Vous êtes sur la page 1sur 36

Réassurance proportionnelle

et non proportionnelle

UM1UM1
Réassurance proportionnelle
et non proportionnelle

Les principales différences entre les


deux types de réassurance: un exposé
illustré par des exemples concrets
Sommaire

Page
1 L’assureur face aux risques 5

2 Réassurance 6
Les traités de réassurance 6
Les traités de réassurance obligatoire 6

3 La réassurance proportionnelle 7
La réassurance en quote-part 7
La réassurance en excédent de sommes 8
Modèle de portefeuille incendie (exemple n° 1) 9
La réassurance en quote-part illustrée par l’exemple n° 1 10
Conservation du plein et engagement maximal 10
en excédent de sommes
La cession 11
Caractéristiques de la réassurance en excédent de 12
sommes (récapitulatif)

4 Décomptes en réassurance proportionnelle obligatoire 13


Primes versées au réassureur (exemple n° 2) 13
La méthode du pro rata temporis 13
La méthode des vingt-quatrièmes (exemple n° 3) 13
La méthode des huitièmes (exemple n° 4) 14
La méthode forfaitaire 14
Un exemple de calcul des «primes» (exemple n° 5) 15
La répartition des sinistres 15
Un exemple de calcul des «dommages» (exemple n° 6) 15

5 Le prix de la réassurance proportionnelle 17

6 Comparaison des résultats entre le brut, l’excédent de 18


sommes et la rétention (exemple n° 7)

7 La réassurance proportionnelle obligatoire (récapitulatif) 19

2
8 La réassurance non proportionnelle 20
Définition du concept de sinistre en réassurance non 20
proportionnelle (sans les traités stop loss)
Sinistre par risque (WXL/R, exemples n° 8, 8.1 et 8.2) 20
Sinistre par événement (WXL/E, exemples n° 8.3 et 8.4) 22
Sinistres cumulés (Cat-XL, exemple n° 8.5) 24
Le programme de réassurance à partir des risques X, 24
Y, U et V (exemple n° 9)
Les couvertures de réassurance non proportionnelle 26
WXL/R, WXL/E et Cat-XL (récapitulatif)
La réassurance stop loss 26
Produits de réassurance non proportionnelle (récapitulatif) 26

9 Aspects du portefeuille justifiant la réassurance non 27


proportionnelle
Différences d’une branche à l’autre 27
Le volume absolu 27
Rapport entre la charge de sinistres et la prime conservée 27
Informations destinées au réassureur 27

10 Règlement des sinistres en réassurance non 28


proportionnelle
Excédent de sinistre par risque 28
Excédent de sinistre catastrophe par événement 28
Réassurance facultative 28
Date du sinistre 28
Règlement 28
Informations au réassureur 29
Traitement du sinistre chez le réassureur 29
Clause de stabilité 29
Participation de l’assureur direct à la couverture 29

11 Fixation du prix 30
Le prix adapté au risque 30
Le prix de la réassurance 30
Types de primes en excédent de sinistre 31
Modalités de paiement des primes 32

12 La réassurance non proportionnelle obligatoire 33


(récapitulatif)

3
1 L’assureur face aux risques

L’ensemble des risques supportés par l’assureur direct – son portefeuille – se


caractérise par un nombre fini de risques. Les risques diffèrent par leur nature
ou leur taille et l’évolution des sinistres est aléatoire. L’exemple d’un porte-
feuille incendie l’illustre clairement: les risques sont variés et d’ampleur iné-
gale. L’évolution des sinistres peut varier fortement sous l’effet:
– de gros sinistres frappant quelques uns de ces risques;
– de gros sinistres (sinistres cumulés) causés par un même événement
frappant simultanément de nombreux risques individuels;
– la fréquence élevée de petits sinistres;
– la modification de la structure du risque (entre autres, à cause des chan-
gements intervenus dans l’environnement économique, technologique,
politique et social).

Si l’on ne prend pas les mesures adéquates, le portefeuille de risque n’est pas
équilibré. Ce manque d’équilibre a pour conséquence indirecte un résultat
d’exploitation en dents de scie. Les fluctuations de ce résultat ont, selon leur
ampleur, des incidences sur des paramètres vitaux pour l’entreprise, à savoir
sa solvabilité, sa trésorerie ainsi que sur la continuité et la stabilité de ses
résultats. L’un des objectifs de l’assureur direct est donc de contenir dans
certaines limites les fluctuations de son résultat d’exploitation. Il existe, en
général, trois méthodes pour parvenir à cet objectif: l’auto-limitation, la co-
assurance et la réassurance.

L’auto-limitation
L’assureur direct doit fixer ses limites d’acceptation à un niveau suffisamment
bas pour que le portefeuille de risque absorbe lui-même les fluctuations. Il ne
souscrit que de petites parts, voire des parts infimes de risques, pour obtenir
un ensemble aussi homogène que possible. De ce fait, il réduit ses possibilités
d’acquisition, et donc ses chances de croissance sur les marchés soumis à la
concurrence. Si ses concurrents peuvent souscrire avec des limites d’accepta-
tion plus élevées, l’assureur direct qui s’auto-limite ne connaîtra donc pas
d’expansion, en valeur absolue.

La co-assurance
Si un assureur direct opte pour la co-assurance, il doit se mettre d’accord
avec des concurrents triés sur le volet et dévoiler certaines informations sur sa
clientèle. En outre, les assureurs directs impliqués dans la co-assurance doivent
veiller tout particulièrement à ce que les assurés ne soient pas désavantagés
par les modalités de cette prise en charge des risques. En pratique, la co-
assurance est surtout utilisée pour les risques spéciaux ou les très gros risques.

5
2 La réassurance

Si l’assureur direct opte pour la troisième voie, on dira qu’il contracte une ré-
assurance. Ainsi, il peut, entre autres, réduire son engagement sur un gros
risque donné, couvrir ses risques catastrophiques, notamment les risques na-
turels tels que séismes et inondations ou se protéger contre des fluctuations
majeures des sinistres affectant un portefeuille entier. L’assureur direct et le
réassureur conviennent d’une solution de réassurance répondant au besoin
concret de l’assureur direct. En l’occurrence, on tient aussi compte des
chances de l’assureur direct sur le marché. Sa position sur le marché doit être
forte et autonome vis-à-vis de l’extérieur, les assurés ne doivent pas se rendre
compte de l’existence du réassureur.

Les traités de réassurance Les besoins spécifiques des assureurs directs sont aussi variés que les solutions
de réassurance. Ils peuvent relever du secteur nouveau de la réassurance finan-
cière, de la réassurance obligatoire classique ou d’une combinaison des deux.
Les deux principaux types de couverture de réassurance qui font l’objet de
cette publication relèvent des traités de réassurance traditionnelle. L’assureur
direct et le réassureur concluent un traité de réassurance, comme le nom
l’indique. Si l’objet de ce traité est une police ou un risque individuel, on
parlera de réassurance facultative. La compagnie d’assurance directe cède
(aussi l’appelle-t-on cédante) une partie du risque à un ou plusieurs réassu-
reurs. Comme le suggère le mot «facultatif», la cédante peut proposer au réas-
sureur un risque, voire une partie d’un risque; en d’autres termes, elle soumet
une proposition si elle le veut. En contrepartie, le réassureur est libre de
l’accepter.

Dans le cas de la réassurance obligatoire, le traité concerne un portefeuille de


risques déterminé. La cession se fait automatiquement pour tout le porte-
feuille répondant aux conditions contractuelles. La cédante ne se demande
pas, pour chaque risque, si elle désire le céder ou non: elle s’engage à céder la
totalité de son portefeuille. Pour le réassureur non plus, il n’est pas question
d’accepter les risques au cas par cas. Le réassureur est contractuellement tenu
d’accepter l’intégralité du portefeuille.

En résumé: Les risques isolés sont réassurés par le biais de traités facultatifs
alors que la réassurance de portefeuilles entiers se fait dans le cadre de traités
obligatoires.

Les traités de réassurance La présente publication se propose d’expliciter les deux natures de la réassu-
obligatoire rance, à savoir la proportionnelle et la non proportionnelle, en limitant cette
présentation aux traités obligatoires. Ces deux types de couverture existent
aussi pour les traités facultatifs. En fonction de la branche d’assurance, c’est
l’une ou l’autre de ces couvertures qui domine. Souvent, une combinaison de
ces deux types de couverture peut fournir une solution de réassurance adaptée.

6
3 La réassurance proportionnelle

La proportion est l’élément clé du traité de réassurance proportionnelle. Il


s’agit du rapport entre la limite contractuelle d’une couverture de réassurance
donnée et le risque cédé à l’origine. On parle de «principe de la proportion-
nalité». En assurance incendie, l’engagement contractuel est exprimé par la
somme assurée (engagement maximal basé sur la valeur totale) ou par l’esti-
mation du sinistre maximal (par ex. sinistre raisonnablement escomptable,
sinistre maximum possible). En RC, le critère utilisé est l’engagement défini
comme un montant-limite pour la réparation du dommage. Cette limite
n’a de rapport direct ni avec l’objet assuré, ni avec la valeur totale correspon-
dante. Outre le «principe de proportionnalité», le «traité de réassurance propor-
tionnelle» présente une autre caractéristique: l’assureur direct cède les risques
aux conditions d’origine, c’est-à-dire celles convenues entre les preneurs d’as-
surance et lui-même. Le réassureur participe donc aux risques dans les mêmes
conditions que l’assureur direct.

La réassurance en quote-part Dans le cas de ce produit, on définit un pourcentage fixe et immuable. En


général, il s’applique à tout le portefeuille, en tant que cession d’une quote-
part en réassurance. L’exception, ce sont les risques dont le montant dépasse
la limite en valeur absolue fixée pour la quote-part. Cette limite est fixée
pour éviter que la réassurance en quote-part ne soit trop déséquilibrée et que
le réassureur ne puisse plus savoir quelle est la couverture maximale accordée
par risque. Dans le cas de risques pour lesquels la limite de la quote-part n’est
pas assez élevée, ce pourcentage est réduit dans la même proportion que celle
existant entre la limite de la quote-part et le risque originel». L’engagement
de la cédante par risque sera donc diminué du pourcentage défini comme

1200

réassureur
traité en quote part
30% 900

assureur direct
rétention (R)
600
70%

300
monétaire

risques
unitè

7
cession en quote-part. Plus précisément, la couverture, les primes et les si-
nistres seront réduits dans cette même proportion. En règle générale, la cé-
dante garde pour chaque risque le même plein de conservation, exprimé en %
(par ex. 70 %) et cède donc une proportion toujours identique en réassurance
(ici 30 %). La réassurance en quote-part est facile à gérer. Dans le cas d’un
portefeuille qui ne comporte pas de risques isolés dépassant la limite de la
quote-part, la cession peut être forfaitaire. La même proportion ne dégage,
pour l’assureur direct, aucune amélioration du rapport entre les engagements
comportant des «pointes» et les encaissements de primes. En d’autres termes:
il ne peut homogénéiser les couvertures au sein d’un portefeuille de risques.
Par contre, il peut réduire la fluctuation absolue de l’évolution des sinistres.
L’effet obtenu est un meilleur rapport entre l’éventualité d’une perte, voire
une perte, et les fonds de l’assureur direct, en bref, une meilleure solvabilité.

La réassurance en excédent Ce produit permet des pourcentages variables pour la rétention et pour la
de sommes cession en réassurance, en fonction de la taille de chaque risque. Par rapport
à la réassurance en quote-part – comme nous le montrerons clairement ci-
dessous –, le système de la réassurance en excédent de sommes est plus diffé-
rencié et donc plus lourd à gérer.

La conservation ou plein de la cédante est définie une fois pour toutes sous
forme d’un montant fixe. Les risques, tant qu’ils sont inférieurs à ce montant,
restent entièrement à la charge de l’assureur direct. Au delà, ils sont cédés en
réassurance, dès lors que l’engagement de la cédante dépasse le montant de
la rétention. La cession se fait selon la proportion «part de l’engagement

1500

par ex.
réassurance fac. 14,3 % 3,2%
1200 9,1%
réassureur
3 x 300 = 900
900

64,3 % 68,2% 72,6 % 75 %


600
62,5 %

46, 4 %
300 25 %
assureur direct
1 x 300 21, 4 % 22,7 % 24,2 % 25 % 37,5 % 53,6 % 75 % 100 %
monetaire

risques
unité

8
dépassant la rétention: engagement total». Selon l’importance de l’engagement
total, le pourcentage déterminant la cession va varier.

Pour l’exemple suivant, nous avons simplifié les choses: le portefeuille est
composé de catégories d’une taille donnée, sur la base de la somme assurée. Il
s’agit d’un portefeuille incendie; une rétention unique est appliquée (20 mil-
lions), quelle que soit la nature du risque (ceci va à l’encontre de la pratique
où le montant de la rétention varie selon le risque: en assurance incendie, il
est essentiellement fonction de la probabilité du déclenchement et de la pro-
pagation d’un incendie ainsi que de la concentration de valeurs); le plein de
conservation unitaire, représentant un sinistre maximal de 20 millions par
risque, correspond à 1 % des primes brutes environ, soit à 1,4 % des primes
conservées:

Modèle de portefeuille incendie (exemple n° 1)


Ligne Somme assurée Nombre Primes brutes Primes conservées Primes cédées
moyenne par de polices par catégorie
risque en millions en millions % en millions % en millions

1 0,70 250 000 175,00 100,0 % 175,00 – –


2 1,90 150 000 285,00 100,0 % 285,00 – –
3 3,80 70 000 266,00 100,0 % 266,00 – –
4 7,00 30 000 252,00 100,0 % 252,00 – –
5 13,00 11 000 185,90 100,0 % 185,90 – –
6 25,00 4 000 140,00 80,0 % 112,00 20,0 % 28,00
7 47,00 2 400 169,20 42,6 % 72,00 57,4 % 97,20
8 75,00 1 200 144,00 26,7 % 38,40 73,3 % 105,60
9 120,00 510 104,04 16,7 % 17,34 83,3 % 86,70
10 170,00 260 79,56 11,8 % 9,36 88,2 % 70,20
11 240,00 120 54,72 8,3 % 4,56 91,7 % 50,16
12 390,00 70 54,60 5,1 % 2,80 94,9 % 51,80
13 640,00 25 35,20 3,1 % 1,10 96,9 % 34,10
14 1 100,00 15 41,25 1,8 % 0,75 98,2 % 40,50
15 total 519 600 1 986,47 71,6 % 1 422,21 28,4 % 564,26

Discussion de l’exemple n° 1

Première ligne: les 250 000 polices, d’une somme assurée moyenne de 0,7
million, sont entièrement à la charge de l’assureur direct (rétention). La réas-
surance en excédent de sommes n’intervient pas.
Septième ligne: 2 400 polices, d’une somme assurée moyenne de 47 millions.
Le plein de conservation (20 millions) représente 42,6 % de 47 millions.
42,6 % seront conservés par l’assureur direct au titre de la rétention. Le reste,
soit 57,4 %, est cédé en réassurance en excédent de sommes.

9
Contrairement à l’exemple n° 1, un portefeuille peut, dans la pratique, com-
prendre une multitude de risques de tailles diverses. On fixe la rétention, et
donc le pourcentage de réassurance, pour chaque risque, dans la mesure où
l’engagement sur le risque dépasse la rétention.

Une fois qu’on a fixé, pour chacun des risques, la part conservée et celle cé-
dée en réassurance, on peut calculer les primes conservées et celles en excé-
dent, en proportion de l’engagement. Bien que l’engagement maximum à
charge de la cédante soit limité, dans l’exemple, à 1 % des primes brutes
(c’est-à-dire que 20 millions = 1 % de 1 986,47 millions), la réassurance en
excédent de sommes permet de céder en réassurance une part limitée à 28,4 %
des primes.

On remarque également la façon dont la réassurance en excédent élimine les


pointes dans le portefeuille de l’assureur direct qui obtient ainsi une certaine
homogénéité de son portefeuille. Mais pour être effective, cette forme de ré-
assurance exige de l’assureur direct qu’il gère bien son entreprise et dispose de
ressources (personnel, système informatique) appropriées, notamment pour le
contrôle de la souscription et l’administration.

La réassurance en quote-part, Comme nous l’avons déjà mentionné, l’administration des traités en quote
illustrée par l’exemple n° 1 part est plus simple et les primes cédées dépassent nettement celles de la
réassurance en excédent de sommes. Dans l’exemple n° 1, la réassurance en
quote-part se présentera ainsi:

Hypothèse: la limite brute est fixée à 100 millions. Pour tous les risques où
l’engagement originel dépasse les 100 millions (somme assurée), l’assureur di-
rect contracte une réassurance facultative ou une co-assurance pour les parts
dépassant les 100 millions. Les primes brutes s’élèvent donc maintenant à
1 796,65 millions par rapport au total des primes brutes de 1 986,47 mil-
lions, dans l’exemple n° 1. Pour un plein maximum restant à 20 millions (soit
1,1 % des nouvelles primes brutes s’élevant à 1 796,65 millions), l’assureur
direct doit réassurer 80 % de ses risques. Son taux de rétention est de 20 %.
Il lui reste donc 359,33 millions de primes en compte propre (soit 20 % de
1796,65 millions). Ainsi pour lui, le rapport «plein maximum: prime conser-
vée» est relativement défavorable.

Conclusion à tirer de cet exemple: une réassurance en quote-part pure s’avère


insuffisante, surtout dans la branche incendie.

Conservation du plein Revenons à la réassurance en excédent de sommes: par la suite, nous montre-
et engagement maximum rons comment la concevoir de sorte qu’elle convienne à la cédante comme au
de l’excédent de somme réassureur.

L’engagement par risque du réassureur doit, d’une certaine manière, être pro-
portionnel aux primes que la cédante lui donne en réassurance.

10
En pratique, l’engagement maximum dans un traité en excédent de somme
est toujours un multiple du plein de conservation (engagement maximum de
la cédante). Selon le marché et la branche considérés, ces multiples peuvent
se situer à des niveaux fort différents. Dans l’exemple n° 1, l’engagement
maximum de l’excédent de somme est fixé à 14 fois le plein de conservation.
Cela signifie que la cédante dispose d’une capacité de souscription automa-
tique de 300 millions par risque: à savoir son plein maximum (20 millions)
plus la réassurance en excédent (14 x 20 millions), soit 15 fois 20 millions.
Pour des risques dont la somme assurée dépasse les 300 millions, elle doit
chercher, pour la partie en sus, une couverture supplémentaire, par ex. par le
biais de la réassurance facultative. Dans l’exemple n° 1, la prime cédée s’élève
à 502,96 millions pour la couverture de réassurance en excédent de sommes
par risque de 280 millions (en partant de la prime brute de toutes les catégo-
ries constituées de sommes assurées moyennes). Pour la part des sommes as-
surées dépassant les 300 millions, les primes s’élèvent à 61,3 millions. A ces
primes correspond un engagement maximal de 800 millions (soit 1100 mil-
lions de la catégorie maximale des sommes assurées dans le portefeuille moins
les 300 millions de capacité automatique). Quant à savoir comment sera réas-
surée la part dépassant l’engagement maximum de réassurance en excédent,
cela dépendra du programme de réassurance choisi. En l’occurrence, plusieurs
questions se posent: Peut-on augmenter la capacité automatique de 300 mil-
lions ? Peut-on envisager une deuxième réassurance en excédent de sommes ?
Ou bien doit-on rechercher une réassurance facultative ? Quels sont les avan-
tages et inconvénients des différentes variantes ?

En pratique, le montant de la rétention est en outre fractionné en pleins plus


faibles, selon la nature du risque. Ainsi, la réassurance en excédent de sommes
tient-elle compte des besoins de l’assureur direct qui n’est pas obligé de conser-
ver le même plein pour une menuiserie et une maison d’habitation. La cession
maximale demeure toutefois limitée à un multiple constant du plein de
conservation. Si, dans l’exemple n° 1, le plein de conservation est de 10 mil-
lions au lieu de 20 (pour un excédent inchangé s’élevant à 14 fois ce plein),
l’assureur direct peut céder au maximum un engagement de 140 millions sur
son risque initial (soit 14 fois 10 millions) et non plus 280 millions (14 fois
20 millions). Sa capacité de souscription automatique (la rétention plus l’ex-
cédent) passe donc de 300 à 150 millions.

La cession Dans la réassurance en excédent de sommes, la cession concerne toujours le


risque originel. Nous allons expliquer, à partir de l’exemple n° 1, comment
cela se passe concrètement: le risque X est couvert, à l’origine, pour une somme
assurée de 200 millions. L’assureur direct choisit une rétention de 15 mil-
lions. Sa capacité automatique est donc de 225 millions (15 millions plus
quatorze fois cette rétention). Dans le cadre du traité en excédent, il cède
donc 185 millions, qui constituent eux-mêmes 92,5 % du risque X. La réten-
tion de 15 millions correspond à 7,5 %. Le risque Y est couvert pour une
somme assurée de 300 millions. La rétention est à nouveau de 15 millions.

11
L’assureur peut céder, selon le multiple constant maximum de sa rétention,
210 millions en excédent (soit 14 x 15 millions). Dans notre cas, 70 % du
risque Y ont été cédés et l’assureur direct conserve 5 % au titre de la rétention
de sa réassurance en excédent. Quant aux 25 % restants, l’assureur direct peut
soit les garder, soit chercher une réassurance supplémentaire. Il cède donc au
réassureur en excédent 92,5 % de la prime du risque X et 70 % de la prime
du risque Y. En cas de sinistre, il récupère 92,5 % pour le risque X et 70 %
pour le risque Y.

Caractéristiques de la réassu- – L’élément déterminant pour fixer l’engagement du réassureur en excédent


rance en excédent de sommes de sommes et le plein de conservation est l’engagement sur le risque
(récapitulatif) originel.

– En assurance incendie, l’engagement sur le risque originel est déterminé


par la somme assurée (engagement maximal basé sur la valeur totale) ou
par l’estimation du sinistre maximal (par ex. SRE ou SMP), alors que dans
les branches accidents/RC, l’engagement est défini par la limite d’indem-
nisation.

– Les cessions se font séparément pour chaque risque originel. Le traité de


réassurance en excédent de sommes correspondant définit dans quelle
mesure chaque risque (issu d’un portefeuille) peut être cédé.

12
4 Décomptes en réassurance
proportionnelle obligatoire

Les primes, les sinistres et les commissions de réassurance sont les trois prin-
cipales variables intervenant dans les décomptes périodiques établis entre
l’assureur direct et le réassureur. Pour mieux illustrer le cas de la réassurance
en excédent de somme, nous avons repris l’exemple n° 1, complété par les
chiffres suivants:
(en millions) affaires brutes réassurance rétention

primes souscrites 1 986,47 564,26 1 422,21


primes acquises 1 931,43 548,63 1 382,80
sinistres comptabilisés 1 165,39 312,36 853,03
coûts 633,27 197,49 435,78
bénéfices 132,77 38,78 93,99

Primes versées au réassureur Fondamentalement, le réassureur a droit à sa part des primes brutes lorsqu’il
(exemple n° 2) souscrit un traité de réassurance proportionnelle obligatoire.

Si la période d’application de toutes les polices annuelles coïncidait avec l’an-


née comptable de la cédante, toutes les primes seraient acquises à la fin de
l’exercice. Mais, en pratique, on rencontre plutôt des cas où cette période
d’application des polices annuelles ne correspond pas à l’exercice. Aussi faut-il
constituer une provision pour les polices encore valables lorsque l’exercice est
bouclé.

Exemple n° 2
Exercice allant du 1er janvier au 31 décembre
Période d’application de la police X: du 1er juillet au 30 juin
Au 31 décembre, seule la moitié de la période de couverture s’est écoulée.
Cela signifie que 50 % des primes sont acquises au 31 décembre et que 50 %
doivent être réservées.

La méthode du pro rata temporis Avec cette méthode, on peut déterminer le montant exact à réserver, en
l’établissant police par police. Cette méthode est coûteuse et donc rarement
appliquée.

La méthode des vingt-quatrièmes Cette méthode – inspirée de la méthode exacte du pro rata temporis –
(exemple n° 3) s’applique à un portefeuille dans lequel l’échéance des polices est répartie de
façon à peu près égale sur chaque mois. On postule donc que les polices d’un
même mois parviennent à échéance au milieu de ce mois. L’important, pour
les calculs, ce sont les primes souscrites par mois. Un exercice est subdivisé
en 24 demi-mois. Au 31 décembre, donc à la fin de l’exercice, les primes de
janvier sont acquises aux 23/24e et il faut en provisionner 1/24e. Quant aux
primes de février, 21/24e sont acquises au 31 décembre et 3/24e sont à provi-
sionner. D’où l’exemple suivant:

13
Mois Primes par mois Primes acquises Primes provisionnées
en millions taux en millions taux en millions

janvier 70,77 23/24 67,82 1/24 2,95


février 74,83 21/24 65,48 3/24 9,35
mars 68,58 19/24 54,29 5/24 14,29
avril 58,69 17/24 41,57 7/24 17,12
mai 55,37 15/24 34,61 9/24 20,76
juin 45,25 13/24 24,51 11/24 20,74
juillet 43,54 11/24 19,96 13/24 23,58
août 32,15 9/24 12,06 15/24 20,09
septembre 31,42 7/24 9,16 17/24 22,26
octobre 28,26 5/24 5,89 19/24 22,37
novembre 27,84 3/24 3,48 21/24 24,36
décembre 27,56 1/24 1,15 23/24 26,41
total 564,26 339,98 224,28

La méthode des huitièmes La méthode des huitièmes est encore moins affinée, mais implique beaucoup
(exemple n° 4) moins de travail. Ce sont les primes émises par trimestre qui importent. Au
31 décembre, les primes souscrites au premier trimestre sont acquises aux
7/8e et à provisionner au 1/8. Un exemple chiffré:

Trimestre Primes par trimestre Primes acquises Primes provisionnées


taux montant taux montant
en millions en millions en millions

1/1 au 31/3 214,18 7/8 187,41 1/8 26,77


1/4 au 30/6 159,31 5/8 99,57 3/8 59,74
1/7 au 30/9 107,11 3/8 40,17 5/8 66,94
1/10 au 31/12 83,66 1/8 10,46 7/8 73,20
total 564,26 337,61 224,28

Si l’on compare les exemples n° 3 et 4, on remarque que les résultats des deux
méthodes sont sensiblement identiques.

La méthode forfaitaire Cette méthode est souvent employée dans la pratique, bien qu’elle soit
quelque peu contestable d’un point de vue technique. Dans cette méthode,
on admet que les échéances des polices se répartissent régulièrement sur
l’exercice. Ainsi, à la fin de l’exercice, 50 % des primes souscrites sont provi-
sionnées. Toutefois cette hypothèse d’un étalement régulier ne correspond pas
souvent à la réalité.

14
Un exemple de décompte On déduit des primes brutes émises les primes à reporter, auxquelles on
des «primes» (exemple n° 5) soustrait la commission de réassurance afférente à l’exercice. On y ajoute par
contre la provision pour primes de l’année précédente, diminuée de la com-
mission de réassurance. Cette opération est nécessaire car la période de cou-
verture, non encore échue à l’époque, est entre temps terminée. Le résultat de
l’opération indique les primes acquises à l’exercice. Si les primes émises ont
augmenté, les primes acquises sont inférieures à ces premières, étant donné
que les provisions de l’année précédente étaient inférieures à celle de l’exer-
cice en cours. Dans l’exemple n° 5, le report des primes est calculé par la
méthode des 24es.

Exemple n° 5, en millions
Primes cédées, souscrites dans l’exercice 564,26
plus
Report de primes de l’année précédente après déduction
de la commission de réassurance à 35 %
(35 % de 200,25) + 130,16
moins
Report de primes de l’exercice en cours après déduction
de la commission de réassurance à 35 %
(35 % de 224,29) – 145,79
Primes cédées, acquises à l’exercice = 548,63

La répartition des sinistres Les sinistres survenant au cours d’un exercice ne sont pas tous réglés cette
même année. S’ils ne sont pas encore payés, l’assureur direct doit constituer
une provision à cet effet. Par ailleurs, il règle durant l’exercice des sinistres
survenus les années précédentes, pour lesquels il avait constitué des provi-
sions. Les sinistres réglés au cours d’un exercice sont donc constitués de paie-
ments concernant des sinistres survenus durant l’exercice et de paiements
relatifs aux années antérieures.

Un exemple de décompte A la fin de l’année précédente, il existait une provision pour sinistres en sus-
«sinistres» (exemple n° 6) pens. Si ces sinistres sont réglés pendant l’exercice en cours, la provision de
l’année précédente se réduit (à condition qu’elle ait été suffisante). Elle est
déduite des sinistres réglés. A la fin de l’année comptable, la provision pour
sinistres de l’exercice en cours et des exercices antérieurs est ajoutée aux si-
nistres réglés.

Exemple n° 6, en millions
Sinistres réglés de l’exercice 261,86
plus
Provision pour sinistres en suspens
à la fin de l’exercice en cours + 188,95
moins
Provision pour sinistres en suspens
à la fin de l’exercice précédent – 138,45
Charge de sinistres comptabilisée dans l’exercice = 312,36

15
Dans le cadre de la réassurance en quote-part, l’impact des sinistres est iden-
tique pour le brut (c’est-à-dire le portefeuille avant la réassurance), la réassu-
rance et la rétention, vu que le pourcentage est le même pour tout le porte-
feuille.

Dans le cadre de la réassurance en excédent de sommes, l’évolution des sinis-


tres peut s’avérer fort différente au niveau du brut, de la réassurance et de
la rétention. Les risques inférieurs à la rétention ne sont pas cédés. Ceux qui
la dépassent sont cédés en fonction de leur taille. Plus le risque est petit, plus
la rétention relative de la cédante sera grande; plus le risque est grand, plus la
rétention relative de la cédante sera petite. Il en va de même de la ventilation
d’un sinistre sur le risque.

16
5 Le prix de la réassurance proportionnelle

Le prix payé par l’assureur direct dépend de la commission de réassurance.


Avec la commission de réassurance, le réassureur rembourse à l’assureur direct
une partie des primes brutes cédées. Comment déterminer cette commission ?

Si les primes nettes sont suffisantes à l’origine, on admettra, pour fixer la


commission de réassurance, que l’assureur direct a des frais que le réassureur
n’a pas. Selon la qualité des affaires cédées, la commission de réassurance cou-
vrira ou non les frais de la cédante.

Vu la flexibilité croissante des tarifs et conditions d’origine, le réassureur est


de plus en plus souvent amené à estimer lui-même le coût des sinistres cou-
verts par chaque traité de réassurance. Le réassureur calcule donc le prix de la
réassurance pour chaque traité. Ce prix se décompose, sur le plan technique,
de la prime de risque (ou prime nette), des frais et des chargements pour
fluctuation et incertitude. Les éléments décisifs sont donc la conception des
couvertures et des conditions offertes par l’assureur direct à l’origine ainsi que
les conditions contractuelles de réassurance, à savoir le montant de la réten-
tion et la portée de la couverture de réassurance. Plus les informations que
l’assureur direct communique au réassureur quant à sa politique de souscrip-
tion et son portefeuille sont fiables et précises, plus la prime technique fixée
par le réassureur sera adaptée. En pratique, il établira une prime technique
pour les sinistres petits à moyens et une pour les sinistres majeurs (gros sinis-
tres individuels) et catastrophiques ou cumulés. Si le réassureur ne dispose
pas de données satisfaisantes, il doit tenir compte de l’insécurité accrue pour
calculer sa prime technique et donc majorer en conséquence.

Pour déterminer quelle part de prime le réassureur peut rembourser sous


forme de commission de réassurance, il faut comparer le prix technique de
réassurance et la prime cédée. Plus le prix de la réassurance est bas, plus la
commission de réassurance sera élevée et plus le prix de réassurance est élevé,
plus la commission de réassurance sera modeste. En toute logique, on peut
imaginer des traités et des années de traités pour lesquels le réassureur ne peut
offrir de commission de réassurance, ou doit même convenir d’une commission
de réassurance négative. Dans ce dernier cas, la prime cédée est inférieure au
prix de l’assurance.

Si le réassureur paie une commission de réassurance, il la comptabilisera au


titre des frais (d’exploitation). Pour l’assureur direct, une commission positive
de réassurance reçue du réassureur constitue une participation aux frais. Re-
prenons l’exemple n° 1 en le complétant pour illustrer la situation:

Frais globaux d’acquisition et frais administratifs


de l’assureur direct, chiffre brut 633,27
Commission de réassurance sur prime cédée
(35 % de 564,26) – 197,49
Coûts globaux d’acquisition et de gestion pour la rétention = 435,78

17
6 Comparaison des résultats entre le brut, la réassurance
en excédent de sommes et la rétention (exemple n° 7)

Une comparaison des chiffres tirés de l’exemple n° 1 montre que l’évolution


des sinistres, et donc des résultats, peut être fort différente au niveau du brut,
de la réassurance en excédent de sommes et de la rétention:

Exemple n° 7

Brut Réassurance en Rétention


excédent
en millions en millions en millions

Primes souscrites 1 986,47 564,26 1 422,21


Primes provisionnées l’année précédente + 739,55 + 130,16 + 609,39
Primes provisionnées
pour l’exercice en cours – 794,59 – 145,79 – 648,80
Primes acquises = 1 931,43 = 548,63 = 1 382,80
Sinistres réglés – 1 285,38 – 261,86 – 1 023,52
Provisions pour sinistres
de l’année précédente + 833,44 + 138,45 + 694,99
Provisions pour sinistres
dans l’exercice en cours – 713,45 – 188,95 – 524,50
Charge de sinistres = – 1165,39 = – 312,36 = – 853,03
Coûts – 633,27 – 197,49 – 435,78
Bénéfice + 132,77 + 38,78 + 93,99

18
7 La réassurance proportionnelle obligatoire
(récapitulatif)

Les principales caractéristiques sont les suivantes:

– une part proportionnelle de l’engagement sur chaque risque est réassurée.

– pour la réassurance en quote-part:


a) La proportion est définie comme un pourcentage fixe de l’engagement
par risque originel. Ce pourcentage est le même pour tous les risques
originels d’un portefeuille donné.
b) L’engagement maximum, les primes et les sinistres sont réduits d’autant
pour la rétention.
c) Le rapport entre le plein de conservation sur chaque risque et les primes
conservées reste inchangé.

– pour la réassurance en excédent de sommes:


a) La proportion est fixée en fonction de la portée de l’engagement par
risque originel. Le pourcentage est déterminé pour chaque risque originel.
b) Sera réassurée la part du risque originel qui dépasse la rétention. La
réassurance est limitée par un multiple du plein de conservation, fixé
contractuellement.
c) Restent en rétention tous les risques originels dont l’engagement ne
dépasse pas la rétention.
d) Le rapport entre plein de conservation par risque originel et les primes
conservées est amélioré. Les engagements présentant des pointes sont
lissés par la réassurance. Les risques de pointe sont toutefois bien moins
nombreux que les risques relativement petits.

– Le prix dépend principalement de la qualité et de la composition des


affaires réassurées, apportées par l’assureur direct. Le prix se reflète dans le
montant de la commission de réassurance. Plus le prix est élevé, plus la
commission de réassurance sera faible. Plus le prix est bas, plus la commis-
sion de réassurance sera élevée.

19
8 La réassurance non proportionnelle

A l’inverse de la réassurance proportionnelle reposant sur l’engagement origi-


nel et la cession proportionnelle, c’est le montant des sinistres et la portée li-
mitée de la couverture qui prédominent en réassurance non proportionnelle.
C’est pourquoi on parle aussi de réassurance en excédent de sinistre. Les
principaux objets du traité de réassurance sont alors:
– une ou plusieurs branches dans lesquelles des sinistres sont réassurés;
– un montant limite, appelé priorité, jusqu’auquel l’assureur direct assume
lui-même tous les sinistres;
– un montant limite de la couverture, appelé tranche, à hauteur duquel le
réassureur paie les parts de sinistres dépassant la priorité.

La réassurance non proportionnelle procure à l’assureur direct un autre


moyen de lisser des sinistres susceptibles de présenter des pointes en les abais-
sant à un niveau de rétention qu’il peut supporter. En l’occurrence, il est im-
portant de noter que dans un portefeuille assuré, la répartition des sinistres
et celle des engagements sont deux éléments différents. La survenance d’un
sinistre et le montant du sinistre sont certes le fruit du hasard mais leur degré
de probabilité est différent. Seuls les sinistres survenant pendant une période
contractuelle convenue seront couverts. Dans la terminologie de la réassu-
rance, on parle donc d’années de survenance. Contrairement à la réassurance
proportionnelle, la couverture non proportionnelle est indépendante du por-
tefeuille originel et donc de la durée des polices originelles et des primes
brutes. C’est pour cette raison qu’aucune provision pour primes et sinistres
n’est transmise d’un exercice sur l’autre.

Définition du concept de Dans le cadre d’une couverture d’assurance, un sinistre donne lieu au paiement
sinistre en réassurance d’une indemnisation à condition qu’il résulte d’un événement assuré. L’évé-
non proportionnelle nement dommageable varie en fonction des branches et du danger contre
(sans les traités stop loss) lequel on est assuré. Du coup, le montant du sinistre et sa composition varient
aussi. Dans le secteur des assurances, on est en présence d’un sinistre majeur
lorsque, par exemple, un bâtiment de grande taille brûle entièrement, mais
aussi lorsqu’une tempête entraîne une multitude de petits sinistres. En réassu-
rance, la couverture en excédent de sinistre doit donc être conçue de façon
différente selon la branche, en fonction des divers types de sinistres.

Sinistre par risque Si, par le biais de la réassurance en excédent de sinistre, l’assureur direct
(WXL/R, exemples n° 8, 8.1 et 8.2) cherche à limiter les sinistres pour un risque donné, la couverture de réassu-
rance doit être conçue par risque. On examinera alors séparément chaque
sinistre par risque. Lorsqu’un événement concerne plusieurs risques, il en ré-
sulte plusieurs sinistres pour la réassurance en excédent de sinistre. Il s’agit,
en l’occurrence, de la couverture en excédent de sinistre par risque (en anglais
«working excess of loss cover per risk», abrégé en WXL/R). La couverture in-
tervient pour tout sinistre affectant un risque donné et elle est donc exposée
pour chaque risque. Ce genre de couverture en excédent de sinistre existe sur-
tout en réassurance incendie. L’exemple suivant illustre comment la combiner
à la réassurance proportionnelle:

20
Exemple n° 8
L’assureur direct réassure sur une base proportionnelle les risques dont l’enga-
gement dépasse 50 millions. Sa réassurance proportionnelle s’élève à 14 fois
50 millions, c’est-à-dire à 700 millions au maximum. Il est prêt à payer lui-
même les sinistres atteignant 5 millions sur chaque risque et s’adresse à un
réassureur pour la couverture suivante en excédent de sinistres par risque:
45 millions en excédent de 5 millions sur sa rétention maximale de 50 mil-
lions. L’assureur direct veut donc couvrir son plein de conservation par risque
de 50 millions, moyennant une WXL/R de 45 millions en excédent de 5 mil-
lions par risque. Il sait bien que, dans ce cas, il assume lui-même un sinistre
de 5 millions par risque, si l’engagement sur le risque ne dépasse pas 50 mil-
lions. Si par contre l’engagement dépasse 50 millions pour ce risque, la partie
excédentaire sera assurée de façon proportionnelle. L’assureur direct a, dans ce
cas, le droit de récupérer une partie du règlement du sinistre provenant de
l’excédent, au titre de la cession proportionnelle.

Sinistres (chiffres exprimés en millions)


Risque X: somme assurée 120; sinistre brut 20
sinistre en réassurance proportionnelle: 20 x 70/120 =11,66
sinistre en rétention (avant WXL/R): 20 x 50/120 = 8,34

Risque Y: somme assurée 40; sinistre brut 12


sinistre en réassurance proportionnelle: 12 x 0/40 = 0
sinistre en rétention (avant WXL/R): 12 x 40/40 = 12

50
45 xs 5 mio*
WXL/R
rétention 50 millions par risque (avant WXL/R)

40

30

20
20,0
sinistre du réassureur
proportionnel
10 12,0
sinistre du réassureur
WXL/R 8,34
5
priorité 5 millions risque risque
sinistre en rétention nette de X Y
l'assureur direct (après WXL/R)
en mio*

* mio = millions risques individuels

21
Exemple n° 8.1
Hypothèse: le risque X avec un engagement (somme assurée) de 120 millions
a subi un sinistre de 20 millions. Le plein de conservation s’élève à 50 mil-
lions. La rétention correspond à 41,7 % de l’engagement. Le reste (soit 58,3 %)
est cédé en réassurance proportionnelle. La couverture en excédent de sinistre
portera donc sur 41,7 % de 20 millions, soit 8,34 millions. Le réassureur en
excédent de sinistres paie donc 3,34 millions. L’assureur direct règle pour sa
part 5 millions.

Exemple n° 8.2
Hypothèse: Lors du même événement, le risque Y pour lequel l’engagement
est de 40 millions a subi quant à lui un sinistre de 12 millions. L’engagement
est inférieur à 50 millions. L’assureur direct n’a rien cédé en proportionnelle
pour le risque Y. Le réassureur en excédent de sinistre règle 7 millions. L’assu-
reur direct verse lui-même 5 millions.

Bien que les deux sinistres touchant le risque X et le risque Y puissent être
imputés au même événement, l’assureur direct doit par deux fois débourser la
priorité, fixée à 5 millions par risque. D’autre part, le réassureur accorde lui
aussi deux fois la couverture en excédent de sinistre par risque si deux couver-
tures ou plus ont été convenues.

Sinistre par événement Si l’assureur direct cherche à limiter le sinistre par événement en souscrivant
(WXL/E, exemples n° 8.3 et 8.4) une réassurance en excédent de sinistre, il a alors intérêt à souscrire une véri-
table couverture par événement. Elle lui garantit un règlement des sinistres
quel que soit le nombre de risques éventuellement touchés par l’événement.
L’excédent de sinistre par risque et l’excédent de sinistre par événement ont
un impact très différent, surtout dans les branches présentant un potentiel de
cumul important. Pour l’assureur direct, le sinistre maximal doit souvent être
limité non seulement par risque mais aussi par événement (cumul). Il lui faut
alors une couverture en excédent de sinistre par événement (en anglais «wor-
king excess of loss cover per event», abrégé WXL/E). Les chiffres de l’exemple
n° 8 illustrent les différences de fonctionnement de la WXL/R et de la WXL/E:

Exemple n° 8.3
Le sinistre du risque X s’élève à 8,34 millions après réassurance proportion-
nelle. Le sinistre du risque Y s’élève à 12 millions. Si l’excédent de sinistre est
conclu par événement et non pas risque, l’assureur direct débourse 5 millions
alors que le réassureur verse 15,34 millions.

Dans cet exemple, avec une couverture définie par événement, l’assureur
direct obtient du réassureur une participation plus importante que dans le cas
d’une WXL/R. Il serait toutefois erroné d’affirmer que, de façon générale, la
WXL/E offre une meilleure couverture à l’assureur direct. Des exemples
simples montrent qu’une couverture définie par risque peut aussi entraîner
une plus grande contribution du réassureur au sinistre: en effet, si, à partir
d’un événement, un nombre suffisant de gros risques sont touchés par des

22
sinistres relativement importants, l’assureur direct possédant une couverture
WXL/E par risque court le risque de se retrouver avec une couverture de
réassurance insuffisante.

Sinistres (chiffres exprimés en millions)


Risque X: somme assurée 120; sinistre brut 20
sinistre en réassurance proportionnelle 11,66
en rétention 8,34

Risque Y: somme assurée 40; sinistre brut 12


en rétention 12,0

50
45 xs 5 mio*
WXL/E
rétention 50 millions par risque (avant WXL/E)

40

30 32,0

20
20,34

sinistre du réassureur
risque
proportionnel Y

10
sinistre du réassureur
WXL/E 8,34
5
priorité 5 millions risque
sinistre en rétention nette de X
l'assureur direct (après WXL/E)
* mio = millions événements isolés
en mio*

Exemple n° 8.4
Si on ajoute à l’exemple précédent un risque Z présentant un engagement de
50 millions, la situation devient claire: le risque Z a subi, lors de ce même
événement, un dommage total de 50 millions. Le dommage global causé par
cet événement s’élève donc, avant l’application de la réassurance en excédent
de sinistre, à 70,34 millions (soit 8,34 + 12 + 50 millions). Si la couverture
en excédent de sinistre est définie par événement, le réassureur paie exacte-
ment 45 millions; avec une couverture définie par risque, le réassureur paie
par contre 55,34 millions (3,34 + 7 + 45 millions).

23
Cet exemple montre clairement que le réassureur aussi a intérêt à bien définir
la couverture: le prix de la couverture de réassurance dépend fortement de
cette définition. Il va donc de l’intérêt de l’assureur direct et du réassureur
que, lors de la signature du contrat, l’accord intervenu soit clair pour les deux
parties en jeu.

Dans les branches dommages, il faut accorder une attention toute particulière
à la différence entre la WXL/R et la WXL/E. Dans la branche RC, par contre,
la plupart des couvertures sont souscrites par événement car le risque n’est pas
– ou du moins pas facilement – définissable (des tiers exigent un rembourse-
ment sans lien avec un objet assuré, et donc sans valeur totale correspondante).

Sinistres cumulés C’est surtout dans les branches dommages que le réassureur conçoit des ex-
(Cat-XL, exemple n° 8.5) cédents de sinistre par événement accordant une garantie spéciale face à des
sinistres cumulés. Ces couvertures doivent être conçues pour ne pas entrer
en jeu lors d’un sinistre touchant un seul risque. Il s’agit d’une couverture en
excédent de sinistre catastrophe (en anglais «catastrophe excess of loss cover»,
abrégé Cat-XL). Quelques chiffres relatifs à l’exemple n° 8:

Exemple n° 8.5
Hypothèse: l’assureur direct décide d’acheter une couverture en excédent de
sinistre par risque de 45 millions au delà de la priorité de 5 millions par
risque. En outre, il veut limiter à 7,5 millions son sinistre maximum par évé-
nement, en cas de cumul. A cet effet, le réassureur lui accorde une couverture
en excédent de sinistre catastrophe par événement s’élevant à 42,5 millions au
delà de la priorité de 7,5 millions par événement.

Le programme de réassurance, Exemple n° 9


à partir des risques X, Y, U et V Hypothèse: les quatre risques sont touchés par le même sinistre.
(exemple n° 9)
Les couvertures de réassurance:
Excédent de sommes: plein de conservation 50 millions;
engagement contractuel 700 millions (14 x 50)
WXL/R: tranche de 45 millions; priorité de 5 millions
Cat-XL: tranche de 42,5 millions; priorité de 7,5 millions
en millions Engagement Sinistre Couverture Rét. après Couverture net après
d’origine brut réas. prop. réas. prop. WXL/R WXL/R

risque X 120,00 20,00 11,66 8,34 3,34 5,00


risque Y 40,00 12,00 0,00 12,00 7,00 5,00
risque U 10,00 0,20 0,00 0,20 0,00 0,20
risque V 80,00 3,00 1,12 1,88 0,00 1,88
sinistre total brut 35,20
couverture réassurance prop. globale 12,78
rétention totale après réassurance prop. 22,42
couverture WXL/R globale 10,34
sinistre net global après WXL/R 12,08
couverture Cat-XL 4,58
sinistre net pour l’assureur direct après réassurance 7,50

24
Couverture en excédent de sinistre par risque Couverture en excédent de sinistre catastrophe

50 50
rétention 50 millions par risque (avant WXL/R)

45 xs 5 mio* 42,5 xs 7,5 mio*


WXL/R Cat-XL
40 40

30 30

20 20
20,0

10 12,0 V 12,08
10,0 10,2
8,34 Y
5 V 5
5,0
priorité 5 millions X Y 3,0 X priorité 7,5 millions
U 0,2
*mio = millions risques individuels événements isolés

sinistre risque V 1,88


sinistre risque U 0,2
sinistre risque Y 5,0
sinistre risque X 5,0

sinistre du réassureur sinistre du réassureur


proportionnel Cat-XL

sinistre du réassureur sinistre en rétention


WXL/R nette-nette de l'assureur
direct (après Cat-XL)
sinistre en rétention nette de
l'assureur direct (après WXL/R)

Pour récapituler, l’exemple n° 9 nous montre que:


– la couverture en excédent de sinistre catastrophe ne peut intervenir que si
le sinistre touche plusieurs risques.
– grâce à la couverture de réassurance proportionnelle, l’engagement par
risque peut être limité à la rétention de 50 millions.
– avec la couverture en excédent de sinistre par risque de 45 millions au
delà d’une priorité de 5 millions par risque, le sinistre par risque peut être
limité à une rétention nette 5 millions.
– le sinistre maximal par risque pour la rétention nette (5 millions) est
inférieur à la priorité de l’excédent en sinistre catastrophe par événement
de 7,5 millions. La couverture en excédent de sinistre catastrophe ne peut
donc intervenir qu’en cas de sinistre touchant plusieurs risques et non un
seul.

25
Les couvertures non propor- – Dans chaque traité en excédent de sommes, il faut définir la notion d’évé-
tionnelles WXL/R, WXL/E nement qui dépend du nombre de risques touchés par un sinistre (impu-
et Cat-XL en résumé table à un seul événement).
– L’excédent de sinistre par risque couvre l’assureur direct contre l’éventualité
d’importants sinistres sur un risque. Cette couverture intervient lorsque le
sinistre touche un seul risque.
– L’excédent de sinistre par événement est axé sur le cumul, quel que soit le
nombre de risques concernés. Cette couverture protège contre les sinistres
cumulés. Si cet excédent de sinistre peut être déclenché pour un seul évé-
nement, touchant un seul risque, on parlera d’excédent de sinistre par évé-
nement. Si, par contre, il intervient seulement lorsque les sinistres se rap-
portent à plusieurs risques, on parlera de Cat-XL. Ces cumuls de sinistres
sont en général de véritables catastrophes, c’est pourquoi on parle d’excé-
dent de sinistre catastrophe.

La réassurance stop loss Il existe une autre forme de réassurance non proportionnelle, appelée excé-
dent de perte annuelle ou «stop loss cover». Cette réassurance stop loss est
très spécifique et n’est utilisée que dans certaines branches (par ex. en assu-
rance grêle ou en assurance récoltes). Le propre de cette réassurance est
que la notion d’événement a été élargie au point que tous les sinistres d’une
année donnée sont pris en considération. La priorité et la couverture de
réassurance non proportionnelle sont fixées par année, le plus souvent en
pourcentage des primes émises conservées. Comparée aux autres produits de
réassurance non-proportionnelle, la couverture stop loss procure à l’assureur
direct la garantie la plus large pour les affaires qu’il conserve. Mais elle ne
doit pas être utilisée comme garantie de bénéfice pour l’assureur direct: le but
de cette couverture n’est pas de dégager l’assureur direct de son risque d’en-
treprise. La couverture stop loss peut toutefois constituer une solution judi-
cieuse lorsque l’assureur direct cherche à se protéger d’un véritable danger
menaçant son existence même, suite à l’accumulation d’incidences négatives
sur une seule et même année. Le produit doit être conçu en conséquence.
Le réassureur émet, dans ce cas, des exigences très strictes quant à l’équilibre
du portefeuille à couvrir.

Cet équilibre est obtenu en combinant la réassurance proportionnelle avec


un excédent de sinistre par risque et/ou par événement. Aussi, la couverture
stop loss ou en excédent de perte annuelle n’intervient en général que pour
la rétention nette-nette, à savoir l’engagement restant à la charge de l’assureur
direct après la souscription de toutes autres réassurances adéquates.

Produits de réassurance non – L’excédent de sinistres par risque (WXL/R) couvre les dommages affectant
proportionnelle (récapitulatif) un risque donné.
– L’excédent en sinistre catastrophe par événement (Cat-XL) couvre les
sinistres par événement à caractère de cumul.
– L’excédent de sinistres par risque et par événement (WXL/E) est un pana-
chage de la WXL/R et de la Cat-XL.
– L’excédent de perte annuelle (stop loss) limite la charge de sinistres annuelle
sur la rétention nette-nette.

26
9 Aspects du portefeuille justifiant
la réassurance non proportionnelle

Différences d’une branche Les portefeuilles ne se prêtent pas tous dans la même mesure à la réassurance
à l’autre non proportionnelle. Cette adéquation varie d’une branche à l’autre. Un
portefeuille accidents, par exemple, est souvent plus homogène qu’un porte-
feuille incendie. Ainsi un portefeuille accidents est plus adapté à la réassurance
non proportionnelle directe qu’un portefeuille incendie. Lorsque le porte-
feuille de risque est plutôt hétérogène, il faut d’abord atteindre une certaine
homogénité par le biais de la réassurance proportionnelle. En assurance in-
cendie, par exemple, un portefeuille brut peut difficilement être couvert par
la seule réassurance en excédent de sinistres. C’est pourquoi, les engagements
sont réduits, au préalable, par la réassurance en excédent de sommes. C’est
surtout la structure du portefeuille concerné qui dicte dans quelle mesure un
portefeuille brut doit être homogénéisé par le biais de la réassurance propor-
tionnelle.

Le volume absolu Le volume absolu d’un portefeuille détermine aussi si ce dernier se prête ou
non à la réassurance non proportionnelle. Selon la branche, le réassureur peut
prévoir divers volumes minimaux de portefeuilles.

Rapport entre la charge de La réassurance non proportionnelle doit être conçue de façon à ne couvrir
sinistres et la prime conservée que relativement peu de gros sinistres. Pour la réassurance en excédent de
sinistres, le rapport entre la charge de sinistres et la prime conservée est d’une
importance cruciale. Plus ce rapport est élevé, moins l’assureur direct sera en
mesure d’assumer le prix de la couverture.

Informations destinées au Grâce à sa connaissance de l’assureur direct – propension au risque, solidité


réassureur financière de son portefeuille et politique en matière de portefeuille –, le
réassureur peut mettre au point un programme de réassurance sur mesure en
panachant réassurance proportionnelle et non proportionnelle.

27
10 Règlement des sinistres
en réassurance non proportionnelle

Dans ce chapitre concernant les aspects du règlement des sinistres, on admet


que les excédents de sinistres sont définis par risque, par événement et par
année.

Le réassureur paie la part du sinistre couvert qui dépasse la priorité. C’est


pourquoi seuls les sinistres en excédent intéressent le réassureur. Si un sinistre
dépasse la priorité ou une part de la priorité définie contractuellement, l’assu-
reur direct doit annoncer ce sinistre le plus tôt possible au réassureur. A cet
effet, il faut clairement stipuler, dans le traité, quelle est la base de référence
permettant de déterminer le sinistre:

Excédent de sinistres par risque L’assureur direct a acheté une couverture en excédent de sinistre par risque
pour protéger sa rétention après réassurance en excédent de sommes: il
doit défalquer la part du montant brut du sinistre couverte par l’excédent
de sommes. Et c’est cette perte nette, dite définitive, qu’il doit déclarer au
réassureur.

Excédent de sinistre L’assureur a acheté une couverture de réassurance pour garantir sa rétention
catastrophe par événement après réassurance en excédent de sommes, voire sa rétention nette après réas-
surance en excédent de sinistre par risque: il doit défalquer la part du mon-
tant brut du sinistre couverte par ces deux dernières réassurances. C’est cette
perte nette définitive qu’il déclare au réassureur.

Réassurance facultative L’assureur a acheté une couverture de réassurance facultative pour un risque
isolé: il défalquera également, pour le calcul de la perte nette définitive, la
part du montant du sinistre brut couverte à titre facultatif.

Date du sinistre La date du sinistre est déterminante pour la couverture d’un sinistre en excé-
dent. Si la date du sinistre tombe dans l’année de survenance (et remplit les
conditions convenues dans le traité), le sinistre est couvert par l’excédent de
sinistre.

Règlement Au moment de sa déclaration, il est rare qu’un sinistre soit déjà réglé. Le réas-
sureur ne paie sa part que lorsque l’assureur direct règle le sinistre. L’assureur
direct fournit périodiquement au réassureur une liste des montants déjà ver-
sés et des montants encore dus.

28
Informations au réassureur L’assureur direct informe régulièrement le réassureur – au moins une fois par
an – sur l’évolution des différents sinistres en excédent jusqu’au dépouille-
ment définitif. Selon la branche, le règlement peut prendre plus ou moins de
temps. En règle générale, les sinistres incendies sont réglés définitivement
dans les deux ans environ, alors qu’il faut plusieurs années pour régler les
sinistres accidents ou RC.

Traitement des sinistres Comme en assurance directe, le traitement des sinistres se fait au coup par
chez le réassureur coup. Le réassureur traite chaque sinistre séparément. La saisie des sinistres en
excédent se fait par année de survenance et non par année comptable comme
c’est le cas en réassurance proportionnelle dans la branche dommages. Aussi
le réassureur ne connaît-il la charge exacte des sinistres en excédent pour l’an-
née de survenance qu’une fois que tous les sinistres en excédent de l’année en
question sont définitivement réglés.

Clause de stabilité Dans de nombreuses branches, l’assureur direct et le réassureur conviennent


d’une clause de stabilité pour les périodes où les taux d’inflation sont en
hausse. Ainsi, la charge de sinistres imputable à l’inflation peut être plus
équitablement répartie entre l’assureur direct et le réassureur.

Participation de l’assureur Lorsqu’il participe à la couverture en excédent de sinistre, l’assureur direct a


direct à la couverture lui aussi intérêt à ce que la liquidation du sinistre soit correcte, lorsque le
sinistre dépasse la priorité. Le réassureur tient compte de cette participation
de l’assureur direct lorsqu’il fixe le prix de la couverture.

29
11 Fixation du prix

Le réassureur calcule la prime, c’est à dire le prix pour l’octroi d’une couver-
ture non proportionnelle sur une période donnée, en général pour une année
(soit l’année pour laquelle est contracté l’excédent de sinistres). Ainsi la prime
en excédent de sinistre n’est pas liée à la durée d’application des polices d’ori-
gine dans le portefeuille couvert. Logiquement, à la fin de l’année de surve-
nance, la prime en excédent de sinistres est entièrement acquise. Le réassureur
ne fait pas de provisions sur les primes émises. Le prix est fixé sans tenir
compte des primes éventuellement cédées au préalable sur une base propor-
tionnelle.

Le prix adapté au risque Déterminer un prix adapté au risque présuppose que le réassureur puisse
apprécier la probabilité ou le potentiel de sinistres affectant sa couverture.
En pratique, il existe une multitude de méthodes à cet effet. Il n’y a pas de
méthode particulière gagnant tous les suffrages des réassureurs. Cela explique
partiellement les disparités de prix entre les différents réassureurs pour la
même couverture en excédent de sinistres. A l’aide des informations fournies
par l’assureur direct, le réassureur analyse le portefeuille à couvrir et établit
un profil de risques. C’est la situation de départ souhaitée par le réassureur
qui essaie d’apprécier correctement le risque d’excédent de sinistre. La méthode
reposant sur les statistiques sinistres – et donc la tarification selon l’expé-
rience – a ses faiblesses car elle ne tient pas suffisamment compte du change-
ment constant: le caractère aléatoire des sinistres dans le passé, l’inflation, la
modification de la structure du portefeuille et l’évolution technologique ne
sont que quelques uns des facteurs qui réduisent fortement la valeur de ces
statistiques sinistres pour l’estimation des probabilités de sinistres. Aussi la
méthode de la tarification en fonction de l’exposition (au danger) part-elle
du potentiel de sinistres. Contrairement à la tarification sur la base de l’expé-
rience, ce ne sont plus les sinistres effectivement survenus qui sont détermi-
nants, mais les sinistres escomptés, au vu des spécificités du portefeuille.

Le prix de la réassurance Le prix technique total de la réassurance est la somme des éléments suivants:

La prime technique
Comme nous l’avons décrit au chapitre précédent, la prime constitue la charge
moyenne de sinistres escomptée sur un traité de réassurance. Si l’on prend
la moyenne sur plusieurs années, le réassureur remboursera cette somme à
l’assureur direct par le biais des sinistres qu’il réglera.

La majoration pour incertitude


La prime est une valeur estimée. Même si le réassureur apprécie, en moyenne,
correctement ce montant, des écarts se produiront dans les cas d’espèces.
Etant donné que l’assureur direct tend à opter pour la meilleure offre, un ré-
assureur sera surtout leader là où il a sous-estimé la prime. La prime sera
donc trop faible pour tout son portefeuille. Pour compenser cet effet, le réas-
sureur exige une majoration due à l’incertitude.

30
Le chargement pour fluctuation
Prise en charge des fluctuations, voilà sans doute l’une des manières les plus
rapides de définir la fonction fondamentale de la réassurance (cf. Chapitre 1
de cette publication). Le réassureur apporte une garantie pour les fluctuations
prises en charge, à savoir un capital approprié. Il doit percevoir des intérêts
sur la part de son capital réservée à cet effet. Le chargement pour fluctuation
est donc le véritable prix de la réassurance, en bref, c’est la contribution au
bénéfice dégagé des affaires de réassurance. Le réassureur exigera un charge-
ment pour fluctuation d’autant plus important que la fluctuation assumée est
elle-même élevée. Ce potentiel de fluctuation est, pour simplifier, exprimé
par le rapport «sinistre escompté sur couverture d’excédent de sinistre».

Les coûts
Parmi les coûts du réassureur, on compte ses frais de gestion interne, mais
aussi les éventuels coûts externes comme par exemple les droits de courtage
ou les impôts.

Type de primes en excédent Le réassureur exprime habituellement la prime d’excédent de sinistre sous
de sinistre forme d’un taux fixe des primes brutes souscrites pour l’ensemble du porte-
feuille couvert. Les frais ne sont pas pris en compte et ne sont pas déduits des
primes brutes. Par contre, il faut déduire les primes cédées en réassurance
proportionnelle, lorsque l’excédent de sinistre couvre le plein de conservation
de l’assureur direct après réassurance proportionnelle. Le montant des primes
restant est appelé en anglais «gross net premium income» (abrégé: GNPI), ce
qui se traduit en français par encaissement brut net de ristournes. Si le plein
de conservation est par exemple fixé à 50 millions, il faut tenir compte de
toutes les primes conservées, y compris les primes pour les risques dont l’en-
gagement d’origine est inférieur au plein de conservation. Pour une couver-
ture de sinistre de 45 millions en excédent de 5 millions par risque, la base
des primes se calcule, pour le taux de prime en excédent de sinistre, de la
façon suivante:

toutes les primes brutes de tous les risques 4780,5 millions


moins
la part de primes cédées en proportionnelle
pour les risques d’une portée initiale
supérieure à 50 millions 1088,0 millions

GNPI 3692,5 millions

En fonction de la branche et de la régularité de la charge de sinistre représen-


tée par l’excédent de sinistre, la prime peut aussi être fixée en tant que taux
variable, avec seuils minimal et maximal. La somme des sinistres en excédent
est exprimée en pourcentage du GNPI. On calcule le taux de prime en excé-
dent de sinistre en ajoutant une majoration. Ce taux sera appliqué au GNPI,
complété et limité par des taux de primes minima et maxima. Il existe plu-
sieurs méthodes pour calculer les primes variables. Elles sont plus ou moins
utilisées, selon les branches.

31
Modalités de versement Comme il est d’usage en assurance, l’assureur direct est à son tour redevable
des primes de la prime en excédent de sinistre au début de l’année couverte (année de
survenance ou année contractuelle). Dans la pratique, il est courant de conve-
nir d’une prime provisionnelle et d’une prime minimale pour le réassureur.
Leurs montants absolus correspondent, en général, à 80 % - 90 % de la prime
en excédent de sinistre estimée pour l’année de survenance et ils sont le plus
souvent du même ordre de grandeur.

A la fin de l’année de survenance, la prime en excédent de sinistre effective


est calculée: le taux de prime en excédent de sinistre convenu est multiplié
par les primes effectivement souscrites dans le portefeuille concerné. La prime
minimale n’entrera en jeu que si elle est supérieure à la prime effective. Le
paiement sera considéré comme déjà effectué si un montant unique a été
convenu pour la prime provisionnelle et la prime minimale. Si la prime effec-
tive est supérieure à la prime minimale, l’assureur direct versera au réassureur
la prime de régularisation correspondante.

32
12 La réassurance non proportionnelle obligatoire
(récapitulatif)

– On prend en compte le sinistre et non pas la couverture des risques ori-


ginels.
– La part des sinistres dépassant la priorité fixée est couverte dans la limite
de la tranche convenue.
– Les couvertures sont convenues par année de survenance. Ce qui importe,
c’est que la date du sinistre tombe l’année du traité.
– Le prix est fixé principalement à partir de la probabilité des sinistres et du
chargement pour fluctuation.
– Le prix est, en règle générale, fixé en tant que taux de prime calculé sur les
primes brutes de base émises.
– Les primes brutes de base souscrites sont les primes qui restent après dé-
duction de toute autre réassurance portant sur la rétention (abrégé GNPI)
lorsqu’une réassurance proportionnelle a été contractée antérieurement.

Fonction des trois principaux excédents de sinistres:


– couvrir contre les sinistres par risque au moyen de l’excédent de sinistre
par risque (WXL/R).
– couvrir contre les sinistres par événement à caractère de cumul par le biais
de l’excédent de sinistre catastrophe par événement (Cat-XL).
– limiter sur un an la charge de sinistre provenant de la rétention au moyen
de l’excédent de perte annuelle (stop loss).

33
Notes
Notes
© Copyright 1997
Compagnie Suisse de Réassurances
Zurich

Auteur: Christoph Bugmann, PM/US.

Cet ouvrage constitue une version


revue et complétée de la publication
parue sous le même titre en 1976 et
rédigée par Peter Gasser.

Traduction: Services linguistiques

Réalisation:
Département Product Management
Section Transfert de compétences

Suisse de Réassurances
Relations publiques
Mythenquai 50/60, Boîte postale,
CH-8022 Zurich, Suisse

Téléphone + 41 1 285 21 21
Télécopie + 41 1 285 20 23
Internet http://www.swissre.com

PM/US / 2000f / 10.97

Vous aimerez peut-être aussi