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ARTICULATION ENTRE ORDRE JURIDIQUE DE L’UNION ET LES ORDRES CJCE Arrêt COSTA c/ENEL 1964 = déduction du principe de primauté

= déduction du principe de primauté par une référence


JURIDIQUES NATIONAUX au DI notamment la CIJ =primauté du DI (Usine de Chorzow 1928) :  Assure le respect
de l’ordre juridique intere et respect de l’UE = Condition existentielle = source
Disposition de la Constitution du DI (précise qui est compétent en matière de négociation en d’effectivité du droit
matière de DI)
- Fixation d’une OI à durée illimitée (CEE)
DI + Dinterne = Dualisme ? Forme un Droit ? - Compétence exclusives de l’UE = compétence que les EM ne peuvent plus exercer
Théorie de la primauté du D.interne dans certains États = mécanisme de transposition pour - Personnalité juridique internationale distincte des EM + propre politique extérieure
pénétrer le DI sur le territoire de l’État  projet de loi Modification de dispositions du DI (capacité de conclure des accords internationaux)
pour le rendre compatible avec le D.interne  Absence d’uniformité si application en DUE - Norme d’effet direct de DUE = création de droit et obligation ≠ = DI.
 TENTATIVES CONVENTIONNELLES DE LA PRIMAUTÉ
Volonté des État de primauté de leur droit ! Absence de précision de la primauté du DUE
dans les traités constitutif mais précision sur des actes = Inscription de la primauté dans les traités ?

Uniformité = permet au juge de résoudre des litiges (autorité de régulation entre EM et UE) 1er Tentative / pas retenu : Projet Spinelli 1984 = action du parlement pour réformer les
institutions car pas de révision des traité à l’époque / Art. 42 « DUE prévaut sur les droits
Début des années 60 : 2 principes indissociable : nationaux »
- Primauté : DUE s’applique au détriment du D.national T.Amsterdam 1997 Protocole sur les principes de subsidiarité et de proportionnalité /
- Effet direct des normes de l’UE = Création de droits et obligation par le DUE inscription modifié dans le T.Lisbonne : maintient de la juris’ concernant l’articulation des
ordres juridiques
PRIMAUTÉ DU DUE
Traité établissant une C*pour UE 2004/2005 art.1,6 = primauté du DUE sur EM
DUE > D.national Mais +
Insertion d’une déclaration n°17 relative à la primauté à l’article 4 TUE = il ne s’agit pas
Supranational
d’aller au-delà de ce le juge avait fixé /
Résolution des conflits de droit = mécanisme de résolution de conflit donné à
Absence de la mention d’une primauté absolus pour 2 raisons antinomiques :
l’administrateur et juge confronté à une incompatibilité entre deux normes = Réponse unique
donnée à tout le territoire de l’EM Donner un caractère non absolu à cette primauté
Processus d’intégration presque perpétuel = impossible de revenir sur un dispositif / Éviter une tendance pour certains États à relativiser la portée de la juris’ COSTAc/ENEL
Remettre en cause les liens tissés (RU contraire)
- Portée de la primauté = absolus + relative ou réserve de constitutionnalité
- RECONNAISSANCE DE LA PRIMAUTE = RECONNAISSANCE
PRETORIENNE + TENTATIVES CONVENTIONNELLES Primauté = Principe fondamental du DUE
= Caractère inconditionnel (pas soumis à des conditions) + mécanisme absolu
Méfiance de l’inscription de la primauté dans les traités constitutifs car droit extérieur (ensemble des disp DUE > ensemble des normes de D.national)
Rencontre des normes de DUE et normes C* des États = CONFLITS  Perte du caractère
Exercice du juge = démonstration de la supposition par nature du principe de primauté des absolu du DUE au profit d’un caractère plus limité (« réserve de constitutionnalité »)
règles dans les traités constitutifs = Évidence
 PORTÉEE ABSOLUS DU DUE (5 ÉLÈMENTS)
Reprise de la juris’ lors des révision ? Non ! Mais T.Lisbonne déclaration qui fait référence à
- On ne touche pas au D.national / On ne se prononce pas sur sa validité :
la JP de la Cour qui fixe la primauté arrêt COSTAc/ENEL 1964
La primauté n'est pas une substitution à la hiérarchie constitutionnelle des États membres ;
 RECONNAISSANCE PRETORIENNE DE LA PRIMAUTE elle ne remet pas en question la validité des actes juridiques existants. Elle est plutôt un
mécanisme technique pour résoudre les conflits entre les normes du droit de l'UE et du droit
Distinction de l’ordre juridique de l’UE au DI car fondamentalement différent = national, en donnant la priorité au droit de l'UE. Cette règle uniforme s'applique
Inapplication des réponses de DI en DUE = suppression dualisme/monisme indépendamment des dispositions constitutionnelles de chaque État membre.
- La primauté concerne toutes les normes au regard du D.national => Juge tenu d’appliquer la norme nationale et d’écarter la disposition du droit de l’UE.
Peu importe leur position dans la hiérarchie interne, le droit de l'UE prime dès son entrée en La primauté du droit de l'Union européenne peut être limitée lorsqu'il s'agit de protéger les
vigueur, sans considération de l'antériorité des normes nationales. Bien que cette question ne droits fondamentaux, car l'intensité de cette protection varie d'un État membre à
pose généralement pas de problème dans les États membres en ce qui concerne les normes l'autre et entre l'UE et les États membres. Si une disposition du droit de l'Union est moins
législatives et réglementaires, elle peut susciter des défis lorsque les dispositions protectrice qu'une disposition de droit national, il convient de laisser inappliqué le droit de
constitutionnelles sont invoquées pour écarter l'application du droit de l'UE. CJUE c/ Italie l'UE pour garantir le niveau de protection le plus favorable. Dans le cas où un juge est
1972 : a pris une position ferme à ce sujet, affirmant que le principe de primauté s'applique confronté à une disposition nationale qui découle d'une disposition du droit de l'UE, la
également aux normes constitutionnelles, notamment pour empêcher les États de modifier jurisprudence Factortame habilite le juge national à suspendre cette disposition
leur Constitution afin de bloquer les effets du droit de l'UE. nationale si elle pose une question de validité et peut causer un préjudice grave et
- La primauté concerne toutes les normes du DUE a caractère obligatoire irréparable. Toutefois, la CJUE ne peut se prononcer que sur la légalité des actes de
ou qui ont un effets de droit l'UE, tandis que le juge national examine la légalité des dispositions nationales et doit
interroger la CJUE sur l'appréciation de la légalité de l'acte en question. Si la CJUE
Cela concerne les traités constitutif (droit originaire), le droit dérivé, les accords externes de conclut à l'annulabilité de l'acte de l'UE, l'acte pris sur la base de cet acte de l'UE doit
l’UE (engagement internationaux), les actes atypiques ayant des effets de droit et les PGD. également être annulé. Il existe une technique permettant au juge national d'empêcher la
Pour restituer tout cet ensemble normatif : on parle de bloc de légalité de l’Union. Ce bloc production d'effets d'un acte de droit de l'UE en ne l'appliquant pas et en soumettant une
est emprunt de la primauté. question préjudicielle à la CJUE pour en apprécier la validité.
- La primauté du droit de l'UE : le rôle du juge national dans l'élimination EXEMPLE : Affaire OMEGA, la CJUE a justifié une interdiction nationale de jeu de
des incompatibilités normatives tirs simulés sur des personnes, car elle était justifiée par des raisons d'ordre public, de
Le juge national, en tant que juge commun de l'UE, utilise la primauté pour écarter une valeurs fondamentales et du principe de dignité humaine. Ainsi, les dispositions relatives à la
disposition législative nationale postérieure contraire au droit de l'UE, afin de donner plein libre circulation des services et des marchandises peuvent être éclipsées lorsque des droits
effet à ce dernier. Il se contente de ne pas appliquer cette disposition dans l'affaire en cours, fondamentaux, comme la dignité humaine, sont en jeu, et la CJUE a reconnu la garantie de la
conformément à la jurisprudence de 1978 (arrêt Simmenthal), qui donne la méthode au juge dignité humaine dans l'ordre juridique de l'Union sous forme de principe général du droit.
pour assurer le respect du droit de l'UE. Cela n'implique pas de remettre en cause la MISE EN ŒUVRE DE LA PRIMAUTÉ EN FRANCE
hiérarchie des normes, la loi nationale reste valide, mais cela incite le législateur à modifier
la loi pour la rendre compatible avec le droit de l'UE, qui est sa responsabilité. Le principe de primauté du droit de l'Union européenne a rencontré des difficultés dans la
réception par les États, notamment en France où il n'y avait aucune disposition
- Office du Juge national en tant que Juge de D.commun du DUE constitutionnelle spécifique à cet égard. Cela a laissé le juge national désorienté face à la
La question de l'extension du pouvoir de suspension des dispositions législatives au niveau question de la primauté, car il n'avait pas de cadre juridique clair pour y répondre (C* ne
des juges de l'UE s'est posée, même si certains États membres accordaient déjà ce pouvoir à prévoyait aucun mécanisme de réception particulière concernant le DUE) , ce qui a nécessité
leurs juges nationaux. La jurisprudence de 1990 (affaire Factortame) a autorisé le juge un temps d'acceptation de la part du juge envers ce principe de primauté.
britannique à suspendre des dispositions législatives contraires au droit de l'UE, même si le
- DROIT DE L’UNION ET LA LOI FRANCAISE
droit national britannique ne lui reconnaissait pas ce pouvoir. La Cour de justice de l'UE a
ainsi créé la fonction de juge de l'urgence pour les juges nationaux, leur permettant de L'article 55 de la Constitution française prévoit que les traités internationaux ratifiés
suspendre temporairement l'application de telles dispositions. Le juge justifie cette extension ont une supériorité sur le droit national, sous réserve de réciprocité de la part de l'autre
de compétence sur la base de la coopération loyale, afin de garantir l'efficacité du droit de État. Cependant, cette disposition n'est pas directement applicable au droit de l'UE en
l'UE. Cependant, la relation entre l'effet direct et la primauté du droit de l'UE a soulevé des raison de l'absence de principe de réciprocité dans ce dernier.
interrogations dans l'affaire Poplawski de 2019, où la Cour a indiqué que l'obligation Le Conseil constitutionnel a décliné sa compétence en matière de contrôle de
d'écarter les normes nationales contraires pour donner plein effet au droit de l'UE ne conventionnalité, estimant qu'il ne pouvait pas se prononcer sur les engagements
s'appliquait qu'aux dispositions d'effet direct. internationaux. Le contrôle de conventionnalité est donc attribué aux juridictions
nationales.
 PORTÉE RELATIVE OU RÉSERVE DE CONSTITUTIONNALITÉ DU La Cour de cassation, dans l'affaire Jacques Vabre de 1975, a estimé qu'une disposition
DUE nationale contraire aux traités de l'UE était invalide.
Dérogation = application d’une norme nationale à la place de DUE La CJUE a utilisé l'article 55 de la Constitution française comme fondement, en rejetant la
nécessité de la réciprocité dans le cas des Pays-Bas.
- Champ d’application : DF des personnes La doctrine Matter, qui tentait de concilier les normes de l'UE et le droit national, a été
- Norme constitutionnelle qui assure de meilleures garanties aux personnes rejetée par la Cour de cassation.
Le Conseil d'État a établi les principes selon lesquels la loi spéciale déroge à la loi générale législateur de réviser la Constitution pour permettre la conformité des engagements
et que la règle de droit la plus récente prime, dans l'affaire Syndicat général des internationaux avec la Constitution française.
fabricants de Semoule de France de 1968.
L'arrêt Nicolo de 1989 a confirmé la primauté des traités de l'UE sur la loi nationale, en Après les jurisprudences de 2004 et 2006, le Conseil d'État (CE) a dû concilier le principe de
évinçant la théorie de la loi écran. primauté avec la question de l'identité institutionnelle, notamment en ce qui concerne la
Le Conseil d'État a étendu la solution de l'arrêt Nicolo à d'autres actes de l'UE et à des transposition des directives de l'Union européenne (UE).
règlements communautaires postérieurs, dans l'affaire Boisdet.
L'arrêt Rothmanns et Philipp Morris a confirmé la primauté d'une directive de l'UE Dans l'arrêt Arcelor de 2007, le CE a été saisi d'un recours contre un décret de
sur une loi française postérieure. transposition d'une directive sur les émissions de gaz à effet de serre. Le CE a développé
L'arrêt SNIP de 2001 a établi que les principes généraux du droit de l'UE ont une une méthode d'examen pour concilier ses obligations vis-à-vis du droit national et du
valeur constitutionnelle supérieure à la loi interne en vertu de l'article 55 de la droit de l'UE. Il a recherché si un principe équivalent existait dans l'ordre juridique de
Constitution. l'UE et s'est assuré que le décret de transposition était conforme à ce principe. En cas
Le Conseil constitutionnel a utilisé une question préjudicielle pour clarifier la conformité de de doute, le CE pouvait poser une question préjudicielle à la CJUE. Si aucun principe
la loi française relative au mandat d'arrêt européen avec les dispositions d'un traité- équivalent n'était trouvé, le CE examinait directement la constitutionnalité des
cadre de l'UE. dispositions contestées du décret de transposition. Le CE s'est accordé une autonomie
La CJUE a estimé que l'appréciation du dispositif procédural français relatif au mandat d'interprétation pour assurer l'effet utile du droit de l'UE, tout en maintenant un dialogue
d'arrêt européen ne relevait pas de sa compétence. avec la CJUE.
Le Conseil constitutionnel a censuré des dispositions législatives françaises en raison de
l'absence de recours, violant ainsi le droit au juge du requérant, dans l'affaire Jeremy F. Dans l'arrêt French DATA Network de 2021, le CE a dû se prononcer sur la contrariété
Ces affaires et jurisprudences illustrent les interactions entre le droit international, le droit de entre une loi française et une jurisprudence de la CJUE concernant la conservation des
l'UE et le droit français, avec des principes de primauté des traités et des actes de l'UE sur la données. Le gouvernement français a demandé au CE de ne pas appliquer la décision de la
loi nationale, ainsi que des questions de contrôle de conventionnalité et de protection des CJUE, mais le CE a refusé d'entrer dans le débat de la répartition des compétences entre l'UE
droits fondamentaux. et les États membres. Le CE a adopté une position neutralisante en interprétant la
- DUE VS CONSTITUTION FRANCAISE jurisprudence de la CJUE de manière à respecter la suprématie de la Constitution
Art. 55 C* : Question des actes législatifs et infra-législatifs = Lors d’une contrariété française. Le Conseil Constitutionnel, quant à lui, a affirmé dans l'arrêt Air France de
l’engagement international s’applique (primauté) mais qu’en est-il des contrariété entre les 2021 que certains principes inhérents à l'identité constitutionnelle française ne peuvent
disp. Constitutionnelles et un engagement international ? À partir du moment où le Conseil être remis en cause par le droit de l'UE, établissant ainsi une réserve de
Constitutionnel accordait des délégations pour se prononcer sur des question de constitutionnalité.
conventionnalité, cela allait être aussi à elles de connaitre de cette articulation droit de
l’UE/droit français. EFFET DIRECT DU DUE
Dans l'arrêt Sarran et Levacher de 1998, le Conseil d'État s'est prononcé sur la primauté
L'effet direct en droit de l'UE permet à une norme de créer des droits et obligations pour
entre une loi constitutionnelle relative à la Nouvelle-Calédonie et des engagements
les particuliers, ainsi que d'exiger le respect de ces droits par les administrations
internationaux de la France. Le Conseil d'État a estimé que la norme constitutionnelle
publiques. En cas de réticence de ces administrations à reconnaître ces droits, il est possible
faisait écran entre la loi et l'engagement international, et a fait primer la disposition
de saisir le juge pour garantir leur efficacité. Bien que l'effet direct soit souvent considéré
constitutionnelle sur les engagements internationaux. Juge dit qu’à partir du moment
comme une spécificité du droit de l'UE, il existe également dans le droit international,
ou le règlement est conforme à la loi constitutionnelle, malgré sa contrariété avec un
comme l'a établi la Cour internationale de La Haye en 1928.
engagement international : il ne peut être annulé. Il fait primer la disposition
constitutionnelle sur les engagements internationaux. Cependant, les conventions internationales comportant des droits et obligations pour les
destinataires sont rares, ce qui souligne la différence avec le droit de l'UE où les
Dans l'arrêt Fraisse de 2000, la Cour de Cassation a examiné la durée de résidence requise
dispositions ont en principe un effet direct, sauf indication contraire. Il est important de
par une loi organique relative à la Nouvelle-Calédonie. La Cour de Cassation a affirmé que noter que l'effet direct en droit de l'UE est une présomption simple et qu'il n'y a pas
la primauté conférée au droit international ne s'appliquait pas aux dispositions d'automatisme systématique dans la production de droits et obligations.
constitutionnelles françaises et que le CC avait la compétence pour se prononcer sur
cette question. - RECONNAISANCE DE L’EFFET DIRECT
 NOTION D’EFFET DIRECT
Le Conseil Constitutionnel a été sollicité pour résoudre les questions de primauté entre le
DUE et le droit français. Dans certains cas, le Conseil Constitutionnel a demandé au
L'effet direct en droit de l'UE se limite, selon l'article 288 du traité, aux règlements qui Une directive n'est pas d'effet direct en soi, mais certaines de ses dispositions peuvent
sont directement applicables dans les États membres. Cependant, la question s'est posée l'être, à condition d'être précises, claires et d'effet direct. Il faut distinguer la source du
de savoir si d'autres normes pouvaient également avoir un effet direct. ? La CJUE a droit et les dispositions.
adopté une interprétation non exclusive, permettant aux autres normes d'avoir un effet
direct. - La clarté : se confond avec la précision. Cela veut dire qu'on a pas de doute sur le sens, la
portée, la signification de la disposition qui nous est soumise.
Dans l'arrêt Van Gend en Loos de 1963, la CJUE a établi que les entreprises peuvent se
prévaloir des dispositions du traité devant les tribunaux pour demander le respect de - La précision : elle énonce une obligation juridique dans des termes qui ne sont pas
leurs droits. La CJUE a affirmé que la finalité du traité CEE est la création d'un marché équivoques : pas de confusion possible sur l’obligation énoncée dans la disposition.
commun et la suppression des droits de douane, ce qui concerne directement les
entreprises. - L’inconditionnalité : critère essentiel, le + important : veut dire que la mise en oeuvre de
la disposition n’est soumise à aucune mesure complémentaire. L’autorité admin ne dispose
La CJUE a souligné que le traité ne se limite pas aux droits et obligations entre États,
pas de pouvoir discrétionnaire pour interpréter/exécuter l’obligation. Même si l’État
mais crée également des droits au profit des particuliers. Elle a établi une présomption
d'effet direct des normes de droit de l'UE, permettant aux particuliers de défendre ces éventuellement était amené pour assurer la pleine effectivité de la disposition à adopter des
droits devant les tribunaux. mesures d’exécution : il n’y aura pas de marge d’appréciation dans cette hypothèse car cela
mettrait en cause le caractère inconditionnel de cette norme. On remarque dans la
Dans l'arrêt Simmenthal de 1978, la CJUE a affirmé le principe d'uniformité de la règle jurisprudence que la CJUE développe beaucoup plus cette question de marge d’appréciation
de droit de l'UE sur l'ensemble du territoire de l'UE. Elle a également reconnu le quand il s’agit de savoir si une norme a un effet direct.
principe de création d'effets de droit et d'obligations qui s'appliquent aux États et aux
particuliers. La CJUE a également établi le principe de protection juridictionnelle - NORMES CONCERNÉS PAR L’EFFET DIRECT DE DU
effective, qui garantit le droit des particuliers à accéder à un juge national pour
demander le remboursement des sommes indûment versées en cas de non-respect des * DISPOSITIONS CONSTITUTIONNELLES (TRAITÉS CONSTITUTIFS)
règles du droit de l'UE.
• Il existe trois types de normes dans les traités :
En résumé, la jurisprudence de la CJUE a affirmé le principe d'effet direct des normes de 1- Les normes à effet direct intégral s'appliquent horizontalement et verticalement. Par
droit de l'UE, permettant aux particuliers de demander le respect de leurs droits devant les exemple, les articles 101 et 102 du droit de l'UE concernant le droit de la concurrence
tribunaux nationaux et d'obtenir le remboursement des sommes indûment payées. Elle a peuvent s'appliquer aux entreprises ainsi qu'aux États en cas d'abus de position dominante.
également souligné l'uniformité de la règle de droit de l'UE et le rôle essentiel du juge
national dans la protection des droits créés par le droit de l'UE. 2- Les normes à effet direct partiel ont un effet direct uniquement à l'égard des États.
Par exemple, la suppression des droits de douane relève de l'action des États et non des
 CRITÈRES DE L’EFFET DIRECT entreprises.
La présomption d'effet direct en droit de l'UE est simple et peut être réfutée par le 3- Les normes sans effet direct imposent une obligation d'agir pour les États, sans créer
contenu de l'acte en question. La jurisprudence a établi deux hypothèses : une norme peut d'obligation inconditionnelle. Par exemple, l'article 147 TFUE sur la non-discrimination
être d'effet direct ou l'effet direct peut être recherché dans une disposition invoquée par sociale s'applique à la fois dans la fonction publique et les entreprises. Certaines dispositions
le requérant. du traité ont un effet direct limité, ayant un effet direct uniquement à l'égard des États
verticalement. Par exemple, l'article 49 du traité concernant le droit d'établissement
Dans l'arrêt Van Gend en Loos, la Cour de justice a reconnu que l'article 30 du TFUE
nécessite que les États prennent des mesures pour permettre l'établissement de certaines
(concernant les droits de douane) avait un effet direct. Trois critères ont été posés : clarté, professions. Il existe également des dispositions du traité dépourvues de tout effet direct, qui
inconditionnalité et précision. Ces critères sont interdépendants et une disposition doit exigent seulement une action des États, notamment dans les politiques. La CJUE n'a pas
être justiciable, c'est-à-dire pouvant être appréciée sans difficulté par le juge. encore statué sur l'ensemble des dispositions, donc ces catégories pourraient évoluer.
Les règlements sont a priori d'effet direct, et toutes leurs dispositions sont justiciables.
Dans cette jurisprudence, le juge distingue les dispositions qui visent les États entre eux et  ACTES UNILATÉRAUX (RÈGLEMENTS, DÉCISIONS, DIRECTIVES)
celles qui concernent les particuliers. Seules certaines dispositions claires,
inconditionnelles et précises du traité peuvent être d'effet direct. 1) RÈGLEMENTS
Selon l'article 288 (=statut des règlements), les règlements sont directement applicables
et investis d'un effet direct intégral (vertical + horizontal). Toutefois, si un règlement
nécessite des mesures d'exécution pour produire pleinement son effet, une distinction
doit être faite par la jurisprudence concernant la nature des mesures que les États la directive invoquée n'avait pas été transposée par la France. Le Conseil d'État a refusé
peuvent prendre. Les mesures d'application ou d'exécution prises par un État n'affectent d'appliquer la jurisprudence Van Duyn et a annulé la décision de sursoir à statuer, tout en
pas l'effet direct de l'acte. abrogeant l'arrêté d'expulsion contre Daniel Cohn-Bendit. Concernant l'égalité de traitement
Cependant, lorsque les États ont une large marge d'appréciation dans la mise en œuvre des en matière d'emploi, le Conseil d'État a estimé que la directive pouvait être invoquée par
règlements, l'inconditionnalité fait défaut. Par conséquent, la CJUE a conclu, pour Madame Perreux, bien qu'elle n'ait pas été transposée, mais a constaté l'absence d'effet direct
maintenir la cohérence de sa jurisprudence, que certains règlements étaient imparfaits en raison du caractère imprécis, non clair et inconditionnel des dispositions.
car les États disposaient d'une large marge d'appréciation dans leur mise en œuvre. En
La jurisprudence Cohn-Bendit s'est progressivement restreinte avec l'introduction de la
l'absence d'inconditionnalité, la CJUE a estimé que ces règlements imparfaits n'étaient pas
théorie des invocabilités par la CJUE, adoptée également par le Conseil d'État. Les directives
d'effet direct. En règle générale, les règlements ont un effet direct intégral, sauf s'ils
confèrent aux autorités nationales une large marge d'appréciation sans inconditionnalité. n'ont qu'un effet direct vertical et ne peuvent être invoquées par un particulier contre un autre
particulier. Cette limitation de l'effet direct des directives est contestée par la doctrine, qui
2) DÉCISIONS DE L’UE estime qu'elle prive les particuliers d'un recours effectif, notamment en raison des différences
Le régime juridique des décisions adressées aux particuliers est régi par les règlements, et de traitement entre l'État et les entités privées. Néanmoins, la CJUE, soucieuse d'équilibrer
dans ce cas, une décision a un effet direct intégral. Pour la plupart des décisions, par rapport les effets des directives, a développé la théorie des invocabilités pour compenser la vision
aux règlements, elles ont un effet direct. Cependant, lorsque les décisions sont adressées à un restrictive de l'effet direct. L'arrêt Dame Perreux a marqué l'aboutissement de cette évolution
État membre ou à un nombre limité d'États, elles ont un effet direct restreint et vertical. En jurisprudentielle, vidant la jurisprudence Cohn-Bendit de sa substance.
ce qui concerne les décisions à portée générale, telles que celles prévues par les traités, il n'y
a pas de réponse prédéterminée, mais il faut examiner les travaux préparatoires ou l'effet è THÉORIE DES INVOCABILITÉS
utile de l'acte pour déterminer s'il vise à créer des droits et obligations. La jurisprudence de La CJUE a posé 4 types d’inviolabilité : possibilité de se prévaloir des directives devant le
la CJUE met en évidence l'importance des travaux préparatoires, et si aucune réponse n'est juge national :
trouvée dans les considérants, le juge examinera le contenu de l'acte pour en déduire
- Invocabilité d'interprétation conforme
l'existence de droits ou d'obligations.
- Invocabilité de substitution
3) DIRECTIVE
- Invocabilité d’exclusion
La CJUE a développé la théorie des invocabilités pour élargir l'effet direct restreint des - Invocabilité de réparation.
directives en ce qui concerne l'interprétation des normes nationales. Ainsi, le juge national
- INVOCABILITÉ D’INTERPRÉTATION CONFORME
doit mettre en œuvre les dispositions d'une directive en utilisant cette théorie. Cette approche
permet à la CJUE de concilier l'effet direct des directives tout en maintenant certaines La théorie de l'invocabilité d'interprétation conforme stipule que le juge national doit
limitations. interpréter le droit interne de manière conforme aux directives de l'UE. Cette obligation a été
établie dans l'arrêt Von Colson, où le juge a interprété le droit allemand à la lumière du
è UN EFFET DiRECT RESTREINT
droit de l'UE pour rejeter une interdiction discriminatoire. La Cour de justice de l'UE a
La logique de l'article 288 du TFUE est telle qu'il ne fait pas mention d'un quelconque affirmé que les directives doivent pouvoir déployer leur effet utile, même si certains États ne
effet direct, et traditionnellement, les règlements et les directives étaient opposés, de sorte les transposent pas, comme dans l'arrêt Marleasing.
que si un règlement a un effet direct, on ne souhaitait pas que la directive ait également un
effet direct. La directive, soumise à transposition, accorde une marge de manœuvre aux États Le juge espagnol a été contraint de mettre en œuvre les objectifs de la directive non
membres quant à la forme et aux moyens de sa mise en œuvre, ce qui rend impossible sa transposée dans l'affaire Marleasing, ce qui a permis d'accorder certains droits aux
satisfaction du critère de l'inconditionnalité. Les mesures nationales de transposition sont particuliers. Le Conseil d'État français a adopté cette théorie dans l'affaire Cercle militaire
opposables aux particuliers, qui ne sont pas privés de recours juridictionnels et peuvent agir mixte de la caserne Mortier, en interprétant les mesures prises par l'État à la lumière des
devant les juridictions nationales. De plus, l'opération de transposition ne peut donner lieu à directives non transposées. Il est question d'un effet direct d'interprétation, où le juge doit
des actes contraires au texte ou à l'esprit de la directive. La jurisprudence a évolué pour laisser de côté les dispositions nationales contraires aux directives de l'UE, conformément à
poser le principe d'un effet direct restreint pour certaines dispositions des directives, en la jurisprudence Simmenthal.
particulier dans le cas de l'absence de transposition. L'arrêt Amia de 2012 a souligné l'obligation pour le juge de concilier les droits, mais s'il ne
La jurisprudence Van Duyn du 4 décembre 1974 a permis au particulier de se prévaloir des peut pas le faire, il doit appliquer le droit de l'UE en laissant inappliqué le droit national.
droits découlant de directives non transposées une fois le délai de transposition expiré, à Cette approche vise à dissuader les États de ne pas transposer les directives.
condition que la disposition en cause soit claire, précise et inconditionnelle. L'arrêt Ministre - INVOCABILITÉ DE SUBSTITUTION
de l'Intérieur c/ Daniel Cohn-Bendit du 22 décembre 1978 a illustré cette problématique, où
Le juge est tenu d'appliquer les dispositions de la directive plutôt que les dispositions salariés. La Cour de justice de l'UE (CJUE) établit trois conditions pour obtenir réparation :
nationales, conformément au principe de coopération loyale en droit de l'UE, qui interdit le résultat recherché par la directive doit être l'attribution de droits au particulier, la nature
l'adoption de règles contraires à la directive. Le Conseil d'État français a statué sur cette des droits doit être identifiable et claire, et il doit y avoir un lien de causalité entre la
question. violation de l'obligation juridique et le dommage subi. Le Conseil d'État français a également
adopté cette jurisprudence, notamment dans l'arrêt Société Arizona Tobacco de 1992, où des
Selon une décision de 1984, l'arrêt Confédération Nationale des sociétés de protection des
dispositions réglementaires nationales contraires à une directive sur les tabacs manufacturés
animaux, les objectifs de la directive peuvent être compromis par des mesures nationales de
ont été déclarées illégales, ouvrant la voie à une responsabilité pour faute de l'État et à une
transposition incompatibles. Par exemple, dans le cas d'une directive de 1977 sur le transport
demande de réparation intégrale du préjudice causé.
et l'abattage des animaux, le droit français avait ajouté des conditions supplémentaires par
décret, telles que l'obtention de l'autorisation du propriétaire des animaux. Le Conseil d'État
a sanctionné ce décret en considérant qu'il imposait des obligations supplémentaires
incompatibles avec la philosophie de la directive.
Dans l'arrêt Fédération française des sociétés de protection de la nature, portant sur la
directive sur les oiseaux sauvages, un arrêté ministériel avait vidé le dispositif de protection
des oiseaux sauvages pour favoriser les chasseurs. Même en l'absence de transposition, cet
acte arrêté par la France était contraire à la directive de l'UE.
La troisième hypothèse concerne la mise en cause par des actes réglementaires qui sont en
application d'une loi, mais une loi contraire à une directive. Dans l'arrêt Association des
patients de la médecine d'orientation anthropomorphique de 1999, concernant les
médicaments homéopathiques, le gouvernement avait refusé d'adopter des règlements,
portant ainsi atteinte à l'effet même de la directive de l'UE. Le refus d'adopter des
règlements, même lorsque la loi est illégale, est considéré comme illégal car il empêche les
particuliers d'accéder à la justice. Le Conseil d'État estime que des techniques juridiques
visant à entraver les directives et à contrecarrer leurs objectifs sont incompatibles. Des
mesures réglementaires contraires peuvent être adoptées même si la directive n'a pas encore
été transposée, bloquant ainsi son effet.
- INVOCABILITÉ D’EXCLUSION
Chaque État a l'obligation d'abroger toutes les mesures nationales contraires à une directive
de l'UE et d'édicter des dispositions nationales conformes à ces objectifs, selon l'arrêt
Compagnie Alitalia du Conseil d'État en 1989. Le CE reproche aux autorités françaises de ne
pas avoir abrogé les dispositions du Code des Impôts conformément à la directive de 1977.
Le CE a également étendu cette jurisprudence en 1998 dans l'affaire Tete, en permettant de
sanctionner une autorisation administrative contraire aux objectifs d'une directive non
transposée, même en l'absence de texte explicite. Le CE estime que l'état général du droit
français peut être contraire à l'objectif de la directive et autorise une exception d'illégalité
pour annuler une autorisation administrative. Dans l'affaire Cabinet Robert et Badelon de
1987, un particulier peut obtenir l'annulation d'une décision individuelle prise en application
d'une loi ou d'un règlement qui est contraire à une directive de l'UE.
- INVOCABILITÉ DE RÉPARATION
Lorsqu'un État commet une faute en ne respectant pas ou en appliquant incorrectement le
droit de l'UE, il peut être tenu responsable d'un préjudice. Cela concerne la question du
manquement d'un État à ses obligations en droit de l'UE. L'arrêt Francovich et Bonifaci de
1991 établit que la responsabilité civile de l'État peut être engagée en cas de manquement.
Dans cette affaire, la directive sur la protection des travailleurs salariés en cas d'insolvabilité
de l'employeur n'avait pas été transposée en droit italien, entraînant un préjudice pour les

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