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European Foundation for Quality Management;
tableau de bord stratégique. Il s’agit d’une PME dans le secteur de la
distribution, filiale d’un groupe international, dans lequel le BSC a ensuite été
repris par une assistante commerciale. Après un an de maquette et de
paramétrage simple avec des outils bureautiques, le BSC est maintenant
présenté à l’ensemble des dirigeants et, surtout, le président utilise les quatre
perspectives du BSC pour communiquer toutes les impulsions opérationnelles
ou stratégiques données à ses équipes.
Tout cela nous amène à réfléchir non seulement au tableau de bord, à son contenu
mais aussi à sa conception, à sa diffusion et à son utilisation. Ces éléments font bien
passer la discussion dans l’entreprise de la question de l’outil à l'utilisation qu'elle
veut en faire. Ainsi, à partir du même outil, il est possible de dégager trois niveaux
d’utilité du Balanced Scorecard. Le chef de projet, avec la direction générale, doit
préciser le niveau à mettre en place.
Un tel tableau de bord doit permettre de bien mesurer le chemin à parcourir pour
atteindre des objectifs stratégiques. Son rôle est indiscutable. Le budget, les
tableaux de bord mensuels sont, eux, orientés court terme ; ils mesurent plus un suivi
de l’activité, des écarts par rapport aux budgets, mais sont inaptes à mesurer des
progrès, des marges portant sur des avantages concurrentiels. La pratique française
des tableaux de bord est très importante sur la première catégorie des indicateurs de
suivi d’activité, elle l'est beaucoup moins sur les indicateurs de progrès, de marges
de progression, sur les endroits d’excellence où l’entreprise cherche à se créer des
avantages concurrentiels.
Dans tous les cas, le Balanced Scorecard, tableau de bord des managers ou tableau
de bord stratégique… peut être présenté à deux niveaux :
• le tableau de bord qui recense les dix à vingt indicateurs fondamentaux de
l’entreprise : son apport est la synthèse des informations que l’entreprise
produit mais il ne passe pas nécessairement au deuxième niveau ;
• le deuxième niveau consiste à intégrer dans une même synthèse des
indicateurs fondamentaux de suivi d’activité et de nouveaux indicateurs
susceptibles de mesurer le progrès nécessaire pour atteindre des objectifs
stratégiques.
Cela nous conduit au troisième niveau, qui est d’insérer le Balanced Scorecard dans
un plan d’actions beaucoup plus large, que l’on peut appeler conduite de la stratégie.
L’expérience montre que les opérationnels sont "positionnés" dans l’entreprise dans
une direction où les missions sont assez clairement définies. En revanche, ces
opérationnels perçoivent assez difficilement les objectifs stratégiques. Autrement dit,
en posant la question : "Quelles sont les missions de votre service ?", on obtient des
réponses relativement précises et homogènes. Mais à la deuxième question : "Quelle
est votre contribution à la réalisation des objectifs de l’entreprise ?", les réponses
sont beaucoup plus difficiles à obtenir, car la formalisation de ces objectifs est
générale et les actions de communication réalisées dans l’entreprise ne permettent
pas de relier les axes stratégiques aux préoccupations quotidiennes des
opérationnels.
Pourquoi est-il difficile de sortir de ce schéma trop simple ? L’entreprise doit pouvoir
surmonter des tabous sur le secret professionnel qui font qu’elle limite la diffusion
des informations de nature stratégique ou sur la capacité de ses ressources
humaines à comprendre des informations complexes mais vulgarisées. En théorie,
tout le monde est d'accord sur la nécessité de donner du sens au travail et à la
stratégie. Conduire la stratégie, c’est donc la partager dans des proportions bien plus
importantes que ce que l’on voit généralement, en incluant aussi la vision des
marchés sur lesquels l’entreprise veut gagner, leurs évolutions probables, les
menaces, les opportunités et les risques. Toutes ces informations sont
indispensables pour faire comprendre les plans d’action, donner du sens aux
décisions, les justifier et obtenir plus d’autonomie et d’initiatives des personnes. Je
n’ai jamais vu d’expérience dans laquelle l’entreprise qui a surmonté ces
interrogations n’ait pas gagné en autonomie et initiatives des hommes. Il faut de plus
penser au déséquilibre qui peut exister dans la perception de l’environnement entre
les personnes en front office, pour lesquelles le contact avec les clients alimente les
évolutions, le sens, la motivation et les autres, pour lesquelles les impulsions
viennent de la communication, mais aussi de ce que les managers acceptent de
partager.
Les conditions pour passer d’un niveau à l’autre sont clairement identifiées. Pour
passer au niveau 2, les dirigeants doivent rééquilibrer le long terme et le court terme.
Pour passer au niveau 3, il faut revoir la conception du management.
Ce rôle est bien entendu fondamental et cela dans les trois niveaux, mais passer du
premier au deuxième peut être réglé par l’acquisition de connaissances de la
fonction finance en termes de stratégie. Les chefs de projet Balanced Scorecard
peuvent ainsi découvrir que la formalisation de la stratégie mérite d’être précisée ou
qu’elle est limitée par un horizon trop court.