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Je présente également mes vifs remerciements à tous les membres du jury qui
ont bien accepté de valoriser et de juger ce mémoire.
Art. Article
BODI Bulletin Officiel de la Direction générale des Impôts
CDPF Cde des Droits et Procédures fiscaux
CA Cour Administrative (Maroc)
CAA Cour Administrative d’Appel (France)
Cass Cassation
CE Conseil d’État (France)
CGI Code Général des Impôts (France)
CNRF Commission Nationale de Recours Fiscal (Maroc)
COC Code des Obligations et des Contrats
Comm Commentaire
CSTO Commission Supérieure de Taxation d’Office
DEA Diplôme des Études Approfondies
DGCF Direction Générale du Contrôle Fiscal Tunisie
DGELF Direction Générale des Études et de Contrôle Fiscal
DGI Direction Générale des Impôts
Ibid Au même endroit
IORT Imprimerie Officielle de la République Tunisienne
IRPP Impôt des Revenus des Personnes Physiques
IS Impôt sur les Sociétés
JORT Journal Officiel de la République Tunisienne
LPF Livre des Procédures Fiscaux (France)
NCT Norme Comptable Tunisienne
Op. cit Ouvrage précité
P. Page
Plén Assemblée plénière
PUF Presses Universitaires de France
RCF Revue Comptables et Financières
Req Requête
RJF Revue de Jurisprudence Fiscale
RTF Revue Tunisienne de Fiscalité
TA Tribunal Administratif
TPI Tribunal de Première Instance
TVA Taxe sur la valeur ajoutée
V. Voir
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
SOMMAIRE
INTRODUCTION ............................................................................................................... 3
PREMIÈRE PARTIE :
LA VALEUR PROBANTE D’UNE COMPTABILITÉ EN MATIÈRE FISCALE ET LE
POUVOIR D’APPRÉCIATION DE L’ADMINISTRATION FISCALE ........................ 11
INTRODUCTION ...................................................................................................................................... 12
CHAPITRE I : LES ORIGINES DES OBLIGATIONS COMPTABLES EN MATIÈRE FISCALE ................... 13
Section 1 : Les sources législatives et réglementaires...................................................................................13
1. Les prescriptions du droit comptable ................................................................................. 13
2. Les prescriptions du droit fiscal .......................................................................................... 16
Section 2 : Les sources jurisprudentielles et doctrinales .............................................................................. 23
1. La jurisprudence.....................................................................................................................24
2. La doctrine administrative .................................................................................................... 24
CHAPITRE II : LA COMPTABILITÉ NON CONFORME AUX EXIGENCES FISCALES ............................ 26
Section 1 : Comptabilité non probante pour des irrégularités de forme ....................................................... 26
1. L’absence des livres légaux ................................................................................................... 27
2. Le défaut d’inventaire physique ........................................................................................... 42
Section 2 : Les obligations comptables en cas de tenue de comptabilité informatisée .................................... 45
Section 3 : Comptabilité non probante pour des irrégularités graves de fond ............................................... 48
1. L’exhaustivité et la réalité des écritures comptables ......................................................... 49
2. Autres irrégularités graves de fond...................................................................................... 65
3. La qualité des enregistrements comptables........................................................................ 72
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE ............................................................................................... 74
DEUXIÈME PARTIE :
L’ÉVALUATION EXTRACOMPTABLE DES BASES D’IMPOSITION DANS LE
CADRE D’UNE VÉRIFICATION FISCALE. ................................................................. 76
CHAPITRE I : LE RECOURS À LA RECONSTITUTION EXTRACOMPTABLE DES BASES D’IMPOSITION77
Section 1 : Le recours à l’évaluation extracomptable en cas de défaut de présentation de comptabilité.......... 78
Section 2 : Le recours à l’évaluation extracomptable en présence d’une comptabilité non probante............... 82
1. La motivation du rejet de comptabilité .............................................................................. 87
Section 3 : La possibilité de recours simultané aux éléments comptables et extracomptables en présence d’une
comptabilité régulière ............................................................................................................................... 88
1. L’ambiguïté de la loi quant à l’admission du recours simultané...................................... 90
2. L’absence d’une jurisprudence constante sur la possibilité du recours simultané........ 93
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
2
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
INTRODUCTION
Basé sur le dépôt volontaire des déclarations, le système déclaratif ne peut être
efficace que s’il est assorti d’un système de contrôle fiscal juste et impartial
permettant de sanctionner la carence des contribuables2. On parle ainsi du système de
la déclaration contrôlée qui « consiste à exiger à des assujettis eux même l’annonce de la matière
imposable existant chez eux, sauf, bien entendu le contrôle de cette déclaration par l’administration.
Les assujettis collaborent directement et activement à l’évaluation de la matière imposable »3.
1 L’article 2 du CDPF stipule que : « L'accomplissement du devoir fiscal suppose la déclaration spontanée de l'impôt dans les délais impartis
et le respect des autres obligations prescrites par la législation fiscale ».
2 M. BOUZID-AJROUD, « La taxation d’office et droit fiscal tunisien », thèse pour le doctorat en droit », mars 2009, p.31.
3 M. WALINE et J. LAFERRIERE, « Traité élémentaire de science et de législation financières, Paris, LGDJ, 1952, p.306.
4 Dans une économie de marché, la concurrence saine suppose que tous les intervenants ont les mêmes droits et obligations, et sont, par
conséquent, soumis aux même règles.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Ainsi, le contrôle fiscal revêt une grande importance grâce à ses actions de
surveillance du système déclaratif et de recherche de la fraude. Ceci permet d’assurer
une répartition équitable des charges publiques qui ont pour corollaire l’égalité des
conditions fiscales d’exercice de la concurrence et de limitation des pertes de recettes
publiques.
5 O. RASSOUNI, « le cadre juridique du contrôle fiscal : recherche de l’efficacité et droits des contribuables », p.1.
6 N. BACCOUCHE, « De la nécessité du contrôle fiscal », RTF, n°1, 2004, p.28.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
7 Dans ce cadre, l’article 6 du CDPF prévoit : « Elle (l’administration) peut établir l'impôt et rectifier les déclarations sur la base de
présomptions de droit ou de présomptions de fait formées notamment de comparaison avec des exploitations, des sources de revues ou des
opérations similaires ».
8 : F. DERBEL, « Rejet de la comptabilité et recours aux éléments extra-comptable », RCF N°72, printemps 2006. p.61.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
En effet, les appréciations sur un même cas peuvent diverger d’un service à
l’autre. C’est ainsi que, même si la comptabilité présentée ne porte aucune des
irrégularités graves, l’administration peut remettre en cause ladite comptabilité et
recourir aux éléments extracomptables.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Partant de là, il est important pour le contribuable de connaitre les cas dans
lesquels l’administration peut rejeter sa comptabilité. C'est-à-dire, quand et comment
la comptabilité peut être écartée et substituée par d’autres moyens de détermination
des bases d’imposition.
9 La loi n°96-112 du 30 décembre 1996 et le système comptable des entreprises représentent la base du droit comptable.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
De son côté, la jurisprudence n’a pas dégagé une règle générale applicable au
rejet de la comptabilité, elle a traité ce problème d’une manière casuistique10. En effet,
les jugements prononcés par les tribunaux en matière de recours aux éléments
extracomptables diffèrent d’un tribunal à un autre alors que l’objet du litige est
pratiquement le même.
10 : A. ABOUDA, « Code des droits et procédures fiscaux : contrôle, contentieux et sanctions », Edition I.O.R.T, 2001, p.108.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
moyens utilisés par les vérificateurs leurs permettant de fixer les bases d’imposition
du contribuable. Dans cette deuxième partie nous nous attacherons à fournir une
revue du droit comparé tel que le droit fiscal français, marocain et algérien.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Première partie :
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Introduction
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Ces objectifs sont prévus par l’article 11 du code de commerce stipulant que
« Les livres de commerce, régulièrement tenus, peuvent être admis par le juge pour faire preuve entre
commerçants pour faits de commerce ».
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Selon ces dispositions, les livres comptables font foi à l’encontre de celui qui les
tient, c'est-à-dire ils constituent un moyen de preuve à son encontre.
12 Les documents comptables prévus par l’article 25 sont Les états financiers relatifs ainsi que les documents, les livres, les balances et les
pièces justificatives y afférentes.
13 F. CHOYAKH, « L’article 38 du CDPF et la possibilité de recours simultané aux éléments extra-comptables dans le cas d’une comptabilité
régulière », RCF n°71, Hiver 2006, p.45.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
L’article 461 du code des obligations et des contrats stipule que « lorsque les livres
des marchands portent l'annotation ou la reconnaissance écrite de l'autre partie, ou correspondent à
un double qui se trouve entre les mains de cette dernière, ils constituent pleine preuve contre elle et en
sa faveur ». De même l’article 462 du même code prévoit que « Les inscriptions faites sur
les livres de commerce par le commis qui tient les écritures, ou qui est chargé de la comptabilité, ont la
même foi que si elles étaient écrites par le commettant lui-même ».
Les différents codes en vigueur en matière fiscale, tels que le code de l’impôt sur
le revenu des personnes physiques et de l’impôt sur les sociétés, la taxe sur la valeur
ajoutée, le code des incitations aux investissements ou même le code des droits et
procédures fiscaux ont fait de la tenue de comptabilité une obligation fiscale.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
- Toutes les personnes morales quels que soit leur nature, leur forme juridique et
leur objet.15
14 R. ELLOUMI, « Comptabilité et fiscalité : deux disciplines indissociables », RCF n°63, premier trimestre 2004.
15 Article 62 du code de l’IRPP et de l’IS.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
- Toutes les personnes physiques soumises à l’impôt sur le revenu au titre des
bénéfices industriels et commerciaux.16
- Les personnes physiques soumises à l’impôt sur le revenu au titre des bénéfices
non commerciaux tels que les artisans ou les prestataires de service qui n’ont
pas opté lors du dépôt de leur déclaration pour le régime d’imposition sur la
base d’un bénéfice forfaitaire.17
- Les personnes physiques soumises à l’impôt sur le revenu au titre des revenus
agricoles18 ou revenus fonciers19 qui justifient la tenue d’une comptabilité
conformément à la législation comptable des entreprises.
Par ailleurs, l’article 39 de la loi de finances pour l’année 201120 a apporté des
nouvelles dispositions en matière d’obligations comptables et ce, par l’abrogation des
dispositions du paragraphe 4 de l’article 62 du code de l’IRPP et de l’IS afin de le
remplacer par le paragraphe III bis qui prévoit que : « les entreprises individuelles qui
réalisent des revenus de la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux peuvent tenir une
comptabilité simplifiée conformément à la législation comptable des entreprises et ce, lorsque leur
chiffre d'affaires ne dépasse pas :
- 300 mille dinars pour les activités d'achat en vue de la revente, et les activités de
transformation et la consommation sur place ;
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Ces articles définissent la panoplie des retraitements devant être opérés sur le
résultat comptable pour aboutir au résultat fiscal imposable du contribuable.
Concernant les avantages fiscaux prévus par le code de l’IRPP et de l’IS tels que
prévus par les articles 39 et 48 de ce code, la quasi-totalité de ces avantages exigent la
tenue d’une comptabilité conformément à la législation comptable des entreprises.
En effet, la plupart des avantages fiscaux prévus par le code d’incitations aux
investissements est subordonné à la présentation d’une comptabilité régulière et lie
l’octroi de l’avantage de la déduction des revenus ou bénéfice à la tenue d’une
comptabilité.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
27 l’article 13 du code d’incitations aux investissements prévoit deux avantages au profits des entreprises totalement exportatrices qui sont,
premièrement, la déduction revenus ou bénéfices investis des revenus ou bénéfices nets soumis à l'impôt sur le revenu des personnes
physiques ou à l'impôt sur les sociétés du fait de la souscription au capital initial des entreprises totalement exportatrices ou à son
augmentation, deuxièmement, la déduction des bénéfices investis au sein même de l’entreprise totalement exportatrice du bénéfice net soumis
à l’impôt. Le même article dispose que le bénéfice de ces avantages est subordonné au respect des conditions prévues par l’article 7 du même
code, lequel article prévoit en outre la condition de tenue de comptabilité.
28 Article 22 du code d’incitations aux investissements qui prévoit : « Les entreprises qui réalisent des opérations d'exportation bénéficient,
durant leur activité, à condition de tenir une comptabilité régulière conformément au système de comptabilité des entreprises, des avantages
suivants :
1- La suspension de la taxe sur la valeur ajoutée et du droit de consommation sur les biens, produits et services nécessaires à la réalisation
d'opérations d'exportation ;
2- déduction des deux tiers des revenus provenant de l'exportation de l'assiette de l'impôt sur le revenu nonobstant les dispositions de
l'article 12 bis de la loi n°89-114 du 30 décembre 1989 portant promulgation du code de l'impôt sur le revenu des personnes physiques et
de l'impôt sur les sociétés et ce, pour les revenus réalisés à partir du 1er janvier 2012
29 Exemple l’article 23 du code d’incitations aux investissements relatif à l’encouragement au développement régional, l’article 30 du même
code qui prévoit des avantages relatifs au développement agricole, aussi l’article 38 du code relatifs à la lutte contre la pollution et la protection
de l’environnement et l’article 49 du code relatif à l’encouragement des investissements de soutien. Tous ces articles disposent que le bénéfice
des avantages au titre du dégrèvement financier et physique est subordonné au respect des conditions prévues par l'article 7 du code.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Par conséquent, les personnes morales assujetties à la TVA, ainsi que les
personnes physiques soumises au régime réel en matière d’impôt sur le revenu et
assujetties à la taxe sur la valeur ajoutée sont soumises à l’obligation de tenue de
comptabilité.
Selon cet article le droit à déduction au titre des actifs amortissables est toujours
subordonné à la tenue d’une comptabilité, en effet il oblige le contribuable à inscrire
en comptabilité les biens soumis à amortissement pour leur prix d’achat ou de revient
afin de bénéficier du droit à déduction au titre des actifs amortissables.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
C’est ainsi que ce code a consacré une section dans son deuxième chapitre,
relatif aux sanctions fiscales pénales en matière de comptabilité et de communication
de renseignements a l'administration fiscale.
30 P. GUARINOS, « l’expert comptable et le rejet de la comptabilité » mémoire pour l’obtention du diplôme d’expertise comptable, mai
1999, p.15.
23
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
1. La jurisprudence
Enfin, les décisions et les jugements des tribunaux jouent un rôle très important
dans la définition des différents critères retenus pour apprécier la valeur probante
d'une comptabilité.
2. La doctrine administrative
31 Définie comme étant « l’ensemble des documents : circulaires, instructions, documentation administrative, réponses ministérielles par
lesquels l’administration fiscale fait connaitre son interprétation des textes fiscaux », la doctrine administrative indique aux agents de l’impôt,
mais aussi et dans une moindre mesure, aux contribuables, la manière dont ils doivent entendre les textes à appliquer. Ambigus ou incomplets,
ces derniers sont assez souvent difficiles à maitriser y compris par les techniciens du droit eux-mêmes, O.GADHOUM, « la doctrine
administrative fiscale en Tunisie, p.19 édition l’Harmattan janvier 2007».
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Dans ce sens, elle a confirmé, à plusieurs reprises, que le recours aux éléments
extracomptables n’est possible que lorsque le contribuable ne tient pas une
comptabilité ou refuse de la communiquer à l’administration ou bien elle est
irrégulière et non conforme à la législation comptable.
Dans une prise de position en date du 29 janvier 2001, la DGCF a précisé que le
défaut de présentation d’une comptabilité, les agents de l’administration ont le droit
de rectifier les déclarations fiscales en se basant sur des présomptions de fait ou de
droit ou sur des données forfaitaires.32
Dans une prise de positions en date du 15 mars 2001 la DGCF a précisé qu’en
cas d’absence de comptabilité conforme à la loi n°96-112 du 30 décembre 1996
portant promulgation du système comptable des entreprises, l’administration fiscale
peut retenir des méthodes extracomptables lors de l’opération de vérification.33
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Le législateur tunisien n’a pas défini d’une manière spécifique les motifs et les
causes pouvant altérer la valeur probante de la comptabilité.
La vérification de la comptabilité sur le plan de la forme porte aussi bien sur son
caractère régulier que complet.
34 A. ABOUDA, « Code des droits et procédures fiscaux : contrôle, contentieux et sanctions », Op.cit, p.108.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Les livres comptables dont la tenue est obligatoire sont fixés dans le chapitre III
de la loi n° 96-112 du 30 décembre 1996 relative au système comptable des
entreprises. C’est ainsi que l’article 11 de cette loi prévoit que les entreprises
soumises aux dispositions de cette loi doivent tenir des livres comptables qui
comportent un journal général, un grand livre et un livre d’inventaire. Ce chapitre
prévoit aussi l’obligation de l’établissement d’une balance.
A. Journal général
Selon le paragraphe n°28 de la norme générale une, Le journal général est tenu
dans les conditions prescrites par la loi et dans lequel sont enregistrées les opérations
soit jour par jour, soit sous forme de récapitulations au moins mensuelles des totaux
de ces opérations, à condition de conserver, dans ce cas, tous les documents
permettant de les reconstituer jour par jour.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Dans ce cadre, le paragraphe 32 de cette norme prévoit que les écritures sont
passées dans le journal opération par opération et jour par jour. Toutefois, les
opérations de même nature réalisées en un même lieu et au cours d'une même
journée peuvent être regroupées et enregistrées en une même écriture à condition de
conserver les justificatifs détaillés.
B. Le grand livre
C’est le document sur le quel sont reproduites les transactions et les écritures
figurants dans le journal général36.
Les écritures portées sur les livres et journaux auxiliaires ainsi que les totaux des
opérations et des soldes doivent être centralisés dans le journal général et le grand
livre au moins une fois par mois.
L’entreprise est tenue aussi d’établir une balance au moins une fois par exercice
dans laquelle sont enregistrés les totaux des opérations et des soldes ouverts dans le
grand livre.
C. La balance
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
D. Le livre d’inventaire
Le livre d’inventaire est un relevé de tous les éléments d’actifs et de passifs qui
constitue l’évaluation de ces éléments dont le but est de vérifier leur existence et de
s’assurer de leur valeur à la date de l’inventaire.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
En conclusion la tenue des livres légaux est une obligation de forme, toutefois
L’utilisation généralisée de l’outil informatique a rendu cette obligation anachronique.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
considéré que le défaut de tenue du livre d’inventaire pour une société de services
comme constituant un motif de rejet de la comptabilité.40
En effet, il ressort à travers l’étude des jugements prononcés par les tribunaux,
que l'absence du livre journal et du livre d'inventaire, associée à des irrégularités
graves de fond, peut motiver le rejet de la preuve comptable.
C’est ainsi que le tribunal de première instance de Sfax considère que l’absence
de livre d’inventaire et le défaut de dépôt au bureau de contrôle des impôts d’un
exemplaire du programme informatique initial ou modifié sur support magnétique
peut motiver le rejet de la comptabilité.41
En revanche il a considéré que le défaut d’un seul livre comptable est insuffisant
pour considérer une comptabilité comme non probante, sauf si le seul livre manquant
constitue pour le service un moyen de contrôle essentiel, compte tenue de la nature
de la profession.
40 Prise de position numéro 1291/94 (F. DERBEL, rejet de comptabilité et recours aux éléments extra-comptable, RCF n°72, p.65).
41 TPI de Sfax affaire n°46 de 30Juin 2004 RTF n°5/2006 p.197 (S. BORGI, l’opposabilité de la comptabilité, R.C.F n°75, hiver 2007).
42 42 C.E 1er Juillet 1983, n°33086 : R.J.F 10/83, n°1103, C.E 5 Décembre 1983, n° 35479 : R.J.F 2/84, n°213 et C.E 26 Novembre 1984,
n° 29846 : R.J.F 1/85, n°69 M. PALLASET, « Valeur probante d’une comptabilité en matière fiscale : étude du rôle préventif de l’expert
comptable auprès des petites entreprises commerciales ou artisanales pour éviter les conséquences du rejet de la preuve comptable », mémoire
présenté pour l’obtention du diplôme national d’expert comptable, p.20.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
43 N. LAHLOU, « L’expert comptable devant le rejet de la preuve comptable et le pouvoir d’appréciation de l’administration fiscale »,
mémoire présenté pour l’obtention du diplôme national d’expert comptable, p.23.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
conformément à la loi ou en présence d’un autre empêchement légal ainsi que pour
les cas de force majeure.
La rédaction du texte relatif à ces exceptions n’est pas claire. En effet, les
notions d’« un autre empêchement légal » ou « les cas de force majeure » sont des
notions vagues et générales, ce qui laisse à l’administration une liberté d’interprétation
de l’existence et de la nature de l’empêchement légal ou les cas de force majeure. 47
47 C. TOUMI, « l’évaluation extra-comptable des bases d’imposition par l’administration fiscale », mémoire pour l’obtention du mastère en
droit fiscal, p.31.
48 CSTO Tunis II n°96/37 du 25 novembre 1998, extrait de l’arrêt de cassation n°32697 du 28 janvier 2002 (Y.EL HAFI, les présomptions et
taxation d’office en droit fiscal, mémoire pour l’obtention du diplôme des études approfondies en droit fiscal, p.13).
49 CSTO Sousse n°95/403 du 19 janvier 1996, extrait de l’arrêt du T.A requête n°31872 du 17 avril 2000 (Y.EL HAFI, les présomptions et
taxation d’office en droit fiscal p.13).
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
50 CE du 27 février 1984 n°37786 R.J.F 1984, P. GUARINOS, « l’expert comptable et le rejet de la comptabilité », mémoire présenté pour
l’obtention du diplôme national d’expert comptable, ANNEXE II « Jurisprudence du Conseil d’Etat et de la cour administrative d’appel sur
les fondements du rejet de la comptabilité », p.17.
51 C.E du 21 avril 1986, n°56671 : R.J.F 6/86, n°642, Ibid.
52 C.E du 02 Juin 1982, n°14928 : R.J.F 7/82, n°703, M. PALLASET, mémoire précité p.22.
53 C.E du 3 Avril 1981, n°19964 : R.J.F 6/81, n°612, Ibid.
54 CE 22 Juin 1984 n°33858 R.J.F 1984 p.486.
55 CE du 14 octobre 1983 n°32301 R.J.F 1983/ 12 n°701.
56 CE du 10 décembre 1984 n°40626 DF 1985/2 n°106.
57 C.E du 20 Février 1980, n°13013 : R.J.F 4/80, n°350 et C.E du 17 Juin 1985, n°34257 : R.J.F 8-9/85, n°1205 .
58 P. COLIN, « la vérification fiscale », ECONOMICA édition 1979.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Les circonstances qu’un incendie aurait détruit une partie des pièces de cette
comptabilité n’auraient pas pour effet de dispenser l’entreprise, dont le bénéfice a été
évalué d’office, d’apporter par tous autres moyens la preuve qui lui incombe de
l’exagération de l’évaluation des bases imposables fait par l’administration59
En cas de vol, le Conseil d’Etat français avait admis que le contribuable, dont
certains documents comptables avaient été volés, pouvait échapper à la rectification
d’office en apportant la preuve du vol60.
1.4 Le non respect des dispositions garantissant la bonne tenue des livres
légaux
Le législateur a imposé des règles et des exigences dans la tenue des livres légaux
afin d’assurer l’irréversibilité des enregistrements comptables et de garantir le rôle
attribué à la comptabilité en matière de preuve.
Ces règles sont éditées par les articles 8, 9 et 10 du code de commerce et par le
troisième chapitre de la loi relative au système comptable des entreprises.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Ainsi, on peut poser la question suivante : Le défaut de paraphe des livres légaux
permet-il à l’administration fiscale de mettre en cause, pour ce seul motif, la valeur
probante de la comptabilité ?
61 N. LAHLOU, « L’expert comptable devant le rejet de la preuve comptable et le pouvoir d’appréciation de l’administration fiscale »,
mémoire présenté pour l’obtention du diplôme national d’expert comptable, p.23.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Ainsi, nous pouvons conclure que le seul défaut de paraphe et de côte des livres
légaux ne permet pas à lui seul de rejeter la comptabilité du contribuable et de la
considérer comme non probante.
Le législateur fiscal marocain, quant à lui, considère que le non respect de cette
formalité ne conduit pas systématiquement à un rejet de la comptabilité, en effet il
constate que la côte et le paraphe du livre d’inventaire postérieurement à la période de
vérification palliée par la présentation d’un inventaire correctement tenu sur des
feuilles volantes n’a pas ôté la valeur probante de la comptabilité64
62 C.S.T.O Sousse n°4970 du 26/04/1996 C.TOUMI, « l’évaluation extra-comptable des bases d’imposition par l’administration fiscale »,
mémoire pour l’obtention du mastère en droit fiscal, p.40 :
"
."
63 CE n° 34 092 du 25/01/1985, RJF 03/85, M. PALLASET, mémoire précité p.27.
64 CA Rabat dossier n° 98/68 N. LAHLOU, « L’expert comptable devant le rejet de la preuve comptable et le pouvoir d’appréciation de
l’administration fiscale », mémoire présenté pour l’obtention du diplôme national d’expert comptable, p.23.
38
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
«.
66 Prise de position n°1291 du 24 décembre 1994 et prise de position 1463 du 29 juin 2000.
39
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
entreprises : « les livres comptables sont établis sans blanc ni altération d’aucune
sorte ».
En effet, les surcharges, les ratures et les grattages peuvent faire perdre toute
valeur probante à la comptabilité, à moins qu’il ne s’agisse simplement de quelques
ratures.
Dans le même sens, le Conseil d’Etat a jugé que l’utilisation du crayon enlève à
l’écrit la force probante qu’il tire précisément de sa permanence et de son
inaltérabilité69.
67 C.S.T.O Sousse, affaire n° 4970 du 26/04/1996. (C. Toumi, l’évaluation extra-comptable des bases d’imposition par l’administration
fiscale, p.40) .
68 CE 29/03/1985 n° 38 405 RJF 06/85 M. PALLASET, mémoire précité, annexe II « jurisprudence de Conseil d’Etat ».
69 CE n° 43886 du 13 Novembre 1959.
40
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Enfin, de nos jours la notion de rature et de surcharge sur les livres légaux
devient peu importante, car avec l'informatisation des systèmes comptables et
l’utilisation des logiciels pour la préparation et la présentation des états financiers, le
problème qui se pose actuellement est celui de la réalité des assurances présentées par
ces systèmes quant à l'irréversibilité des enregistrements comptables.
Toutefois, il est permis de récapituler sur une pièce justificative unique les
opérations de même nature, réalisées en un même lieu et au cours d’une même
journée70.
41
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Une comptabilité peut elle être rejetée du simple fait d’un enregistrement non
chronologique des opérations, d’une inscription globale d’un ensemble d’opérations
de natures différentes, ou d’une constatation globale d’opérations de même nature,
réalisées au cours du mois ou du trimestre ?
Le terme « inventaire physique » peut être utilisé pour désigner, d’une part,
l’ensemble des opérations de recensement des éléments actifs et passifs de l’entreprise
et d’autre part, le document mentionnant l’état descriptif et estimatif du patrimoine.
71 C.E Req n°6718 du 27 Juillet 1979 Dr.fisc. 1980 n°5 comm.253 (S. BORGI, l’opposabilité de la comptabilité, R.C.F n°75, hiver 2007
p.53).
42
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
43
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
44
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
- Un versement des salaires occultes, des achats sans factures et des recettes
minorées. 76
- Des clients non détaillés, une alimentation de caisse par apport en compte
courant d’origine injustifiée, des factures de vente non comptabilisées.77
Cette évolution a été prise en considération par le législateur tunisien pour que la
législation soit en adéquation avec la réalité économique.
« Aussi bien sur le plan comptable que fiscal, les entreprises qui tiennent leur
comptabilité sur ordinateur demeurent astreintes à la tenue des documents prescrits
77 CA Fès dossier n°97/ 583; n°97/ 590 ; n°97/ 597, N. LAHLOU, mémoire précité, p.31.
78 CA Rabat dossier n°97/ 186, N. LAHLOU, mémoire précité, p.32.
45
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
79 Note commune numéro 19/98, «Harmonisation des obligations comptables prévues par la législation fiscale avec les dispositions de la
législation comptable des entreprises».
46
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Nous pouvons constater que l’administration n’a pas précisé la date de dépôt.
80 Note commune numéro 19/98 «Harmonisation des obligations comptables prévues par la législation fiscale avec les dispositions de la
législation comptable des entreprises».
81 TPI de Sfax affaire n°46 du 30 juin 2004. RTF n°5/2006 p197. (S. BORGI, l’opposabilité de la comptabilité, R.C.F n°75, 2007 p.53)
47
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Toutefois, une comptabilité peut être régulière en la forme, mais ceci ne signifie
pas la sincérité et l’exactitude de son contenu.
48
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
« Les pièces justificatives constituent la base même de la comptabilité ; les bilans et les comptes
ne sont que le résultat des transcriptions successives des éléments relevés sur ces documents
initiaux »83.
C’est ainsi que les pièces justificatives revêtent une importance fondamentale,
car elles sont à l’origine de toutes les opérations comptables. Elles ont une place
capitale dans l’administration de la preuve de la comptabilité.
Sur le plan fiscal, les pièces justificatives revêtent d’une importance majeure. En
effet, leur absence ou leur insuffisance pouvant entraîner l'irrégularité d'une
comptabilité et conduire ainsi à la mise en cause de sa valeur probante.
Ainsi, une écriture comptable ne peut donc être qualifiée d’authentique que si
elle se fonde sur une pièce justificative.
49
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Sur le plan fiscal, l’article 18 du code de la TVA a précisé les mentions que les
factures doivent comporter pour garantir la déductibilité de la taxe sur la valeur
ajoutée.
De ce qui précède, nous pouvons conclure donc que le législateur tunisien n’a
pas énoncé d’une manière spécifique la nature des pièces justificatives.
Les pièces justificatives peuvent être soit établies par le contribuable lui-même
tel que l’inventaire, les ventes et les états de stocks qui influencent directement le
résultat de l’entreprise, soit établies par les tiers, et dans ce cas, elles consistent
essentiellement dans les factures d’achats et les pièces de dépenses.
Les pièces justificatives dont la conservation par la société est obligatoire sont :
50
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
C’est ainsi que l’article 15 de la loi n°96-112 stipule qu’ « il est établi un document
qui prévoit l’organisation comptable et comporte notamment les intitulés et l’objet des documents
utilisés pour le traitement des informations et les modalités de liaison entre ces documents et les pièces
justificatives y afférentes ».
51
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Dans ce sens, cet article vise, de manière générale, toutes les pièces justificatives.
Le libellé imprécis de ce texte implique que l’obligation de conservation décennale
concerne toutes les pièces justificatives ayant trait à l’exploitation de l’entreprise, tels
que par exemple les factures, les bons de commandes et de livraison, les contrats et
les conventions signées avec les tiers, ou encore les documents qui intéressent la
gestion de paie, etc.
52
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Concernant les états de synthèse, l’article 25 de la loi n°96-112 prévoit que « Les
états financiers relatifs à un exercice comptable ainsi que les documents, les livres, les balances et les
pièces justificatives y afférentes sont conservés pendant dix ans au moins ».
En droit fiscal, toutes les opérations comptabilisées par l’entreprise doivent être
appuyées de documents destinés à corroborer l’exactitude du résultat déclaré.
L’absence de pièces justificatives rend impossible la vérification de la comptabilité et
peut donc conduire au rejet de la comptabilité, même en cas de destruction fortuite
de ces justifications.
Cette position est appuyée par la commission spéciale de taxation qui considère
que la comptabilité qui n’est pas appuyée de pièces justificatives et qui présente des
lacunes, n’offre pas les garanties nécessaires pour être retenue en vue de la
détermination du bénéfice, et l’administration est en droit de taxer par
compensation.85
Toutefois, le défaut de pièces justificatives n’est pas toujours suffisant à lui seul
pour écarter une comptabilité. L’importance du document justificatif et la fréquence
85 Décision de la commission spéciale de taxation n°515, rapport au BODI, n°5 page 20. (A. ABOUDA, « Code de droits et procédures
fiscaux, contrôle, contentieux et sanctions » Op.cit, p.113)
53
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
54
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
En effet, le conseil d’État considère que l’absence des pièces justificatives des
dépenses ne permet pas, a elle seule, de rejeter la comptabilité mais, à simplement,
pour conséquence l’impossibilité pour l’entreprise de déduire la charge
correspondante. Par conséquent, le vérificateur a le droit de réintégrer ces charges
dans le bénéfice imposable87.
55
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
recettes ne soit détaillées ni dans les livres comptables, ni sur les pièces annexes ne
constitue pas à lui seul un motif suffisant pour écarter la comptabilité90.
56
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Plus précisément, il s'agit « des erreurs commises dans la préparation des états financiers
d'un ou de plusieurs exercices antérieurs et qui peuvent être découvertes lors de l'exercice en cours. Ces
erreurs peuvent avoir pour cause des erreurs de calcul, des erreurs dans l'application des méthodes
comptables, une mauvaise interprétation des faits, des fraudes ou des négligences. La correction de ces
erreurs est normalement incluse dans la détermination du résultat net de l'exercice en cours »97.
Ainsi, nous pouvons conclure que le législateur ne distingue pas entre les erreurs
comptables commises de bonne foi de celles commises de mauvaise foi. De ce fait,
l’intention du contribuable n’est pas tenue en compte.
57
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
98 A. ABOUDA, « Code des droits et procédures fiscaux : contrôle, contentieux et sanctions », Op.cit, p.147.
99 S. BORJI, « l’opposabilité de la comptabilité en droit tunisien »,RTF n°7, p.265.
100 Prise de position n°30 du 10 janvier 2000. RCF n°48 deuxième trimestre 2000.
58
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
59
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
- les erreurs n'ont pas été retenues comme suffisamment graves pour enlever à la
comptabilité son caractère probant de par leur faible montant.
103 C.E requête n°22083 du 29/05/1957 dilignieres et CE 3ème sous-sect.17/06/1932 sem. jur. 1932 p. 776 (S. BORGI, l’opposabilité de la
comptabilité, R.C.F n°75, 2007 p.53)
104 CE, 23 janvier 1980, n°12567, cité par Lamy fiscal 1989 (A.ABOUDA, Op.cit, p.115)
105 TPI Sfax, affaire n°76 du 12/05/2004.
60
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
D’autre part, ces critères résident dans la relation qu’occupent les achats avec la
production.
Dans ce cadre, le juge fiscal a rejeté la comptabilité qui fait apparaitre un défaut
d’enregistrement de la totalité des achats consommés et une discordance entre le
chiffre d’affaires et les achats consommés107.
106 CE du 27 octobre 1982, n°21611 : R.J.F 12/82, n°1159, M. PALASSET, mémoire précité, p.60.
107 TPI Sfax du 16 juin 2004, affaire n°146 (M.BOUZID, « Les présomptions en droit fiscal », Mémoire pour l’obtention du mastère en
science juridiques fondamentales, p.36) .
"
2000 1999
"
108 CE du 24 novembre 1986, n°47531 : R.J.F. 1/87, n°97, M. PALASSET, mémoire précité, p.61.
61
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
62
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
109 Article 101 du CDPF : Est punie d'un emprisonnement de seize jours à trois ans et d'une amende de 1000 dinars à 50.000 dinars toute
personne qui a : simulé des situations juridiques, produit des documents falsifiés ou dissimulé la véritable nature juridique d'un acte ou d'une
convention dans le but de bénéficier d'avantages fiscaux, de la minoration de l'impôt exigible ou de sa restitution ;
63
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Nous pouvons conclure donc, que la dissimulation d’achat ou de vente est toujours
sanctionnée par le rejet de la comptabilité.
110 TPI de Sfax, Affaire n°314 du 07/12/2005. Cité par S. BORGI, « L’opposabilité de la comptabilité en droit tunisien », RTF n°7 p.271.
111 CE n°48159 du 3 novembre 1986 (www.légifrance.gouv.fr).
112 CA de rabat dossier n° 98/243 et CA de Casablanca dossier n°97/1949, N. LAHLOU, mémoire précité, p.34.
113 F. DERBEL, « Comptabilité et vérification fiscale », RCF n°49 troisième trimestre 2000 p.37.
64
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Il résulte de cette règle que la détermination du taux de bénéfice brut doit être
effectuée avec une grande précision, ce qui oblige par exemple, le vérificateur à :
65
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Cette position est confirmée par le juge fiscal qui considère que l'insuffisance du
taux de bénéfice brut ne suffit pas, à elle seule, à enlever à la comptabilité son
caractère probant116.
Cette position est confirmée par la jurisprudence française, qui considère que
l'insuffisance de bénéfice brut peut être retenue pour déclarer la comptabilité comme
non probante lorsqu'elle est accompagnée d'autres irrégularités à savoir :
".
117 CE n°79933 du 10 mars 1976, CE n°14690 du 25 mai 1979, CE n°49986 du 18 février 1987 et CE n°74785 du 27 septembre 1991, M.
PALASSET, mémoire précité, p.67.
118 Décision de la commission spéciale de taxation n°224 BODI n°5 : « Le fait que les recettes ne sont détaillées ni dans les livres
comptables, ni sur des pièces annexes, ne constitue pas à lui seul un motif suffisant pour écarter la comptabilité. Mais si les coefficients de
productivité sont, de plus anormaux, le bénéfice est valablement déterminé par comparaison ».
119 CE n°34625 du 28 septembre 1983 , P. GUARINOS « L'expert-comptable et le rejet de la comptabilité », annexe II p.22.
66
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
La position créditrice du compte « caisse » constitue une des infractions les plus
graves aux règles comptables.
120 CE n°33123 du 29 juillet 1983, P. GUARINOS « L'expert-comptable et le rejet de la comptabilité », annexe II p.24.
121 CE n°62199 du 17 mai 1989, M. PALASSET, mémoire précité, p.70.
122 CE n° 36451 du 22 octobre 1984, P. GUARINOS « L'expert-comptable et le rejet de la comptabilité », annexe II p.24.
123 CA Fès dossier n°2000/ 318, N. LAHLOU, mémoire précité, p.31.
67
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
En droit comparé, le Conseil d’Etat français estime que l’existence d’un solde de
caisse créditeur est considérée comme motif de rejet de comptabilité dans les cas
suivants :
68
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
- Un livre de caisse tenu avec des ratures, des ventes enregistrées lors des
encaissements, des recettes omises ou incomplètement comptabilisées et un
inventaire de stock insuffisamment détaillé128.
Par ailleurs, Le Conseil d’Etat français a jugé que l’absence d’un brouillard de
caisse ne prive pas la comptabilité d’un restaurateur de valeur probante, dès lors que
ce commerçant apportait les justifications nécessaires, sous la forme d’un livre journal
régulièrement tenu, appuyé par les souches des factures délivrées aux clients 130.
69
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Pour que la comptabilité soit régulière, elle doit être exacte de façon que les
additions, les reports et les récapitulations ne présentent pas d’erreur. Elle doit
refléter et présenter d’une manière fidèle la situation financière de l’entreprise.
Dans le même ordre d’idées, le juge fiscal a considéré que la comptabilité n’est
pas sincère lorsque les écritures sur le grand livre et le livre d’inventaire ne
correspondent pas aux écritures reportées sur le bilan133, ou lorsqu’il existe des
disproportions entre le chiffre d’affaires déclaré et les achats consommés134.
Afin de prouver que la comptabilité n'a pas enregistré toutes les recettes et
qu'elle n'est donc pas sincère, l'administration fiscale essaiera de déceler si les
dirigeants sociaux ou l'exploitant ont encaissé des recettes sur leurs propres comptes
132 F. DERBEL, « Comptabilité et vérification fiscale », RCF n°49 Troisième trimestre 2000.
133 T.A arrêt n°31695 du 27/03/2001 (C. TOUMI, l’évaluation extra-comptable des bases d’imposition par l’administration fiscale, p.43)
134 Tribunal de première instance de Sfax, Affaire n°146 du 16/06/2004. RTF N°5/2006 p.203 S. BORGI, « L’opposabilité de la
comptabilité en droit tunisien », Revue Tunisienne de Fiscalité N°7 p.271.
70
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Afin de prouver que la comptabilité n'a pas enregistré toutes les recettes et donc
qu'elle n'est pas sincère, l'administration essaiera de déceler si le dirigeant de la société
ou l'exploitant a encaissé des recettes sur ses propres comptes personnels.
71
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Toutefois, les apports en espèces non justifiés ne privent pas, à eux seuls, la
comptabilité de sa valeur probante s'ils sont peu élevés et peu nombreux.
En résumé, ce n'est pas l'origine des apports qui leur confère un caractère
suspect, mais leur caractère suffisamment important et régulier qui laisse présumer
l'existence de recettes dissimulées.
137 CE du 26 septembre 1977, n°94847 (P. COLIN, « la vérification fiscale », ECONOMICA édition 1979).
72
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Le non respect des normes comptables peut être invoqué pour justifier le rejet
d’une comptabilité. Les irrégularités d’ordre technique sont alors sanctionnées
lorsqu’elles ne permettent plus, en raison de leur gravité, une connaissance précise
des opérations de l’entreprise.
Dans ce cadre, le juge fiscal tunisien ainsi que ses homologues français et
marocain ont eu l’occasion de se prononcer sur le non respect des normes et
techniques comptables à travers les cas suivants :
138 TPI Sfax, affaire n°354 du 13/07/2005, S. BORGI, « L’opposabilité de la comptabilité », la RCF n°75, Hiver 2007 p.52 et affaire n°76 du
12/05/2004 prévoyant :
"
."
73
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
par le Conseil d’Etat français comme des manquements substantiels aux règles
comptables139.
- Par ailleurs, le Conseil d’Etat français a considéré qu’une comptabilité dans la quelle
des factures en nombre important ont été enregistrées à des dates erronées, a été
considérée comme dépourvue de valeur probante. Le principe comptable
d’indépendance des exercices n’avait pas, au cas présent, été respecté : ces factures
avaient été comptabilisées au cours de l’exercice suivant celui auquel elles auraient dû
être rattachées141.
Ces premiers développements nous ont permis de constater que le caractère non
probant de la comptabilité peut résulter d’irrégularités graves de fonds ou de formes.
Ainsi, il peut découler soit d'irrégularités relevées dans la comptabilité, mais peut aussi
être établie, malgré sa régularité apparente, en présence d'un ensemble de signes
concordants de non sincérité hors cette comptabilité.
139 CE n°37822 et 44916 du 22 Avril 1985 RJF 6/85 n°914, M. PALASSET, mémoire précité, p.26.
74
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
des dossiers et des cas traités ou à travers l’étude des jurisprudences des droits
comparés. Ceci a laissé une marge assez importante d’interprétation et d’arbitraire.
D’où la nécessité d’une délimitation législative claire et précise des cas de rejet
de comptabilité permettant d’éviter toute marge d’interprétation arbitraire de la part
de l’administration ou du juge fiscal.
75
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Deuxième partie :
76
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Introduction
142 : F. DERBEL, Rejet de la comptabilité et recours aux éléments extracomptable, RCF N°72, 2006, p.61.
77
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
non soumis à l’obligation de tenue d’une comptabilité, toutefois cette méthode peut
concerner ceux astreints à la tenue d’une comptabilité.
143 Cette position est fréquemment soutenue par la doctrine administrative : prise de position DGCF 188 du 29 février 2001 :
... "
64
".
78
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
79
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
A partir de 2005, l'article 62 de la loi de finances pour l'année 2005 a prévu des
dispositions qui visent à rationaliser les procédures de présentation de la comptabilité
pendant l'opération de vérification fiscale approfondie qui consistent en :
Toutefois, les dispositions prévues par ledit article ne s'appliquent pas lorsque la
comptabilité est déposée auprès des tribunaux, du ministère public, des organismes
de contrôle publics ou des experts chargés conformément à la loi, en cas de force
majeure prouvée conformément à la loi ou en présence d'un autre empêchement
légal.
La force majeure a été définie par le COC comme étant : « tout fait que l'homme ne
peut prévenir, tel que les phénomènes naturels (inondations, sécheresses, orages, incendies, sauterelles),
l'invasion ennemie, le fait du prince, et qui rend impossible l'exécution de l'obligation »147. De ce
fait, n'est pas considérée comme force majeure la cause qu'il était possible d'éviter, si
le débiteur ne justifie pas qu'il a déployé toute diligence pour s'en prémunir ou la
cause qui a été occasionnée par une faute précédente du débiteur148.
80
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
149 CSTO Tunis II n°96/37 du 25 novembre 1998, extrait de l’arrêt de cassation n°32697 du 28 janvier 2002 (Y.EL HAFI, les présomptions
et taxation d’office en droit fiscal, mémoire pour l’obtention du diplôme des études approfondies en droit fiscal, p.13).
150 CSTO Sousse n°95/403 du 19 janvier 1996, extrait de l’arrêt du T.A requête n°31872 du 17 avril 2000 (Y. EL HAFI, les présomptions et
taxation d’office en droit fiscal p.13).
151 Tribunal de première instance de Sfax, req. n°153 du 29 octobre 2003 ; St. T.R/ centre régional de contrôle fiscal, cité par Tarek. DRIRA,
chronique de la jurisprudence fiscale tunisienne. RTF N°4 :
"
283
".
152 CE 22 Juin 1984 n°33858 R.J.F 1984 p.486.
153 CE 28 octobre 1981 n°22279 R.J.F 1981/12 n°701.
154 CE du 14 octobre 1983 n°32301 R.J.F 1983/ 12 n°701.
155 CE du 10 décembre 1984 n°40626 DF 1985/2 n°106.
156 CE du 27 février 1984 n°37786 R.J.F 1984.
157 CE du 22 juin 1977, n°98234.
158 TA. Cass. Req. n°35575 du 6 juin 2005, DGI / Société des pièces de rechange, RTF n°8, p.239 et 240 :
81
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Pour conclure, nous pouvons constater qu’à partir du 1er janvier 2005, le défaut
de présentation de la comptabilité est devenu un cas de rejet de plein droit de la
comptabilité.
Toutefois, la question qui se pose à cet égard est de savoir si le défaut partiel de
présentation de la comptabilité est sanctionné de la même manière que le défaut total.
On pense que la réponse ne peut être que négative car on passe dans ce cas du rejet
de plein droit de l’article 38 du CDPF aux cas de rejet en présence d’une comptabilité
non probante159.
80 "
1997
(...).1998 25 1998 25
. 1998 25 1997
1997
.
"
159 S. BORGI, l’opposabilité de la comptabilité, RCF n°75 hiver 2007, p.51.
82
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
En effet, les cas susceptibles d’entrainer le rejet de la comptabilité n’ont pas été
définis par le législateur fiscal tunisien contrairement à ses homologues algérien 163,
français164 et marocain165.
160 F. DERBEL, « Rejet de la comptabilité et recours aux éléments extracomptables », la RCF n°72, Printemps 2006, p.61.
161 F. CHOYAKH, « L’article 38 du CDPF et la possibilité de recours simultané aux éléments extracomptables dans le cas d’une
comptabilité régulière », RCF n°71, Hiver 2006, p.36.
162 F. DERBEL, « Comptabilité et vérification fiscale », RCF N°49, Troisième trimestre 2000, p.39.
163 Article 191 du code des impôts directs et taxes assimilées algérien. Journal officiel de la république algérienne n°92 du 25/12/1999 : « Le
rejet de comptabilité, à la suite de vérification de déclaration fiscale ou de comptabilité, ne peut intervenir que dans les cas ci-après :
- Lorsque la tenue des livres comptables n'est pas conforme aux dispositions des articles 9 à 11 du code de commerce et aux conditions et
.alités d'application du plan comptable national ;
- lorsque la comptabilité se trouve privée de toute valeur probante, par suite de l'absence de pièces justificatives ;
- lorsque la comptabilité se trouve privée de toute valeur probante, par suite de l'absence de pièces justificatives ;
- lorsque la comptabilité comporte des erreurs, omissions ou inexactitudes graves et répétées liées aux opérations comptabilisées.
83
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
L'administration fiscale notifie, consécutivement à un rejet de comptabilité, les bases d'imposition arrêtées d'office et est tenue de répondre
aux observations du contribuable.
164 Dans sa version issue de la loi du 29 décembre 1977, l’article L.75 du LPF, qui régissait la procédure de rectification d’office, disposait
que l’administration peut rejeter la comptabilité « lorsque des erreurs, omissions ou inexactitudes graves et répétées sont constatées dans la
comptabilité des opérations effectuées , en cas de non présentation de la comptabilité ou des documents en tenant lieu ou lorsque l’absence de
pièces justificatives prive cette comptabilité ou ces documents de toute valeur probante ». avec la suppression de la procédure de rectification
d’office et l’intégration des cas qu’elle régissaient dans l domaine de la procédure de rectification d’office et l’intégration des cas qu’elle
régissaient dans le domaine de la procédure de rectification contradictoire, l’article L.75 du LPF fut abrogé par la loi du 30 décembre 1986.
Mai en dépit de suppression, la jurisprudence a continué à utiliser les mêmes critères prévus par ledit article pour rejeter les comptabilités et
reconstituer contradictoirement la base imposable du contribuable (J. LAMARQUE, livre des procédures fiscales annoté, Dalloz, 13ème éd.,
2006 p.434 ; M. BOUZID AJROUD, la taxation d’office en droit fiscal tunisien, thèse pour le doctorat en droit, 2009, p.218)
165 Selon l’article 4 du LPF « Lorsque les écritures d'un exercice comptable ou d’une période d’imposition présentent des irrégularités graves
de nature à mettre en cause la valeur probante de la comptabilité, l'administration peut déterminer la base d'imposition d'après les éléments
dont elle dispose. Sont considérés comme irrégularités graves :
1. Le défaut de présentation d'une comptabilité tenue conformément aux dispositions de l’article 148 du livre d’assiette et de
recouvrement institué par l’article 6 de la loi de finances n°35-05 pour l’année budgétaire 2006 ;
2. L'absence des inventaires prévus par les mêmes articles ;
3. La dissimulation d'achats ou de ventes dont la preuve est établie par l'administration;
4. Les erreurs, omissions ou inexactitudes graves et répétées, constatées dans la comptabilisation des opérations ;
5. L'absence de pièces justificatives privant la comptabilité de toute valeur probante ;
6. La non comptabilisation d'opérations effectuées par le contribuable ;
7. la comptabilisation d'opérations fictives.
Si la comptabilité présentée ne comporte aucune des irrégularités graves énoncées ci-dessus, l'administration ne peut remettre en cause ladite
comptabilité et reconstituer le chiffre d'affaires que si elle apporte la preuve de l'insuffisance des chiffres déclarés.
84
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
La question qui se pose est de savoir s’il est possible de combiner les données
comptables et les données extracomptables, en présence d’une comptabilité non
probante.
166 Tribunal de première instance de Sfax, affaire n° 317 du 23 février 2005, cité par S.BORGI, RCF 2005, n°68 p.20 :
..."
.
....
".
167 Tribunal de première instance de Sfax, affaire n° 163 du 03 décembre 2003 ; HK. / centre régional de contrôle de Sfax, cité par T.
DRIRA, chronique de la jurisprudence fiscale tunisienne RTF n° 4 p.221 :
85
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
"
38
".
168 Tribunal de première instance de Tunis, affaire n°1851 du 6 juillet 2006, cité par M. BOUZID, « la taxation d’office en droit fiscal
tunisien » thèse pour le doctorat en droit :
38 "
"
169
- TA. Cass. Req. n°35994 et 35971 du 3 mai 2007, direction générale du contrôle fiscal, Mohamed (inédit) :
"
" 66
TA. Cass. Req. n°34745 et 34777 du 28 février 2005, DGCF, société de conserverie de Sidi Thabet, cité par Sameh KOUBÂA, RTF n°8
-
p.249 et 250 :
"
".
170 CE du 27 mars 1995, n°117667, RJF 5/1995.
86
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Mais en tout état de cause, tout rejet de comptabilité doit être justifié, fondé et
bien motivé dans l’arrêté de taxation d’office car il constitue une question préliminaire
sur la quelle le juge saisi doit statuer.
En pratique, le rejet de la comptabilité n’a pas été, dans plusieurs cas, le résultat
d’une démarche de contrôle méthodique et raisonnable172. La plupart des rejets de
comptabilité ont été généraux et non précis. Afin de rationnaliser l’usage de ce
171 Cass. 28 juin 1960 ; Cass. 8 janvier 1963, cité par J. MALHERBE et J. THILAMANY, l’amélioration des rapports entre l’administration
fiscale et les contribuables en Belgique, in, l’amélioration des rapports entre l’administration fiscale et les contribuables. Actes du colloque de
la société française de droit fiscal, Orléans 15 – 16 septembre 1988, p.283 (M. BOUZID AJROUD, la taxation d’office en droit fiscal tunisien,
thèse pour le doctorat en droit, 2009, p.234).
172 T. DRIRA, « la vérification fiscale », mémoire de DEA Sfax 2003, p.114.
87
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Aussi, il ressort à travers l’étude des jugements prononcés par les tribunaux que
le juge fiscal tunisien exige non seulement la motivation du rejet de comptabilité, mais
aussi il contrôle le contenu de la motivation. Cette dernière doit être claire et précise.
A défaut, le recours aux éléments extracomptables serait injustifié. En effet, selon le
tribunal administratif « si le rejet de la comptabilité n’est pas motivé d’une manière claire, le
recours aux présomptions devient douteux et inadmissible »173.
173 TA affaire n°32434 du 13 novembre 2000 (M. BOUZID, « les présomptions en droit fiscal », mémoire pour l’obtention du mastère en
science juridiques fondamentales 2007, p.60)
.
88
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
174 F. CHOYAKH, « L’article 38 du CDPF et la possibilité de recours simultané aux éléments extracomptables dans le cas d’une
comptabilité régulière », RCF n°71, Hiver 2006 p.37.
175 CE n°66877 du 20 mars 1989 DF 26/1989, comm. 1345.
176 Selon l’article 4-I du livre des procédures fiscales marocain,
89
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Cette rédaction de l’article 38 du CDPF « est, pour le moins, maladroite et qu’elle laisse
une marge aux interprètes »177. En effet, l’étude des travaux effectués dans ce cadre fait
apparaitre deux interprétations possibles, d’une part, une interprétation « ad
litteram » autorisant un recours simultané à la comptabilité et aux éléments
extracomptables. D’autre part, une deuxième interprétation qui va au-delà de
« l’apparence trompeuse » de l’expression « dans tous les cas » en excluant
carrément l’extracomptable pour les contribuables tenant une comptabilité
régulière178.
90
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Ces notions ont fait l’objet d’un long développement dans le premier chapitre de la
première partie de ce mémoire « les origines des obligations comptables en matière
fiscale ».
La lecture combinée des deux articles 38 et 40 du CDPF nous laisse penser que
l’intention du législateur était de distinguer entre deux catégories de contribuables :
celui qui détient et celui qui ne détient pas une comptabilité. Cette lecture peut être
appliquée, individuellement, à l’article 38 du CDPF et en conséquence
l’administration ne peut recourir aux éléments extracomptables que si la comptabilité
n’a pas été présentée aux vérificateurs, ou si elle est non probante.
Disposant que : « la vérification approfondie de la situation fiscale (…) s'effectue sur la base
de la comptabilité pour le contribuable soumis à l'obligation de tenue de comptabilité et dans tous
les cas sur la base de renseignements, de documents ou de présomptions de fait ou de droit »,
l’article 38 du CDPF peut être interprété littéralement comme autorisant l’abandon de
91
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Par conséquent, L’emploi de l’expression « dans tous les cas » n’est pas tout à
fait innocent179. Il donne à penser que le recours aux présomptions est susceptible
d’avoir lieu à l’égard de tous les contribuables sans distinction entre ceux qui sont
tenus de présenter une comptabilité et ceux qui ne le sont pas180.
Cette position peut être consolidée par la lecture de l’article 6 du CDPF, qui
permet à l’administration d’établir l'impôt et rectifier les déclarations sur la base de
présomptions de droit ou de présomptions de fait, ce qui nous laisse à penser que le
législateur a voulu autoriser l’administration de faire recours aux présomptions même
sans rejet de comptabilité.
Dans les travaux préparatoires du CDPF, Le ministre des finances a précisé que :
« la vérification approfondie de la situation fiscale peut se baser en tous cas sur tous les
renseignements et présomptions de droit ou de fait dont disposent les services fiscaux même en cas de
vérification effectuée sur la base d’une comptabilité. Car il s’agit d’une part de vérifier la situation
globale du contribuable, d’autre part, il est possible de retenir les présomptions pour s’assurer de
l’exactitude de la comptabilité »181. Ceci montre que cette interprétation parait la plus
proche de l’intention du législateur sur la possibilité de cumuler entre la méthode
comptable et extracomptable même en présence d’une comptabilité probante.
179 M. MTIR, « réflexions sur le rapport entre la législation fiscale et la législation comptable en Tunisie : les dispositions du code des droits
et procédures fiscaux et l’avenir de la comptabilité en matière fiscale », RCF 63/2004 p.77.
180 T. DRIRA, « la vérification fiscale », Mémoire de DEA Sfax, 2003, p.120.
181 Délibérations de la chambre de députés, n°39, séance du 26 juillet 2000, p.1924.
92
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
182 A. ABOUDA, « code des doits et procédures fiscaux contrôle, contentieux et sanctions », op.cit p.108.
183 C. TOUMI, « l’évaluation extracomptable des bases d’imposition par l’administration fiscale », mémoire pour l’obtention du mastère en
droit fiscal, p.31.
93
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
D’une part, la note commune n°16/1967 du 2 Mai 1967 avait insisté sur le fait
que le rejet de la comptabilité devrait être fondé avant de recourir aux présomptions
de faits et de doits.
D’autre part, dans ce même cadre, la direction générale des impôts avait
confirmé cette position à travers plusieurs notes et prises de position184 en
considérant que le recours aux éléments extracomptables ne pouvait être envisagé
qu’en cas de défaut de présentation ou de rejet de comptabilité.
Par ailleurs, dans une note de service n°3177 du 24 avril 1993 ayant « pour but de
préciser la procédure à suivre lors de la régularisation de la situation fiscale des avocats »,
l’administration avait considéré que pour régulariser la situation fiscale des avocats, le
service doit, dans le cas de tenue d’une comptabilité régulière et probante, effectuer
les redressements sur la base de cette comptabilité 185.
184 C’est ainsi que dans une prise de position du 29 février 2001, la DGI a précisé qu’en cas de défaut de présentation de comptabilité par le
contribuable, les agents de l’administration ont le droit de rectifier les déclarations fiscales en se basant sur des présomptions de fait ou de
droit ou sur des données forfaitaire (Prise de position DGCF n°188 du 29/02/2001).
Aussi, dans une autre prise de position du 15 mars 2001, la DGI a précisé qu’en absence de comptabilité conforme à la loi n°96-112 du 30
décembre 1996 portant promulgation du système comptable des entreprises, l’administration fiscale peut retenir des méthodes
extracomptables lors de l’opération de vérification (Prise de position DGCF n°188 du 15/03/2001).
185 C. TOUMI, « l’évaluation extracomptable des bases d’imposition par l’administration fiscale », mémoire pour l’obtention du mastère en
droit fiscal, p.49.
94
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
95
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
186 Tribunal administration, requête n°32434 du 13 novembre 2000, F. CHOYAKH, « L’article 38 du CDPF et la possibilité de recours
simultané aux éléments extracomptables dans le cas d’une comptabilité régulière », RCF n°71, Hiver 2006, p.45.
187 A. ABOUDA, code des doits et procédures fiscaux contrôle, contentieux et sanctions, p.108.
96
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Le tribunal de première instance de Sfax, quant à lui, a opté pour une position
inverse. Ainsi, il considère que l’expression « dans tous les cas » prévue par l’article
38 du CDPF ne donne pas le droit à l’administration fiscale de rejeter la comptabilité
du contribuable si elle est régulière. En effet, cette expression ne doit être interprétée
comme permettant à l’administration de recourir aux présomptions que dans deux
cas. Le premier concerne les contribuables non soumis à l’obligation de tenue de
comptabilité et le second est relatif aux contribuables soumis à l’obligation de tenue
de comptabilité lorsqu’elle établit que leur comptabilité comporte des erreurs et des
défaillances pouvant justifier le rejet 189.
188 Tribunal de première instance de Tunis, ch. Fiscale, affaire n°626, jugement du 18 mars 2004, cité et traduit par M. MTIR, « chronique de
jurisprudence fiscale », (RCF) n°66, 4ème trimestre 2004, p.23.
189 TPI de Sfax, affaire n°317 du 23 février 2005, cité par S.BORGI, RCF n°68 printemps 2005, p.20 :
.
38
".
97
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
190 TPI Ariana req. n°55 du 19 avril 2003, cité par M.BOUZID, « les présomptions en droit fiscal », mémoire pour l’obtention du mastère en
science juridiques fondamentales 2007, p.69 :
"
. 38
.
"
191 TA . cass. affaire n°36765 du 01 décembre 2008, direction générale des impôts, Al Jmili (inédit) :
"
"
192 CE du 14/11/1984 req n°40807, RJF 1/1985 n°80.
98
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
prévaloir sur les résultats ressortant d’une comptabilité probante »193. Dans ce même ordre
d’idée, le juge fiscal belge considère que lorsque la comptabilité est régulière,
l’administration ne peut pas recourir à la preuve par présomptions, tel que la preuve
par comparaison194.
99
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Une comptabilité régulière possède une force probante qui suffit, en principe, à
elle seule de prouver l’exactitude des déclarations fiscales du contribuable.
197 F. CHOYAKH, « L’article 38 du CDPF et la possibilité de recours simultané aux éléments extracomptables dans le cas d’une
comptabilité régulière », RCF n°71, Hiver 2006, p.45.
100
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
198 Avant la promulgation du CDPF, la règle de l’opposabilité de la comptabilité était consacrée par la charte du contribuable qui prévoyait
que « L’administration est tenue de prendre en considération les données contenues dans votre comptabilité au cas où cette dernière remplit
les conditions légales de fond et de forme ».
199 F. CHOYAKH, « L’article 38 du CDPF et la possibilité de recours simultané aux éléments extracomptables dans le cas d’une
comptabilité régulière », RCF n°71, Hiver 2006, p.48.
200 K. FENDRI, M. KESSENTINI et S. KREIEM, op.cit RCF n°40, 2ème trimestre 1998.
101
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
201 S. BORGI, « En présence d’une comptabilité reconnue pour régulière, point n’est laissé à l’extracomptable », RCF n°68, Printemps 2005,
p.20.
202 P. SERLOOTEN, « Etude critique du statut fiscal du conjoint salarié du commerçant », in mélanges offerts à André COLOMER, p.443,
444, (F. KAMMOUN, « la preuve en droit fiscal », mémoire pour l’obtention du diplôme d’études approfondies en droit des affaires, faculté
de droit de Sfax, 2001-2002, p.40).
102
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
toute puissante et le contribuable affaibli. Dès lors, personne n’est à l’abri de l’usage
abusif des présomptions par l’administration.
En effet, le législateur fiscal tunisien n’a pas énoncé d’une manière spécifique les
motifs de rejet de la comptabilité. L’imprécision des critères du rejet de la
comptabilité sur le plan fiscal « ne fait que conférer à l’administration un pouvoir
discrétionnaire trop large »204.
203 M. BALTUS, « Morale fiscale et renversement du fardeau de la preuve », article précité p.129. (F. KAMMOUN, « la preuve en droit
fiscal », mémoire pour l’obtention du diplôme d’études approfondies en droit des affaires, faculté de droit de Sfax, 2001-2002, p.89.
204 F. DERBEL, « comptabilité et vérification fiscale », RCF n°49, 3ème trimestre 2000.
103
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Nous pouvons ainsi conclure, que face aux pouvoirs et prérogatives excessifs
dont l’administration fiscale est dotée dans les vérifications fiscales, les garanties
procédurales dont bénéficie actuellement le contribuable ne constituent pas un
véritable équilibre de position entre les deux parties. « On ne peut que regretter ce laconisme
législatif dans un nouveau code qui se proclame code des droits des contribuables. Cela constitue un
pas en arrière par rapport à la charte du contribuable. La charte, qui régissait les relations entre
l’administration fiscale et les contribuables avant l’adoption et l’entrée en vigueur du C.D.P.F »205.
3.3 L’absence d’un traitement préférentiel pour les contribuables tenant une
comptabilité régulière
En effet, le contribuable sincère n’est pas à l’abri de redressement basé sur les
techniques extracomptables de redressement. Or, l’équité fiscale suppose que le
contribuable transparent ayant accompli toutes ses obligations comptables et fiscales
ne doit pas être traité de la même manière qu’un autre contribuable défaillant à ses
obligations. Ainsi, l’absence d’un traitement préférentiel a pour conséquence de
mettre en péril le principe d’égalité et de l’équité fiscale consacré
constitutionnellement206.
205 F. KAMMOUN, « la preuve en droit fiscal », mémoire pour l’obtention du diplôme d’études approfondies en droit des affaires, faculté de
droit de Sfax, 2001-2002, p.18.
206 R. HABLANI, « la vérification de la comptabilité », mémoire pour l’obtention du mastère en droit des affaires, 2009-2010, p.90.
104
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Ainsi, il est illogique que l’administration fiscale fasse recours aux méthodes
extracomptables pour la reconstitution de la base imposable d’un contribuable qui
tient une comptabilité, sans avoir contesté au préalable la qualité de cette
comptabilité.
105
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Le problème qui se pose alors est le suivant : le recours parallèle aux éléments
comptables et extracomptables peut-il être un moyen pour l’administration afin de
bénéficier de la durée d’un an au lieu de six mois ? Autrement dit, est ce que cette
vérification est inclue dans « les autres cas » prévus par l’article 40 du CDPF ?
207 En droit français, les irrégularités comptables étaient sanctionnées par la procédure de rectification d’office prévue par l’article 75 du LPF,
cet article a été supprimé par la loi de finances pour 1987 et a été remplacé par l’instruction de la DGI du 6 mai 1988 qui apporte des
compléments substantiels sur les éléments de mise en œuvre de la procédure, en instaurant des critères de rejet des comptabilités. Selon cette
instruction, la procédure de rectification d'office devait être une procédure exceptionnelle ne pouvant en aucun cas être utilisée par
l'Administration pour renverser la charge de la preuve à chaque fois que la comptabilité présentait une imperfection quelconque. « P.
GUARINOS ,« l’expert comptable et le rejet de la comptabilité », Mémoire précité, p.70.
208 S. JAMMOUSSI AZAÏEZ, « la clôture de la vérification fiscale », RTF n°7 p.328.
106
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
La note commune n°20/2002 précise que « la durée de la vérification est de (…) une
année dans tous les autres cas et qui concernent notamment :
Il en résulte que « le délai de six mois risque, dans presque la totalité des cas,
d’être écarté au profit de celui d’une année puisque l’exigence d’une comptabilité
tenue conformément à la loi demeure la condition sine-qua-non pour bénéficier du
délai de six mois. Or la comptabilité sera toujours rejetée pour une raison ou une
autre pour que l’administration fiscale puisse appliquer le délai d’une année »209.
107
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
210 F. DERBEL, « Rejet de la comptabilité et recours aux éléments extracomptables », la RCF N°72, Printemps 2006, p.63.
211 F. KAMMOUN, « la preuve en droit fiscal », mémoire pour l’obtention du diplôme d’études approfondies en droit des affaires, faculté de
droit de Sfax, 2001-2002, p.47.
212 S. KRAIEM, « La taxation d'office en droit tunisien », « Regards croisés sur le contrôle fiscal », RTF n°7, p.347 et s.
108
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
109
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Toutefois, dans une prise de position plus récente, la DGELF a précisé que le
bénéfice de la déduction au titre de l'exportation nécessite la tenue de comptabilité
pour une entreprise partiellement exportatrice sans que le rejet de comptabilité ne soit
un motif suffisant pour retirer l'avantage de la déduction au titre de l'export214.
"
"
110
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Dès lors, une intervention législative est souhaitable pour interdire clairement un
tel cumul, afin de préserver les droits du contribuable vérifié surtout lorsqu’on
constate un déséquilibre entre les droits de l’administration et les garanties du
contribuable vérifié.
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9 (2
.
.
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111
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Introduction
« Le choix d’une méthode d’évaluation résulte d’un savant compromis, d’un fragile équilibre
entre les droits et intérêts respectifs de l’administration et des contribuables »216. Les techniques et
les moyens extracomptables de reconstitution des bases imposables pouvant être
utilisés par les agents de l’administration fiscale ont été prévus par le législateur à
travers les articles 6 et 38 du CDPF (section 1). Toutefois, les vérificateurs peuvent
recourir à tous autres éléments en leur possession pour déterminer les bases
imposables du contribuable vérifié (section 2).
216 J-B GEFFROY, « grands problèmes fiscaux contemporains », p.607, (R. HABLANI, « la vérification de la comptabilité », mémoire pour
l’obtention du mastère en droit des affaires, p.74.
112
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Tout d’abord, l’article 6 du CDPF prévoit que « L'Administration fiscale peut, dans
le cadre du contrôle ou de la vérification (…) établir l'impôt et rectifier les déclarations sur la base
de présomptions de droit ou de présomptions de fait ». Lesquelles présomptions
de droit ont été évoquées par les dispositions du code de l’IRPP et de l’IS.
113
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Une définition législative des présomptions a été avancée par l’article 479 du
code des obligations et des contrats qui stipule que : « les présomptions sont des indices au
moyen desquels la loi ou le juge établit l’existence de certains faits inconnus ». À partir de ces
dispositions on peut distinguer deux sortes de présomptions : les présomptions
légales ou de droit et les présomptions de fait.
114
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
optique, le législateur a défini la présomption légale comme : « celle qui est attachée
par la loi à certains actes ou à certains faits »219.
Le CDPF n’a pas fixé les présomptions de droits pouvant être utilisées par
l’administration. Toutefois, en se référant aux débats parlementaires relatifs au projet
de promulgation de ce code, on constate que les présomptions légales visées par
l’article 6 de ce code sont :
- En matière d’impôt sur les revenus, l’évaluation des bases imposables basée sur les
éléments de train de vie prévue par l’article 42 du code de l’IRPP et de l’IS et la
détermination du revenu global imposable sur la base d’une évaluation selon les
dépenses personnelles, ostensibles et notoires et selon l’accroissement du
patrimoine prévue par l’article 43 du code de l’IRPP et de l’IS).
115
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
116
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Pour chaque élément de train de vie retenu, le barème fixe un revenu forfaitaire
correspondant, calculé sur la base de la valeur de l’élément. Cette valeur peut être soit
une valeur réelle soit une valeur forfaitaire. En effet, certains éléments de train de vie
comme la valeur locative de la résidence principale 225, les voyages d’agrément et de
tourisme à l’étranger sont pris selon leurs valeurs réelles. Toutefois, le législateur a
permis à l’administration d’évaluer forfaitairement la valeur de certains éléments, le
cas des voitures dont la valeur est calculée sur la base de leur puissance fiscale, des
avions de tourisme évalués selon le nombre de chevaux-vapeur et des bateaux de
plaisances et des yachts jaugeant au moins trois tonnes de jauge internationale selon le
nombre de jauges. Cette évaluation forfaitaire vise aussi à prendre en considération la
vétusté de certains éléments de train de vie en appliquant des abattements pour
certains éléments susceptibles de se déprécier226, et ce afin que cette évaluation
corresponde aux mieux à la réalité de la valeur de l’élément retenu.
224 CE requête n°86355 et 90238 du 1er juillet 1974, Y. El Hafi, les présomptions et la taxation d’office en droit fiscal, mémoire pour
l’obtention du diplôme des études approfondies en droit fiscal p.52.
225 En vertu du paragraphe I alinéa 3 de l’article 42 de l’IRPP et de l’IS : « la valeur locative réelle est déterminée soit au moyen des baux
écrits ou des déclarations de locations verbales dûment enregistrées, soit par comparaison avec d'autres locaux dont le loyer aura été
régulièrement constaté ou sera notoirement connu ».
226 L’annexe I du code de l’IRPP et de l’IS prévoit des abattements d’un 1/3 pour les voitures âgées de 5 à 10 ans et de 2/3 pour celles âgées
de 10 à 20 ans.
117
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Par ailleurs, il est à noter que les revenus calculés à partir des éléments de train
de vie sont soumis à des majorations. En effet, l’article 42 du code de l’IRPP et de
l’IS prévoit que lorsque le contribuable dispose simultanément d'au moins trois
éléments caractéristiques de train de vie, le revenu forfaitaire correspondant à la
possession de ces éléments est majoré de 25%. Ce revenu est majoré de 40% lorsque
le nombre de ces éléments est de 4 ou plus.
L’évaluation des revenus imposables est déterminée dans ce cas d’une manière
forfaitaire, basée sur les dépenses personnelles que le législateur qualifie d’ostensibles
et notoires. Cette évaluation est basée uniquement et exclusivement sur les dépenses
118
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Cependant, pour bien comprendre l’évaluation des revenus selon les dépenses
personnelles ostensibles et notoires et selon l’accroissement du patrimoine, il semble
de prime abord nécessaire de définir quelques notions. En effet, on entend par
dépenses personnelles, ostensibles227 et notoires228, « les dépenses connues
généralement du public »229. Ces dépenses peuvent être constituées des dépenses
consacrées au logement, des dépenses consacrées à la nourriture, des dépenses
consacrées à l’habillement ou aux voyages, ainsi que les dépenses consacrées à l’achat
de bijoux, de meuble de style, de fourrures, et de tableaux d’art. Ainsi, l’accroissement
du patrimoine ou l’enrichissement désigne « toute acquisition des biens immobiliers
et de valeurs mobilières évaluées au prix de revient ainsi que les prêts à autrui et les
dépôts en banque »230.
227 Le terme ostensible, d’après le dictionnaire LAROUSSE vient du latin ostendere qui veut dire montrer, l’ostensible est ce qu’on ne cache
pas, ce qu’on cherche à montrer.
228 Le terme notoire, d’après le dictionnaire LAROUSSE vient du latin notorius et veut dire qui fait connaître. Ce qui est notoire est ce qui
est connu de tous.
229 H. AYEDI, op cit, p.277.
230 Ibid
231 Article 43 du code de l’IRPP et de l’IS.
119
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
120
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
c) Limites des méthodes d’évaluation des revenus prévues par les articles 42 et
43 du Code de l’IRPP et de l’IS.
De prime abord, ce régime d’imposition a été conçu, avant tout, pour que
l’administration puisse taxer le contribuable qui déclare des revenus manifestement
inférieurs à ceux qui sont nécessaires pour assurer son train de vie. Il constitue peu à
236 On consultera avec profit P. AMSELEK, « La taxation d’office à l’impôt sur le revenu ou sur un Janus du droit fiscal », Dalloz Sirey 1980,
p.34. (F. KAMMOUN, « la preuve en droit fiscal », mémoire pour l’obtention du diplôme d’études approfondies en droit des affaires, faculté
de droit de Sfax, 2001-2002 p.81).
121
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
237 S. AKROUT MEZGHANI, « la reconstitution des bases d’imposition par l’administration fiscale », RTF n°7, p.300.
238 A titre d’exemple, la possession d’une voiture ou d’un immeuble avec piscine par un simple fonctionnel au titre de son héritage montrent
que le train de vie apparent ne coïncide pas avec le train de vie réel.
239 BALTUS, morale fiscale et présomption du fardeau de la preuve, in réflexions offertes à PAUL SELULE, établissement EMILE
BRUYLANT, Bruxelles 1981, p 130
240 P. Colin, « la vérification fiscale », Op.cit, P.87 : dans une réponse ministérielle du 30 avril 1976, le ministre à décidé « pour assurer toute
garantie dans le recours à cette disposition inscrite à l’article 168 du C.G.I, d’en subordonner l’utilisation à l’accord de l’inspecteur principal,
supérieur immédiat du vérificateur.
122
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
- Le barème prévoit parmi les éléments pouvant être tenus en compte dans la
détermination du revenu, la résidence principale autre que celle utilisée à usage
professionnel. Le problème qui se pose est celui des résidences à usage mixte, c’est le
cas d’un contribuable qui exploite sa résidence pour l’habitation et l’exercice de son
activité.
- Outre la résidence principale, Aucune exclusion n’est prévue pour les biens
affectés à l’usage professionnel tel que les voitures à usage professionnel.
241 Article 168 du CGI : « La somme forfaitaire déterminée en application du barème est majorée de 50 % lorsqu'elle est supérieure ou égale
à deux fois la limite mentionnée au 1 et lorsque le contribuable a disposé de plus de six éléments du train de vie figurant au barème.
242 CE requête n°93766 du 11 juin 1975 (Y. El Hafi, les présomptions et la taxation d’office en droit fiscal, mémoire pour l’obtention du
diplôme des études approfondies en droit fiscal p.53).
243 Article 168 du C.G.I français.
244 Dans ce cadre, le juge fiscal vient préciser que la propriété de trois voitures constitue un seul élément de train de vie et ne peut s’analyser
en trois éléments. Tribunal de Sfax, (chambre fiscale) requête n°36 du 9 octobre 2002 (chronique de jurisprudence fiscale tunisienne, RTF,
p.149):
123
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
A notre avis, les articles 42 et 43 sont des textes dépassés par les événements, ils
ne peuvent plus faire partie d’un système fiscal moderne. C’est pourquoi certains
pays, comme la France ne retiennent plus la présomption basée sur les dépenses
ostensibles et notoire246, considérant qu’il s’agit de méthodes de détermination
approximatives et parfois arbitraires mettant en échec la présomption d’exactitude de
la déclaration du contribuable247.
Pour conclure, il est à préciser que les présomptions de droit sont limitativement
définies et encadrées par la loi fiscale, ce qui met l’administration dans une situation
de compétence liée. Ceci est contraire aux présomptions de fait qui se caractérisent
par leurs diversité et abondance et qui laissent une marge d’intervention assez large à
l’administration fiscale.
42 "
"
245 S. AKROUT MEZGHANI, « la reconstitution des bases d’imposition par l’administration fiscale », RTF n°7, p.299.
246 La taxation d’office en fonction des dépenses personnelles, ostensibles et notoires telle que prévue par l’article L.71 du LPF (livre des
procédures fiscales français) est abrogée par l’article 81 de la loi de finances pour l’anné 1987.
247 F. DERBEL, « Rejet de comptabilité et recours aux éléments extra-comptables », RCF n°72, printemps 2006, p.62.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Les présomptions de fait sont définies par le code des obligations et des contrats
comme étant « les présomptions qui ne sont pas établies par la loi mais qui sont remises à la
prudence du tribunal »248. En matière fiscale, les présomptions de fait sont des indices
matériels, des comportements ou des agissements, qui laissent présumer ou
soupçonner l’existence d’une dissimulation ou d’une fraude fiscale249.
Cependant, il ne faudrait pas oublier le rôle dévolu au juge fiscal en exerçant son
contrôle sur le caractère concret et concordant des présomptions250. Ainsi, la force
probante des présomptions de fait dépend entièrement de la conviction personnelle
du juge.251 Pour ce faire, les vérificateurs doivent avancer et retenir, pour l’application
des présomptions de fait, des faits et des indices certains pouvant emporter la
conviction personnelle du juge. Ils ne doivent pas se suffire de simples affirmations
non motivées et non étayées par des éléments précis et concordants.
58 "
".
253 TA du 11/11/1994, req n°1214. Cité par M.H. L’tifi, op, cit . p.350 :
125
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
" "
254 TA. Cass. Req.n°31455 du 2 juillet 2003, Mohamed jaziri/direction générale du contrôle fiscal, cité par S. JAMMOUSSI AZAIZE,
«CHRONIQUE DE LA JURISPRUDENCE FISCALE TUNISIENNE», RTF n°4 p.258 :
"
"
255 CASIMIR, « Les signes extérieurs de revenus : le contrôle et la reconstitution du revenu global par l’administration fiscale », Paris, LGDJ
1979, p.33.
126
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Cependant, le CDPF n’a pas défini la nature des renseignements pouvant être
demandés par l’administration. C’est à l’occasion des discussions parlementaires que
le ministre des finances a précisé que la demande de renseignement peut porter sur
« la réalisation d’une opération ou d’un marché non déclaré ou sur le patrimoine du
256 V. JORT, Débats de la Chambre des Députés, Session 1999-2000, N° 39, p.1899.
257 F. CHOYAKH, « le recours aux éléments extracomptables dans le cadre d’une vérification fiscale approfondie », mémoire précité, p.36.
127
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
contribuable ou sur les éléments de son train de vie ou encore sur la concordance des
informations et des éléments portés sur une ou plusieurs déclarations ».258
258 La réponse ministérielle du ministre des finances lors des débats de la chambre des députés du 26 juillet 2000, JORT n°39 du 26 juillet
2000, p.1899.
259 J. Lamarque, « droit fiscal général », Paris, Litec, 1998, p.626.
128
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
260 F. KAMMOUN, « la preuve en droit fiscal », mémoire pour l’obtention du diplôme d’études approfondies en droit des affaires, faculté de
droit de Sfax, 2001-2002, p.70.
261 Y. LHERMET : « Le face à face des contribuables et du fisc : réflexions sur l’état des relations administratives et juridiques fiscales »,
R.F.F.P, 1984 n°6, p.149.
129
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
et la possibilité de recourir aux tiers pour recueillir toutes informations utiles pouvant
aider les agents du fisc dans la détermination des bases imposables.
A travers les articles 16 à 18 du CDPF nous pouvons établir une liste des tiers
que le législateur soumet au droit de communication, ainsi qu’il suit :
- le ministère public.
130
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
131
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
263 Dans ce cadre l’ancien article 17 du CDPF a été abrogé et remplacé en vertu des dispositions de l’article premier de la loi n° 2002-1 du 8
janvier 2002 portant assouplissement des procédures fiscales (Jort n° 3 du 8 janvier 2002).
264 F. CHOYAKH, « le recours aux éléments extracomptables dans le cadre d’une vérification fiscale approfondie », mémoire pour
l’obtention du master spécialisé en droit fiscal, 2003-2004, p.36.
265 A. ABOUDA, code des doits et procédures fiscaux contrôle, contentieux et sanctions, p.51.
132
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
3. Les documents
Il s’agit ainsi d’un droit de communication interne qui n’est assorti d’aucune
formalité. En effet, le législateur ne limite pas les documents que l’administration a le
droit de se faire communiquer. Toutefois, en plaçant les documents à la suite de la
comptabilité, l’article 38 du ce code semble considérer que la nature desdits
documents n’est pas comptable, ce qui exclut notamment les états financiers, les
livres obligatoires voir même les pièces justificatives de la comptabilité à l’instar des
factures, relevés bancaires etc267.
266 La réponse ministérielle du ministre des finances lors des débats de la chambre des députés du 26 juillet 2000, JORT n°39 du 26 juillet
2000, p.1908.
267 F. CHOYAKH, « L’article 38 du CDPF et la possibilité de recours simultané aux éléments extra-comptables dans le cas d’une
comptabilité régulière », RCF n°71, Hiver 2006 p.50.
133
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Un tel recours a été rejeté par la jurisprudence française qui considère que le
droit de communication ne s’exerce que sur les documents faisant partie des pièces
comptables de la société268.
268 Le CE du 26 novembre 1984 req. n° 35104 considère que le fichier correspondant aux propriétés mises en vente ne présentait pas le
caractère d’une pièce comptable. De même, le droit de communication ne porte que sur les livres tenus par le contribuable et non sur les
livres tenus par les tiers et qui se trouvent en sa possession.
269 T.A du 19 février 1982 n°158 cité par H. AYADI.
134
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Dans la pratique, le vérificateur peut recourir soit à des éléments internes (&1)
soit à des éléments externes (&2) à l’activité de l’entreprise pour reconstituer les
bases imposables du contribuable.
a) Principe :
270 T.A du 24 mars 1983 n°194 A.J.T.A CERA 1992 p.213, Y. ELHAFI « les présomptions et la taxation d’office en droit fiscal » mémoire
pour l’obtention du diplôme des études approfondies en droit fiscal. p.79.
135
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
- À rectifier les achats comptabilisés, afin de tenir compte des différents achats
n’ayant pas fait l’objet d’utilisation directe dans le processus de production ou des
achats non enregistrés repérés par les vérificateurs à travers des recoupements avec les
fournisseurs du contribuable ;
- À procéder ensuite à une étude des marges bénéficiaires pratiquées par l’entreprise
en rapprochant les prix de vente au coût de revient des articles correspondants (prix
d'achat ou coût de production) ;
- Certaines matières premières, par leur nature, sont soumises à des diminutions lors
de leur magasinage ou pendant la phase de transformation. Dans ce cas, l’estimation
271 TH. LAMBERT, contrôle fiscal : droit et pratique, PUF 1ère éd, 1991, p.263.
136
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
- Pour les activités de fabrication, certains achats sont utilisés pour la production de
plus d’un seul produit fini. Il convient, dans ce cas, de tenir compte de la répartition
des achats incorporés dans chaque produit final selon des clés de répartition définies
par les vérificateurs à travers leur connaissance de l’activité de l’exploitation.
b) Limites :
272 CE 25/07/80 n° 19 609 RJF 1980 GUARINOS, mémoire précité, ANNEXE III « Jurisprudence du conseil d’Etat et de la cour
administrative d’appel sur les méthodes de reconstitution », p.27.
273 CE 14/10/1985 n° 41 596/41 597 RJF 12/85, P. GUARINOS, mémoire précité, ANNEXE III « Jurisprudence du conseil d’Etat et de la
cour administrative d’appel sur les méthodes de reconstitution », p.27.
137
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
entreprises qui n’appliquent pas les mêmes marges à tous les clients. Dans ce cas il
274
sera nécessaire que l’échantillon retenu soit suffisamment représentatif afin de se
rapprocher au mieux du taux moyen qui résulterait d’un examen exhaustif.
a) Principe :
274 CE 04/11/1985 n° 47 512 RJF 01/86 CAA Lyon 17/04/1996 RJF 07/96 n°914.
275 CE 25/04/1984 n° 33 915 RJF 06/84, P. GUARINOS, mémoire précité, ANNEXE III « Jurisprudence du conseil d’Etat et de la cour
administrative d’appel sur les méthodes de reconstitution », p.27.
138
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Afin d'illustrer ces méthodes nous pouvons citer quelques exemples relevés à
travers la jurisprudence tunisienne et celle du Conseil d’État français.
276 T.A du 14 juillet 1983 n°237 A.J.T.A CERA 1992 p.287 , cité par Y. ELHAFI « les présomptions et la taxation d’office en droit fiscal »,
mémoire précité. p.79).
277 TA du 6 décembre 1993, req n°1136, cité par M. H. L’TIFI, « le contrôle fiscal et les garanties administratives du contribuable vérifié »,
p.352, édition l’expert 2006 :
"
"
278 T.A du 22 décembre 1983 n° 365 A.J.T.A CERA 1992 p.287 cité par: Y. ELHAFI « les présomptions et la taxation d’office en droit
fiscal » mémoire précité p.79.
279 TPI de l’ariana, affaire n°55 du 19 avril 2003 F.CHOYAKH, « L’article 38 du CDPF et la possibilité de recours simultané aux éléments
extra-comptables dans le cas d’une comptabilité régulière », la RCF n°71, Hiver 2006 p.50.
280 CE 25/07/1986 n° 50 497 RJF 11/86 n°1 012 P. GUARINOS, mémoire précité, ANNEXE III « Jurisprudence du conseil d’Etat et de
,
la cour administrative d’appel sur les méthodes de reconstitution », p.29.
281 CAA 09/06/1992 n° 140, Bordeaux (lere chambre) RJF 11/92 n°1549.
139
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Cette liste n'est pas exhaustive mais démontre l'ingéniosité mise en œuvre par les
vérificateurs afin de permettre une détermination fiable des bases imposables.
A partir de tous ces exemples, nous pouvons relever que le contrôle exercé par
le juge sur le caractère sérieux et probant des méthodes suivies est une garantie
indispensable pour le contribuable. Ainsi, le juge fiscal a rejeté la reconstitution du
chiffre d'affaires d'un restaurant à partir des achats de fromage287, la reconstitution du
chiffre d’affaires d’un bateau de pêche sur la base du nombre de sorties multiplié par
un revenu moyen estimé par sortie288.
b) Limites :
140
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
a) Principe :
Cette méthode, malgré le fait qu’elle soit basée en partie sur des données
comptables à savoir des inventaires, des factures d’achat et de vente, etc…, reste une
technique extracomptable de redressement290.
141
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
- de procéder, tout d’abord, à un inventaire physique des stocks. Cet inventaire est
généralement effectué d’une manière inopinée au cours de l’intervention du
vérificateur et ce, en présence du contribuable ou de son représentant ;
- de déterminer, ensuite, sur la base des livres d’inventaire le stock initial (date de
début des exercices contrôlés) ;
- de déterminer, par la suite, sur la base des factures d’achat fournisseurs et de vente
clients, les mouvements théoriques des stocks jusqu’à la date de l’inventaire physique
effectué ;
b) Limites :
142
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
a) Principe :
291 L’article 6 du CDPF dispose que : « Elle (l’administration) peut établir l'impôt et rectifier les déclarations sur la base de présomptions de
droit ou de présomptions de fait formées notamment de comparaison avec des exploitations, des sources de revues ou des
opérations similaires ».
292 C-L. LOUVEAUX, « la preuve en matière d’impôts directs », Bruylant, Bruxelles 1970, p.59.
143
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
b) Limites :
293 Y. BEN ACHOUR, « le système de la preuve en droit fiscal tunisien, au regard de la théorie générale de la preuve », RTF n°3, p.39.
294 TPI Tunis du 8 décembre 2006, req. n°1112, cité par M. BOUZID, « les présomptions en droit fiscal », mémoire précité, 2007, p.50.
295 T. ASCHFRIT, « traité de la preuve en droit fiscal », lancier, 1998, p.214.
296 J. AJROUD, le principe du contradictoire dans la procédure d’imposition, op.cit, p.277 ; T. AFSCHRIFT, traité de la preuve en droit
fiscal, Bruxelles, LARCIER, 1998, p.213.
144
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Il est regrettable que le législateur tunisien n’ait pas fixé les conditions de la
taxation par comparaison. Celle-ci n’est pas précise et elle n’est pas entourée de
garanties au profit du contribuable. La loi s’est contentée d’une seule condition
297
générale et vague, « opérations similaires » . Ce qui permet, en conséquence, à
l’administration de recourir à cette méthode d’une manière excessive et
discrétionnaire.
a) Principe :
297 F. KAMMOUN, « la preuve en droit fiscal », mémoire pour l’obtention du diplôme d’études approfondies en droit des affaires, 2001-
2002, p.81.
298 En droit belge, Art. 342 § 1er du CIR. A défaut d'éléments probants fournis soit par les intéressés, soit par l'administration, les bénéfices
ou profits visés à l'article 23, § 1er, 1° et 2, sont déterminés, pour chaque contribuable, eu égard aux bénéfices ou profits normaux d'au moins
trois contribuables similaires et en tenant compte, suivant le cas, du capital investi, du chiffre d'affaires, du nombre d'ouvriers, de la force
motrice utilisée, de la valeur locative des terres exploitées, ainsi que de tous autres renseignements utiles.
145
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
renfermant des données et des indices concernant l’activité, les taux de bénéfices
appliqués, et les taux de productivité dans ce secteur et indiquant les méthodes de
reconstitution de chiffres d’affaire et de bénéfices299.
Ces monographies sont établies par les ordres professionnels de chaque activité
industrielle, commerciale, artisanale ou de prestation de service.
b) Limites :
a) Principe :
299 F. LE FEBVRE, « la pratique de la vérification de comptabilité : préparation, déroulement du contrôle, garantie du contribuable », p.98
300 Note commune n°16/1967.
301 T.A requête n°513 du 29 janvier 1987, cité par Y. ELHAFI « les présomptions et la taxation d’office en droit fiscal » mémoire précité.
p.87).
302 Note commune n° 16/1967 (en Tunisie) et CE du 21 mars 1986n°51683 RJF 05/86 n° 545, CE 09/10/1992 n° 75 814 RJF 12/92 n°
1711, CAA Nantes 6 octobre 1994 n° 92-986 et n° 92-928 (en France).
146
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
justification peut être utilisé par l’administration pour reconstituer les résultats de
l'exploitant ou de la société.
303 CE 31/07/1992 n° 83 800 Plén. RJF 10/92 n° 1415, P. GUARINOS, mémoire précité, ANNEXE III « Jurisprudence du conseil d’Etat
et de la cour administrative d’appel sur les méthodes de reconstitution », p28.
147
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
b) Limites :
De même, lors de l’application de cette méthode, il faut être très vigilent car les
disponibilités dégagées peuvent correspondre à un revenu non imposable tel qu’un
revenu exonéré.
304 P. FERNOUX, la contestation par l’administration fiscale du revenu déclaré par le contribuable vérifié fondé sur un enrichissement,
Dollaz 1982, chronique, IV p.27.
305 CE Plén. 13/07/1979 n° 13 374 SARL Castel DF 80 n° 4 Comm. 191 Conclusions MARTIN-LAPRADE CE 25/02/187 n° 49 990 RJF
05/87 CE 26 mars 1990 n°9899 - 64715 RJF 05/90 n° 596 CE 01/06/1990 n° 52 553-52 555 RJF 08/09/90 n° 941 CAA 26/03/1992 n° 384
(Paris) RJF 06/92 n° 877.
306 CE du 7 juin 1978 affaire n°6766, Dupont 1978, n°9, p.248, DF 1978, n°42 comm.1618.
307 CE du 13 juillet 1979, n°13374, Dupont 1979, n°9, p.293.
148
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Ainsi, afin de minimiser les effets néfastes découlant de l’exagération des bases
d’imposition, il convient de donner au contribuable la possibilité de contester les
méthodes de reconstitutions utilisées par l’administration. Ce droit de défense a été
prévu par l’article 65 du CDPF qui prévoit que : « le contribuable taxé d’office ne peut
obtenir la décharge ou la réduction de l’impôt porté à sa charge qu’en apportant la preuve de sincérité
de ses déclarations, de ses ressources réelles ou du caractère exagéré de son imposition ».
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
La situation est alors pour le moins illogique car la comptabilité qui a été écartée
par l’administration elle-même ne peut être présentée pour combattre l’évaluation
administrative311.
310 Conclusion sur CE du 25 mars 1983, req n°34, DF 1984, n°14, comm. 694.
311 M-C. BERGERS, Quelques aspects du fardeau de la preuve en droit fiscal, op.cit, p.153.
312 CE du 19 décembre 1973, plénière fiscale n°87649, DF 1974 n°11, comm 314 concl . Madame LA TOURNERIE.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Le législateur n’a pas établi des règles spécifiques de reconstitution des bases
d’imposition selon que le contribuable ait déposé ses déclarations ou non, ni selon
que la comptabilité soit exigée ou non. Outre le fait qu’il a autorisé, dans tous les cas,
le recours aux présomptions de fait et de droit, le législateur n’a soumis l’agent
"
315 CE 13/04/1983 n° 31 840 RJF 06/83, P. GUARINOS, mémoire précité, ANNEXE III « Jurisprudence du conseil d’Etat et de la cour
administrative d’appel sur les méthodes de reconstitution », p.32.
316 CE 23/03/1984 n° 36 436 RJF 05/84, Ibid.
317 CE 11/07/1984 n° 19 541 RJF 10/84, Ibid.
151
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
vérificateur qu’à une exigence générale : éviter d’établir une taxation excessive ou
arbitraire.
152
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Troisième partie :
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
En premier lieu, nous allons présenter, à partir des arrêtés de taxation d’office,
les motifs les plus évoqués par l’administration fiscale lui permettant de rejeter la
comptabilité du contribuable contrôlé et nous allons essayer de déceler les méthodes
fréquemment utilisées afin de déterminer les bases d’imposition.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Notre travail s’est basé sur 26 arrêtés de taxation d’office relatifs à des
redressements concernant des personnes physiques ou des personnes morales. Ces
arrêtés ont été rendus suite à des vérifications approfondies ayant pour objet
l’ensemble des impôts et taxes auxquels ces personnes sont soumises et couvre les
secteurs suivants :
Industriel 4 dossiers
Commercial 6 dossiers
Service 3 dossiers
Agricole 1 dossier
Santé 2 dossiers
TOTAL 26 dossiers
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Notre étude s’est basée sur 20 arrêts du tribunal administratif rendus au cours
des années 2006, 2007 et 2008. Ces arrêts ont été rendus suite à des vérifications
fiscales approfondies établies à l’encontre des personnes physiques et morales et
ayant pour objet l’ensemble des impôts et taxes auxquels ces personnes sont
soumises. Ces arrêts se répartissent par secteur comme suit :
Industriel 2 dossiers
Commercial 11 dossiers
Service 2 dossiers
Agricole 1 dossier
Santé 1 dossier
TOTAL 20 dossiers
Nous nous intéressons, dans cette phase, à l’analyse des taxations d’office
émises par l’administration fiscale afin de comprendre le comportement des
vérificateurs face à l’utilisation de la comptabilité dans les vérifications fiscales et
l’étendue de son recours aux éléments extracomptables pour redresser les
contribuables contrôlés.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Le pourcentage important des cas de rejet chez les personnes physiques par
rapport aux personnes morales pourrait s’expliquer par l’aptitude de ces dernières à
mettre en œuvre les moyens nécessaires pour se conformer aux obligations
comptables. Cette situation ne semble pas être celle des personnes physiques qui
continuent à négliger l’importance d’une comptabilité probante.
Cette constatation est encore corroborée par le nombre important des cas où les
contribuables n’ont pas communiqué leur comptabilité dans un délai de 30 jours à
partir de la date de notification. Le nombre de ces dossiers s’élève à 10 cas sur 26
étudiés soit 38% et ne concerne que des personnes physiques. Cette situation montre
l’inefficacité des sanctions prévues par l’article 97 du CDPF318, rarement appliquées
par l’administration fiscale.
Dans les autres cas des arrêtés de taxation d’office qui n’ont pas fait l’objet de
rejet de comptabilité, soit 16% du total de l’échantillon, l’administration s’est basée sur
la comptabilité pour déterminer les bases imposables avec des redressements apportés
sur les revenus estimés sur la base des éléments extracomptables.
318 L’article 97 du CDPF prévoit une amande de 100 D à 10.000 D pour toute personne qui ne tient pas de comptabilité, registres ou
répertoires prescrits par la législation fiscale ou qui refuse de les communiquer aux agents de l'administration fiscale ou qui les détruit avant
l'expiration de la durée légale impartie pour leur conservation).
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Pour les autres cas, les arrêtés de taxation d’office soulèvent le plus souvent plus d’une
irrégularité, lesquelles pour 5 arrêtés examinés nous avons pu recenser 19 irrégularités,
réparties entre des irrégularités de formes et celles de fonds.
Total 7
158
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Les méthodes d’évaluation des bases d’imposition tirées à partir des éléments
internes à l’activité de l’entreprise peuvent être présentées à travers le tableau
suivant :
TOTAL 20
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Les méthodes d’évaluation des bases d’imposition tirées à partir des éléments
externes à l’activité de l’entreprise peuvent être présentées à travers le tableau
suivant :
TOTAL 10
Nous avons aussi constaté que sur les 26 arrêtés de taxation d’office objets de
notre échantillon, l’administration a fait recours 6 fois à la méthode de reconstitution
selon les dépenses ostensibles et notoires et selon l’accroissement du patrimoine, soit
23% du total de l’échantillon étudié. Ce pourcentage parait excessif et montre la
préférence de l’administration de recourir aux méthodes d’évaluation forfaitaire au
détriment des méthodes d’évaluation réelles, mettant ainsi le contribuable dans des
situations difficiles pour justifier la réalité de ses revenus.
161
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Ces techniques se caractérisent par la facilité dans leur mise en œuvre. Toutefois,
elles peuvent avoir des effets néfastes sur la situation du contribuable, si
l’administration ne corrobore pas les résultats dégagés par d’autres éléments pouvant
justifier ces résultats.
Dans cette partie, nous allons présenter les motifs de rejets évoqués par
l’administration dans deux tableaux selon l’appréciation du juge, c'est-à-dire selon que
le juge accepte ou rejette les motifs évoquées.
35777 et 19-06-06 Absence de désignation d’un commissaire aux comptes dans une
35770 société anonyme.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
35777 et 19-06-06 Non dépôt, contre accusé de réception, au bureau de contrôle des
35770 impôts d’un exemplaire du programme informatique.
35777 et 19-06-06 Non tenue d'un livre des factures de vente prévu par l'article 18 du
35770 code de la TVA
36765 01-12-08 comptabilisation regroupée des factures de vente sans pour autant
tenir un détail des ventes.
36765 01-12-08 les factures de vente ne suivent pas une numérotation successive.
Au vue des cas présentés, nous pouvons conclure que les causes de rejet de
comptabilité jugées significatives sont principalement des causes de défaut de respect
des conditions de fond tel que la comptabilisation regroupée des factures de vente,
l’absence d’une numérotation successive des factures de vente ou la minoration du
chiffre d’affaires.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
A travers des cas étudiés, nous avons remarqué l’incertitude des tribunaux quant
à la possibilité de recours simultanément à la méthode comptable et aux
présomptions en cas de tenue d’une comptabilité probante. En effet, dans deux
jugements différents, le CSTO de Tunis s’est prononcé, dans un premier cas, en
faveur de l’administration fiscale (affaire 36441 du 03 décembre 2007) et dans l’autre cas
en faveur du contribuable (affaire 36152 du 31décembre 2007). Ce qui amène à toute
l’insécurité que peut éprouver le contribuable face à l’administration et au juge en
raison de l’absence d’une définition plus ou moins précise de la possibilité du recours
simultané à la comptabilité et aux éléments extracomptables.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Dans ce qui suit, nous allons présenter les méthodes de reconstitution utilisées
par l’administration dans deux tableaux selon l’appréciation du juge, c'est-à-dire selon
que le juge approuve ou rejette les méthodes utilisées par l’administration.
36330 25-12-06 Reconstitution des revenus sur la base de la rotation des stocks.
35621 17-04-06
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
38154 05-11-07 Estimation des revenus d’une pharmacie par application des taux de
marges prévus par l’arrêté des ministres de la santé et de commerce
du 29 février 1996 sur les achats des médicaments.
36441 03-12-07 Estimation des chiffres d’affaires et des revenus d’un vendeur de
pièces de rechange, respectivement, par application d’un taux de
marge de 35% sur les achats de marchandises et de 15% du chiffre
d’affaires calculés.
36766 30-05-08 Estimation de la marge moyenne sur les ventes d’un commerçant de
matériaux de construction sur la base des informations obtenues
auprès de l’UTICA et par recours à des cas similaires. (*)
(*) : Notons que, la cour d’appel du Kef a rejeté, dans une autre affaire, le recours du
contribuable à une attestation délivrée par l’UTICA pour justifier l’exagération de la
taxation d’office en considérant que « les certificats délivrés par l'UTICA ne peuvent
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
être tenus pour moyen de preuve irréfutable du fait que cet organisme n'est pas une
partie neutre »319.
35621 17-04-06 Application d’une marge brute exagérée et non fondée par
l’administration.
35668 30-10-06 Estimation basée sur des hypothèses non fondées par l’administration
(considérer que l’agriculteur loue ses tracteurs sans justification de
location)
35994 03-05-07 Estimation des revenus d’un architecte selon l’évaluation forfaitaire des
revenus prévue par l’article 22 du code de l’IRPP et de l’IS sans qu’il
opte expressément à ce régime.
38154 05-11-07 Application des taux de marge sur les achats d’une pharmacie autres
que les taux prévus par l’arrêté des ministres de la santé et de
commerce du 29 février 1996 et sans justification de la part de
l’administration des taux utilisés.
167
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
37437 25-02-08 Détermination du chiffre d’affaires d’un avocat sur la base des états
établis par l’administration à partir des registres tenus par les tribunaux
sans justifier que les états préparés sont conformes à ces registres.
L’examen des jugements ayant fait l’objet de notre recherche, nous a permis de
faire les constatations suivantes :
Par ailleurs, sur les 10 jugements objets d’annulation, 3 cas ont pour motif la
mise en cause de l’application ou l’interprétation des textes fiscaux par
l’administration fiscale et 5 cas d’annulation ont pour motif le défaut de motivation
des présomptions et des méthodes utilisées par l’administration pour l’évaluation des
revenus ou pour l’estimation des marges réalisées par le contribuable. Pour les autres
cas, soit 2 jugements, le contribuable a pu contester les méthodes de reconstitution
utilisées par l’administration.
168
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Toutefois, nous pouvons relever les efforts faits par le juge fiscal pour garantir
les droits des contribuables contrôlés. Nous pouvons constater à travers les cas
étudiés que dés la mise en cause des présomptions administratives par le
contribuable, même sans preuve irréfragables, le juge fiscal examine les moyens et les
méthodes utilisés par l’administration fiscale afin de se prononcer sur la fiabilité des
méthodes utilisées et la réalité des revenus estimés par cette dernière. C’est ce qui
explique le nombre important de jugements mettant en cause ces méthodes.
Dans ce même cadre, nous avons relevé des jugements où le tribunal corrige lui-
même la méthode utilisée par l’administration ou fixe même une nouvelle méthode. A
titre d’exemple, dans l’affaire n° 35668 du 30/10/2006, qui porte sur le redressement
d’un agriculteur, le tribunal a demandé à l’administration de refaire l’estimation des
revenus du contribuable en fixant lui-même la méthode à utiliser, sans que cette
méthode ne soit demandée par le contribuable.
169
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
A travers notre étude des arrêtés de taxation d’office et des arrêts du tribunal
administratif se retrace les pouvoirs et prérogatives excessifs dont l’administration
fiscale est dotée dans les vérifications fiscales. Des pouvoirs apparaissent, en premier
lieu au niveau de la possibilité du recours simultané aux méthodes comptables et
170
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
320 A. YAICH, « les sources et règles d’interprétation en droit fiscal », RCF n°49 année 2000.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
fraude pour y faire face. L’octroi des garanties réelles au contribuable et l’instauration
d’un régime d’imposition modéré sont les véritables solutions durables au problème
de fraude du contribuable.
C’est pourquoi nous pensons que notre système de contrôle fiscal nécessite une
mise à niveau touchant à ses aspects juridique et administratif ainsi qu’aux garanties
des contribuables.
Dans ce sens Monsieur Fayçal DERBEL suggère qu’ « une réforme de l’article 38 du
CDPF et un texte de loi précisant les cas de rejet de la comptabilité et la possibilité du recours aux
éléments extra-comptables, auront certainement pour effet de sécuriser les contribuables et de
consolider leurs garanties »321.
321 F. DERBEL, « rejet de la comptabilité et recours aux éléments extra-comptables », RCF n° 72 année 2006.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
Dans ce sens, Une lecture de l’article 38 du CDPF qui légitime le cumul entre la
méthode comptable et celle extracomptable pourrait aboutir à de graves
conséquences tant sur le plan juridique, par la marginalisation de la force probante de
la comptabilité et l’absence des garanties procédurales réglementant le contrôle des
contribuables astreints à la tenue d’une comptabilité, que sur le plan pratique en
conduisant à des taxations excessives.
Devant cette situation, on ne peut que regretter cette maladresse législative dans
un code qui se proclame code des droits des contribuables et qui constitue une
régression par rapport à la charte du contribuable.
Ainsi nous proposons de consacrer, à travers une rédaction plus précise des
articles 6 et 38 du CDPF, un traitement différencié des contribuables ayant accompli
toutes leurs obligations comptables par rapport à ceux qui ont manqué à leurs
obligations comptables ou qui ne sont pas tenus d’avoir une comptabilité.
173
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
322 Le Conseil économique et social (CES) est une institution consultative tunisienne prévue par l'article 70 de la constitution et
administrativement rattachée au Premier ministère. (Source: wikipedia.org)
323 L’avis du conseil économique et social concernant le projet de loi relatif à la promulgation du C.D.P.F., p.8. (F. KAMMOUN, « la preuve
en droit fiscal », mémoire pour l’obtention du diplôme d’études approfondies en droit des affaires, faculté de droit de Sfax, 2001-2002, p.50).
324 Voir dans ce sens les articles de Mr Fayçal derbel, « Comptabilité et vérification fiscale » RCF 2000 et « rejet de la comptabilité et
recours aux éléments extra-comptables » RCF 2006, de Mr F. CHOYAKH « l’article 38 du CDPF et la possibilité de recours
simultané aux éléments extra-comptables dans le cas d’une comptabilité régulière » RCF 2006, de Mr S. BORJI « l’opposabilité de
la comptabilité », RCF 2007, etc.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
resté muet sur ce point, favorisant ainsi, le risque des abus de l’administration qui
n’hésite pas à opérer des rejets de comptabilité abusifs et parfois infondés.
Ainsi, une intervention législative est nécessaire pour définir les cas susceptibles
d’altérer la force probante de la comptabilité et conduire par conséquence à son rejet
par l’administration.
Pour conclure, de ce qui a été ci-avant précise, nous pouvons récapituler nos
recommandations à ce sujet comme suit :
175
Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
CONCLUSION
Une comptabilité régulière possède une force probante qui suffit, en principe, à
elle seule de prouver l’exactitude des déclarations fiscales du contribuable et de
protéger par conséquence le contribuable de tous recours de la part de
l’administration à d’autres éléments hors cette comptabilité lors de l’évaluation des
bases d’imposition.
Nous avons, à cet effet, identifié dans la première partie les sources législatives,
jurisprudentielles et doctrinales de la force probante de la comptabilité et nous avons
examiné les conditions et les caractéristiques qu’une comptabilité doit remplir pour
assurer son caractère sincère et probant. Ainsi, nous avons constaté qu'il existe des
motifs décisifs pouvant altérer la sincérité et la valeur probante de la comptabilité,
résultant aussi bien des irrégularités graves de forme et de fond que des indices
d'insuffisance des chiffres déclarés.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
est sans doute l’une des prérogatives les plus exorbitantes qui puisse être donnée aux services de
contrôle fiscal »326.
Le recours abusif aux présomptions pourrait être lourd de conséquence pour les
contribuables redressés en les mettant dans des situations grave de conséquence tant
sur la situation juridique et fiscale que sur la situation financière. En effet, avec la
possibilité d’un tel recours, la situation du contribuable est affaiblie au profit de
l’administration fiscale et ce, par la marginalisation de la force probante de la
comptabilité tenue, le renversement de la charge de la preuve et l’absence d’un
traitement préférentiel pour les contribuables tenant une comptabilité régulière.
326 F. CHOUAKH, « Le recours aux éléments extracomptables dans le cadre d’une vérification fiscale approfondie », mémoire précité p.65.
327 M. BOUZID-AJROUD, « la taxation d’office en droit tunisien », thèse pour le doctorat en droit, p.305.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
328 M. BALTUS, « morale fiscale et renversement du fardeau de la preuve », in réflexion offertes à Paul Sibille, (étude de fiscalité),
établissement Emile Bruylant, 1981.
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
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BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages
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Thèses et mémoires
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Le recours aux éléments extracomptables dans les opérations de vérifications fiscales : Quel impact sur la valeur probante de la comptabilité ?
- A.YAICH, « les sources et règles d’interprétation en droit fiscal », RCF n°49, 2000.
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- S. BORGI, « En présence d’une comptabilité reconnue pour régulière, point n’est laissé à
l’extra-comptable », RCF n°68, Printemps 2005.
- Code de l'Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques et de l'Impôt sur les
Sociétés.
- Code de la TVA.
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Sites internet
- www.memoireonline.com
- www.bibliotique.com
- www.légifrance.gouv.fr
- www.profiscal.com
- www.wikipedia.org
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