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Fiches d'orientation

Droit pénal du travail | Septembre 2021


Définition
Le droit pénal du travail regroupe l'ensemble des dispositions répressives relatives aux relations
individuelles et collectives de travail, annexées à des textes législatifs ou règlementaires.

Textes :
 Loi n° 97-210 du 11 mars 1997 relative au renforcement de la lutte contre le
travail illégal.
 Loi n° 2000-37 du 19 janvier 2000 relative à la réduction négociée du temps
de travail (infractions pénales relatives à la durée du travail et au repos).
 Loi n° 2001-1066 du 16 novembre 2001 relative à la lutte contre les
discriminations.
 Loi n° 2003-239 du 18 mars 2003 pour la sécurité intérieure.
 Loi n° 2007-291 du 5 mars 2007 tendant à renforcer l'équilibre de la procédure
pénale.
 Ordonnance n° 2007-329 du 12 mars 2007 relative au code du travail.
 Loi n° 2008-67 du 21 janvier 2008 ratifiant l'ordonnance n° 2007-329 du 12
mars 2007 relative au code du travail.
 Loi n° 2013-711 du 5 août 2013 portant diverses dispositions d'adaptation
dans le domaine de la justice (travail forcé et réduction en servitude).

Sommaire
1. Les infractions en droit pénal du travail
1.1 Infractions relatives à l'hygiène, à la santé et à la sécurité
1.2 Le travail illégal
1.3 Les entraves
1.4 Les atteintes à la dignité
2. La responsabilité en droit pénal du travail
2.1 Responsabilité pénale des personnes physiques
2.2 Responsabilité pénale des personnes morales
2.3 Concours d'instances prud'homale et pénale
Bibliographie

1. Les infractions en droit pénal du travail

1.1 Infractions relatives à l'hygiène, à la santé et à la


sécurité
Les articles L. 4111-1 à L. 4811-1 code du travail rassemblent les dispositions relatives à l'hygiène, à la santé
et à la sécurité des travailleurs. Ces règles sont assorties de sanctions pénales (C. trav., art. L. 4741-1 à L.
4741-14).
L'article L. 4741-1 du code du travail prévoit comme sanction une amende de 10 000 € pour la
méconnaissance, par sa faute personnelle, de l'employeur ou son délégataire des dispositions relatives à
l'hygiène, à la santé et à la sécurité des salariés. Ces dispositions concernent notamment le lieu de travail, les
équipements et protections, la prévention des risques d'exposition, et l'organisation des services de santé au
travail.
Les sanctions sont appliquées autant de fois qu'il y a de salariés de l'entreprise concernés par la ou les
infractions (C. trav., art. L. 4741-1).

1.2 Le travail illégal

Le travail illégal constitue un ensemble de fraudes majeures à l'exercice d'une activité professionnelle et à
l'emploi de salariés. Il regroupe les 5 infractions suivantes (C. trav., art. L. 8211-1) :
- le travail dissimulé (emploi de salariés non déclarés) ;
- le marchandage ;
- le prêt illicite de main-d'œuvre ;
- l'emploi irrégulier de travailleurs étrangers (sans titre de travail) ;
- le cumul irrégulier d'emplois.

1.2.1 Le travail dissimulé

Le travail dissimulé est constitué soit par la dissimulation intentionnelle d'une activité, exercée à titre
indépendant et dans un but lucratif, en violation d'obligations commerciales, fiscales ou sociales , soit par la
dissimulation intentionnelle de tout ou partie de l'emploi salarié (C. trav., art. L. 8221-3).
Il s'agit d'un délit relevant de la compétence du tribunal correctionnel. L'auteur est le responsable de l'activité
économique exercée de façon illicite, en nom propre ou en société, ou l'employeur qui ne déclare pas ses
salariés.
Toutefois, sont exclus les travaux d'urgence qui doivent être immédiatement exécutés pour prévenir des
accidents imminents ou organiser des mesures de sauvetage.

1.2.2 Marchandage

Le marchandage consiste à fournir de la main-d'œuvre. Il peut y avoir en plus de cette fourniture, une
livraison d'outillage, d'équipements, de matériel ou de matériaux, à la différence du prêt de main-d'œuvre
illicite qui est exclusif.
Les éléments constitutifs du marchandage sont les suivants (C. trav., art. L. 8231-1) :
- l'existence d'une opération de fourniture de main-d'œuvre à but lucratif ;
- causant un préjudice au salarié fourni ;
- ou éludant l'application de la loi, du règlement ou de la convention collective.
Un lien de causalité suffisamment direct doit être établi entre l'élément matériel (la fourniture de main-d'œuvre
à but lucratif) et l'effet produit de façon alternative, soit un préjudice subi par le salarié fourni, soit le fait
d'éluder la loi, le règlement ou la convention collective applicable.
Le délit de marchandage se cumule souvent avec le délit de travail dissimulé, le délit d'emploi d'étranger sans
titre de travail et/ou le délit d'aide à l'entrée, au séjour et à la circulation des étrangers en France et le délit
d'abus de vulnérabilité.

1.2.3 Le prêt illicite de main-d'œuvre

Cette infraction est composée d'un prêt de main-d'œuvre, à savoir, la mise à disposition de travailleurs
placés sous le contrôle d'une autre entreprise.
Plusieurs critères permettent de déterminer la légalité de l'opération, notamment, l'encadrement des
travailleurs, l'origine des directives, l'établissement des conditions de travail, la fourniture du matériel et, les
conditions de facturation de la prestation dont bénéficie l'utilisateur.
Il faut que l'opération consiste exclusivement en un prêt de main-d'œuvre. Il s'agit de la situation dans
laquelle la mise à disposition de personnel est exclusive de toute autre prestation.
Enfin, il faut que l'opération ait un but lucratif résultant de la recherche d'un profit par le prêteur de la main-
d'œuvre ou par l'utilisateur.
Lorsque ces conditions sont réunies, l'opération de prêt de travailleurs entre l'employeur qui prête son
personnel et l'utilisateur constitue le délit de prêt illicite de main-d'œuvre.
1.2.4 L'emploi irrégulier de travailleurs étrangers (sans titre de travail)

Nul ne peut, directement ou indirectement, embaucher, conserver à son service ou employer pour quelque
durée que ce soit un étranger non muni du titre l'autorisant à exercer une activité salariée en France. Il est
également interdit à toute personne d'engager ou de conserver à son service un étranger dans une
catégorie professionnelle, une profession ou une zone géographique autres que celles qui sont
mentionnées, le cas échéant, sur le titre l'autorisant à exercer une activité salariée en France (C. trav.,
art. L. 8251-1).
L'employeur est également tenu de s'assurer auprès des administrations territorialement compétentes de
l'existence du titre autorisant l'étranger à exercer une activité salariée en France.

1.2.5 Le cumul irrégulier d'emplois

Le cumul d'emplois est le fait pour une personne d'occuper plusieurs emplois en qualité de salarié ou de
travailleur indépendant.
Il existe donc deux situations distinctes :
• Le cumul d'emplois salariés.
Le cumul n'est pas interdit, sauf en présence d'une clause de non-concurrence ou d'exclusivité prévue par le
contrat de travail. Le cumul d'emploi est limité par les durées maximales de travail et minimales de repos
prévues par le code du travail. Ces durées doivent être respectées, quels que soient le nombre d'employeurs
et la durée du travail de chaque contrat.
• Le cumul d'emplois de salarié et de travailleur indépendant.
Le cumul d'un emploi salarié dans le secteur privé et d'un emploi exercé en qualité de travailleur indépendant
n'est pas réglementé. Les restrictions pouvant exister sont les mêmes que pour le cumul d'emploi salarié, à
savoir l'existence d'une clause de non-concurrence ou d'exclusivité prévue par un contrat de travail.

1.3 Les entraves

L'incrimination des entraves propres au monde du travail a pour objectif de protéger toutes les institutions
dont le rôle est d'intervenir au sein de l'entreprise.
Le délit d'entrave est constitué par le simple fait de porter atteinte de quelque manière que ce soit, par action
ou par omission, à la constitution d'une instance représentative du personnel, à ses prérogatives ou à son
fonctionnement.
Il se compose donc :
- D'un élément légal, à savoir l'existence d'un texte réprimant l'entrave. Il en existe une variété dans le
code du travail.
- D'un élément matériel, à savoir la commission d'une infraction, qui peut être une action ou une omission,
continue ou instantanée.
- D'un élément intentionnel, à savoir la volonté d'accomplir l'acte interdit. Celui-ci est présumé à partir de
la constatation de l'élément matériel, le juge considérant que le fait d'avoir accompli un tel acte impliquait
une intention coupable.
Les délits d'entrave peuvent porter atteinte au fonctionnement de nombreuses instances ainsi qu'aux
membres qui les composent :
- Comité social et économique (C. trav., art. L. 2317-1) ;
- Les délégués syndicaux (C. trav., art. L. 2146-1) ;
- Les conseillers prud'hommes (C. trav., art. L. 1443-1) ;
- Les inspecteurs et contrôleurs du travail (C. trav., art. L. 8114-1).
Le fait de porter ou de tenter de porter atteinte à l'exercice régulier de leurs fonctions ou à leur
fonctionnement régulier est puni d'une amende de 7 500 €.

1.4 Les atteintes à la dignité

Toute forme d'asservissement ou de dégradation de la personne constitue une atteinte à la dignité humaine.
Il y a plusieurs infractions dans le code pénal visant la protection de la dignité :
- La discrimination ;
- La traite des travailleurs ;
- L'obtention de services non rétribués par l'abus de vulnérabilité ;
- La soumission à des conditions de travail ou d'hébergement contraires à la dignité du travailleur ;
- Le travail forcé et la réduction en servitude ;
- Le harcèlement, sexuel ou moral.

1.4.1 Les discriminations

L'article 225-1 du code pénal définit la discrimination comme toute distinction opérée entre les personnes
physiques à raison de motifs limitativement énumérés : origine, sexe, situation de famille, grossesse,
apparence physique, patronyme, état de santé, handicap, caractéristiques génétiques, mœurs, orientation
sexuelle, âge, opinions politiques, activités syndicales, appartenance ou non-appartenance, vraie ou
supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée.
La discrimination est punie de 3 ans d'emprisonnement et de 45 000 € d'amende lorsqu'elle consiste
notamment à :
- refuser la fourniture d'un bien ou d'un service ;
- entraver l'exercice normal d'une activité économique quelconque ;
- refuser d'embaucher, à sanctionner ou à licencier une personne ;
- subordonner la fourniture d'un bien ou d'un service à une condition fondée sur l'un de ces motifs ;
- subordonner une offre d'emploi, une demande de stage ou une période de formation en entreprise à une
condition fondée sur l'un de ces motifs.

1.4.2 La traite des travailleurs

La loi du 18 mars 2003 a créé l'article 225-4-1 du code pénal sur la traite des travailleurs. Elle a été
complétée par une loi du 5 août 2013 qui a adapté le droit pénal français aux exigences européennes
(directive du 5 avril 2011 relative à la traite des êtres humains).
La traite des êtres humains est le fait, en échange d'une rémunération ou de tout autre avantage ou d'une
promesse de rémunération ou d'avantage, de recruter une personne, de la transporter, de la transférer, de
l'héberger ou de l'accueillir, pour la mettre à sa disposition ou à la disposition d'un tiers, même non identifié,
afin soit de permettre la commission contre cette personne des infractions de proxénétisme, d'agression ou
d'atteintes sexuelles, d'exploitation de la mendicité, de conditions de travail ou d'hébergement contraires à sa
dignité, soit de contraindre cette personne à commettre tout crime ou délit.
Elle est punie de sept ans d'emprisonnement et de 150 000 € d'amende.

1.4.3 L'obtention de services non rétribués par l'abus de vulnérabilité

Le fait d'obtenir d'une personne, dont la vulnérabilité ou l'état de dépendance sont apparents ou connus de
l'auteur, la fourniture de services non rétribués ou en échange d'une rétribution manifestement sans rapport
avec l'importance du travail accompli est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 150 000 € d'amende.

1.4.4 La soumission à des conditions de travail ou d'hébergement contraires à la


dignité du travailleur

Le fait de soumettre une personne, dont la vulnérabilité ou l'état de dépendance sont apparents ou connus de
l'auteur, à des conditions de travail ou d'hébergement incompatibles avec la dignité humaine est puni de cinq
ans d'emprisonnement et de 150 000 € d'amende.

1.4.5 Le travail forcé et la réduction en servitude

Le travail forcé est le fait, par la violence ou la menace, de contraindre une personne à effectuer un travail
sans rétribution ou en échange d'une rétribution manifestement sans rapport avec l'importance du travail
accompli. Il est puni de sept ans d'emprisonnement et de 200 000 € d'amende.
La réduction en servitude est le fait de faire subir, de manière habituelle, l'infraction prévue à l'article 225-14-1
à une personne dont la vulnérabilité ou l'état de dépendance sont apparents ou connus de l'auteur. Elle est
punie de dix ans d'emprisonnement et de 300 000 € d'amende.

1.4.6 Le harcèlement, sexuel ou moral

Aux termes de l'article L. 1152-1 du code du travail, le harcèlement moral est constitué par des agissements
répétés envers un salarié qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de travail
susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d'altérer sa santé physique ou mentale ou de
compromettre son avenir professionnel.
Selon l'article L. 1153-1 du code du travail, le harcèlement sexuel est constitué par des propos ou
comportements à connotation sexuelle répétés qui soit portent atteinte à la dignité du salarié en raison de leur
caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.
Toute forme de pression grave, même non répétée, exercée dans le but réel ou apparent d'obtenir un acte de
nature sexuel, que celui-ci soit recherché au profit de l'auteur des faits ou au profit d'un tiers, est également
constitutive de harcèlement sexuel.

2. La responsabilité en droit pénal du travail

2.1 Responsabilité pénale des personnes physiques

Le salarié tout comme l'employeur peuvent commettre des infractions au cours de leurs relations de travail et
voir leur responsabilité engagée.

2.1.1 Responsabilité pénale du salarié

Le salarié peut voir sa responsabilité engagée pour des infractions commises dans le cadre de son travail
dans un nombre de cas limités.
Le salarié peut engager sa responsabilité s'il commet une infraction de droit commun (contre les personnes
ou contre les biens) dans le cadre de l'exécution de son contrat de travail. L'infraction doit lui être
personnellement imputable. L'ordre ou les instructions du supérieur hiérarchique n'exonèrent pas le salarié de
sa responsabilité pénale (Crim., 13 mars 1997, n° 96-81.081).
En cas d'atteintes involontaires à la vie ou à l'intégrité d'autrui, le salarié engage sa responsabilité s'il a
commis une faute en relation avec l'accident.
La responsabilité pénale du salarié peut également être engagée :
- en cas de violation de secrets de fabrication (C. trav., art. L. 1227-1) ;
- en cas de délit de corruption (C. pén., art. 445-1 et 445-2).
La responsabilité est liée au pouvoir dans l'entreprise, pouvoir de faire respecter la réglementation concernant
la sécurité du travail ainsi va-elle peser sur celui qui le détient, le chef d'entreprise, ou sur celui qui se l'est vu
transmettre, le délégataire. Le personnel de l'entreprise ne peut donc être poursuivi pour non-respect de la
règlementation relative à la sécurité du travail.
Le salarié titulaire d'une délégation de pouvoir peut engager sa responsabilité pénale, au lieu et place de
l'employeur, en cas d'infractions à la législation sociale dans le domaine de la délégation.

2.1.2 Responsabilité pénale du chef d'entreprise

La personne physique qui assure la direction effective de l'entreprise est considérée comme responsable.
Peut également être responsable le dirigeant de fait, qualité attribuée par la jurisprudence à la personne qui
détient le pouvoir dans l'entreprise (même si elle n'est pas investie d'une fonction de gestion) à la place du
dirigeant de droit. Le dirigeant de fait engage sa responsabilité en cas d'infraction aux règles d'hygiène et de
sécurité.
Lorsque le chef d'entreprise est poursuivi sur le fondement des dispositions du code du travail, seule sa
responsabilité ou celle de son délégataire sera recherchée.
Lorsque les poursuites se fondent sur le code pénal, le chef d'entreprise, son délégataire, ou toute personne
ayant commis une faute en lien avec le dommage peuvent voir leur responsabilité recherchée.

2.1.3 Causes d'irresponsabilité du chef d'entreprise

Il existe plusieurs causes d'irresponsabilité du chef d'entreprise.

2.1.3.1 La délégation de pouvoir

La délégation de pouvoir peut exonérer le chef d'entreprise de sa responsabilité pénale. En effet, lorsque la
validité de la délégation est admise par les juges, le délégataire sera pénalement responsable des infractions
commises dans le cadre de son autorité.

2.1.3.2 L'autorisation de la loi ou le commandement de l'autorité légitime

Lorsque l'acte est prescrit ou autorisé par des dispositions législatives ou réglementaires ou par le
commandement de l'autorité légitime (l'acte est commandé par l'autorité légitime qui doit être une autorité
publique), le chef d'entreprise peut s'exonérer de sa responsabilité (C. pén., art. 122-4).

2.1.3.3 L'état de nécessité


N'est pas pénalement responsable la personne qui, face à un danger actuel ou imminent qui menace elle-
même, autrui ou un bien, accomplit un acte nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du bien, sauf s'il y
a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la menace (C. pén., art. 122-7).

2.1.3.4 L'erreur sur le droit

L'erreur sur le droit, prévue à l'article 122-3 du code pénal, exonère également l'employeur de sa
responsabilité : « N'est pas pénalement responsable la personne qui justifie avoir cru, par une erreur sur le
droit qu'elle n'était pas en mesure d'éviter, pouvoir légitimement accomplir l'acte ». L'erreur sur le droit
nécessite que la personne poursuivie justifie avoir cru, par une erreur de droit qu'elle n'était pas en mesure
d'éviter, pouvoir légitimement accomplir le fait reproché. Le prévenu doit être de bonne foi.
Il est à noter que la tolérance de l'administration ne constitue, en aucune manière, une cause
d'irresponsabilité.

2.1.3.5 La contrainte

Prévue par l'article 122-2 du code pénal, la contrainte a pour effet d'effacer la volonté du prévenu et de
l'amener, malgré lui, à commettre une infraction. L'événement invoqué comme contrainte doit présenter trois
caractéristiques : être imprévisible, irrésistible et extérieur à la personne qui l'invoque.

2.1.3.6 La faute de la victime

La faute de la victime peut exonérer le chef d'entreprise à la condition que la faute de la victime ait été la
cause unique et exclusive de l'accident.

2.1.3.7 La faute du tiers

La faute d'un tiers ne peut exonérer l'employeur que si elle constitue la cause unique et exclusive du
dommage.

2.2 Responsabilité pénale des personnes morales

Toutes les personnes morales, excepté l'État, peuvent être déclarées pénalement responsables selon l'article
121-2 du code pénal. Sont concernées toutes les personnes morales de droit privé, qu'elles aient un but
lucratif (sociétés commerciales ou civiles, GIE) ou non lucratif (associations, syndicats, institutions
représentatives du personnel).
Pour qu'une infraction, commise par une personne physique, puisse engager la responsabilité de la personne
morale, deux conditions sont requises. D'une part, cette personne physique doit être un organe ou un
représentant de la personne morale, d'autre part, elle doit avoir commis l'infraction pour le compte de celle-ci
(Crim., 6 mai 2014, n° 13-81.406, n° 1630, F - P + B + I, Crim., 6 mai 2014, n° 13-82.677, n° 2032, FS - P + B
+ I, Crim., 6 mai 2014, n° 12-88.354, n° 2030, FS - P + B + I, Crim., 2 sept. 2014, n° 13-83.956, n° 3469, F - P
+ B + I).
Sont considérés comme des organes : le président, le gérant, le directeur, le conseil d'administration, le
conseil de surveillance. Le chef d'entreprise peut, par son action, engager la responsabilité de la personne
morale.
Pour engager la responsabilité pénale d'une société, les juges recherchent si les manquements relevés
résultent de l'abstention d'un des organes ou représentants de la société concernée, mais aussi s'ils ont été
commis pour le compte de cette société. Lorsque l'organe ou le représentant agit pour son propre compte ou
pour son intérêt personnel, la responsabilité de la personne morale n'est pas engagée.
La société ne peut s'exonérer de sa responsabilité en invoquant l'absence de son représentant au moment
des faits. Par ailleurs, peu importe que son représentant ne travaille pas sur le site où ont eu lieu les faits
(Crim., 31 oct. 2017, n° 16-83.683, n° 2471, FS - P + B).
L'article 121-2, alinéa 3, du code pénal a posé le principe d'une responsabilité cumulative. Les juges ont donc
la possibilité de condamner soit la seule personne morale, soit la personne morale et la personne physique.
L'article 131-37 du code pénal prévoit que les personnes morales encourent, au titre de leur responsabilité
pénale, une peine d'amende, soit l'infraction commise. Son montant est fixé par l'article 131-38 du code
pénal : la personne morale encourt une amende égale au quintuple de celle prévue par la loi pour l'infraction
commise.
Il existe des peines alternatives en effet, pour les contraventions de la 5e classe, l'amende peut être
remplacée par d'autres peines comme l'interdiction, pour une durée d'un an, d'émettre des chèques, la
confiscation de la chose qui a servi ou était destinée à commettre l'infraction ou de la chose qui en est le
produit ainsi que la sanction-réparation.
Il existe par ailleurs des peines complémentaires pour les personnes morales (C. pén., art. 131-43).

2.3 Concours d'instances prud'homale et pénale

La règle selon laquelle « le pénal tient le civil en l'état » obligeait le juge civil à surseoir à statuer en attendant
la décision du juge pénal et avait pour conséquence de retarder l'issue des procès. La loi du 5 mars 2007 a
modifié l'article 4 du code de procédure pénale en restreignant sa portée. Ainsi, selon cet alinéa 3, « La mise
en mouvement de l'action publique n'impose pas la suspension du jugement des autres actions exercées
devant la juridiction civile, de quelque nature qu'elles soient, même si la décision à intervenir au pénal est
susceptible d'exercer, directement ou indirectement, une influence sur la solution du procès civil ».
Cependant, si l'alinéa 3 de l'article 4 du code de procédure pénale dans sa rédaction issue de la loi n° 2007-
291 du 5 mars 2007 n'impose pas la suspension du jugement des actions autres que celles de la partie civile,
il ne prive par les juges du fond de la possibilité de prononcer un sursis à statuer dans l'exercice de son
pouvoir discrétionnaire (Soc., 17 sept. 2008, n° 07-43.211).
En cas de condamnation pénale, l'autorité de la chose jugée au pénal s'impose au juge prud'homal, mais
seulement en ce qui concerne la réalité matérielle des faits. Ainsi, le juge prud'homal conserve la possibilité
d'apprécier la gravité de la faute au regard de l'exécution du contrat de travail pour en déduire que les faits ne
constituent pas une faute grave (Soc., 3 mars 2004, n° 02-41.583).

BibliographiePour consulter les documents de la bibliographie, veuillez passer votre souris sur le fonds
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Encyclopédies
 Répertoire travail, Droit pénal du travail, par Agnès Cerf-Hollender, nov. 2018
 Répertoire travail, Inspection du travail, par Yves Calvez, Anouk Lavaure, janv. 2018

Revues Dalloz
Articles de références
 Chronique de droit pénal social, R. Salomon, Dr. soc. 2021. 726
 Chronique de droit pénal social (seconde partie), R. Salomon, Dr. soc. 2021. 170
 Chronique de droit pénal social (première partie), R. Salomon, Dr. soc. 2021. 41
 Chronique de droit pénal social, R. Salomon, Dr. soc. 2020. 641
 Le risque pénal dans les opérations de fourniture de main-d'œuvre, C. Robaczewski,
Dr. soc. 2020. 557
 Chronique de droit pénal social, R. Salomon, Dr. soc. 2020. 550
 La responsabilité pénale de l'employeur, H. Matsopoulou, Dr. soc. 2020. 343
 La justification des faits de discrimination en droit pénal, S. Detraz, Dr. soc. 2020.
315
 Chronique de droit pénal social, R. Salomon, Dr. soc. 2020. 168
 Chronique de droit pénal social, R. Salomon, Dr. soc. 2019. 775
 La violation de l'accord sur le droit syndical et le délit d'entrave, F. Duquesne, D.
2019. 1527
 Chronique de droit pénal social, R. Salomon, Dr. soc. 2019. 76
 Le manque de pertinence du régime répressif du harcèlement moral au travail, R.
Mesa, RDT 2019. 87
 Chronique de droit pénal social, R. Salomon, Dr. soc. 2018. 857
 Chronique de droit pénal social, R. Salomon, Dr. soc. 2018. 187
 Faute détachable du dirigeant social : maintien de la jurisprudence de la chambre
criminelle, R. Salomon, D. 2018. 1128
 Chronique de droit pénal social, R. Salomon, Dr. soc. 2018. 857
 Violences sexuelles au travail : la soumission du juge du travail au juge pénal ne peut
plus durer, L. Ignace, M. Baldeck, RDT 2017. 60
 Des nouveaux rapports du système d'inspection du travail avec le parquet et les
juges, P. Auvergnon, T. Kapp, Dr. soc. 2017. 657
 Les amendes administratives en droit du travail après l'ordonnance du 7 avril 2016, L.
Vilboeuf, Dr. soc. 2017. 432
 Le nouveau droit répressif du travail : sanctionner sans pénaliser ?, N. Tomi, Dr. soc.
2017. 436
 Inspection du travail et répression, L. Gamet, Dr. soc. 2017. 439
 Dossier : Le droit du travail, ses juges et ses sanctions, Dr. soc. 2017. 384
 Chronique de droit pénal social, R. Salomon, Dr. soc. 2017. 774
 Abécédaire 2013- 2016 du contentieux de droit pénal du travail de la 31e chambre du
TGI de Paris, E. Sire-Marin, Dr. soc. 2017. 445
 Chronique de droit pénal social (2e partie), R. Salomon, Dr. soc. 2017. 235
 Chronique de droit pénal social (1re partie), R. Salomon, Dr. soc. 2017. 145
 Droit pénal social - Droit pénal du travail et de la sécurité sociale, Dr. soc. 2017. 275

Ouvrages feuilletables
Cours
 Droit du travail 2021, Droit privé, 7e éd., 2020

Grands arrêts
 Les grands arrêts du droit du travail, Jean Pélissier/Antoine Lyon-Caen/Antoine
Jeammaud/Emmanuel Dockès, Grands arrêts, 4e éd., 2008

HyperCours
 Droit du travail 2021, Droit privé, 14e éd., 2020

Mémentos
 Droit du travail 2021 (Édition 2021), Droit privé, 3e éd., 2020

Université
 Droit du travail, Bernard Gauriau/Michel Miné, Droit privé, 4e éd., 2020

Étude (DP)
Social

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