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Les valeurs usuelles, indépendantes de l’âge et du sexe,

Chromogranine A sont inférieures à 100 ng/ml. En dehors des tumeurs


neuroendocriniennes, des augmentations non spéci-
fiques de la CgA ont été observées chez les sujets atteints :
La famille des chromogranines regroupe 3 glyco- • d’hypertension : quelle qu’en soit la cause ;
protéines solubles acides localisées dans les granules de
sécrétion des cellules endocrines et neuroendocrines : • d’insuffisance rénale chronique : par diminution de la
clairance rénale à des taux identiques à ceux des
• la chromogranine A (CgA) : c’est une protéine de tumeurs endocrines ;
439 acides aminés (49 kDa) codée par un gène pré-
• d’insuffisance cardiaque ou d’infarctus : le taux, pro-
sent sur le chromosome 14 ;
portionnel à la sévérité de la maladie, peut atteindre
• les chromogranines B et C ont été isolées plus tardi- 10 fois la normale ;
vement. • de gastrite chronique ou de patients sous traitement
La CgA est présente en grande quantité dans la par inhibiteurs de pompe à protons ;
médullosurrénale, où elle représente le constituant prin- • d’insuffisance hépatique ;
cipal des granules denses sécrétant les catécholamines
avec lesquelles elle est excrétée. La CgA serait une pro- • d’hyperparathyroïdie primitive ou d’hyperplasie des
hormone, précurseur de peptides biologiquement actifs cellules C thyroïdiennes.
et régulant la sécrétion des hormones corésidentes. Son Les principales tumeurs susceptibles de produire de la
clivage protéolytique conduit entre autres à la pancréa- CgA sont les suivantes : phéochromocytome, gastri-
statine (inhibiteur de la libération d’insuline en réponse nomes, tumeurs carcinoïdes et neuroendocrines multi-
au glucose) et à la chromostatine (inhibiteur de ples pour lesquels le dosage de CgA est le plus
l’exocytose des cellules chromaffines). À ce jour, tous discriminant mais aussi neuroblastome, carcinome
les peptides de clivage ne sont pas connus. médullaire de la thyroïde, cancer parathyroïdien,
tumeurs pancréatiques, duodénales et antéhypophy-
En raison de son origine, la CgA est considérée comme
saires, cancers du poumon à petites cellules. La sensibi-
un marqueur spécifique des tumeurs endocrines et lité de ce test pour le diagnostic des tumeurs
neuroendocrines. Son expression est plus élevée dans les neuroendocrines est de 92 % et la spécificité de 96 %.
tumeurs non différenciées.
Dans les phéochromocytomes, la CgA présente une sen-
Dans des conditions physiologiques de stimulation du sys- sibilité diagnostique (87 %) voisine de celle du dosage
tème sympathique (stress modéré), la CgA n’est pas un des catécholamines plasmatiques (84 %). Sa spécificité
marqueur sensible de la réponse catécholaminergique. s’avère nettement moins bonne : 74 %, à comparer aux
Sur coupe histologique, la CgA est considérée comme un 88 % des catécholamines plasmatiques. Cependant,
excellent marqueur immunohistochimique. Sa détection l’adjonction au dosage des catécholamines de celui de
dans les cellules tumorales permet d’affirmer le diagnos- la CgA permettrait d’augmenter la spécificité du diag-
tic de tumeur neuroendocrine. Par ailleurs, certaines nostic à 98 % chez les patients présentant une fonction
tumeurs endocrines non sécrétantes conservent la faculté rénale normale. Le taux de CgA est proportionnel à la
d’exprimer la CgA, permettant ainsi leur identification masse tumorale. C’est un très bon index de radicalisa-
(carcinome médullaire de la thyroïde, adénomes hypo- tion de l’exérèse et un bon marqueur de suivi.
physaires, insulinomes non fonctionnels). Dans les cancers médullaires de la thyroïde (CMT), la
Jusqu’à récemment, le dosage de la CgA sérique était CgA est exprimée parallèlement à la calcitonine. Les
réalisé par techniques immunologiques par compétition taux de CgA sont modérément corrélés à ceux de la
avec une sensibilité variable selon la nature des anti- calcitonine et ne s’élèvent pas sous pentagastrine. Par
corps, reconnaissant la CgA entière et ses différents ailleurs, la CgA ne constitue pas un bon marqueur du
fragments. En raison de la complexité de sa protéolyse suivi de la maladie du fait de sa longue demi-vie et
et de sa maturation post-traductionnelle, son dosage n’atteint des taux pathologiques qu’à des stades très
suppose la prise en compte de la protéine intacte ainsi avancés. Le dosage de la calcitonine demeure donc la
que des fragments majeurs de dégradation, rendant référence pour le diagnostic précoce et le suivi des can-
délicat l’emploi d’anticorps monoclonaux. Depuis peu, cers médullaires de la thyroïde. Les taux les plus élevés
une technique sandwich a été développée, à deux anti- ont été observés chez les patients présentant des CMT
corps monoclonaux dirigés contre deux régions épito- métastastiques.
piques de la partie médiane de la molécule moins Dans les tumeurs neuroendocrines gastrointestinales, la
touchée par les phénomènes de protéolyse. CgA est augmentée dans 80 % des cas. Le taux est cor-
rélé à la masse tumorale et peut donc être utilisé comme Dans les neuroblastomes, le dosage de CgA est un test
facteur pronostique, particulièrement pour les tumeurs sensible et spécifique pour le diagnostic chez les enfants.
de l’intestin moyen (tumeurs carcinoïdes). Elle est aug- Il peut être utilisé aussi dans l’évaluation de la réponse
mentée chez 93 % des patients qui présentent des au traitement et en tant que facteur de pronostic pour
métastases pulmonaires. la survie.
Dans les cancers du poumon à petites cellules, la CgA
Dans les tumeurs neuroendocrines pancréatiques, du n’atteint pas les performances de la NSE (neuron speci-
type VIPome, somatostatinome, glucagonome, les taux fic enolase), qui reste le meilleur marqueur de ces
de CgA sont habituellement élevés et servent pour le tumeurs. La CgA peut être utilisée pour le suivi théra-
suivi du patient. Dans le gastrinome (ou syndrome de peutique et pour le dépistage des récidives.
Zollinger-Ellison), son rôle n’est pas encore complète- Dans le cancer de la prostate, la CgA peut être augmen-
ment défini. Les taux élevés de CgA peuvent être dus tée en absence de PSA supérieure à 4 ng/ml. La détec-
autant à l’hyperplasie des cellules enterochromaffines- tion de CgA peut prédire l’insensibilité de la tumeur à
like qu’aux cellules tumorales (gastrinome) et l’ablation un traitement hormonal. Les taux élevés sont plutôt en
d’une partie de l’estomac réduit le taux tout autant que faveur d’un mauvais pronostic.
l’ablation de la tumeur.
Pour le suivi du traitement des tumeurs neuro- ☞ Calcitonine, Catécholamines, Neuron specific enolase, VIP
endocrines, la difficulté réside dans le fait que les ana- ( National Academy of Clinical Biochemistry (NACB).
logues de somatostatine, donnés en traitement, Guidelines for the use of tumor markers in neoplasms of the dispersed
neuroendocrine system.
réduisent les taux de CgA circulant indépendamment Disponible sur : http://www.nacb.org/lmpg/tumor/chp3n_neuroendocrine.
pdf
d’un effet sur la tumeur.
Nehar D, Claustrat B, Lombard-Bohas C, Riou JP, Sassolas G.
Intérêt du dosage de la chromogranine A dans les tumeurs neuro-
La CgA peut également aider au diagnostic des tumeurs endocrines.
neuroendocrines « non fonctionnelles » ou « clinique- In : 17es Journées Nationale de Biologie.
Lyon : Association des Internes et Anciens Internes en Pharmacie des
ment silencieuses ». Hôpitaux de Lyon, 2000 ; pp. 196-198.

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