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EXPLORATION BIOCHIMIQUE DU SYSTEME HEMATOPOETIQUE

A- Exploration du système complément


L’exploration du système complément comporte des dosages hémolytiques permettant de mesurer
l’activité fonctionnelle des protéines du complément comme le dosage du complément hémolytique
50 (CH50) et les dosages des fractions C3, C4 et du facteur B. Une exploration du complément peut
être motivée dans le contexte d’infections bactériennes à répétition, de maladies auto-immunes
comme le lupus érythémateux systémique, d’éventail large de pathologies associées à une
consommation par la voie classique et/ou par la voie alterne.

L’interprétation du CH50 en fonction des dosages de C3 et de C4 permet de comprendre l’origine


acquise ou héréditaire d’une hypocomplémentémie. Le dosage du facteur B est un examen de
seconde intention permettant d’apprécier l’activation de la voie alterne

L’exploration du complément peut être indiquée dans le cadre de :

1) suspicion de déficit en protéines du complément. Ceux-ci se révèlent de différentes


manières : des infections, mais aussi des manifestations liées à un défaut de contrôle de
l’activation du système du complément. C’est le cas de l’angiœdème à bradykinine ou du
syndrome hémolytique et urémique.

2) certaines pathologies (lupus), perturbations biologiques (cryoglobuline), ou


manifestations post infectieuses qui s’accompagnent d’une consommation des protéines du
complément. En apprécier la mesure peut être proposé dans la démarche diagnostique ou
de suivi de ces pathologies.

L’exploration (de première intention) du système du complément combine un test fonctionnel


(CH50 ou « complément total ») et des dosages quantitatifs et ciblés des protéines C3 et C4 ;
accessoirement de l’inhibiteur de la C1 estérase. Le test fonctionnel CH50 explore les composés de la
voie classique (C1QRS, C4 et C2), le C3 et les composés de la voie finale commune (C5-C9).

Dosage fonctionnel global : complément hémolytique 50% (CH50)

Le CH 50 est un test hémolytique qui explore l'activité fonctionnelle de la voie classique et de la voie
finale commune. Le CH50 est la plus petite quantité de sérum frais capable d'entraîner la lyse de 50
% d’une suspension d'hématies de mouton sensibilisées de façon optimale par des anticorps anti-
hématies. Les résultats peuvent être exprimés en pourcentage par rapport à la lyse obtenue en
présence d'un pool de plasmas provenant de sujets normaux.

L’ élévation du CH50 traduit l’existence d’un syndrome inflammatoire, quelle que soit son étiologie.

• L’abaissement du CH50 signifie :

Soit une pré-activation in vivo dans le sérum du patient avant le prélèvement : par exemple au
cours d’une connectivité comme le lupus érythémateux disséminé ; la consommation de certaines
fractions résulte alors en une inefficacité in vitro.

Soit un déficit quantitatif (fonctionnel) ou quantitatif d’une ou plusieurs fractions.

Le CH50 est un test très utile pour le dépistage des déficits homozygotes en composant du
complément. Dans ce cas, le CH50 est nul ou très abaissé. Le déficit en C1 inhibiteur est évoqué
devant une baisse du CH50, du C4 et du C2 avec un C3 normal. Le C1 inhibiteur peut être dosé par

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méthode immunochimique (néphélémétrie ou immunodiffusion radiale) et par un test fonctionnel
d'inhibition de C1.

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B- EXPLORATION BIOCHIMIE DE LA SYNTHÈSE DE L’HÈME
B-1 Rappel physiopathologique sur la synthèse de l’hème

La synthèse de l’hème de l’hémoglobine a lieu principalement dans la moelle osseuse (8.5 %) et le


foie. Au niveau cellulaire interviennent 8 enzymes différents.

L’ALA-synthétase subit un rétrocontrôle négatif de l’hème.

La déficience en l’une de ces enzymes va entrainer un déficit en hème et donc un manque de


rétrofreinage de l’ALA Synthétase et l’accumulation en amont de précurseurs, de métabolites et de
sous-produits toxiques échappés de la voie de biosynthèse de l’hème, ayant subi une oxydation
irréversible entraimant la formation de pigments fluorescents (urines rouges)

LES PORPHYRIES

Les porphyries constituent un groupe de pathologies résultant d’un déficit ou d’une anomalie
moléculaire héréditaire d’une des 8 enzymes impliquées dans la biosynthèse de l’hème. Celle-ci
démarre dans la mitochondrie pour se continuer dans le cytoplasme et s’achever dans la
mitochondrie (Figure 1).

Bien qu’ubiquitaire, la synthèse de l’hème prédomine dans deux organes, le foie (pour la synthèse de
nombreuses hémoprotéines dont les cytochromes) et la moelle osseuse érythropoïétique (pour la
synthèse de l’hémoglobine). La régulation de la production d’hème est différente dans ces 2 tissus
notamment au niveau de la première étape de la chaîne de biosynthèse avec la production d’acide
aminolévulinique (ALA).

Deux isoenzymes ALA synthase 1 et 2 sont codés par deux gènes différents. Dans le foie, la synthèse
d’hème est limitée par ALAS1, enzyme ubiquitaire dont l’activité est principalement régulée par un
rétrocontrôle négatif de l’hème. Dans la moelle osseuse, l’ ALAS2 (dont le gène est situé sur le
chromosome X) n’est pas rétroinhibée par l’hème mais est sous la dépendance de la quantité de fer
biodisponible dans l’érythroblaste. L’hème est ensuite dégradé par l’hème oxygénase principalement
dans la rate et le foie et le fer recyclé après érythrophagocytose.

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Les porphyries regroupent des affections dues à des anomalies enzymatiques de la voie de la synthèse
de l’hémoglobine. Ces maladies sont caractérisées par l’accumulation et l’excrétion des porphyrines et
de leurs précurseurs (acide delta-aminolévulinique et porphobilinogène). Le déficit enzymatique est
incomplet et ne se manifeste que lorsque les besoins hépatiques en hème sont augmentés.

On distingue les porphyries acquises de porphyries héréditaires.

• Les porphyries héréditaires sont dues à un déficit d’un des enzymes de la synthèse de l’hème. Ces
déficits résultent de mutations au niveau d’un gène, la transmission est la plus souvent autosomique
dominante. La majorité des porteurs restent asymptomatiques. La porphyrie aigüe intermittente est
la plus fréquente des porphyries héréditaires.

• Les porphyries acquises : la porphyrie cutanée sporadique (ou tardive) est la forme la plus fréquente
des porphyries et est acquise dans 80% des cas. Les formes acquises sont le plus souvent associées à
une atteinte hépatique.

Classification des porphyries

Les porphyries sont classées en deux groupes, hépatiques et érythropoïétiques selon le tissu dans
lequel prédomine l’erreur métabolique.

• Les porphyrie hépatique :

- Porphyries hépatiques aigües :

- Porphyrie aigüe intermittente

- Coproporphyrie héréditaire

- Porphyrie variegata

- Porphyrie de Doss (10 cas recensés dans le monde)

• Porphyrie cutanée : - Type familiale - Sporadique (forme la plus fréquente des porphyries)

• Les porphyrie érythropoïétiques :

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- Maladie de Günther (porphyrie érythropoïétique congé-nitale)

- Protoporphyrie érythropoïétique

• Porphyries hépatiques aiguës

(P. aiguë intermittente, coproporphyrie, P. Variegata)

Augmentation franche dans les urines de l’acide del-ta-aminolévulinique (ALA) (5 à 20 fois), du


porphobilino-gène (PBG) (50 à 100 fois) et des porphyrines lors des crises.

Augmentation plus modérée en dehors des crises.

• Porphyries cutanées

L’acide delta-aminolévulinique (ALA) et le porphobilino-gène (PBG) sont normaux

Augmentation de l’urophorphyrine dans les urines (10 à 100 fois)

Augmentation de la coproporphyrine (3 à 10 fois)

Diagnostic différentiel

Intoxication au plomb

L’acide delta-aminolévulinique (ALA) est augmenté ainsi que les protoporphyrines érythrocytaires et
la copropor-phyrine, le phorphobilinogène reste normal

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