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Marouan EL-LAMRANI/FGO

La différence entre le constructivisme et l'interprétativisme

Dans les sciences de gestion, trois paradigmes épistémologiques dominent la production de connaissances : le
paradigme positiviste, le paradigme interprétativiste et le paradigme constructiviste. Dans cette fiche de lecture
nous allons concentrer nos recherches sur la différence entre les constructivistes et interprétativistes.

L’interprétativisme :1
L’intreprétativisme stipule que ce qui est connaissable relève de l’expérience et du vécu de l’individu. Il
postule aussi, que la connaissance produite est inséparable du sujet connaissant vis-à-vis des phénomènes
perçus dans la mesure où nous n’en pourrons faire que des représentations. De même, la troisième hypothèse
de nature téléologique stipule que la production de la connaissance dépend de l’environnement, des pensées
et les actions des individus guidées par les intentions et les finalités de ces derniers.

Le constructivisme :
L’idée du constructivisme est que les faits étudiés sont construits par les interprétations du chercheur et des
acteurs, et que d’autres chercheurs et d’autres acteurs auraient pu les construire différemment. En ce sens, tout
est donc subjectif ou du moins contingent à un groupe social. La réfutation très simple de ce point de vue a
été donnée par Nagel : si la phrase « tout est subjectif » est vraie, alors cette phrase est une vérité objective,
donc elle est fausse (Boghossian, 2009, pp. 65-66).
Il y a essentiellement deux paradigmes épistémologiques constructivistes dont les hypothèses fondatrices sont
explicitées et tenues pour plausibles. L'un a principalement été conceptualisé par des chercheurs issus du
champ des sciences de l'éducation, comme Guba et Lincoln (1989). L'autre, fruit de la conceptualisation par
une équipe interdisciplinaire se plaçant dans le prolongement des travaux pionniers de Piaget, a été qualifié
de radical par Glasersfeld (1988, 2005).
Pour définir leur conception du paradigme épistémologique constructiviste, Guba et Lincoln (1989)
introduisent trois niveaux ou ordres de questionnement : ontologique, épistémologique et méthodologique.
Ils font alors observer qu'il n'y a pas, pour ces questions, de réponse unique ou dont on peut faire la preuve, et
qu'un paradigme constitue justement un ensemble de réponses à ces questions. Ils considèrent que si le
paradigme positiviste a dominé au cours des siècles derniers, le paradigme constructiviste, - identifié avec les
paradigmes naturaliste, herméneutique ou interprétatif (avec de très légères nuances qui ne sont pas précisées
)-, a émergé comme un concurrent sérieux et successeur logique du paradigme positiviste. La conception du
paradigme épistémologique constructiviste qu'ils défendent repose sur trois hypothèses fondatrices (Figure 1)
relevant des trois niveaux mis en exergue plus haut.2
Au sujet du paradigme épistémologique constructiviste radical, Glasersfeld explique, en 1988, que : « Le
constructivisme radical est radical parce qu'il rompt avec la convention, et développe une théorie de la

1 Revue Interdisciplinaire Vol1, n°2 (2016) - « Eléments de Réflexion sur les Positionnements Epistémologiques et Méthodologiques en Sciences de Gestion »
2 Méthodologie de la recherche Réussir son mémoire ou sa thèse en sciences de gestion – marie laure gavard-perret.
connaissance dans laquelle la connaissance ne reflète pas une réalité ontologique 'objective', mais concerne
exclusivement la mise en ordre et l'organisation d'un monde constitué par notre expérience. » Pour cet
auteur, la connaissance ne prétend pas refléter un réel ontologique « objectif » parce qu'aucun humain ne sait
si un tel réel existe, ni, s'il existe, s'il est alors connaissable. En 2005, il précise avoir utilisé l'épithète «
radical » comme James (1912/1976) dans l'expression « empirisme radical » pour signifier « allant aux
racines », « intransigeant ».2

Figure 1 Comparaison des deux principaux paradigmes épistémologiques constructivistes


La différence entre le constructivisme et l’interprétativisme
- Ci-dessous un tableau comparatif sur le positionnement épistémologique de ces concepts

Figure 2: Positions épistémologiques des paradigmes positiviste, interprétativiste et constructiviste 3

Dans ce tableau comparatif on constate que le paradigme interprétativiste a plusieurs similarités avec le
paradigme constructivisme modéré (Guba et Lincoln).

3 Thiétart R.-A., 2003, p. 14.

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