Vous êtes sur la page 1sur 3

Université Cheikh Anta DIOP de Dakar Année Universitaire 2016-2017

Ecole Supérieure Polytechnique (E.S.P) Département Gestion : CEPECS


Option : DSC.J Cours de Droit du travail

CHAPITRE I : LES RELATIONS INDIVIDUELLES DE TRAVAIL : LE


CONTRAT DE TRAVAIL
Les relations individuelles de travail sont celles qui peuvent exister entre un travailleur pris
individuellement et son employeur à partir d’un contrat de droit privé : le contrat de travail.
Le travailleur est toute personne, quels que soient son sexe et sa nationalité, qui s’est engagée
à mettre son activité professionnelle, moyennant rémunération, sous la direction et l'autorité
d'une autre personne physique ou morale, publique ou privée, l’employeur.
Ce dernier est toute personne physique ou morale, de droit public ou de droit privé, employant
c’est-à-dire faisant travailler une ou plusieurs personnes sous son autorité et sa direction
moyennant rémunération.
La notion de contrat de travail (SECTION I), pièce maitresse, objet principal et condition du
droit du travail, établit entre l’employeur et le travailleur des relations individuelles de travail
lors de sa formation (SECTION II), son exécution (SECTION III), sa rupture (SECTION IV)
et des litiges (SECTION V) qu’elle peut soulever.

SECTION I : LA NOTION DE CONTRAT DE TRAVAIL


Le contrat de travail est une notion complexe dans son existence (§I), sa typologie (§II) et très
proche de certains contrats dits contrats voisins (§III).

§ I : L’EXISTENCE, LA COMPOSITION OU LA DEFINITION DU


CONTRAT DE TRAVAIL
Le contrat de travail est défini par la doctrine, particulièrement Guillaume-Henri Camerlynck,
suivie par les tribunaux, comme la Convention par laquelle une personne s’engage à mettre son
activité à la disposition d’une autre, sous la subordination de laquelle elle se place, moyennant
rémunération.
Il existe, se constitue ou se compose d’une activité, d’une rémunération et d’une subordination
juridique qui sont aussi l’objet des droits et obligations des parties.
L’activité, plus précisément le travail ou la prestation de travail, est une activité humaine
quelconque : physique ou matérielle, juridique, libérale, intellectuelle, artistique, sportive.
La rémunération est l’avantage reçu fourni ou promis au travailleur en raison de son emploi
dans l’entreprise. Elle se compose du salaire de base et éventuellement des accessoires du
salaire qui sont les compléments, les indemnités et les prestations en nature.
Le salaire de base est la contrepartie pécuniaire du travail fourni ou à fournir. Il consiste
nécessairement en une somme d’argent et non en un avantage en nature.
Les compléments des avantages ajoutés au salaire pour motiver ou fidéliser le travailleur
comme par exemple le sursalaire, les heures supplémentaires, les allocations de congé payé.
Les indemnités sont par contre des sommes ajoutées au salaire pour rembourser les frais
professionnels, réparer le préjudice ou compenser les servitudes ou les sujétions que le salarié
est obligé de supporter à l’occasion de l’exécution des obligations contractuelles. C’est le cas
de la prime de transport, de l’indemnité de congé payé du travailleur journalier, de l’indemnité
de déplacement et de séjour.
Les prestations en nature sont des services autres que des sommes d’argent fournis par
l’employeur comme le logement, la nourriture.
La subordination juridique est l’exécution d’un travail sous l’autorité d’une personne
(l’employeur) qui a le pouvoir de donner des ordres et des directives, d’en contrôler l’exécution
et de sanctionner les manquements de son subordonné (le travailleur).
Elle est caractérisée par le pouvoir, la possibilité pour l’employeur de donner des ordres et des
directives, d’en contrôler l’exécution et de sanctionner les manquements du travailleur. C’est
donc le lien d’autorité, de pouvoir, d’obéissance établi entre l’employeur et le travailleur.

MANE Ousmane, Enseignant-Chercheur, FSJP/UCAD ousmane.mane@ucad.edu.sn


Université Cheikh Anta DIOP de Dakar Année Universitaire 2016-2017
Ecole Supérieure Polytechnique (E.S.P) Département Gestion : CEPECS
Option : DSC.J Cours de Droit du travail

La subordination juridique peut aussi être caractérisée par l’intégration d’une personne (le
travailleur comme par exemple un médecin, un enseignant, un avocat) à un service organisé
c’est-à-dire dont les règles de fonctionnement sont fixées par une autre personne (l’employeur).
Elle est alors compatible avec l’indépendance technique nécessaire à l’exercice des professions
dites libérales comme la médecine, l’enseignement, la profession d’avocat.
Le travail et la rémunération sont nécessaires (pas de contrat de travail en leur absence). Mais
elles ne sont pas spécifiques au contrat de travail car ils peuvent se retrouver dans d’autres
contrats.
Le lien de subordination juridique est par contre non seulement nécessaire mais aussi
spécifique, propre au contrat de travail. Il permet par conséquent de présumer simplement son
existence c’est-à-dire que tout contrat qui comporte une subordination juridique est jusqu’à
preuve contraire considéré un contrat de travail.

§ II : LA TYPOLOGIE DES CONTRATS DE TRAVAIL


Le contrat de travail peut être à durée indéterminée, à durée déterminée, de travail temporaire,
de tâcheronnat, d’engagement à l’essai, d’apprentissage, de stage ou à temps partiel.
Le contrat à durée indéterminée (CDI) est défini comme tout contrat de travail qui ne répond
pas aux définitions du contrat à durée déterminée, du contrat d’apprentissage, du contrat
d’engagement à l’essai ou du contrat de stage. Il est donc le contrat de travail dans lequel la
durée de l’engagement des parties est indéterminée, non précisée à l’avance.
Le contrat à durée déterminée (CDD) est le contrat dont le terme est fixé à une date, à un
temps précis (terme certain) ou subordonné à un événement futur et certain, à l’exécution d’un
ouvrage déterminé ou à la réalisation d’une entreprise dont la date ou la durée ne peut être
préalablement connue ou évaluée avec précision (terme incertain).
Le contrat de travail temporaire ou contrat d’intérim est le contrat par lequel une entreprise
de travail temporaire ou agence d’intérim embauche un travailleur « temporaire ou intérimaire »
pour assurer l’exécution de tâches précises et temporaires dénommées « missions » dans une
autre entreprise utilisatrice. Il combine un contrat de travail (mission entre le travailleur et
l’entreprise de travail temporaire) et un contrat de mise à disposition (entre les entreprises).
Le contrat de tâcheronnat est la convention par laquelle un tâcheron (maître ouvrier) recrute
des ouvriers à titre occasionnel et fournit l’outillage ainsi que les matières premières en vue de
la réalisation d'un ouvrage déterminé soit directement pour le maître de l'ouvrage, soit pour le
compte de l'entrepreneur. Il combine un contrat d’entreprise avec les contrats de travail.
Le contrat d'engagement à l'essai est le contrat par lequel l’employeur et le travailleur, en vue
de conclure un contrat définitif, décident au préalable d’apprécier respectivement, la qualité des
services, le rendement et les conditions de travail, de vie, de rémunération, d’hygiène, de
sécurité ainsi que le climat social notamment.
Le contrat d’apprentissage est le contrat par lequel une personne, le maître, assure à un jeune
sans emploi, l’apprenti, une formation professionnelle dispensée dans l’entreprise et dans un
centre de formation.
Le contrat de stage est le contrat par lequel une entreprise accueille ou prépare (par le biais de
l’encadrement, de l’assistance et du parrainage) une personne titulaire d’un diplôme, le
stagiaire, en vue d’une embauche définitive à l’issue du stage (contrat de stage pré-embauche),
de mener une activité professionnelle comme entrepreneur (contrat de stage d’incubation, de
lui assurer l’acquisition d’une expérience pratique en rapport avec sa formation (contrat de stage
d’adaptation) ou une qualification supplémentaire lui permettant d’exercer un autre métier
(contrat de stage de requalification). Il est inclus dans les catégories de contrats de travail par
la loi n° 2015-04 du 12 février 2015 modifiant le Code du travail par l’introduction du contrat
de stage aux articles L. 49 et L. 76 bis du Code du travail et le décret n° 2015-777 fixant les
règles applicables au contrat de stage.

MANE Ousmane, Enseignant-Chercheur, FSJP/UCAD ousmane.mane@ucad.edu.sn


Université Cheikh Anta DIOP de Dakar Année Universitaire 2016-2017
Ecole Supérieure Polytechnique (E.S.P) Département Gestion : CEPECS
Option : DSC.J Cours de Droit du travail

Le contrat de travail à temps partiel est celui dont les horaires (durée hebdomadaire,
mensuelle ou annuelle) sont inférieurs d’au moins un cinquième (au plus 32 heures par semaine
ou 138 heures par mois) à la durée légale ou conventionnelle du temps de travail.

§ III : LES CONTRATS VOISINS DU CONTRATS DE TRAVAIL


Les contrats voisins sont ceux qui partagent certains éléments et se confondent très souvent
avec le contrat de travail. Il s’agit principalement du contrat de société, du contrat de mandat,
du contrat d’entreprise, du contrat de prestation de service et du contrat de sous-traitance.
Certains de ces contrats sont généralement utilisés par les employeurs pour tenter de se
soustraire à l’application du droit du travail.
Le contrat de société est le contrat par lequel deux ou plusieurs personnes (les associés)
conviennent d’affecter à une activité des biens en numéraire ou en nature, ou de l’industrie
(activité, compétence, travail) dans le but de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie
et de contribuer aux pertes qui pourront en résulter.
Le contrat de mandat est celui qui confère à une personne, le mandataire (exemple l’agent
commercial, l’agent général d’assurance le courtier), le pouvoir de passer un ou des actes
juridiques au nom et pour le compte d’une autre personne, le mandant.
Le contrat d’entreprise est celui par lequel une personne, l’entrepreneur, se charge de faire,
de réaliser un ouvrage pour le compte d’une autre personne, le maître de l’ouvrage, moyennant
une rémunération tout en conservant son indépendance.
Le contrat de prestation de service est la convention par laquelle une personne physique ou
morale, le prestataire de service, s’oblige, contre rémunération, à exécuter pour l’autre partie,
le client, un travail déterminé (sécurité ou gardiennage, transport, nettoyage) sans la représenter
et de façon indépendante (par ses propres moyens matériels ou humains notamment ses
travailleurs permanents ou occasionnels).
Le contrat de sous-traitance est celui par lequel une entreprise, l’entrepreneur, fait exécuter,
à une autre entreprise, le sous-traitant, des prestations qu’elle s’est engagée à fournir pour le
compte du maître de l’ouvrage. C’est le cas très souvent dans le bâtiment et travaux publics.

MANE Ousmane, Enseignant-Chercheur, FSJP/UCAD ousmane.mane@ucad.edu.sn

Vous aimerez peut-être aussi