accord avec le ministère de la justice
(article 7 et 8 du décret de 2012). A la fin des deux années de stage, une attestation signée par
le maitre de stage est délivré à l’huissier de justice stagiaire. Au vu de cette attestation, le
ministre de la justice lui délivre un certificat d’aptitude à la profession d’huissier de justice.

Section 2 : L’exercice de la profession

Paragraphe 1 : Les tâches accomplis par l’huissier de justice

Les attributions de l’huissier de justice sont déterminées au chapitre 5 à 13 du statut. On peut


distinguer les tâches principales et les tâches accessoires.

A- Les tâches principales de l’huissier de justice

L’huissier de justice signifie les actes de justice procède aux constatations matérielles et assure
le service des audiences.

1- La signification, la remise et l’exécution des actes de justices

Les huissiers de justices sont les seuls auxiliaires de justice auxquels la loi a confié la tâche de
signifier les actes de justices et tout autre acte en forme exécutoire. C'est-à-dire que c’est
l’huissier de justice qui porte officiellement à la connaissance de son destinataire un acte en
forme exécutoire qui le concerne. Par exemple, si une personne est condamnée par la justice
à payer à une autre une certaine somme d’argent, c’est l’huissier de justice qui est habilitée à
porter cette décision à la connaissance de la personne condamnée et à en assurer l’exécution.
De même si une personne fait l’objet d’une décision d’expulsion d’un logement pour non
paiement de loyer, c’est à l’huissier de justice qu’il appartient de lui apporter l’exécution et de
l’exécuter

2- Les constatations matérielles

Les services des huissiers justice peuvent être également requis pour procéder à des
constatations matérielles. En effet, il peut être demandé à l’huissier de justice de noter par
procès verbal ce qu’il a vu ou entendu. Par exemple un huissier de justice peut être requis par
un conjoint à l’effet de procéder à un constat d’adultère. Il peut également être requis pour
constater des dégâts occasionnés dans une habitation ou encore pour procéder à des
inventaires. Toutes ces constatations ne préjugent pas des conséquences de droit qui peuvent
en découler car les constatations ne valent qu’à titre de simples renseignements.

3- Le service des audiences


Les huissiers de justice assurent également le service des audiences des cours et des tribunaux.
En effet lorsqu’il y a un procès, c’est l’huissier de justice qui annonce l’entrée de la cour ou
du tribunal dans la salle d’audience. Il procède également à l’appel des causes c'est-à-dire que
c’est lui qui appels les affaires devant être jugées. Pendant le procès il veille à la tranquillité
des débats. Il est la courroie de transmission entre le président de l’audience et les parties au
procès. A la fin du procès, il fait vider la salle et s’assure qu’elle est complètement vide.

B- Les taches accessoires de l’huissier de justice

En dehors des tâches citées plus haut, les huissiers de justices peuvent exercer certaines
attributions accessoirement à celles initiales. En effet ils peuvent procéder à des recouvrements
de créance, être administrateur d’immeubles, agent d’assurance, secrétaire de coopérative
agricole ou encore chargé d’un enseignement.

Paragraphe 3 : Les avantages et contraintes liées à la profession

L’huissier de justice bénéficie de certains avantages liés à sa profession mais il y a également


des contraintes. Au titre des avantages l’huissier de justice a droit à une rémunération pour les
prestations accomplies et à une carte professionnelle. S’agissant des contraintes il est tenu de
porter un costume d’audience, de souscrire à une assurance responsabilité, de tenir une
comptabilité et d’assurer le service des audiences des juridictions. Sa profession est
incompatible avec l’exercice d’une activité commerciale. Par ailleurs les huissiers de justice
sont tenus à un devoir de probité et de loyauté. Ils doivent en toute occasion s’efforcer
d’exercer dans les limites de la loi leurs ministères avec modération et se limiter en particulier
aux seules actes ou démarches nécessaires pour arriver au but que le mandant se propose
d’atteindre. Tout refus d’instrumenter ou tout retard injustifié dans l’exécution portant
préjudice à un justiciable peut donner lieu à une sanction disciplinaire indépendamment des
dommages et intérêts.

Section 3 : La discipline des huissiers de justices

Les huissiers de justice sont sanctionnés pour les fautes et manquements commis dans
l’exercice de leur fonction. L’organe chargé de la discipline des huissiers de justice ainsi que
la procédure sont déterminés par le décret de 2012.

Paragraphe 1 : Les organes chargés de la discipline des huissiers de justice

Trois organes assurent la discipline des huissiers de justice : le garde des sceaux ministre de
la justice, le procureur général et la chambre national des huissiers de justice. Ces organes
assurent également la surveillance générale des activités des huissiers de justice. En cas de
poursuite pénal contre un huissier de justice, le procureur de la république doit être
préalablement avisé (article 59 du décret).
Paragraphe 2 : la procédure disciplinaire

L’huissier de justice peut être sanctionné pour les manquements aux lois et règlements, les
faits contraires à la probité à l’honneur et à la délicatesse même commis en dehors de la
profession. Les sanctions auxquelles s’expose l’huissier de justice fautif sont l’avertissement
et le blâme prononcé par le procureur général et la chambre nationale des huissiers de justice,
la suspension et destitution prononcé par le garde des sceaux ministre de la justice celui-ci
étant saisit des faits soit par le procureur général soit par la chambre des huissiers de justice.

PARTIE 2 : LE REGLEMENT N° 05/CM/UEMOA RELATIF A L'HARMONISATION


DES REGLES REGISSANT LA PROFESSION D'AVOCAT DANS L'ESPACE
UEMOA DU 24 SEPTEMBRE 2014

TITRE 1: DISPOSITIONS GENERALES

Article premier:
Le présent Règlement établit les règles régissant l'exercice de la profession d'Avocat dans les
Etats membres de l'UEMOA.
Article 2 :
La profession d'Avocat est libérale et indépendante. L'Avocat fait partie d'un Barreau
administré par un Conseil de l'Ordre présidé par un Bâtonnier. Les Avocats exercent des
fonctions judiciaires et juridiques. Ils sont un des acteurs principaux du service public de la
justice. Seules ont droit au titre d'Avocat ou d'Avocat stagiaire, les personnes inscrites au
tableau ou admises sur la liste du stage d'un Barreau de l'espace UEMOA. Les Avocats ou
Avocats stagiaires doivent faire suivre leur titre d'Avocat ou d'Avocat stagiaire de la mention
du ou des Barreaux auxquels ils appartiennent, suivi, le cas échéant, des titres universitaires ou
des distinctions professionnelles.
Article 3 :
Dans l'exercice des fonctions judiciaires, seuls les Avocats ont qualité pour plaider, postuler et
représenter, sans limitation territoriale, les parties en toutes matières devant les juridictions ou
organismes juridictionnels ou disciplinaires et devant les instances arbitrales, sauf dispositions
particulières prévues par la législation nationale. Ils assistent également leurs clients devant
toutes les administrations publiques. Les Avocats peuvent exercer les fonctions d'arbitre, de
médiateur et de conciliateur. Ils peuvent être liquidateurs amiables ou judiciaires,
administrateurs provisoires et syndics. Les Avocats revêtent, dans l'exercice de leur profession,
un costume professionnel dont les caractéristiques sont définies par la législation de chaque
Etat membre. Ils sont dispensés de produire une procuration sauf dispositions particulières.
Article 4:
Les Avocats donnent des conseils et des consultations en matière juridique, rédigent des actes
sous seing privé. Les Avocats rédigent également des actes sous seing privé contresignés par
eux et appelés « actes d'avocat ». En contresignant un acte sous seing privé, l'Avocat atteste
avoir éclairé pleinement la ou les parties qu'il conseille sur les conséquences juridiques de cet
acte. Les actes d'avocat font pleine foi de l'écriture et de la signature des parties tant à leur égard
qu'à celui de leurs héritiers et ayants droit. L'acte d'avocat est soumis à la procédure de faux.
L'acte contresigné par Avocat est, sauf disposition nationale contraire, dispensé de toute
mention manuscrite. Les modalités d'application des dispositions du présent article sont
précisées par voie de Règlement d'exécution.
Article 5 :
Les Avocats assistent leurs clients dès leur interpellation, durant l'enquête préliminaire, dans
les locaux de la police, de la gendarmerie, ou devant le parquet. A ce stade, aucune lettre de
constitution ne peut être exigée de l'Avocat. Les Avocats assistent et défendent leurs clients dès
la première comparution devant le juge d'instruction. Le ministère d'Avocat est obligatoire
devant toute juridiction et en tout état de procédure pour les personnes morales, sauf
dispositions particulières prévues par la législation nationale. Devant toute juridiction et en tout
état de procédure, la représentation des personnes physiques ne peut être assurée que par les
Avocats. Toutefois, devant les juridictions de première instance, les personnes physiques
peuvent donner mandat spécial de représentation aux conditions et modalités prévues par les
législations nationales. Quiconque exerce des attributions relevant du ministère de l'Avocat est
passible de poursuites pénales pour exercice illégal de la profession d'Avocat, conformément à
la législation nationale.
Article 6 :
Les Avocats, dans l'exercice de leur profession, bénéficient de l'immunité de parole et d'écrit.
Ils ne peuvent être entendus, arrêtés ou détenus, sans ordre du Procureur Général près la Cour
d'Appel ou du Président de la Chambre d'Accusation, le Bâtonnier préalablement consulté. Les
cabinets d'Avocat sont inviolables. Ils ne peuvent faire l'objet de perquisition qu'en présence du
Bâtonnier en exercice dûment appelé ou de son délégué.
Article 7 :
Les Avocats inscrits au Barreau d'un Etat membre de l'UEMOA peuvent exercer leur profession
dans les autres Etats membres de ,'UEMOA ou s'y établir définitivement à titre principal, ou y
créer un cabinet secondaire, conformément aux dispositions du Règlement relatif à la libre
circulation et à l'établissement des Avocats ressortissants de l'Union au sein de l'espace
UEMOA. Les conventions et accords internationaux de réciprocité en matière d'exercice de la
profession d'Avocat ne produisent des effets qu'entre les Etats signataires.

TITRE Il : CREATION, ORGANISATION ET ADMINISTRATION DES BARREAUX

Article 8 :
Il est créé dans chaque Etat membre de l'UEMOA un Barreau national organisé en Ordre.
L'Ordre des Avocats est une institution dotée de la personnalité civile et de l'autonomie
financière. Il dispose d'un patrimoine propre provenant des cotisations de ses membres, des
droits de plaidoirie ainsi que de dons et legs. Il peut créer ou subventionner des œuvres
intéressant la profession.
Article 9 :
Il est institué dans chaque Etat membre de l'Union, un droit de plaidoirie. La fixation des
montants et les modalités de paiement de ce droit de plaidoirie obligatoire sont déterminées par
le Conseil de l'Ordre de chaque Etat membre. Sont dispensés de ce droit, uniquement les
justiciables bénéficiaires de l'aide juridictionnelle et des commissions d'office.
Article 10 :
Il est fait obligation à chaque Barreau de se doter d'un siège et d'une administration autonome
et permanente.
Article 11 :
Le Bâtonnier de l'Ordre est élu pour un mandat de trois (3) ans non renouvelable, par
l'assemblée générale des Avocats au scrutin secret, parmi les Avocats inscrits au tableau
depuis au moins quinze (15) ans. L'élection est faite à la majorité absolue des membres ayant
pris part au vote aux deux (2) premiers tours de scrutin. Au troisième tour, la majorité relative
suffit. Les Avocats peuvent voter par procuration ou par correspondance. Un Avocat ne peut
être détenteur de plus d'une procuration. Le bulletin de vote par correspondance doit être adressé
sous pli fermé au Bâtonnier en exercice avant l'ouverture du scrutin.
Article 12 :
Un an avant la fin du mandat du Bâtonnier, un Dauphin, appelé à lui succéder, est élu. L'élection
du Dauphin se fait dans les mêmes conditions que celles du Bâtonnier. Le Dauphin est membre
de droit du Conseil de l'Ordre. Il n'a pas de voix délibérative, s'il n'est pas, au moment de son
élection, déjà membre du Conseil de l'Ordre.
Article 13 :
Les membres du Conseil de l'Ordre sont élus parmi les Avocats inscrits au tableau depuis au
moins sept (7) ans. Les sociétés civiles professionnelles ne peuvent être membres du Conseil
de l'Ordre.
Article 14 :
La composition du Conseil de l'Ordre est déterminée ainsi qu'il suit:
• 3 membres, si le nombre des Avocats inscrits est de 7 à 30 ;
• 6 membres, si ce nombre est de 31 à 50 ;
• 9 membres, si ce nombre est de 51 à 100 ;
• 12 membres, si ce nombre est de 101 à 200 ;
• 15 membres, si ce nombre est de 201 à 300 ;
• 18 membres, au-delà de 300.
Article 15 :
Les membres du Conseil de l'Ordre sont élus directement par l'assemblée générale. Leur mandat
est de trois (3) ans renouvelable. L'élection a lieu au scrutin secret uninominal, chaque bulletin
comportant autant de noms qu'il y a de sièges à pourvoir, à la majorité absolue des membres
ayant pris part au vote aux deux (2) premiers tours de scrutin. Au troisième tour, la majorité
relative suffit.
Article 16 :
Les élections générales ont lieu à l'époque fixée par le règlement intérieur de chaque Ordre. Les
élections partielles sont réalisées dans les deux (2) mois de l'événement qui les rend nécessaires.
Toutefois, si cet événement survient pendant les vacances judiciaires ou dans les deux mois qui
précèdent, il n'est procédé aux élections qu'à la rentrée judiciaire. En cas de décès, de démission
ou d'empêchement grave du Bâtonnier, l'intérim est assuré par le membre du Conseil de l'Ordre
le plus ancien dans l'ordre d'inscription au tableau et les élections, s'il y a lieu, se tiennent dans
les délais précisés à l'alinéa t'" du présent article. En cas de cessation de fonctions ou démission
collective du Bâtonnier et des membres du Conseil de l'Ordre et lorsque le nombre des anciens
Bâtonniers est au moins égal à 5, ceux-ci constituent un Collège des anciens Bâtonniers qui
constate cette cessation ou démission et qui se substitue aux organes défaillants. Le Collège
siège et délibère sous la présidence de son membre le plus ancien suivant l'ordre d'inscription
au tableau et convoque dans le délai de soixante (60) jours de la cessation de fonctions ou de la
démission l'assemblée générale élective, pour procéder à l'élection du Bâtonnier et à celle des
membres du Conseil de l'Ordre, sauf s'il y a un Dauphin. Lorsque le nombre des anciens
Bâtonniers est inférieur à 5, il est fait appel aux Avocats les plus anciens dans l'ordre
d'inscription au tableau pour compléter le Collège. A défaut de sa convocation dans le délai
précité par le Collège ou son corollaire prévu à l'alinéa précédent, la Conférence des Barreaux,
saisie par un Avocat inscrit du Barreau concerné, convoque et organise une assemblée générale
élective.

Article 17 :
Les Avocats inscrits au tableau peuvent déférer les élections à la Cour d'Appel dans le délai de
quinze (15) jours à partir desdites élections.
Article 18 :
Le Bâtonnier représente l'Ordre dans tous les actes de la vie civile et devant les juridictions. Il
est habilité, en cas d'urgence, à prendre toutes mesures conservatoires que requiert l'intérêt du
Barreau. Il prévient et concilie les différends d'ordre professionnel entre les membres du
Barreau, instruit et statue sur toutes les réclamations formulées par les tiers. Il gère les fonds de
l'assistance juridique et judiciaire. Il peut déléguer temporairement tout ou partie de ses
attributions à un ou plusieurs membres du Conseil de l'Ordre. Il peut, en outre, confier toute
mission spéciale à tout Avocat de son choix.
Article 19 :
Le Conseil de l'Ordre a pour attributions, notamment:
1) de statuer sur l'admission au stage des postulants;
2) de statuer sur l'inscription au tableau, l'omission, la réinscription et le rang;
3) de maintenir les principes de probité, de désintéressement, de modération, de confraternité,
de dignité, de loyauté, d'honneur et de délicatesse sur lesquels repose l'Ordre des Avocats et
d'exercer la surveillance que l'honneur et l'intérêt de l'Ordre rendent nécessaires;
4) de veiller à ce que les Avocats soient présents aux audiences dans le respect des règles qui
régissent la profession;
5) de traiter toute question intéressant l'exercice de la profession, la défense des droits des
Avocats et les strictes observations de leurs devoirs;
6) de gérer les biens de l'Ordre, d'administrer et d'utiliser les ressources de l'Ordre pour assurer
les secours, allocations ou avantages quelconques attribués aux membres ou anciens membres
de l'Ordre, à leurs conjoints survivants ou à leurs enfants;
7) de fixer le montant des cotisations à payer par les membres de l'Ordre;
8) de fixer le montant du droit de plaidoirie à payer à l'occasion de chaque affaire;
9) de souscrire une assurance collective pour couvrir la responsabilité professionnelle de tous
ses membres;
10) d'établir le règlement intérieur de l'Ordre ou de le modifier;
11) d'exercer la discipline dans les conditions prévues par le présent Règlement;
12) de vérifier la tenue de la comptabilité des Avocats exerçant individuellement ou en groupe
et la constitution des garanties imposées par le présent Règlement;
13) d'autoriser le Bâtonnier à ester en justice, à accepter les dons et les legs faits à l'Ordre, à
transiger, à compromettre, à consentir toutes aliénations ou hypothèques et à contracter tous
emprunts. En outre, le Conseil de l'Ordre peut prononcer, en cas de poursuites judiciaires ou
disciplinaires ouvertes à l'encontre d'un Avocat, une mesure de suspension de l'Avocat concerné
dans l'attente de la décision judiciaire ou disciplinaire. Dans ce cas, le Conseil de l'Ordre prend
les mesures nécessaires pour la sauvegarde des droits professionnels de l'Avocat concerné et de
ses clients. La mesure de suspension n'est pas susceptible de voie de recours. Les décisions
suivantes du Conseil de l'Ordre sont notifiées au Procureur Général par le
Bâtonnier:
a. les décisions relatives à l'admission et au refus d'admission au stage, à l'inscription au tableau
et à l'omission du tableau;
b. les décisions en matière disciplinaire sous réserve des dispositions particulières contenues
dans le présent Règlement. Les délibérations et décisions du Conseil de l'Ordre susvisées sont
notifiées au Procureur Général et à l'Avocat concerné par lettre recommandée avec demande
d'avis de réception, ou remise par porteur contre décharge et ce dans le délai de quinze (15)
jours de leur date. Les délibérations relatives à l'adoption ou à la modification du règlement
intérieur sont, en outre, communiquées aux Procureurs Généraux. Une copie du règlement
intérieur et des modifications intervenues est déposée aux greffes des Cours d'appel et tenue à
la disposition de tout intéressé.
Article 20 :
Le Conseil de l'Ordre statue sur les demandes d'inscription au tableau dans les six (6) mois de
la réception de la demande. Ce délai est suspendu par tout acte d'instruction. La décision du
Conseil de l'Ordre portant inscription au tableau est notifiée dans les quinze (15) jours à
l'intéressé et aux Procureurs Généraux près les Cours d'appel. Dans le délai d'un (1) mois à
partir de cette notification, le Procureur Général près la Cour d'Appel peut la déférer devant la
Cour d'Appel. A défaut d'une notification d'une décision dans le mois qui suit l'expiration du
délai imparti au Conseil de l'Ordre pour statuer, l'intéressé peut considérer sa demande comme
rejetée et se pourvoir devant la Cour d'Appel dans le délai d'un (1) mois. La décision portant
refus d'inscription est notifiée dans les quinze (15) jours à l'intéressé ainsi qu'au Procureur
Général près la Cour d'Appel qui peuvent, dans le délai d'un (1) mois, la déférer devant la Cour
d'Appel. En cas d'annulation de la décision de refus d'inscription, le postulant est renvoyé
devant le Conseil de l'Ordre pour un nouvel examen de sa demande. Aucun refus d'inscription
ou de réinscription, ne peut être décidée sans que l'intéressé ait été entendu ou préalablement
appelé dans un délai de quinzaine. Si la décision est prise par défaut, l'intéressé peut, par simple
déclaration au secrétariat de l'Ordre, qui lui délivre récépissé, former opposition dans le délai
de quinze (15) jours à dater de la notification à personne; si la notification n'est pas faite à
personne, l'opposition est recevable dans le délai d'un (1) mois à compter de la date à laquelle
l'intéressé a eu connaissance de la décision.
Article 21 :
Le recours contre les décisions du Conseil de l'Ordre et du Conseil de discipline sont dévolus à
une juridiction d'appel paritaire composée du Premier Président de la Cour d'Appel, de trois (3)
Présidents de chambre de la Cour d'Appel et de trois (3) Avocats autres que les membres du
Conseil de l'Ordre désignés par le Bâtonnier. Le recours est formé par lettre recommandée avec
demande d'avis de réception adressée au secrétariat-greffe de la Cour d'Appel ou remis contre
récépissé au Greffier en chef. Il est instruit et jugé selon les règles applicables en matière
contentieuse à la procédure, sans représentation obligatoire. Le délai du recours est d'un mois à
compter de la notification. La juridiction paritaire d'appel statue en chambre du conseil, après
avoir invité le Bâtonnier ou son représentant à présenter ses observations.
La décision de la juridiction paritaire d'appel est notifiée par le Greffier en chef de la Cour
d'Appel par lettre recommandée avec demande d'avis de réception ou remise par porteur contre
décharge au Procureur Général, au Bâtonnier et à l'intéressé. Elle est susceptible de pourvoi en
cassation dans un délai d'un mois à compter de sa notification. Le délai d'appel suspend
l'exécution de la décision du Conseil de l'Ordre. L'appel exercé dans ce délai est également
suspensif sauf en cas d'omission.
Article 22 :
L'assemblée générale se réunit au moins une fois par an, sous la présidence du Bâtonnier ou du
membre le plus ancien du Conseil de l'Ordre par lui désigné, à défaut, par un ancien Bâtonnier
ou par le plus ancien des Avocats présents dans l'Ordre du tableau. Elle ne peut examiner que
les questions qui lui sont soumises dans les conditions fixées dans le règlement intérieur. Le
Conseil délibère sur les recommandations formulées par l'assemblée générale dans le délai de
deux mois. En cas de rejet, le Conseil motive sa décision. Les décisions du Conseil sont portées
à la connaissance de la plus prochaine assemblée générale. Elles sont consignées sur un registre
spécial tenu à la disposition de tous les Avocats inscrits.

TITRE III : ACCES A LA PROFESSION D'AVOCAT

CHAPITRE PREMIER: STAGE ET FORMATION PROFESSIONNELLE

Section 1 : Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat


Article 23 :
Il est institué un examen pour l'obtention du Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat
(C.A.P.A.). Un Règlement d'exécution précisera les modalités de délivrance du Certificat
d'Aptitude à la Profession d'Avocat (C.A.P.A.).
Section 2 : Admission sur la liste du stage
Article 24:
Toute personne titulaire d'un Master Il en droit reconnu par le Conseil Africain et Malgache de
l'Enseignement Supérieur (CAMES) ou de la Maîtrise en droit ou d'un diplôme reconnu
équivalent et du Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat (C.A.P.A.) reconnu dans l'espace
UEMOA, peut demander son inscription sur la liste de stage d'un Barreau dudit espace. Toute
personne qui demande son admission au stage du Barreau doit être âgée de 21 ans au moins.
Elle doit être de bonne moralité. Elle est, en outre, tenue de fournir au Conseil de l'Ordre:
1) un extrait de son acte de naissance;
2) un extrait de son casier judiciaire datant de moins de trois mois;
3) les pièces établissant qu'elle possède la nationalité d'un Etat membre de l'Union;
4) le diplôme de Master Il en droit reconnu par le Conseil Africain et Malgache de
l'Enseignement Supérieur (CAMES) ou de la Maîtrise en droit ou d'un diplôme reconnu
équivalent;
5) le Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat (C.A.P.A.);
6) l'attestation délivrée par un Avocat inscrit au tableau ayant prêté serment depuis au moins
sept (7) ans portant engagement d'assurer dans son cabinet la formation effective du stagiaire.

Toutefois, sont dispensés du Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat (CAPA) :


1) les magistrats ayant accompli au moins dix (10) années de pratique professionnelle en
juridiction et qui auront préalablement démissionné de leur fonction;
2) les professeurs agrégés des facultés de droit. Les magistrats et les professeurs agrégés des
facultés de droit devront cependant avant la prestation de serment, suivre des cours de
déontologie et de pratique professionnelle d'Avocat pour une période d'au moins six (6) mois
suivants des modalités définies par le Bâtonnier. Les postulants doivent, avant d'être admis au
stage et sur la présentation du Bâtonnier de l'Ordre, prêter, devant la Cour d'Appel, serment en
ces termes: « Je jure, en tant qu'Avocat, d'exercer ma profession avec honneur,
indépendance, probité, délicatesse, loyauté et dignité, dans le respect des règles de mon Ordre
».
Article 25 :
Le refus d'admission ne peut être prononcé sans que l'intéressé ait été entendu ou dûment appelé
au moins quinze (15) jours avant sa comparution. Le recours contre le refus d'admission sur la
liste du stage est soumis aux dispositions de l'article 20, sans pouvoir d'évocation.

Section 3 : Régime du stage

Article 26:
Le stage comporte: la fréquentation obligatoire des audiences, le travail effectif et
obligatoirement rattaché à un Cabinet d'Avocat, la participation obligatoire à des travaux de la
Conférence du Stage dans les Barreaux qui l'ont instituée; l'assiduité aux cours du stage.
L'Avocat admis sur la liste du stage porte le titre d'Avocat-stagiaire et accomplit tous les actes
de la profession pour le compte et sous la responsabilité de l'Avocat dans le Cabinet duquel il
est admis. Le stage doit être effectué au Barreau du lieu de l'inscription et peut, pour partie, être
poursuivi auprès d'un autre Barreau de l'espace UEMOA ou d'un Etat accordant la réciprocité
d'établissement, par périodes successives sans interruption de plus de trois (3) mois.
Article 27 :
Sous réserve des dispositions de l'article 24 alinéa 4 du présent Règlement, la durée du stage
est de trois (3) ans effectifs. Elle peut, exceptionnellement, être prorogée deux (2) fois d'une
année sur la demande du stagiaire ou si le Conseil de l'Ordre estime que le stagiaire n'a pas
satisfait aux obligations résultant des prescriptions de l'article 26 du présent Règlement. Le
stagiaire doit être entendu par le Conseil de l'Ordre avant la prorogation de son stage.
Article 28 :
A l'expiration du délai du stage, un certificat, qui en constate l'accomplissement, est délivré, s'il
y a lieu, au stagiaire, par le Bâtonnier. A l'expiration de la cinquième année, le certificat est,
dans tous les cas, délivré ou refusé. Le refus de délivrance du certificat ne peut être prononcé
que par une décision motivée du Conseil de l'Ordre. Cette décision peut être déférée à la Cour
d'Appel par l'intéressé, suivant les modalités prévues par l'article 20.

Section 4 : La formation

Article 29 :
La formation professionnelle initiale et continue est obligatoire pour tout Avocat inscrit dans
un des Barreaux de l'espace UEMOA, suivant les conditions et modalités définies dans un acte
pris en application du présent Règlement et les règlements intérieurs des différents Barreaux.

CHAPITRE Il : LE TABLEAU DE L’ORDRE

Section 1 : Inscription au tableau

Article 30 :
Nul ne peut être inscrit au Tableau de l'Ordre des Avocats, sous réserve des droits acquis, s'il
ne remplit l'ensemble des conditions suivantes:
- être ressortissant d'un Etat membre de l'Union;
- être âgé de 24 ans au moins;
- être en possession du certificat de fin de stage;
- être de bonne moralité.

Section 2 : Honorariat

Article 31 :
Le titre d'Avocat honoraire peut être conféré par le Conseil de l'Ordre aux Avocats qui ont
exercé la profession pendant vingt (20) ans au moins et qui ont donné leur démission. Les droits
et devoirs des Avocats honoraires sont déterminés par les dispositions nationales en vigueur.
Article 32 :
Lorsque la participation d'un Avocat à une commission administrative ou à un jury de concours
ou d'examen est prévue par la loi nationale ou communautaire, l'autorité chargée de la
désignation peut, avec l'accord du Bâtonnier, porter son choix sur un Avocat honoraire
acceptant cette mission.

TITRE IV : EXERCICE DE LA PROFESSION D'AVOCAT

CHAPITRE PREMIER: LES INCOMPATIBILITES

Article 33 :
La profession d'Avocat est incompatible avec l'exercice de toute autre profession, sous réserve
des dispositions législatives ou réglementaires particulières, et, notamment: avec toutes les
activités de caractère commercial qu'elles soient exercées directement ou par personne
interposée; avec les fonctions d'associé dans une société en nom collectif, d'associé commandité
dans les sociétés en commandite, de gérant d'une société à responsabilité limitée, de président
d'une société par actions simplifiées, de président du conseil d'administration, membre du
directoire ou directeur général d'une société anonyme, de gérant d'une société civile à moins
que celle-ci n'ait, sous le contrôle du Conseil de l'Ordre qui peut demander tous renseignements
nécessaires, pour objet la gestion d'intérêts familiaux ou professionnels; plus généralement avec
l'exercice de toute autre profession ou fonction emportant un lien de subordination.
Article 34:
L'Avocat justifiant d'au moins sept (7) ans d'exercice effectif de la profession peut être élu aux
fonctions de membre du Conseil de surveillance d'une société commerciale ou d'administrateur
de société, après avoir sollicité préalablement l'autorisation du Conseil de l'Ordre de son
Barreau. La demande d'autorisation est adressée par lettre recommandée avec demande d'avis
de réception ou remise contre récépissé, au Conseil de l'Ordre et comporte en annexe un
exemplaire des statuts sociaux et, lorsque la société a au moins une année d'activité, une copie
du dernier bilan. Le Conseil de l'Ordre peut demander à l'Avocat de lui fournir toute explication
et tous documents utiles.
Article 35 :
La profession d'Avocat est compatible avec les fonctions d'enseignant vacataire. Les Avocats
peuvent également être désignés en qualité de suppléant de juge d'instance, de membres
assesseurs des tribunaux pour enfants ou des tribunaux paritaires de baux ruraux, des tribunaux
de travail, de membre des tribunaux des affaires de sécurité sociale, conformément aux
dispositions législatives et règlementaires en vigueur dans chaque Etat membre de l'Union.
Article 36 :
Les Avocats peuvent être chargés par l'Etat ou par tout organisme international de missions
temporaires, même rétribuées. Dans ces cas, les Avocats concernés ont l'obligation d'en
informer le Bâtonnier. Celui-ci saisit, dans les meilleurs délais, le Conseil de l'Ordre qui peut
interdire auxdits Avocats d'accomplir pendant lesdites missions, directement ou indirectement
les actes de leur profession. Dans l'acceptation ou l'accomplissement des missions, les Avocats
sont tenus aux obligations de confidentialité, de moralité, de probité, de loyauté et de
compatibilité relevant de leur profession.
Article 37 :
L'Avocat investi d'un mandat parlementaire ou de tout autre mandat électif public est soumis
aux incompatibilités édictées par la législation nationale applicable dans son Etat.

CHAPITRE Il : LES MODALITES D'EXERCICE DE LA PROFESSION

Article 38 :
Tout Avocat inscrit à l'un des Barreaux des Etats membres de l'UEMOA peut exercer dans les
conditions précisées, par voie de Règlement d'exécution, la profession suivant l'une des formes
ci-après: l'exercice individuel; l'association; la collaboration, le salariat; les sociétés civiles
professionnelles (SCP) ; les cabinets groupés; les sociétés civiles de moyens; le groupement
d'intérêt professionnel (GIP).

CHAPITRE III: REGLES PROFESSIONNELLES

Section 1 : Dispositions générales

Article 39 :
L'Avocat ne doit être, ni le conseil, ni le représentant, ni le défenseur de plus d'un client dans
une même affaire s'il existe un risque sérieux de conflit d'intérêts. Il doit s'abstenir de s'occuper
des affaires de tous les clients concernés lorsque surgit un conflit d'intérêts, lorsque le secret
professionnel risque d'être violé ou lorsque son indépendance risque de ne plus être entière. Il
ne peut accepter l'affaire d'un nouveau client si le secret des informations données par un ancien
client risque d'être violé ou lorsque la connaissance par l'Avocat des affaires de
l'ancien client favoriserait le nouveau client de façon injustifiée. Lorsque des Avocats exercent
en groupe, les dispositions des alinéas qui précèdent sont applicables au groupe dans son
ensemble et à tous ses membres.
Article 40 :
L'Avocat doit conduire jusqu'à son terme l'affaire dont il est chargé, sauf si son client l'en
décharge ou si lui-même décide de ne plus poursuivre sa mission, sous réserve, dans ce dernier
cas, que le client soit prévenu en temps utile pour pourvoir à la défense de ses intérêts. Il doit
observer les règles de prudence, de délicatesse et de diligence qu'exige la sauvegarde des
intérêts qui lui sont confiés par ses clients.
Article 41 :
Lorsque l'affaire est terminée ou qu'il en est déchargé, l'Avocat doit restituer, sans délai, les
pièces dont il est dépositaire. Les difficultés relatives à la restitution des pièces relèvent de la
compétence du Bâtonnier.
Article 42 :
L'Avocat a obligation, lorsqu'il plaide devant une juridiction extérieure au ressort de son
Barreau, de se présenter au Bâtonnier. Le Bâtonnier ou un membre du Conseil de l'Ordre, par
lui désigné, le présente au Président et au Magistrat du Ministère Public devant siéger à
l'audience.
Article 43 :
La désignation et la commission d'office ne peuvent être faites que par le Bâtonnier. Les
Avocats sont tenus d'y déférer, sauf motif légitime d'excuse ou d'empêchement admis par le
Bâtonnier.
Article 44:
L'Avocat, en toute matière, ne doit commettre aucune divulgation contrevenant au secret
professionnel. Il doit, notamment, respecter le secret de l'instruction en matière pénale, en
s'abstenant de publier des documents, pièces ou lettres intéressant une information en cours ou
de communiquer, sauf à son client pour les besoins de la défense, des renseignements extraits
du dossier.
Article 45 :
A l'exclusion de la publicité fonctionnelle assurée par le Bâtonnier, tout acte de publicité, de
démarchage ou de sollicitation est interdit à l'Avocat. La création de sites web ou de tout autre
support numérique destiné au public est subordonnée à l'autorisation préalable du Conseil de
l'Ordre.

Article 46 :
Le règlement intérieur du Conseil de l'Ordre de chaque Etat fixe les dispositions nécessaires
pour assurer l'information du public quant aux modalités d'exercice de la profession par les
membres du Barreau.
Article 47 :
Tout Avocat qui fait l'objet d'une action en justice doit en informer sans délai le Bâtonnier.
Section 2 : Domicile professionnel
Article 48:
Tout Avocat est tenu d'avoir un domicile professionnel. Est réputé domicile professionnel de
l'Avocat, le cabinet principal, et le cas échéant, le cabinet secondaire.
Article 49 :
L'ouverture d'un cabinet secondaire, en dehors du ressort territorial du Barreau d'origine, est
soumise aux conditions édictées par le Règlement relatif à la libre circulation et à l'établissement
des Avocats ressortissants de l'Union au sein de l'espace UEMOA.
Section 3 : Suppléance
Article 50 :
Lorsque l'Avocat est temporairement empêché d'exercer ses fonctions, il propose un ou
plusieurs suppléants, qui doivent recevoir l'agrément du Bâtonnier.
Article 51 :
Lorsque l'Avocat empêché se trouve dans l'impossibilité d'exercer son choix ou ne l'exerce pas,
le ou les suppléants sont désignés par le Bâtonnier. La suppléance ne peut excéder un an. A
l'issue de ce délai, elle peut être renouvelée une fois par le Bâtonnier pour une même durée.
Passé ce nouveau délai, il est fait application des règles de l'administration provisoire du présent
Règlement. Le suppléant assure la gestion du cabinet. Il accomplit lui-même tous les actes
professionnels dans les mêmes conditions qu'aurait pu le faire le suppléé.
Article 52 :
Le Bâtonnier porte à la connaissance du Procureur Général le nom du ou des suppléants choisis
ou désignés. Il est mis fin à la suppléance par le Bâtonnier soit d'office, soit à la requête du
suppléé, soit à la requête du suppléant. Le Procureur Général est informé par le Bâtonnier de la
fin de la suppléance.
Section 4 : Administration provisoire et liquidation
Article 53 :
Lorsqu'un Avocat fait l'objet d'une décision exécutoire de suspension provisoire, d'interdiction
temporaire, le Bâtonnier désigne un ou plusieurs administrateurs qui le remplacent dans ses
fonctions. L'administrateur perçoit, sur les ressources générées par le cabinet administré, une
indemnité forfaitaire dont le montant est fixé par le Bâtonnier. Il paie à concurrence de ses
rémunérations les charges afférentes au fonctionnement du cabinet. Le Bâtonnier informe le
Procureur Général de la désignation du ou des administrateurs. L'administration provisoire
cesse de plein droit dès que la suspension provisoire ou l'interdiction temporaire a pris fin.
Article 54:
En cas de décès ou de radiation, le Bâtonnier désigne un liquidateur du cabinet de l'Avocat
concerné. Il est mis fin à la mission du liquidateur par décision du Bâtonnier.

CHAPITRE IV : LES HONORAIRES ET DEBOURS

Section 1 : Fixation des honoraires

Article 55:
Les honoraires de l'Avocat, au titre de ses prestations, sont librement fixés par l'Avocat et son
client. Ils peuvent faire l'objet d'une convention écrite. A défaut de convention d'honoraire entre
l'Avocat et son client, les honoraires sont fixés conformément aux règles établies par chaque
Barreau.

Section 2 : Contestation en matière d'honoraires

Article 56 :
Les contestations concernant le montant ou le recouvrement des honoraires et des débours des
Avocats ne peuvent être réglées qu'en recourant à la procédure prévue par la présente section.
Toute contestation soulevée à l'expiration du délai de deux années suivant le versement de la
provision ou de l'honoraire par le client est irrecevable.
Article 57 :
Les réclamations sont soumises au Bâtonnier par toute partie. Le Bâtonnier ou le membre du
Conseil qu'il désigne instruit l'affaire et rend sa décision dans le délai de deux (2) mois. A
l'expiration de ce délai, la partie la plus diligente peut saisir le Premier Président de la Cour
d'Appel. Cette décision est notifiée, dans les quinze (15) jours de sa date, à l'Avocat et à la
partie, par le Secrétaire de l'Ordre, par tout moyen laissant trace écrite. La notification
mentionne, à peine de nullité, le délai et les modalités du recours.
Article 58 :
La décision du Bâtonnier est susceptible de recours devant le Premier Président de la Cour
d'Appel. Le Premier Président de la Cour d'Appel statue, conformément aux textes régissant la
matière telle que prévue par la législation nationale de chaque Etat membre. Le délai de ce
recours est d'un (1) mois à compter de la date de notification de la décision tranchant la
contestation d'honoraire.
Article 59 :
Lorsque la décision prise par le Bâtonnier n'a fait l'objet d'aucun recours, celle-ci est revêtue de
la formule exécutoire apposée par le Greffier en Chef de la Cour d'Appel au vu d'un certificat
de non contestation délivré par ce dernier.
Article 60 :
Lorsque la contestation est relative aux honoraires du Bâtonnier, l'affaire est soumise au doyen
du Conseil de l'Ordre, ou un ancien Bâtonnier désigné par le doyen du Conseil de l'Ordre.

TITRE V : LA DISCIPLINE DE LA PROFESSION

CHAPITRE PREMIER: LE CONSEIL DE DISCIPLINE

Article 61 :
Il est institué, au sein de chaque Barreau, un Conseil de discipline qui connaît des faits reprochés
à un Avocat ou à un Avocat stagiaire, de même qu'à un ancien Avocat dès lors qu'à l'époque où
les faits ont été commis, il était inscrit au tableau, sur la liste du stage ou sur la liste des Avocats
honoraires d'un Barreau.
Article 62 :
Le Conseil de discipline est présidé par le Bâtonnier et, en cas d'empêchement de celui-ci, selon
les règles particulières prévues par chaque Barreau. Lorsque, par suite d'empêchement de
plusieurs membres du Conseil de l'Ordre ou pour toutes autres causes, le quorum ne peut être
atteint, le Bâtonnier convoque, dans les plus brefs délais, l'assemblée générale de l'Ordre, qui
désigne, jusqu'à concurrence du quorum nécessaire, des remplaçants pour la durée de l'instance
ou de l'empêchement.

Article 63 :
Sans préjudice des poursuites pénales, tout manquement aux règles professionnelles, à la
probité, à l'honneur, à la dignité, à la loyauté, à la modération ou à la délicatesse, même se
rapportant à des faits extraprofessionnels, expose l'Avocat qui en est l'auteur aux sanctions
disciplinaires énumérées dans le présent Règlement.

CHAPITRE II -MANQUEMENTS ET SANCTIONS DISCIPLINAIRES

Article 64:
Les sanctions disciplinaires sont:
1) l'avertissement;
2) le blâme;
3) l'interdiction temporaire, qui ne peut excéder trois années;
4) la radiation du tableau des Avocats ou de la liste du stage, ou le retrait de l'honorariat.
L'avertissement, le blâme et l'interdiction temporaire peuvent être assortis de la privation du
droit de faire partie d'un Conseil de l'Ordre, ainsi que de celui d'être éligible au Bâtonnat pendant
une durée n'excédant pas dix (10) ans. Les sanctions disciplinaires peuvent faire l'objet d'une
publication dans les bulletins internes et les locaux de l'Ordre. L'interdiction temporaire et les
peines complémentaires confirmées en appel peuvent, en outre, faire l'objet d'une publication
dans un ou plusieurs journaux d'annonces légales. Cette publication est obligatoire en cas de
radiation.
Article 65 :
La sanction de l'interdiction temporaire peut être assortie du sursis. La suspension de la sanction
ne s'étend pas aux mesures accessoires prises en application de l'article 64. Si, dans le délai de
cinq (5) ans à compter du prononcé de la sanction, l'Avocat commet une nouvelle faute
occasionnant le prononcé d'une seconde sanction disciplinaire, celle-ci entraîne l'exécution de
la première sans confusion avec la seconde. La décision prononçant les sanctions prévues à
l'article 64 du présent Règlement est notifiée à tous les autres Barreaux de l'Union.
Article 66 :
L'Avocat radié ne peut être, ni inscrit au tableau, ni sur la liste du stage d'aucun autre Barreau
de l'Union.
Article 67 :
L'Avocat interdit temporairement doit, dès que la décision est passée en force de chose jugée,
s'abstenir de tout acte professionnel. Il ne peut en aucune circonstance faire état de sa qualité
d'Avocat. Il ne peut participer à l'activité des organismes professionnels auxquels il appartient.

CHAPITRE III – LA PROCEDURE DISCIPLINAIRE

Article 68:
Aucune sanction disciplinaire ne peut être prononcée sans que l'Avocat mis en cause n'ait été
entendu ou appelé, au moins quinze (15) jours à l'avance.
Article 69 :
Le Bâtonnier, sur sa propre initiative, ou à la demande du Procureur Général, ou sur la plainte
de toute personne intéressée, procède à une enquête sur le comportement de l'Avocat mis en
cause. Le cas échéant, il désigne, à cette fin, un rapporteur. Il classe l'affaire ou prononce le
renvoi devant le Conseil de discipline.
Article 70 :
L'Avocat est convoqué devant le conseil de discipline par lettre recommandée avec demande
d'avis de réception ou par tout moyen laissant trace écrite. La convocation comporte l'indication
des faits imputés et leur qualification. L'Avocat comparait en personne. Il peut se faire assister
par un Conseil. Les débats devant le Conseil de discipline ne sont pas publics.
Article 71 :
Durant l'enquête disciplinaire ou lors de l'instruction à l'audience, toute personne susceptible
d'éclairer l'instruction peut être entendue contradictoirement. Il est dressé procès-verbal de toute
audition; le procès-verbal est signé par la personne entendue.
Article 72 :
Toutes les pièces constitutives du dossier disciplinaire qui accompagnent le rapport
d'instruction doivent être cotées et paraphées. Une copie du dossier est délivrée à l'Avocat ou à
son Conseil, sur sa demande et à ses frais.
Article 73 :
Toute décision prise par le Conseil de discipline est notifiée à l'Avocat intéressé, au Procureur
Général et au plaignant. La notification est faite par le secrétariat de l'Ordre dans le mois du
prononcé de la décision, par lettre recommandée avec demande d'avis de réception ou par tout
moyen laissant trace écrite.
Article 74:
L'Avocat qui fait l'objet d'une sanction disciplinaire et le Procureur Général peuvent former un
recours contre la décision rendue par le Conseil de discipline. La juridiction paritaire d'appel
est saisie dans les conditions prévues par l'article 21 du présent Règlement. Elle statue dans le
délai de deux (2) mois à compter de sa saisine.
Article 75 :
Le Procureur Général assure et surveille l'exécution des sanctions disciplinaires.

TITRE VI : RESPONSABILITE CIVILE ET REGLEMENT PECUNIAIRE


DES AVOCATS

CHAPITRE PREMIER: RESPONSABILITE CIVILE

Article 76 :
Tout Avocat doit être couvert contre les conséquences pécuniaires de sa responsabilité civile
professionnelle par un contrat souscrit, auprès d'une entreprise d'assurances régie par le code
des assurances applicable dans les Etats membres de l'UEMOA. Cette assurance peut être
souscrite collectivement par le Barreau.
Article 77:
La responsabilité civile professionnelle de l'Avocat membre d'une société d'Avocats ou
collaborateur ou salarié d'un autre Avocat est garantie par l'assurance de la société dont il est
membre ou de l'Avocat dont il est le collaborateur ou le salarié. Toutefois, lorsque le
collaborateur d'un Avocat exerce en même temps la profession d'Avocat pour son propre
compte, il doit justifier d'une assurance couvrant la responsabilité civile professionnelle qu'il
peut encourir du fait de cet exercice.

CHAPITRE Il : CAISSE AUTONOME DE REGLEMENTS PECUNIAIRES DES


AVOCATS (CARPA)
Article 78 :
Il est créé au sein de chaque Barreau, entre les Avocats inscrits au tableau, une Caisse Autonome
de Règlements Pécuniaires des Avocats (CARPA) destinée à centraliser dans un compte unique
les fonds, effets ou valeurs reçus par les Avocats. L'inscription au tableau d'un Ordre emporte
d'office souscription au compte unique dans les livres de la Caisse Autonome de Règlements
Pécuniaires des Avocats (CAR PA) de cet Ordre. La Caisse Autonome de Règlements
Pécuniaires des Avocats (CARPA) reçoit également les fonds séquestres ainsi que les
consignations diverses à la requête des juridictions ou des personnes physiques ou morales.
Article 79 :
Le compte dans les livres de la Caisse Autonome de Règlements Pécuniaires des Avocats
(CARPA) est insaisissable. La Caisse Autonome de Règlements Pécuniaires des Avocats
(CARPA) est gérée par un Conseil d'administration, conformément aux dispositions en vigueur
en la matière, dans chaque Etat Membre.
Article 80 :
Il peut être institué une caisse autonome régionale de règlements pécuniaires des avocats à
l'initiative de la Conférence des Barreaux de l'UEMOA.
CHAPITRE III : REGLEMENT PECUNIAIRE ET COMPTABILITE DES AVOCATS

Section 1 : Règlement pécuniaire

Article 81 :
L'Avocat est tenu, lorsqu'il représente ou assiste son client, de procéder aux règlements
pécuniaires directement liés à son activité professionnelle, conformément aux dispositions
régissant le fonctionnement de la Caisse Autonome de Règlements Pécuniaires des Avocats
(CARPA).
Article 82 :
Nonobstant toutes dispositions contraires, l'Avocat ne peut procéder aux règlements pécuniaires
portant sur les fonds, effets ou valeurs reçus à l'occasion de son activité professionnelle que par
l'intermédiaire de la Caisse Autonome de Règlements Pécuniaires des Avocats (CARPA), sous
peine de sanction disciplinaire.

Section 2 : Règles et documents comptables

Article 83 :
Les opérations de chaque Avocat et ou cabinet d'Avocats sont retracées dans des documents
comptables destinés, notamment, à constater les versements de fonds et remises d'effets ou
valeurs qui lui sont faits au titre de ses opérations professionnelles, ainsi que les opérations
portant sur ces versements ou remises. Cette comptabilité est tenue dans les conditions prévues,
par les articles 87 et 88 du présent Règlement.
Article 84:
L'Avocat est tenu de présenter sa comptabilité à toute demande du Bâtonnier.
Article 85 :
Tous les versements de fonds ou remises d'effets ou valeurs à un Avocat ou cabinet d'Avocats
donnent lieu à la délivrance ou à l'envoi d'un accusé de réception s'il n'en a pas été donné
quittance.
Article 86 :
Le compte doit porter mention des sommes précédemment reçues à titre de provision ou de
frais. Avant tout règlement définitif, l'Avocat ou le cabinet d'Avocats remet à son client un
compte détaillé. Ce compte doit faire ressortir distinctement, d'une part, les frais et débours et,
d'autre part, les émoluments et les honoraires.
Article 87 :
Les formes dans lesquelles doit être tenue la comptabilité des Avocats sont fixées par le Conseil
de l'Ordre.

Article 88 :
La comptabilité des Avocats ou des cabinets d'Avocats est régie par les règles en vigueur dans
les Etats du siège de chaque Barreau.

TITRE VII - DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET FINALES

Article 89:
La durée des mandats du Bâtonnier et des membres du Conseil de l'Ordre en exercice au jour
de l'entrée en vigueur du présent Règlement, demeure régie par les dispositions en vigueur au
moment de leur élection. Les Etats membres de l'UEMOA mettront en place la juridiction
d'appel paritaire dans un délai de six (6) mois à compter de l'entrée en vigueur du présent
Règlement.
Article 90 :
La Commission prendra les actes d'application du présent Règlement, après avis de la
Conférence des Barreaux instituée par le Règlement relatif à la libre circulation et à
l'établissement des Avocats ressortissants de l'Union au sein de l'espace UEMOA.
Article 91 :
Demeurent applicables, les dispositions des législations et règlementations nationales des Etats
membres qui ne sont pas contraires au présent Règlement.
Article 92 :
Le présent Règlement abroge et remplace toutes dispositions antérieures contraires. Le présent
Règlement, qui entre en vigueur à compter du 1er janvier 2015, sera publié au Bulletin officiel
de l'UEMOA.

PARTIE 3: LA PRATIQUE JUDICIAIRE DEVANT LES JURIDICTIONS


CIVILES ET PENALES

TITRE I : LA PRATIQUE JUDICIAIRE DEVANT LES JURIDICTIONS CIVILES

Par « juridictions civiles », nous entendrons les juridictions statuant en matière civile et
commerciale. En matière civile et commerciale, la pratique judiciaire sera analysée sous l’angle
de l’instance judiciaire. Pour étudier les usages pratiqués devant ces juridictions, il faudra passer
en revue la procédure ordinaire ou procédure de droit commun, par opposition aux procédures
particulières (référé, requête, procédures gracieuses, etc…). Il s’agit de la procédure qui a
vocation à s’appliquer en l’absence de règles spéciales organisant l’instance civile. Cette
procédure est constituée de plusieurs étapes importantes, de l’introduction de l’instance à son
dénouement en passant par le déroulement de l’instance. Pour mieux appréhender les questions
importantes qui se posent dans la pratique juridictionnelle, nous étudierons d’abord
l’introduction de l’instance (chapitre I) ensuite son déroulement (chapitre II) et enfin le
dénouement de l’instance (chapitre III)

Chapitre I : L’introduction de l’instance civile.


En pratique, l’instance commence par une demande initiale qui est celle par laquelle un plaideur
prend l’initiative d’un procès en soumettant au juge ses prétentions. Il s’agit d’une demande
introductive d’instance. Mais, il nous faut voir d’abord, les modes de saisine des juridictions
civiles (section I) avant d’analyser les formalités supplémentaires à respecter (section II)

Section I : Les modes de saisine des juridictions civiles

Le code de procédure civile a organisé une diversité de modes de saisine des juridictions civiles.
Il s’agit notamment de la requête conjointe, de la comparution volontaire, de la déclaration au
greffe. Mais, l’assignation (paragraphe I) et la requête (paragraphe II) constituent les modes de
saisine les plus utilisés.

Paragraphe I : L’assignation

L’assignation est acte d’huissier (exploit d’assignation) par lequel le demandeur invite son
adversaire (le défendeur) à comparaitre devant un tribunal. Il s’agit donc d’une convocation à
comparaitre devant le tribunal. Il résulte de l’article 32 du Code de Procédure Civile que « les
instances en matière civile, commerciale et administrative sont introduites par voie
d’assignation volontaire des parties ». L’assignation obéit à des règles de forme. En effet, pour
être valable elle doit nécessairement contenir un certain nombre de mentions (A) et respecter
des délais dits d’ajournement (B)

A. Les mentions obligations de l’assignation

L’assignation doit d’abord comporter à peine de nullité des mentions propres aux actes
d’huissier (acte de signification, commandement de payer, sommation interpellative) en général
prévues par l’article 246 du Code de procédure civile qui stipule que « les exploits dressés par
les huissiers de justice contiennent notamment le nom du requérant, ses prénoms, profession,
nationalité et domicile réel ou élu, et le cas échéant les noms prénoms, profession et domicile
de son représentant légal ou statutaire ». L’assignation doit également comporter la date les
jours, mois et an, des noms, prénom et demeure de l’huissier, des noms, prénoms et demeure
du requis et de l’objet de l’acte. En outre, le Code de Procédure Civile prévoit que l’assignation
doit être signifié au requis, à personne, à domicile, à voisin ou même à mairie si la personne
refuse de prendre l’acte.

Certaines mentions sont propres à l’assignation en tant qu’acte introductif d’instance. Il s’agit
de l’exposé sommaire des moyens, de l’indication du tribunal qui doit connaitre de la demande,
de la date et de l’heure de l’audience. Ces mentions sont prescrites à peine de nullité de l’exploit
d’assignation, mais les juges en cas d’omission de certaines mentions, ne prononcent pas
automatiquement ladite nullité de l’exploit. Les magistrats appliquent à cet égard le principe
selon lequel « pas de nullité sans texte et pas de nullité sans grief ». La Cour Suprême du
Sénégal a déjà décidé, dans un arrêt du 25 novembre 1987 que la mention inexacte de l’adresse
du défendeur lorsque son identité est exacte ne constitue pas une formalité substantielle de
nature à entrainer l’annulation de l’exploit en l’absence de la caractérisation d’un grief. Mais,
la mention du nom de l’Huissier, la désignation du tribunal devant lequel le défendeur doit
comparaitre, la date de l’exploit d’assignation constituent des
formalités substantielles susceptibles d’entrainer la nullité de l’assignation même en l’absence
de la caractérisation d’un grief. .

B. Les délais d’ajournement

Les délais d’ajournement sont les délais qui doivent impérativement séparer le moment où
l’assignation est délivrée (servie) au défendeur et celui où l’audience doit se tenir. L’observation
de ces délais est dictée par des considérations liées au respect des droits de la défense. En effet,
il s’agit à travers ces délais de permettre au défendeur de préparer sa défense en attendant de
comparaitre devant le juge.

Ces délais varient suivant que le défendeur est domicilié sur le territoire ivoirien ou à l’étranger
et est prévu par l’article 34 du code de procédure civile qui dispose que : « Sauf consentement
des parties ou abréviation du délai par le juge, en cas d'urgence, il doit y avoir entre le jour de
l'assignation et celui indiqué pour la comparution, un délai de huit (8) jours au moins, si le
destinataire est domicilié dans le ressort de la juridiction. Ce délai est augmenté d'un délai de
distance de quinze (15) jours si le destinataire est domicilié dans un autre ressort et de deux
(2) mois s'il demeure hors du territoire de la République »..

Il ressort de cette disposition que pour les défendeurs domicilié en Côte d’Ivoire, le délai à
respecter entre la date de la signification de l’assignation à l’adversaire et la date de la première
audience d’évocation de l’affaire doit être d’au moins huit jours (8) si le défendeur est domicilié
dans le lieu où siège le tribunal compétent (l’on dit également le ressort de ce tribunal). Ce délai
d’ajournement est augmenté de quinze (15) jours lorsque la personne poursuivie est domiciliée
dans le ressort d’un autre tribunal, et dans les autres parties de la République. Si le défendeur
demeure hors du territoire de la République le délai de huit jours est augmenté d’un délai de
distance de deux mois pour celui qui demeure en Europe, en Afrique, en Amérique, en Asie ou
en d’autres termes si le défendeur demeure dans le reste du monde.

En principe, la sanction du non-respect du délai d’ajournement doit être la nullité de l’exploit


d’assignation toutes les fois où le demandeur à l’instance n’a pas obtenu une ordonnance
abréviative de délai, l’adversaire n’ayant pu comparaitre dans le délai imparti et n’ayant ainsi
pu faire valoir ses moyens de défense.

Paragraphe II : La requête

La requête est un mode normal de saisine des tribunaux. C’est ce qui résulte de l’article 32 du
Code de procédure civile qui dispose entre autres que : « Les instances en matière civile,
commerciale ou administrative, sont introduites par voie d'assignation, sauf comparution
volontaire des parties. Toutefois, dans les actions personnelles ou mobilières dont l'intérêt
pécuniaire, n'excède pas la somme de 500.000 francs, l'instance peut être introduite par voie de
requête ».
.
Selon ce texte les instances devant les tribunaux sont introduites en cas de procédure gracieuse
ou pour les litiges dont l’intérêt en jeu est faible, soit par requête écrite signée du demandeur
ou de son mandataire, soit par la comparution du demandeur accompagnée d’une déclaration
dont le procès-verbal est dressé par le greffier. Cette déclaration est signée du demandeur, ou
mention est faite qu’il ne sait signer. La requête doit généralement indiquer les prénoms, noms,
domiciles ou résidences du demandeur et du défendeur ainsi que l’énonciation de l’objet et des
moyens de la demande.

Le procès-verbal de dépôt de la requête au greffe doit contenir entre autres,

 la date du dépôt de la requête ;

 les noms, prénoms, profession, nationalité, domicile ou résidence du requérant, et le cas


échéant, mention de son avocat ou mandataire;

 élection de domicile, soit au siège de la juridiction, soit chez son avocat ou mandataire ;

 les noms, prénoms, domicile ou résidence du défendeur, ou s'il s'agit d'une personne
morale, de son représentant légal ou statutaire, et à défaut de son siège ;

 l'exposé des faits, l'objet de la demande et ses justifications éventuelles ;

 l'indication de la juridiction qui doit connaître de la demande, ainsi que les dates et
heures de l'audience.

La requête dans le cadre d’une procédure contentieuse, doit être signifiée à la partie adverse par
le biais d’un exploit d’huissier de justice à son domicile élu dans le respect des règles relative
au délai d’ajournement. En matière de divorce contentieux, le tribunal de première instance est
saisi par une requête en divorce. En matière de jugement d’hérédité le tribunal est saisi par une
requête aux fins de délivrance d’un jugement d’hérédité. Dans le cadre de la procédure sur
requête, le Président du Tribunal est également saisi par une requête. Par exemple, en matière
d’injonction de payer, la procédure est introduite par une requête aux fins d’injonction de payer
(article 2 de l’Acte uniforme sur les procédures simplifiées de recouvrement et des voies
d’exécution).

Cette requête doit comporter à peine d’irrecevabilité les noms et prénoms, professions des
parties, le siège social, la forme sociale des personnes morale. Toutes difficultés relatives à la
recevabilité de la requête et à l'établissement du procès-verbal seront jugées en dernier ressort
par le président de la juridiction sur simple requête du greffier, de la partie en cause, de son
représentant ou de son mandataire selon l’article 37 du CPC.

Section II : Le respect des formalités supplémentaires

Il ne suffit pas de délaisser au défendeur un acte introductif d’instance pour saisir la juridiction,
encore faudrait-il accomplir des formalités supplémentaires. Il s’agit de l’enrôlement
(paragraphe I) et de la consignation (paragraphe II). Ce n’est qu’à partir de ce moment que le
président répartit les dossiers entre les chambres du Tribunal ( paragraphe III)

Paragraphe I : L’enrôlement

La demande en justice ne se confond pas à la saisine effective du Tribunal. La saisine du tribunal


suppose l’accomplissement d’une formalité postérieure appelé enrôlement. En vertu des
dispositions du Code de procédure civile, le tribunal est saisi, à la diligence du demandeur, par
la remise au secrétariat du greffe au plus tard l’avant-veille de l’audience (deux jours avant la
date de la première comparution) de l’original de l’assignation ou d’une copie de la requête. A
cet effet, l’article 41 du CPC dispose que « Si l'instance est introduite par voie d'assignation, le
demandeur doit, au plus tard quarante-huit (48) heures avant l'audience, en déposer l'original
au greffe. Le numéro d'ordre du rôle général sera reproduit en tête des conclusions ».

Ces diligences sont en réalité destinées à l’accomplissement de la formalité de l’enrôlement.


L’enrôlement consiste à faire inscrire l’affaire au registre tenu au greffe du tribunal saisi, appelé
rôle général. Il s’agit d’un registre tenu au greffe sur lequel sont inscrites, dans leur ordre de
présentation, toutes les affaires portées devant ledit Tribunal C’est au demandeur de prendre
l’initiative de l’enrôlement au plus tard l’avant-veille de l’audience, en remettant l’original de
l’assignation au greffier.

Dès l'enrôlement, il sera établi au greffe de chaque juridiction, par affaire inscrite, un dossier
qui portera les noms et domiciles des parties, et s'il y a lieu les noms des avocats, le numéro et
la date de mise au rôle, l'objet de la demande et les dates successives de renvoi de l'affaire.
Seront déposés dans ce dossier et côtés par le greffier :

 le récépissé constatant la consignation de la provision au greffe ;

 l'original de l'exploit d'assignation ou copie du procès-verbal de dépôt visé à l'article


36, auquel sera jointe, le cas échéant, la requête écrite ;

 les conclusions ou notes des parties ou de leurs conseils avec mention de la date de
leur dépôt ;
 les pièces et documents versés par les parties ou les récépissés constatant leur retrait ;

 la copie des décisions prises par le juge de la mise en état ;

 la copie des jugements qui seront rendus successivement par la juridiction, et celle des
procès-verbaux et rapports dressés en exécution des jugements ou des décisions
rendues par le juge de la mise en état.

Le dossier sera conservé au greffe de la juridiction qui aura statué. Toutefois, les pièces et
documents seront restitués aux parties sur leur demande contre récépissé. (article 42 CPC)

Paragraphe II : La consignation

L’article 43 du CPC énonce que sauf dans les cas d’assistance judiciaire, le demandeur est tenu
lors de l’enrôlement de son acte introductif d’instance de consigner au greffe de la juridiction
qu’il entend saisir une somme suffisante pour garantir le paiement des droits de timbre et
d’enregistrement au droit fixe. Cet article précise en outre que « Il devra compléter cette
provision, si, en cours d'instance, elle se révèle insuffisante. Si cette insuffisance a pour origine
le dépôt de demandes reconventionnelles par le défendeur, le complément de provision sera
fourni par ce dernier. Le versement de la provision est constaté par récépissé délivré par le
greffier ».

A défaut de paiement de la provision, la demande est irrecevable et la décision d’irrecevabilité


est considérée comme une mesure d’administration judiciaire qui ne peut faire l’objet d’aucune
voie de recours. Mais, il faut préciser que dans certains cas et notamment lorsque le litige porte
sur une matière sociale (litige entre employeur et employés), la procédure est gratuite. Cette
gratuité ne concerne que les droits d’enregistrement et de timbre, à l’exclusion des droits de
délivrance des actes qui sont dus.

Paragraphe III : La répartition des affaires enrôlées.

Une fois que le tribunal est effectivement saisi, le président du tribunal procède à la répartition
des dossiers entre les chambres du tribunal. A titre d’exemple, au niveau du tribunal de première
instance d’Abidjan, il a été créées notamment une chambre civile, une chambre des affaires
familiales, une chambre de référé expulsion, une chambre immobilière, et plusieurs chambres
correctionnelles.

Dans la pratique des tribunaux, la répartition des affaires entre les différentes juridictions est à
la charge du greffier enrôleur du tribunal saisi. En cas d’erreur dans l’affectation de l’affaire
ou en cas de de mauvaise attribution, la juridiction saisie peut procéder par renvoi devant la
juridiction compétente. Ladite répartition des dossiers entre les chambres du tribunal est
fonction de la nature et de l’importance de l’affaire mais aussi de l’état des rôles des chambres.

Chapitre II : Le déroulement de l’instance


Une fois que le tribunal est saisi, l’instance doit se dérouler normalement. Mais, devant de
nombreuses juridictions, il arrive des cas où la procédure contentieuse proprement-dite (section
II) soit précédée d’une étape préalable de conciliation (section I).
Section I : Le préalable à la procédure contentieuse : la conciliation

En principe, les instances devant le tribunal de première instance sont dispensées du


préliminaire de conciliation sauf pour les litiges portant sur la contestation des ordonnances
d’injonction de payer et les actions en divorce dans lesquelles la conciliation est obligatoire.
Devant le tribunal du commerce et le tribunal du travail, la tentative de conciliation des parties
est une condition de recevabilité de l’action en justice.

Mais, l’obligation de conciliation peut d’une part résulter de la volonté des parties ou du juge.
En effet, d’abord, les parties peuvent comparaitre volontairement aux fins de conciliation
devant le juge compétent. Ensuite, le demandeur a la faculté de citer le défendeur en conciliation
en respectant les délais d’ajournement. Enfin, le juge saisi peut en tout état de la procédure
tenter la conciliation des parties, ces dernières pourront être assistées de leurs conseils.

Mais, devant le Tribunal du commerce, le tribunal du travail et parfois même du tribunal de


première instance, le préliminaire de la conciliation résulte souvent des exigences même de la
loi. Il en est ainsi en matière d’injonction de payer, où en cas d’opposition formée par le
débiteur, le tribunal est tenu de procéder à une tentative de conciliation. En effet, en vertu de
l’article 12 de l’acte uniforme sur les procédures simplifiées de recouvrement et des voies
d’exécution de l’OHADA « la juridiction saisie sur opposition procède à une tentative de
conciliation ». Ce n’est qu’en cas d’échec de la tentative de conciliation que le tribunal statue
sur la demande en recouvrement de la créance.

Il en est de même devant le Tribunal de première instance, en cas de divorce contentieux. Selon
les dispositions de la loi de 1964 sur le divorce, lors de la première comparution devant la
juridiction aux affaires familiales, le juge a l’obligation de procéder à une tentative de
conciliation, en tenant aux époux des observations qu’il croit nécessaires pour opérer la
réconciliation, hors la présence des conseils des parties. Ce n’est que lorsque la conciliation
échoue que la phase contentieuse est ouverte.

Dans la pratique, le tribunal de première instance a institué une audience des conciliations
présidée par un juge. Au cours de cette audience spéciale qui se tient en chambre de conseil, le
juge procède à la conciliation des parties. Si la conciliation aboutit le juge assisté du greffier
dresse un procès-verbal de conciliation. Ce procès-verbal est signé par les deux parties et déposé
au greffe. Cette conciliation met fin à l’instance et le procès-verbal de conciliation signé par le
juge et les parties constitue un titre exécutoire (V. article 33 de l’acte uniforme sur les
procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution de l’OHADA) Si la tentative
de conciliation échoue, ou n’a pas lieu, on entrera dans la procédure contentieuse

Section II : Le déroulement de la procédure contentieuse proprement-dite

Le déroulement de la procédure contentieuse devant le tribunal se subdivise en deux étapes


importantes, à savoir l’instruction des affaires (paragraphe I) et les débats (paragraphe II)

Paragraphe I : L’appel des causes et l’instruction des affaires

A- L’appel des causes

Selon l’article 46 du code de procédure civile, au jour fixé pour l'audience l’affaire est
obligatoirement appelée. Si le demandeur ne comparaît pas, ni personne pour lui, l’affaire est
rayée d’office, à moins que le défendeur ne sollicite jugement au fond. Si l’affaire n'est pas
inscrite au rôle, faute par le demandeur d’avoir consigné, elle sera renvoyée à cette fin, sur la
demande du défendeur et après consignation par ce dernier. Dans les deux cas, il sera statué par
jugement contradictoire. Si le demandeur se trouve dans l'impossibilité de se déplacer il peut
demander que le Tribunal statue sur pièces.

Si le défendeur ne comparaît pas, ni personne pour lui, il s’expose à ce qu’une décision soit
rendue contre lui. Cette décision rendue en l’absence du défendeur sera soit une décision de
défaut si l’assignation n’a pas été faite à partie, c’est-à-dire n’a pas été signifiée
personnellement à l’adversaire, mais a été donnée à un membre de sa famille ou son conjoint
par exemple. La décision sera dite « réputée contradictoire » si l’assignation a été faite à partie.

L’article 47 de son côté stipule que si, au jour fixé pour l'audience, les parties comparaissent ou
sont régulièrement représentées, le Tribunal peut :

1°) soit retenir l’affaire, s'il estime qu'elle est en état d'être jugée le jour même ;

2°) soit fixer la date à laquelle l'affaire sera plaidée et impartir les délais utiles à la
communication de pièces ou au dépôt de conclusions, ces délais devant être observés à peine
d'irrecevabilité desdites pièces et conclusions. Cette irrecevabilité sera prononcée d'office par
le tribunal à moins que l'inobservation des délais résulte d'un cas fortuit ou de force majeure.
Toutefois, les parties peuvent, par requête adressée au Président de la juridiction, obtenir
l'évocation de l'affaire avant le terme des délais fixés. La partie qui bénéficie de cette abréviation
de délais doit en aviser l'autre dans les quarante-huit (48) heures par exploit d'huissier, faute
de quoi, la date initiale est maintenue ;

3°) soit renvoyer l'affaire devant le Président d'audience ou devant le juge qu'il désigne parmi
les juges de la formation de jugement, pour être mise en état par ses soins.

Les décisions du Tribunal visées à l’article 46 précité du code de procédure civile sont des
décisions de pure administration judiciaire contre lesquelles aucun recours n'est possible.

B- Le déroulement de la mise en état

Il est rare qu’une affaire puisse être plaidée et jugée dès la première audience. Dans la plupart
du temps, il est nécessaire de procéder à une instruction. L’instruction des affaires renvoie à
leur mise en état. La mise en état d’une affaire consiste à mettre l’affaire en état d’être jugée.
C’est-à-dire qu’il s’agit de permettre aux parties d’échanger leurs conclusions, de veiller à la
communication des pièces, de procéder à des enquêtes ou expertises pour que le dossier puisse
être jugé dans des délais raisonnables.

Dans la pratique des Tribunaux de première instance et des cours d’appel, pour ce qui concerne
la plupart des affaires et notamment des affaires jugées urgentes (résiliation de bail
professionnel, opposition à ordonnance d’injonction de payer, opposition à contrainte,
opposition à jugement de défaut…), la mise en état est réalisée directement par la chambre
collégiale du Tribunal ou de la cour d’appel et non par le juge de la mise en état. Cette pratique
est conforme à l’esprit de célérité qui anime le traitement de ces procédures, puisque la mise en
état effectuée par la chambre permet un gain de temps certain. Au cours du déroulement de
l’instruction des affaires, le juge de la mise en état se voit reconnaitre des compétences (1) et
des pouvoirs considérables (2)
1. La compétence du juge de la mise en état

Lorsqu’elle est constituée, la juridiction de la mise en état a jusqu’à son dessaisissement une
compétence exclusive pour statuer sur certaines questions. En effet, le juge de la mise en état
est compétent pour statuer sur les exceptions de procédure (exception de nullité d’un acte de
procédure, d’incompétence, de connexité…), à l’exclusion des fins de non-recevoir (défaut de
qualité à agir, d’intérêt, autorité de la chose jugée) et des défenses au fond.Ainsi, l’article 48 du
code de procédure civile dispose que : Le juge chargé de la mise en état comme il est dit à
l'article précédent doit prendre toutes mesures qui lui paraissent nécessaires pour parvenir à une
instruction complète de l’affaire. A cet effet il peut notamment :

1°) inviter les parties. leurs conseils, leurs représentants, ou mandataires, à présenter sur leurs
prétentions respectives, les conclusions soit écrites, soit orales, dans ce dernier cas elles font
l'objet d'un procès verbal ;

2°) convoquer les parties, leurs conseils, leurs représentants ou mandataires aussi souvent qu'il
le juge nécessaire, leur faire toutes communications utiles, leur adresser des injonctions,
procéder à leur conciliation dans les formes prévues à l'article 134, leur donner acte de leur
désistement ;

3°) autoriser ou réclamer le dépôt de conclusions additionnelles, ainsi que de toutes pièces
utiles, en original on en copie, sauf au Tribunal à tirer toutes conséquences d'une abstention ou
d'un refus ;

4°) procéder à une enquête d'office ou à la demande des parties, ou commettre un juge d’un
autre ressort à cet effet ;

5°) ordonner une expertise, une vérification d’écriture, une descente sur les lieux, la
comparution personnelle des parties déférer d'office le serment ou commettre un huissier de
justice pour procéder à des constatations ;

6°) recevoir ou ordonner toute intervention, prescrire la jonction de deux ou plusieurs instances
instruites par ses soins sauf au Tribunal à prescrire, le cas échéant. la disjonction ;

7°) statuer sur les exceptions de caution ou de cautionnement, de communication de pièces et


de nullité d'acte, ainsi que les demandes de provision ad litem ;

8°) se prononcer sur les demandes de provision sur dommages-intérêts lorsque la responsabilité
ne sera pas contestée ou aura été établie par une décision passée en force de chose jugée
irrévocable ;

9°) ordonner même d’office une mise sous séquestre ou toutes mesures conservatoires.

Le juge chargé de la mise en état est assisté dans ses fonctions d'un greffier.

Le juge de la mise en état peut accorder une provision au créancier lorsque l’existence de
l’obligation n’est pas sérieusement contestable. La provision est une avance sur une somme
due. Il est compétent pour ordonner des mesures provisoires, même conservatoires, à
l’exception des saisies conservatoires, des nantissements ou des hypothèques conservatoires.
Enfin le juge de la mise en état ordonne, même d’office toute mesure d’instruction appropriée
(enquête, expertise…)
2. Les pouvoirs du juge de la mise en état

Le juge de la mise en état dispose de larges prérogatives dans le cadre de la conduite de


l’instance et ses pouvoirs tendent à s’accroitre. Ainsi, le juge de la mise en état veille au
déroulement loyal de la procédure, à la ponctualité de l’échange des conclusions et à la
communication des pièces. A cet égard, il peut entendre les avocats ou les parties et leurs
adresser des injonctions. Il fixe des délais pour accomplir des actes et peut accorder des
prolongations de délais. Il peut ordonner la jonction des instances présentant un lien de
connexité ou à des disjonctions. Enfin, il a le pouvoir de constater l’extinction de l’instance
notamment en cas de décès du demandeur ou de désistement d’instance.

Si les deux parties s’abstiennent d’accomplir les actes de procédure dans les délais, le juge de
la mise en état peut ordonner d’office la radiation de l’affaire par une décision non susceptible
de recours. Mais, le juge de la mise en état voit de plus en plus ses pouvoirs étendus même en
dehors de l’instance. Ainsi, il peut constater la conciliation entre les parties et statuer sur les
dépens. Ainsi, lorsque les parties se concilient en cours de procédure, le juge de la mise en état
constate la conciliation intervenue entre les partie et ordonne la radiation de l’affaire du rôle.
C. La clôture de la mise en état

La clôture de l’instruction est la fin de la mise en état. En principe, après la clôture de


l’instruction, aucune pièce ou conclusion ne peut être déposée par les parties. C’est pourquoi
dans la pratique judiciaire, avant de procéder à la clôture le juge de la mise en état renvoie
l’affaire pour vérification. Pendant ce temps, le juge vérifie l’état du dossier (dépôt de toutes
les conclusions et des pièces) statue éventuellement sur les exceptions de procédure (exception
d’incompétence, de connexité, de non communication des pièces, de nullité d’un acte de
procédure…). La clôture de l’instruction peut être d’abord ordonnée lorsque qu’à la fin de
l’instruction, l’affaire est en état d’être jugée. A cet effet, le juge va rendre une ordonnance de
clôture qui renvoie l’affaire devant le tribunal pour être jugée. Par ailleurs, la clôture de
l’instruction peut être ordonnée par le juge de la mise en état lorsque l’une des parties n’a pas
accompli les actes de procédure dans les délais.

L’ordonnance de clôture ne peut faire l’objet d’aucun recours. Lorsque l’affaire est clôturée, la
cause et les parties sont renvoyées devant la chambre collégiale pour la mise de l’affaire en
délibéré. Mais, l’ordonnance de clôture peut être révoquée en cas de cause grave dûment
justifiée depuis qu’elle a été rendue. Il en est ainsi par exemple, lorsqu’une partie après la
clôture de l’instruction, entend déposer des pièces déterminantes pour l’issue du litige. La
révocation de l’ordonnance de clôture peut être décidée par une ordonnance motivée d’office
par le juge de la mise en état ou à la demande des parties, ou même par une décision du tribunal.
La révocation de l’ordonnance de clôture permet la réouverture des débats et de l’échange des
conclusions et pièces.

Paragraphe II : Les débats

Les débats sont marqués par le principe de la publicité et l’oralité des débats (A) et le président
du tribunal au cours des débats dispose d’importants pouvoirs de police (B).

A. La publicité et l’oralité des débats.


Selon les dispositions du CPC « les audiences sont publiques, à moins que cette publicité ne
soit dangereuse pour l’ordre ou les moeurs, auquel cas la juridiction saisie le déclare par arrêt
ou jugement préalable, le ministère public entendu ». Ainsi, lorsque la publicité des débats
risque d’entrainer des troubles (des manifestations) ou lorsque l’affaire est relative aux moeurs,
le tribunal peut par jugement, après audition du Ministère public, décider que les débats se
feront à huit clos. Mais que les débats soient publics ou non, le CPC précise que « sauf
dispositions légales contraires, les jugements, en toute matière, sont prononcés publiquement
et doivent être motivés, à peine de nullité ». Dans la pratique, la procédure est souvent écrite,
les parties ou leurs avocats versent aux débats, à cet effet, des mémoires ou des conclusions.
Mais, le CPC dispose également que « à l’audience, les parties ou leurs mandataires sont
autorisés à présenter des observations orales ou à développer leurs conclusions déposées et
jointes au dossier ».

Dans la pratique des tribunaux, les parties plaident selon un ordre. Le demandeur d’abord,
ensuite le défendeur et si le demandeur le requiert la parole peut lui revenir. Mais, le défendeur
doit répliquer, il a la parole en dernier. Il appartient alors au juge de faire cesser les plaidoiries,
s’il le juge nécessaire. Dans certains cas, le Ministère public peut intervenir dans les débats,
notamment, lorsqu’il est partie jointe. Dans ce cas, il intervient pour donner son avis sur une
question portée à sa connaissance. Certaines affaires sont obligatoirement communiquées au
Ministère public ; il s’agit des affaires qui concernent l’état des personnes, les personnes
présumées absentes, l’ordre public, la causes des incapables, les récusations, et renvois pour
causes de parenté. Le procureur de la République peut néanmoins prendre communication de
toutes les autres causes dans lesquelles il croit son ministère nécessaire. Le tribunal peut même
l’ordonner d’office. La communication du dossier se fait au Parquet. Une fois les plaidoiries
achevées, les parties vont remettre au juge leurs dossiers et les débats seront alors clos, sauf si
le juge autorise leur réouverture.

B. La police des débats

Le président du Tribunal a la police des débats. Tout ce que qu’il ordonne pour le maintien de
l’ordre à l’audience est exécuté ponctuellement à l’instant. La même disposition est observée
dans les lieux où les magistrats et les greffiers exercent les fonctions de leur état. Le code de
procédure civile prévoit que « les parties sont tenues de s’exprimer avec modération et de
garder en tout le respect dû à la justice; si elles y manquent, le juge les y rappellera d’abord
par un avertissement; en cas de récidive, elles pourront être condamnées à une amende». Si un
ou plusieurs individus, quels qu’ils soient, interrompent le silence, donnent des signes
d’approbation ou d’improbation, soit à la défense des parties, soit aux discours et ordres des
magistrats, causent ou excitent du tumulte de quelque manière que ce soit, et si, après
l’avertissement du président, ils ne rentrent pas dans l’ordre sur le champ, il leur sera enjoint de
se retirer et les résistants seront saisis et déposés à l’instant dans la maison d’arrêt pour 24
heures. Si le trouble est causé par un individu remplissant une fonction près le tribunal, il outre
en outre être suspendu à temps de ses fonctions. Si le trouble se trouve causé par un avocat, le
président pourra, après un avertissement resté sans effet, lui enjoindre de se retirer de
l’audience, ce qui sera exécuté sur le champ.

Chapitre III : Le dénouement de l’instance


Le jugement est le principal mode d’extinction de l’instance. Il est défini comme l’acte
juridictionnel par lequel le juge tranche le litige qui lui est soumis. Mais, techniquement, on
admet qu’un jugement est une décision rendue par un tribunal alors qu’une ordonnance est une
décision rendue par un président de tribunal ou par un juge. Mais, tous les jugements ne mettent
pas fin à l’instance. En effet, les jugements avant dire droit ayant pour objet de prescrire une
mesure en vue de préparer le jugement définitif de l’affaire (expertise, enquête…) ne dénouent
pas l’instance. Après l’accomplissement de la mesure ordonnée par le jugement (dépôt du
rapport d’enquête ou d’expertise) l’instance est simplement reprise. Il nous faut voir les
préalables au jugement (Paragraphe I) avant d’analyser l’élaboration des jugements (paragraphe
II)

Section I : Les préalables au jugement


Les préalables au jugement visent les étapes préliminaires au jugement définitif des affaires. Il
s’agit de la mise en délibéré (A) et du délibéré (B)

Paragraphe I : La mise en délibéré

Dans les affaires simples où il n’y a guère de difficultés, il arrive que le jugement soit rendu
sur-le-champ. On dit que le jugement est rendu sur le siège. Par ailleurs, dans les cas moins
simples, les juges se retirent dans la chambre du conseil pour revenir ensuite prononcer le
jugement. Dans les deux cas le jugement est rendu le même jour. Mais, dans la plupart des cas
le prononcé du jugement est renvoyé à une date ultérieure et le président du tribunal indique la
date à laquelle l’affaire sera jugée. On dit que l’affaire est mise en délibéré. La mise en délibéré
est une prérogative exclusive du tribunal et non du juge de la mise en état qui lorsque l’affaire
est en état d’être jugée clôture l’instruction et renvoie la cause et les parties devant le tribunal
pour mise en délibéré. La mise en délibéré par le tribunal permet aux juges de mieux mûrir la
décision avant son prononcé.

Paragraphe II : Le délibéré

C’est la phase de réflexion que s’accorde le tribunal après avoir entendu les parties avant de
prononcer sa décision. On dit en pratique que le tribunal vide son délibéré lorsqu’il a prononcé
publiquement sa décision. C’est aussi le moment où, lorsque le tribunal ne statue pas à juge
unique, les magistrats discutent entre eux en vue de s’accorder sur la décision qui sera rendue.
Le délibéré est régi principalement par deux principes fondamentaux : le principe de la majorité
et le principe du secret. Le principe de la majorité en ce que au cours des délibérations le
jugement est pris à la majorité des magistrats composant la chambre. Ni le président de
chambre, ni les titulaires dans la chambre n’ont une voie prépondérante. C’est la loi de la
majorité qui s’impose. Il arrive souvent que les présidents de chambre soient minorisés au cours
de délibération. Le délibéré est en outre régi par le principe du secret. Les magistrats sont tenus
de garder le secret des délibérés, ils doivent se garder de révéler à des tiers les positions prises
par les membres de la chambre au cours des délibérations. D’ailleurs, l’obligation de garder le
secret des délibérés est inscrite dans la formule du serment prêté par les magistrats avant leur
entrée en fonction.

Section II : L’élaboration des jugements

Il nous faut étudier la rédaction des jugements (1) et ensuite la classification des jugements (2)
Paragraphe I : La rédaction des jugements

Une fois que les jugements sont prononcés à l’audience publique, ils doivent être
dactylographiés. Selon les dispositions du CPC, les jugements doivent comporter un certain
nombre de mentions, les noms des magistrats qui ont rendu le jugement, les noms des
représentants du Ministère public, les noms, profession et domicile des parties, le dispositif des
déclarations des parties , le dispositif des jugements avant dire droit. Les motifs des jugements
doivent aussi être inscrits dans le jugement. En outre, le jugement doit être revêtu de la signature
du greffier et du juge.
Dans la pratique, c’est le greffier audiencier qui a l’obligation, sous la surveillance du greffier
en chef, d’assurer dans les deux semaines du prononcé du jugement, la dactylographie et la
présentation de la décision à la signature du magistrat qui l’a rendue.
Le président du Tribunal et le greffier signent chaque jugement dans un délai maximum de 25
jours à compter de son prononcé. Mais, ces délais ne sont pas toujours respectés dans la pratique
en raison du volume important du contentieux.

Paragraphe II : La classification des jugements

En droit judiciaire privé, plusieurs classifications peuvent être retenues :

A. Jugements contradictoires et jugements par défaut

Le jugement contradictoire est un jugement rendu dans une instance où les parties ont comparu
personnellement ou se sont fait représentées par leurs conseils ou représentants. Le jugement
par défaut est une décision rendue à l’issue d’une instance à laquelle le défendeur n’a ni
comparu ni été représenté. Seul le jugement rendu par défaut peut donner ouverture à
l’opposition.

B. Jugements contentieux et jugements gracieux

Le jugement contentieux tranche le fond du litige au principal ou sur un incident (exception, ou


fin de non recevoir). Ex : un jugement qui condamne une personne à payer une somme d’argent.
Le jugement gracieux est une décision par laquelle le juge ne tranche pas une contestation mais
se contente d’opérer un contrôle exigé par la loi, en vue de donner un effet juridique à un acte
privé. Par exemple le jugement de divorce par consentement mutuel, le jugement homologuant
un concordat, le jugement d’homologation du partage amiable en matière de succession.

C. Jugement définitifs et jugements avant dire droit.

Le jugement définitif tranche une contestation sur le fond du litige. Exemple : un jugement qui
se prononce sur une demande de restitution en y faisant droit. Le jugement avant dire droit est
une décision qui en préparation la solution à donner à un litige, se borne à ordonner une mesure
d’instruction (enquête, expertise) ou une mesure provisoire (provision, garde provisoire d’un
enfant) sans trancher le principal du litige. Les jugements avant dire droit se subdivisent en
deux catégories. Il s’agit des jugements préparatoires et des jugements interlocutoires.

Selon le CPC, les jugements préparatoires sont les jugements rendus pour l’instruction de la
cause et qui tendent à mettre l’affaire en état de recevoir un jugement définitif. Exemple : un
jugement désignant une expertise pour évaluer la valeur vénale d’un immeuble. Par contre, les
jugements interlocutoires sont des décisions rendus lorsque le tribunal ordonne avant dire droit
une mesure qui préjuge du fond du litige. Les jugements interlocutoires peuvent faire l’objet
d’un appel avant même l’intervention du jugement sur le fond ; alors que les jugements
préparatoires ne peuvent faire l’objet d’un appel après le jugement sur le fond.

TITRE II: LA PRATIQUE JUDICIAIRE DEVANT LES JURIDICTIONS PENALES

Devant les juridictions répressives malgré le principe de la légalité criminelle qui postule une
interprétation restrictive de la loi pénale, il s’est développé dans la pratique plusieurs usages
qui souvent tendent à compléter le dispositif pénal. L’analyse de ces usages du palais se fera au
regard de l’instance pénale, c'est-à-dire elle sera articulée autour du déroulement proprement
dit du procès pénal ( poursuite, instruction et jugement) Il s’agira ainsi d’analyser l’étape
préalable au jugement des auteurs d’infractions pénales ( titre I) avant d’étudier l’étape du
jugement proprement dit (titre II)

SOUS-TITRE I : L’étape préalable au jugement des auteurs d’infractions pénales

Le procès pénal est ponctuée de phases au cours des quelles les parties et les autorités publiques
accomplissent diverses formalités. Mais, dans la phase antérieure au jugement des infractions,
il importera d’étudier la poursuite auteurs d’infractions (chapitre I) et l’instruction des affaires
pénales (chapitre II)

CHAPITRE I : LA POURSUITE DES AUTEURS D’INFRACTIONS

La poursuite est la première étape du procès pénal après l’enquête préliminaire. La poursuite
consiste au déclenchement de l’action publique. Il nous faut d’abord étudier les organes chargés
de la poursuite (section I) avant d’analyser spécifiquement la décision de poursuite (section II)

Section I : Les organes de poursuites

En règle générale, la décision de mettre en mouvement ou non l’action publique est prise par
un service public spécialisé dans cette tâche : le Ministère Public (paragraphe I). Mais
exceptionnellement, l’action publique peut être déclenchée sans l’intervention du Parquet par
la victime qui porte son action civile devant la juridiction répressive (paragraphe II)

Paragraphe I : Le Ministère public

Le Ministère public ou Parquet est constitué des magistrats du parquet encore appelés «
magistrats debout » parce qu’ils se lèvent à l’audience pour prendre leurs réquisitions6. Il
s’agira de revenir sur l’organisation du Ministère Public (A) avant d’étudier ses caractères (B)

A. L’organisation du Ministère Public

Il s’agira de distinguer le ministère public près les juridictions ordinaires (1) du ministère public
près les juridictions d’exception (2).

1. Le ministère public près les juridictions ordinaires


Auprès du tribunal de première instance, le ministère public est représenté par le Procureur de
la République ou ses adjoints. Dans les sections détachées des tribunaux de première instance,
le ministère publique est assuré par le substituts du procureur résident ou même par le Président
de cette juridiction, sous le contrôle direct du Procureur de la République du TPI de
rattachement. En cas d’empêchement ou d’absence momentanée du procureur de la République,
il est remplacé, s’il n’a pas de substituts, par un juge commis à cet effet par le Président du
Tribunal de première instance, sur sa proposition ou à défaut sur celle du Procureur Général.
près de la cour d’appel.

Au près de la cour d’appel et des cours d’assises, le ministère public est représenté par le
Procureur Général en personne, ou par ses substituts que l’on appelle substituts généraux ou
avocats généraux selon leur grade., Auprès de la Cour d’appel, le parquet est représenté par le
Procureur Général ou par ses avocats généraux.

2. Le ministère public près les juridictions d’exception

Devant la Haute Cour de Justice, les fonctions du ministère public sont assurées par le Procureur
Général près la cour suprême. Devant le tribunal militaire, le ministère public est représenté
par le procureur militaire lorsque l’infraction a été commise par un militaire dans l’exercice de
ses fonctions. Devant le tribunal pour enfants, le ministère public est assuré par un substitut du
Procureur de la République chargé cumulativement avec ses fonctions, des poursuites et du
règlement des affaires concernant les mineurs.

B. Les caractères du Ministère Public

Le statut du Ministère Public présente des spécificités par rapport à la condition des magistrats
du siège. La condition du Parquet est caractérisée par la substitution hiérarchique(1),
l’indivisibilité (2) l’irresponsabilité (3) et l’irrécusabilité (4)

1. La substitution hiérarchique.

D’abord, les magistrats du parquet sont soumis à une hiérarchie. Ainsi, il résulte de la loi
organique portant statut des magistrats que les magistrats du parquet sont placés sous la
direction et le contrôle de leurs supérieurs hiérarchiques et sous l’autorité du Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice. De même, les dispositions du code de procédure pénale disposent que le
Garde des Sceaux, Ministre de la justice peut dénoncer au Procureur Général les infractions à
la loi pénale dont il a connaissance, lui enjoindre d’engager ou de faire engager les poursuites
ou de saisir la juridiction compétente de telles réquisitions écrites qu’il juge opportunes.

Il ressort donc que si le ministre de la Justice peut donner l’ordre de poursuivre, il ne peut
toutefois ordonner le classement d’une affaire. On dit que l’ordre de poursuivre est légal mais
l’ordre de ne pas poursuivre est illégal. Par ailleurs, parallèlement à ces instructions
particulières concernant une procédure, le ministre peut agir par voie de circulaire pour définir
une politique pénale laquelle est destinée à assurer une application coordonnée et cohérente de
la loi répressive. Dans sa lancée le CPP, prévoit que le Procureur général a autorité sur tous les
magistrats du ministère public du ressort de la cour d’appel. Ces dispositions précisent qu’à
l'égard de ces magistrats, il a les mêmes prérogatives que celles reconnues au Ministre de la
Justice. Il est donc le chef hiérarchique de tous les membres du ministère public dans le ressort
de sa Cour d’Appel.

Enfin il y a lieu cependant de souligner que le législateur ne confère pas au Procureur Général
près la cour Suprême cette autorité sur les parquets. En résumé on peut dire que le Procureur
Général a un pouvoir de direction sur les Procureurs de la République de son ressort qui ont les
mêmes prérogatives sur leurs substituts et sur leurs délégués. Cependant ce pouvoir comporte
une limite puisqu’à l’audience, lorsqu’il requiert, le magistrat du parquet est libre de dire tout
ce qu’il croit au bien de la justice. On exprime cette idée en disant que « la parole est libre et
la plume serve »

2. L’indivisibilité
L’indivisibilité du ministère public signifie que chacun de ses magistrats représente le parquet
tout entier. C’est l’expression de la règle « un pour tous et tous pour un ». C’est pour cette
raison qu’ils peuvent se remplacer mutuellement l’un débutant une audience et prenant la parole
pour poser des questions, l’autre terminant la même audience en prenant des réquisitions. De
même, un acte portant mention du Procureur de la République peut très bien être signé par l’un
de ses substituts ou délégué. Il en est autrement pour les magistrats du siège qui à l’occasion du
jugement d’une affaire, sont tenus de poursuivre leur office jusqu’au prononcé de la décision.

3. L’irresponsabilité

Les magistrats du parquet sont irresponsables. A la différence de la partie civile qui en cas de
non lieu peut être condamné à des dommages intérêts, le Ministère Public qui a intenté à tort
l’action publique ne peut jamais être condamné à des dommages intérêts envers le prévenu
acquitté. Mais, cette irresponsabilité n’est pas totale. S’il commet une faute personnelle, sa
responsabilité civile peut être mise en jeu, comme pour les magistrats du siège, par la procédure
de prise à partie. S’il commet une infraction, il pourra être poursuivi mais il bénéficie d’un
privilège de juridiction.

4. L’irrécusabilité

Le Ministère public en tant que partie privilégiée du procès pénal est irrécusable. Alors qu’un
juge au siège peut être récusé aussi ben en matière civile que pénale, le magistrat du parquet ne
peut être récusé. Le plaideur ne peut récuser son adversaire.

Paragraphe II : La victime

Le parquet n’est pas seul à pouvoir prendre une décision de poursuite. Celle-ci peut émaner de
la victime. En effet, la victime d’une infraction à la loi pénale peut porter son action civile
devant la juridiction pénale en se constituant partie civile. Elle peut se constituer partie civile
devant le juge d’instruction, devant la juridiction de jugement ou l’officier de police judiciaire.
Mais, la mise en mouvement de l’action publique par la victime elle-même est un acte qui
engage sa responsabilité; puisqu’accompli de mauvaise foi, il peut l’exposer à des dommages
intérêts s’il a eu lieu de façon imprudente ou intempestive.

Section II : Le sens de la décision


Saisi de faits supportant une qualification pénale, le Ministère public a le choix entre abandon
des poursuites (paragraphe I) et l’exécution de la décision de poursuite (paragraphe II).

Paragraphe I : L’abandon des poursuites

L’abandon des poursuites peut intervenir soit dans le cadre d’un classement sans suite soit après
une médiation pénale.

A. Le classement sans suite

Le pouvoir de classement sans suite ressort de l’article 40 du code de procédure pénale qui
dispose notamment que le Procureur de la République peut décider de classer l’affaire sans
suite. Mais le procureur doit dans ce cas adresser au plaignant un avis de cette décision dans les
huit jours de celle-ci. Cet avis doit comporter notamment la mention que le plaignant peut, s’il
le désire, prendre l’initiative de mettre l’action publique en mouvement en se constituant partie
civile. Ce pouvoir est une manifestation de la règle de l’opportunité des poursuites qui permet
au Procureur de la République d’apprécier librement la suite à donner aux plaintes
dénonciations et autres enquêtes.

Cette règle de l’opportunité des poursuites comporte néanmoins des limites prévues par la loi.
D’abord, la poursuite de certaines infractions subordonnée à un plainte préalable de la victime
(adultère, diffamation contre un particulier, vol entre ascendants et descendants). Ensuite, la
poursuite peut être subordonnée à une mise en demeure préalable. C’est le cas pour le délit
d’abandon de famille (abandon de foyer) dont se rend coupable le père ou la mère de famille
ou le conjoint qui abandonne sans motif grave, pendant plus de deux mois, la résidence familiale
; la poursuite n’est possible que quinze jours après une interpellation du délinquant par un
officier de police judiciaire ou un huissier.

Enfin, dans certains cas exceptionnels, la décision de poursuivre peut se trouver paralysée par
l’existence d’une question préjudicielle à l’action. Il s’agit de questions de pur droit privé qui
ne peuvent être tranchées que par une juridiction civile ou commerciale. Il faut distinguer la
question préjudicielle à l’action de la question préjudicielle au jugement. La question
préjudicielle au jugement n’empêche pas la mise en mouvement de l’action publique ; elle
oblige seulement la juridiction répressive à surseoir à statuer jusqu’à ce que le tribunal
compétent pour trancher l’exception préjudicielle ait rendu sa décision. Par exemple,
l’exception de propriété immobilière soulevée devant une juridiction pénale est une question
préjudicielle au jugement. Cependant, l’exception préjudicielle à l’action, dont il est question
ici, ne suspend pas seulement le jugement, elle fait obstacle à tout acte de poursuite.

2. La médiation pénale

Elle est prévue par l’article 40 du code de procédure pénale qui prévoit que le Procureur de la
République, peut préalablement à la décision sur l’action publique, et avec l’accord des parties
soumettre l’affaire à la médiation ou à la transaction pénale s’il apparaît qu’une telle mesure est
susceptible d’assurer la réparation du dommage causé à la victime, mettre fin au trouble
résultant de l’infraction et contribuer au reclassement de l’auteur. A souligner que la solution
retenue par cette médiation ou transaction ne doit être ni contraire à l’ordre public, ni aux bonnes
moeurs. En cas d’échec de la médiation pénale, le Procureur de la République apprécie alors
l’opportunité d’engager des poursuites. Cependant le législateur prévoit, dans le cas de
poursuites, que les informations recueillies dans le cadre de la médiation ne peuvent être
utilisées contre l’une ou l’autre partie.

Paragraphe II : L’exécution de la décision de poursuite

Une fois la décision d’engager des poursuites pénales prise, le Procureur de la République a le
choix entre trois modes de poursuites, à savoir le flagrant délit (A), la citation directe (B) et
l’information judiciaire (C)

A. Le flagrant délit

Il s’agit d’une procédure de comparution rapide devant la juridiction de jugement qui est
règlementée pour l’essentiel par les articles 53 à 73 du code de procédure pénale. Il est utilisé
dans deux cas : en cas de délit flagrant lorsque le fait est puni d’une peine d’emprisonnement
ou alors lorsqu’il existe contre une personne des indices graves et concordants de nature à
motiver son inculpation pour une infraction correctionnelle et lorsque cette personne reconnaît
devant le procureur de la république avoir commis les faits constitutifs du délit considéré. La
procédure du flagrant délit ne peut être utilisée en cas matière de délit de presse, de délits
politiques et dans tous les cas où une loi spéciale exclut son application.

Lorsque le procureur de la république décide de recourir à la procédure de flagrant délit, il


interroge la personne déférée sur son identité et sur les faits qui lui sont reprochés, ce en
présence de son avocat. Il dresse à l’occasion un procès verbal d’interrogatoire de flagrant délit
qui est l’acte de saisine du tribunal des flagrants délits. Après avoir recueilli ses déclarations et
permis éventuellement à son conseil de lui poser des questions, le Procureur de la République
peut décider de placer le mis en cause sous mandat de dépôt. Le procureur de la République
peut également laisser l’inculpé en liberté provisoire. Il saisit ensuite immédiatement la
juridiction de jugement.

Les articles précités du code de procédure pénale prévoient que cet individu doit être traduit sur
le champ à l’audience du tribunal et s’il n’est point tenu d’audience, il est déféré à l’audience
du lendemain, le tribunal étant au besoin spécialement convoqué à la requête du ministère
public. Dans la pratique, le ministère public se limite à enrôler l’affaire à une audience assez
proche, le mis en cause comparaissant devant la juridiction de jugement dans la semaine de son
placement sous mandat de dépôt. En raison de la rapidité de cette procédure, le législateur
prévoit à peine de nullité du jugement, que le président du tribunal doit avertir le prévenu de
son droit de demander un délai pour préparer sa défense. Lorsque le prévenu use de cette faculté,
le délai qui est accordé ne pourra être inférieur à trois jours.

B. La citation directe

C’est une procédure qui permet soit au ministère public (citation directe à la requête du Parquet)
soit à la victime de l’infraction (citation directe à la requête de la victime) de saisir directement
la juridiction de jugement en informant le prévenu par exploit d’huissier de la date et du lieu de
l’audience ainsi que des faits à lui reprochés. L’exploit doit également préciser les textes
applicables. Il est remis à l’intéressé contre signature de l’original. Lorsque la citation directe
est faite à l’initiative de la victime, sa recevabilité est subordonnée au versement d’une
consignation fixée par la juridiction de jugement. Une fois cette juridiction régulièrement saisie,
celle-ci peut lorsqu’elle n’est pas suffisamment éclairée sur un point, ordonner un supplément
d’information dont l’exécution sera confiée à un de ses membres qui peut donner des
commissions rogatoires ou des délégations judiciaires dans le cadre de sa mission.
C. L’information judiciaire

C’est la procédure par laquelle, le Procureur de la République, par la délivrance d’un


réquisitoire introductif, demande au juge d’instruction de mener une enquête sur des faits qu’il
considère comme une violation de la loi pénale. Le réquisitoire peut être délivré soit contre une
ou des personnes dénommées (réquisitoire nominatif) soit contre un inconnu que le juge
d’instruction devra identifier. Il doit cependant obligatoirement qualifier les faits et viser les
textes de loi applicables ce d’autant qu’il fixe la saisine du juge d’instruction. En cours
d’information, le procureur peut étendre cette saisine en délivrant au juge d’instruction un
réquisitoire supplétif.

Dans ce réquisitoire introductif, le procureur de la République peut solliciter l’exécution de


certains actes comme le placement sous mandat de dépôt, le placement sous contrôle judiciaire,
ou encore la délivrance d’un mandat d’arrêt ou la prise de mesures conservatoire sur les biens
de l’inculpé. A ce réquisitoire est généralement annexé le procès-verbal d’enquête ou tout autre
document pouvant justifier l’ouverture de l’information. En matière criminelle, la procédure
d’information est obligatoire ; elle est en effet la seule voie ouverte au Procureur de la
République. En matière correctionnelle, la voie de l’information est utilisée lorsque les faits
sont complexes et nécessitent des investigations poussées, lorsque l’auteur est inconnu ou en
fuite. Elle peut également être utilisée en matière de délits politiques ou de presse.

CHAPITRE II : L’INSTRUCTION

L’instruction ou information judicaire est la phase du procès au cours de laquelle le juge


d’instruction saisi par le Parquet ou par une plainte avec constitution de partie civile accomplit
les actes utiles à la manifestation de la vérité. Au cours de cette étape du procès pénal, le
magistrat instructeur recueille les preuves de l’infraction et décide du renvoi devant la
juridiction de jugement de l’inculpé. Pour mieux comprendre l’instruction préparatoire, il
importe d’une part d’étudier la saisine du juge d’instruction (section I) avant d’analyser les
pouvoirs du juge d’instruction (section II)

Section I : La saisine du juge d’instruction

Le principe de la séparation des autorités de poursuite et des juridictions d’instruction interdit


au juge d’instruction de se saisir lui-même. Il doit être investi du pouvoir d’informer sur une
affaire déterminée par un acte émanant d’une personne ou d’une autorité tierce. De façon
générale, le juge d’instruction peut être saisi aussi bien par un réquisitoire introductif émanant
du Ministère Public (paragraphe I) que par une plaine avec constitution de partie civile
émanant de la partie civile (paragraphe II)

Paragraphe I : Le réquisitoire introductif

Le réquisitoire introductif ou réquisitoire aux fins d’informer ou de soit-informer peut être


défini comme l’acte par lequel le procureur de la République qui met en mouvement l’action
publique devant le juge d’instruction si le fait semble être un crime ou un délit. En vertu de
l’article 78 du CPP, dans son réquisitoire introductif, et à toute époque de l’information par
réquisitoire supplétif, le Procureur de la République peut requérir du magistrat instructeur tous
actes lui paraissant utiles à la manifestation de la vérité. Dans la pratique, le réquisitoire
introductif comporte un certain nombre de mentions; Il s’agit du nom du magistrat qui l’a
délivré, du nom du mis en cause, de l’infraction pour laquelle il est poursuivi.

Mais dans certaines matières la loi a prévu des mentions supplémentaires à peine de nullité.
Ainsi, en matière d’infractions de presse, le CPP énonce que si le ministère public requiert une
information, il sera tenu dans son réquisitoire introductif d’articuler et de qualifier les
provocations, outrages, diffamations et injures avec indication des textes applicables à peine de
nullité du réquisitoire. Le réquisitoire introductif est l’acte de saisine du juge d’instruction et en
tant qu’acte de poursuite fait courir le délai de prescription de l’action publique. Le juge
d’instruction saisi d’un réquisitoire introductif est en principe tenu d’informer. Mais, si les faits
visés dans le réquisitoire ne supportent aucune qualification pénale ou sont affectés par une
cause d’extinction de l’action publique (prescription, abrogation de la loi pénale, amnistie), le
juge d’instruction peut rendre une ordonnance de non-informer.

Le Procureur de la République ne peut saisir le juge d’instruction de réquisitions de non


informer que si, pour des causes affectant l’action publique elle-même, les faits ne peuvent
légalement comporter une poursuite ou si, à supposer ces faits démontrés, ils ne peuvent
admettre aucune qualification pénale. Dans le cas où le juge d’instruction passe outre, il doit
statuer par une ordonnance motivée.

Paragraphe II : La plainte avec constitution de partie civile

Toute personne qui se prétend lésée par un crime ou un délit peut, en portant plainte devant le
juge d’instruction, se constituer partie civile et déclencher par la même occasion l’action
publique. Selon le CPP la plaine avec constitution de partie civile devant le juge d’instruction
peut se faire par la victime soit en comparaissant personnellement ou par ministère d’avocat,
soit par lettre. Dans la pratique, elle résulte d’une lettre adressée au magistrat datée et signée de
son auteur en précisant les faits allégués et si possible leur auteur. Si la plainte est faite
oralement, le procès verbal dressé par le juge contiendra les mêmes mentions. La plainte peut
préciser en ce moment ou ultérieurement le montant de la réparation demandée. La constitution
de partie civile peut avoir lieu à tout moment de l’instruction.

La loi a prévu l’obligation pour la victime qui ne demeure pas dans le ressort de la juridiction
où se fait l’instruction d’y élire domicile par acte au greffe de cette juridiction. A défaut, elle
ne peut opposer le défaut de signification des actes qui auraient dû lui être signifiés. Lorsque
ces conditions sont respectées, le magistrat instructeur communique la plainte au procureur par
ordonnance de communication pour obtenir ses réquisitions La plainte avec constitution de
partie civile obéit à une autre condition liée à la consignation. Il résulte que, la partie civile qui
met en mouvement l’action publique doit, si elle n’a obtenu l’assistance judiciaire, et sous peine
de non recevabilité de sa plainte, consigner au greffe la somme présumée nécessaire pour les
faits de la procédure. Cette somme est fixée par ordonnance du juge d’instruction ; à cet effet,
il rend une ordonnance de consignation.

La plainte avec constitution de partie civile saisit le juge d’instruction et l’oblige à ouvrir une
information et à la mener jusqu’au prononcé d’une ordonnance de clôture. Cette solution a été
consacrée par l’arrêt Laurant Atthalin rendu par la chambre criminelle de la Cour de cassation
du 8 décembre 190617. Cette solution est considérable puisqu’elle donne à la victime un rôle
de premier plan dans la répression en lui permettant de vaincre l’inertie ou l’opposition du
Parquet aux poursuites. Mais, la victime encoure une certaine responsabilité dans la mise en
mouvement de l’action publique.

Selon le CPP, quand, après une information ouverte sur constitution de partie civile, une
décision de non lieu a été rendue, l’inculpé et toutes personnes visées dans la plainte, et sans
préjudice d’une poursuite pour dénonciation calomnieuse, peuvent, s’ils n’usent de la voie
civile, demander des dommages et intérêts au plaignant. L’action en dommages et intérêts doit
être introduite dans les 3 mois du jour où l’ordonnance de non-lieu est devenue définitive. Elle
est portée par voie de citation devant le tribunal correctionnel où l’affaire a été instruite. En cas
de condamnation, le tribunal peut ordonner la publication intégrale ou par extrait de son
jugement dans un ou plusieurs journaux qu’il désigne, aux frais du condamné.

Section II : Les pouvoirs du juge d’instruction

Le juge d’instruction possède dans la recherche des preuves des pouvoirs considérables. Il jouit
d’une grande indépendance dans la conduite de l’instruction. Il est en effet libre d’apprécier
l’utilité et l’opportunité des actes d’instruction nécessaires et dans l’ordre qui lui convient. A
cet égard, le juge d’instruction a des pouvoirs d’instruction (paragraphe I) et des
pouvoirs de jugement (paragraphe II).

Paragraphe I : Les pouvoirs d’instruction du juge d’instruction

Le juge d’instruction est d’abord un enquêteur chargé d’accomplir des actes utiles à la
manifestation de la vérité. Selon le CPP, le juge d’instruction procède, conformément à la loi,
à tous les actes d’information qu’il juge utiles à la manifestation de la vérité. En tant que tel, il
ne peut se saisir d’office. Il est saisi soit par le procureur de la République par un réquisitoire
introductif soit par la victime au moyen d’une plainte avec constitution de partie civile. Dans
l’exercice de cette mission, le juge d’instruction peut accomplir tous actes qu’il estime
nécessaires : interrogatoire de l’inculpé (interrogatoire de première comparution et
interrogatoire au fond), audition de témoins, de la partie civile, perquisition, visites
domiciliaires, saisies, transport sur les lieux, mesures conservatoires etc…

Mais, en dehors de ces pouvoirs d’instruction qui peuvent être exercés par les officiers de police
judiciaires, le magistrat instructeur dispose de pouvoirs propres. Ainsi, il peut décerner des
mandats contre des inculpés ou témoins. Les mandats sont des ordres écrits délivrés par le juge
d’instruction en vue d’obtenir la comparution ou la mise en détention provisoire de l’inculpé.
Ils sont exécutoires sur toute l’étendue du territoire national. Les mandats qui tendent à la
comparution sont le mandat de comparution et le mandat d’amener. Le mandat de comparution
a pour objet de mettre l’inculpé en demeure de se présenter devant le juge à la date et à l’heure
indiqué dans ce mandat.

Le mandat d’amener est un ordre donné par le juge à la force publique de conduire
immédiatement l’inculpé devant lui ; mais il est exécutoire par la force. Les mandats tendant à
la mise en détention sont le mandat de dépôt et le mandat d’arrêt. Le mandat de dépôt est l’ordre
donné par le juge au directeur de l’établissement pénitentiaire de recevoir et de retenir l’inculpé.
Ce mandat doit être dûment motivé. Ce mandat permet également de rechercher ou de transférer
l’inculpé lorsqu’il lui a été précédemment notifié. Le mandat d’arrêt est l’ordre donné à la force
publique de rechercher l’inculpé et de le conduire à la maison d’arrêt indiquée sur le mandat,
où il sera reçu et détenu.

Paragraphe II : Les pouvoirs de jugement du juge d’instruction

Le magistrat instructeur est aussi un juge chargé de rendre des décisions juridictionnelles
appelées « ordonnances ». A cet égard, il tranche les contestations qui s’élèvent au cours de
l’instruction (recevabilité de la constitution de partie civile, compétence, restitution d’objets
saisis, charges qui pèsent sur l’inculpé etc…). Les décisions juridictionnelles rendues par le
juge d’instruction peuvent être portées en appel devant la chambre d’accusation. Ces décisions
peuvent être rendues dès l’ouverture de l’information (A), au cours de l’information (B) ou à
sa clôture (C)

A. Les décisions juridictionnelles à l’ouverture de l’information

Dès l’ouverture de l’information, le juge d’instruction peut être amené à rendre plusieurs
ordonnances. Il peut d’abord répondre au réquisitoire introductif ou à la plainte avec
constitution de partie civile par une ordonnance de refus d’informer si par exemple les faits
portés devant lui ne supportent aucune qualification pénale. Il peut, s’il s’agit d’une plainte avec
constitution de partie civile, refuser d’informer en rendant une ordonnance d’irrecevabilité de
la constitution de partie civile au motif que les conditions de fond et de forme ne sont pas
réunies. Il en est ainsi lorsque le plaignant n’a pas respecté son obligation de consignation, ou
n’a pas justifié de sa qualité de partie civile. Le juge d’instruction devra aussi communiquer au
parquet la plainte avec constitution de partie civile et à cette fin, il rendra une ordonnance de
soit-communiqué, c'est-à-dire qu’il ordonnera que le dossier soit communiqué au procureur de
la République.

Le magistrat instructeur peut également dès le début de l’information rendre une ordonnance
d’incompétence lorsqu’il constate qu’il n’est pas compétent (compétence d’attribution ou
territoriale) pour connaitre des faits. Aux termes des dispositions du CPP, « dans le cas où le
juge d’instruction n’est pas compétent, il rend, après réquisition du ministère public, ou
directement selon sa compétence, une ordonnance renvoyant la partie civile à se pourvoir
devant telle juridiction qu’il appartiendra ». Mais, l’ordonnance de soit communiqué n’est pas
une ordonnance juridictionnelle mais une simple ordonnance administrative qui ne peut faire
l’objet de voies de recours. Le magistrat instructeur peut aussi dès le début de l’instruction
rendre une ordonnance de dessaisissement lorsque notamment il constate qu’un juge
d’instruction d’un autre ressort également compétent, en raison de la pluralité des principes de
compétence territoriale, a été saisi ; ce qui entraine le transfert du dossier à son collègue.

B. Les décisions juridictionnelles au cours de l’information

Au cours de l’information, le juge d’instruction est amené à rendre de nombreuses ordonnances.


Les décisions les plus importantes interviennent en matière de détention provisoire autrefois
appelée « détention préventive ». La mise en liberté de l’inculpé, sauf disposition législative
particulière et lorsqu’elle n’est pas de droit, peut être ordonnée d’office par le juge d’instruction.
En cas de demande de mise en liberté provisoire, le juge transmet la demande au Parquet dans
les 48 heures par une ordonnance de communication. Le procureur de la République doit
retourner le dossier avec ses réquisitions dans un délai de 10 jours à partir du jour e la
transmission qui lui a été faite par le juge d’instruction. Ce dernier doit statuer sur la demande
de mise en liberté provisoire par ordonnance spécialement motivée au plus tard dans le cinq
jours de la réception des réquisitions du Ministère public.

Faute par le juge d’instruction de statuer dans ce délai de 10 jours, l’inculpé peut saisir de sa
demande la chambre d’accusation qui sur les réquisitions motivées du procureur général qui se
prononce dans le mois de cette demande. Faute pour la chambre d’accusation de statuer dans
ce délai, l’inculpé est mis d’office en liberté provisoire sur l’initiative du procureur général. Le
juge d’instruction statue également sur les demandes de restitution d’objets placés sous mains
de. Dans le cas où une question d’ordre technique se pose au cours de l’information (par
exemple la restauration de données informatiques effacées dans un serveur), le juge
d’instruction peut ordonner une expertise à la demande du Ministère public, de la victime, de
l’inculpé ou même d’office.

Lorsqu’il estime ne peut devoir faire droit à cette demande d’expertise, il doit rendre une
ordonnance motivée qui est susceptible d’appel. A titre conservatoire, le magistrat instructeur
peut être amené à ordonner d’office ou sur la demande de la partie civile ou du ministère public,
des mesures conservatoires sur les biens de l’inculpé. Par exemple, le juge d’instruction peut, à
titre conservatoire, ordonner le blocage du compte bancaire de l’inculpé, ce qui entraine
l’indisponibilité des fonds.

C. Les décisions juridictionnelles prises à la fin de l’information

A la fin de l’instruction, des décisions très importantes peuvent être prises par le juge
d’instruction. Lorsqu’il a accompli tous les actes d’instruction qu’il a cru utiles de faire et que
l’information parait terminé, le juge d’instruction rend une ordonnance de règlement que l’on
appelle aussi ordonnance de clôture de l’information. Cette ordonnance dessaisit le juge
d’instruction. Il statue sur les charges qui pèsent sur l’inculpé. Avant de rendre cette
ordonnance, le juge devra communiquer le dossier au parquet par une ordonnance de soit
communiqué et aux conseils de l’inculpé et de la partie civile.

En principe, le parquet a l’obligation de d’adresser ses réquisitions au juge d’instruction dans


les 15 jours à compter de l’ordonnance de soit communiqué. Mais, dans la pratique, il arrive
rarement que les parquets respectent ce délai en raison surtout du volume des dossiers. Selon le
CPP, le juge d’instruction peut rendre une ordonnance de non lieu s’il estime que les faits ne
constituent ni crime, ni délit, ni contravention, ou qu’il n’existe pas de charges suffisantes
contre l’inculpé, ou si l’auteur est resté inconnu, il déclare, par ordonnance, qu’il n’y a lieu à
suivre. Ainsi, le non lieu peut être aussi bien fondé sur des motifs de droit (absence d’infraction,
existence d’une cause de non imputabilité ou d’un fait justificatif etc…) que sur des
considérations de fait (insuffisance de charges).

Mais, s’il survient des charges nouvelles depuis le non lieu, l’information peut être reprise. Par
charges nouvelles il faut entendre les déclarations des témoins, pièces et procès- verbaux qui
n’ayant pu être soumis à l’examen du juge d’instruction, sont cependant de nature soit à fortifier
les charges qui auraient été trouvés trop faibles, soit à donner aux faits de nouveaux
développements utiles à la manifestation de la vérité. La réouverture de l’information sur
charges nouvelles est réservée au Parquet Toutefois si le juge d’instruction estime qu’il y a des
charges suffisantes contre l’inculpé il rend une ordonnance de renvoi devant le tribunal.

C’est l’ordonnance de renvoi qui saisit la juridiction de jugement. Si le juge estime que les faits
constituent une contravention, il prononce le renvoi de l’affaire devant le tribunal de simple
police et ordonne la mise en liberté du prévenu. S’il s’agit d’un délit, le juge prononce le renvoi
devant le tribunal de première instance statuant en matière correctionnelle. Si le juge
d’instruction estime que les faits constituent une infraction qualifiée crime par la loi, il
ordonnait que le dossier de la procédure et un état des pièces servant à conviction soient
transmis dans un délai de quinze jours par le Procureur de la République au Procureur général
près la Cour d’Appel. Le juge d’instruction peut rendre une ordonnance de mise en accusation
devant la cour d’assises. Il reviendra au procureur général qui reçoit du juge d’instruction le
dossier et l’ordonnance, de procéder à l’enrôlement de la procédure devant la cour d’assises.

SOUS-TITRE II : L’ETAPE DU JUGEMENT DES AUTEURS D’INFRACTIONS

Le jugement est la dernière phase de la marche du procès pénal qui suit normalement la phase
de l’instruction. A cours de cette étape les juridictions de jugement se prononcent sur la
culpabilité des personnes poursuivies, en rendant une décision de relaxe d’acquittement ou de
condamnation. La juridiction d’instruction est saisie in rem, c'est-à-dire saisi des faits visés dans
l’acte de poursuite. Il peut inculper librement toute personne qui lui parait avoir participé aux
faits pour lesquels l’information est ouverte. Cependant la juridiction de jugement est saisie in
rem et in personam. Elle n’est pas seulement saisie des faits, elle est chargée de juger les
personnes qui lui sont déférées et elle ne peut juger que celles-là. Les juridictions de jugement
ne peuvent englober dans les poursuites des personnes qui n’ont pas été renvoyées devant elle
à titre de prévenus. Dans l’étude de l’étape du jugement, il s’agira d’analyser l’audience et les
débats (chapitre I) avant d’étudier la décision rendue au terme de la procédure (chapitre II)

Chapitre I : L’audience et les débats

En procédure pénale l’audience et les débats occupent une place importante dans la prise de
décision finale. C’est la raison pour laquelle ils sont régis par des principes directeurs (section
I) et la conduite des débats fait l’objet d’un encadrement strict (section II)

Section I : Les principes directeurs

Les débats sont marqués par trois principes fondamentaux: la publicité, l’oralité et la
contradiction. D’abord, les débats ont lieu publiquement. Il s’agit de l’une des plus solides
garanties des droits de la défense et d’’une bonne justice. Mais, le principe de la publicité des
débats souffre de quelques exceptions. En effet, le tribunal peut, en constatant que la publicité
est dangereuse pour l’ordre et les moeurs, ordonner, par jugement rendu en audience publique,
que les débats auront lieu ou seront poursuivis à huis clos. Dans tous les cas, même si le huit
clos est ordonné par la juridiction de jugement, le jugement sur le fond doit toujours être
prononcé en audience publique.

Ensuite, les débats ont lieu oralement. C’est tout le sens du principe de l’oralité des débats.
Contrairement à la procédure civile qui est une procédure essentiellement écrite, la procédure
pénale est marquée par l’oralité. A cet égard, les témoins déposent oralement. Toutefois, ils
peuvent, exceptionnellement, s’aider de documents avec l’autorisation du juge qui préside la
juridiction de jugement. L’interrogatoire du président, les explications des parties et de leurs
conseils, les questions qu’elles posent aux témoins ou se posent entre elles ont lieu également
de façon orale. Une importante partie de l’audience est consacrée aux plaidoiries orales des
avocats et au réquisitoire du procureur de la République.

Mais, auprès de la juridiction de jugement, siège un greffier qui prend note de tous ce qui se
passe à l’audience dans le plumitif d’audience. Ainsi, le greffier tient note du déroulement des
débats et principalement, sous la direction du président, des déclarations des témoins ainsi que
des réponses du prévenu. Il faut préciser que les notes d’audience sont signées par le greffier.
Elles sont visées par le président, au plus tard dans les trois jours qui suivent chaque audience.
Mais, dans la pratique juridictionnelle, ces délais sont rarement respectés et rares sont les
magistrats qui se conforment à leurs obligations de viser les notes d’audience.

Exceptionnellement, le CPP prévoit que le prévenu, les autres parties et leurs conseils, peuvent
déposer des conclusions. Ces conclusions sont visées par le président et le greffier ; ce dernier
mentionne ce dépôt aux notes d’audience. Enfin les débats sont marqués par le principe du
contradictoire. Les parties devant le tribunal sont placées à égalité. Le ministère public, la partie
civile et le prévenu ont les mêmes droits et notamment celui de poser des questions aux témoins.
En outre, en vertu du principe du contradictoire, la personne poursuivie ne peut être jugée sans
avoir été régulièrement convoquée ou citée en justice en vue de lui permettre de faire valoir ses
moyens de défense. Lorsque le jugement est rendu par défaut, la loi ouvre la possibilité au
prévenu défaillant de faire opposition contre le jugement.

Section II : La conduite des débats

Les débats commencent par l’appel des parties à savoir le prévenu, la partie civile,
éventuellement le civilement responsable, les témoins et les experts. Il est ensuite procédé à la
vérification de l’identité du prévenu à qui le tribunal donne lecture de l’acte de saisine. Le
président procède ensuite à l’instruction d’audience qui commence généralement par
l’interrogatoire du prévenu. Cet interrogatoire est ensuite complété par les questions des
assesseurs, du ministère public et éventuellement des conseils. Les témoins (qui avaient été au
préalable isolés) et experts défilent ensuite à la barre pour déposer et répondre aux questions
qui leur sont posées.

Au terme de cette phase relative à l’administration des preuves, commence celle des
observations durant laquelle la partie civile est entendue, puis le ministère public en ses
réquisitions avant que le prévenu ne présente sa défense. Le ministère public ainsi que la partie
civile peuvent user de leur droit de réplique mais en tout état de cause le prévenu ou son conseil
doivent avoir la parole en dernier. Il faut préciser que la constitution de partie civile fait après
les réquisitions du Parquet est irrecevable.

Une fois que toutes les parties se seront prononcées et que le président estimera détenir
suffisamment d’éléments pour décider, les débats seront clôturés. Le jugement pourra alors être
rendu à l’audience même où les débats ont eu lieu ou alors à une date ultérieure qui sera précisée
aux parties. On dit dans ce dernier cas que l’affaire a été mise en délibéré.

Chapitre II : LA DECISION
La décision rendue par la juridiction de jugement au terme des débats dénoue l’instance pénale.
Mais, la décision est précédée de la délibération dans certaines formes essentielles à la validité
des jugements (section I). Aussi, les jugements peuvent faire l’objet de plusieurs classifications
(section II)

Section I : La délibération sur la décision

Toute décision prise par une juridiction de jugement doit avoir au préalable fait l’objet d’une
délibération. On dit qu’il a fait l’objet d’un délibéré. Il s’agit d’échanges de vues et de
discussions qui interviennent entre les membres de la juridiction en vue de parvenir à une
décision finale. L’expérience des anciens guide les plus jeunes, les opinions de uns et des autres
se confrontent. Mais, le délibéré s’impose même aux juridictions à juge unique comme le
tribunal de simple police. L’unique juge qui compose ce tribunal délibère sur la sentence qu’il
va rendre c'est-à-dire qu’il va réfléchir et essayer de s’éclairer sur les points qui lui paraissent
douteux. Le délibéré peut être très bref ; il en est ainsi dans les cas fréquent où la décision est
rendue sur le siège. Ainsi, le président du tribunal au terme des débats se tourne successivement
vers ses deux assesseurs avant de prononcer le jugement. Il prononce à cet égard la formule «
le tribunal après en avoir délibéré (…)».

Mais, pour les affaires délicates qui nécessitent des recherches, le tribunal se retire pour
délibérer en chambre du conseil ou annonce souvent qu’il « met l’affaire en délibéré » à une
date précisée. La délibération est marquée par deux principes majeurs : la majorité et le secret.
Le principe de la majorité signifie dans la pratique qu’au cours des délibérations le jugement
est pris à la majorité des magistrats composant la chambre. Ni le président de chambre, ni les
titulaires dans la chambre n’ont une voie prépondérante. C’est la loi de la majorité qui s’impose.
Il arrive souvent que les présidents de chambre soient minorisés au cours de délibération. Le
délibéré est en outre régi par le principe du secret. Les magistrats sont tenus de garder le secret
des délibérés, ils doivent se garder de révéler à des tiers les positions prises par les membres de
la chambre au cours des délibérations. D’ailleurs, l’obligation de garder le secret des délibérés
est inscrite dans la formule du serment prêté par les magistrats avant leur entrée en fonction.

Section II : La classification des jugements

Les juridictions de jugement peuvent rendre une variété de jugements dont les effets sont
différents. Il convient de distinguer les décisions avant-dire droit (A), les décisions
d’incompétence (B), les décisions sur le fond (C) et les décisions d’irrecevabilité (D).

A. Les décisions avant dire droit

Les décisions avant dire droit ne statuent pas sur le fond même du procès pénal ; elles ne
tranchent pas le fond mais préparent simplement la solution du procès, en ordonnant des
mesures qui permettent d’éclairer la juridiction. Parmi ces décisions on peut mentionner celles
qui règlent un incident ou rejettent une exception (exception de prescription, exception de
nullité de la citation). On peut citer également les décisions qui ordonnent une mesure
d’instruction ou qui statuent sur une demande de mise en liberté provisoire. Ces décisions ont
la particularité de ne dessaisir la juridiction qui les a rendues.

B. Les décisions d’incompétence


Ces décisions sont celles qui se prononcent sur la compétence c'est-à-dire l’aptitude des
juridictions saisies à connaitre du procès. Cette compétence peut être matérielle, territoriale ou
personnelle. Toutes les juridictions de jugement sont effet tenues de vérifier leur compétence
avant de statuer. En effet, en matière pénale toutes les règles de compétence sont d’ordre public.
La décision d’incompétence dessaisit le tribunal qui l’a rendu. Si elle est infirmée par la cour
d’appel cette juridiction pourra évoquer l’affaire c'est-à-dire juger l’affaire au fond.

C. Les décisions sur le fond

Les décisions sur le fond sont des décisions qui se prononcent sur le fond de l’affaire. Il peut
s’agir d’un jugement de condamnation, d’un jugement de relaxe (devant le tribunal de simple
police et devant le tribunal correctionnel) ou d’acquittement ( devant la cour d’assise)

D. Les décisions d’irrecevabilité

Ce sont des décisions qui se prononcent en la forme pour déclarer l’action publique irrecevable.
Par exemple, le tribunal peut déclarer l’action publique irrecevable lorsque le parquet déclenche
l’action publique alors qu’il y a un obstacle aux poursuites. Il en est ainsi en cas d’immunité
familiale notamment en cas de vol commis par un fils au préjudice de son père en l’absence de
plainte préalable de la victime.

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

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INTRODUCTION
Le Droit considéré comme « l’ensemble des règles régissant les relations de personnes vivant
en société et sanctionnés par une contrainte émanant de l’autorité publique »1 serait sans
intérêt s’il n’était qu’un corps de règles théoriques sans aucune mise en œuvre pratique. La
science du droit est étudiée traditionnellement sous l’angle de sa théorie générale, à travers
l’étude des différentes disciplines juridiques et de leurs sources (lois, règlements, jurisprudence
doctrine coutume). Cependant, la réalisation effective des droits subjectifs suppose leur
application judiciaire. La pratique judiciaire revêt une importance certaine puisqu’elle permet
de confronter les solutions juridiques aux contraintes des réalités sociologiques.

Dans le discours juridique, l’expression « pratique du droit » revêt deux significations renvoyant
à autant d’aspects de l’activité des tribunaux. Dans l’ancienne terminologie du « Palais », la
pratique désignait l’art des formules, styles ou cautèles utilisés pour former les demandes et
instruire les procès et dont l’enseignement était assuré par les praticiens en dehors des écoles
de droit. Au sens moderne du terme, la pratique du droit ou encore la pratique judiciaire ne
désigne plus les actes des praticiens mais « la manière dont les juges statuent ». Ainsi entendu
la pratique du droit renvoie à « l’application du Droit par les tribunaux » à la « façon dont le
droit est appliqué par les juges et l’ensemble des services et auxiliaires de la justice ». Elle est
constituée des « usages du palais » c'est-à-dire de « ce qui se fait habituellement » dans les
juridictions, les cabinets des auxiliaires de justice (avocats, huissiers, notaires ect…) et les
greffes des tribunaux. Il s’agit d’usages répétés et souvent considérés comme obligatoires par
les praticiens du droit.

Parfois la pratique du droit est assimilée à la « jurisprudence des cours et tribunaux ». Mais,
cette confusion est malheureuse puisqu’elle réduit la jurisprudence à une somme de pratiques,
en passant sous silence sa fonction. En effet, la jurisprudence est constituée de l’ensemble des
décisions de justice rendues dans le même sens sur une même question de droit. On peut
distinguer, à l’image de la coutume, trois types d’usages et de pratiques judiciaires. La pratique
secundum legem, la pratique praeter legem et la pratique contra legem. D’abord, la loi procède
quelquefois par renvoi à l’usage judiciaire. Dans ce cas, par l’effet de ce renvoi, l’usage à la
même force que la loi. On peut citer la pratique des juges des référés consistant à se déclarer
compétents pour statuer sur une demande résiliation de bail commercial lorsqu’une clause
résolutoire de plein droit est insérée dans le contrat de bail.

Cette pratique a été accueillie récemment par l’article 133 de l’Acte uniforme relatif au droit
commercial général adopté le 15 février 2011. Il s’agit en réalité d’un usage qui a fini par
prendre les proportions d’une « jurisprudence ». Ensuite, la pratique peut compléter la loi ou
même combler les vides législatifs. On parle de pratique praeter legem. A titre d’exemple,
devant le silence de la loi, les juges correctionnels ont l’habitude de mettre à la charge de la
partie civile ayant initié une citation directe, l’obligation de consigner une somme d’argent.

Les magistrats renvoient à cet effet l’affaire à la première audience pour au paiement de la
consignation. Les praticiens se sont ainsi inspirés de l’exigence de consignation en matière
d’instruction préparatoire. Enfin, la pratique peut aller à l’encontre de la loi ; il s’agit de pratique
contra legem. Il est possible de tirer un exemple de la pratique du « retour de parquet », très
décriée par les organisations de Droits de l’Homme. Dans la cadre de la procédure de flagrant
délit, il arrive souvent que le procureur de la République, empêché, ordonne aux OPJ (officiers
de police judiciaire) de conduire à nouveau la personne déférée au Parquet dans les locaux de
la gendarmerie ou de la police pour y être détenu, en attendant son audition Cet usage des
parquets, rendu nécessaire par le volume du contentieux, est souvent contestée en raison de la
prolongation de la détention du mis en cause qu’elle implique. Le cours de « pratique du droit
» se fixera pour objectif de systématiser une « théorie de la pratique judiciaire ». Il s’agira
d’étudier dans les limites du droit privé, la façon dont les magistrats et auxiliaires du droit
appliquent les règles juridiques.

La pratique du droit fait aujourd’hui l’objet d’études dans le cadre de la sociologie juridique
qui a pour objet l’analyse empirique des phénomènes juridiques au-delà de leur cadre normatif.
A cet égard, l’étude des usages à l’honneur dans les juridictions civiles, commerciales et pénales
se fera, sous l’angle du droit judiciaire (droit processuel) et plus précisément à l’aune de
l’instance judiciaire. Le cours sera axé sur l’aspect dynamique du procès. Il s’agira au travers
des différentes étapes du procès civil et pénal d’identifier et d’étudier les différentes pratiques
qui rythment l’univers des cours et tribunaux. Ce cours articulé autour des professions et de
l’instance judiciaire, nous permettra d’étudier dans une première partie le statut des magistrats
et des auxilliaires de justice (Partie 1), la règlementation de la profession d’avocat (Partie 2)
ainsi que la pratique judiciaire devant les juridictions civiles et pénales (Partie 3) ;

Partie 1 : STATUT DES MAGISTRATS ET AUXILLIAIRES DE


JUSTICE
La justice en tant que service public destiné au citoyen d’un pays et notamment de la Côte
d’Ivoire est constituée de plusieurs professions qui assurent son fonctionnement quotidien.
Certaines de ces professions sont inhérentes au service public de la justice. Il s’agit de la
profession de magistrat, de celle de greffier, des personnels de l’administration pénitentiaire
(surveillants chef et régisseur de prison) et de l’éducation surveillé (maitre de l’éducation
surveillé). D’autres professions bien qu’exercés à l’extérieur du service public de la justice
ont un lien avec lui. Telles sont les professions d’avocats, de notaires, d’huissier de justice
et de commissaires priseurs. Les personnes qui exercent ces professions sont appelés
auxiliaires de justice. Qu’il s’agit de la profession des personnels judiciaire ou de celles des
auxiliaires de justice, chaque profession est organisé par la loi selon des règles propres. Ces
règles forment le statut de la profession. Ainsi en est-il du statut de la magistrature et des
statuts des auxiliaires de justice.

Notre enseignement portera d’abord sur le statut de la magistrature (Sous-Partie 1) puis


ensuite sur celle des statuts des différents auxiliaires de justice que compte l’organisation
judiciaire en Côte d’Ivoire (Sous-partie 2).

Sous-Partie 1 : LE STATUT DE LA MAGISTRATURE

La profession de magistrat est une profession fortement règlementée. En Côte d’Ivoire, elle
est régie par la loi N° 78/662 du 04 Août 1978 portant statut de la magistrature et son décret
d’application N° 697 du 27 Août 1978. Ce statut a connu plusieurs modifications législatives.
Toutefois, l’accès à la profession, ces conditions d’exercice ainsi que la carrière du magistrat
sont organisés pour l’essentiel par la loi de 1978.

Titre 1 : L’accès à la profession de magistrat


Un magistrat est au sens strict du terme une personne appartenant au corps judiciaire et ayant
pour profession de rendre la justice ou de requérir l’application de la loi au nom de l’Etat. La
profession de magistrat est une profession aussi vieille que le monde car où ont existés les
hommes, il y a toujours eu un besoin de justice. Les personnes chargées de rendre la justice
autrefois n’avaient pas besoin d’une formation particulière pour le faire. Leur qualité de sage
ou d’érudit suffisait à l’exercice de la profession car la justice était très souvent rendue en
équité. La profession ayant évolué avec la société et les systèmes politiques, il s’est agit
désormais de rendre la justice non plus en équité mais en appliquant la loi et en disant le
droit. Par ailleurs elle ne sera plus ouverte à toute personne, elle sera désormais réservée aux
juristes et son exercice soumit à un recrutement et une formation préalable

Chapitre 1 : le recrutement des magistrats

L’accès a la profession de magistrat en Côte d’Ivoire par voie de recrutement. La loi de 1978
portant statut de la magistrature indique les différents modes de recrutement et les conditions
à remplir.

Section 1 : Les différents modes de recrutement

Le statut prévoit deux modes de recrutement. Le recrutement par voie de concours et


l’admission sur titre.

Paragraphe 1 : le recrutement par voie de concours

L’article 20 du statut déclare que nul ne peut être nommé magistrat s’il n’a accomplit
préalablement un stage de formation professionnel et satisfait aux examens de fin stage.
L’admission au stage a lieu par voie de concours.

E- L’organisation du concours d’accès à la profession de magistrat

Un concours est une compétition organisée en vue de procéder à une sélection. Le concours
d’accès à la profession de magistrat est donc une compétition organisé par l’Etat de Côte
d’Ivoire à travers ses institutions pour procéder au recrutement des magistrats. Mais qui
organise ce concours et comment se déroule t-il ?

1- Qui organise le concours


Jusqu’à un passé récent, le recrutement et la formation des magistrats étaient confiées au
ministère de la fonction publique à travers Ecole National d’Administration dite E.N.A mais en
2005, l’organisation du concours a été attribué au ministère de la justice avec la création de
l’école de la magistrature et des professions judiciaires (E.M.P.J) puis celle par la suite en 2008
de l’Institut National de la Formation Judiciaire (I.N.F.J.) qui a accueilli sa première promotion
en 2008-2009. La présence de l’Etat dans l’organisation de ce concours s’explique par le fait
que la profession de magistrat n’est pas une profession libérale ou privée. C’est une profession
publique et le magistrat est un fonctionnaire de l’Etat particulièrement du ministère de la justice.
2- Les modalités d’organisation
Le concours de la magistrature est constitué de deux séries d’épreuves. Une première série
consacrée à l’admissibilité et une seconde relative à l’admission définitive.

a- Les épreuves d’admissibilité


Elles sont essentiellement écrites et consiste à traiter des sujets soumis à l’appréciation du
candidat. Les épreuves sont des épreuves de droit, droit civil, droit commercial, droit pénal et
droit administratif. Néanmoins une épreuve d’ordre générale est également soumise au
candidat sous forme de dissertation littéraire pour apprécier leur niveau de connaissance
générale.

b- L’admission définitive
Elle est organisée sur la base d’épreuves orales. Ces épreuves portent sur des sujets de culture
générale, de procédure civile et de procédure pénale. Elle se déroule devant un jury composé
essentiellement de magistrat en fonction et de professeurs d’universités. Chaque candidat
admissible se présente devant le jury pour exposer sur un sujet qu’il aura préalablement tiré
au sort et préparé.

F- Les résultats du concours


Ils font l’objet d’une délibération et d’une proclamation.

5- Les délibérations du jury


L’admissibilité tout comme l’admission définitive font l’objet d’une délibération du jury. En
effet, à la suite de la correction des épreuves écrites, le jury se réunit pour délibérer sur la liste
des candidats qui seront déclarés admissibles. Il convient de préciser que ces derniers sont
retenus en fonction de leur moyenne et des places disponibles au concours. Celles-ci
n’excèdent pas en général le nombre de 15. Ces personnes près leur comparution devant le
jury pour les épreuves orales vont être encore appréciés et déclarées définitivement admises
au regard de leur moyenne. La moyenne d’admission définitive est au minimum 12/20. Si le
nombre de candidat ayant obtenu cette moyenne n’atteint pas le nombre des places
disponibles, celle-ci restent vacante.
6- La proclamation des résultats
Elle a lieu après les épreuves d’admission définitives et le jour même où celles-ci ont été
passées. La proclamation se fait par affichage dans les locaux de l’institut de formation et tout
le monde peut avoir accès à ces résultats.

Paragraphe 2 : L’admission sur titre

On parle d’admission sur titre lorsqu’une est autorisée à suivre directement le stage
professionnel ou est nommé directement magistrat sans avoir satisfait aux épreuves du
concours. La loi de 1978 portant statut de la magistrature prévoit deux hypothèses d’admission
sur titre. Premièrement la nomination en qualité d’auditeur de justice et deuxièmement celle
en qualité de magistrat.

A- La nomination en qualité d’auditeur de justice


Aux termes de l’article 24 de la loi de 78, peuvent être nommés directement auditeur de justice
c'est-à-dire magistrat stagiaire sans avoir satisfait aux épreuves du concours :

- Les avocats stagiaires qui justifient de deux années de stage


- Les fonctionnaires et agents publics titulaire de leur compétence et leur activité dans
le domaine juridique, économique et social qualifie de l’exercice des fonctions
judiciaires
- Les docteurs en droit
- Les assistants des facultés de droit ayant exercés cette fonction pendant trois années
au moins et possédant un diplôme d’étude supérieur dans une discipline juridique.

L’article 24 précise que le nombre de personnes nommés dans ces conditions ne peuvent
excéder le 1/10ème du nombre des auditeurs juridique issus du concours.

B- La nomination en qualité de magistrat

L’article 25 du statut dispose que peuvent être nommés directement dans les fonctions de
magistrat sans avoir satisfait aux épreuves du concours ni au stage de formation :
- Les fonctionnaires et officiers ministériels que leur compétence et leur activité dans
le domaine juridique, économique et social qualifie pour l’exercice des fonctions
judiciaires et qui exerce leurs fonctions précédentes depuis plus de 10 ans
- Les avocats, les greffiers en chef et les secrétaires de chambre de la cour suprême
ayant au moins 10 années de service.
- Les agrégés des facultés de droit et les chargés de cours ayant enseigné pendant 2 ans
au moins dans une faculté de droit.

Ici également le nombre de personne nommées ne doit pas excéder le 1/10ème de postes
disponibles.

Section 2 : Les conditions du recrutement

Les candidats qu’ils soient retenus par voie de concours où admis sur titre à la profession
doivent réunir un certain nombre de conditions. Les unes sont communes à tous les candidats,
les autres concernent les candidats admis sur titre uniquement.

Paragraphe 1 : les conditions de recrutement communes à tous les candidats

Ces conditions sont relatives pour certaines à la personne même du candidat et pour d’autres
à son niveau d’étude.

E- Les conditions relatives à la personne du candidat

Aux termes de l’article 21 du statut, tout candidat à la profession de magistrat doit réunir les
conditions suivantes :
- Etre de nationalité ivoirienne
- Etre âgé de 21 ans au moins et de 40 ans au plus au 1er janvier de l’année en cours
- Jouir de ses droits civiques et être de bonnes moralités
- Remplir les conditions d’aptitudes physique nécessaire à l’exercice de la profession
et être reconnu indemne ou définitivement guéri de toute affection donnant droit à un
congé de longue durée
- Etre en position régulière au regard des lois sur le recrutement dans l’armée.
F- Les conditions relatives au niveau d’étude

L’article 21 du statut exige du candidat d’être titulaire de la licence en droit délivrée sous le
régime fixé par décret N° 54/343 du 27 mars 1954 ou de la maitrise en droit.
Il convient de faire deux remarques à ce niveau. Tout d’abord la licence prévue par le décret
de 1954 appelée licence ancienne formule et qui s’obtenait après quatre années a été
définitivement supprimé de l’enseignement supérieur. Depuis lors, une distinction a été faite
entre une licence en droit obtenue après trois années d’étude juridique et la maitrise en droit
obtenue une année plus tard. Une nouvelle modification est intervenue avec le système LMD.
La deuxième remarque est relative au fait que l’article 21 de distingue pas entre les différentes
filières conduisant à la maitrise. Peu importe donc que le candidat soit titulaire d’une maitrise
en droit judiciaire, publique, des affaires etc.

Paragraphe 2 : Les conditions propres aux candidats admis sur titre

On peut observer à travers les articles 24 et 25 du statut que l’une des conditions de l’admission
sur titre est d’avoir déjà une certaine expérience professionnelle. Elle est également d’a voir
des compétences en matière juridique, économique ou sociale enfin d’avoir des diplômes de
l’enseignement supérieur.

Chapitre 2 : La formation à la profession de magistrat

Elle vise à appendre au candidat les rudiments de la profession. La formation se déroule sur
deux années et comprend une formation initiale et un stage pratique.

Section 1 : La formation initiale

Elle débute dès l’entrée à l’institue de formation. Elle vise à inculquer une formation de base à
travers divers enseignements consacrés à la connaissance de toutes les fonctions judiciaires.

Paragraphe 1 : Les matières enseignées

Visant tout d’abord la connaissance théorique des fonctions judiciaires, la formation initiale
est basée essentiellement sur les matières spécifiques telles que : la fonction du parquet,
l’instruction, le siège civil et le siège pénale. Toutefois sont également enseignées les matières
qui ne sont pas liées directement à la profession mais concours à un meilleur exercice de celle-
ci. Il s’agit de la comptabilité privé, du management des organisations, de la psychologie
judiciaire et du droit administratif.

Paragraphe 2 : Le déroulement de la formation

La formation initiale qui dure une année se déroule exclusivement au sein de l’Institut National
de Formation Judiciaire (I.N.F.J). Elle est assurée par des magistrats et des non magistrats. Les
enseignements sont dispensés sous forme de cours académiques. Les cours sont animées sur
la base de méthodes pédagogiques dites actives qui implique la participation effective des
étudiants et l’utilisation des moyens et des supports pédagogiques appropriés. Chaque
enseignement donne lieu à deux évaluations écrites ainsi qu’à une note de participation. A
l’issu de cette formation initiale, les étudiants admis au stage pratique sont envoyés dans les
différentes juridictions.

Section 2 : La formation pratique

Il s’agit du stage professionnel portant sur toutes les fonctions judiciaires susceptibles d’être
exercées par l’étudiant à la sortie des instituts et des stages dans des services extérieurs à la
justice mais qui en raison de leur activité collabore avec elle.

Paragraphe 1 : Le stage en juridiction

Le stage en juridiction se déroule dans les tribunaux de première instance et leurs sections
détachées et est obligatoirement précédé de la prestation de serment d’auditeur de justice.

E- La prestation préalable du serment d’auditeur de justice

L’article 20 du statut déclare que les candidats admis au stage sont nommés auditeur de
justice et peuvent en cette qualité être affectés dans les juridictions pour y effectuer des stages
pratiques. Cependant préalablement à toute activité il prête servent devant la cour d’appel.
Le contenu du serment est le suivant : « je jure de garder religieusement le secret
professionnel et de me conduire en tout, comme un digne et loyal auditeur de justice. ».

La nécessité de serment s’explique par le fait que durant le stage, les auditeurs de justice
participent sous la responsabilité des magistrats à l’activité juridictionnel. Ils peuvent
notamment assister le juge d’instruction dans ses actes, le procureur de la république dans
l’exercice des poursuites et siéger en surnombre avec voix consultative aux délibérations des
tribunaux. Aussi est-il est nécessaire qu’il garde le secret de tous les dossiers auxquels ils
auront eu accès à l’occasion du stage.

F- Le stage proprement dit

Les auditeurs de justice sont repartis pour leur stage sur l’ensemble des tribunaux de
premières instances et sections détachées du territoire national. La répartition est faite par
ordre de mérite sur la base du classement de la première année et selon les nécessités du
stage. Le stage se déroule dans les différents secteurs du tribunal à savoir au service du
procureur de la république ou parquet, celui du président du tribunal que l’on appelle le siège
et au greffe de la juridiction. Le stage se déroule dans ces différents services suivant un
calendrier préalablement établi par l’institut. La durée minimum de temps est de trois mois
par service. Les auditeurs de justice participent également aux audiences publiques. A la fin
de stage, une note leur est attribuée.

Paragraphe 2 : Les stages extérieurs

Certains services extérieurs à la justice reçoivent également les auditeurs de justice pour leur
formation pratique. Ces services ont la caractéristique de travailler en collaboration avec la
justice. Il s’agit des services de police, de gendarmerie, des compagnies d’assurance, cabinet
de notaire, d’avocat et étude d’huissier de justice. Ces services et leurs animateurs apportent
ainsi aux auditeurs de justice d’autres connaissances de la vie professionnelle. Il convient de
préciser que les stages extérieurs ne font pas l’objet d’évaluation. La fin de la formation est
sanctionnée par la moyenne des notes obtenues au cours de la formation initiale et au cours
du stage pratique. Tout auditeur de justice qui aura obtenu une moyenne de 12/20 est donc
accessible à l’exercice de la profession de magistrat.

Titre II : L’exercice de la profession de magistrat

La fin de la formation fut-elle réalisée avec succès, ne donne pas directement lieu à l’exercice
de la profession. Il faut l’accomplissement de certaines formalités administratives.

Chpitre 1 : Les formalités administratives nécessaires à l’exercice de la profession

Il y a deux séries de formalités: la nomination et l’affectation à un poste d’une part, la


prestation de serment et l’installation dans les nouvelles fonctions d’autre part.

Section 1 : La nomination et l’affectation

Paragraphe 1 : La nomination dans une fonction de la magistrature


Il existe deux grandes fonctions dans la magistrature : la fonction de siège et la fonction de
parquet.

E- La fonction de siège
C’est la magistrature assise. Elle se subdivise en deux fonctions : la fonction de siège pur et
la fonction d’instruction.

1- La fonction de siège pur

Elle est celle des magistrats qui reste assis sur leurs sièges durant une audience et qui dirigent
les débats entre les parties. Elle consiste à juger une affaire à partir des preuves recueillies
et des arguments développés par chacune des parties. L’auditeur de justice qui a satisfait aux
épreuves de la formation peut donc être nommé dans cette fonction en qualité de juge du
tribunal de première instance ou de juge de section adjoints dans une section de tribunal.
Suivant la nature des affaires dont il aura à connaitre, il pourra exercer les fonctions de juge
des affaires matrimoniales, juge des tutelles, juge pénal ou encore juge civil.

2- La fonction d’instruction

Elle consiste à faire des enquêtes relativement à des affaires pénales dont le tribunal est saisi.
Cette fonction est celle du juge d’instruction. L’auditeur de justice peut être nommé juge
d’instruction de deuxième classe dans un tribunal de première instance.

Ce qui caractérise les magistrats qui exercent la fonction de siège c’est qu’ils sont
indépendants et inamovibles. En effet ils exercent leurs fonctions en toute liberté vis-à-vis du
pouvoir politique et ne peuvent être affectés à d’autres postes contre leur gré même s’il s’agit
d’une promotion.
F- La fonction de parquet

C’est la magistrature debout. Ceux qui exercent cette fonction se tiennent toujours debout
lorsqu’ils prennent la parole à l’audience. Elle consiste à engager des poursuites pénales
contre tous ceux qui commettent des infractions et à les conduire devant la justice. Pour ce
faire, les magistrats du parquet reçoivent les plaintes et les dénonciations et travaille en
collaboration avec les services de police et de gendarmerie auxquels il donne des instructions.
Au cours d’un procès c’est eux qui soutiennent l’accusation et demande l’application de la
peine. Les postes dans les fonctions du parquet sont ceux de substitut du procureur de la
république de deuxième classe, substitut du procureur de la république de première classe,
procureur de la république adjoint et procureur de la république. L’auditeur de justice qui
commence sa carrière en cette fonction est nommé substitut du procureur de deuxième classe.
Les autres postes ne lui seront accessibles qu’après un certain nombre d’année de carrière.
Les magistrats du parquet ne sont pas indépendants. Ils obéissent à leurs supérieurs
hiérarchiques dont ils doivent appliquer les instructions. Ils sont placés sous l’autorité directe
du garde des sceaux ministre de la justice.

Enfin la nomination dans les fonctions de siège ou de parquet se fait par décret du président
de la république.

Paragraphe 2 : L’affectation dans une juridiction

Les différentes fonctions et les postes ci-dessus décrits s’exercent dans les juridictions de
l’ordre judiciaire repartis sur l’ensemble du territoire national. Les affectations dans ces
juridictions se font suivant certains critères.

E- Les juridictions d’affectation

La justice en Côte d’Ivoire est organisée selon le système du double degré de juridiction. On
distingue ainsi les juridictions du premier degré qui sont les juridictions inférieures dans
l’organisation judiciaires. Il s’agit des tribunaux de première instance installés dans les
grands départements et des sections détachées institués dans les départements de moyennes
dimensions. Les juridictions de second degré qui sont les juridictions supérieures c'est-à-dire
les cours d’appel. Le système judiciaire de la Côte d’Ivoire comprend trois cours d’appel :
la cour d’appel d’Abidjan, la cour d’appel de Bouaké et la cour d’appel de Daloa. Il existe
huit (8) tribunaux de première instance et plusieurs sections de tribunaux.

- Le tribunal de première instance d’Abidjan Plateau auxquels sont rattachées les


sections de tribunal de Bassam, Aboisso, Agboville et Adzopé
- Le tribunal de première instance d’Abidjan Yopougon dont les sections détachées
sont Dabou et Tiassalé.
- Tribunal de première d’instance ‘Abengourou avec comme sections détachées
Bondoukou et Bouna
- Le tribunal de première instance de Bouaké avec pour section détaché Toumodi,
Dimbokro et M’Bahiakro
- Le tribunal de première instance de Korhogo avec les sections détachées d’Odiéné et
de Boundiali
- Le tribunal de première instance de Bouaflé avec comme section détachées Sinfra et
Oumé.
- Le tribunal de première instance de Gagnoa dont les sections détachées sont Lakota
et Divo
- Le tribunal de première instance de Daloa auxquelles sont rattachées les sections de
Soubré et Séguéla
- Le tribunal de première instance de Man avec deux sections détachées : Danané et
Touba.

F- Les critères d’affectation

L’affectation tient compte de trois critères. Le premier est que l’auditeur de justice
fraichement sorti de la formation ne peut être affecté dans une juridiction de second degré.
Le deuxième critère est que l’affectation dans les juridictions de premier degré se fait au
mérite notamment en fonction de la place occupée dans le classement de sortie. Enfin pour
des raison de nécessité de service, les affectations peuvent ne pas obéir aux critères précités.

Section 2 : La prestation de serment de magistrat

Il convient de distinguer la prestation de serment du magistrat de son installation dans les


fonctions auxquelles il est nommé.

Paragraphe 1 : L’obligation au serment


Le magistrat prête serment deux fois tout au long de sa carrière. Une première fois en tant
qu’auditeur de justice et une deuxième fois en tant que magistrat. En effet l’article 8 alinéa
1er du statut dispose que « tout magistrat lors de sa nomination à son premier poste et avant
l’entrée en fonction prête serment. »

La formule de serment de magistrat est quelque peu différente de celle de l’auditeur de


justice. Elle s’exprime en ces termes : « je jure de bien et fidèlement remplir mes fonctions
et de me conduire en tout, comme un digne et loyal magistrat. ».

Le serment de magistrat est en principe prêté solennellement devant la cour d’appel au cours
d’une audience spéciale. Mais en cas de nécessité, le magistrat peut prêter serment par écrit
sous réserve de le renouveler plus tard au cours d’une audience solennel (article 9 alinéa 2 du
statut). Le magistrat ne peut jamais être relevé de son serment aussi longtemps qu’il demeure
dans cette profession et le serment de magistrat se prête une seule fois quelques soit les
différentes fonctions qu’on occupera au cours de sa carrière. Cependant il peut y avoir
plusieurs cérémonies d’installation dans les fonctions occupées au cours de la carrière.
Paragraphe 2 : L’installation dans les fonctions de magistrat

L’installation apparait comme une sorte d’investiture du magistrat dans ses nouvelles
fonctions. Elle a lieu dans la juridiction où il est nommé et se fait au cours d’une audience
solennelle. L’installation dans les fonctions intervient aussi bien pour les nouveaux que pour
les anciens magistrats.

A titre d’exemple, un auditeur de justice est nommé juge d’instruction au tribunal de première
instance de Yopougon. Avant d’entrer en fonction, il va prêter serment devant la cour d’appel
d’Abidjan. Puis il sera installé dans ses fonctions de juge d’instruction à un autre moment au
cours d’une cérémonie d’installation qui aura lieu au tribunal de Yopougon. Le deuxième
exemple concerne un magistrat déjà en fonction au tribunal de Yopougon en qualité de
substitut du procureur et qui est muté au tribunal de première instance de Bouaké. Avant de
prendre fonction dans cette juridiction, il ne prêtera pas serment devant la cour d’appel de
Bouaké puisqu’il l’a déjà fait à Abidjan. Mais il fera l’objet d’une cérémonie d’installation
dans ses fonctions au tribunal de Bouaké.

Chapitre II : L’exercice proprement dite de la profession de Magistrat

La profession de magistrat est une profession particulièrement contraingnante; car elle


comporte beaucoup d’interdictions, d’incompatibilité et d’obligations. Mais le magistrate a
aussi des avantages et des droits lies à sa profession.

Section 1 : Les contraintes de la profession

Il s’agit des interdictions, incompatibilités et obligations auxquelles est soumis le magistrat


dans l’exercice de ses fonctions.

Paragraphe 1 : Les interdictions


Elles sont énumérées aux articles 13 à 16 du statut et concerne le traitement d’une affaire
concernant un proche, l’acquisition ou la cession de biens faisant l’objet d’une procédure
judiciaire, le règlement des intérêts personnels par un acte de sa fonction et la cessation de
travail.

I- L’interdiction de traiter une affaire concernant un proche

L’article 13 du statut interdit aux magistrat de connaitre d’une affaire dans laquelle l’une des
parties est représentée par un avocat ou un mandataire qui est sont parent ou son allié
jusqu’au quatrième degré.

Par exemple si l’épouse d’un magistrat est avocate, ce magistrat ne doit pas traiter les affaires
dans lesquelles sa conjointe représente l’une des parties au procès. Ceci pour éviter un
éventuel parti-pris et éviter au juge son impartialité. En cas de violation de cette interdiction,
la procédure peut être frappée de nullité.

J- L’interdiction des transactions sur les droits litigieux

Le magistrat ne doit pas se rendre acquéreur ou cessionnaire par lui-même ou par personne
interposée des droits litigieux qui sont de la compétence des juridictions dans le ressort
desquelles il exerce ses fonctions. Il ne doit pas acquérir des biens, droits et créances dont il
doit poursuivre ou autoriser la vente. Il ne doit pas les prendre en louage ni les recevoir en
nantissement. De telles transactions de sa part seraient frappées de nullité (article 14 du
statut).
K- L’interdiction du règlement des intérêts personnels par un acte de sa fonction

L’article 15 du statut interdit au magistrat d’accomplir un acte de sa fonction lorsqu’il s’agit


de ses propres intérêts, de ceux de sa femme, de ses enfants ou alliés en ligne directe ou en
ligne collatérale jusqu’au quatrième degré ou encore lorsqu’il s’agit des intérêts d’une
personne dont il est le représentant légal ou le mandataire. Un tel acte sera frappé de nullité.

L- La cessation du travail

Aux termes de l’article 16 alinéa 3 du statut : « est également interdit au magistrat toute
action concerté de nature à arrêter ou entraver le fonctionnement des juridictions. »

Il résulte de cet article que les magistrats n’ont pas le droit de grève. Ils ne peuvent par une
action concertée décider d’arrêter le travail. Cette interdiction du droit de grève contient
implicitement celle de constituer en syndicat puisque le droit de grève est l’un des moyens
d’action de revendication des syndicats. Cependant, avec l’avènement de la nouvelle
constitution ivoirienne du 01 Août 2000 qui reconnait ce droit à tout travailleur, les magistrats
peuvent également pour des revendications professionnelles arrêter le travail tout en
conservant un service minimum.
Paragraphe 2 : les incompatibilités

Il s’agit de certaines activités qui ne peuvent s’exercer concomitamment avec la profession


de magistrat. Toutefois en la matière il y a un principe et une exception.

A- Le principe de l’incompatibilité de la fonction de magistrat


avec d’autres activités

Au terme de l’article 10 alinéa 1 du statut « l’exercice des fonctions de magistrat est


incompatible avec l’exercice de toutes fonctions publiques et de tout autres fonction
rémunérées ».

Cela signifie que l’on ne peut magistrat en fonction dans une juridiction (juge d’instruction,
substitut du procureur) et exercé une autre fonction publique (directeur, sous-directeur
d’administration) ou tout autre activité rémunérée (activité commerciale, associé ou
consultant dans une entreprise privée, etc.).

L’article 11 du même statut précise encore que l’exercice des fonctions de magistrat est
incompatible avec l’exercice de toute fonction élective ce qui veut dire qu’on ne peut être
juge et député ou juge et maire de commune. Cependant ces incompatibilités connaissent
quelques exceptions.

B- Les exceptions au principe


Certaines activités peuvent être exercées en même temps que la profession de magistrat à
condition d’avoir des dérogations ou autorisations.

1- Les activités nécessitant des dérogations


L’alinéa 2 de l’article 10 du statut dispose que les dérogations individuelles peuvent être
accordées aux magistrats pour:

- Donner des enseignements ressortissants à leur compétence par exemple un magistrat


du ministère public peut être autorisé à donner des cours de droit pénal et de procédure
pénale ;
- Exercer des fonctions ou activités qui ne seraient pas de nature à porter atteinte à la
dignité du magistrat et à son indépendance (conseiller de ministre).
2- Les activités nécessitant une autorisation
Il s’agit d’activités qui ne sont pas vraiment incompatible avec la fonction de magistrat en ce
qu’elles ne portent pas atteinte à la dignité et à l’indépendance de ce dernier mais dont
l’exercice nécessite néanmoins une autorisation préalable de l’autorité hiérarchique. Tel est
le cas de la participation des magistrats aux travaux d’organismes ou de commissions
extrajudiciaires par exemple la participation à des commissions d’enquêtes, des commissions
des droits de l’Homme, des séminaires, colloques et autres tables rondes. Cette autorisation
est accordée par le garde des sceaux ministre de la justice.

3- Les activités ne nécessitant aucune autorisation


Il existe des activités pour lesquelles le magistrat n’a pas besoin d’autorisations. En
effet, l’article 10 alinéa 3 du statut déclare que « les magistrats peuvent, sans autorisation
préalable, se livrer à des travaux scientifiques, littéraires ou artistiques ».

Paragraphe 3 : Les obligations

Quatre principales obligations pèsent sur le magistrat dans l’exercice de ses fonctions :

- L’obligation au secret professionnel ;


- L’obligation de réserve ;
- L’obligation de résidence ;
- L’obligation de porter le costume d’audience.

I- L’obligation au secret professionnel


Cette obligation signifie que le magistrat ne doit pas divulguer les informations et
renseignements confidentiels auxquels il aurait eu accès dans l’exercice de ses fonctions. Il
en doit pas non plus diffuser avant qu’elle ne soit prononcée publiquement les décisions
prises au cours des délibérations auxquels il a participé. On dit qu’il doit garder le secret des
délibérations.

J- L’obligation de réserve
Le magistrat est tenu à une obligation de réserve. Cette obligation résulte en réalité des
interdictions qui lui sont faites par l’article 7 du statut en ces termes : « toutes délibérations
politiques est interdites au corps judiciaire. Toutes manifestations d’hostilités aux
principes et à la forme du gouvernement de la République est interdit aux magistrats de
même que toute démonstration de nature politique incompatible avec la réserve que leur
impose leur fonction».

Il résulte de ce qui précède que le magistrat ne doit pas faire de la politique. Il ne doit pas
manifester son opinion politique ni participer à des rencontres de même nature.

K- L’obligation de résidence
L’article 18 alinéa 1 dispose que « les magistrats sont astreint à résider au siège de la
juridiction à laquelle ils appartiennent. Ils ne peuvent s’absenter sans congé ou permission
si ce n’est pour cause de service ». L’obligation de résidence signifie que le magistrat doit
habiter dans le lieu de sa juridiction. Par exemple s’il est en fonction au TPI de Bouaké, il
doit résider la ville de Bouaké ; il ne peut résider ailleurs.

Cette obligation de résidence s’accompagne d’une autre obligation qui est l’obligation de
présence. En effet, le magistrat ne peut s’absenter de son poste de travail sans raison. S’il doit
s’absenter, cela ne peut se faire qu’avec une permission ou une décision de congés ou encore
pour des raisons de service.

L- L’obligation de porter le costume d’audience


Les magistrats sont également astreints à l’audience au port d’un costume c’est-à-dire une
tenue qu’ils arborent pour prendre part aux audiences des juridictions. On distingue à cet
effet deux types de costumes :

- Le costume des audiences ordinaires ;


- Le costume des audiences solennelles.
1- Le costume des audiences ordinaires
Les audiences ordinaires sont généralement celles au cours desquelles les affaires sont
jugées. Le costume de circonstance dans ce cas est la toge noire à grande manche avec
simarre noire et ceinture noire, toque noire bordée de velours noir ornée d’un galon d’argent,
cravate tombante de baptiste blanche plissée et une épitoge de fourrure blanche (article 18
alinéa 1 du décret de 1998).

2- Le costume des audiences solennelles


Il s’agit des audiences de cérémonie par exemple les audiences de prestation de serment,
d’installation de magistrat, et audiences de rentrée judiciaire. Le costume porté dans ces
occasions est la toge de couleur rouge avec simarre de soie noire, ceinture de soie aux
couleurs ivoiriennes avec frange de soie et une toque de velours noire (article18 alinéa 2).

Section 2 : Les droits et avantages de la profession de magistrat


Paragraphe 1 : Les droits

Tout magistrat a droit à une rémunération et à une carte professionnelle.

E- Le droit à une rémunération


L’article 33 du statut de la magistrature indique que les magistrats perçoivent une
rémunération qui comprend le traitement soumis à retenue pour pension et des accessoires
de salaires tels que défini par le statut général de la fonction publique. Ce traitement est fixé
par décret.

F- Le droit à une carte professionnelle


L’article 19 du décret d’application de la loi portant statut de la magistrature déclare que les
magistrats en fonction dans les emplois judicaires sont munis d’une carte professionnelle dont
le modèle et les conditions de délivrance, d’usage et de retrait sont définis par arrêté du garde
des sceaux, ministre de la justice.

Cette carte comporte entre autre indications la mention suivante : « le garde des sceaux,
ministre de la justice prescrit aux agents de l’autorité d’assurer la libre circulation de M
ou Mme …… pour les besoins de service et dans l’exercice de ses fonctions »

Lorsque le magistrat cesse d’assurer la fonction pour laquelle la carte lui a été délivrée, il doit
la restituer sans délai au ministère qui lui en délivrera une nouvelle s’il y a lieu.

Paragraphe 2 : Les avantages liés à la profession


Il s’agit des prérogatives accordées aux magistrats mais qui peuvent leur être retiré à tout
moment. On distingue les avantages pécuniaires, des avantages sociaux ainsi que des
avantages d’autres natures.

E- Les avantages pécuniaires


Les magistrats ont doit à deux sortes d’avantages pécuniaires :

- Les avantages consentis à tous les fonctionnaires ;


- Les avantages propres à la fonction de magistrat.
En effet l’article 34 du statut de la magistrature dispose que « les magistrats ont en outre
droits à tous les avantages consentis aux fonctionnaires régis par le statut général de la
fonction publique ». Il s’agit notamment de l’indemnité de transport et des allocations
familiales. Mais les magistrats disposent également d’avantages pécuniaires spécifiques à
savoir une indemnité de logement, une indemnité de judicature, une indemnité
d’investigation, une indemnité de représentation, et une indemnité de responsabilité.

F- Les avantages sociaux


L’article 58 du statut de la magistrature précise que « les dispositions du statut général de la
fonction publique relatives notamment aux diverses positions des fonctionnaires, aux
régimes des congés et des pensions s’appliquent aux magistrats dans la mesure où elles ne
sont pas contraires aux règles statutaires du code judiciaire ».

Ainsi les magistrats bénéficient aussi des prestations de la MUGEFCI et de la CGRAE. Les
magistrats bénéficient également d’une protection particulière. En effet indépendamment des
règles du code pénal qui punissent toutes infraction commises à l’égard de tout citoyen quel
qu’il soit, les magistrats sont protégés contre les menaces et attaques de quelque nature qu’elles
soient dont ils peuvent faire l’objet dans l’exercice de leur fonction. Ils sont également
protégés contre les poursuites judiciaires qui ne peuvent être engagées à leur endroit que
suivant une procédure particulière dites procédure de prise à partie (article 17 alinéa 2 du
statut).

Chapitre III : LA CARRIERE DE MAGISTRAT


Section 1 : Le déroulement de la carrière

Il ne suffit pas d’être nommé dans les fonctions de magistrat, encore faut-il y faire carrière.
Cela n’est possible qu’en application de certaines règles. Les règles déterminant les grades et
les emplois auxquels le magistrat peut accéder durant sa carrière d’une part, et les règles fixant
les conditions d’avancement dans la carrière d’autre part.

Paragraphe 1: Les grades et emplois de la profession de magistrat

La profession de magistrat est fortement hiérarchisée. Elle comprend différends grades et


emplois auxquels le magistrat peut accéder tout au long de sa carrière s’il donne satisfaction.
E- Les grades de la magistrature
Le corps de la magistrature est divisé en trois grades :

- Le grade de magistrat hors hiérarchie ;


- Le grade de magistrat du premier grade ;
- Le grade de magistrat du deuxième grade.

1- Le grade de magistrat hors hiérarchie


C’est le grade le plus élevé de la profession car il est le dernier auquel on accède avant la
retraite. Ce grade est subdivisé en deux groupes, le groupe A et le groupe B. Le magistrat
accède directement au groupe A après trois année passée dans le groupe B. Mais pour accéder
au grade de magistrat hors hiérarchie groupe B, il faut avoir au moins vingt ans de carrière.

2- Le magistrat du premier grade


Le premier grade de la magistrature qui vient immédiatement après celui de hors hiérarchie
comprend également deux groupes, le 1er groupe et le 2ème groupe. On distingue ainsi dans
ce grade les magistrats du 1er grade 1er groupe, qui est le plus élevé, et les magistrats du 1er
grade 2ème groupe.

3- Les magistrats du deuxième grade


La réparation se fait ici de la même manière que dans le premier grade. On distingue alors les
magistrats du 2ème grade 1er groupe suivis des magistrats du 2ème grade 2ème groupe.
Ferment la marche les auditeurs de justice qui forment le grade des auditeurs de justice.

F- Les emplois de la magistrature

Dans profession de magistrat, n’accède pas à un emploi qui veut. Il faut avoir le grade
correspondant à l’emploi car chaque emploi correspond en effet à un grade. Par exemple si
l’on est magistrat hors hiérarchie du groupe A, l’on peut être membre de la cour suprême. Si
l’on est magistrat hors hiérarchie du groupe B, l’on peut occuper les fonctions de premier
président de la cour d’appel ou de procureur général près de ladite cour. Le premier grade
premier groupe grade donne droit aux emplois ou aux fonctions d’avocat général et président
de chambre à la cour d’appel, de président du tribunal de première instance et de procureur de
la république près dudit tribunal. Le premier grade deuxième groupe ouvre aux emplois de
substitut général et de conseiller à la cour d’appel, de vice président du tribunal de première
instance, et de procureur de la république près du même adjoint tribunal. Les fonctions de
deuxième grade premier groupe sont celles de substitut du procureur de la république de
première classe, juge d’instruction de première classe et juge de section. Quant aux fonctions
de deuxième grade deuxième groupe, il s’agit de juge d’instruction de deuxième classe, juge
de section adjoint et de substitut du procureur de deuxième classe.
Paragraphe 2 : Les avancements

Les avancements sont les passages d’un grade à un autre. Ils obéissent à certaines règles
relative tant à la durée qu’au critère de choix.

E- La durée des avancements

Pour avancer d’un grade à un autre il faut avoir passé un certain nombre d’années dans le grade
initial. Ainsi par exemple, pour passer du grade de magistrat deuxième grade du deuxième
groupe à celui de magistrat du 2ème grade 1er groupe il faut au moins 8 ans en exercice de
service. Pour accéder au grade de magistrat premier grade deuxième groupe lorsque l’on quitte
legrade de magistrat du deuxième grade premier groupe il faut au moins 6 ans de service. Il
convient de préciser que pour accéder au grade de magistrat hors hiérarchie, il n’y a pas de
durée précise à observer dans le grade précédent c'est-à-dire du grade de magistrat premier
grade premier groupe car la nomination au grade de magistrat hors hiérarchie relève du
pouvoir discrétionnaire du président de la république.

F- Les critères d’avancement

L’avancement d’un grade à un autre n’est pas automatique. Il intervient sur la base de
notations. En effet, les magistrats sont notés par leurs chefs hiérarchiques dans l’exercice de
leur fonction. Ces notes portent sur plusieurs éléments d’appréciation qui sont : la tenue
vestimentaire et la présentation, le bon sens, le jugement, l’esprit de synthèse, la culture
générale, la curiosité intellectuelle, l’autorité, le sens des responsabilités, la force de
caractère, la pondération, le sens de la mesure, la puissance de travail, la méthode et le sens
de l’organisation, les connaissances juridiques et le sens de l’application du droit, la qualité
de rédaction, l’aptitude à la présidence des audiences, la qualités d’administrateur et enfin
l’aptitude à la parole.

Les degrés d’appréciation de ces différents critères vont de mauvais à exceptionnels en


passant par insuffisant, bon, très bon. Ils correspondent à une note sur 20. Chaque année
judiciaire, une liste d’aptitude et d’avancement des magistrats est dressée par la direction des
services judiciaires et des ressources humaines du ministère de la justice qui la transmet au
conseil supérieur de la magistrature. Cet organise délibère sur les avancements et proclame
ses résultats. Il convient toutefois de dire que l’avancement n’est pas seulement fondé sur les
notes. Le comportement et la discipline du corps sont également pris en compte.

Paragraphe 3 : La discipline des magistrats

Dans l’exercice de leurs fonctions les magistrats doivent faire preuve d’une certaine
discipline c'est-à-dire qu’ils doivent observer les règles déontologique que leur impose la
profession et ne jamais manquer à leurs obligations faute de quoi ils peuvent faire l’objet de
sanctions disciplinaires. Quels sont ces manquements et les sanctions qui y sont attachées.

E- Les fautes disciplinaires


L’article 35 alinéa 1er du statut de la magistrature définit la faute disciplinaire comme étant
« tout manquement par un magistrat aux convenance de son état à l’honneur, à la
délicatesse ou à la dignité ».

Par convenance il faut comprendre tout ce qui est approprié, tout ce qui est bienséant pour la
profession. Et par manquement aux convenances, tout ce qui peut nuire à l’image de la
profession. Par exemple, il est inconvenant qu’un magistrat soit en Etat d’ivresse dans
l’exercice de ses fonctions. Il est également inconvenant qu’un magistrat s’adonne à certaine
pratique telle que le racket, l’escroquerie, l’extorsion de fonds etc. enfin le magistrat en
exercice ne doit pas participer à des débats politiques ou prendre publiquement des positions
politiques.

La délicatesse est relative au tact et à la finesse auxquels le magistrat doit faire preuve. Il ne
doit pas dans l’exercice de ses fonctions tenir les discours ou des propos choquants,
belliqueux, discriminatoire ou racistes. Le magistrat doit toujours faire preuve de diplomatie.
Outre ces comportements, la faute disciplinaire consiste également dans la désobéissance à
son chef particulièrement pour les magistrats du ministère public. Cette désobéissance peut
consister dans le fait de ne pas exécuter les instructions du supérieur hiérarchique ou d’agir
contrairement à ses instructions (article 35 alinéa 2 du statut).

F- La procédure disciplinaire à l’égard des magistrats


Elle concerne la saisine des organes de discipline, la mise en œuvre de la procédure et les
sanctions.

1- La saisine des organes de discipline

Deux organes disciplinaires interviennent dans la sanction des fautes commises par les
magistrats dans l’exercice de leurs fonctions. Il s’agit des chefs de cours et du conseil
supérieur de la magistrature.

a- Les chefs de cours


L’article 36 du statut dispose que « en dehors de toute action disciplinaire, les procureurs
généraux et les premiers présidents des cours d’appel, ont le pouvoir de donner un
avertissement aux magistrat placés sous leur autorité. ».
L’avertissement infligés aux magistrats par les chefs de cours c'est-à-dire les premiers
présidents et les procureurs généraux n’est pas en soi une sanction disciplinaire. Il n’a aucun
effet sur sa carrière. Il reste néanmoins une mesure préventive qui sanctionne son
comportement.

b- Le conseil supérieur de la magistrature


C’est le véritable organe de discipline des magistrats. Il a été créé par la loi N° 61-202 du 02
juin 1961. Cette loi a connu plusieurs modifications relatives à la composition, la présidence
et le fonctionnement du conseil supérieur de la magistrature.
2- La mise en œuvre de la procédure disciplinaire

C’est le garde des sceaux, ministre de la justice qui dénonce au conseil supérieur de la
magistrature les plaintes ou les faits dont il a connaissance. Le président de la cour suprême
qui est le vice président du conseil supérieur de la magistrature fait alors ouvrir une enquête
disciplinaire. Un membre du conseil est désigné en qualité de rapporteur. C’est lui qui
procédera à l’audition du magistrat en cause ainsi qu’à celle du plaignant et éventuellement
des témoins. Après l’enquête le magistrat en cause est invité à compromettre en personne
devant le conseil. Il peu se faire assister d’un avocat au besoin se faire représenter par un
collègue en cas de maladie ou d’empêchement (article45, 46 du statut). Le magistrat traduit
devant le conseil ainsi que son avocat ont le droit de prendre connaissance du dossier avant
leur comparution (article 47). Au jour de l’audience, le magistrat rapporteur livre les résultats
de son enquête. Le mise en cause est invité à fournir des explications, puis le conseil met
l’affaire en délibérée pour décision être rendu à une date qu’il indiquera.

5- L e prononcé de la sanction disciplinaire

Le conseil de discipline statut à huit clos. Sa décision est notifiée au magistrat concerné dans
les formes administratives. Elle prend effet du jour de cette notification. En cas de faute
disciplinaire, le conseil supérieur de la magistrature peut prendre les sanctions suivantes :
- La réprimande avec inscription au dossier
- Le déplacement d’office
- La radiation du tableau d’avancement
- Le retrait de certaines fonctions
- L’abaissement d’échelons
- La rétrogradation
- La mise à la retraite d’office
- La révocation

La réprimande est un blâme c'est-à-dire une désapprobation du comportement du magistrat.


Cette désapprobation est inscrite dans son dossier personnel. Le déplacement d’office consiste
à affecter le magistrat fautif à un autre poste en cours d’année judiciaire sans qu’il ne l’ait
souhaité. La radiation du tableau d’avancement consiste à retirer le nom du magistrat en cause
de la liste des personnes proposées à l’avancement aux grades. Le retrait de certaines fonctions
conduit le magistrat sanctionné à se voire retirer les fonctions qu’ils exerçaient au moment des
faits. Par la rétrogradation, le magistrat est ramené à un grade inférieur à celui dont il est
titulaire. La mise à la retraite d’office entraine la cessation de toute fonction avant l’âge requis
pour la retraite.

Quant à la révocation, c’est une destitution des fonctions et de la profession. Celui qui est
frappé de cette sanction ne fait plus partir du corps des magistrats et ne peut en aucun cas
exercer la profession. Il convient de préciser que le conseil supérieur de la magistrature ne peut
prononcer une seule des sanctions énumérées même si le magistrat en cause a commis
plusieurs fautes. Par ailleurs sa décision n’est pas susceptible de recours.

Section 2 : la fin de la carrière du magistrat.


La carrière du magistrat prend fin à un moment donné de l’exercice de la profession. Cette fin
peut intervenir normalement ou de façon prématurée.

Paragraphe 1 : La fin normale de la carrière

La carrière de tout travailleur prend fin normalement à sa mise à la retraite après un certain
temps de travail. Pour ce qui est des magistrats, le temps du travail et notamment l’âge de la
retraite varie suivant le grade. Ainsi, pour les magistrats hors hiérarchie, l’âge de la retraite est
fixé à 65 ans. Pour tous les autres grades, il est de 60 ans. Pour revoir cette disposition, l’article
63 du statut qui prévoit cette disposition précise c’est sous réserve des prérogatives pouvant
résulter des textes applicables à l’ensemble des agents de l’Etat. La retraite donne droit à une
pension qui représente la somme des cotisations retraites payés durant l’activité.

Paragraphe 2 : La fin prématurée

La carrière du magistrat peut également prendre fin de manière prématurée c'est-à-dire à


long terme. Cela peut être de son fait ou indépendant de sa volonté. Elle est de son fait lorsque
le magistrat présente sa démission et que celle-ci est acceptée par son employeur. La
démission ne donne droit à aucune indemnité. La fin prématurée peut intervenir
indépendamment de sa volonté pour cause de décès et de révocation. La révocation qui est
une sanction disciplinaire consécutive à une faute du magistrat n’est pas en réalité
indépendante de sa volonté. Toutefois, elle met brutalement fin à sa carrière et de la plus
mauvaise manière.
Sous-Partie 2 : Les auxiliaires de justice
Un auxiliaire de justice est un homme de droit qui concourt à la bonne administration de la
justice. En côte d’ivoire on distingue plusieurs auxiliaires de justice que l’on peut regrouper
en deux grandes catégories. D’une part les auxiliaires de justice qui ont la qualité d’officiers
publics et ministériels et d’autre part les auxiliaires de justice qui n’ont pas cette qualité.

Titre I : les auxiliaires de justices ayant la qualité d’officiers publics et ministériels

Un officier public est une personne investit par l’autorité publique du pouvoir de dresser des
actes authentiques et obligatoires. Ainsi sont des officiers publics les officiers d’Etats civils
qui dressent les actes de naissance, des mariages et des décès, les greffiers des services
judiciaires qui délivrent des actes de justices, les conservateurs de la propriété foncière qui
délivrent des certificats de propriété foncière.

Quant à l’officier ministériel, c’est une personne qui détient une charge qui lui é été conféré
à vie par les pouvoirs publics et à laquelle ceux-ci reconnaissent l’attribution d’exercer une
activité qui normalement relève du service public. Font partir de cette catégorie les notaires,
les huissiers de justice et les commissaires priseurs. Cependant certains auxiliaires de justice
réunissent ces deux qualités c'est-à-dire qu’ils sont à la fois officiers publics et officiers
ministériels. Il s’agit des notaires et des huissiers de justices. D’autres sont uniquement
officiers publics. Il s’agit des greffiers. D’autres encore ne disposent d’aucune de ces qualités.
Tel est le cas des avocats.

Chapitre 1: LES GREFFIERS DES SERVICES JUDICIAIRES

Les greffiers des services judiciaires ont un statut hybride. Ils sont à la fois officiers publics
et fonctionnaire du ministère de la justice. Ils sont régit par le décret N° 78-769 de la loi du
23 septembre 1978 portant statut particuliers des personnels des services judiciaires. Une
ordonnance présidentielle intervenue en 2002 semble avoir modifié ce statut quant au
recrutement, à la formation et à l’exercice de la profession de greffier.

Section 1 : Le recrutement

Il se fait en fonction des différents corps de la profession.

Paragraphe 1 : le recrutement dans les différents corps de la profession de greffier.

La profession de greffier comprend quatre corps qui correspondent à quatre niveaux


d’emplois. Il s’agit dans l’ordre hiérarchique:

- Du corps des administrateurs des services judiciaires


- Du corps des attachés des services judiciaires
- Du corps des secrétaires des services judiciaires
- Du corps des assistants des services judiciaires

Paragraphe 2 : Les conditions du recrutement

Le recrutement dans l’un ou l’autre de ces corps intervient essentiellement par voie de
concours. Cependant on distingue un concours dirent et un concours professionnel.

A- Le concours d’accès direct aux différents corps de la profession de greffier


Le concours direct est ouvert au trois corps de la profession : le corps des attachés des services
judiciaires, celui des secrétaires des services judiciaires et enfin le corps des assistants des
services judiciaires. Les conditions de recrutement pour chacun de ces corps sont différentes
sur certains points et communes sur d’autres.

S’agissant des conditions communes au recrutement dans tous ces corps, le statut exige que le
candidat soit de nationalité ivoirienne, qu’il jouisse de ses droits civiques et civils, qu’il soit
en position régulière vis-à-vis des lois sur le recrutement militaire. Qu’il soit en bonne santé
physique et exempt de toute maladie contagieuse. Quant aux conditions d’âge et de niveaux
d’étude, elles sont différentes. Ainsi le candidat au concours direct d’’accès au corps des
attachés judiciaires doit être titulaire d’un Bac+2 c'est-à-dire d’un DEUG 2 ou d’un BTS et
être âgé de 18 ans au moins et de 40 au plus. Pour le concours des secrétaires de service
judiciaire seul le BAC est requis quelque soit la série. Les conditions d’âge étant les mêmes.

Quant aux corps des assistants des services judiciaire, le BEPC suffit.

B- Les concours professionnels

Le concours professionnel est ouvert uniquement à ceux qui exercent déjà la profession de
greffier et qui désire changer de corps. Il concerne donc le corps des secrétaires des services
judiciaires, celui des attachés des services judiciaires et le corps le plus élevé qui est celui des
administrateurs des services judiciaires. Ainsi pour l’assistant des services judiciaire qui désire
accéder au corps des secrétaires, il lui faut avoir au moins 3 années de service en tant que
titulaire dans le corps précédent et être âgé de 40 ans au plus. Les secrétaires des services
judiciaires qui veulent devenir des attachés sont soumises aux mêmes conditions. Quant aux
attachés qui veulent accéder au grade d’administrateur des services judiciaires, il doit avoir
effectué au moins trois de service dans le corps précédent et être âgé au maximum de 45 ans.

Section 2 : La formation

Elle a lieu à l’institut national de la formation judiciaire à l’instar de celle des magistrats. Elle
dure deux ans dont une année de formation initiale et une autre de stage pratique en juridiction.
A l’institut la formation des greffiers est subdivisée en trois cycles. D’une part le cycle
supérieur qui reçoit les administrateurs des services judiciaires, d’autre part le cycle moyen
supérieur pour les attachés des services judiciaires et enfin le cycle moyen pour les secrétaires
des services judiciaires. Il faut préciser que les assistants des services judiciaires ne sont ni
recrutés ni formés à l’institut. C’est le ministère de la fonction publique qui assure leur
recrutement et leur formation dans les antennes de la fonction publique.

Section 3 : L’exercice de la profession de greffier

Il s’agit ici de préciser les attributions du greffier dans le fonctionnement de l’appareil


judiciaire. Ainsi que d’indiquer les contrainte et les avantages liés à l’exercice de la profession.

Paragraphe 1 : Les attributions du greffier

Le greffier est avant tout un collaborateur du magistrat sous l’autorité duquel il exerce sa
fonction. Il dispose d’attributions juridictionnelles et administratives.

E- Les attributions juridictionnelles

Il s’agit des tâches qu’il accomplit dans le cadre des procédures judiciaires. A ce titre, le
greffier est chargé d’assister le juge dans l’exercice de ses fonctions et de dresser tout acte
constatant cet exercice. Ainsi le greffier rédige des procès verbaux, des convocations, des
notifications etc. il délivre en outre copie des décisions rendues par les juges. Enfin il participe
au procès au cours duquel il tient la plume. Selon le grade le greffier peut occuper dans
l’appareil judiciaire divers emplois. Ainsi un administrateur des services judiciaires peut être
nommé greffier en chef du tribunal de la cour d’appel. L’attaché des services judiciaires peut
être lui greffier en chef adjoint. Pour tous les autres et notamment pour les secrétaires c’est
l’emploi de greffier ordinaire.

F- Les attributions administratives

Les greffiers peuvent également exercer des tâches administratives. Ils peuvent par exemple
diriger les secrétariats des présidents des tribunaux de première instance et des procureurs de
la république. Cette fonction est dévolue à ceux qui ont le grade de secrétaire des services
judiciaires. Quant aux greffiers qui ont le grade d’attachés des services judiciaires, ils peuvent
diriger les secrétariats du premier président de la cour d’appel et du procureur général. Les
greffiers administrateurs eux assurent l’inspection des greffes.

Paragraphes 2 : Les contraintes liées à la profession

La profession de greffier est une profession de la justice. A ce titre elle est soumise à certaines
contraintes nécessaires au bon fonctionnement de la justice. Deux contraintes present
essentiellement sur les greffiers : l’obligation de prêter serment et les incompatibilités de la
profession.

E- L’obligation de prêter serment

Tout greffier avant d’entrer en fonction prête serment. Les secrétaires des services judiciaires,
les attachés ainsi que les assistants. Le serment est prêté une seule fois même si le greffier
change de corps. Il est prêté devant la juridiction où le greffier est affecté. La formule du
serment du greffier est la suivante : « je jure de bien et loyalement remplir mes fonctions et
d’observer en tout les devoirs qu’elle m’impose » 5Article 23 à 25 de la loi de 1978).

En plus de cette obligation les greffiers sont astreints au port de costume pendant l’audience.
Ce costume est constitué d’une toge noire sans épitoge et une toque noire sans galon.

F- Les incompatibilités

Plusieurs incompatibilités et interdictions concerne l’exercice de la profession du greffier. La


première est que le greffier ne peut participer aux travaux d’un organisme ou d’une
commission extra judiciaire sans une autorisation préalable du ministre de la justice. La
seconde contrainte vient de ce que le greffier ne peut siéger à la même audience qu’un
magistrat qui est son conjoint, un parent ou un allié en ligne directe ou en ligne collatérale
jusqu’au troisième degré. Il ne peut pas assister un magistrat dans l’accomplissement de
certains actes pour les mêmes raisons. La troisième contrainte est que le greffier ne peut pas
siéger à une audience ou assister le juge à une procédure concernant ses propres intérêts ou
ceux de son épouse, de ses parents ou de ses alliés en ligne directe ou en ligne collatérale
jusqu’au troisième degré. Il ne peut le faire également lorsqu’il s’agit des intérêts des
personnes dont il est le représentant légal ou le mandataire. Enfin, le greffier ne peuvent se
rendre acquéreur de droits litigieux qui font l’objet de procès devant la juridiction dans laquelle
il est affectée.

Paragraphe 3 : Les droits et avantages de la profession

Autrefois les greffiers étaient des officiers publics et ministériels exerçant une profession
libérale de sorte qu’ils percevaient des honoraires sur les actes qu’ils dressaient à l’instar
des notaires et des huissiers de justice. Tout en conservant cet avantage, les greffiers sont
devenus des agents de l’Etat avec un traitement salarial. Il en résulte que le greffier bénéficie
d’un salaire ainsi que de quelques droits sur les actes qu’il dresse. Par ailleurs étant des
fonctionnaires, ils bénéficient de tous les avantages résultant du statut général de la fonction
publique.

Chapitre II : LES NOTAIRES

La fonction notariale est régie en Côte d’Ivoire par divers textes. Il y a tout d’abord la loi N°
69/372 du 12 Août 1969 portant statut du notariat. Il y a ensuite la loi N° 97/ 513 du 04
septembre 1997 modifiant certaines dispositions de la loi de 1969. Le décret N° 2002 /356 du
23 juillet 2002 fixant les modalités d’application de la loi du 04 septembre 1997. Et enfin
l’arrêté N° 002 du 11 Janvier 2008 pris par le ministre de la justice et des droits de l’homme
et définissant les modalités et mécanisme de mise en œuvre des dispositions du décret de 2002.
Ces différents textes organisent l’accès et l’exercice de la profession.

Section 1 : L’accès à la profession de notaire

Il s’agit d’indiquer comment l’on devient notaire. L’accès à la profession de notaire se fait
après un recrutement et une formation professionnelle.

Sous-section 1 : Le recrutement

La loi du 04 septembre 1997 détermine les modes et les conditions du recrutement.

Paragraphe 1 : Les différents modes de recrutement de notaires

Les candidats à la profession de notaire sont recrutés selon deux modes. D’une part le mode
de l’examen professionnel et d’autre part le mode du recrutement sur titre. Un troisième mode
d’accès concerne celle des greffiers notaires.

G- Le recrutement par voie d’examen professionnelle

L’article 5 de la loi de 1997 précise que nul ne peut être nommé notaire s’il a subit avec succès
un examen professionnel à l’issu de son stage. Ainsi toute personne désirant exercer la
profession de notaire doit d’abord obtenir un stage dans une étude de notaire. Puis à l’issu
d’une période de deux ans, il doit se présenter à un examen professionnel de notaire. Toutefois,
les règles relatives à l’organisation de cet examen de même que celles concernant la délivrance
du diplôme d’aptitude à la profession de notaire ainsi que le programme des épreuves ne sont
pas encore définies. En tout état de cause celui qui aura satisfait à l’examen professionnel
de notaire aura droit à un diplôme d’aptitude à la profession notariale et du statut de notaire
stagiaire en attendant de se voire attribuer un office de notaire par le garde des sceaux ministre
de la justice. Ce qui lui confèrera le statut de notaire titulaire de charges.

H- Le recrutement sur titre

Certaines personnes peuvent être recrutées comme notaires sans avoir effectuées un stage ni
suivies un examen professionnel mais uniquement sur la base de leur titre. On peut les
regrouper en deux catégories. La première est relative aux personnes recrutées sur titre après
cinq années au moins de pratique de leur profession précédente et dispensées aussi bien du
stage que de l’examen professionnel. Il s’agit des magistrats, des avocats et des enseignants
docteurs en droit. La deuxième catégorie concernent ceux qui ont deux années de pratique au
moins de leur profession précédente. En font partie les greffiers en chef, certains
fonctionnaires de l’administration des concours et notamment ceux du service enregistrement.
Ces personnes sont dispensées de l’examen professionnel mais doivent effectuer le stage de
deux années dans une étude de notaire.

I- La nomination des greffiers notaires

Dans les localités où il n’existe pas de notaires, la loi de 1997 autorise que les fonctions de
notaires soient exercées par les greffiers en chef des juridictions se trouvant dans ces localités
(Article 2). Cependant ces fonctions prennent fin dès l’installation d’un notaire titulaire de
charge dans la localité.

Paragraphe 2 : Les conditions d’accès à la profession de notaire

Ces conditions sont relatives à la personne du candidat à la profession et au niveau d’étude de


celle-ci.

E- Les conditions relatives à la personne du candidat à la profession de notaire


Selon l’article 4 de la loi de 1997 toute personne qui désire exercer les fonctions de notaire ne
doit remplir les conditions suivantes :

- Elle doit être de nationalité ivoirienne


- Jouir de ses droits civil et civique
- Etre âgé de 25 ans au moins
- Se trouver en position régulière au regard des lois sur le recrutement de l’armée
- N’avoir subit aucune condamnation pour des faits contraire à la probité et aux bonnes
mœurs
- N’avoir été ni déclaré en faillite ni mis en état de liquidation judiciaire
- Ne pas être un officier public destitué ou un avocat rayé du barreau
- Ne pas être un fonctionnaire révoqué au fait contraire à la probité et aux bonnes
mœurs
F- Les conditions d’études
Le candidat à la profession doit être titulaire de la licence en droit ancienne formule ou de la
maitrise en droit actuelle peu importe la spécialité. Si le candidat est un clerc c'est-à-dire un
collaborateur de noatire, il doit avoir exercé au moins pendant deux ans à cet titre dans une
étude de notaire ou un cabinet d’avocat.

Sous-section 2 : LA FORMATION

Il n’existe pas en côte d’ivoire d’école de formation à la profession de notaire. Cette formation
est prévue pour être effectuée à l’institut national de formation judiciaire mais elle n’a pas
encore vu le jour. De sorte que la seule formation à laquelle accèdent les candidats à la
profession est celle issue au stage pratique dans l’étude d’un notaire.

Section 2 : L’exercice de la profession

Il est soumis à des conditions préalables.

Paragraphe 1 : Les conditions préalables à l’exercice de la profession de notaire.

Ces conditions sont au nombre de trois (3). Premièrement être nommé notaire titulaire de
charges. Deuxièmement prêter serment. Troisièmement procéder à son installation.

A- La nomination en qualité de notaire titulaire de charges

Les notaires sont nommés par arrêtés du garde des sceaux ministre de la justice parmi les
candidats ayant satisfait au stage et réussi à l’examen professionnel (article 5 du décret de
2002). Ils sont nommé titulaire d’un office c'est-à-dire d’une charge. En effet au siège de
chaque tribunal de première instance ou section de tribunal, l’Etat crée un ou plusieurs offices
de notaires. Et c’est au sein de ces offices que sont nommés les notaires. Ainsi par exemple un
notaire peut être nommé titulaire de la première charge de notaire auprès du tribunal de
première instance d’Abidjan ou titulaire de la 10ème charge auprès du tribunal de première
instance de Yopougon. Cependant bien que rattaché à une juridiction donnée, le notaire
titulaire de charge exerce ses fonction sur toute l’étendue du territoire national. Par ailleurs il
ne prête pas serment devant la juridiction à laquelle il est rattaché mais devant la cour d’appel
dont relève sa juridiction de rattachement.

B- La prestation de serment et l’installation du notaire


5- La prestation de serment

Le notaire doit obligatoirement prêter serment devant la cour d’appel avant d’entrer en
fonction. Cela doit être fait dans les trois mois de sa nomination sous peine d’être considéré
comme démissionnaire (article 10 de la loi de 1997 et article 2 du décret de 2002). Toutefois,
le notaire n’est admis au serment qu’après s’être acquitté de certaines obligations. La
premièrement est le paiement d’un cautionnement fixé à 2.000.000 de francs. La seconde
obligation est le dépôt au greffe de la cour d’appel du spécimen de sa signature et de son
parafe. La formule du serment du notaire est ainsi libellée : « je jure de remplir mes fonction
avec exactitude et probité ». Après la prestation du serment le notaire doit songer à son
installation.
6- L’installation

La profession de notaire est une profession libérale. C’est donc le notaire lui-même qui crée
son lieu de travail en ouvrant une étude à ses propres frais. L’installation doit intervenir dans
les six mois de la nomination. Elle se fait dans le lieu du ressort du tribunal de rattachement.
L’installation doit être justifiée au procureur de la république auprès du tribunal ainsi
qu’auprès de la chambre des notaires (article 2 du décret de 2002). Il convient de préciser qu’il
est interdit au notaire d’ouvrir un établissement secondaire ou une succursale.

Tout notaire qui n’a pas prêté serment et ne s’est pas installé dans le délai imparti est considéré
comme démissionnaire. Cette démission est constatée par un arrêté du garde des sceaux
ministre de la justice saisit à cet effet par la chambre des notaires. (Article 3 du décret de 2002).

Paragraphe 2 : Les attributions du notaire

Elles sont déterminées à l’article 1er de la loi de 1997 en ces termes : « les notaires sont des
officiers publics institués pour recevoir les actes et contrats auxquels les parties doivent ou
veulent donner le caractère d’authenticité attaché aux actes de l’autorité publique et pour
en assurer la date, en conserver le dépôt, en délivrer les grosses et expéditions ».

Toutes ces attributions doivent être exercées selon l’article 24 du décret de 2002 avec la probité
la plus scrupuleuse et la plus grande diligence. On distingue trois principales attributions du
notaire: l’établissement des actes, leur conservation et leur délivrance.

A- L’établissement des actes

Le notaire établit ou reçoit les actes et contrats auxquels les parties doivent ou veulent donner
le caractère d’authenticité attaché aux actes de l’autorité publique. C’est cette authenticité qui
fait foi et donne à ces actes une valeur probante très importante. En effet, des actes comme la
vente d’un immeuble ou la constitution d’une société commerciale, sont obligatoirement
passées devant un notaire pour leur conférer une certaine valeur, une certaine authenticité.
D’autres actes tels que les testaments peuvent être rédigés par un notaire à la demande des
personnes intéressées pour leur conférer la même valeur. En principe le notaire établit seul
les actes authentiques. Il n’a pas besoin d’une assistance quelconque. Cependant si les parties
pour lesquelles il établit l’acte déclarent le savoir ou le pouvoir signer, alors le notaire doit se
faire assister de deux témoins dans la rédaction de l’acte. Ces témoins doivent être majeurs,
avoir la jouissance de leur droit civil, savoir signer et avoir une bonne moralité (article 23 de
la loi de 1997). Il faut préciser en outre que le notaire doit toujours instrumenter en son étude
et non en dehors sauf si une disposition spéciale de la loi le prévoit.
B- La conservation et la délivrance des actes

Les notaires sont les dépositaires de certains actes et principalement de ceux qu’ils établissent.
Ils sont tenus de garder les minutes de ces actes c'est-à-dire les originaux et peuvent les délivrer
en cas de besoins sous forme de grosse, expédition et extrait. Une grosse est une copie d’un
document revêtue de la formule exécutoire. Une expédition est une copie certifiée conforme
d’un document mais qui n’est pas revêtue de la forme exécutoire. Enfin un extrait est une
partie d’un document. Le notaire ne peut délivrer copie d’un document dont il a la
conservation à une personne autre que les parties concernées. Toute délivrance à un tiers doit
être autorisée par le président de la juridiction du lieu de résidence du notaire (article 36 et 39
de la loi de 1997).

Paragraphe 3 : Les contraintes liées à l’exercice de la profession de notaire

L’exercice de la profession de notaire induit de nombreuses contraintes qui sont des


interdictions, incompatibilités et obligations auxquelles le statut du notariat soumet les
notaires.

G- Les abstentions et interdictions


1- Les abstentions
Les articles 16 et 20 de la loi de 1997 font obligation au notaire de s’abstenir :

- De recevoir des actes dans lesquelles ses parents ou alliés seraient partie ou qui
contiendraient quelques dispositions en leur faveur
- De réclamer d’autres droits et honoraires que ceux fixés par décret
- De conserver pendant plus de 6 mois les sommes qu’ils détiennent pour le compte
d’un tiers à quelque titre que ce soit.
2- Les interdictions
L’article 42 de la loi de 1997 fait formellement interdiction au notaire :

- De se livrer à des spéculations de bourses ou des opérations de commerces, de


banques, d’escomptes ou de courtage
- De s’immiscer dans l’administration des sociétés, entreprises de commerce ou
d’industries
- De s’intéresser dans une affaire pour laquelle il prête son ministère
- De constituer garant ou caution à quelque titre que ce soit à la négociation, des prêts
desquelles il aurait participé comme aussi de ceux dont les actes seraient dressés par
lui ou avec sa participation
- D’avoir recours à des prête-noms
- D’employer même temporairement les sommes ou les valeurs dont il est constitué
détenteur à un usage dont elles ne sont pas destinées.
L’article 32 du décret de 2002 fait également interdiction au notaire de faire de la publicité et
une concurrence déloyale. L’article 32 est ainsi libellé : « il est interdit au notaire de faire des
démarches directes ou indirectes ; publiques ou sécrètes, pour s’attirer les clients de ses
confrères ou les détourner à peine de sanctions disciplinaires. Il lui est également interdit
de s’attirer la clientèle par voix de publicité quelqu’en soit la forme».

H- Les incompatibilités

Les fonctions de notaire sont incompatibles avec toute activité d’avocat et toute fonction
publique rémunérée (article 18 de la loi de 1997). Cependant, le notaire peut à titre subsidiaire
dispenser des enseignements correspondant à sa spécialité dans des établissements de
formation. (Article 18 alinéa 2).

I- Les obligations du notaire


Plusieurs obligations incombent au notaire lorsqu’il entre en fonction.

11- L’obligation de résidence


Le notaire est astreint à résider au chef lieu de la juridiction à laquelle il appartient. Cette
obligation lui est signifiée dès sa nomination par l’arrêté du garde des sceaux ministre de la
justice qui lui octroie une charge (article 1er du décret de 2002).

12- L’obligation de souscrire à une assurance responsabilité


L’article 8 du statut fait obligation au notaire de souscrire à une police d’assurance
responsabilité professionnelle. Le notaire qui ne satisfait pas à cette obligation est considéré
comme démissionnaire et remplacé d’office.

13- L’obligation de présence


Les notaires sont tenus d’être présents à leurs études. Ils ne peuvent s’absenter même pour
cause de maladie sans une autorisation du garde des sceaux ministre de la justice. Pendant son
absence le notaire est remplacé par un intérimaire désigné le ministre de la justice.

14- Obligation de tenir une comptabilité


La loi fait obligation au notaire de tenir une comptabilité destinée à constater les recettes et les
dépenses en espèce ainsi que les entrées et les sorties de valeurs effectuées pour le compte de
ses clients.

15- L’obligation de ne pas présenter de successeur


En cas de cessation de ses fonctions, notamment par démission, le notaire ne peut et ne doit
présenter un successeur. Tout acte ou toute convention portant cession d’office de notaire ou
de clientèle est nul et entraine la révocation de l’officier public ou contractant du notaire
(article 6 du statut).

Paragraphe 4 : Les droits et privilèges du notaire

A- Les droits
Le statut du notariat reconnait au notaire un certain nombre de voix. Le droit de percevoir des
honoraires, droit à un congé annuel, droit à une garantit responsabilité civile et une droit à une
carte professionnel.

1- Le droit de percevoir des honoraires


Le droit a le droit de percevoir des honoraires sur les prestations qu’il fournit et notamment
sur les actes qu’il dresse. Le taux de ces honoraires est fixé par décret. Le statut précise
néanmoins en son article 19 que les notaires ne peuvent réclamer ni recevoir d’autres droits et
honoraires que ceux fixés par décrets.

2- Le droit à un congé annuel


Bien que le notaire soit astreint à une présence effective et quotidienne à son étude, il jouit
comme tout travailleur d’un droit de repos. En effet il a droit à un congé dont la durée
maximum est de deux mois. Ce droit lui est accordé par le ministre de la justice.

3- Le droit à une garantit responsabilité civile


L’article 9 de la loi de 1997 institut une caisse de garantit gérée par la chambre des notaires.
Cette caisse est spécialement affectée à la garantie des condamnations susceptibles d’être
prononcées contre les notaires à l’occasion des fautes de toute nature commises dans l’exercice
de leur fonction.

4- Le droit à une carte professionnelle


Les notaires titulaires de charge et les greffiers notaires ont droit à une carte professionnelle
(article 11 de la loi de 1997). Les conditions de délivrance de cette carte sont fixées par arrêté
du garde des sceaux ministre de la justice.

B- Les privilèges.
Les notaires bénéficient d’une protection contre tout abus en cas de poursuite pénale. En effet
l’article 68 du décret de 2002 dispose que : « en cas de poursuite pour faute commise dans
l’exercice de ses fonctions, aucun notaire ne peut être arrêté ni déféré sans que le
président de la chambre des notaires ou son représentant n’ait été avisé et sans que l’intéressé
n’ait été entendue au préalable par le procureur général ou tout magistrat du parquet délégué
par lui ».

Cette protection assurée au notaire par l’article 68 contre les éventuels abus de poursuite
apparait comme une véritable immunité de poursuite empêchant d’engager la responsabilité
pénale de ce dernier. En réalité il n’en est rien. L’article 68 ne fait que préciser la procédure à
observer en cas de poursuite contre les notaires. Il ne l’empêche pas.

Section 3 : La carrière professionnelle du notaire


Paragraphe 1 : Le déroulement de la carrière

E- La surveillance et le contrôle de l’activité du notaire

Certaines autorités interviennent dans la carrière du notaire et notamment dans la surveillance


et le contrôle de son activité. Il s’agit en premier lieu du garde des sceaux ministre de la justice
qui est l’autorité de tutelle des notaires. C’est lui qui les nomme titulaire de charges, nomme
également leur intérimaire en cas d’absence prolongée, constate leur démission et prononce
contre eux des sanctions disciplinaires en cas de faute professionnelle.

En deuxième lieu il y a le procureur général. Il contrôle la comptabilité du notaire et exerce


contre lui l’action disciplinaire. Il peut prendre certaine sanctions à son égard. Enfin on a la
chambre des notaires qui est l’organe représentant l’ensemble de la profession auprès du
service public. Elle a également un droit de regard sur les activités des notaires et dispose d’un
pouvoir disciplinaire.

F- La discipline des notaires

Elle est assurée par le ministre de la justice, le procureur général et la chambre des notaires.
Quelles sont les fautes pouvant être retenues contre un notaire et les sanctions applicables?

1- Les fautes disciplinaires


Deux types de fautes disciplinaires peuvent être retenus contre un notaire. Tout d’abord les
manquements aux devoirs et aux obligations professionnelles qui lui sont imposés. A cela il
faut ajouter tout fait contraire à la probité, à l’honneur ou la délicatesse même commis en
dehors de la profession. Ensuite les violations des lois et décrets en vigueur.

2- Les sanctions applicables

Les autorités chargées de la discipline des notaires peuvent de saisir d’office lorsqu’elles ont
connaissance des manquements commis par ces derniers. Par ailleurs le garde des sceaux peut
être saisit par le procureur général ou par la chambre des notaires. Les sanctions auxquelles
s’exposent les notaires en cas de sanctions disciplinaires sont l’avertissement et le blâme
prononcés par le procureur général et la chambre des notaires, la suspension temporaire pour
une durée ne pouvant excédée 12 mois et la suspension prononcé par le garde des sceaux
ministre de la justice (article 44 de la loi de 1997).

Paragraphe 2 : La fin de la carrière du notaire

La profession de notaire est une profession qui s’exerce à vie. Elle ne connait pas de retraite.
Toutefois le notaire titulaire de charge qui se trouve dans l’impossibilité de continuer
normalement l’exercice de ses fonctions pour cause de maladie ou d’âge peut offrir sa
démission. Celle-ci est reçue par le garde des sceaux ministre de la justice qui déclare par un
arrêté la démission du notaire. La carrière peut également prendre fin à la suite d’un décès ou
d’une mesure de destitution. Dans tous ces cas le notaire ne peut présenter un successeur. La
charge qui lui est attribuée retourne dans le patrimoine de l’Etat qui peut être attribuée à un
autre notaire.

Chapitre III : Les huissiers de justices


La profession d’huissier de justice est règlementée par la loi N° 97/514 du 04 septembre 1997
portant statut des huissiers de justice et le décret N° 2012/15 du 18 janvier 2012 fixant les
modalités d’application de la loi de 1997. Cette loi détermine les conditions d’accès à la
profession d’huissier de justice, son exercice et sa fin.

Section 1 : Les conditions d’accès à la profession d’huissier de justice

La profession d’huissier est une profession libérale qui collabore avec la justice notamment
pour en assurer l’exécution des décisions et signifier les actes. Cependant la profession n’est
pas ouverte à tous le monde. Elle est strictement règlementé par les textes qui déterminent les
conditions de recrutement et de la formation.

Paragraphe 1 : Le recrutement des huissiers de justice

La loi de 1997 prévoit deux modes de recrutement.

A- Les différents modes de recrutement


On distingue un recrutement par voie d’examen professionnel et un recrutement direct sur titre.

1- Le recrutement par voir d’examen professionnel

L’article 14 du statut des huissiers de justice cite comme condition de nomination en cette
qualité le succès à un examen professionnel et un stage dont les modalités seront fixées par
décret. Les articles 6 à 10 du décret de 2012 déterminent justement ces modalités. L’article 6
indique que l’examen professionnel est organisé par arrêté du garde des sceaux ministre de la
justice une fois l’an au cours du second trimestre. Les modalités, le programme de l’examen
et du stage sont précisés par le même arrêté. Quant à l’article 7 il indique que seul le candidat
ayant subit avec succès l’examen professionnel est admis au stage dont la durée est de deux
ans. Toutefois cet examen n’étant pas encore effectif, les candidats à la profession
accomplissent directement le stage auprès d’un huissier de justice titulaire.

2- Le recrutement direct

Certaines personnes peuvent être nommées directement huissier de justice sans avoir à subir
un examen professionnel. Il s’agir des clercs assermentés d’huissiers de justice et des huissiers
de justice auxiliaire. En effet, les clercs assermentés qui ont exercés pendant cinq (5) ans dans
une étude d’huissier de justice et sont titulaire d’une maitrise en droit ou de la licence
ancienne formule peuvent être nommés directement huissier de justice titulaire de charge
(article 15 de la loi de 1997).

De même sont nommés huissiers de justice auxiliaire les fonctionnaires âgés de 25 ans au
moins en service au siège d’une sous préfecture ou il n’y a pas d’huissier de justice (article 16
de la loi de 1997).

B- Les conditions de recrutement


5- Les conditions relatives à la personne du candidat
Pour prétendre à la profession d’huissier de justice, l’article 14 de la loi de 1997 exige:

- D’être de nationalité ivoirienne


- Jouir de ses droits civils et civiques
- De se retrouver en position régulière au regard des lois sur le recrutement de l’armée
- D’être apte physiquement à remplir ses fonctions et d’être reconnu indemne ou
définitivement guéris de toute affection contagieuse
- Etre âgé de 25ans au moins
- De n’avoir subit aucune condamnation pour des faits contraire à la probité et aux
bonnes mœurs
- D’avoir été déclaré ni en faillite ni en état de limitation judiciaire
- De ne pas être anciens officiers ministériels destitués ou fonctionnaires révoqués pour
par mesure disciplinaire pour des faits contraires à la probité ou aux bonnes mœurs.
- Ne pas être un avocat rayé du barreau

6- Les conditions relatives au niveau d’étude

Le candidat à la profession d’huissier de justice titulaire de charge doit avoir une maitrise en
droit ou une licence en droit ancienne formule. Cette exigence vaut également pour le clerc
assermenté qui désire être nommé huissier de justice titulaire de charge. Mais pour l’huissier
de justice auxiliaire, ces diplômes ne sont pas exigés. Sa seule qualité de fonctionnaire suffit.

Paragraphe 2 : La formation des huissiers de justice

Elle consiste uniquement en un stage pratique auprès d’un huissier de justice titulaire de
charge. En effet le candidat ayant subit avec succès l’examen professionnel et qui est admis
au stage adresse une demande d’inscription au stage au ministre de la justice en précisant
l’huissier de justice titulaire auprès duquel il souhaiterait faire sa formation. La chambre
nationale des huissiers de justice procède alors à son inscription sur un registre spécial tenu à
cet effet. Elle assure l’organisation et le suivi du stage en accord avec le ministère de la justice
(article 7 et 8 du décret de 2012). A la fin des deux années de stage, une attestation signée par
le maitre de stage est délivré à l’huissier de justice stagiaire. Au vu de cette attestation, le
ministre de la justice lui délivre un certificat d’aptitude à la profession d’huissier de justice.

Section 2 : L’exercice de la profession

Paragraphe 1 : Les tâches accomplis par l’huissier de justice

Les attributions de l’huissier de justice sont déterminées au chapitre 5 à 13 du statut. On peut


distinguer les tâches principales et les tâches accessoires.

A- Les tâches principales de l’huissier de justice


L’huissier de justice signifie les actes de justice procède aux constatations matérielles et assure
le service des audiences.

1- La signification, la remise et l’exécution des actes de justices

Les huissiers de justices sont les seuls auxiliaires de justice auxquels la loi a confié la tâche de
signifier les actes de justices et tout autre acte en forme exécutoire. C'est-à-dire que c’est
l’huissier de justice qui porte officiellement à la connaissance de son destinataire un acte en
forme exécutoire qui le concerne. Par exemple, si une personne est condamnée par la justice
à payer à une autre une certaine somme d’argent, c’est l’huissier de justice qui est habilitée à
porter cette décision à la connaissance de la personne condamnée et à en assurer l’exécution.
De même si une personne fait l’objet d’une décision d’expulsion d’un logement pour non
paiement de loyer, c’est à l’huissier de justice qu’il appartient de lui apporter l’exécution et de
l’exécuter

2- Les constatations matérielles

Les services des huissiers justice peuvent être également requis pour procéder à des
constatations matérielles. En effet, il peut être demandé à l’huissier de justice de noter par
procès verbal ce qu’il a vu ou entendu. Par exemple un huissier de justice peut être requis par
un conjoint à l’effet de procéder à un constat d’adultère. Il peut également être requis pour
constater des dégâts occasionnés dans une habitation ou encore pour procéder à des
inventaires. Toutes ces constatations ne préjugent pas des conséquences de droit qui peuvent
en découler car les constatations ne valent qu’à titre de simples renseignements.

3- Le service des audiences

Les huissiers de justice assurent également le service des audiences des cours et des tribunaux.
En effet lorsqu’il y a un procès, c’est l’huissier de justice qui annonce l’entrée de la cour ou
du tribunal dans la salle d’audience. Il procède également à l’appel des causes c'est-à-dire que
c’est lui qui appels les affaires devant être jugées. Pendant le procès il veille à la tranquillité
des débats. Il est la courroie de transmission entre le président de l’audience et les parties au
procès. A la fin du procès, il fait vider la salle et s’assure qu’elle est complètement vide.

B- Les taches accessoires de l’huissier de justice

En dehors des tâches citées plus haut, les huissiers de justices peuvent exercer certaines
attributions accessoirement à celles initiales. En effet ils peuvent procéder à des recouvrements
de créance, être administrateur d’immeubles, agent d’assurance, secrétaire de coopérative
agricole ou encore chargé d’un enseignement.

Paragraphe 3 : Les avantages et contraintes liées à la profession

L’huissier de justice bénéficie de certains avantages liés à sa profession mais il y a également


des contraintes. Au titre des avantages l’huissier de justice a droit à une rémunération pour les
prestations accomplies et à une carte professionnelle. S’agissant des contraintes il est tenu de
porter un costume d’audience, de souscrire à une assurance responsabilité, de tenir une
comptabilité et d’assurer le service des audiences des juridictions. Sa profession est
incompatible avec l’exercice d’une activité commerciale. Par ailleurs les huissiers de justice
sont tenus à un devoir de probité et de loyauté. Ils doivent en toute occasion s’efforcer
d’exercer dans les limites de la loi leurs ministères avec modération et se limiter en particulier
aux seules actes ou démarches nécessaires pour arriver au but que le mandant se propose
d’atteindre. Tout refus d’instrumenter ou tout retard injustifié dans l’exécution portant
préjudice à un justiciable peut donner lieu à une sanction disciplinaire indépendamment des
dommages et intérêts.

Section 3 : La discipline des huissiers de justices

Les huissiers de justice sont sanctionnés pour les fautes et manquements commis dans
l’exercice de leur fonction. L’organe chargé de la discipline des huissiers de justice ainsi que
la procédure sont déterminés par le décret de 2012.

Paragraphe 1 : Les organes chargés de la discipline des huissiers de justice

Trois organes assurent la discipline des huissiers de justice : le garde des sceaux ministre de
la justice, le procureur général et la chambre national des huissiers de justice. Ces organes
assurent également la surveillance générale des activités des huissiers de justice. En cas de
poursuite pénal contre un huissier de justice, le procureur de la république doit être
préalablement avisé (article 59 du décret).

Paragraphe 2 : la procédure disciplinaire

L’huissier de justice peut être sanctionné pour les manquements aux lois et règlements, les
faits contraires à la probité à l’honneur et à la délicatesse même commis en dehors de la
profession. Les sanctions auxquelles s’expose l’huissier de justice fautif sont l’avertissement
et le blâme prononcé par le procureur général et la chambre nationale des huissiers de justice,
la suspension et destitution prononcé par le garde des sceaux ministre de la justice celui-ci
étant saisit des faits soit par le procureur général soit par la chambre des huissiers de justice.

PARTIE 2 : LE REGLEMENT N° 05/CM/UEMOA RELATIF A L'HARMONISATION


DES REGLES REGISSANT LA PROFESSION D'AVOCAT DANS L'ESPACE
UEMOA DU 24 SEPTEMBRE 2014

TITRE 1: DISPOSITIONS GENERALES

Article premier:
Le présent Règlement établit les règles régissant l'exercice de la profession d'Avocat dans les
Etats membres de l'UEMOA.
Article 2 :
La profession d'Avocat est libérale et indépendante. L'Avocat fait partie d'un Barreau
administré par un Conseil de l'Ordre présidé par un Bâtonnier. Les Avocats exercent des
fonctions judiciaires et juridiques. Ils sont un des acteurs principaux du service public de la
justice. Seules ont droit au titre d'Avocat ou d'Avocat stagiaire, les personnes inscrites au
tableau ou admises sur la liste du stage d'un Barreau de l'espace UEMOA. Les Avocats ou
Avocats stagiaires doivent faire suivre leur titre d'Avocat ou d'Avocat stagiaire de la mention
du ou des Barreaux auxquels ils appartiennent, suivi, le cas échéant, des titres universitaires ou
des distinctions professionnelles.
Article 3 :
Dans l'exercice des fonctions judiciaires, seuls les Avocats ont qualité pour plaider, postuler et
représenter, sans limitation territoriale, les parties en toutes matières devant les juridictions ou
organismes juridictionnels ou disciplinaires et devant les instances arbitrales, sauf dispositions
particulières prévues par la législation nationale. Ils assistent également leurs clients devant
toutes les administrations publiques. Les Avocats peuvent exercer les fonctions d'arbitre, de
médiateur et de conciliateur. Ils peuvent être liquidateurs amiables ou judiciaires,
administrateurs provisoires et syndics. Les Avocats revêtent, dans l'exercice de leur profession,
un costume professionnel dont les caractéristiques sont définies par la législation de chaque
Etat membre. Ils sont dispensés de produire une procuration sauf dispositions particulières.
Article 4:
Les Avocats donnent des conseils et des consultations en matière juridique, rédigent des actes
sous seing privé. Les Avocats rédigent également des actes sous seing privé contresignés par
eux et appelés « actes d'avocat ». En contresignant un acte sous seing privé, l'Avocat atteste
avoir éclairé pleinement la ou les parties qu'il conseille sur les conséquences juridiques de cet
acte. Les actes d'avocat font pleine foi de l'écriture et de la signature des parties tant à leur égard
qu'à celui de leurs héritiers et ayants droit. L'acte d'avocat est soumis à la procédure de faux.
L'acte contresigné par Avocat est, sauf disposition nationale contraire, dispensé de toute
mention manuscrite. Les modalités d'application des dispositions du présent article sont
précisées par voie de Règlement d'exécution.
Article 5 :
Les Avocats assistent leurs clients dès leur interpellation, durant l'enquête préliminaire, dans
les locaux de la police, de la gendarmerie, ou devant le parquet. A ce stade, aucune lettre de
constitution ne peut être exigée de l'Avocat. Les Avocats assistent et défendent leurs clients dès
la première comparution devant le juge d'instruction. Le ministère d'Avocat est obligatoire
devant toute juridiction et en tout état de procédure pour les personnes morales, sauf
dispositions particulières prévues par la législation nationale. Devant toute juridiction et en tout
état de procédure, la représentation des personnes physiques ne peut être assurée que par les
Avocats. Toutefois, devant les juridictions de première instance, les personnes physiques
peuvent donner mandat spécial de représentation aux conditions et modalités prévues par les
législations nationales. Quiconque exerce des attributions relevant du ministère de l'Avocat est
passible de poursuites pénales pour exercice illégal de la profession d'Avocat, conformément à
la législation nationale.
Article 6 :
Les Avocats, dans l'exercice de leur profession, bénéficient de l'immunité de parole et d'écrit.
Ils ne peuvent être entendus, arrêtés ou détenus, sans ordre du Procureur Général près la Cour
d'Appel ou du Président de la Chambre d'Accusation, le Bâtonnier préalablement consulté. Les
cabinets d'Avocat sont inviolables. Ils ne peuvent faire l'objet de perquisition qu'en présence du
Bâtonnier en exercice dûment appelé ou de son délégué.
Article 7 :
Les Avocats inscrits au Barreau d'un Etat membre de l'UEMOA peuvent exercer leur profession
dans les autres Etats membres de ,'UEMOA ou s'y établir définitivement à titre principal, ou y
créer un cabinet secondaire, conformément aux dispositions du Règlement relatif à la libre
circulation et à l'établissement des Avocats ressortissants de l'Union au sein de l'espace
UEMOA. Les conventions et accords internationaux de réciprocité en matière d'exercice de la
profession d'Avocat ne produisent des effets qu'entre les Etats signataires.

TITRE Il : CREATION, ORGANISATION ET ADMINISTRATION DES BARREAUX

Article 8 :
Il est créé dans chaque Etat membre de l'UEMOA un Barreau national organisé en Ordre.
L'Ordre des Avocats est une institution dotée de la personnalité civile et de l'autonomie
financière. Il dispose d'un patrimoine propre provenant des cotisations de ses membres, des
droits de plaidoirie ainsi que de dons et legs. Il peut créer ou subventionner des œuvres
intéressant la profession.
Article 9 :
Il est institué dans chaque Etat membre de l'Union, un droit de plaidoirie. La fixation des
montants et les modalités de paiement de ce droit de plaidoirie obligatoire sont déterminées par
le Conseil de l'Ordre de chaque Etat membre. Sont dispensés de ce droit, uniquement les
justiciables bénéficiaires de l'aide juridictionnelle et des commissions d'office.
Article 10 :
Il est fait obligation à chaque Barreau de se doter d'un siège et d'une administration autonome
et permanente.
Article 11 :
Le Bâtonnier de l'Ordre est élu pour un mandat de trois (3) ans non renouvelable, par
l'assemblée générale des Avocats au scrutin secret, parmi les Avocats inscrits au tableau
depuis au moins quinze (15) ans. L'élection est faite à la majorité absolue des membres ayant
pris part au vote aux deux (2) premiers tours de scrutin. Au troisième tour, la majorité relative
suffit. Les Avocats peuvent voter par procuration ou par correspondance. Un Avocat ne peut
être détenteur de plus d'une procuration. Le bulletin de vote par correspondance doit être adressé
sous pli fermé au Bâtonnier en exercice avant l'ouverture du scrutin.
Article 12 :
Un an avant la fin du mandat du Bâtonnier, un Dauphin, appelé à lui succéder, est élu. L'élection
du Dauphin se fait dans les mêmes conditions que celles du Bâtonnier. Le Dauphin est membre
de droit du Conseil de l'Ordre. Il n'a pas de voix délibérative, s'il n'est pas, au moment de son
élection, déjà membre du Conseil de l'Ordre.
Article 13 :
Les membres du Conseil de l'Ordre sont élus parmi les Avocats inscrits au tableau depuis au
moins sept (7) ans. Les sociétés civiles professionnelles ne peuvent être membres du Conseil
de l'Ordre.
Article 14 :
La composition du Conseil de l'Ordre est déterminée ainsi qu'il suit:
• 3 membres, si le nombre des Avocats inscrits est de 7 à 30 ;
• 6 membres, si ce nombre est de 31 à 50 ;
• 9 membres, si ce nombre est de 51 à 100 ;
• 12 membres, si ce nombre est de 101 à 200 ;
• 15 membres, si ce nombre est de 201 à 300 ;
• 18 membres, au-delà de 300.
Article 15 :
Les membres du Conseil de l'Ordre sont élus directement par l'assemblée générale. Leur mandat
est de trois (3) ans renouvelable. L'élection a lieu au scrutin secret uninominal, chaque bulletin
comportant autant de noms qu'il y a de sièges à pourvoir, à la majorité absolue des membres
ayant pris part au vote aux deux (2) premiers tours de scrutin. Au troisième tour, la majorité
relative suffit.
Article 16 :
Les élections générales ont lieu à l'époque fixée par le règlement intérieur de chaque Ordre. Les
élections partielles sont réalisées dans les deux (2) mois de l'événement qui les rend nécessaires.
Toutefois, si cet événement survient pendant les vacances judiciaires ou dans les deux mois qui
précèdent, il n'est procédé aux élections qu'à la rentrée judiciaire. En cas de décès, de démission
ou d'empêchement grave du Bâtonnier, l'intérim est assuré par le membre du Conseil de l'Ordre
le plus ancien dans l'ordre d'inscription au tableau et les élections, s'il y a lieu, se tiennent dans
les délais précisés à l'alinéa t'" du présent article. En cas de cessation de fonctions ou démission
collective du Bâtonnier et des membres du Conseil de l'Ordre et lorsque le nombre des anciens
Bâtonniers est au moins égal à 5, ceux-ci constituent un Collège des anciens Bâtonniers qui
constate cette cessation ou démission et qui se substitue aux organes défaillants. Le Collège
siège et délibère sous la présidence de son membre le plus ancien suivant l'ordre d'inscription
au tableau et convoque dans le délai de soixante (60) jours de la cessation de fonctions ou de la
démission l'assemblée générale élective, pour procéder à l'élection du Bâtonnier et à celle des
membres du Conseil de l'Ordre, sauf s'il y a un Dauphin. Lorsque le nombre des anciens
Bâtonniers est inférieur à 5, il est fait appel aux Avocats les plus anciens dans l'ordre
d'inscription au tableau pour compléter le Collège. A défaut de sa convocation dans le délai
précité par le Collège ou son corollaire prévu à l'alinéa précédent, la Conférence des Barreaux,
saisie par un Avocat inscrit du Barreau concerné, convoque et organise une assemblée générale
élective.

Article 17 :
Les Avocats inscrits au tableau peuvent déférer les élections à la Cour d'Appel dans le délai de
quinze (15) jours à partir desdites élections.
Article 18 :
Le Bâtonnier représente l'Ordre dans tous les actes de la vie civile et devant les juridictions. Il
est habilité, en cas d'urgence, à prendre toutes mesures conservatoires que requiert l'intérêt du
Barreau. Il prévient et concilie les différends d'ordre professionnel entre les membres du
Barreau, instruit et statue sur toutes les réclamations formulées par les tiers. Il gère les fonds de
l'assistance juridique et judiciaire. Il peut déléguer temporairement tout ou partie de ses
attributions à un ou plusieurs membres du Conseil de l'Ordre. Il peut, en outre, confier toute
mission spéciale à tout Avocat de son choix.
Article 19 :
Le Conseil de l'Ordre a pour attributions, notamment:
1) de statuer sur l'admission au stage des postulants;
2) de statuer sur l'inscription au tableau, l'omission, la réinscription et le rang;
3) de maintenir les principes de probité, de désintéressement, de modération, de confraternité,
de dignité, de loyauté, d'honneur et de délicatesse sur lesquels repose l'Ordre des Avocats et
d'exercer la surveillance que l'honneur et l'intérêt de l'Ordre rendent nécessaires;
4) de veiller à ce que les Avocats soient présents aux audiences dans le respect des règles qui
régissent la profession;
5) de traiter toute question intéressant l'exercice de la profession, la défense des droits des
Avocats et les strictes observations de leurs devoirs;
6) de gérer les biens de l'Ordre, d'administrer et d'utiliser les ressources de l'Ordre pour assurer
les secours, allocations ou avantages quelconques attribués aux membres ou anciens membres
de l'Ordre, à leurs conjoints survivants ou à leurs enfants;
7) de fixer le montant des cotisations à payer par les membres de l'Ordre;
8) de fixer le montant du droit de plaidoirie à payer à l'occasion de chaque affaire;
9) de souscrire une assurance collective pour couvrir la responsabilité professionnelle de tous
ses membres;
10) d'établir le règlement intérieur de l'Ordre ou de le modifier;
11) d'exercer la discipline dans les conditions prévues par le présent Règlement;
12) de vérifier la tenue de la comptabilité des Avocats exerçant individuellement ou en groupe
et la constitution des garanties imposées par le présent Règlement;
13) d'autoriser le Bâtonnier à ester en justice, à accepter les dons et les legs faits à l'Ordre, à
transiger, à compromettre, à consentir toutes aliénations ou hypothèques et à contracter tous
emprunts. En outre, le Conseil de l'Ordre peut prononcer, en cas de poursuites judiciaires ou
disciplinaires ouvertes à l'encontre d'un Avocat, une mesure de suspension de l'Avocat concerné
dans l'attente de la décision judiciaire ou disciplinaire. Dans ce cas, le Conseil de l'Ordre prend
les mesures nécessaires pour la sauvegarde des droits professionnels de l'Avocat concerné et de
ses clients. La mesure de suspension n'est pas susceptible de voie de recours. Les décisions
suivantes du Conseil de l'Ordre sont notifiées au Procureur Général par le
Bâtonnier:
a. les décisions relatives à l'admission et au refus d'admission au stage, à l'inscription au tableau
et à l'omission du tableau;
b. les décisions en matière disciplinaire sous réserve des dispositions particulières contenues
dans le présent Règlement. Les délibérations et décisions du Conseil de l'Ordre susvisées sont
notifiées au Procureur Général et à l'Avocat concerné par lettre recommandée avec demande
d'avis de réception, ou remise par porteur contre décharge et ce dans le délai de quinze (15)
jours de leur date. Les délibérations relatives à l'adoption ou à la modification du règlement
intérieur sont, en outre, communiquées aux Procureurs Généraux. Une copie du règlement
intérieur et des modifications intervenues est déposée aux greffes des Cours d'appel et tenue à
la disposition de tout intéressé.
Article 20 :
Le Conseil de l'Ordre statue sur les demandes d'inscription au tableau dans les six (6) mois de
la réception de la demande. Ce délai est suspendu par tout acte d'instruction. La décision du
Conseil de l'Ordre portant inscription au tableau est notifiée dans les quinze (15) jours à
l'intéressé et aux Procureurs Généraux près les Cours d'appel. Dans le délai d'un (1) mois à
partir de cette notification, le Procureur Général près la Cour d'Appel peut la déférer devant la
Cour d'Appel. A défaut d'une notification d'une décision dans le mois qui suit l'expiration du
délai imparti au Conseil de l'Ordre pour statuer, l'intéressé peut considérer sa demande comme
rejetée et se pourvoir devant la Cour d'Appel dans le délai d'un (1) mois. La décision portant
refus d'inscription est notifiée dans les quinze (15) jours à l'intéressé ainsi qu'au Procureur
Général près la Cour d'Appel qui peuvent, dans le délai d'un (1) mois, la déférer devant la Cour
d'Appel. En cas d'annulation de la décision de refus d'inscription, le postulant est renvoyé
devant le Conseil de l'Ordre pour un nouvel examen de sa demande. Aucun refus d'inscription
ou de réinscription, ne peut être décidée sans que l'intéressé ait été entendu ou préalablement
appelé dans un délai de quinzaine. Si la décision est prise par défaut, l'intéressé peut, par simple
déclaration au secrétariat de l'Ordre, qui lui délivre récépissé, former opposition dans le délai
de quinze (15) jours à dater de la notification à personne; si la notification n'est pas faite à
personne, l'opposition est recevable dans le délai d'un (1) mois à compter de la date à laquelle
l'intéressé a eu connaissance de la décision.
Article 21 :
Le recours contre les décisions du Conseil de l'Ordre et du Conseil de discipline sont dévolus à
une juridiction d'appel paritaire composée du Premier Président de la Cour d'Appel, de trois (3)
Présidents de chambre de la Cour d'Appel et de trois (3) Avocats autres que les membres du
Conseil de l'Ordre désignés par le Bâtonnier. Le recours est formé par lettre recommandée avec
demande d'avis de réception adressée au secrétariat-greffe de la Cour d'Appel ou remis contre
récépissé au Greffier en chef. Il est instruit et jugé selon les règles applicables en matière
contentieuse à la procédure, sans représentation obligatoire. Le délai du recours est d'un mois à
compter de la notification. La juridiction paritaire d'appel statue en chambre du conseil, après
avoir invité le Bâtonnier ou son représentant à présenter ses observations.
La décision de la juridiction paritaire d'appel est notifiée par le Greffier en chef de la Cour
d'Appel par lettre recommandée avec demande d'avis de réception ou remise par porteur contre
décharge au Procureur Général, au Bâtonnier et à l'intéressé. Elle est susceptible de pourvoi en
cassation dans un délai d'un mois à compter de sa notification. Le délai d'appel suspend
l'exécution de la décision du Conseil de l'Ordre. L'appel exercé dans ce délai est également
suspensif sauf en cas d'omission.
Article 22 :
L'assemblée générale se réunit au moins une fois par an, sous la présidence du Bâtonnier ou du
membre le plus ancien du Conseil de l'Ordre par lui désigné, à défaut, par un ancien Bâtonnier
ou par le plus ancien des Avocats présents dans l'Ordre du tableau. Elle ne peut examiner que
les questions qui lui sont soumises dans les conditions fixées dans le règlement intérieur. Le
Conseil délibère sur les recommandations formulées par l'assemblée générale dans le délai de
deux mois. En cas de rejet, le Conseil motive sa décision. Les décisions du Conseil sont portées
à la connaissance de la plus prochaine assemblée générale. Elles sont consignées sur un registre
spécial tenu à la disposition de tous les Avocats inscrits.

TITRE III : ACCES A LA PROFESSION D'AVOCAT

CHAPITRE PREMIER: STAGE ET FORMATION PROFESSIONNELLE

Section 1 : Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat

Article 23 :
Il est institué un examen pour l'obtention du Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat
(C.A.P.A.). Un Règlement d'exécution précisera les modalités de délivrance du Certificat
d'Aptitude à la Profession d'Avocat (C.A.P.A.).
Section 2 : Admission sur la liste du stage
Article 24:
Toute personne titulaire d'un Master Il en droit reconnu par le Conseil Africain et Malgache de
l'Enseignement Supérieur (CAMES) ou de la Maîtrise en droit ou d'un diplôme reconnu
équivalent et du Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat (C.A.P.A.) reconnu dans l'espace
UEMOA, peut demander son inscription sur la liste de stage d'un Barreau dudit espace. Toute
personne qui demande son admission au stage du Barreau doit être âgée de 21 ans au moins.
Elle doit être de bonne moralité. Elle est, en outre, tenue de fournir au Conseil de l'Ordre:
1) un extrait de son acte de naissance;
2) un extrait de son casier judiciaire datant de moins de trois mois;
3) les pièces établissant qu'elle possède la nationalité d'un Etat membre de l'Union;
4) le diplôme de Master Il en droit reconnu par le Conseil Africain et Malgache de
l'Enseignement Supérieur (CAMES) ou de la Maîtrise en droit ou d'un diplôme reconnu
équivalent;
5) le Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat (C.A.P.A.);
6) l'attestation délivrée par un Avocat inscrit au tableau ayant prêté serment depuis au moins
sept (7) ans portant engagement d'assurer dans son cabinet la formation effective du stagiaire.

Toutefois, sont dispensés du Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat (CAPA) :


1) les magistrats ayant accompli au moins dix (10) années de pratique professionnelle en
juridiction et qui auront préalablement démissionné de leur fonction;
2) les professeurs agrégés des facultés de droit. Les magistrats et les professeurs agrégés des
facultés de droit devront cependant avant la prestation de serment, suivre des cours de
déontologie et de pratique professionnelle d'Avocat pour une période d'au moins six (6) mois
suivants des modalités définies par le Bâtonnier. Les postulants doivent, avant d'être admis au
stage et sur la présentation du Bâtonnier de l'Ordre, prêter, devant la Cour d'Appel, serment en
ces termes: « Je jure, en tant qu'Avocat, d'exercer ma profession avec honneur,
indépendance, probité, délicatesse, loyauté et dignité, dans le respect des règles de mon Ordre
».
Article 25 :
Le refus d'admission ne peut être prononcé sans que l'intéressé ait été entendu ou dûment appelé
au moins quinze (15) jours avant sa comparution. Le recours contre le refus d'admission sur la
liste du stage est soumis aux dispositions de l'article 20, sans pouvoir d'évocation.

Section 3 : Régime du stage

Article 26:
Le stage comporte: la fréquentation obligatoire des audiences, le travail effectif et
obligatoirement rattaché à un Cabinet d'Avocat, la participation obligatoire à des travaux de la
Conférence du Stage dans les Barreaux qui l'ont instituée; l'assiduité aux cours du stage.
L'Avocat admis sur la liste du stage porte le titre d'Avocat-stagiaire et accomplit tous les actes
de la profession pour le compte et sous la responsabilité de l'Avocat dans le Cabinet duquel il
est admis. Le stage doit être effectué au Barreau du lieu de l'inscription et peut, pour partie, être
poursuivi auprès d'un autre Barreau de l'espace UEMOA ou d'un Etat accordant la réciprocité
d'établissement, par périodes successives sans interruption de plus de trois (3) mois.
Article 27 :
Sous réserve des dispositions de l'article 24 alinéa 4 du présent Règlement, la durée du stage
est de trois (3) ans effectifs. Elle peut, exceptionnellement, être prorogée deux (2) fois d'une
année sur la demande du stagiaire ou si le Conseil de l'Ordre estime que le stagiaire n'a pas
satisfait aux obligations résultant des prescriptions de l'article 26 du présent Règlement. Le
stagiaire doit être entendu par le Conseil de l'Ordre avant la prorogation de son stage.
Article 28 :
A l'expiration du délai du stage, un certificat, qui en constate l'accomplissement, est délivré, s'il
y a lieu, au stagiaire, par le Bâtonnier. A l'expiration de la cinquième année, le certificat est,
dans tous les cas, délivré ou refusé. Le refus de délivrance du certificat ne peut être prononcé
que par une décision motivée du Conseil de l'Ordre. Cette décision peut être déférée à la Cour
d'Appel par l'intéressé, suivant les modalités prévues par l'article 20.

Section 4 : La formation

Article 29 :
La formation professionnelle initiale et continue est obligatoire pour tout Avocat inscrit dans
un des Barreaux de l'espace UEMOA, suivant les conditions et modalités définies dans un acte
pris en application du présent Règlement et les règlements intérieurs des différents Barreaux.

CHAPITRE Il : LE TABLEAU DE L’ORDRE

Section 1 : Inscription au tableau


Article 30 :
Nul ne peut être inscrit au Tableau de l'Ordre des Avocats, sous réserve des droits acquis, s'il
ne remplit l'ensemble des conditions suivantes:
- être ressortissant d'un Etat membre de l'Union;
- être âgé de 24 ans au moins;
- être en possession du certificat de fin de stage;
- être de bonne moralité.

Section 2 : Honorariat

Article 31 :
Le titre d'Avocat honoraire peut être conféré par le Conseil de l'Ordre aux Avocats qui ont
exercé la profession pendant vingt (20) ans au moins et qui ont donné leur démission. Les droits
et devoirs des Avocats honoraires sont déterminés par les dispositions nationales en vigueur.
Article 32 :
Lorsque la participation d'un Avocat à une commission administrative ou à un jury de concours
ou d'examen est prévue par la loi nationale ou communautaire, l'autorité chargée de la
désignation peut, avec l'accord du Bâtonnier, porter son choix sur un Avocat honoraire
acceptant cette mission.

TITRE IV : EXERCICE DE LA PROFESSION D'AVOCAT

CHAPITRE PREMIER: LES INCOMPATIBILITES

Article 33 :
La profession d'Avocat est incompatible avec l'exercice de toute autre profession, sous réserve
des dispositions législatives ou réglementaires particulières, et, notamment: avec toutes les
activités de caractère commercial qu'elles soient exercées directement ou par personne
interposée; avec les fonctions d'associé dans une société en nom collectif, d'associé commandité
dans les sociétés en commandite, de gérant d'une société à responsabilité limitée, de président
d'une société par actions simplifiées, de président du conseil d'administration, membre du
directoire ou directeur général d'une société anonyme, de gérant d'une société civile à moins
que celle-ci n'ait, sous le contrôle du Conseil de l'Ordre qui peut demander tous renseignements
nécessaires, pour objet la gestion d'intérêts familiaux ou professionnels; plus généralement avec
l'exercice de toute autre profession ou fonction emportant un lien de subordination.
Article 34:
L'Avocat justifiant d'au moins sept (7) ans d'exercice effectif de la profession peut être élu aux
fonctions de membre du Conseil de surveillance d'une société commerciale ou d'administrateur
de société, après avoir sollicité préalablement l'autorisation du Conseil de l'Ordre de son
Barreau. La demande d'autorisation est adressée par lettre recommandée avec demande d'avis
de réception ou remise contre récépissé, au Conseil de l'Ordre et comporte en annexe un
exemplaire des statuts sociaux et, lorsque la société a au moins une année d'activité, une copie
du dernier bilan. Le Conseil de l'Ordre peut demander à l'Avocat de lui fournir toute explication
et tous documents utiles.
Article 35 :
La profession d'Avocat est compatible avec les fonctions d'enseignant vacataire. Les Avocats
peuvent également être désignés en qualité de suppléant de juge d'instance, de membres
assesseurs des tribunaux pour enfants ou des tribunaux paritaires de baux ruraux, des tribunaux
de travail, de membre des tribunaux des affaires de sécurité sociale, conformément aux
dispositions législatives et règlementaires en vigueur dans chaque Etat membre de l'Union.
Article 36 :
Les Avocats peuvent être chargés par l'Etat ou par tout organisme international de missions
temporaires, même rétribuées. Dans ces cas, les Avocats concernés ont l'obligation d'en
informer le Bâtonnier. Celui-ci saisit, dans les meilleurs délais, le Conseil de l'Ordre qui peut
interdire auxdits Avocats d'accomplir pendant lesdites missions, directement ou indirectement
les actes de leur profession. Dans l'acceptation ou l'accomplissement des missions, les Avocats
sont tenus aux obligations de confidentialité, de moralité, de probité, de loyauté et de
compatibilité relevant de leur profession.
Article 37 :
L'Avocat investi d'un mandat parlementaire ou de tout autre mandat électif public est soumis
aux incompatibilités édictées par la législation nationale applicable dans son Etat.

CHAPITRE Il : LES MODALITES D'EXERCICE DE LA PROFESSION

Article 38 :
Tout Avocat inscrit à l'un des Barreaux des Etats membres de l'UEMOA peut exercer dans les
conditions précisées, par voie de Règlement d'exécution, la profession suivant l'une des formes
ci-après: l'exercice individuel; l'association; la collaboration, le salariat; les sociétés civiles
professionnelles (SCP) ; les cabinets groupés; les sociétés civiles de moyens; le groupement
d'intérêt professionnel (GIP).

CHAPITRE III: REGLES PROFESSIONNELLES

Section 1 : Dispositions générales

Article 39 :
L'Avocat ne doit être, ni le conseil, ni le représentant, ni le défenseur de plus d'un client dans
une même affaire s'il existe un risque sérieux de conflit d'intérêts. Il doit s'abstenir de s'occuper
des affaires de tous les clients concernés lorsque surgit un conflit d'intérêts, lorsque le secret
professionnel risque d'être violé ou lorsque son indépendance risque de ne plus être entière. Il
ne peut accepter l'affaire d'un nouveau client si le secret des informations données par un ancien
client risque d'être violé ou lorsque la connaissance par l'Avocat des affaires de
l'ancien client favoriserait le nouveau client de façon injustifiée. Lorsque des Avocats exercent
en groupe, les dispositions des alinéas qui précèdent sont applicables au groupe dans son
ensemble et à tous ses membres.
Article 40 :
L'Avocat doit conduire jusqu'à son terme l'affaire dont il est chargé, sauf si son client l'en
décharge ou si lui-même décide de ne plus poursuivre sa mission, sous réserve, dans ce dernier
cas, que le client soit prévenu en temps utile pour pourvoir à la défense de ses intérêts. Il doit
observer les règles de prudence, de délicatesse et de diligence qu'exige la sauvegarde des
intérêts qui lui sont confiés par ses clients.
Article 41 :
Lorsque l'affaire est terminée ou qu'il en est déchargé, l'Avocat doit restituer, sans délai, les
pièces dont il est dépositaire. Les difficultés relatives à la restitution des pièces relèvent de la
compétence du Bâtonnier.
Article 42 :
L'Avocat a obligation, lorsqu'il plaide devant une juridiction extérieure au ressort de son
Barreau, de se présenter au Bâtonnier. Le Bâtonnier ou un membre du Conseil de l'Ordre, par
lui désigné, le présente au Président et au Magistrat du Ministère Public devant siéger à
l'audience.
Article 43 :
La désignation et la commission d'office ne peuvent être faites que par le Bâtonnier. Les
Avocats sont tenus d'y déférer, sauf motif légitime d'excuse ou d'empêchement admis par le
Bâtonnier.
Article 44:
L'Avocat, en toute matière, ne doit commettre aucune divulgation contrevenant au secret
professionnel. Il doit, notamment, respecter le secret de l'instruction en matière pénale, en
s'abstenant de publier des documents, pièces ou lettres intéressant une information en cours ou
de communiquer, sauf à son client pour les besoins de la défense, des renseignements extraits
du dossier.
Article 45 :
A l'exclusion de la publicité fonctionnelle assurée par le Bâtonnier, tout acte de publicité, de
démarchage ou de sollicitation est interdit à l'Avocat. La création de sites web ou de tout autre
support numérique destiné au public est subordonnée à l'autorisation préalable du Conseil de
l'Ordre.

Article 46 :
Le règlement intérieur du Conseil de l'Ordre de chaque Etat fixe les dispositions nécessaires
pour assurer l'information du public quant aux modalités d'exercice de la profession par les
membres du Barreau.
Article 47 :
Tout Avocat qui fait l'objet d'une action en justice doit en informer sans délai le Bâtonnier.
Section 2 : Domicile professionnel
Article 48:
Tout Avocat est tenu d'avoir un domicile professionnel. Est réputé domicile professionnel de
l'Avocat, le cabinet principal, et le cas échéant, le cabinet secondaire.
Article 49 :
L'ouverture d'un cabinet secondaire, en dehors du ressort territorial du Barreau d'origine, est
soumise aux conditions édictées par le Règlement relatif à la libre circulation et à l'établissement
des Avocats ressortissants de l'Union au sein de l'espace UEMOA.
Section 3 : Suppléance
Article 50 :
Lorsque l'Avocat est temporairement empêché d'exercer ses fonctions, il propose un ou
plusieurs suppléants, qui doivent recevoir l'agrément du Bâtonnier.
Article 51 :
Lorsque l'Avocat empêché se trouve dans l'impossibilité d'exercer son choix ou ne l'exerce pas,
le ou les suppléants sont désignés par le Bâtonnier. La suppléance ne peut excéder un an. A
l'issue de ce délai, elle peut être renouvelée une fois par le Bâtonnier pour une même durée.
Passé ce nouveau délai, il est fait application des règles de l'administration provisoire du présent
Règlement. Le suppléant assure la gestion du cabinet. Il accomplit lui-même tous les actes
professionnels dans les mêmes conditions qu'aurait pu le faire le suppléé.
Article 52 :
Le Bâtonnier porte à la connaissance du Procureur Général le nom du ou des suppléants choisis
ou désignés. Il est mis fin à la suppléance par le Bâtonnier soit d'office, soit à la requête du
suppléé, soit à la requête du suppléant. Le Procureur Général est informé par le Bâtonnier de la
fin de la suppléance.
Section 4 : Administration provisoire et liquidation
Article 53 :
Lorsqu'un Avocat fait l'objet d'une décision exécutoire de suspension provisoire, d'interdiction
temporaire, le Bâtonnier désigne un ou plusieurs administrateurs qui le remplacent dans ses
fonctions. L'administrateur perçoit, sur les ressources générées par le cabinet administré, une
indemnité forfaitaire dont le montant est fixé par le Bâtonnier. Il paie à concurrence de ses
rémunérations les charges afférentes au fonctionnement du cabinet. Le Bâtonnier informe le
Procureur Général de la désignation du ou des administrateurs. L'administration provisoire
cesse de plein droit dès que la suspension provisoire ou l'interdiction temporaire a pris fin.
Article 54:
En cas de décès ou de radiation, le Bâtonnier désigne un liquidateur du cabinet de l'Avocat
concerné. Il est mis fin à la mission du liquidateur par décision du Bâtonnier.

CHAPITRE IV : LES HONORAIRES ET DEBOURS

Section 1 : Fixation des honoraires

Article 55:
Les honoraires de l'Avocat, au titre de ses prestations, sont librement fixés par l'Avocat et son
client. Ils peuvent faire l'objet d'une convention écrite. A défaut de convention d'honoraire entre
l'Avocat et son client, les honoraires sont fixés conformément aux règles établies par chaque
Barreau.

Section 2 : Contestation en matière d'honoraires

Article 56 :
Les contestations concernant le montant ou le recouvrement des honoraires et des débours des
Avocats ne peuvent être réglées qu'en recourant à la procédure prévue par la présente section.
Toute contestation soulevée à l'expiration du délai de deux années suivant le versement de la
provision ou de l'honoraire par le client est irrecevable.
Article 57 :
Les réclamations sont soumises au Bâtonnier par toute partie. Le Bâtonnier ou le membre du
Conseil qu'il désigne instruit l'affaire et rend sa décision dans le délai de deux (2) mois. A
l'expiration de ce délai, la partie la plus diligente peut saisir le Premier Président de la Cour
d'Appel. Cette décision est notifiée, dans les quinze (15) jours de sa date, à l'Avocat et à la
partie, par le Secrétaire de l'Ordre, par tout moyen laissant trace écrite. La notification
mentionne, à peine de nullité, le délai et les modalités du recours.
Article 58 :
La décision du Bâtonnier est susceptible de recours devant le Premier Président de la Cour
d'Appel. Le Premier Président de la Cour d'Appel statue, conformément aux textes régissant la
matière telle que prévue par la législation nationale de chaque Etat membre. Le délai de ce
recours est d'un (1) mois à compter de la date de notification de la décision tranchant la
contestation d'honoraire.
Article 59 :
Lorsque la décision prise par le Bâtonnier n'a fait l'objet d'aucun recours, celle-ci est revêtue de
la formule exécutoire apposée par le Greffier en Chef de la Cour d'Appel au vu d'un certificat
de non contestation délivré par ce dernier.
Article 60 :
Lorsque la contestation est relative aux honoraires du Bâtonnier, l'affaire est soumise au doyen
du Conseil de l'Ordre, ou un ancien Bâtonnier désigné par le doyen du Conseil de l'Ordre.

TITRE V : LA DISCIPLINE DE LA PROFESSION


CHAPITRE PREMIER: LE CONSEIL DE DISCIPLINE

Article 61 :
Il est institué, au sein de chaque Barreau, un Conseil de discipline qui connaît des faits reprochés
à un Avocat ou à un Avocat stagiaire, de même qu'à un ancien Avocat dès lors qu'à l'époque où
les faits ont été commis, il était inscrit au tableau, sur la liste du stage ou sur la liste des Avocats
honoraires d'un Barreau.
Article 62 :
Le Conseil de discipline est présidé par le Bâtonnier et, en cas d'empêchement de celui-ci, selon
les règles particulières prévues par chaque Barreau. Lorsque, par suite d'empêchement de
plusieurs membres du Conseil de l'Ordre ou pour toutes autres causes, le quorum ne peut être
atteint, le Bâtonnier convoque, dans les plus brefs délais, l'assemblée générale de l'Ordre, qui
désigne, jusqu'à concurrence du quorum nécessaire, des remplaçants pour la durée de l'instance
ou de l'empêchement.

Article 63 :
Sans préjudice des poursuites pénales, tout manquement aux règles professionnelles, à la
probité, à l'honneur, à la dignité, à la loyauté, à la modération ou à la délicatesse, même se
rapportant à des faits extraprofessionnels, expose l'Avocat qui en est l'auteur aux sanctions
disciplinaires énumérées dans le présent Règlement.

CHAPITRE II -MANQUEMENTS ET SANCTIONS DISCIPLINAIRES

Article 64:
Les sanctions disciplinaires sont:
1) l'avertissement;
2) le blâme;
3) l'interdiction temporaire, qui ne peut excéder trois années;
4) la radiation du tableau des Avocats ou de la liste du stage, ou le retrait de l'honorariat.
L'avertissement, le blâme et l'interdiction temporaire peuvent être assortis de la privation du
droit de faire partie d'un Conseil de l'Ordre, ainsi que de celui d'être éligible au Bâtonnat pendant
une durée n'excédant pas dix (10) ans. Les sanctions disciplinaires peuvent faire l'objet d'une
publication dans les bulletins internes et les locaux de l'Ordre. L'interdiction temporaire et les
peines complémentaires confirmées en appel peuvent, en outre, faire l'objet d'une publication
dans un ou plusieurs journaux d'annonces légales. Cette publication est obligatoire en cas de
radiation.
Article 65 :
La sanction de l'interdiction temporaire peut être assortie du sursis. La suspension de la sanction
ne s'étend pas aux mesures accessoires prises en application de l'article 64. Si, dans le délai de
cinq (5) ans à compter du prononcé de la sanction, l'Avocat commet une nouvelle faute
occasionnant le prononcé d'une seconde sanction disciplinaire, celle-ci entraîne l'exécution de
la première sans confusion avec la seconde. La décision prononçant les sanctions prévues à
l'article 64 du présent Règlement est notifiée à tous les autres Barreaux de l'Union.
Article 66 :
L'Avocat radié ne peut être, ni inscrit au tableau, ni sur la liste du stage d'aucun autre Barreau
de l'Union.
Article 67 :
L'Avocat interdit temporairement doit, dès que la décision est passée en force de chose jugée,
s'abstenir de tout acte professionnel. Il ne peut en aucune circonstance faire état de sa qualité
d'Avocat. Il ne peut participer à l'activité des organismes professionnels auxquels il appartient.

CHAPITRE III – LA PROCEDURE DISCIPLINAIRE

Article 68:
Aucune sanction disciplinaire ne peut être prononcée sans que l'Avocat mis en cause n'ait été
entendu ou appelé, au moins quinze (15) jours à l'avance.
Article 69 :
Le Bâtonnier, sur sa propre initiative, ou à la demande du Procureur Général, ou sur la plainte
de toute personne intéressée, procède à une enquête sur le comportement de l'Avocat mis en
cause. Le cas échéant, il désigne, à cette fin, un rapporteur. Il classe l'affaire ou prononce le
renvoi devant le Conseil de discipline.
Article 70 :
L'Avocat est convoqué devant le conseil de discipline par lettre recommandée avec demande
d'avis de réception ou par tout moyen laissant trace écrite. La convocation comporte l'indication
des faits imputés et leur qualification. L'Avocat comparait en personne. Il peut se faire assister
par un Conseil. Les débats devant le Conseil de discipline ne sont pas publics.
Article 71 :
Durant l'enquête disciplinaire ou lors de l'instruction à l'audience, toute personne susceptible
d'éclairer l'instruction peut être entendue contradictoirement. Il est dressé procès-verbal de toute
audition; le procès-verbal est signé par la personne entendue.
Article 72 :
Toutes les pièces constitutives du dossier disciplinaire qui accompagnent le rapport
d'instruction doivent être cotées et paraphées. Une copie du dossier est délivrée à l'Avocat ou à
son Conseil, sur sa demande et à ses frais.
Article 73 :
Toute décision prise par le Conseil de discipline est notifiée à l'Avocat intéressé, au Procureur
Général et au plaignant. La notification est faite par le secrétariat de l'Ordre dans le mois du
prononcé de la décision, par lettre recommandée avec demande d'avis de réception ou par tout
moyen laissant trace écrite.
Article 74:
L'Avocat qui fait l'objet d'une sanction disciplinaire et le Procureur Général peuvent former un
recours contre la décision rendue par le Conseil de discipline. La juridiction paritaire d'appel
est saisie dans les conditions prévues par l'article 21 du présent Règlement. Elle statue dans le
délai de deux (2) mois à compter de sa saisine.
Article 75 :
Le Procureur Général assure et surveille l'exécution des sanctions disciplinaires.

TITRE VI : RESPONSABILITE CIVILE ET REGLEMENT PECUNIAIRE


DES AVOCATS

CHAPITRE PREMIER: RESPONSABILITE CIVILE

Article 76 :
Tout Avocat doit être couvert contre les conséquences pécuniaires de sa responsabilité civile
professionnelle par un contrat souscrit, auprès d'une entreprise d'assurances régie par le code
des assurances applicable dans les Etats membres de l'UEMOA. Cette assurance peut être
souscrite collectivement par le Barreau.
Article 77:
La responsabilité civile professionnelle de l'Avocat membre d'une société d'Avocats ou
collaborateur ou salarié d'un autre Avocat est garantie par l'assurance de la société dont il est
membre ou de l'Avocat dont il est le collaborateur ou le salarié. Toutefois, lorsque le
collaborateur d'un Avocat exerce en même temps la profession d'Avocat pour son propre
compte, il doit justifier d'une assurance couvrant la responsabilité civile professionnelle qu'il
peut encourir du fait de cet exercice.

CHAPITRE Il : CAISSE AUTONOME DE REGLEMENTS PECUNIAIRES DES


AVOCATS (CARPA)
Article 78 :
Il est créé au sein de chaque Barreau, entre les Avocats inscrits au tableau, une Caisse Autonome
de Règlements Pécuniaires des Avocats (CARPA) destinée à centraliser dans un compte unique
les fonds, effets ou valeurs reçus par les Avocats. L'inscription au tableau d'un Ordre emporte
d'office souscription au compte unique dans les livres de la Caisse Autonome de Règlements
Pécuniaires des Avocats (CAR PA) de cet Ordre. La Caisse Autonome de Règlements
Pécuniaires des Avocats (CARPA) reçoit également les fonds séquestres ainsi que les
consignations diverses à la requête des juridictions ou des personnes physiques ou morales.
Article 79 :
Le compte dans les livres de la Caisse Autonome de Règlements Pécuniaires des Avocats
(CARPA) est insaisissable. La Caisse Autonome de Règlements Pécuniaires des Avocats
(CARPA) est gérée par un Conseil d'administration, conformément aux dispositions en vigueur
en la matière, dans chaque Etat Membre.
Article 80 :
Il peut être institué une caisse autonome régionale de règlements pécuniaires des avocats à
l'initiative de la Conférence des Barreaux de l'UEMOA.

CHAPITRE III : REGLEMENT PECUNIAIRE ET COMPTABILITE DES AVOCATS

Section 1 : Règlement pécuniaire

Article 81 :
L'Avocat est tenu, lorsqu'il représente ou assiste son client, de procéder aux règlements
pécuniaires directement liés à son activité professionnelle, conformément aux dispositions
régissant le fonctionnement de la Caisse Autonome de Règlements Pécuniaires des Avocats
(CARPA).
Article 82 :
Nonobstant toutes dispositions contraires, l'Avocat ne peut procéder aux règlements pécuniaires
portant sur les fonds, effets ou valeurs reçus à l'occasion de son activité professionnelle que par
l'intermédiaire de la Caisse Autonome de Règlements Pécuniaires des Avocats (CARPA), sous
peine de sanction disciplinaire.

Section 2 : Règles et documents comptables

Article 83 :
Les opérations de chaque Avocat et ou cabinet d'Avocats sont retracées dans des documents
comptables destinés, notamment, à constater les versements de fonds et remises d'effets ou
valeurs qui lui sont faits au titre de ses opérations professionnelles, ainsi que les opérations
portant sur ces versements ou remises. Cette comptabilité est tenue dans les conditions prévues,
par les articles 87 et 88 du présent Règlement.
Article 84:
L'Avocat est tenu de présenter sa comptabilité à toute demande du Bâtonnier.
Article 85 :
Tous les versements de fonds ou remises d'effets ou valeurs à un Avocat ou cabinet d'Avocats
donnent lieu à la délivrance ou à l'envoi d'un accusé de réception s'il n'en a pas été donné
quittance.
Article 86 :
Le compte doit porter mention des sommes précédemment reçues à titre de provision ou de
frais. Avant tout règlement définitif, l'Avocat ou le cabinet d'Avocats remet à son client un
compte détaillé. Ce compte doit faire ressortir distinctement, d'une part, les frais et débours et,
d'autre part, les émoluments et les honoraires.
Article 87 :
Les formes dans lesquelles doit être tenue la comptabilité des Avocats sont fixées par le Conseil
de l'Ordre.

Article 88 :
La comptabilité des Avocats ou des cabinets d'Avocats est régie par les règles en vigueur dans
les Etats du siège de chaque Barreau.

TITRE VII - DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET FINALES

Article 89:
La durée des mandats du Bâtonnier et des membres du Conseil de l'Ordre en exercice au jour
de l'entrée en vigueur du présent Règlement, demeure régie par les dispositions en vigueur au
moment de leur élection. Les Etats membres de l'UEMOA mettront en place la juridiction
d'appel paritaire dans un délai de six (6) mois à compter de l'entrée en vigueur du présent
Règlement.
Article 90 :
La Commission prendra les actes d'application du présent Règlement, après avis de la
Conférence des Barreaux instituée par le Règlement relatif à la libre circulation et à
l'établissement des Avocats ressortissants de l'Union au sein de l'espace UEMOA.
Article 91 :
Demeurent applicables, les dispositions des législations et règlementations nationales des Etats
membres qui ne sont pas contraires au présent Règlement.
Article 92 :
Le présent Règlement abroge et remplace toutes dispositions antérieures contraires. Le présent
Règlement, qui entre en vigueur à compter du 1er janvier 2015, sera publié au Bulletin officiel
de l'UEMOA.

PARTIE 3: LA PRATIQUE JUDICIAIRE DEVANT LES JURIDICTIONS


CIVILES ET PENALES

TITRE I : LA PRATIQUE JUDICIAIRE DEVANT LES JURIDICTIONS CIVILES

Par « juridictions civiles », nous entendrons les juridictions statuant en matière civile et
commerciale. En matière civile et commerciale, la pratique judiciaire sera analysée sous l’angle
de l’instance judiciaire. Pour étudier les usages pratiqués devant ces juridictions, il faudra passer
en revue la procédure ordinaire ou procédure de droit commun, par opposition aux procédures
particulières (référé, requête, procédures gracieuses, etc…). Il s’agit de la procédure qui a
vocation à s’appliquer en l’absence de règles spéciales organisant l’instance civile. Cette
procédure est constituée de plusieurs étapes importantes, de l’introduction de l’instance à son
dénouement en passant par le déroulement de l’instance. Pour mieux appréhender les questions
importantes qui se posent dans la pratique juridictionnelle, nous étudierons d’abord
l’introduction de l’instance (chapitre I) ensuite son déroulement (chapitre II) et enfin le
dénouement de l’instance (chapitre III)

Chapitre I : L’introduction de l’instance civile.


En pratique, l’instance commence par une demande initiale qui est celle par laquelle un plaideur
prend l’initiative d’un procès en soumettant au juge ses prétentions. Il s’agit d’une demande
introductive d’instance. Mais, il nous faut voir d’abord, les modes de saisine des juridictions
civiles (section I) avant d’analyser les formalités supplémentaires à respecter (section II)

Section I : Les modes de saisine des juridictions civiles

Le code de procédure civile a organisé une diversité de modes de saisine des juridictions civiles.
Il s’agit notamment de la requête conjointe, de la comparution volontaire, de la déclaration au
greffe. Mais, l’assignation (paragraphe I) et la requête (paragraphe II) constituent les modes de
saisine les plus utilisés.

Paragraphe I : L’assignation

L’assignation est acte d’huissier (exploit d’assignation) par lequel le demandeur invite son
adversaire (le défendeur) à comparaitre devant un tribunal. Il s’agit donc d’une convocation à
comparaitre devant le tribunal. Il résulte de l’article 32 du Code de Procédure Civile que « les
instances en matière civile, commerciale et administrative sont introduites par voie
d’assignation volontaire des parties ». L’assignation obéit à des règles de forme. En effet, pour
être valable elle doit nécessairement contenir un certain nombre de mentions (A) et respecter
des délais dits d’ajournement (B)

A. Les mentions obligations de l’assignation

L’assignation doit d’abord comporter à peine de nullité des mentions propres aux actes
d’huissier (acte de signification, commandement de payer, sommation interpellative) en général
prévues par l’article 246 du Code de procédure civile qui stipule que « les exploits dressés par
les huissiers de justice contiennent notamment le nom du requérant, ses prénoms, profession,
nationalité et domicile réel ou élu, et le cas échéant les noms prénoms, profession et domicile
de son représentant légal ou statutaire ». L’assignation doit également comporter la date les
jours, mois et an, des noms, prénom et demeure de l’huissier, des noms, prénoms et demeure
du requis et de l’objet de l’acte. En outre, le Code de Procédure Civile prévoit que l’assignation
doit être signifié au requis, à personne, à domicile, à voisin ou même à mairie si la personne
refuse de prendre l’acte.

Certaines mentions sont propres à l’assignation en tant qu’acte introductif d’instance. Il s’agit
de l’exposé sommaire des moyens, de l’indication du tribunal qui doit connaitre de la demande,
de la date et de l’heure de l’audience. Ces mentions sont prescrites à peine de nullité de l’exploit
d’assignation, mais les juges en cas d’omission de certaines mentions, ne prononcent pas
automatiquement ladite nullité de l’exploit. Les magistrats appliquent à cet égard le principe
selon lequel « pas de nullité sans texte et pas de nullité sans grief ». La Cour Suprême du
Sénégal a déjà décidé, dans un arrêt du 25 novembre 1987 que la mention inexacte de l’adresse
du défendeur lorsque son identité est exacte ne constitue pas une formalité substantielle de
nature à entrainer l’annulation de l’exploit en l’absence de la caractérisation d’un grief. Mais,
la mention du nom de l’Huissier, la désignation du tribunal devant lequel le défendeur doit
comparaitre, la date de l’exploit d’assignation constituent des
formalités substantielles susceptibles d’entrainer la nullité de l’assignation même en l’absence
de la caractérisation d’un grief. .

B. Les délais d’ajournement

Les délais d’ajournement sont les délais qui doivent impérativement séparer le moment où
l’assignation est délivrée (servie) au défendeur et celui où l’audience doit se tenir. L’observation
de ces délais est dictée par des considérations liées au respect des droits de la défense. En effet,
il s’agit à travers ces délais de permettre au défendeur de préparer sa défense en attendant de
comparaitre devant le juge.

Ces délais varient suivant que le défendeur est domicilié sur le territoire ivoirien ou à l’étranger
et est prévu par l’article 34 du code de procédure civile qui dispose que : « Sauf consentement
des parties ou abréviation du délai par le juge, en cas d'urgence, il doit y avoir entre le jour de
l'assignation et celui indiqué pour la comparution, un délai de huit (8) jours au moins, si le
destinataire est domicilié dans le ressort de la juridiction. Ce délai est augmenté d'un délai de
distance de quinze (15) jours si le destinataire est domicilié dans un autre ressort et de deux
(2) mois s'il demeure hors du territoire de la République »..

Il ressort de cette disposition que pour les défendeurs domicilié en Côte d’Ivoire, le délai à
respecter entre la date de la signification de l’assignation à l’adversaire et la date de la première
audience d’évocation de l’affaire doit être d’au moins huit jours (8) si le défendeur est domicilié
dans le lieu où siège le tribunal compétent (l’on dit également le ressort de ce tribunal). Ce délai
d’ajournement est augmenté de quinze (15) jours lorsque la personne poursuivie est domiciliée
dans le ressort d’un autre tribunal, et dans les autres parties de la République. Si le défendeur
demeure hors du territoire de la République le délai de huit jours est augmenté d’un délai de
distance de deux mois pour celui qui demeure en Europe, en Afrique, en Amérique, en Asie ou
en d’autres termes si le défendeur demeure dans le reste du monde.

En principe, la sanction du non-respect du délai d’ajournement doit être la nullité de l’exploit


d’assignation toutes les fois où le demandeur à l’instance n’a pas obtenu une ordonnance
abréviative de délai, l’adversaire n’ayant pu comparaitre dans le délai imparti et n’ayant ainsi
pu faire valoir ses moyens de défense.

Paragraphe II : La requête

La requête est un mode normal de saisine des tribunaux. C’est ce qui résulte de l’article 32 du
Code de procédure civile qui dispose entre autres que : « Les instances en matière civile,
commerciale ou administrative, sont introduites par voie d'assignation, sauf comparution
volontaire des parties. Toutefois, dans les actions personnelles ou mobilières dont l'intérêt
pécuniaire, n'excède pas la somme de 500.000 francs, l'instance peut être introduite par voie de
requête ».
.
Selon ce texte les instances devant les tribunaux sont introduites en cas de procédure gracieuse
ou pour les litiges dont l’intérêt en jeu est faible, soit par requête écrite signée du demandeur
ou de son mandataire, soit par la comparution du demandeur accompagnée d’une déclaration
dont le procès-verbal est dressé par le greffier. Cette déclaration est signée du demandeur, ou
mention est faite qu’il ne sait signer. La requête doit généralement indiquer les prénoms, noms,
domiciles ou résidences du demandeur et du défendeur ainsi que l’énonciation de l’objet et des
moyens de la demande.

Le procès-verbal de dépôt de la requête au greffe doit contenir entre autres,

 la date du dépôt de la requête ;

 les noms, prénoms, profession, nationalité, domicile ou résidence du requérant, et le cas


échéant, mention de son avocat ou mandataire;

 élection de domicile, soit au siège de la juridiction, soit chez son avocat ou mandataire ;

 les noms, prénoms, domicile ou résidence du défendeur, ou s'il s'agit d'une personne
morale, de son représentant légal ou statutaire, et à défaut de son siège ;

 l'exposé des faits, l'objet de la demande et ses justifications éventuelles ;

 l'indication de la juridiction qui doit connaître de la demande, ainsi que les dates et
heures de l'audience.

La requête dans le cadre d’une procédure contentieuse, doit être signifiée à la partie adverse par
le biais d’un exploit d’huissier de justice à son domicile élu dans le respect des règles relative
au délai d’ajournement. En matière de divorce contentieux, le tribunal de première instance est
saisi par une requête en divorce. En matière de jugement d’hérédité le tribunal est saisi par une
requête aux fins de délivrance d’un jugement d’hérédité. Dans le cadre de la procédure sur
requête, le Président du Tribunal est également saisi par une requête. Par exemple, en matière
d’injonction de payer, la procédure est introduite par une requête aux fins d’injonction de payer
(article 2 de l’Acte uniforme sur les procédures simplifiées de recouvrement et des voies
d’exécution).

Cette requête doit comporter à peine d’irrecevabilité les noms et prénoms, professions des
parties, le siège social, la forme sociale des personnes morale. Toutes difficultés relatives à la
recevabilité de la requête et à l'établissement du procès-verbal seront jugées en dernier ressort
par le président de la juridiction sur simple requête du greffier, de la partie en cause, de son
représentant ou de son mandataire selon l’article 37 du CPC.

Section II : Le respect des formalités supplémentaires

Il ne suffit pas de délaisser au défendeur un acte introductif d’instance pour saisir la juridiction,
encore faudrait-il accomplir des formalités supplémentaires. Il s’agit de l’enrôlement
(paragraphe I) et de la consignation (paragraphe II). Ce n’est qu’à partir de ce moment que le
président répartit les dossiers entre les chambres du Tribunal ( paragraphe III)

Paragraphe I : L’enrôlement
La demande en justice ne se confond pas à la saisine effective du Tribunal. La saisine du tribunal
suppose l’accomplissement d’une formalité postérieure appelé enrôlement. En vertu des
dispositions du Code de procédure civile, le tribunal est saisi, à la diligence du demandeur, par
la remise au secrétariat du greffe au plus tard l’avant-veille de l’audience (deux jours avant la
date de la première comparution) de l’original de l’assignation ou d’une copie de la requête. A
cet effet, l’article 41 du CPC dispose que « Si l'instance est introduite par voie d'assignation, le
demandeur doit, au plus tard quarante-huit (48) heures avant l'audience, en déposer l'original
au greffe. Le numéro d'ordre du rôle général sera reproduit en tête des conclusions ».

Ces diligences sont en réalité destinées à l’accomplissement de la formalité de l’enrôlement.


L’enrôlement consiste à faire inscrire l’affaire au registre tenu au greffe du tribunal saisi, appelé
rôle général. Il s’agit d’un registre tenu au greffe sur lequel sont inscrites, dans leur ordre de
présentation, toutes les affaires portées devant ledit Tribunal C’est au demandeur de prendre
l’initiative de l’enrôlement au plus tard l’avant-veille de l’audience, en remettant l’original de
l’assignation au greffier.

Dès l'enrôlement, il sera établi au greffe de chaque juridiction, par affaire inscrite, un dossier
qui portera les noms et domiciles des parties, et s'il y a lieu les noms des avocats, le numéro et
la date de mise au rôle, l'objet de la demande et les dates successives de renvoi de l'affaire.
Seront déposés dans ce dossier et côtés par le greffier :

 le récépissé constatant la consignation de la provision au greffe ;

 l'original de l'exploit d'assignation ou copie du procès-verbal de dépôt visé à l'article


36, auquel sera jointe, le cas échéant, la requête écrite ;

 les conclusions ou notes des parties ou de leurs conseils avec mention de la date de
leur dépôt ;

 les pièces et documents versés par les parties ou les récépissés constatant leur retrait ;

 la copie des décisions prises par le juge de la mise en état ;

 la copie des jugements qui seront rendus successivement par la juridiction, et celle des
procès-verbaux et rapports dressés en exécution des jugements ou des décisions
rendues par le juge de la mise en état.

Le dossier sera conservé au greffe de la juridiction qui aura statué. Toutefois, les pièces et
documents seront restitués aux parties sur leur demande contre récépissé. (article 42 CPC)

Paragraphe II : La consignation

L’article 43 du CPC énonce que sauf dans les cas d’assistance judiciaire, le demandeur est tenu
lors de l’enrôlement de son acte introductif d’instance de consigner au greffe de la juridiction
qu’il entend saisir une somme suffisante pour garantir le paiement des droits de timbre et
d’enregistrement au droit fixe. Cet article précise en outre que « Il devra compléter cette
provision, si, en cours d'instance, elle se révèle insuffisante. Si cette insuffisance a pour origine
le dépôt de demandes reconventionnelles par le défendeur, le complément de provision sera
fourni par ce dernier. Le versement de la provision est constaté par récépissé délivré par le
greffier ».
A défaut de paiement de la provision, la demande est irrecevable et la décision d’irrecevabilité
est considérée comme une mesure d’administration judiciaire qui ne peut faire l’objet d’aucune
voie de recours. Mais, il faut préciser que dans certains cas et notamment lorsque le litige porte
sur une matière sociale (litige entre employeur et employés), la procédure est gratuite. Cette
gratuité ne concerne que les droits d’enregistrement et de timbre, à l’exclusion des droits de
délivrance des actes qui sont dus.

Paragraphe III : La répartition des affaires enrôlées.

Une fois que le tribunal est effectivement saisi, le président du tribunal procède à la répartition
des dossiers entre les chambres du tribunal. A titre d’exemple, au niveau du tribunal de première
instance d’Abidjan, il a été créées notamment une chambre civile, une chambre des affaires
familiales, une chambre de référé expulsion, une chambre immobilière, et plusieurs chambres
correctionnelles.

Dans la pratique des tribunaux, la répartition des affaires entre les différentes juridictions est à
la charge du greffier enrôleur du tribunal saisi. En cas d’erreur dans l’affectation de l’affaire
ou en cas de de mauvaise attribution, la juridiction saisie peut procéder par renvoi devant la
juridiction compétente. Ladite répartition des dossiers entre les chambres du tribunal est
fonction de la nature et de l’importance de l’affaire mais aussi de l’état des rôles des chambres.

Chapitre II : Le déroulement de l’instance


Une fois que le tribunal est saisi, l’instance doit se dérouler normalement. Mais, devant de
nombreuses juridictions, il arrive des cas où la procédure contentieuse proprement-dite (section
II) soit précédée d’une étape préalable de conciliation (section I).

Section I : Le préalable à la procédure contentieuse : la conciliation

En principe, les instances devant le tribunal de première instance sont dispensées du


préliminaire de conciliation sauf pour les litiges portant sur la contestation des ordonnances
d’injonction de payer et les actions en divorce dans lesquelles la conciliation est obligatoire.
Devant le tribunal du commerce et le tribunal du travail, la tentative de conciliation des parties
est une condition de recevabilité de l’action en justice.

Mais, l’obligation de conciliation peut d’une part résulter de la volonté des parties ou du juge.
En effet, d’abord, les parties peuvent comparaitre volontairement aux fins de conciliation
devant le juge compétent. Ensuite, le demandeur a la faculté de citer le défendeur en conciliation
en respectant les délais d’ajournement. Enfin, le juge saisi peut en tout état de la procédure
tenter la conciliation des parties, ces dernières pourront être assistées de leurs conseils.

Mais, devant le Tribunal du commerce, le tribunal du travail et parfois même du tribunal de


première instance, le préliminaire de la conciliation résulte souvent des exigences même de la
loi. Il en est ainsi en matière d’injonction de payer, où en cas d’opposition formée par le
débiteur, le tribunal est tenu de procéder à une tentative de conciliation. En effet, en vertu de
l’article 12 de l’acte uniforme sur les procédures simplifiées de recouvrement et des voies
d’exécution de l’OHADA « la juridiction saisie sur opposition procède à une tentative de
conciliation ». Ce n’est qu’en cas d’échec de la tentative de conciliation que le tribunal statue
sur la demande en recouvrement de la créance.
Il en est de même devant le Tribunal de première instance, en cas de divorce contentieux. Selon
les dispositions de la loi de 1964 sur le divorce, lors de la première comparution devant la
juridiction aux affaires familiales, le juge a l’obligation de procéder à une tentative de
conciliation, en tenant aux époux des observations qu’il croit nécessaires pour opérer la
réconciliation, hors la présence des conseils des parties. Ce n’est que lorsque la conciliation
échoue que la phase contentieuse est ouverte.

Dans la pratique, le tribunal de première instance a institué une audience des conciliations
présidée par un juge. Au cours de cette audience spéciale qui se tient en chambre de conseil, le
juge procède à la conciliation des parties. Si la conciliation aboutit le juge assisté du greffier
dresse un procès-verbal de conciliation. Ce procès-verbal est signé par les deux parties et déposé
au greffe. Cette conciliation met fin à l’instance et le procès-verbal de conciliation signé par le
juge et les parties constitue un titre exécutoire (V. article 33 de l’acte uniforme sur les
procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution de l’OHADA) Si la tentative
de conciliation échoue, ou n’a pas lieu, on entrera dans la procédure contentieuse

Section II : Le déroulement de la procédure contentieuse proprement-dite

Le déroulement de la procédure contentieuse devant le tribunal se subdivise en deux étapes


importantes, à savoir l’instruction des affaires (paragraphe I) et les débats (paragraphe II)

Paragraphe I : L’appel des causes et l’instruction des affaires

A- L’appel des causes

Selon l’article 46 du code de procédure civile, au jour fixé pour l'audience l’affaire est
obligatoirement appelée. Si le demandeur ne comparaît pas, ni personne pour lui, l’affaire est
rayée d’office, à moins que le défendeur ne sollicite jugement au fond. Si l’affaire n'est pas
inscrite au rôle, faute par le demandeur d’avoir consigné, elle sera renvoyée à cette fin, sur la
demande du défendeur et après consignation par ce dernier. Dans les deux cas, il sera statué par
jugement contradictoire. Si le demandeur se trouve dans l'impossibilité de se déplacer il peut
demander que le Tribunal statue sur pièces.

Si le défendeur ne comparaît pas, ni personne pour lui, il s’expose à ce qu’une décision soit
rendue contre lui. Cette décision rendue en l’absence du défendeur sera soit une décision de
défaut si l’assignation n’a pas été faite à partie, c’est-à-dire n’a pas été signifiée
personnellement à l’adversaire, mais a été donnée à un membre de sa famille ou son conjoint
par exemple. La décision sera dite « réputée contradictoire » si l’assignation a été faite à partie.

L’article 47 de son côté stipule que si, au jour fixé pour l'audience, les parties comparaissent ou
sont régulièrement représentées, le Tribunal peut :

1°) soit retenir l’affaire, s'il estime qu'elle est en état d'être jugée le jour même ;

2°) soit fixer la date à laquelle l'affaire sera plaidée et impartir les délais utiles à la
communication de pièces ou au dépôt de conclusions, ces délais devant être observés à peine
d'irrecevabilité desdites pièces et conclusions. Cette irrecevabilité sera prononcée d'office par
le tribunal à moins que l'inobservation des délais résulte d'un cas fortuit ou de force majeure.
Toutefois, les parties peuvent, par requête adressée au Président de la juridiction, obtenir
l'évocation de l'affaire avant le terme des délais fixés. La partie qui bénéficie de cette abréviation
de délais doit en aviser l'autre dans les quarante-huit (48) heures par exploit d'huissier, faute
de quoi, la date initiale est maintenue ;

3°) soit renvoyer l'affaire devant le Président d'audience ou devant le juge qu'il désigne parmi
les juges de la formation de jugement, pour être mise en état par ses soins.

Les décisions du Tribunal visées à l’article 46 précité du code de procédure civile sont des
décisions de pure administration judiciaire contre lesquelles aucun recours n'est possible.

B- Le déroulement de la mise en état

Il est rare qu’une affaire puisse être plaidée et jugée dès la première audience. Dans la plupart
du temps, il est nécessaire de procéder à une instruction. L’instruction des affaires renvoie à
leur mise en état. La mise en état d’une affaire consiste à mettre l’affaire en état d’être jugée.
C’est-à-dire qu’il s’agit de permettre aux parties d’échanger leurs conclusions, de veiller à la
communication des pièces, de procéder à des enquêtes ou expertises pour que le dossier puisse
être jugé dans des délais raisonnables.

Dans la pratique des Tribunaux de première instance et des cours d’appel, pour ce qui concerne
la plupart des affaires et notamment des affaires jugées urgentes (résiliation de bail
professionnel, opposition à ordonnance d’injonction de payer, opposition à contrainte,
opposition à jugement de défaut…), la mise en état est réalisée directement par la chambre
collégiale du Tribunal ou de la cour d’appel et non par le juge de la mise en état. Cette pratique
est conforme à l’esprit de célérité qui anime le traitement de ces procédures, puisque la mise en
état effectuée par la chambre permet un gain de temps certain. Au cours du déroulement de
l’instruction des affaires, le juge de la mise en état se voit reconnaitre des compétences (1) et
des pouvoirs considérables (2)

1. La compétence du juge de la mise en état

Lorsqu’elle est constituée, la juridiction de la mise en état a jusqu’à son dessaisissement une
compétence exclusive pour statuer sur certaines questions. En effet, le juge de la mise en état
est compétent pour statuer sur les exceptions de procédure (exception de nullité d’un acte de
procédure, d’incompétence, de connexité…), à l’exclusion des fins de non-recevoir (défaut de
qualité à agir, d’intérêt, autorité de la chose jugée) et des défenses au fond.Ainsi, l’article 48 du
code de procédure civile dispose que : Le juge chargé de la mise en état comme il est dit à
l'article précédent doit prendre toutes mesures qui lui paraissent nécessaires pour parvenir à une
instruction complète de l’affaire. A cet effet il peut notamment :

1°) inviter les parties. leurs conseils, leurs représentants, ou mandataires, à présenter sur leurs
prétentions respectives, les conclusions soit écrites, soit orales, dans ce dernier cas elles font
l'objet d'un procès verbal ;

2°) convoquer les parties, leurs conseils, leurs représentants ou mandataires aussi souvent qu'il
le juge nécessaire, leur faire toutes communications utiles, leur adresser des injonctions,
procéder à leur conciliation dans les formes prévues à l'article 134, leur donner acte de leur
désistement ;
3°) autoriser ou réclamer le dépôt de conclusions additionnelles, ainsi que de toutes pièces
utiles, en original on en copie, sauf au Tribunal à tirer toutes conséquences d'une abstention ou
d'un refus ;

4°) procéder à une enquête d'office ou à la demande des parties, ou commettre un juge d’un
autre ressort à cet effet ;

5°) ordonner une expertise, une vérification d’écriture, une descente sur les lieux, la
comparution personnelle des parties déférer d'office le serment ou commettre un huissier de
justice pour procéder à des constatations ;

6°) recevoir ou ordonner toute intervention, prescrire la jonction de deux ou plusieurs instances
instruites par ses soins sauf au Tribunal à prescrire, le cas échéant. la disjonction ;

7°) statuer sur les exceptions de caution ou de cautionnement, de communication de pièces et


de nullité d'acte, ainsi que les demandes de provision ad litem ;

8°) se prononcer sur les demandes de provision sur dommages-intérêts lorsque la responsabilité
ne sera pas contestée ou aura été établie par une décision passée en force de chose jugée
irrévocable ;

9°) ordonner même d’office une mise sous séquestre ou toutes mesures conservatoires.

Le juge chargé de la mise en état est assisté dans ses fonctions d'un greffier.

Le juge de la mise en état peut accorder une provision au créancier lorsque l’existence de
l’obligation n’est pas sérieusement contestable. La provision est une avance sur une somme
due. Il est compétent pour ordonner des mesures provisoires, même conservatoires, à
l’exception des saisies conservatoires, des nantissements ou des hypothèques conservatoires.
Enfin le juge de la mise en état ordonne, même d’office toute mesure d’instruction appropriée
(enquête, expertise…)
2. Les pouvoirs du juge de la mise en état

Le juge de la mise en état dispose de larges prérogatives dans le cadre de la conduite de


l’instance et ses pouvoirs tendent à s’accroitre. Ainsi, le juge de la mise en état veille au
déroulement loyal de la procédure, à la ponctualité de l’échange des conclusions et à la
communication des pièces. A cet égard, il peut entendre les avocats ou les parties et leurs
adresser des injonctions. Il fixe des délais pour accomplir des actes et peut accorder des
prolongations de délais. Il peut ordonner la jonction des instances présentant un lien de
connexité ou à des disjonctions. Enfin, il a le pouvoir de constater l’extinction de l’instance
notamment en cas de décès du demandeur ou de désistement d’instance.

Si les deux parties s’abstiennent d’accomplir les actes de procédure dans les délais, le juge de
la mise en état peut ordonner d’office la radiation de l’affaire par une décision non susceptible
de recours. Mais, le juge de la mise en état voit de plus en plus ses pouvoirs étendus même en
dehors de l’instance. Ainsi, il peut constater la conciliation entre les parties et statuer sur les
dépens. Ainsi, lorsque les parties se concilient en cours de procédure, le juge de la mise en état
constate la conciliation intervenue entre les partie et ordonne la radiation de l’affaire du rôle.
C. La clôture de la mise en état
La clôture de l’instruction est la fin de la mise en état. En principe, après la clôture de
l’instruction, aucune pièce ou conclusion ne peut être déposée par les parties. C’est pourquoi
dans la pratique judiciaire, avant de procéder à la clôture le juge de la mise en état renvoie
l’affaire pour vérification. Pendant ce temps, le juge vérifie l’état du dossier (dépôt de toutes
les conclusions et des pièces) statue éventuellement sur les exceptions de procédure (exception
d’incompétence, de connexité, de non communication des pièces, de nullité d’un acte de
procédure…). La clôture de l’instruction peut être d’abord ordonnée lorsque qu’à la fin de
l’instruction, l’affaire est en état d’être jugée. A cet effet, le juge va rendre une ordonnance de
clôture qui renvoie l’affaire devant le tribunal pour être jugée. Par ailleurs, la clôture de
l’instruction peut être ordonnée par le juge de la mise en état lorsque l’une des parties n’a pas
accompli les actes de procédure dans les délais.

L’ordonnance de clôture ne peut faire l’objet d’aucun recours. Lorsque l’affaire est clôturée, la
cause et les parties sont renvoyées devant la chambre collégiale pour la mise de l’affaire en
délibéré. Mais, l’ordonnance de clôture peut être révoquée en cas de cause grave dûment
justifiée depuis qu’elle a été rendue. Il en est ainsi par exemple, lorsqu’une partie après la
clôture de l’instruction, entend déposer des pièces déterminantes pour l’issue du litige. La
révocation de l’ordonnance de clôture peut être décidée par une ordonnance motivée d’office
par le juge de la mise en état ou à la demande des parties, ou même par une décision du tribunal.
La révocation de l’ordonnance de clôture permet la réouverture des débats et de l’échange des
conclusions et pièces.

Paragraphe II : Les débats

Les débats sont marqués par le principe de la publicité et l’oralité des débats (A) et le président
du tribunal au cours des débats dispose d’importants pouvoirs de police (B).

A. La publicité et l’oralité des débats.

Selon les dispositions du CPC « les audiences sont publiques, à moins que cette publicité ne
soit dangereuse pour l’ordre ou les moeurs, auquel cas la juridiction saisie le déclare par arrêt
ou jugement préalable, le ministère public entendu ». Ainsi, lorsque la publicité des débats
risque d’entrainer des troubles (des manifestations) ou lorsque l’affaire est relative aux moeurs,
le tribunal peut par jugement, après audition du Ministère public, décider que les débats se
feront à huit clos. Mais que les débats soient publics ou non, le CPC précise que « sauf
dispositions légales contraires, les jugements, en toute matière, sont prononcés publiquement
et doivent être motivés, à peine de nullité ». Dans la pratique, la procédure est souvent écrite,
les parties ou leurs avocats versent aux débats, à cet effet, des mémoires ou des conclusions.
Mais, le CPC dispose également que « à l’audience, les parties ou leurs mandataires sont
autorisés à présenter des observations orales ou à développer leurs conclusions déposées et
jointes au dossier ».

Dans la pratique des tribunaux, les parties plaident selon un ordre. Le demandeur d’abord,
ensuite le défendeur et si le demandeur le requiert la parole peut lui revenir. Mais, le défendeur
doit répliquer, il a la parole en dernier. Il appartient alors au juge de faire cesser les plaidoiries,
s’il le juge nécessaire. Dans certains cas, le Ministère public peut intervenir dans les débats,
notamment, lorsqu’il est partie jointe. Dans ce cas, il intervient pour donner son avis sur une
question portée à sa connaissance. Certaines affaires sont obligatoirement communiquées au
Ministère public ; il s’agit des affaires qui concernent l’état des personnes, les personnes
présumées absentes, l’ordre public, la causes des incapables, les récusations, et renvois pour
causes de parenté. Le procureur de la République peut néanmoins prendre communication de
toutes les autres causes dans lesquelles il croit son ministère nécessaire. Le tribunal peut même
l’ordonner d’office. La communication du dossier se fait au Parquet. Une fois les plaidoiries
achevées, les parties vont remettre au juge leurs dossiers et les débats seront alors clos, sauf si
le juge autorise leur réouverture.

B. La police des débats

Le président du Tribunal a la police des débats. Tout ce que qu’il ordonne pour le maintien de
l’ordre à l’audience est exécuté ponctuellement à l’instant. La même disposition est observée
dans les lieux où les magistrats et les greffiers exercent les fonctions de leur état. Le code de
procédure civile prévoit que « les parties sont tenues de s’exprimer avec modération et de
garder en tout le respect dû à la justice; si elles y manquent, le juge les y rappellera d’abord
par un avertissement; en cas de récidive, elles pourront être condamnées à une amende». Si un
ou plusieurs individus, quels qu’ils soient, interrompent le silence, donnent des signes
d’approbation ou d’improbation, soit à la défense des parties, soit aux discours et ordres des
magistrats, causent ou excitent du tumulte de quelque manière que ce soit, et si, après
l’avertissement du président, ils ne rentrent pas dans l’ordre sur le champ, il leur sera enjoint de
se retirer et les résistants seront saisis et déposés à l’instant dans la maison d’arrêt pour 24
heures. Si le trouble est causé par un individu remplissant une fonction près le tribunal, il outre
en outre être suspendu à temps de ses fonctions. Si le trouble se trouve causé par un avocat, le
président pourra, après un avertissement resté sans effet, lui enjoindre de se retirer de
l’audience, ce qui sera exécuté sur le champ.

Chapitre III : Le dénouement de l’instance


Le jugement est le principal mode d’extinction de l’instance. Il est défini comme l’acte
juridictionnel par lequel le juge tranche le litige qui lui est soumis. Mais, techniquement, on
admet qu’un jugement est une décision rendue par un tribunal alors qu’une ordonnance est une
décision rendue par un président de tribunal ou par un juge. Mais, tous les jugements ne mettent
pas fin à l’instance. En effet, les jugements avant dire droit ayant pour objet de prescrire une
mesure en vue de préparer le jugement définitif de l’affaire (expertise, enquête…) ne dénouent
pas l’instance. Après l’accomplissement de la mesure ordonnée par le jugement (dépôt du
rapport d’enquête ou d’expertise) l’instance est simplement reprise. Il nous faut voir les
préalables au jugement (Paragraphe I) avant d’analyser l’élaboration des jugements (paragraphe
II)

Section I : Les préalables au jugement


Les préalables au jugement visent les étapes préliminaires au jugement définitif des affaires. Il
s’agit de la mise en délibéré (A) et du délibéré (B)

Paragraphe I : La mise en délibéré

Dans les affaires simples où il n’y a guère de difficultés, il arrive que le jugement soit rendu
sur-le-champ. On dit que le jugement est rendu sur le siège. Par ailleurs, dans les cas moins
simples, les juges se retirent dans la chambre du conseil pour revenir ensuite prononcer le
jugement. Dans les deux cas le jugement est rendu le même jour. Mais, dans la plupart des cas
le prononcé du jugement est renvoyé à une date ultérieure et le président du tribunal indique la
date à laquelle l’affaire sera jugée. On dit que l’affaire est mise en délibéré. La mise en délibéré
est une prérogative exclusive du tribunal et non du juge de la mise en état qui lorsque l’affaire
est en état d’être jugée clôture l’instruction et renvoie la cause et les parties devant le tribunal
pour mise en délibéré. La mise en délibéré par le tribunal permet aux juges de mieux mûrir la
décision avant son prononcé.

Paragraphe II : Le délibéré

C’est la phase de réflexion que s’accorde le tribunal après avoir entendu les parties avant de
prononcer sa décision. On dit en pratique que le tribunal vide son délibéré lorsqu’il a prononcé
publiquement sa décision. C’est aussi le moment où, lorsque le tribunal ne statue pas à juge
unique, les magistrats discutent entre eux en vue de s’accorder sur la décision qui sera rendue.
Le délibéré est régi principalement par deux principes fondamentaux : le principe de la majorité
et le principe du secret. Le principe de la majorité en ce que au cours des délibérations le
jugement est pris à la majorité des magistrats composant la chambre. Ni le président de
chambre, ni les titulaires dans la chambre n’ont une voie prépondérante. C’est la loi de la
majorité qui s’impose. Il arrive souvent que les présidents de chambre soient minorisés au cours
de délibération. Le délibéré est en outre régi par le principe du secret. Les magistrats sont tenus
de garder le secret des délibérés, ils doivent se garder de révéler à des tiers les positions prises
par les membres de la chambre au cours des délibérations. D’ailleurs, l’obligation de garder le
secret des délibérés est inscrite dans la formule du serment prêté par les magistrats avant leur
entrée en fonction.

Section II : L’élaboration des jugements

Il nous faut étudier la rédaction des jugements (1) et ensuite la classification des jugements (2)

Paragraphe I : La rédaction des jugements

Une fois que les jugements sont prononcés à l’audience publique, ils doivent être
dactylographiés. Selon les dispositions du CPC, les jugements doivent comporter un certain
nombre de mentions, les noms des magistrats qui ont rendu le jugement, les noms des
représentants du Ministère public, les noms, profession et domicile des parties, le dispositif des
déclarations des parties , le dispositif des jugements avant dire droit. Les motifs des jugements
doivent aussi être inscrits dans le jugement. En outre, le jugement doit être revêtu de la signature
du greffier et du juge.
Dans la pratique, c’est le greffier audiencier qui a l’obligation, sous la surveillance du greffier
en chef, d’assurer dans les deux semaines du prononcé du jugement, la dactylographie et la
présentation de la décision à la signature du magistrat qui l’a rendue.
Le président du Tribunal et le greffier signent chaque jugement dans un délai maximum de 25
jours à compter de son prononcé. Mais, ces délais ne sont pas toujours respectés dans la pratique
en raison du volume important du contentieux.

Paragraphe II : La classification des jugements

En droit judiciaire privé, plusieurs classifications peuvent être retenues :


A. Jugements contradictoires et jugements par défaut

Le jugement contradictoire est un jugement rendu dans une instance où les parties ont comparu
personnellement ou se sont fait représentées par leurs conseils ou représentants. Le jugement
par défaut est une décision rendue à l’issue d’une instance à laquelle le défendeur n’a ni
comparu ni été représenté. Seul le jugement rendu par défaut peut donner ouverture à
l’opposition.

B. Jugements contentieux et jugements gracieux

Le jugement contentieux tranche le fond du litige au principal ou sur un incident (exception, ou


fin de non recevoir). Ex : un jugement qui condamne une personne à payer une somme d’argent.
Le jugement gracieux est une décision par laquelle le juge ne tranche pas une contestation mais
se contente d’opérer un contrôle exigé par la loi, en vue de donner un effet juridique à un acte
privé. Par exemple le jugement de divorce par consentement mutuel, le jugement homologuant
un concordat, le jugement d’homologation du partage amiable en matière de succession.

C. Jugement définitifs et jugements avant dire droit.

Le jugement définitif tranche une contestation sur le fond du litige. Exemple : un jugement qui
se prononce sur une demande de restitution en y faisant droit. Le jugement avant dire droit est
une décision qui en préparation la solution à donner à un litige, se borne à ordonner une mesure
d’instruction (enquête, expertise) ou une mesure provisoire (provision, garde provisoire d’un
enfant) sans trancher le principal du litige. Les jugements avant dire droit se subdivisent en
deux catégories. Il s’agit des jugements préparatoires et des jugements interlocutoires.

Selon le CPC, les jugements préparatoires sont les jugements rendus pour l’instruction de la
cause et qui tendent à mettre l’affaire en état de recevoir un jugement définitif. Exemple : un
jugement désignant une expertise pour évaluer la valeur vénale d’un immeuble. Par contre, les
jugements interlocutoires sont des décisions rendus lorsque le tribunal ordonne avant dire droit
une mesure qui préjuge du fond du litige. Les jugements interlocutoires peuvent faire l’objet
d’un appel avant même l’intervention du jugement sur le fond ; alors que les jugements
préparatoires ne peuvent faire l’objet d’un appel après le jugement sur le fond.

TITRE II: LA PRATIQUE JUDICIAIRE DEVANT LES JURIDICTIONS PENALES

Devant les juridictions répressives malgré le principe de la légalité criminelle qui postule une
interprétation restrictive de la loi pénale, il s’est développé dans la pratique plusieurs usages
qui souvent tendent à compléter le dispositif pénal. L’analyse de ces usages du palais se fera au
regard de l’instance pénale, c'est-à-dire elle sera articulée autour du déroulement proprement
dit du procès pénal ( poursuite, instruction et jugement) Il s’agira ainsi d’analyser l’étape
préalable au jugement des auteurs d’infractions pénales ( titre I) avant d’étudier l’étape du
jugement proprement dit (titre II)

SOUS-TITRE I : L’étape préalable au jugement des auteurs d’infractions pénales

Le procès pénal est ponctuée de phases au cours des quelles les parties et les autorités publiques
accomplissent diverses formalités. Mais, dans la phase antérieure au jugement des infractions,
il importera d’étudier la poursuite auteurs d’infractions (chapitre I) et l’instruction des affaires
pénales (chapitre II)

CHAPITRE I : LA POURSUITE DES AUTEURS D’INFRACTIONS

La poursuite est la première étape du procès pénal après l’enquête préliminaire. La poursuite
consiste au déclenchement de l’action publique. Il nous faut d’abord étudier les organes chargés
de la poursuite (section I) avant d’analyser spécifiquement la décision de poursuite (section II)

Section I : Les organes de poursuites

En règle générale, la décision de mettre en mouvement ou non l’action publique est prise par
un service public spécialisé dans cette tâche : le Ministère Public (paragraphe I). Mais
exceptionnellement, l’action publique peut être déclenchée sans l’intervention du Parquet par
la victime qui porte son action civile devant la juridiction répressive (paragraphe II)

Paragraphe I : Le Ministère public

Le Ministère public ou Parquet est constitué des magistrats du parquet encore appelés «
magistrats debout » parce qu’ils se lèvent à l’audience pour prendre leurs réquisitions6. Il
s’agira de revenir sur l’organisation du Ministère Public (A) avant d’étudier ses caractères (B)

A. L’organisation du Ministère Public

Il s’agira de distinguer le ministère public près les juridictions ordinaires (1) du ministère public
près les juridictions d’exception (2).

1. Le ministère public près les juridictions ordinaires

Auprès du tribunal de première instance, le ministère public est représenté par le Procureur de
la République ou ses adjoints. Dans les sections détachées des tribunaux de première instance,
le ministère publique est assuré par le substituts du procureur résident ou même par le Président
de cette juridiction, sous le contrôle direct du Procureur de la République du TPI de
rattachement. En cas d’empêchement ou d’absence momentanée du procureur de la République,
il est remplacé, s’il n’a pas de substituts, par un juge commis à cet effet par le Président du
Tribunal de première instance, sur sa proposition ou à défaut sur celle du Procureur Général.
près de la cour d’appel.

Au près de la cour d’appel et des cours d’assises, le ministère public est représenté par le
Procureur Général en personne, ou par ses substituts que l’on appelle substituts généraux ou
avocats généraux selon leur grade., Auprès de la Cour d’appel, le parquet est représenté par le
Procureur Général ou par ses avocats généraux.

2. Le ministère public près les juridictions d’exception

Devant la Haute Cour de Justice, les fonctions du ministère public sont assurées par le Procureur
Général près la cour suprême. Devant le tribunal militaire, le ministère public est représenté
par le procureur militaire lorsque l’infraction a été commise par un militaire dans l’exercice de
ses fonctions. Devant le tribunal pour enfants, le ministère public est assuré par un substitut du
Procureur de la République chargé cumulativement avec ses fonctions, des poursuites et du
règlement des affaires concernant les mineurs.

B. Les caractères du Ministère Public

Le statut du Ministère Public présente des spécificités par rapport à la condition des magistrats
du siège. La condition du Parquet est caractérisée par la substitution hiérarchique(1),
l’indivisibilité (2) l’irresponsabilité (3) et l’irrécusabilité (4)

1. La substitution hiérarchique.

D’abord, les magistrats du parquet sont soumis à une hiérarchie. Ainsi, il résulte de la loi
organique portant statut des magistrats que les magistrats du parquet sont placés sous la
direction et le contrôle de leurs supérieurs hiérarchiques et sous l’autorité du Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice. De même, les dispositions du code de procédure pénale disposent que le
Garde des Sceaux, Ministre de la justice peut dénoncer au Procureur Général les infractions à
la loi pénale dont il a connaissance, lui enjoindre d’engager ou de faire engager les poursuites
ou de saisir la juridiction compétente de telles réquisitions écrites qu’il juge opportunes.

Il ressort donc que si le ministre de la Justice peut donner l’ordre de poursuivre, il ne peut
toutefois ordonner le classement d’une affaire. On dit que l’ordre de poursuivre est légal mais
l’ordre de ne pas poursuivre est illégal. Par ailleurs, parallèlement à ces instructions
particulières concernant une procédure, le ministre peut agir par voie de circulaire pour définir
une politique pénale laquelle est destinée à assurer une application coordonnée et cohérente de
la loi répressive. Dans sa lancée le CPP, prévoit que le Procureur général a autorité sur tous les
magistrats du ministère public du ressort de la cour d’appel. Ces dispositions précisent qu’à
l'égard de ces magistrats, il a les mêmes prérogatives que celles reconnues au Ministre de la
Justice. Il est donc le chef hiérarchique de tous les membres du ministère public dans le ressort
de sa Cour d’Appel.

Enfin il y a lieu cependant de souligner que le législateur ne confère pas au Procureur Général
près la cour Suprême cette autorité sur les parquets. En résumé on peut dire que le Procureur
Général a un pouvoir de direction sur les Procureurs de la République de son ressort qui ont les
mêmes prérogatives sur leurs substituts et sur leurs délégués. Cependant ce pouvoir comporte
une limite puisqu’à l’audience, lorsqu’il requiert, le magistrat du parquet est libre de dire tout
ce qu’il croit au bien de la justice. On exprime cette idée en disant que « la parole est libre et
la plume serve »

2. L’indivisibilité
L’indivisibilité du ministère public signifie que chacun de ses magistrats représente le parquet
tout entier. C’est l’expression de la règle « un pour tous et tous pour un ». C’est pour cette
raison qu’ils peuvent se remplacer mutuellement l’un débutant une audience et prenant la parole
pour poser des questions, l’autre terminant la même audience en prenant des réquisitions. De
même, un acte portant mention du Procureur de la République peut très bien être signé par l’un
de ses substituts ou délégué. Il en est autrement pour les magistrats du siège qui à l’occasion du
jugement d’une affaire, sont tenus de poursuivre leur office jusqu’au prononcé de la décision.
3. L’irresponsabilité

Les magistrats du parquet sont irresponsables. A la différence de la partie civile qui en cas de
non lieu peut être condamné à des dommages intérêts, le Ministère Public qui a intenté à tort
l’action publique ne peut jamais être condamné à des dommages intérêts envers le prévenu
acquitté. Mais, cette irresponsabilité n’est pas totale. S’il commet une faute personnelle, sa
responsabilité civile peut être mise en jeu, comme pour les magistrats du siège, par la procédure
de prise à partie. S’il commet une infraction, il pourra être poursuivi mais il bénéficie d’un
privilège de juridiction.

4. L’irrécusabilité

Le Ministère public en tant que partie privilégiée du procès pénal est irrécusable. Alors qu’un
juge au siège peut être récusé aussi ben en matière civile que pénale, le magistrat du parquet ne
peut être récusé. Le plaideur ne peut récuser son adversaire.

Paragraphe II : La victime

Le parquet n’est pas seul à pouvoir prendre une décision de poursuite. Celle-ci peut émaner de
la victime. En effet, la victime d’une infraction à la loi pénale peut porter son action civile
devant la juridiction pénale en se constituant partie civile. Elle peut se constituer partie civile
devant le juge d’instruction, devant la juridiction de jugement ou l’officier de police judiciaire.
Mais, la mise en mouvement de l’action publique par la victime elle-même est un acte qui
engage sa responsabilité; puisqu’accompli de mauvaise foi, il peut l’exposer à des dommages
intérêts s’il a eu lieu de façon imprudente ou intempestive.

Section II : Le sens de la décision

Saisi de faits supportant une qualification pénale, le Ministère public a le choix entre abandon
des poursuites (paragraphe I) et l’exécution de la décision de poursuite (paragraphe II).

Paragraphe I : L’abandon des poursuites

L’abandon des poursuites peut intervenir soit dans le cadre d’un classement sans suite soit après
une médiation pénale.

A. Le classement sans suite

Le pouvoir de classement sans suite ressort de l’article 40 du code de procédure pénale qui
dispose notamment que le Procureur de la République peut décider de classer l’affaire sans
suite. Mais le procureur doit dans ce cas adresser au plaignant un avis de cette décision dans les
huit jours de celle-ci. Cet avis doit comporter notamment la mention que le plaignant peut, s’il
le désire, prendre l’initiative de mettre l’action publique en mouvement en se constituant partie
civile. Ce pouvoir est une manifestation de la règle de l’opportunité des poursuites qui permet
au Procureur de la République d’apprécier librement la suite à donner aux plaintes
dénonciations et autres enquêtes.

Cette règle de l’opportunité des poursuites comporte néanmoins des limites prévues par la loi.
D’abord, la poursuite de certaines infractions subordonnée à un plainte préalable de la victime
(adultère, diffamation contre un particulier, vol entre ascendants et descendants). Ensuite, la
poursuite peut être subordonnée à une mise en demeure préalable. C’est le cas pour le délit
d’abandon de famille (abandon de foyer) dont se rend coupable le père ou la mère de famille
ou le conjoint qui abandonne sans motif grave, pendant plus de deux mois, la résidence familiale
; la poursuite n’est possible que quinze jours après une interpellation du délinquant par un
officier de police judiciaire ou un huissier.

Enfin, dans certains cas exceptionnels, la décision de poursuivre peut se trouver paralysée par
l’existence d’une question préjudicielle à l’action. Il s’agit de questions de pur droit privé qui
ne peuvent être tranchées que par une juridiction civile ou commerciale. Il faut distinguer la
question préjudicielle à l’action de la question préjudicielle au jugement. La question
préjudicielle au jugement n’empêche pas la mise en mouvement de l’action publique ; elle
oblige seulement la juridiction répressive à surseoir à statuer jusqu’à ce que le tribunal
compétent pour trancher l’exception préjudicielle ait rendu sa décision. Par exemple,
l’exception de propriété immobilière soulevée devant une juridiction pénale est une question
préjudicielle au jugement. Cependant, l’exception préjudicielle à l’action, dont il est question
ici, ne suspend pas seulement le jugement, elle fait obstacle à tout acte de poursuite.

2. La médiation pénale

Elle est prévue par l’article 40 du code de procédure pénale qui prévoit que le Procureur de la
République, peut préalablement à la décision sur l’action publique, et avec l’accord des parties
soumettre l’affaire à la médiation ou à la transaction pénale s’il apparaît qu’une telle mesure est
susceptible d’assurer la réparation du dommage causé à la victime, mettre fin au trouble
résultant de l’infraction et contribuer au reclassement de l’auteur. A souligner que la solution
retenue par cette médiation ou transaction ne doit être ni contraire à l’ordre public, ni aux bonnes
moeurs. En cas d’échec de la médiation pénale, le Procureur de la République apprécie alors
l’opportunité d’engager des poursuites. Cependant le législateur prévoit, dans le cas de
poursuites, que les informations recueillies dans le cadre de la médiation ne peuvent être
utilisées contre l’une ou l’autre partie.

Paragraphe II : L’exécution de la décision de poursuite

Une fois la décision d’engager des poursuites pénales prise, le Procureur de la République a le
choix entre trois modes de poursuites, à savoir le flagrant délit (A), la citation directe (B) et
l’information judiciaire (C)

A. Le flagrant délit

Il s’agit d’une procédure de comparution rapide devant la juridiction de jugement qui est
règlementée pour l’essentiel par les articles 53 à 73 du code de procédure pénale. Il est utilisé
dans deux cas : en cas de délit flagrant lorsque le fait est puni d’une peine d’emprisonnement
ou alors lorsqu’il existe contre une personne des indices graves et concordants de nature à
motiver son inculpation pour une infraction correctionnelle et lorsque cette personne reconnaît
devant le procureur de la république avoir commis les faits constitutifs du délit considéré. La
procédure du flagrant délit ne peut être utilisée en cas matière de délit de presse, de délits
politiques et dans tous les cas où une loi spéciale exclut son application.

Lorsque le procureur de la république décide de recourir à la procédure de flagrant délit, il


interroge la personne déférée sur son identité et sur les faits qui lui sont reprochés, ce en
présence de son avocat. Il dresse à l’occasion un procès verbal d’interrogatoire de flagrant délit
qui est l’acte de saisine du tribunal des flagrants délits. Après avoir recueilli ses déclarations et
permis éventuellement à son conseil de lui poser des questions, le Procureur de la République
peut décider de placer le mis en cause sous mandat de dépôt. Le procureur de la République
peut également laisser l’inculpé en liberté provisoire. Il saisit ensuite immédiatement la
juridiction de jugement.

Les articles précités du code de procédure pénale prévoient que cet individu doit être traduit sur
le champ à l’audience du tribunal et s’il n’est point tenu d’audience, il est déféré à l’audience
du lendemain, le tribunal étant au besoin spécialement convoqué à la requête du ministère
public. Dans la pratique, le ministère public se limite à enrôler l’affaire à une audience assez
proche, le mis en cause comparaissant devant la juridiction de jugement dans la semaine de son
placement sous mandat de dépôt. En raison de la rapidité de cette procédure, le législateur
prévoit à peine de nullité du jugement, que le président du tribunal doit avertir le prévenu de
son droit de demander un délai pour préparer sa défense. Lorsque le prévenu use de cette faculté,
le délai qui est accordé ne pourra être inférieur à trois jours.

B. La citation directe

C’est une procédure qui permet soit au ministère public (citation directe à la requête du Parquet)
soit à la victime de l’infraction (citation directe à la requête de la victime) de saisir directement
la juridiction de jugement en informant le prévenu par exploit d’huissier de la date et du lieu de
l’audience ainsi que des faits à lui reprochés. L’exploit doit également préciser les textes
applicables. Il est remis à l’intéressé contre signature de l’original. Lorsque la citation directe
est faite à l’initiative de la victime, sa recevabilité est subordonnée au versement d’une
consignation fixée par la juridiction de jugement. Une fois cette juridiction régulièrement saisie,
celle-ci peut lorsqu’elle n’est pas suffisamment éclairée sur un point, ordonner un supplément
d’information dont l’exécution sera confiée à un de ses membres qui peut donner des
commissions rogatoires ou des délégations judiciaires dans le cadre de sa mission.
C. L’information judiciaire

C’est la procédure par laquelle, le Procureur de la République, par la délivrance d’un


réquisitoire introductif, demande au juge d’instruction de mener une enquête sur des faits qu’il
considère comme une violation de la loi pénale. Le réquisitoire peut être délivré soit contre une
ou des personnes dénommées (réquisitoire nominatif) soit contre un inconnu que le juge
d’instruction devra identifier. Il doit cependant obligatoirement qualifier les faits et viser les
textes de loi applicables ce d’autant qu’il fixe la saisine du juge d’instruction. En cours
d’information, le procureur peut étendre cette saisine en délivrant au juge d’instruction un
réquisitoire supplétif.

Dans ce réquisitoire introductif, le procureur de la République peut solliciter l’exécution de


certains actes comme le placement sous mandat de dépôt, le placement sous contrôle judiciaire,
ou encore la délivrance d’un mandat d’arrêt ou la prise de mesures conservatoire sur les biens
de l’inculpé. A ce réquisitoire est généralement annexé le procès-verbal d’enquête ou tout autre
document pouvant justifier l’ouverture de l’information. En matière criminelle, la procédure
d’information est obligatoire ; elle est en effet la seule voie ouverte au Procureur de la
République. En matière correctionnelle, la voie de l’information est utilisée lorsque les faits
sont complexes et nécessitent des investigations poussées, lorsque l’auteur est inconnu ou en
fuite. Elle peut également être utilisée en matière de délits politiques ou de presse.
CHAPITRE II : L’INSTRUCTION

L’instruction ou information judicaire est la phase du procès au cours de laquelle le juge


d’instruction saisi par le Parquet ou par une plainte avec constitution de partie civile accomplit
les actes utiles à la manifestation de la vérité. Au cours de cette étape du procès pénal, le
magistrat instructeur recueille les preuves de l’infraction et décide du renvoi devant la
juridiction de jugement de l’inculpé. Pour mieux comprendre l’instruction préparatoire, il
importe d’une part d’étudier la saisine du juge d’instruction (section I) avant d’analyser les
pouvoirs du juge d’instruction (section II)

Section I : La saisine du juge d’instruction

Le principe de la séparation des autorités de poursuite et des juridictions d’instruction interdit


au juge d’instruction de se saisir lui-même. Il doit être investi du pouvoir d’informer sur une
affaire déterminée par un acte émanant d’une personne ou d’une autorité tierce. De façon
générale, le juge d’instruction peut être saisi aussi bien par un réquisitoire introductif émanant
du Ministère Public (paragraphe I) que par une plaine avec constitution de partie civile
émanant de la partie civile (paragraphe II)

Paragraphe I : Le réquisitoire introductif

Le réquisitoire introductif ou réquisitoire aux fins d’informer ou de soit-informer peut être


défini comme l’acte par lequel le procureur de la République qui met en mouvement l’action
publique devant le juge d’instruction si le fait semble être un crime ou un délit. En vertu de
l’article 78 du CPP, dans son réquisitoire introductif, et à toute époque de l’information par
réquisitoire supplétif, le Procureur de la République peut requérir du magistrat instructeur tous
actes lui paraissant utiles à la manifestation de la vérité. Dans la pratique, le réquisitoire
introductif comporte un certain nombre de mentions; Il s’agit du nom du magistrat qui l’a
délivré, du nom du mis en cause, de l’infraction pour laquelle il est poursuivi.

Mais dans certaines matières la loi a prévu des mentions supplémentaires à peine de nullité.
Ainsi, en matière d’infractions de presse, le CPP énonce que si le ministère public requiert une
information, il sera tenu dans son réquisitoire introductif d’articuler et de qualifier les
provocations, outrages, diffamations et injures avec indication des textes applicables à peine de
nullité du réquisitoire. Le réquisitoire introductif est l’acte de saisine du juge d’instruction et en
tant qu’acte de poursuite fait courir le délai de prescription de l’action publique. Le juge
d’instruction saisi d’un réquisitoire introductif est en principe tenu d’informer. Mais, si les faits
visés dans le réquisitoire ne supportent aucune qualification pénale ou sont affectés par une
cause d’extinction de l’action publique (prescription, abrogation de la loi pénale, amnistie), le
juge d’instruction peut rendre une ordonnance de non-informer.

Le Procureur de la République ne peut saisir le juge d’instruction de réquisitions de non


informer que si, pour des causes affectant l’action publique elle-même, les faits ne peuvent
légalement comporter une poursuite ou si, à supposer ces faits démontrés, ils ne peuvent
admettre aucune qualification pénale. Dans le cas où le juge d’instruction passe outre, il doit
statuer par une ordonnance motivée.
Paragraphe II : La plainte avec constitution de partie civile

Toute personne qui se prétend lésée par un crime ou un délit peut, en portant plainte devant le
juge d’instruction, se constituer partie civile et déclencher par la même occasion l’action
publique. Selon le CPP la plaine avec constitution de partie civile devant le juge d’instruction
peut se faire par la victime soit en comparaissant personnellement ou par ministère d’avocat,
soit par lettre. Dans la pratique, elle résulte d’une lettre adressée au magistrat datée et signée de
son auteur en précisant les faits allégués et si possible leur auteur. Si la plainte est faite
oralement, le procès verbal dressé par le juge contiendra les mêmes mentions. La plainte peut
préciser en ce moment ou ultérieurement le montant de la réparation demandée. La constitution
de partie civile peut avoir lieu à tout moment de l’instruction.

La loi a prévu l’obligation pour la victime qui ne demeure pas dans le ressort de la juridiction
où se fait l’instruction d’y élire domicile par acte au greffe de cette juridiction. A défaut, elle
ne peut opposer le défaut de signification des actes qui auraient dû lui être signifiés. Lorsque
ces conditions sont respectées, le magistrat instructeur communique la plainte au procureur par
ordonnance de communication pour obtenir ses réquisitions La plainte avec constitution de
partie civile obéit à une autre condition liée à la consignation. Il résulte que, la partie civile qui
met en mouvement l’action publique doit, si elle n’a obtenu l’assistance judiciaire, et sous peine
de non recevabilité de sa plainte, consigner au greffe la somme présumée nécessaire pour les
faits de la procédure. Cette somme est fixée par ordonnance du juge d’instruction ; à cet effet,
il rend une ordonnance de consignation.

La plainte avec constitution de partie civile saisit le juge d’instruction et l’oblige à ouvrir une
information et à la mener jusqu’au prononcé d’une ordonnance de clôture. Cette solution a été
consacrée par l’arrêt Laurant Atthalin rendu par la chambre criminelle de la Cour de cassation
du 8 décembre 190617. Cette solution est considérable puisqu’elle donne à la victime un rôle
de premier plan dans la répression en lui permettant de vaincre l’inertie ou l’opposition du
Parquet aux poursuites. Mais, la victime encoure une certaine responsabilité dans la mise en
mouvement de l’action publique.

Selon le CPP, quand, après une information ouverte sur constitution de partie civile, une
décision de non lieu a été rendue, l’inculpé et toutes personnes visées dans la plainte, et sans
préjudice d’une poursuite pour dénonciation calomnieuse, peuvent, s’ils n’usent de la voie
civile, demander des dommages et intérêts au plaignant. L’action en dommages et intérêts doit
être introduite dans les 3 mois du jour où l’ordonnance de non-lieu est devenue définitive. Elle
est portée par voie de citation devant le tribunal correctionnel où l’affaire a été instruite. En cas
de condamnation, le tribunal peut ordonner la publication intégrale ou par extrait de son
jugement dans un ou plusieurs journaux qu’il désigne, aux frais du condamné.

Section II : Les pouvoirs du juge d’instruction

Le juge d’instruction possède dans la recherche des preuves des pouvoirs considérables. Il jouit
d’une grande indépendance dans la conduite de l’instruction. Il est en effet libre d’apprécier
l’utilité et l’opportunité des actes d’instruction nécessaires et dans l’ordre qui lui convient. A
cet égard, le juge d’instruction a des pouvoirs d’instruction (paragraphe I) et des
pouvoirs de jugement (paragraphe II).
Paragraphe I : Les pouvoirs d’instruction du juge d’instruction

Le juge d’instruction est d’abord un enquêteur chargé d’accomplir des actes utiles à la
manifestation de la vérité. Selon le CPP, le juge d’instruction procède, conformément à la loi,
à tous les actes d’information qu’il juge utiles à la manifestation de la vérité. En tant que tel, il
ne peut se saisir d’office. Il est saisi soit par le procureur de la République par un réquisitoire
introductif soit par la victime au moyen d’une plainte avec constitution de partie civile. Dans
l’exercice de cette mission, le juge d’instruction peut accomplir tous actes qu’il estime
nécessaires : interrogatoire de l’inculpé (interrogatoire de première comparution et
interrogatoire au fond), audition de témoins, de la partie civile, perquisition, visites
domiciliaires, saisies, transport sur les lieux, mesures conservatoires etc…

Mais, en dehors de ces pouvoirs d’instruction qui peuvent être exercés par les officiers de police
judiciaires, le magistrat instructeur dispose de pouvoirs propres. Ainsi, il peut décerner des
mandats contre des inculpés ou témoins. Les mandats sont des ordres écrits délivrés par le juge
d’instruction en vue d’obtenir la comparution ou la mise en détention provisoire de l’inculpé.
Ils sont exécutoires sur toute l’étendue du territoire national. Les mandats qui tendent à la
comparution sont le mandat de comparution et le mandat d’amener. Le mandat de comparution
a pour objet de mettre l’inculpé en demeure de se présenter devant le juge à la date et à l’heure
indiqué dans ce mandat.

Le mandat d’amener est un ordre donné par le juge à la force publique de conduire
immédiatement l’inculpé devant lui ; mais il est exécutoire par la force. Les mandats tendant à
la mise en détention sont le mandat de dépôt et le mandat d’arrêt. Le mandat de dépôt est l’ordre
donné par le juge au directeur de l’établissement pénitentiaire de recevoir et de retenir l’inculpé.
Ce mandat doit être dûment motivé. Ce mandat permet également de rechercher ou de transférer
l’inculpé lorsqu’il lui a été précédemment notifié. Le mandat d’arrêt est l’ordre donné à la force
publique de rechercher l’inculpé et de le conduire à la maison d’arrêt indiquée sur le mandat,
où il sera reçu et détenu.

Paragraphe II : Les pouvoirs de jugement du juge d’instruction

Le magistrat instructeur est aussi un juge chargé de rendre des décisions juridictionnelles
appelées « ordonnances ». A cet égard, il tranche les contestations qui s’élèvent au cours de
l’instruction (recevabilité de la constitution de partie civile, compétence, restitution d’objets
saisis, charges qui pèsent sur l’inculpé etc…). Les décisions juridictionnelles rendues par le
juge d’instruction peuvent être portées en appel devant la chambre d’accusation. Ces décisions
peuvent être rendues dès l’ouverture de l’information (A), au cours de l’information (B) ou à
sa clôture (C)

A. Les décisions juridictionnelles à l’ouverture de l’information

Dès l’ouverture de l’information, le juge d’instruction peut être amené à rendre plusieurs
ordonnances. Il peut d’abord répondre au réquisitoire introductif ou à la plainte avec
constitution de partie civile par une ordonnance de refus d’informer si par exemple les faits
portés devant lui ne supportent aucune qualification pénale. Il peut, s’il s’agit d’une plainte avec
constitution de partie civile, refuser d’informer en rendant une ordonnance d’irrecevabilité de
la constitution de partie civile au motif que les conditions de fond et de forme ne sont pas
réunies. Il en est ainsi lorsque le plaignant n’a pas respecté son obligation de consignation, ou
n’a pas justifié de sa qualité de partie civile. Le juge d’instruction devra aussi communiquer au
parquet la plainte avec constitution de partie civile et à cette fin, il rendra une ordonnance de
soit-communiqué, c'est-à-dire qu’il ordonnera que le dossier soit communiqué au procureur de
la République.

Le magistrat instructeur peut également dès le début de l’information rendre une ordonnance
d’incompétence lorsqu’il constate qu’il n’est pas compétent (compétence d’attribution ou
territoriale) pour connaitre des faits. Aux termes des dispositions du CPP, « dans le cas où le
juge d’instruction n’est pas compétent, il rend, après réquisition du ministère public, ou
directement selon sa compétence, une ordonnance renvoyant la partie civile à se pourvoir
devant telle juridiction qu’il appartiendra ». Mais, l’ordonnance de soit communiqué n’est pas
une ordonnance juridictionnelle mais une simple ordonnance administrative qui ne peut faire
l’objet de voies de recours. Le magistrat instructeur peut aussi dès le début de l’instruction
rendre une ordonnance de dessaisissement lorsque notamment il constate qu’un juge
d’instruction d’un autre ressort également compétent, en raison de la pluralité des principes de
compétence territoriale, a été saisi ; ce qui entraine le transfert du dossier à son collègue.

B. Les décisions juridictionnelles au cours de l’information

Au cours de l’information, le juge d’instruction est amené à rendre de nombreuses ordonnances.


Les décisions les plus importantes interviennent en matière de détention provisoire autrefois
appelée « détention préventive ». La mise en liberté de l’inculpé, sauf disposition législative
particulière et lorsqu’elle n’est pas de droit, peut être ordonnée d’office par le juge d’instruction.
En cas de demande de mise en liberté provisoire, le juge transmet la demande au Parquet dans
les 48 heures par une ordonnance de communication. Le procureur de la République doit
retourner le dossier avec ses réquisitions dans un délai de 10 jours à partir du jour e la
transmission qui lui a été faite par le juge d’instruction. Ce dernier doit statuer sur la demande
de mise en liberté provisoire par ordonnance spécialement motivée au plus tard dans le cinq
jours de la réception des réquisitions du Ministère public.

Faute par le juge d’instruction de statuer dans ce délai de 10 jours, l’inculpé peut saisir de sa
demande la chambre d’accusation qui sur les réquisitions motivées du procureur général qui se
prononce dans le mois de cette demande. Faute pour la chambre d’accusation de statuer dans
ce délai, l’inculpé est mis d’office en liberté provisoire sur l’initiative du procureur général. Le
juge d’instruction statue également sur les demandes de restitution d’objets placés sous mains
de. Dans le cas où une question d’ordre technique se pose au cours de l’information (par
exemple la restauration de données informatiques effacées dans un serveur), le juge
d’instruction peut ordonner une expertise à la demande du Ministère public, de la victime, de
l’inculpé ou même d’office.

Lorsqu’il estime ne peut devoir faire droit à cette demande d’expertise, il doit rendre une
ordonnance motivée qui est susceptible d’appel. A titre conservatoire, le magistrat instructeur
peut être amené à ordonner d’office ou sur la demande de la partie civile ou du ministère public,
des mesures conservatoires sur les biens de l’inculpé. Par exemple, le juge d’instruction peut, à
titre conservatoire, ordonner le blocage du compte bancaire de l’inculpé, ce qui entraine
l’indisponibilité des fonds.
C. Les décisions juridictionnelles prises à la fin de l’information

A la fin de l’instruction, des décisions très importantes peuvent être prises par le juge
d’instruction. Lorsqu’il a accompli tous les actes d’instruction qu’il a cru utiles de faire et que
l’information parait terminé, le juge d’instruction rend une ordonnance de règlement que l’on
appelle aussi ordonnance de clôture de l’information. Cette ordonnance dessaisit le juge
d’instruction. Il statue sur les charges qui pèsent sur l’inculpé. Avant de rendre cette
ordonnance, le juge devra communiquer le dossier au parquet par une ordonnance de soit
communiqué et aux conseils de l’inculpé et de la partie civile.

En principe, le parquet a l’obligation de d’adresser ses réquisitions au juge d’instruction dans


les 15 jours à compter de l’ordonnance de soit communiqué. Mais, dans la pratique, il arrive
rarement que les parquets respectent ce délai en raison surtout du volume des dossiers. Selon le
CPP, le juge d’instruction peut rendre une ordonnance de non lieu s’il estime que les faits ne
constituent ni crime, ni délit, ni contravention, ou qu’il n’existe pas de charges suffisantes
contre l’inculpé, ou si l’auteur est resté inconnu, il déclare, par ordonnance, qu’il n’y a lieu à
suivre. Ainsi, le non lieu peut être aussi bien fondé sur des motifs de droit (absence d’infraction,
existence d’une cause de non imputabilité ou d’un fait justificatif etc…) que sur des
considérations de fait (insuffisance de charges).

Mais, s’il survient des charges nouvelles depuis le non lieu, l’information peut être reprise. Par
charges nouvelles il faut entendre les déclarations des témoins, pièces et procès- verbaux qui
n’ayant pu être soumis à l’examen du juge d’instruction, sont cependant de nature soit à fortifier
les charges qui auraient été trouvés trop faibles, soit à donner aux faits de nouveaux
développements utiles à la manifestation de la vérité. La réouverture de l’information sur
charges nouvelles est réservée au Parquet Toutefois si le juge d’instruction estime qu’il y a des
charges suffisantes contre l’inculpé il rend une ordonnance de renvoi devant le tribunal.

C’est l’ordonnance de renvoi qui saisit la juridiction de jugement. Si le juge estime que les faits
constituent une contravention, il prononce le renvoi de l’affaire devant le tribunal de simple
police et ordonne la mise en liberté du prévenu. S’il s’agit d’un délit, le juge prononce le renvoi
devant le tribunal de première instance statuant en matière correctionnelle. Si le juge
d’instruction estime que les faits constituent une infraction qualifiée crime par la loi, il
ordonnait que le dossier de la procédure et un état des pièces servant à conviction soient
transmis dans un délai de quinze jours par le Procureur de la République au Procureur général
près la Cour d’Appel. Le juge d’instruction peut rendre une ordonnance de mise en accusation
devant la cour d’assises. Il reviendra au procureur général qui reçoit du juge d’instruction le
dossier et l’ordonnance, de procéder à l’enrôlement de la procédure devant la cour d’assises.

SOUS-TITRE II : L’ETAPE DU JUGEMENT DES AUTEURS D’INFRACTIONS

Le jugement est la dernière phase de la marche du procès pénal qui suit normalement la phase
de l’instruction. A cours de cette étape les juridictions de jugement se prononcent sur la
culpabilité des personnes poursuivies, en rendant une décision de relaxe d’acquittement ou de
condamnation. La juridiction d’instruction est saisie in rem, c'est-à-dire saisi des faits visés dans
l’acte de poursuite. Il peut inculper librement toute personne qui lui parait avoir participé aux
faits pour lesquels l’information est ouverte. Cependant la juridiction de jugement est saisie in
rem et in personam. Elle n’est pas seulement saisie des faits, elle est chargée de juger les
personnes qui lui sont déférées et elle ne peut juger que celles-là. Les juridictions de jugement
ne peuvent englober dans les poursuites des personnes qui n’ont pas été renvoyées devant elle
à titre de prévenus. Dans l’étude de l’étape du jugement, il s’agira d’analyser l’audience et les
débats (chapitre I) avant d’étudier la décision rendue au terme de la procédure (chapitre II)

Chapitre I : L’audience et les débats

En procédure pénale l’audience et les débats occupent une place importante dans la prise de
décision finale. C’est la raison pour laquelle ils sont régis par des principes directeurs (section
I) et la conduite des débats fait l’objet d’un encadrement strict (section II)

Section I : Les principes directeurs

Les débats sont marqués par trois principes fondamentaux: la publicité, l’oralité et la
contradiction. D’abord, les débats ont lieu publiquement. Il s’agit de l’une des plus solides
garanties des droits de la défense et d’’une bonne justice. Mais, le principe de la publicité des
débats souffre de quelques exceptions. En effet, le tribunal peut, en constatant que la publicité
est dangereuse pour l’ordre et les moeurs, ordonner, par jugement rendu en audience publique,
que les débats auront lieu ou seront poursuivis à huis clos. Dans tous les cas, même si le huit
clos est ordonné par la juridiction de jugement, le jugement sur le fond doit toujours être
prononcé en audience publique.

Ensuite, les débats ont lieu oralement. C’est tout le sens du principe de l’oralité des débats.
Contrairement à la procédure civile qui est une procédure essentiellement écrite, la procédure
pénale est marquée par l’oralité. A cet égard, les témoins déposent oralement. Toutefois, ils
peuvent, exceptionnellement, s’aider de documents avec l’autorisation du juge qui préside la
juridiction de jugement. L’interrogatoire du président, les explications des parties et de leurs
conseils, les questions qu’elles posent aux témoins ou se posent entre elles ont lieu également
de façon orale. Une importante partie de l’audience est consacrée aux plaidoiries orales des
avocats et au réquisitoire du procureur de la République.

Mais, auprès de la juridiction de jugement, siège un greffier qui prend note de tous ce qui se
passe à l’audience dans le plumitif d’audience. Ainsi, le greffier tient note du déroulement des
débats et principalement, sous la direction du président, des déclarations des témoins ainsi que
des réponses du prévenu. Il faut préciser que les notes d’audience sont signées par le greffier.
Elles sont visées par le président, au plus tard dans les trois jours qui suivent chaque audience.
Mais, dans la pratique juridictionnelle, ces délais sont rarement respectés et rares sont les
magistrats qui se conforment à leurs obligations de viser les notes d’audience.

Exceptionnellement, le CPP prévoit que le prévenu, les autres parties et leurs conseils, peuvent
déposer des conclusions. Ces conclusions sont visées par le président et le greffier ; ce dernier
mentionne ce dépôt aux notes d’audience. Enfin les débats sont marqués par le principe du
contradictoire. Les parties devant le tribunal sont placées à égalité. Le ministère public, la partie
civile et le prévenu ont les mêmes droits et notamment celui de poser des questions aux témoins.
En outre, en vertu du principe du contradictoire, la personne poursuivie ne peut être jugée sans
avoir été régulièrement convoquée ou citée en justice en vue de lui permettre de faire valoir ses
moyens de défense. Lorsque le jugement est rendu par défaut, la loi ouvre la possibilité au
prévenu défaillant de faire opposition contre le jugement.

Section II : La conduite des débats


Les débats commencent par l’appel des parties à savoir le prévenu, la partie civile,
éventuellement le civilement responsable, les témoins et les experts. Il est ensuite procédé à la
vérification de l’identité du prévenu à qui le tribunal donne lecture de l’acte de saisine. Le
président procède ensuite à l’instruction d’audience qui commence généralement par
l’interrogatoire du prévenu. Cet interrogatoire est ensuite complété par les questions des
assesseurs, du ministère public et éventuellement des conseils. Les témoins (qui avaient été au
préalable isolés) et experts défilent ensuite à la barre pour déposer et répondre aux questions
qui leur sont posées.

Au terme de cette phase relative à l’administration des preuves, commence celle des
observations durant laquelle la partie civile est entendue, puis le ministère public en ses
réquisitions avant que le prévenu ne présente sa défense. Le ministère public ainsi que la partie
civile peuvent user de leur droit de réplique mais en tout état de cause le prévenu ou son conseil
doivent avoir la parole en dernier. Il faut préciser que la constitution de partie civile fait après
les réquisitions du Parquet est irrecevable.

Une fois que toutes les parties se seront prononcées et que le président estimera détenir
suffisamment d’éléments pour décider, les débats seront clôturés. Le jugement pourra alors être
rendu à l’audience même où les débats ont eu lieu ou alors à une date ultérieure qui sera précisée
aux parties. On dit dans ce dernier cas que l’affaire a été mise en délibéré.

Chapitre II : LA DECISION

La décision rendue par la juridiction de jugement au terme des débats dénoue l’instance pénale.
Mais, la décision est précédée de la délibération dans certaines formes essentielles à la validité
des jugements (section I). Aussi, les jugements peuvent faire l’objet de plusieurs classifications
(section II)

Section I : La délibération sur la décision

Toute décision prise par une juridiction de jugement doit avoir au préalable fait l’objet d’une
délibération. On dit qu’il a fait l’objet d’un délibéré. Il s’agit d’échanges de vues et de
discussions qui interviennent entre les membres de la juridiction en vue de parvenir à une
décision finale. L’expérience des anciens guide les plus jeunes, les opinions de uns et des autres
se confrontent. Mais, le délibéré s’impose même aux juridictions à juge unique comme le
tribunal de simple police. L’unique juge qui compose ce tribunal délibère sur la sentence qu’il
va rendre c'est-à-dire qu’il va réfléchir et essayer de s’éclairer sur les points qui lui paraissent
douteux. Le délibéré peut être très bref ; il en est ainsi dans les cas fréquent où la décision est
rendue sur le siège. Ainsi, le président du tribunal au terme des débats se tourne successivement
vers ses deux assesseurs avant de prononcer le jugement. Il prononce à cet égard la formule «
le tribunal après en avoir délibéré (…)».

Mais, pour les affaires délicates qui nécessitent des recherches, le tribunal se retire pour
délibérer en chambre du conseil ou annonce souvent qu’il « met l’affaire en délibéré » à une
date précisée. La délibération est marquée par deux principes majeurs : la majorité et le secret.
Le principe de la majorité signifie dans la pratique qu’au cours des délibérations le jugement
est pris à la majorité des magistrats composant la chambre. Ni le président de chambre, ni les
titulaires dans la chambre n’ont une voie prépondérante. C’est la loi de la majorité qui s’impose.
Il arrive souvent que les présidents de chambre soient minorisés au cours de délibération. Le
délibéré est en outre régi par le principe du secret. Les magistrats sont tenus de garder le secret
des délibérés, ils doivent se garder de révéler à des tiers les positions prises par les membres de
la chambre au cours des délibérations. D’ailleurs, l’obligation de garder le secret des délibérés
est inscrite dans la formule du serment prêté par les magistrats avant leur entrée en fonction.

Section II : La classification des jugements

Les juridictions de jugement peuvent rendre une variété de jugements dont les effets sont
différents. Il convient de distinguer les décisions avant-dire droit (A), les décisions
d’incompétence (B), les décisions sur le fond (C) et les décisions d’irrecevabilité (D).

A. Les décisions avant dire droit

Les décisions avant dire droit ne statuent pas sur le fond même du procès pénal ; elles ne
tranchent pas le fond mais préparent simplement la solution du procès, en ordonnant des
mesures qui permettent d’éclairer la juridiction. Parmi ces décisions on peut mentionner celles
qui règlent un incident ou rejettent une exception (exception de prescription, exception de
nullité de la citation). On peut citer également les décisions qui ordonnent une mesure
d’instruction ou qui statuent sur une demande de mise en liberté provisoire. Ces décisions ont
la particularité de ne dessaisir la juridiction qui les a rendues.

B. Les décisions d’incompétence

Ces décisions sont celles qui se prononcent sur la compétence c'est-à-dire l’aptitude des
juridictions saisies à connaitre du procès. Cette compétence peut être matérielle, territoriale ou
personnelle. Toutes les juridictions de jugement sont effet tenues de vérifier leur compétence
avant de statuer. En effet, en matière pénale toutes les règles de compétence sont d’ordre public.
La décision d’incompétence dessaisit le tribunal qui l’a rendu. Si elle est infirmée par la cour
d’appel cette juridiction pourra évoquer l’affaire c'est-à-dire juger l’affaire au fond.

C. Les décisions sur le fond

Les décisions sur le fond sont des décisions qui se prononcent sur le fond de l’affaire. Il peut
s’agir d’un jugement de condamnation, d’un jugement de relaxe (devant le tribunal de simple
police et devant le tribunal correctionnel) ou d’acquittement ( devant la cour d’assise)

D. Les décisions d’irrecevabilité

Ce sont des décisions qui se prononcent en la forme pour déclarer l’action publique irrecevable.
Par exemple, le tribunal peut déclarer l’action publique irrecevable lorsque le parquet déclenche
l’action publique alors qu’il y a un obstacle aux poursuites. Il en est ainsi en cas d’immunité
familiale notamment en cas de vol commis par un fils au préjudice de son père en l’absence de
plainte préalable de la victime.

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
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