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Marivaux, Le Jeu de l’amour et du hasard, acte II, scène 11

(1730)

Mario : Quoi ! Ce babillard qui vient de sortir ne t’a pas un peu dégoûtée de lui ?
Silvia, avec feu. : Que vos discours sont désobligeants ! M’a dégoûtée de lui !
Dégoûtée ! J’essuie des expressions bien étranges ; je n’entends plus que des choses
inouïes, qu’un langage inconcevable ; j’ai l’air embarrassé, il y a quelque chose ; et
puis c’est le galant Bourguignon qui m’a dégoûtée. C’est tout ce qu’il vous plaira,
mais je n’y entends rien.
Mario : Pour le coup, c’est toi qui es étrange. À qui en as-tu donc ? D’où vient que tu
es si fort sur le qui-vive ? Dans quelle idée nous soupçonnes-tu ?
Silvia : Courage, mon frère ! Par quelle fatalité aujourd’hui ne pouvez-vous me dire
un mot qui ne me choque ? Quel soupçon voulez-vous qui me vienne ? Avez-vous des
visions ?
Monsieur Orgon : Il est vrai que tu es si agitée que je ne te reconnais point non plus.
Ce sont apparemment ces mouvements-là qui sont cause que Lisette nous a parlé
comme elle a fait. Elle accusait ce valet de ne t’avoir pas entretenue à l’avantage de
son maître, et, « madame, nous a-t-elle dit, l’a défendu contre moi avec tant de colère
que j’en suis encore toute surprise ». C’est sur ce mot de surprise que nous l’avons
querellée ; mais ces gens-là ne savent pas la conséquence d’un mot.
Silvia : L’impertinente ! Y a-t-il rien de plus haïssable que cette fille-là ? J’avoue que
je me suis fâchée par un esprit de justice pour ce garçon.
Mario : Je ne vois point de mal à cela.
Silvia : Y a-t-il rien de plus simple ? Quoi ! parce que je suis équitable, que je veux qu’on
ne nuise à
personne, que je veux sauver un domestique du tort qu’on peut lui faire auprès de son
maître, on dit
que j’ai des emportements, des fureurs dont on est surprise ! Un moment après un
mauvais esprit
raisonne ;
il faut se fâcher, il faut la faire taire, et prendre mon parti contre elle, à cause de la
conséquence de ce
qu’elle dit ! Mon parti ! J’ai donc besoin qu’on me défende, qu’on me justifie ! On
peut donc mal
interpréter ce que je fais ! Mais que fais-je ? De quoi m’accuse-t-on ? Instruisez-moi,
je vous en conjure; cela est sérieux. Me joue-t-on ? Se moque-t-on de moi ? Je ne suis pas
tranquille.
L’introduction : Pierre Carlet de Marivaux est un écrivain, dramaturge
et journaliste français, né le 04 février 1688 et mort le 12 février 1763. Marivaux
est connue plus sous le cadre d’un auteur dramatique que romancier, même si
ses romans ont été passionnément lus et imités en France et à l’étranger jusqu’au
18ème siècle ; il reste amoureux du théâtre et de la vérité, et ses comédies montre
comment tomber sous le charme du langage et de la conversation qu’on appelle
« Le Marivaudage ». Parmi ces comédies, « Le Jeu de l’amour et du hasard » est
une comédie constitué de 03 actes publié une première fois en 1730, elle raconte
l’histoire de la jeune Silvia obligé à un mariage, autour de se mariage tournent la
découverte de l’autre et le sentiment amoureux. Cette découverte se fait à travers
le déguisement et les 03 actes montrent les étapes à suivre. Cet extrait met en
évidence que Silvia en a assez de se jeu de changements des rôles ; son frère
Mario et son père essaye de la pousser à bout.

Lecture du texte :
Problématique : Pour cela on se demande comment la situation de Silvia
fait-il avancer le drame et que révèle-t-il ?

Plan : Pour y répondre, on abordera la taquinerie de la famille envers Silvia


(la confusion de Silvia (01-11) et l’emportement de Silvia (12-18)

Dévelloppement :
- Dès le début, on assiste à une scène ou le père et Mario prennent Silvia
au piège (pour ces propos contradictoires) ; Silvia refuse d’avouer ses
sentiments pour celui qu’elle prêtant être un valet. Le lecteur observe
avec plaisir l’affaiblissement progressives de ses réticences. L’emploi
des l’adjectifs « dégouté et babillard » dans la réplique de Mario pousse
Silvia à réagir et contrainte d’avouer ses sentiments.
- Comme pour la précédente réplique de Mario, l’utilisation du mot
étrange dans les deux réplique de Silvia et Mario exprime qu’il y’a une
petite chamaillerie entre eux et confère une rapidité à l’échanger et un
ton nerveux et rapide. La didascalie {en feu} montre que Silvia ne reste
pas calme et perd ses moyens. Mario, non dupe renvoie a son tour 3
questions et trouve un plaisir à déstabiliser sa sœur.
-
- On note aussi l’utilisation de l’ironie dans ce texte, et cela crée un
décalage entre se que pense Silvia et la réalité. Par exemple, Cet ironie
crée un sentiment d’incertitude et de confusion dans l’esprit du lecteur
après sa phrases dite avec toute naïveté : « y’a-t-il tiens de plus simple »
- On remarque que le langage de Silvia est incohérent, en mélangeant les
idées cela nous amène à l’impression de confusion et d’avoir un
sentiment d’incertitude à travers ces propos. Cela crée un rythme
saccadée et hache
-
- La colère de Silvia est perceptible au travers des phrases exclamatives
au sien des ligne 15-16 , son mépris au travers de l’emploi du terme
« impertinente » qui souligne encore que Lisette n’est pas à sa place, ce
qui est le cas mais à la demande de Silvia. Elle est également
perceptible au travers de l’adjectif « haïssable » et du groupe nominal
avec l’emploi d’un démonstratif composé péjoratif « cette fille-là », qui
fait écho à celui de son père et qui renvoie Lisette à sa condition. Cette
colère montre la rivalité entre les deux jeunes femmes.
-
- La dernière réplique de Silvia montre son instabilité et sa
confusion .L’emploi de des phrases interrogatives à la ligne 17-18
essaye de montrer que Silvia n’est pas à l’origine de son état, mais le
nombre de ces phrases la trahisse et ne fait qu’accroître la confusion.

Conclusion : En somme, l’extrait invite à réfléchir sur le poids des


différences sociales et la difficulté d’exprimer ses émotions, cet scène est
importante pour l’intrigue et pour la suite de la pièce car on voit Silvia perdre
patience donc on s’attend à qu’elle prend une décision. Marivaux souligne
également l’importance d’une communication claire et transparente pour éviter
les malentendus, on retrouve cela aussi dans d’autres pièces de Marivaux dans
« les fausses confidences » à la scène 03 de l’acte II.

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