Vous êtes sur la page 1sur 10

Article en cours de réactualisation

¶ 3-0760

Comportement alimentaire
et ses désordres chez l’adulte
A. Basdevant, S. Gougis, C. Ciangura

Le comportement alimentaire humain se caractérise par un ensemble de conduites ayant une triple
finalité : somatique, symbolique et sociale. Ses déterminants sont multiples, biologiques, psychologiques
culturels, économiques. On parle de comportement pathologique ou pathogène lorsque les conduites
alimentaires ne satisfont pas ces finalités ou qu’elles traduisent une pathologie sous-jacente. L’analyse
clinique se fonde sur une sémiologie comportementale précise que l’on confronte au contexte somatique
et psychologique.
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Comportement ; Nutrition ; Anorexie ; Boulimie ; Troubles du comportement alimentaire

Plan alimentaire et non sur les conduites elles-mêmes. Vis-à-vis de la


santé, ce qui compte dans le comportement, ce n’est pas tant
de savoir s’il est conforme à un schéma standard, mais s’il
¶ Introduction 1
permet à un individu donné d’assurer son équilibre somatique,
¶ Analyse du comportement alimentaire 1 sa fonction « plaisir » et des relations sociales. Si ce triple
Conduites et expériences 2 objectif n’est pas atteint, alors on peut parler de désordres du
Finalités 3 comportement alimentaire, dont il faut situer le caractère
Déterminants 3 pathologique ou adaptatif.
Apports alimentaires 3 La démarche clinique repose sur une analyse sémiologique
¶ Symptômes alimentaires 3 précise complétée par une évaluation des déterminants et des
Anomalies prandiales 3 finalités du comportement. Les origines et les conséquences des
Anomalies extraprandiales 4 désordres du comportement alimentaire sont multiples et
Hypersensibilité aux effets sensoriels 4 d’ordres différents. L’approche des troubles du comportement
Sous-estimation des apports 4 alimentaire est toujours multidimensionnelle et parfois
Autres symptômes 4 interdisciplinaire.
¶ Comportement alimentaire adaptatif, pathogène
ou pathologique
Conséquences pathologiques des désordres du comportement
4
■ Analyse du comportement
alimentaire 5 alimentaire
Principales situations rencontrées en clinique 6
Comme tous les mammifères, l’homme est face à un double
¶ Approches thérapeutiques 7
problème nutritionnel :
¶ Conclusion 8 • éviter les substances toxiques et maintenir un équilibre
alimentaire en sélectionnant parmi une très grande variété
d’aliments et de nutriments ceux qui lui permettent de
■ Introduction couvrir les besoins essentiels ;
• assurer ses apports de manière discontinue alors que ses
Le comportement alimentaire se caractérise par une séquence besoins sont permanents.
coordonnée de conduites, contrôlée par des déterminants Pour répondre à cette double problématique, uns séquence
biologiques, psychophysiologiques et sociaux, visant à assurer comportementale se met en place, caractérisée par une série
tout à la fois une fonction nutritionnelle (assurer les apports d’événements périodiques [1]. Cette séquence comportementale
quantitatifs et qualitatifs nécessaires au développement et à comporte généralement trois phases (Tableau 1) :
l’intégrité somatique), une fonction hédonique et une fonction • pré-ingestive, caractérisée par un éveil orienté vers la recher-
sociale. La survie et le développement physique de l’individu, che, le choix, l’acquisition, le stockage, la préparation des
son équilibre psychologique et la qualité de son intégration aliments ;
dans un environnement donné dépendent de l’articulation • ingestive, marquée par l’initiation, la poursuite et l’interrup-
harmonieuse de ces trois registres. Le comportement alimentaire tion de la prise alimentaire ;
est un facteur essentiel de la santé, c’est-à-dire du bien-être • postingestive.
physique, psychologique et social de l’individu. Ces opérations séquentielles d’initiation, de poursuite et
Il est difficile, et à vrai dire impossible, de définir une d’interruption de la prise alimentaire se caractérisent par des
« norme » pour les conduites alimentaires : l’adéquation d’un conduites, des sensations, des expériences subjectives et réactions
comportement s’apprécie sur les finalités du comportement physiologiques, ainsi que des interactions sociales (Tableau 1).

Traité de Médecine Akos 1


© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 02/10/2019 par UNIVERSITE VICTOR SEGALEN BORDEAUX (14200). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
3-0760 ¶ Comportement alimentaire et ses désordres chez l’adulte

Tableau 1. portions, sur l’impact des facteurs économiques, sur le budget


Différentes phases du comportement alimentaire [2].
pouvant être attribué à l’alimentation, etc. Bon nombre de
Phase Comportement Sensation désordres nutritionnels ont pour origine des facteurs interve-
nant dans ces conduites en amont du repas. À titre d’exemple,
Préingestive État d’éveil Faim : besoin de manger ce que l’on pense être une pathologie en rapport avec une
Recherche de la nourriture Appétit : envie de manger hyperphagie prandiale (par exemple, une obésité) peut parfois
Acquisition s’expliquer par des conditions économiques rendant impossible
Stockage une alimentation diversifiée ou de basse densité calorique. Ceci
Préparations des aliments n’est qu’un exemple.
Ingestive Initiation de la prise Appétit : perception On porte ensuite l’attention à la prise alimentaire elle-même,
alimentaire du plaisir c’est-à-dire à la période prandiale. On tente de faire préciser les
Choix des aliments Rassasiement caractéristiques et les conditions de la prise alimentaire : horaire,
durée, vitesse de consommation, contexte (seul[e], en famille,
Rassasiement spécifique
devant la télévision, etc.). Une attention particulière est portée
Arrêt de la prise alimentaire
aux sensations subjectives de faim, d’appétit, de rassasiement et
Postingestive État de bien-être Satiété de satiété.
Somnolence Plénitude La faim correspond au besoin physiologique de manger et se
Satisfaction manifeste par un ensemble de sensations provoquées par la
privation de nourriture qui incitent l’individu à rechercher des
aliments. Elle répond à la question : « Y a-t-il quelque chose à
Des signaux internes (sensoriels, métaboliques, neuroendocri- manger ? ». Elle n’est pas spécifique d’un aliment. Elle s’accom-
niens, périphériques et centraux) interviennent pour déclencher pagne parfois d’anxiété, de nervosité, d’irritabilité. L’évaluation
ou interrompre ces différentes opérations qui subissent égale- clinique de la faim consiste à faire décrire par le sujet une
ment l’influence d’autres facteurs centraux (mémoire, condition- expérience subjective :
nements, etc.) et de déterminants extérieurs, liés au contexte • « Pouvez-vous décrire ce que vous ressentez quand vous avez
économique et social. faim ? »
L’étude clinique du comportement alimentaire comporte une • « Qu’est-ce que la faim ? »
analyse : • « Comment savez-vous que vous avez faim ? »
• des conduites : en clinique humaine, faute de possibilités • « Vous arrive-t-il de manger sans faim ? ».
d’observation directe, c’est avant tout à partir des expériences Toute formulation témoignant d’un « besoin », d’un « creux »,
subjectives du sujet qu’il est possible de les étudier ; de « crampes » épigastriques, souvent accompagnée d’un geste
• des déterminants ; évocateur, atteste la sensation de faim. La faim est une sensa-
• des finalités : il s’agit d’évaluer si ce comportement satisfait tion que l’on cherche à soulager. On distingue ainsi les sujets
ses objectifs, s’il s’intègre harmonieusement dans l’économie qui connaissent et reconnaissent la faim, et ceux pour lesquels
comportementale du sujet ou si, au contraire, la prévalence l’initiation du repas est déclenchée par d’autres stimuli.
d’une finalité sur les autres entraîne une perturbation de L’appétit correspond à l’envie de manger un aliment ou un
l’homéostasie énergétique, somatique et/ou psychologique. groupe d’aliments dont on attend du plaisir. L’appétit corres-
pond à la question « Qu’est-ce que je veux manger ? » ou « Quel
Conduites et expériences aliment me ferait plaisir ? ». Il implique habituellement (mais
pas nécessairement) un certain degré de faim orientée vers un
Seule l’observation directe du comportement du sujet placé
aliment. Contrairement à la faim, l’appétit est une sensation
dans son environnement habituel permettrait une étude
généralement agréable [3]. Il répond aux signaux, métaboliques
satisfaisante des conduites alimentaires. Dans le contexte
ou autres, qui guident la sélection et la consommation d’ali-
expérimental, il est possible d’étudier en détail ce que l’on
ments et de nutriments spécifiques.
appelle la microstructure du comportement alimentaire : par
exemple, lors de la phase prandiale, l’enregistrement vidéo Le rassasiement est l’aspect dynamique de l’établissement de
permet de mesurer avec précision, le nombre, la fréquence, le la satiété au cours du repas. La satiété entraîne la fin du repas
volume des bouchées, d’analyser les choix alimentaires au cours et contrôle son volume. C’est un état d’inhibition qui, dans une
du repas et le processus de rassasiement (aspect dynamique de certaine mesure, est complémentaire de la faim. Elle est géné-
l’établissement de la satiété au cours du repas). Ces conditions ralement décrite comme une sensation de « plénitude gastri-
d’observation sont rarement réunies en dehors de situations que » avec disparition du sentiment de faim et référence au
expérimentales qui sont largement artificielles. En pratique bien-être. Elle s’accompagne de manifestations plus ou moins
clinique, il est impossible d’observer le sujet dans son milieu marquées d’assoupissement. L’évaluation de la satiété se fonde
naturel [2]. C’est donc sur la description subjective des conduites sur des questions telles que : « Avez-vous encore faim à la fin du
et des sensations par le sujet ou son entourage que repose repas ? » « Pouvez-vous continuer à manger alors que vous
l’évaluation clinique. Les principales informations sont n’avez plus faim ? ». Au cours du repas, des rassasiements
recueillies par l’interrogatoire. sensoriels spécifiques s’établissent successivement : certains
Il importe de s’intéresser à l’ensemble de la séquence com- aliments plaisants au début du repas cessent de l’être au cours
portementale et de ne pas se limiter à la prise alimentaire du repas, alors que de nouveaux appétits se manifestent. Ainsi,
elle-même. l’appétit pour la viande régresse au profit de celui pour le
Dans un premier temps, il est recommandé de chercher à fromage ou le dessert. La succession de divers types d’aliments
décrire, si elle existe, la « séquence comportementale »-type de dans un repas retarde l’apparition de la sensation de satiété.
l’individu : autrement dit le nombre de repas, de collations, la L’enjeu est de situer quels sont les signaux dominants dans
régularité ou la variabilité de cette séquence, ce qui fournit une l’initiation, la poursuite et l’interruption du repas. Rappelons
première approximation des habitudes et permet de situer le que ces signaux peuvent être internes ou externes, liés aux
contexte général à la fois personnel et social. modifications immédiates et variables de l’environnement ou au
Contrairement à ce qui est généralement recommandé, nous contraire à des conditionnements et des apprentissages.
proposons de poursuivre l’analyse non pas par l’étude de la Bien entendu, la description peut être rendue difficile par une
prise alimentaire, mais par celle des conduites préingestives. Il forte variabilité des conduites, et surtout par la difficulté que
faut préciser dans quelles conditions s’effectuent la recherche et rencontre le patient à décrire ses conduites ou à s’extraire d’un
le choix, le stockage, la préparation, et le contexte environne- discours convenu. La sous-estimation des apports est une autre
mental et psychologique dans lequel ces opérations survien- difficulté sur laquelle il faut être vigilant (cf infra). Il faut être
nent. C’est là une source d’informations majeure, en particulier conscient que cette analyse des conduites implique une
sur la densité calorique de l’alimentation, sur la taille des intersubjectivité.

2 Traité de Médecine Akos

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 02/10/2019 par UNIVERSITE VICTOR SEGALEN BORDEAUX (14200). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Comportement alimentaire et ses désordres chez l’adulte ¶ 3-0760

Finalités de la consommation d’aliments ou de boissons spécifiques. Elles


peuvent être favorisées par une tachyphagie, par la survenue de
Les trois fonctions du comportement alimentaire (nutrition- prises alimentaires impulsives à tel ou tel moment du repas, par
nelle, hédonique et symbolique) sont interdépendantes. Cha- une convivialité importante, par une hypersensibilité aux
cune dans leur registre et en liens étroits les unes avec les stimuli alimentaires sensoriels (gustatif, olfactif, visuel, etc.) qui
autres, elles assurent un rôle homéostatique d’équilibre biologi- peut être favorisée par la restriction ou survenir en son absence.
que, psychologique, ainsi que d’adaptation au sein de son L’hypophagie peut résulter d’une anorexie (absence de faim et
environnement. Aucune de ces fonctions n’est suffisante, d’appétit), d’un refus de manger, d’un investissement particulier
chacune est nécessaire et leur harmonie est essentielle. C’est dire de la sensation de faim ou de son déni comme cela s’observe
que quelle que soit la position d’où analyse le clinicien (soma-
dans l’anorexie mentale, d’anomalies somatiques (dentaires ou
ticien ou « psy »), ce qui importe c’est de prendre en compte
autres), de troubles sensoriels (perte du goût), de difficultés
l’ensemble de ces trois fonctions. Les dissocier est une erreur
économiques.
conceptuelle grave.
La restriction cognitive se définit par « la tendance à limiter
consciemment la prise alimentaire pour perdre du poids ou
Déterminants éviter d’en prendre ». C’est une contrainte volontaire exercée
Les conduites alimentaires sont déterminées par une série de sur le comportement alimentaire. Cette restriction est un choix
facteurs (sensoriels, nutritionnels, métaboliques, neurohormo- délibéré dont l’objectif est le contrôle du poids. Cette attitude
naux, psychophysiologiques, socio-économiques et culturels) se distingue du déni de la faim ou de la restriction imposée (par
qui n’agissent jamais seuls mais en interaction les uns avec les une situation économique ou autre). Les modalités d’inhibition
autres (cf. supra) [4-8]. Il faut consacrer du temps clinique à de la prise alimentaire sont variables (repas sautés, régimes
l’analyse de ces déterminants en cas de désordres pathogènes ou basses calories, jeûne, etc.), de même que les éventuels compor-
pathologiques du comportement alimentaire. Pour faciliter tements de contrôle du poids associés. Il faut distinguer
l’analyse clinique, on peut proposer, au risque d’être schémati- l’intention (le dessein) de limiter la prise alimentaire et le
que, de procéder par niveaux successifs en considérant dans un comportement (conduites) généré par cette intention qui
premier temps ce qui revient à l’individu lui-même (génétique, aboutit ou non à une restriction calorique effective. La commu-
biologie, état physiologique ou pathologique, situation psycho- nauté internationale est encore partagée sur la définition de la
logique, comportements au sens large), puis ce qui résulte de restriction cognitive et son interprétation. Herman et Polivy, qui
son contexte immédiat, de ce que l’on appelle parfois sa niche l’ont décrite et particulièrement étudiée, la définissent comme
écologique (habitudes et modèles familiaux, ressources, disponi- l’intention, réalisée ou non, d’atteindre un poids inférieur au
bilité alimentaire, etc.), enfin les déterminants sociétaux poids actuel et de s’y maintenir, sans que cela implique néces-
(culture, idéal minceur, société de consommation, etc.) et sairement une diminution effective des apports caloriques [3].
environnementaux (par exemple, le climat) [9-12]. Ce schéma est Dans cette perspective, la seule intention de maigrir installe
sans doute artificiel car les trois niveaux communiquent et l’attitude intérieure de restriction cognitive, même en l’absence
s’enchevêtrent, mais il est utile pour entrer dans la complexité de réduction de la prise alimentaire. L’attitude vis-à-vis de la
des déterminants et à partir de cette analyse pour situer où nourriture, l’effort de limitation volontaire des apports calori-
l’éventuelle action thérapeutique doit miser. Il faut savoir ques, découlent secondairement de ce désir d’être plus mince.
« naviguer » dans ces différentes dimensions. Il est très difficile, La restriction alimentaire suppose donc un double désaveu de
en clinique, d’effectuer une analyse détaillée et synthétique de soi : celui de sa propre apparence par soumission aux normes
phénomènes interactifs aussi complexes : ceci explique que, idéales (extérieures) de la minceur et celui de son mode
dans la pratique, on soit souvent conduit à des analyses et d’alimentation spontané pour appliquer le modèle alimentaire
conclusions partielles, voire réductionnistes. supposé propice à l’amaigrissement [4].
Chez l’individu en « bonne santé », ces facteurs s’intègrent Désinhibition : l’effort de limitation (réussie ou non) de la
harmonieusement, aboutissant ainsi à un comportement adapté ration alimentaire génère un sentiment chronique de privation
au service de l’homéostasie somatique, psychologique et sociale. et de frustration en même temps qu’il induit une véritable
Un comportement pathologique peut résulter d’un défaut obsession alimentaire. Les messages paradoxaux (« consommez !
d’intégration ou d’une anomalie non compensée d’un ou de soyez mince ! ») contribuent largement à la genèse des troubles
plusieurs de ces facteurs. du comportement alimentaire : l’idéal minceur, dans une société
de consommation où les stimuli sensoriels sont permanents,
Apports alimentaires constitue un conflit de motivation insurmontable. La restriction
alimentaire peut, par le biais de déterminants biologiques
L’évaluation des apports alimentaires complète l’analyse des (déficit des réserves énergétiques et modifications des rende-
conduites. La composition qualitative et quantitative des ingérés ments énergétiques), psychophysiologiques (sensibilité aux
caloriques est basée sur l’enquête alimentaire qui repose sur la stimuli sensoriels) et psychologiques (obnubilation alimentaire),
moyenne des consommations évaluées sur plusieurs jours. En aboutir à des prises alimentaires incontrôlées. Chez le sujet dont
pratique clinique, il importe d’être précis sans tomber dans une la prise alimentaire est soumise à une contrainte chronique, une
rigueur pseudo-scientifique, sachant que ces évaluations sont place prépondérante est laissée aux signaux sensoriels et aux
soumises à de nombreux biais subjectifs incontrôlables. facteurs cognitifs dans l’initiation et le déroulement de la prise
alimentaire. La restriction engendre une exacerbation de la
■ Symptômes alimentaires motivation à manger et incite à la transgression des règles. Des
facteurs aussi divers que la dépression, l’anxiété, la consomma-
Pour faciliter l’analyse, il est habituel de distinguer les tion d’alcool, l’odeur d’un aliment apprécié, favorisent la levée
symptômes prandiaux et extraprandiaux. de l’inhibition chez des sujets restreints qui consomment alors
davantage que les sujets non restreints placés dans les mêmes
situations qu’eux. La déstructuration de la séquence comporte-
Anomalies prandiales mentale (disparition progressive des « heures de repas ») pourrait
Les anomalies prandiales conduisent à une hyperphagie ou à jouer un rôle déterminant en privilégiant les signaux sensoriels
une hypophagie selon des modalités variées. Il faut en analyser par rapport aux signaux biologiques et aux conditionnements
les relations avec le contexte de la prise alimentaire : convivia- alimentaires. Cette désinhibition peut survenir à n’importe quel
lité, solitude, occupations (télévision, etc.). moment de la journée, voire de la nuit, au moment ou en
L’hyperphagie prandiale peut s’associer à une exagération de la dehors d’un repas. Elle est généralement située dans les anoma-
faim et/ou de l’appétit, à un recul du rassasiement ou à lies extraprandiales (cf. infra), car elle est statistiquement plus
l’absence de satiété, voire un dépassement de la satiété (les fréquente en dehors des périodes programmées de repas. Elle se
signaux physiologiques existent mais ils sont devenus inopé- distingue de l’impulsivité alimentaire primaire (primaire au sens
rants). L’augmentation des apports peut être globale, ou résulter où elle ne résulte pas d’une restriction) qui peut être favorisée

Traité de Médecine Akos 3


© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 02/10/2019 par UNIVERSITE VICTOR SEGALEN BORDEAUX (14200). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
3-0760 ¶ Comportement alimentaire et ses désordres chez l’adulte

par des facteurs génétiques ou biologiques (anomalies du Sous-estimation des apports


système des mélanocortines par exemple), pharmacologiques
(neuroleptiques, corticoïdes) ou anatomiques (tumeurs, lésions La sous-estimation des apports alimentaires (underreporting des
chirurgicales de l’hypothalamus) [5, 12, 13]. Anglo-Saxons) se définit par une évaluation des apports calori-
ques (enquête alimentaire) contradictoire avec les mesures de la
Anomalies extraprandiales dépense énergétique [1] , par exemple une enquête à 1 400
calories par jour chez un sujet dont la mesure de la dépense
L’augmentation des apports caloriques en dehors des repas énergétique de repos est à 1 800 calories/24 heures alors qu’il est
s’inscrit dans une variété de situations [14-18]. actif et ne perd pas de poids. Cette sous-estimation est fré-
Le grignotage se caractérise par la consommation répétitive, quente, en particulier chez les sujets en situation de restriction
sans faim, sans envie, de petites quantités d’aliments facilement cognitive, ayant reçu une prescription diététique et/ou une
accessibles. Le grignotage peut être réservé et limité à des information nutritionnelle. Elle ne relève pas de la dissimu-
circonstances et horaires spécifiques de la journée ou, au lation volontaire, d’un « mensonge », mais plutôt d’une mécon-
contraire, constituer une activité alimentaire pratiquement naissance inconsciente des apports, bien souvent par confor-
ininterrompue. misme aux normes alimentaires valorisées socialement [21].
L’envie ou le besoin impérieux de manger (craving des Anglo-
Saxons) en dehors des repas est une expérience fréquente. Cette
sensation peut être suivie ou non de la consommation
Autres symptômes
d’aliment [3]. Il n’est pas possible de fournir une liste exhaustive de toutes
La compulsion alimentaire se caractérise par la consommation, les anomalies observées tant celles-ci sont nombreuses et
impulsive, soudaine, d’un aliment donné en dehors d’un repas. variées. Nous citerons : l’intérêt excessif, quasi obsessionnel pour
Dans sa forme la plus commune, la plus simple, la compulsion tout ce qui a un rapport avec la nourriture (collection de
simple est déclenchée par une envie de manger et non par une recettes, préparation de repas pour les autres), le vol d’aliments,
sensation de faim, et s’oriente vers un aliment ou un groupe le stockage ou le camouflage des aliments, le mérycisme. On
d’aliments appréciés et caractéristiques pour un même sujet. Elle peut en rapprocher les comportements d’achat excessifs.
procure habituellement un plaisir initial et cesse lorsque la Cette sémiologie des troubles du comportement alimentaire
satisfaction a été obtenue. Après coup, le sujet peut éprouver un reste schématique. En pratique, il peut être difficile de différen-
certain degré de culpabilité. La quantité d’aliments consommée cier compulsions graves et accès boulimiques. Ces symptômes
est variable selon les cas : parfois limitée (une pâtisserie, une peuvent être associés ou alterner chez un même sujet. Enfin, la
tranche de saucisson, un chocolat), elle peut atteindre des sémiologie des troubles du comportement alimentaire elle-
valeurs caloriques importantes (une tablette de chocolat), ce qui même est un domaine encore en pleine évolution.
témoigne alors de la difficulté du sujet à obtenir du plaisir. En
créant un climat intérieur désagréable, la culpabilité éprouvée
de la prise alimentaire peut retarder, voire empêcher d’éprouver, ■ Comportement alimentaire
le plaisir alimentaire qu’elle procure. C’est ainsi que les interdits
alimentaires risquent d’augmenter paradoxalement la consom- adaptatif, pathogène
mation des aliments prohibés. Dans la « compulsion grave », le
sujet perd le contrôle sur son comportement alimentaire. Il
ou pathologique
ingère des quantités d’aliments souvent plus importantes dans Le comportement alimentaire peut être modifié dans un très
un contexte thymique marqué par une forte contrariété. Les large éventail de situations, que l’on peut schématiser en trois
compulsions graves sont souvent des compulsions simples qui grands cadres : mécanisme adaptatif, symptôme d’une patholo-
ont dégénéré à force d’être contrariées par la culpabilité gie générale, pathologie comportementale proprement dite
alimentaire. (Fig. 1).
L’accès boulimique se définit par des épisodes au cours des- Pour se faire une idée du caractère pathogène ou pathologi-
quels le sujet, généralement seul, consomme, sans faim et avec que ou non d’un comportement alimentaire, il faut confronter
gloutonnerie, d’importantes quantités de nourriture [17, 19, 20]. la sémiologie comportementale à :
Cette ingestion s’effectue au-delà de toute satiété, sans autre • ses circonstances de survenue dans l’histoire du patient ;
limite que la contenance gastrique du sujet. Les qualités • l’anamnèse pondérale, nutritionnelle, somatique ;
gustatives des aliments sont relativement indifférentes. La fin de • la situation clinique et psychologique ;
la crise peut être marquée par des douleurs abdominales, parfois • le contexte socioculturel, social et économique ;
par des vomissements spontanés ou provoqués. La fréquence, • d’éventuels troubles comportementaux d’autre nature (dipsi-
les moments de survenue dans la journée et l’intervalle entre les que, sexuel, social, etc.).
accès sont sujets à d’énormes variations inter- et intra- Schématiquement, on peut distinguer trois cas de figure type.
individuelles. Le sujet atteint de boulimie est conscient du
caractère anormal de son comportement et qu’il lui sera
impossible de réprimer la crise ; celle-ci s’accompagne d’angoisse
et de honte. Les vomissements, fréquemment associés à la Symptôme
boulimie et à l’anorexie, ne sont pas volontiers reconnus par
ceux qui les pratiquent, et il est difficile d’en apprécier la
fréquence réelle. Leur présence fausse l’évaluation des données
quantitatives des enquêtes alimentaires.
Les prises alimentaires nocturnes (certains sujets se réveillent et
se lèvent pour manger : night eating syndrome) peuvent se faire Nature Contexte Conséquences
sur un mode compulsif ou boulimique. Il ne faut pas confondre Sémiologie Nutritionnel Somatiques
ces prises alimentaires avec celles des sujets insomniaques qui Fréquence Somatique Psychologiques
mangent parce qu’ils n’arrivent pas à dormir [14]. Intensité Psychologique Sociales
Socioéconomique
Hypersensibilité aux effets sensoriels
Une sensibilité exacerbée aux effets sensoriels des aliments
peut déclencher des prises alimentaires non physiologiques lors
du repas ou pendant la période interprandiale. Cette hyperréac- Pathologie Adaptation Pathologie
tivité est particulièrement sollicitée dans les sociétés de comportementale homéostasique générale
consommation et paraît accrue chez les sujets qui restreignent
leur alimentation. Figure 1. Du symptôme à la pathologie comportementale.

4 Traité de Médecine Akos

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 02/10/2019 par UNIVERSITE VICTOR SEGALEN BORDEAUX (14200). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Comportement alimentaire et ses désordres chez l’adulte ¶ 3-0760

Tableau 2. psychologiques et des déterminants sociaux. Ces situations de


Troubles du comportement alimentaire d’origine hypothalamique. désordre primaire du comportement alimentaire résultent
Atteintes lésionnelles Craniopharyngiome
généralement de l’intrication de facteurs psychologiques,
métaboliques voire neurobiologiques, qui se renforcent les uns
Extension suprasellaire
les autres [16, 21, 22, 26, 27].
des macroadénomes pituitaires
Sur le plan psychologique, les liens entre troubles du com-
Méningiomes, gliomes, tératome
portement alimentaire et dépression sont documentés, en
Métastases particulier dans le cas des pathologies de type anorexie-
Anévrisme boulimie et compulsions alimentaires. La question est de savoir
Chirurgie, radiothérapie dans quel ordre se constitue cette relation. Dans certains cas, la
Atteintes génétiques Mutations MC4R dépression est en réalité une conséquence de la pathologie
Prader Willi alimentaire, alors qu’ailleurs elle en est la traduction secondaire,
la symptomatologie alimentaire intervenant comme un méca-
Mutation Sim 1 (single minded homologue 1)
nisme antidépressif, en réponse à un événement existentiel
Mutation GNAS1 (pseudohypoparathyroï-
douloureux [4, 16, 26]. La conduite alimentaire contribue dans
disme type 1A)
une certaine mesure à la résolution de la tension psychique [22].
Mutations leptine et leptine récepteur La distinction entre ces deux situations est souvent artificielle,
Mutation POMC car elles coexistent fréquemment. Il faut donc se garder d’a
priori dans ce domaine et chercher à faire la part des choses. La
restriction calorique qui facilite les désordres comportementaux
réactionnels (cf. supra) est elle-même dépressogène.
La modification du comportement alimentaire peut répondre Les explications neurobiologiques commencent à émerger au
à un changement de situation nutritionnelle et constituer un travers des progrès de la génétique et de l’imagerie cérébrale
mécanisme compensateur adapté, inscrit dans l’homéostasie fonctionnelle [3, 16]. C’est ainsi que des anomalies génétiques ou
métabolique. À titre d’exemple, l’hyperphagie du diabétique biologiques portant sur le système des mélanocortines, en
glycosurique, ou d’un sujet hyperthyroïdien ou porteur d’une particulier des variants MC4-R et de la leptine, sont associées
parasitose digestive, est bien un comportement adapté pour pour certains auteurs à une impulsivité alimentaire, voire à des
corriger des anomalies ne concernant pas primitivement le désordres plus gaves. L’imagerie cérébrale montre que l’attrait
comportement. C’est également la situation d’un sujet ayant excessif pour l’aliment dépend de l’activation prématurée de
subi une restriction calorique iatrogène excessive qui compense certaines zones cérébrales (système mésolimbique, reward
le déficit calorique par une hyperphagie compensatrice. On system). Mais il demeure bien délicat de faire la part entre les
parle ici de modification adaptative du comportement alimen- anomalies primaires et secondaires observées dans ces cadres
taire. Ceci a été illustré à l’extrême par des expériences de pathologiques. Ainsi, la mise en évidence d’une anomalie
restriction alimentaire drastique chez l’homme aboutissant au neurochimique primaire dans l’anorexie mentale est rendue
développement d’épisodes de compulsions alimentaires sévères, quasiment illusoire du fait même des conséquences de l’état de
voire d’accès boulimiques. dénutrition responsable d’altérations hypothalamiques et
La modification du comportement alimentaire n’est pas métaboliques majeures. L’implication de tel ou tel système
adaptée à la situation somatique, métabolique, nutritionnelle ou neurobiologique est assez souvent évoquée à partir du moment
environnementale, et traduit une pathologie générale. Une où l’administration d’un agent pharmacologique (dopaminergi-
hyperphagie peut exceptionnellement être reliée à une patholo- que, catécholaminergique, sérotoninergique) modifie, dans un
gie hypothalamohypophysaire organique (tumeurs, séquelles sens ou un autre, un comportement alimentaire normal ou
chirurgicales, radiothérapeutiques ou infectieuses, etc.) ou pathologique. L’extrapolation de cette efficacité pharmacologi-
génétique [13, 22-24] (Tableau 2). Il faut y penser en cas de que aux concepts pathogéniques est discutable [6-8, 10, 25].
céphalées, troubles visuels, désordres hormonaux (troubles de la
croissance en particulier). Entrent également dans ce cadre des
hyperphagie liées à des prises médicamenteuses. Les anorexies Conséquences pathologiques des désordres
et hypophagies peuvent être en rapport avec une pathologie du comportement alimentaire
cancéreuse, inflammatoire.
Les conséquences des troubles du comportement alimentaire
On parle de « pathologie du comportement alimentaire »
sont somatiques, psychologiques et sociales.
quand les conduites alimentaires diffèrent notablement des
conduites habituellement adoptées par la plupart des individus
placés dans un même environnement nutritionnel, socioculturel
et qu’elles induisent des conséquences fâcheuses pour la santé
somatique (obésité, malnutrition, dénutrition) ou psychologique
(désinsertion sociale, sentiment d’anormalité, dépression) [14, 15]. “ Points essentiels
Ici, la symptomatologie comportementale accompagne une
situation génératrice de difficultés psychologiques. Le symptôme Conséquences somatiques de l’anorexie mentale
alimentaire peut s’inscrire dans un contexte conflictuel transi- • Dénutrition et infection.
toire et ponctuel, sans impact pathologique particulier sur • Ostéoporose.
l’organisation psychologique. La modification du comportement • Anomalie de la régulation thermique.
alimentaire est alors « banale », dans sa forme (grignotage, • Troubles ioniques.
compulsions simples), son intensité et sa durée (brève, transi-
• Arythmie.
toire, éventuellement épisodique). Le contexte est nettement
• Retard de vidange gastrique, constipation.
pathologique lorsque la modification du comportement ali-
mentaire devient une réponse univoque, stéréotypée et systé- • Lithiases rénales.
matique à toute situation de malaise interne. Le désordre • Œdèmes.
alimentaire envahit l’existence quotidienne et aliène progressi- • Bradycardie, hypotension.
vement l’ensemble de la personnalité qui s’organise autour de • Dyslipidémies, diabète de carence.
lui. Il se produit une véritable identification du sujet à la
pathologie nutritionnelle qui finit par le désigner : « une
boulimique » [25].
Comme dans bien des domaines de la médecine, la discus- Sur le plan somatique, on connaît les conséquences parfois
sion porte sur la part et surtout sur l’importance respective des gravissimes, voire létales, de la dénutrition et des troubles
facteurs biologiques (génétiques, neurohormonaux), des facteurs ioniques chez les patientes anorexiques mentales.

Traité de Médecine Akos 5


© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 02/10/2019 par UNIVERSITE VICTOR SEGALEN BORDEAUX (14200). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
3-0760 ¶ Comportement alimentaire et ses désordres chez l’adulte

D’autres conséquences somatiques peuvent être observées Principales situations rencontrées


liées à la malnutrition, et également en relation directe avec la
conduite alimentaire elle-même, telles que les fausses-routes et
en clinique
les pneumopathies de déglutition des patientes boulimiques. L’anorexie mentale et la boulimie, les plus « connus » des
troubles alimentaires du fait de leur gravité (pour l’anorexie
mentale, le risque vital est en jeu), représentent en réalité une
minorité des désordres rencontrés en pratique clinique courante.

“ Points essentiels
L’anorexie mentale est une situation psychopathologique et
somatique grave qui comporte un risque létal. Sa prise en
charge relève en premier lieu de la psychiatrie étant entendu
Manifestations somatiques au cours du syndrome que l’interniste, le nutritionniste, le réanimateur peuvent être
sollicités. Il est essentiel de délimiter la place de chaque
« boulimie » [14, 16]
intervenant dans le système thérapeutique. La gravité des
• Irrégularité menstruelle. conséquences somatiques impose dans bien des cas une prise en
• Troubles ioniques. charge médicale importante, mais celle-ci ne doit pas laisser au
• Intoxication à l’ipéca. second plan la place de la prise en charge psychologique.
• Dilatation, rupture de l’estomac.
• Hypertrophie parotidienne.
• Œsophagite.
• Ulcération.
• Fausses-routes. “ Points forts
• Pneumopathie de déglutition.
Critères diagnostiques de l’anorexie mentale
suivant le DSM IV [14]
• Refus de maintenir le poids corporel au niveau ou au-
La responsabilité des troubles du comportement alimentaire dessus d’un poids minimal normal pour l’âge et pour la
dans le développement de l’obésité est établie. Les troubles du taille (par exemple, perte de poids conduisant au maintien
comportement alimentaire représentent un obstacle au traite- du poids à moins de 85 % du poids attendu ou incapacité
ment de la surcharge pondérale du diabète, des hyperlipidé-
à prendre du poids pendant la période de croissance
mies [16]. Les troubles vitaminiques et ioniques liés à des régimes
aberrants peuvent avoir des retentissements cardiovasculaires : conduisant à un poids inférieur à 85 % du poids attendu).
l’hypokaliémie expose aux troubles du rythme et au risque de • Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros,
mort subite. Il faut insister sur les carences en micronutriments alors que le poids est inférieur à la normale.
qui peuvent poser des problèmes en cas de grossesse. • Altération de la perception du poids ou de la forme de
Les problèmes psychologiques, relationnels et sociaux associés son propre corps, influence excessive du poids ou de la
aux désordres du comportement alimentaires peuvent être forme corporelle sur l’estime de soi, ou déni de la gravité
majeurs, ce qui n’est pas surprenant si l’on considère la place de de la maigreur actuelle.
la nutrition dans le développement psychoaffectif, relationnel • Chez les femmes postpubères, aménorrhée, c’est-à-dire
voire intellectuel d’un individu. La restriction alimentaire peut absence d’au moins trois cycles menstruels consécutifs
entraîner des perturbations thymiques.
(une femme est considérée comme aménorrhéique si ses
règles ne surviennent qu’après administration
d’hormones, par exemple d’estrogènes).
Il existe deux types d’anorexie :
“ Points essentiels • Type restrictif : pendant l’épisode actuel d’anorexie
mentale, le sujet n’a pas, de manière régulière, présenté
Conséquences d’une restriction calorique de crises de boulimie ni recouru aux vomissements
prolongée provoqués ou à la prise de purgatifs (c’est-à-dire laxatifs,
• Obsession de la nourriture. diurétiques, lavements).
• Accès compulsifs ou boulimiques. • Type avec vomissements ou prise de purgatifs :
• Rituels alimentaires. pendant l’épisode actuel d’anorexie mentale, le sujet a
• Défauts de vigilance. présenté des crises de boulimie et/ou recouru aux
• Apathie. vomissements provoqués ou à la prise de purgatifs (c’est-
• Troubles du sommeil. à-dire laxatifs, diurétiques, lavements).
• Chute de la libido.
• Irritabilité.
• Humeur fluctuante. En dehors de ces situations de désordres majeurs du compor-
• Dépression. tement alimentaire, le plus souvent le clinicien va se trouver
confronté incidemment à des particularités du comportement
dont le patient ne parle pas spontanément. La question qui va
se poser au praticien est de savoir si ces désordres ont une
Les fluctuations pondérales consécutives à l’alternance des importance clinique, ce qu’ils traduisent et ce qu’ils impliquent
périodes de régime avec des périodes d’alimentation incontrôlée pour la prise en charge du patient. Ceci n’est pas si simple. Des
perturbent l’image du corps. L’échec répété à contrôler les « particularités alimentaires » d’apparence banale et anodine
impulsions alimentaires entraîne ou aggrave une mésestime de peuvent avoir des conséquences importantes pour certains
soi chronique, et favorise la dépression et l’impulsivité. Un traitements (par exemple le traitement du diabète ou de
isolement progressif peut s’installer et aboutir à de véritables l’obésité) ou peuvent être le signe d’alerte d’une pathologie
désinsertions sociales. La dégradation des performances scolaires comportementale ou psychologique importante (par exemple,
est fréquente chez les jeunes boulimiques et chez les jeunes l’installation d’une restriction alimentaire rigoureuse chez une
anorexiques mentales. Certains troubles du comportement jeune fille). Il revient donc au médecin d’être attentif à ces
alimentaire peuvent être des facteurs d’échecs professionnels symptômes alimentaires et de chercher à préciser la place qu’ils
ultérieurs. occupent. Il faut donc les confronter à la situation somatique et

6 Traité de Médecine Akos

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 02/10/2019 par UNIVERSITE VICTOR SEGALEN BORDEAUX (14200). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Comportement alimentaire et ses désordres chez l’adulte ¶ 3-0760

L’anorexie du sujet âgé s’installe insidieusement. La perte de

“ Points forts
l’appétit s’accompagne d’un désinvestissement libidinal pro-
gressif, traduisant une dépression. Ailleurs, elle traduit un
processus d’involution.
Critères diagnostiques de la boulimie selon le DSM
IV
• Survenue récurrente de crises de boulimie (binge ■ Approches thérapeutiques
eating). Une crise de boulimie répond aux deux
caractéristiques suivantes : S’il est de plus en plus fréquent que la demande première du
C absorption, en une période de temps limitée (par patient porte sur le comportement, dans la majorité des cas
exemple, moins de 2 heures), d’une quantité de l’identification du symptôme alimentaire nécessite une recher-
nourriture largement supérieure à ce que la plupart che active au cours de la consultation motivée par une dénutri-
tion ou une malnutrition, ou des troubles de l’image de soi. La
des gens absorberaient en une période de temps
consultation initiale est donc essentielle pour reconnaître le
similaire et dans les mêmes circonstances ;
symptôme comportemental. Encore faut-il dépasser ce seul
C sentiment d’une perte de contrôle sur le symptôme pour en appréhender l’économie générale. Faute de
comportement alimentaire pendant la crise (par quoi la réponse focalisée sur l’effet et non sur la cause risque au
exemple, sentiment de ne pas pouvoir contrôler ce contraire d’aggraver la situation par des prescriptions diététiques
que l’on mange ou la quantité que l’on mange). qui ne feraient que la renforcer ou l’aggraver.
• Comportements compensatoires inappropriés et L’analyse précise du symptôme, de son retentissement, de sa
récurrents visant à prévenir la prise de poids, tels que : fonction, l’évaluation des caractéristiques du patient, de son
vomissements provoqués ; emploi abusif de laxatifs, contexte, et la mise à jour de la problématique impliquée dans
diurétiques, lavements ou autres médicaments ; jeûne ; le désordre comportemental sont un préalable à toute interven-
exercice physique excessif. tion thérapeutique. Ceci nécessite du temps. La situation la plus
• Les crises de boulimie et les comportements préoccupante est celle de l’anorexie mentale dont la gravité
psychologique et parfois somatique est déniée par l’intéressée,
compensatoires inappropriés surviennent tous deux, en
voire par son entourage. Il est dans ce domaine des urgences
moyenne, au moins deux fois par semaine pendant
vitales à côté desquelles il ne faut pas passer (dénutrition
3 mois. majeure trop bien tolérée, troubles ioniques). Dans la majorité
• L’estime de soi est influencée de manière excessive par des cas, la réponse thérapeutique ne se situe pas dans l’urgence.
le poids et la forme corporelle. Il faut dans un premier temps évaluer si les inconvénients du
• Le trouble ne survient pas exclusivement pendant des symptôme sont plus importants que les avantages qu’il procure.
épisodes d’anorexie mentale. Le rôle du médecin est d’évaluer les capacités de changement,
d’investir d’autres secteurs que la sphère alimentaire. L’environ-
nement peut être une opportunité de soutien ou un obstacle.
Bref, il s’agit d’identifier les éléments sur lesquels on peut
psychologique, tenir compte de leur intensité et de leur fré-
quence (qui peuvent être cachées ou déniées), et tenir compte s’appuyer et ceux que l’on doit respecter.
de la situation psychologique et sociale. La stratégie thérapeutique prend en compte les différentes
Les désordres du comportement alimentaire le plus fréquem- dimensions nutritionnelles, psychologiques et sociales. L’abord
ment rencontrés sont : le grignotage, les compulsions alimen- nutritionnel des troubles du comportement alimentaire relève
taires, l’hyperphagie prandiale et la restriction cognitive [2, 5, 21]. du généraliste ou du nutritionniste. La prise en charge se fait en
Le grignotage, comportement automatique de remplissage, consultation hors situations exceptionnelles (anorexie mentale
semble aussi bien destiné à « faire » le vide qu’à le « remplir ». en situation grave, état de mal boulimique). Les situations où le
Les compulsions alimentaires ne sont franchement pathologi- patient doit être orienté d’emblée vers une psychothérapie ou
ques que si elles se répètent. La boulimie survient en règle chez une prise en charge psychiatrique sont minoritaires.
des jeunes filles dans des contextes de personnalité plus ou La diversité des situations individuelles justifie des réponses
moins vulnérables. Le comportement de restriction associé peut au cas par cas ; l’objectif est univoque : restituer au comporte-
être mis en avant et le piège est d’entrer dans le jeu de cette ment alimentaire ses finalités nutritionnelles et relationnelles.
restriction en répondant au premier degré à la demande sans Certaines prises en charge débutent par des actions purement
identifier le problème de la boulimie. symptomatiques pour se donner le temps d’aborder les détermi-
Le comportement de restriction est une stratégie de plus en nants psychologiques. D’autres se focalisent d’emblée sur la
plus répandue dans la population, singulièrement chez les dimension psychologique du symptôme.
jeunes filles et chez les femmes. Il traduit une soumission aux Deux écueils sont à éviter en matière diététique : une réponse
normes sociales de la minceur et un désaveu de ses caractéristi- strictement limitée à la prescription d’une restriction supplé-
ques constitutionnelles. Dans une population scolaire d’adoles- mentaire à des patients qui s’y sont déjà soumis et dont les
cents de 11 à 20 ans sans trouble du comportement alimentaire, stratégies de contrôle du poids ne font qu’aggraver la situation.
45 % des sujets se trouvent trop gros, 37 % sont obsédés par La tenue d’un carnet alimentaire (où sont notées les circonstan-
leur poids, 32 % par la nourriture et 25 % déclarent se soumet- ces, qualités, quantités des prises alimentaires) peut permettre
tre à une restriction alimentaire. La restriction peut être de bon au patient de prendre conscience de l’importance d’un compor-
aloi et servir à résister sans exagérations à la pression de la tement souvent méconnu et parfois dénié. Il peut favoriser une
société de consommation. Hélas, la restriction peut être à meilleure estimation des apports caloriques. Au cours du suivi,
l’origine de désordres majeurs du comportement alimentaire il permet de repérer l’importance de la restriction alimentaire,
conduisant à l’anorexie, la boulimie et paradoxalement à l’éventuelle désorganisation des repas, les circonstances d’appa-
certaines formes d’obésité. rition et leur lien avec les événements affectifs. Les interven-
Les phobies et rituels alimentaires ne sont pas rares, et même tions diététiques ne peuvent avoir un impact que lorsque le
de plus en plus fréquents. Certains sujet observent des règles patient est devenu conscient de son comportement. Mais il faut
spécifiques plus ou moins strictes inscrites dans la culture, la savoir que, chez certains patients, les inconvénients de la
religion, qui ne sont pas des désordres alimentaires. Mais, dans pratique du carnet peuvent s’avérer plus importants que ses
certains cas, ces symptômes sont la traduction de symptômes avantages en renforçant l’obnubilation alimentaire du patient,
névrotiques ou franchement psychiatriques. Ils peuvent alors etc. voire du médecin qui laisse alors de côté la dimension
entraîner des conséquences somatiques. Leur prise en charge ne psychologique. On doit éviter les régimes restrictifs et l’interdic-
doit pas aggraver la focalisation pathologique sur l’alimentation tion qui, incitant à la transgression, ne peut qu’aggraver
et prendre en compte les déterminants psychologiques. l’impulsion ; une telle aggravation renforce le sentiment d’échec

Traité de Médecine Akos 7


© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 02/10/2019 par UNIVERSITE VICTOR SEGALEN BORDEAUX (14200). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
3-0760 ¶ Comportement alimentaire et ses désordres chez l’adulte

du patient et, donc, la dépressivité. En règle générale, plutôt que dénutrition, trouble ionique), l’intensité des troubles du
de s’opposer à la tendance spontanée, on préfère négocier avec comportement alimentaire (on a pu parler d’« état de mal
elle, de façon à l’infléchir progressivement. Par exemple, boulimique »), l’indication d’un traitement antidépresseur en
aménager des compulsions alimentaires pour les rendre moins milieu non psychiatrique. Cette hospitalisation ne doit pas être
coûteuses (caloriquement) est plus réaliste que de tenter de les présentée au patient et à son entourage comme « la solution »
empêcher autoritairement. mais comme une étape initiale d’un processus durable de prise
La difficulté est de gérer de manière concomitante et complé- en charge, ce qui impose d’assurer un relais entre cette hospi-
talisation initiale (en réanimation, en médecine interne ou
mentaire deux dimensions, nutritionnelle et psychologique,
autre), et la prise en charge psychiatrique et nutritionnelle
appartenant à deux ordres distincts. Il arrive que ces approches
ultérieure.
se succèdent ou alternent. La prise en compte de l’aspect En dehors de ces situations d’« urgence », la complexité de
psychologique du trouble revient à s’interroger sur le secteur certains cas où s’enchevêtrent facteurs somatiques, comporte-
conflictuel qui, consciemment ou non, peut être à l’origine du mentaux, psychologiques et sociaux peut justifier une prise en
désordre comportemental. En faisant décrire au patient les charge institutionnelle.
circonstances existentielles dans lesquelles apparaît le symp- L’intervention nutritionnelle est inadaptée, sinon contre-
tôme, on l’aide à évoquer le contexte psychologique du trouble. indiquée, en cas de dépression sévère, d’état délirant, de
Il ne faut pas chercher à « psychologiser » à tout prix. Il existe désorganisation psychotique ou de conduites déviantes graves.
des désordres du comportement alimentaire qui ne détiennent
aucune signification psychologique, mais qui sont la consé-
quence des restrictions alimentaires ou de la pression sociale. ■ Conclusion
Reste que dans bien des cas les déterminants psychologiques
La prise en charge d’un désordre du comportement alimen-
sont au premier plan. La reconnaissance du conflit sous-jacent
taire relève en premier lieu d’une analyse de son retentissement
peut suffire à faire régresser le trouble. Ailleurs, une psychothé-
sur la santé somatique, psychologique et sociale, et de ses
rapie est indiquée. Quand la dépendance du sujet vis-à-vis de déterminants nutritionnels, psychologiques et sociaux. La
son environnement est importante, une alliance thérapeutique stratégie thérapeutique s’élabore au cas par cas en s’inscrivant
doit être recherchée avec l’environnement et, dans le cadre dans la durée en fonction de la nature et de l’importance
d’une thérapie familiale ou non, le travail thérapeutique respective des divers déterminants, et des capacités du patient à
implique peu ou prou tous les membres de la famille. bénéficier de l’une ou l’autre des voies thérapeutiques.
Dans certaines situations, les abords diététiques et psycholo- .

giques trouvent rapidement leurs limites. Dans certains cas, le


trouble du comportement alimentaire est tellement envahissant ■ Références
que tout abord psychologique est impossible. Les thérapies
[1] Blundell JE. What foods do people habitually eat? A dilemna for
comportementales trouvent ici leur principale indication. Le nutrition, an enigma for psychology. Am J Clin Nutr 2000;71:3-5.
principe de ces thérapies consiste à supprimer le comportement [2] Blundell JE. Pharmacological approaches to appetite suppression.
symptomatique par des techniques de déconditionnement et de Trends Pharmacol Sci 1991;12:147-51.
reconditionnement, et de modifier les automatismes réflexes. [3] Finlayson G, King N, Blundell JE. Liking vs. wanting food: importance
Elles agissent sur différentes étapes de la séquence comporte- for human appetite control and weight regulation. Neurosci Biobehav
mentale, le stockage et l’acquisition, le rythme des repas, le lieu Rev 2007;31:987-1002.
et les dispositifs du repas, la vitesse de mastication, etc. Ces [4] Herman CP, Polivy J. From dietary restraint to binge eating: attaching
thérapies comportementales appliquent une méthodologie causes to effects. Appetite 1990;2:123-5.
[5] Hill AJ. The psychology of food craving. Proc Nutr Soc 2007;66:277-
rigoureuse et standardisée au cours de séances dont le nombre
85.
est limité et préétabli. Elles s’adressent aux seuls comportements [6] Leibowitz SF. Over consumption of dietary fat and alcohol:
visibles sans prendre en compte leurs déterminants incons- mechanisms involving lipids and hypothalamic peptides. Physiol
cients. Il ne faut pas les confondre avec les psychothérapies. Behav 2007;91:513-21.
Les médicaments employés dans le traitement des désordres [7] Morton GJ, Cummings DE, Baskin DG, Barsh GS, Schwartz MW.
alimentaires peuvent agir sur le symptôme et/ou l’état thymi- Central nervous system control of food intake and body weight. Nature
que. Le choix des molécules dépend de très nombreux facteurs : 2006;443:289-95.
la nature du désordre comportemental, la psychopathologie [8] Ramoz N, Versini A, Gorwood P. Eating disorders: an overview of
treatment responses and the potential impact of vulnerability genes and
sous-jacente, les troubles de l’humeur associés, le stade évolutif
endophenotypes. Expert Opin Pharmacother 2007;8:2029-44.
du trouble. C’est dire qu’il ne faut pas chercher dans l’un ou [9] Lafay L, Basdevant A, Charles MA, Vray M, Balkau B, Borys JM, et al.
l’autre de ces médicaments une solution thérapeutique exclu- Determinants and nature of dietary underreporting in a free-living
sive. Le médicament, quand il est nécessaire, s’inscrit dans une population: the Fleurbaix Laventie Ville Santé (FLVS) study. Int J Obes
stratégie plus globale et ne doit pas réduire le travail thérapeu- 1997;21:567-73.
tique de fond. Les affects anxieux et/ou dépressifs d’intensité [10] Le Barzic M, Pouillon M, Waysfeld B, Guy-Grand B. Toxicomanies
moyenne peuvent être cause ou conséquence du désordre alimentaires. Cah Nutr Diet 1983;18:261-8.
comportemental. Le soulagement éprouvé par le patient grâce [11] Le Barzic M, Waysfeld B, Pouillon M, Guy-Grand B. De l’obésité
au traitement peut intervenir favorablement sur le processus psychosomatique à la psychosomatisation de l’obèse. Psychol Med
1985;17:783-5.
thérapeutique. Le choix des molécules à utiliser est discuté. En
[12] Le Barzic M, Pouillon M. La meilleure façon de manger. Paris: Odile
effet, certains antidépresseurs tricycliques stimulent la prise Jacob; 1998.
alimentaire et la prise de poids. Les molécules sérotoninergiques [13] Rankinen T, Bouchard C. Genetics of food intake and eating behavior
sont généralement privilégiées. Le traitement antidépresseur doit phenotypes in humans. Annu Rev Nutr 2006;26:413-34.
être prescrit et suivi par un spécialiste (psychiatre). [14] American Psychiatric Association. Manuel diagnostique et statistique
Dans la boulimie, de nombreux travaux ont été consacrés aux des troubles mentaux. DSM IV (1995). Paris: Masson; 1996.
antidépresseurs. Les résultats publiés sont dans l’ensemble [15] Basdevant A, Pouillon M, Lahlou N, Le Barzic M, Brillant M, Guy-
positifs sur les « crises boulimiques ». Les traitements sont de Grand B. Prevalence of binge eating disorders in different populations
courte durée, et les résultats à long terme sont débattus. Dans of French women. Int J Eat Disord 1995;18:309-15.
[16] Di Marzo V, Matias I. Endocannabinoid control of food intake and
la symptomatologie compulsive, non boulimique, différentes
energy balance. Nat Neurosci 2005;8:585-9.
publications décrivent l’effet positif de certains agents sérotoni- [17] Dodd KW, Guenther PM, Freedman LS, Subar AF, Kipnis V,
nergiques qui interviennent sur les réactions d’« impulsivité ». Midthune D, et al. Statistical methods for estimating usual intake of
Une hospitalisation est indiquée d’emblée devant une situa- nutrients and foods: a review of the theory. J Am Diet Assoc 2006;106:
tion somatique ou métabolique préoccupante (obésité majeure, 1640-50.

8 Traité de Médecine Akos

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 02/10/2019 par UNIVERSITE VICTOR SEGALEN BORDEAUX (14200). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Comportement alimentaire et ses désordres chez l’adulte ¶ 3-0760

[18] Mattes RD. Orosensory considerations. Obesity 2006;14(suppl4): [24] Cummings DE, Clément K, Pumell JO, Vaisse C, Foster KE, Frayo RS,
164S-167S. et al. Elevated plasma ghrelin levels in Prader Willi syndrome. Nat Med
[19] Flament M, Jeammet P. La boulimie. Réalités et perspectives. Paris: 2002;8:643-4.
Masson; 2000.
[20] Jeammet P. Anorexie et boulimie. Cah Nutr Diet 1989;24:211-7. [25] Le Barzic M, Basdevant A, Guy-Grand B. Analyse clinique du com-
[21] Gao Q, Horvath TL. Neurobiology of feeding and energy expenditure. portement alimentaire. In: Traité de nutrition clinique. Paris: Médecine
Annu Rev Neurosci 2007;30:367-98. Sciences Flammarion; 2001.
[22] Clément K, Vaisse C, Lahlou N, Cabrol S, Pelloux V, Cassuto D, et al. [26] Godart NT, Perdereau F, Rein Z, Berthoz S, Wallier J, Jeammet P, et al.
A mutation in the human leptin receptor gene causes obesity and Comorbidity studies of eating disorders and mood disorders. Critical
pituitary dysfunction. Nature 1998;392:398-401. review of the literature. J Affect Disord 2007;97:37-49.
[23] Collier DA, Arranz MJ, Li T, Mupita D, Brown N, Treasure J. Associa- [27] Gruninger TR, LeBoeuf B, Liu Y, Garcia LR. Molecular signaling
tion between 5HT2A gene promoter polymorphism and anorexia involved in regulating feeding and other motivated behaviors. Mol
nervosa. Lancet 1997;350:412. Neurobiol 2007;35:1-20.

A. Basdevant, Professeur de nutrition (arnaud.basdevant@psl.aphp.fr).


S. Gougis, Diététicienne.
C. Ciangura, Chef de clinique-assistant des Hôpitaux.
Service de nutrition, Pôle d’endocrinologie-diabétologie-métabolisme-nutrition-prévention vasculaire de la Pitié-Salpêtrière, Centre de recherche en
nutrition humaine (CRNH) de l’Île-de-France, 47-83, boulevard de l’Hôpital, 75651 Paris cedex 13, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Basdevant A., Gougis S., Ciangura C. Comportement alimentaire et ses désordres chez l’adulte. EMC
(Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine Akos, 3-0760, 2008.

Disponibles sur www.em-consulte.com


Arbres Iconographies Vidéos / Documents Information Informations Auto-
décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations

Traité de Médecine Akos 9


© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 02/10/2019 par UNIVERSITE VICTOR SEGALEN BORDEAUX (14200). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Cet article comporte également le contenu multimédia suivant, accessible en ligne sur em-consulte.com et
em-premium.com :

1 autoévaluation
Cliquez ici

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 02/10/2019 par UNIVERSITE VICTOR SEGALEN BORDEAUX (14200). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.

Vous aimerez peut-être aussi