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MASANGA PHOBA Mvioki jacky, Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
INTRODUCTION GENERALE
A l’origine, les lois sociales sont adoptées pour protéger les travailleurs. Qu’il s’agisse de
protéger le salarié contre les abus de l’employeur notamment par la limitation de la durée
du travail (le droit du travail), ou de garantir les travailleurs contre les pertes de
ressources qui peuvent résulter d’un accident pendant le travail par l’instauration d’un
système de réparation automatique des accidents du travail (le droit de la sécurité sociale),
aucune distinction n’était faite entre ces règles qui relevaient toutes des lois sociales. Les
deux branches étaient confondues. La garantie des travailleurs contre les risques sociaux
faisait partie intégrante du droit du travail1.
Les deux domaines complémentaires se sont différenciés par la suite. D’une part, les
relations entre employeurs et salariés, tant individuelles que collectives sont de plus en
plus régies par des normes négociées, l’intervention de l’Etat se limitant à l’élaboration des
conditions minima pour tous les travailleurs (droit du travail) ; d’autre part, la protection
des salariés contre les risques sociaux de toute nature (maladie, vieillesse etc.) est confiée
à un service public qui, au terme d’un processus fort compliqué de financement, est chargé
de verser des prestations (droit de sécurité sociale )
En outre, le champ d’application de la branche issue du droit du travail s’est élargi. De plus
en plus, la protection contre les risques sociaux s’applique non seulement aux salariés,
mais aussi au non-salariés, c'est-à-dire aux indépendants, chômeurs… Ainsi les risques
garantis ne sont plus liés nécessairement à la vie du travailleur ; et la sécurité sociale
devait couper le cordon ombilical qui la reliait au droit du travail.
Certains auteurs qualifient les deux branches de « droit social» pour souligner cet aspect
car leur but réside dans le souci de protection du plus faible que la législation s’efforce
d’assurer.
1
CORNU G., Vocabulaire Juridique, Association Henry Capitant, P.U.F., Paris, 1ère édition, 1987, page 744 ;
Aperçu de la sécurité sociale en Belgique, Ministère de la Prévoyance Sociale, secrétariat Général, études
juridiques, 1977. Le qualificatif « social » ne signifie pas grand-chose, car tout droit est social par essence. Tout en
contestant la formule « droit social », J. RIVERO et J. SAVATIER reconnaissent que cette formule met utilement
l’accent sur les préoccupations sociales qui, avec les préoccupations économiques, sont ici déterminantes. J.C.
JAVILLIER considère que cette formule rappelle en premier lieu le souci de premières lois de protéger les
travailleurs contre une exploitation incontestable ; et en second lieu, les luttes sociales qui en sont souvent
l’origine.
2
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Et depuis, le droit social, pris au sens large, est synonyme de bien-être. Il est consacré par
certains textes constitutionnels (droits sociaux fondamentaux : droit au travail (accès à la
formation professionnelle, politique d’emploi), droit à la liberté syndicale, à la protection de
la santé, à la sécurité matérielle, au repos, etc.
L’homme doit travailler. En effet, l’article al. 1 du C.T dispose : « le travail est pour chacun
un droit et un devoir. Il constitue une obligation morale pour tous ceux qui n’en sont pas
empêchés par l’âge ou l’inaptitude au travail constatée par un médecin ».
Aussi, le christianisme a donné au travail une dimension noble (dominez la nature). Le
terme travail signifie dans un premier sens: action, activité, labeur. Le travail est un
ensemble d’activités humaines coordonnées en vue de produire ce qui est utile.
Activité –Personne – Résultat. Le travail= productivité, rendement.
Dans un sens secondaire, le travail signifie également l’emploi occupé, trouver du travail
signifie trouver un emploi. Le travail qu’il soit manuel ou intellectuel est un besoin vital –
un moyen pour l’homme de s’accomplir. Mais une fois imposé à l’homme, le travail devient
une contrainte or, le travail forcé et obligatoire est interdit (Art. du CT).
Dans notre organisation économique et sociale, le travail a une signification bien précise :
activité dont la valeur marchande est consacrée par la contrepartie d’une rémunération ou
d’un gain ; ce qui signifie que c’est l’activité qui a non seulement une valeur d’usage pour
l’individu ou la société, mais une valeur d’échange sur le marché. Il s’agit d’un travail
subordonné, qui fait naître un rapport entre la personne qui accomplit la prestation de
travail et celle qui en bénéficie.
En effet, les groupes les plus structurés sont les groupes socioprofessionnels pour
lesquels le travail accompli constitue le principal critère d’appartenance.
Le droit du travail s’applique à des rapports entre des hommes (employeurs –travailleurs) ;
or tout travail ne fait pas naître nécessairement une relation professionnelle. En effet, une
personne peut travailler pour son propre compte sans recourir aux services d’autrui (le
travail indépendant, le petit commerce, l’artisan, le médecin, le petit exploitant agricole).
3
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Un rapport de travail apparaît lorsqu’une personne travaille pour autrui, le droit du travail
étant l’ensemble des règles qui régissent les rapports individuels ou collectifs entre les
employeurs qui font travailler et les salariés qui travaillent pour eux.
Comme nous l’avons dit plus haut, le droit du travail régit les rapports entre les travailleurs
et les employeurs 2. Ces rapports sont initialement individuels (employeur et salarié).
Dès qu’une personne travaille pour une autre, un rapport se crée. Il s’agit d’un travail
dépendant qui s’effectue moyennant une rémunération par opposition au travail
indépendant où la personne travaille pour son propre compte. L’employeur est la
personne qui possède les instruments de travail tandis que le travailleur salarié est celui
qui met à la disposition de cet employeur, sa force de travail physique, intellectuelle ou
artistique, et qui lui est subordonné.
Cela étant, on peut considérer l’employeur comme étant économiquement plus fort par
rapport aux salariés qui sont économiquement plus faibles.
C’est ainsi que l’objet du droit de travail s’élargira et embrassera outre les rapports
individuels, les rapports collectifs qui se nouent d’abord dans le cadre de l’entreprise,
ensuite dans le cadre de la profession, enfin dans le cadre national. On peut dès lors
définir le droit du travail comme étant un ensemble de règles qui régissent les rapports
individuels entre l’employeur et le salarié et les rapports collectifs entre plusieurs
travailleurs ou une organisation des travailleurs et un ou plusieurs employeurs ou une
organisation d’employeurs.
2
LUWENYEMA L. Précis de droit du travail zaïrois, édition Lule, Kinshasa, mis à jour au 15 mai 1989, page 12 ;
Blaise J. traité de droit du travail, publié sous la direction de G. H. CAMERLYNCK, Dalloz, Paris, 1966
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Notons que le droit du travail a un impact sur la nation, qu’elle soit envisagée sous l’angle
social ou économique. Aussi, il intervient même avant que la relation de travail soit
devenue définitive : préliminaires à la conclusion du contrat du travail (recherche d’emploi,
recrutement, ...).
Tous les hommes et toutes les femmes qui travaillent ne sont pas juridiquement concernés
par le droit du travail. Pourtant, le domaine du droit de travail est considérable, par le
nombre de ses bénéficiaires et de ses assujettis comme nous allons nous en rendre
compte.
Toute personne physique ou morale de droit privé qui utilise les services d’un ou de
plusieurs travailleurs en vertu d’un contrat de travail est concernée par le droit du travail, et
ses rapports avec les travailleurs utilisés sont soumis au code du travail.
5
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Le contrat du travail est défini comme étant une convention écrite ou verbale par laquelle
une personne, le travailleur, s’engage à fournir à une autre personne, l’employeur, un
travail manuel ou autre, sous la direction et l’autorité directe ou indirecte de celui-ci et
moyennant rémunération3. Le contrat de travail place donc le salarié sous l’autorité de
l’employeur qui lui, donne des ordres concernant l’exécution du travail ; il en vérifie le
résultat.
La notion d’employeur englobe aussi bien les personnes physiques que les personnes
morales. L’employeur est celui qui détient le pouvoir de direction et l’autorité sur les
travailleurs en vertu d’un contrat du travail.
Le code du travail en son article 7 point 2 définit l’entreprise comme étant « toute
organisation économique, sociale, culturelle, communautaire, philanthropique, de forme
juridique déterminée, propriété individuelle ou collective, poursuivant ou non un but lucratif
pouvant comprendre un ou plusieurs établissements » (art.7 point d).
Suivant cette définition, nous pouvons considérer que le champ d’application du droit du
travail s’étend également aux petites et moyennes entreprises, aux petites et moyennes
industries du secteur informel et aux organisations sociales, culturelles, communautaires,
philanthropiques (art.7 point d) 4.
Si le droit du travail est applicable au secteur privé, il ne l’est pas dans le secteur public
dans son ensemble.
3
Article 7-c, loi n° 015/2002 du 16 octobre 2002 portant code du travail. Le contrat du travail est un concept datant
du 19è siècle. Il est substitué à l’expression utilisée dans le code civil « contrat de louage des services » qui
traduisait la conception « travail = marchandise ». La nouvelle terminologie souligne pour le législateur moderne
une conception différente des rapports qui se créent entre employeur et travailleur. Avant la mise en vigueur du
code du travail, il y avait une double législation : une 1ère relative au contrat d’emploi (expatrié/étranger) ; et une
seconde relative au contrat du travail (travailleurs africains). Le contrat d’emploi était de loin plus intéressant que
le contrat du travail. Dans la définition actuelle du contrat de travail, le travail peut indifféremment revêtir une
nature manuelle ou intellectuelle sans pour autant que les parties soient soumises à des réglementations différentes.
.
4
Exposé des motifs de la loi du 16 octobre 2002. – cfr art. 7 point d code du travail
6
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L’étude du droit de la fonction publique relève du droit public. Les agents des
établissements de l’Etat et des collectivités locales bénéficient de garanties statutaires
particulières.
La fonction industrielle et commerciale est exercée par les, personnes morales de droit
public, pour le compte de la puissance publique sous le régime du droit privé. Le code du
travail, en son articler 1er, rend applicable le droit du travail aux relations de travail qui se
créent entre les entreprises publiques et les travailleurs qui offrent leurs services en vertu
d’un contrat de travail.
Le code du travail est également applicable aux salariés des services publics de l’Etat
engagés par contrat de travail (art.1 ct). C’est le cas de certains services et
établissements publics dotés d’autonomie administrative qui recourent aux services des
travailleurs engagés en vertu du contrat de travail. Nous pouvons citer à titre d’exemple le
cas du Bureau Central de Coordination (BCECO), de l’Agence Nationale pour la
Promotion des Investissements (l’ANAPI) et l’Autorité de Régulation de la Poste et des
Télécommunications (en sigle ARPTC).5
Afin d’éviter toute confusion au niveau du type de rapports devant régir ces service publics
et leurs prestataires, le droit applicable doit être indiqué dans le texte portant création
desdits services.6
S’agissant des marins et des bateliers de la navigation intérieure, l’article 1er al. 2 précise
que : le code du travail est applicable en cas de silence des règlements particuliers qui les
concernent ou lorsque ces règlements s’y réfèrent expressément.
En effet, selon le code de la navigation fluviale et lacustre en son article 93, le contrat
d’engagement fluvial et lacustre conclu en RDC ou à l’étranger, pour le service à bord d’un
bâtiment ayant son port d’attache en RDC, est régi par le droit commun sur le louage de
services, sous réserve des dispositions faisant l’objet des articles contenus dans ce code. 7
5
Les entreprises publiques sont régies par la loi n° 78-002 du 06 janvier 1978 ; décret 039/2001 du 08 août 2001 in
code larcier T. III p.528 ; décret n° 0065-2002 du 05/06/2002, art. 25 – J.O n°4 du 15/02/2003, p.6 ; loi n° 14-2002
du 16 octobre 2002 in JO n° spécial du 25/01/2003 p.52
6
Lire les textes portant création des services publics sus-évoqués.
7
Ordonnance-loi 66-96 du 14 mars 1966 portant code de la navigation fluviale et lacustre (art.93)
7
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De même, le code de la navigation maritime dispose dans son article 215 que le marin est
régi par la législation sociale au lieu de son immatriculation8.
Dans un pays comme la RDC, l’importance du droit du travail n’est pas à démontrer.
En effet, aussi bien pour les employeurs que pour les travailleurs, le droit du travail est
d’une importance capitale. Les uns et les autres devront connaître leurs droits et
obligations en leurs qualités respectives. La défense des intérêts professionnels passe
prioritairement par la maîtrise des droits à défendre. Le droit du travail détermine
l’organisation du marché du travail.
L’ébauche du droit moderne du travail doit être recherchée dans l’évolution sociale du
XIVe Siècle en Europe.
Le machinisme place l’ouvrier dans des conditions de travail difficiles, voire insupportables.
Cette situation les conduit à prendre conscience de leur sort, à l’organiser, à revendiquer
une amélioration des conditions de travail et à aboutir à une législation en matière de
travail destinée principalement à les protéger et à améliorer leur condition sociale.
En Afrique, l’histoire du droit du travail est passée successivement par trois phases
principales : d’abord une première période est caractérisée par le travail asservi qui s’est
8
Ordonnance-loi 66-98 du 14 mars 1966 portant code de la navigation maritime (art.215)
8
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prolongé jusqu’au début du XX° siècle. A cette période a succédé ensuite une période
intermédiaire qui s’est substituée au travail asservi : le travail libre. Enfin, la période
moderne qui fait suite à l’accession à l’indépendance des pays africains et qui a été
marquée par une modification de la législation du travail en vue de supprimer toute trace
de discrimination raciale dans les rapports de travail.
C’est dire que la naissance du droit du travail en Afrique a été marquée par la conjoncture
historique, c-à-d par le fait colonial.9 Les travailleurs salariés étaient alors doublement
dépendants politiquement et socialement. Politiquement, en tant que colonisés et
socialement en tant que travailleurs.
L’évolution s’est dessinée sous l’influence de l’O.I.T et des idéologies anticolonialistes qui,
au lendemain de la seconde guerre mondiale, ont eu une influence prépondérante. Les
pays colonisateurs ont été astreints sous la pression de ces idéologies, de modifier
quelque peu leur législation sociale.
La France nous servira d’exemple dans l’étude de la formation en droit du travail élaboré et
moderne. Nous retracerons brièvement les principales «étapes du développement du droit
du travail en France11.
9
LUWENYEMA L., op cit, pp 20-32 ; P.F. GONIDEC, Traité de droit du travail des territoires d’outremer, pp 21-
71 ; M.Y. Wauters (le Congo au travail) dira au sujet du Congo belge : « on a épuisé et décimé le village, beaucoup
ont fuit la loi des centres de trafic. La civilisation qui a dû les attirer, les a refoulés et dispersés.
10
Blaise J., op cit, pp. 4-11
11
DURAND et JAUSSAUD, Traité de droit du travail, t.l, n°s 56, 73 ; BRUN et GALLAND, droit du travail, I.22 ;
RIVERO et SAVATIER, droit du travail, collection « Themis », 1964, p 24 ; DU CELLIER, Histoire des classes
laborieuses en France (1860) : H. RIGAUD WEISS, Les enquêtes ouvrières en France entre 1830 et 1848, Paris,
1939 ; DUVEAU, La condition ouvrière en France sous le second empire, 1946 ; F. BARRET, Histoire du travail
et des travailleurs, et histoire du mouvement ouvrier en France des origines à nos jours, Paris, 1946
9
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La corporation réunissait obligatoirement les gens d’un même métier. Les individus se
regroupaient en des communautés de métiers pour s’assurer d’une sécurité dans
l’exercice de leurs fonctions et bénéficier d’un statut leur octroyant des privilèges.
Les apprentis, placés chez les maîtres pour apprendre un métier, étaient logés et nourris
dans les ateliers, mais ils n’avaient pas droit à une rémunération jusqu’à la fin de leur
apprentissage. Et à l’expiration du temps prévu qui était très long, l’apprenti subissait une
épreuve qui le faisait monter d’un échelon et le consacrait compagnon.
Les compagnons étaient, eux, rétribués et pouvaient rentrer dans l’atelier de leur choix. Un
nouvel examen comportant l’exécution d’un chef-d’œuvre était indispensable pour donner
accès à la maîtrise. Les maîtres occupaient le sommet de la hiérarchie. Ils disposaient
seuls du pouvoir de diriger le groupement. Les apprentis et les compagnons leur étaient
subordonnés et n’avaient pas qualité pour intervenir dans l’élaboration des statuts de la
profession. Les maîtres nommaient des représentants appelés conseils ou prud’hommes,
qui avaient pour mission d’élaborer des règlements concernant la technique du métier ainsi
que la répression des malfaçons et qui étaient consignés dans une charte homologuée par
l’autorité publique. La corporation était investie d’un monopole de fabrication et de vente
garanti par le pouvoir royal.
Les relations entre maîtres et compagnons reposaient avant tout sur une base statutaire et
professionnelle. La charte corporative fixant la plupart des conditions de travail et l’autorité
publique n’intervenait qu’à titre exceptionnel. La réglementation corporative n’était pas en
général inspirée par le souci d’attribuer des garanties aux salariés. Néanmoins, certaines
dispositions comme le repos du dimanche, l’interdiction de travail de nuit servaient
indirectement les intérêts des travailleurs.
A la fin, le système fut déformé et aboutit à la destruction de l’esprit d’initiative et ainsi les
corporations furent abolies par la révolution française pour être remplacées par une
construction individualiste fondée sur le concept du contrat et de l’autonomie de la volonté.
D’après ce principe, toute personne est libre de se faire engager pour exercer telle
profession, tel art ou métier qu’elle trouverait bon. Mais elle sera tenue de se conformer
aux règlements de police. Tout employeur est libre d’embaucher qui bon lui semble
sans exiger ses qualifications professionnelles ;
L’expression « contrat de louage des services » utilisé dans le code civil désigne le
contrat de travail. Le travailleur loue contre un salaire sa force de travail (conception du
travail marchandise). Ce contrat de louage de service se forme librement et son contenu
est fixé librement (taux-salaire). En réalité, il s’agit d’un contrat d’adhésion par lequel,
l’employeur impose les conditions et rémunération du travail dont il tend à réduire au
maximum la charge. Il recrute quand et qui il veut, licencie le salarié quand il n’en a plus
l’usage.
Seul est prohibé l’engagement à vie. La location des services ne peut avoir lieu qu’à
temps ou pour une entreprise déterminée. L’Etat avait pour mission essentielle de
garantir la liberté contractuelle et se refusait d’intervenir dans le but d’assurer une
protection sociale.
A la limite, l’action de l’Etat était admise dans l’hypothèse d’une atteinte au principe de
la libre concurrence.
Parallèlement au code civil, le code pénal réprimait toute coalition (de patrons ou
d’ouvriers) et toute association non autorisée de plus de 20 personnes. Disons que le
code civil ne respectait pas le principe de l’égalité, car il introduisait une certaine
discrimination entre l’employeur et le travailleur salarié. Ainsi donc, le patron devrait être
cru sur simple affirmation dans l’hypothèse d’une contestation sur le montant du salaire.
Cette période de libéralisme n’assurait pas une protection efficace pour le travailleur. La
situation sociale des travailleurs était bien souvent déplorable. Les salaires étaient
insuffisants et les conditions de travail pénibles. La misère ouvrière va provoquer le
phénomène de la prolétarisation ; tandis que l’industrie ne cesse de prospérer. Le XIX°
siècle va se trouver confronté à la difficile question sociale : « la question ouvrière ». La
classe ouvrière en détresse se révolte ; de graves événements se produisent vers 1886 ;
11
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Ainsi l’Etat intervient dans la fixation des conditions de travail ; une série de lois ayant pour
objet : la protection des salaires, le travail des femmes et des enfants (1889), le règlement
d’atelier (1896) ; la santé et la sécurité des ouvriers (1896), fut adoptée. Les travailleurs
vont chercher à faire accepter par les pouvoirs publics que leur soit reconnu le droit de
s’associer et le droit de coalition afin de défendre leurs intérêt et de se protéger contre
leurs employeurs. Cette période sera également marquée par la consécration de la liberté
d’association par un premier système empirique de négociations collectives organisées au
sein d’institutions paritaires.
théorie qui cherche à intégrer la classe ouvrière et pense qu’il convient d’associer le
capital au travail c'est-à-dire faire participer le travailleur à la gestion de l’entreprise
Des projets sont élaborés dans le dessein de faire participer tous les travailleurs de
l’entreprise à la gestion et aux décisions, mais cette réforme de l’entreprise se heurte en
France à une très forte opposition du patronat.
Signalons qu’une place prépondérante est faite, dans l’élaboration des conditions de
travail, aux négociations collectives. On fait appel à la collaboration des syndicats pour la
définition de la politique économique et sociale.
Une amélioration du rôle des comités d’entreprise est prévue dans la loi française du 18
juin 1966. Elle concerne notamment la situation des représentants syndicats au sein du
comité d’entreprise.
L’on se forcera pendant cette période d’organiser une politique des revenus et d’assurer
une stabilité dans l’emploi. En résumé, dans l’histoire sociale européenne, on a vu se
succéder des relations professionnelles :
1. le droit de travail d’initiative patronale où les conditions de travail étaient dictées par
l’employeur ;
2. l’intervention du législateur se limitant à garantir la liberté contractuelle, se refusant
ainsi d’assurer la protection sociale ;
3. l’intervention du législateur garantissant le droit d’association, la coalition et fixant
les conditions de travail de toutes les parties ;
4. l’apparition des comités d’entreprises et de l’intéressement des travailleurs tendant
à organiser une collaboration entre le capital et le travail ;
5. l’importance des négociations collectives et le rôle accru de la concertation des
syndicats représentatifs.
Comme nous l’avons dit dans l’introduction, le droit du travail en Afrique noire, est passé
successivement du travail asservi au travail libre avant de revêtir un aspect plus moderne
avec l’avènement du code du travail des T.O.M. 12 de 1952.
1. Le travail asservi
Les besoins en main d’œuvre pour l’exploitation des plantations de canne à sucre aux
Antilles dès le milieu du XVIIe siècle, sont à l’origine de l’esclavage13. Pendant plus de
deux siècles, des noirs d’Afrique ont été exportés pour les nécessités économiques.
12
T.O.M.= Territoire d’outremer
13
GONIDEC P.F., op.cit, p.22. Bien avant la révolution française de 1789, les écrivains et les philosophes
attaquaient ce système. Montesquieu dans « l’esprit des lois » ; l’Abbé Raynal dans « philosophie et commerce des
13
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La condition sociale de l’esclavage dépendait alors du bon vouloir du maître qui le traitait
sans humanité et sans égard. L’esclavage sera légalisé en France avec la promulgation du
code noir de Colbert de 1685. C’est l’ébauche d’un premier statut du travail. Des mesures
étaient prises dans le but d’améliorer le rendement des esclavages et non pour procurer
une meilleure situation sociale à ceux-ci. Il y est prévu un repos dominical, l’interdiction
pour le maître d’appliquer la peine de mort ou d’emprisonnement sans jugement.
En France, la lutte contre l’esclavage sera menée après la révolution française de 1789 qui
n’apportera aucun changement car le principe de l’esclavage ne sera aboli en France
qu’en 1848 par le décret du 27/04/1848.
Sur le plan international, la lutte contre l’esclavage sera menée de façon sérieuse. Après
les déclarations de principe des puissances sur la nécessité d’abolir la traite des Noirs ;
des dispositions seront prises en 1885 en droit international contre la traite des noirs qui se
faisait par voie de terre14. Mais les moyens qui devraient permettre de réaliser ce but
faisaient défaut.
Il fallut recourir à d’autres actes internationaux. La Société des Nations vota une résolution
le 25 septembre 1926 relative à l’esclavage. Les puissances promettaient de lutter contre
l’esclavage sous toutes ses formes.
L’O.I.T. en date du 18 mai 1944 prendra une recommandation concernant les normes
minima pour la politique sociale dans les territoires dépendants. L’interdiction de
l’esclavage est reprise dans la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et la
convention européenne des droits de l’homme du 4 novembre 1950.
2. Le travail forcé
Le travail forcé a sa source dans les Indes Néerlandaises. Le gouverneur général Van der
Bosh (30-1834) pour répondre à un besoin croissant de main d’œuvre, y recourut pour les
travaux d’intérêt général.
L’autorité coloniale utilisera les mêmes procédés en Afrique noire pour fournir aux sociétés
privées la main-d’œuvre nécessaire à leur bon fonctionnement et dans l’intérêt des
européens dans les indes », 1780 ; Condorcet dans « réflexions sur l’esclavage des nègres », 1781. On peut citer
également le traité de Paris du 30 mai 1814, la déclaration de Vienne du 08 février 1815, le second traité de Paris
du 20 novembre 1815, les contrats bilatéraux signés entre la France et l’Angleterre prévoyant un droit de visite des
navires qui permettait de contrôler la traite sur mer suivant la Convention du 30 novembre 1831 ; l’Acte Général de
Berlin du 26 février 1885 signé par quinze puissances pour la réduction de la traite des esclaves sans pour autant la
supprimer ; la Convention de Saint Germain en Laye signée le 10 septembre 1929 qui contenait la promesse des
puissances signataires de lutter contre l’esclavage sous toutes ses formes. L’article 5 de la Recommandation de
1944 sur les normes minima pour la politique sociale précise que la traite des esclaves est abolie dans tous les
territoires dépendants
14
COLLIARD, droit international et historique diplomatique, 2è édition, pp. 51 et ss
14
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Le travail forcé était de même exécuté pour le transport des fonctionnaires et de leur
matériel ; les prestations en nature telles que les travaux d’hygiène et d’entretien
d’ouvrages publics étaient exigés, et les autochtones étaient soumis à la pratique des
cultures obligatoires. Cette obligation s’imposait aux individus du sexe masculin âgés de
16 à 60 ans.
Dès la fin du 19è siècle, on dénoncera de nombreux inconvénients et vices du travail forcé
du point de vue social et économique. Le système avait eu pour conséquence de
dépeupler des régions entières. En outre, le rendement du travail forcé était mauvais par
rapport au travail libre ; sur le plan psychologique le travail forcé était ressenti par les
autochtones comme la manifestation de la politique d’assujettissement.
En 1926, le BIT désignera, une commission d’experts chargée de préparer un rapport sur
le travail forcé. Ce rapport fut présenté à la conférence internationale du travail et aboutit à
l’adoption de la convention n° 29 du 26 juin 1930. Cette convention fut complétée par deux
recommandations : la recommandation n° 35 sur le règlement du travail forcé ou
obligatoire. La convention n° 29 visait le travail à des fins économiques. Cette convention
fût ratifiée par 105 Etats, et définissait le travail forcé comme étant « un travail ou service
exigé d’un individu qui ne s’est pas offert de son plein gré ». C’est dire qu’à ce stade,
l’O.I.T. ne prévoit pas l’interdiction d’une manière absolue du travail forcé ; elle organise
simplement sa suppression progressive et les conditions d’exécution de ce travail. La
convention proclame cependant l’abolition immédiate du travail forcé pour les femmes, les
enfants de moins de 18 ans et les hommes âgés de 45 ans ainsi que les invalides.
L’exécution du travail forcé n’est permise que si le travail présente un intérêt direct pour la
15
OLIVIER, six ans de politique sociale à Madagascar, 1927. Le travail forcé s’accomplissait notamment par la
construction des routes, des ports et des voies ferrées, la mise en œuvre des cultures d’exportation (canne à sucre,
café, coton etc.) ; Sont donc exclus de la définition du travail forcé, certains travaux tels que : le service militaire
obligatoire, les obligations civiques, le travail pénitentiaire, les travaux exécutés en cas de force majeure (guerre,
sinistres) et les menus travaux de village exécutés sous la direction des chefs de village et dans l’intérêt de la
collectivité. Certains auteurs évoquaient des raisons philosophiques et morales : c’est un devoir pour l’homme de
travailler. Le travail obligatoire est un passage obligé pour accéder au travail libre ; un homme n’a pas le droit de
ne rien faire. Par la suite, le travail forcé fut interdit ; sauf pour les travaux et services publics essentiels et sous la
condition d’une équitable rémunération. Les hommes politiques d’alors se préoccupaient de modifier la situation
coloniale. La conférence de Brazzaville affirme la supériorité absolue de la liberté du travail et reconnaît que le
progrès du continent africain a pour condition le développement des populations autochtones (GONIDEC PF, droit
du travail des territoires d’outremer, Paris, 1958, p.41 et ss
15
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
collectivité, pour des fins publiques et à titre exceptionnel. Aussi le recours au travail forcé
ne doit pas porter atteinte à la santé et au bien être des travailleurs c-à-d, à la vie familiale
et aux relations sociales normales des travailleurs.
La convention n° 65 de 1957 sur le travail forcé qui a suivi, concerne l’abolition des
systèmes de travail forcé comme moyen de coercition politique. Ratifiée par 88 Etats, elle
prévoyait l’abolition immédiate des formes suivantes du travail forcé :
- en tant que mesure de coercition ou d’éducation, ou en tant que sanction à l’égard
des personnes qui ont ou expriment certaines opinions politiques ou manifestent
leur opposition idéologique à l’ordre politique, social ou économique établi ;
- en tant que méthode de mobilisation et d’utilisation de la main-d’œuvre à des
mesures de discipline de travail ;
- en tant que punition pour avoir participé à des grèves ;
- en tant que mesure de discrimination raciale, sociale, nationale ou religieuse.
Dans les cinq cas susmentionnés, la convention interdit le travail forcé sous toutes ses
formes. C’est ainsi que la commission d’experts pour l’application des conventions de l’OIT
s’est prononcée pour l’interdiction du travail forcé comme la conséquence d’une
condamnation judiciaire ainsi que toutes les autres formes de travail forcé.
L’application des conventions sur le travail forcé a soulevé des problèmes dans le cadre
notamment du travail forcé pratiqué pour fins économiques. Les jeunes Etats invoquent
souvent les impératifs du développement économique pour procéder à des affections
obligatoires ou à des réquisitions. De tels actes ont été jugés contraires aux dispositions
relatives au travail forcé.
D’autres organismes universels ou régionaux ont adopté divers textes sur le travail forcé.
La déclaration universelle des droits de l’homme du 10 février 1948, proclame dans son
article 23 que toute personne a le « droit au libre choix de son travail ». Le pacte
international relatif aux droits civils et politiques dans son article 8 paragraphe 3 précise
que « nul ne sera astreint à accomplir un travail forcé ou obligatoire ». La convention
européenne des droits de l’homme proclame dans son article 4, paragraphe 2 et 3,
l’interdiction du travail forcé ; mais dans des termes moins précis que la convention de
1930.
En résumé, nous pouvons dire que jusqu’à la première guerre mondiale, la législation du
travail n’était pas importante. La réglementation du travail dans les territoires occupés était
principalement l’œuvre des gouverneurs qui disposaient d’un pouvoir discrétionnaire.
3. Le travail libre
Grâce aux idées nouvelles émises à la conférence de Brazzaville après la seconde guerre
mondiale, la législation du travail va connaître une amélioration.
L’évolution des idées politiques ont eu une extrême importance dans les territoires
dépendants. Nous pouvons citer les idées anticolonialistes qui s’attachent à libérer les
travailleurs d’outre-mer. L’anticolonialisme américain cherchant par l’émancipation à faire
bénéficier les populations locales du bien-être et de droits fondamentaux. La constitution
française fait de tous les ressortissants des territoires d’outre-mer des citoyens français ou
des citoyens de l’union française jouissant des droits et des libertés garanties par le
préambule de la constitution. Parmi ces droits, figurent les droits sociaux (droit du travail et
droit syndical). Nous devons relever l’évolution économique et sociale qui sera l’un des
facteurs de rénovation de la législation du travail. Signalons qu’il était prévu un code du
travail unique valable pour tous les travailleurs autochtones d’Afrique noire ; tandis que les
européens bénéficiaient d’une réglementation voisine de celle du code métropolitain.
L’historique du droit de travail au Congo présente les mêmes caractéristiques que les
autres territoires africains, à savoir l’influence marquante des organisations internationales
dans l’amélioration de la législation du travail. Le travail asservi présentait les mêmes
caractères, sauf que le régime des grandes concessions introduit par Léopold. II au Congo
a ouvert rapidement l’Etat indépendant du Congo au capitalisme colonial.
17
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
La révision des textes s’imposait après l’annexion de l’Etat indépendant du Congo (E.I.C) à
la Belgique le 15 novembre 1908, l’évolution économique et les besoins de main-d’œuvre
nécessitaient une législation plus précise et plus nette. C’est ainsi que fut élaboré dans le
décret du 17 août 1910, le statut du recrutement et du louage de services des
autochtones. Des corrections furent apportées à ce décret dès 1912 car sa mise en
application décelait certaines défections. Cependant aucune amélioration n’était intervenue
dans les conditions de travail des travailleurs autochtones. Le décret de 1910 s’était
attaché à réprimer les excès de pouvoir des employeurs et le gouvernement belge pensait
qu’il était indispensable de prévoir une discipline du travail et de donner aux autorités
compétentes les moyens de contraindre les travailleurs à respecter les engagements pris.
Une nouvelle réglementation était adoptée par le décret du 16 mars 1922 portant contrat
de travail entre maîtres civilisés et indigènes. L’indigène étant considéré comme non
civilisé, il fallait le protéger contre les contraintes qui pouvaient s’exercer sur lui du fait du
recrutement obligatoire, ou du fait d’un travail forcé exécuté contre son gré. En fait, ce
décret traite aussi des matières juridiques qui sont étrangères au contrat de travail et qui
relèvent plutôt du droit public : à savoir le recrutement des travailleurs. Dans la pratique
coloniale, le recrutement est la phase préliminaire et préparatoire du contrat de travail.
Dès que l’embauche est conclu, le recruté est assuré de trouver un travail lorsqu’il sera
arrivé à destination. Le contrat de travail pouvait être conclu à court terme ou à long terme
(5 mois à 3 ans).
caractère d’un contrat de droit public. Ce décret fut complété par d’autres décrets tels : le
décret du 15 juin 1921 sur l’hygiène et la sécurité de travailleurs ; le décret du 19 mars
1925 sur le portage ; le décret du 23 juillet 1927 sur la récolte du copal.
- L’ordonnance du 6 avril 1946 portant sur les conseils indigènes d’entreprises et les
comités locaux des travailleurs autochtones ;
- L’ordonnance du 16 mai 1959, règlemente la conciliation et l’arbitrage en matière
de conflit collectif du travail
- le décret du 1er décembre 1961 sur le contrat de louage de services 17 qui a fait
l’objet de nombreuses modifications ;
- l’ordonnance n° 5 du 1er février 1961 sur les mesures d’exécution du décret-loi
précité18 modifiée par les ordonnances n° 46 du 7 juillet 196119 ; n° 88 du 22 avril
1963 abrogeant l’ordonnance-loi n° 46 du 7 juillet 1961 et modifiant l’ordonnance n°
5 du 1 février 196120.
- les ordonnances n° 275 du 26 novembre 196321; n° 106 du 23 avril 196422 portant
classification générale des emplois modifiant l’ordonnance n° 88 du 22 avril 1963
précitée.
- l’ordonnance n° 66/268 du 30 avril 1966 sur le salaire minimum interprofessionnel.
17
Moniteur Congolais n° 9 du 28 mars 1961
18
Ibidem
19
Moniteur Congolais n° 18 du 14 août 1961
20
Moniteur Congolais n° 10 du 15 mai 1963
21
Moniteur Congolais n° 1 du 2 juillet 1964
22
Moniteur Congolais n° 10 du 15 mai 1964
20
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
C’est ainsi qu’avec la rédaction du code de travail, de nouvelles institutions ont vu le jour,
tels les tribunaux du travail, le conseil national du travail (organe consultatif pour l’adoption
des mesures contenant la législation du travail) ….
Le code du travail s’est préoccupé d’accorder des avantages aux travailleurs, en prévoyant
notamment la priorité d’embauche en cas de licenciement pour motif économique ; le
congé d’éducation ouvrière au bénéfice des délégués syndicaux ; les allocations familiales
à charge de l’employeur ; l’obligation de passer un écrit et de soumettre le contrat à la
formalité du visa administratif ; et en supprimant le livret du travail.
Le code du travail de 1967 sera abrogé par la loi n° 15/2002 du 16 octobre 2002 portant
adoption du nouveau code du travail. En effet, une réadaptation de la législation du travail,
par rapport aux normes internationales du travail dont le nombre ne cesse d’accroître et
aux mutations économiques, s’est avérée indispensable en vue de permettre à l’instrument
juridique de remplir son rôle primordial de protecteur des salariés et de garant de la justice
sociale. L’impact de l’économie sur le social est tel que le fait d’ignorer ces différentes
considérations ne peut que rendre inefficace l’applicabilité de cet outil indispensable pour
la protection des travailleurs. Parmi les innovations apportées par le nouveau code, on
peut signaler 23:
23
Exposé des motifs de la loi n°15/2002 du 16 octobre 2002 portant nouveau code du travail
21
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
S’agissant des traités multilatéraux, certains auteurs soulèvent que quel que soit le type de
convention, les dispositions suffisamment précises pour fournir une réponse à une
question de droit interne sont directement applicables dans l’ordre interne.24 Il appartient
aux cours et tribunaux d’appliquer les dispositions des traités ou accords internationaux
dès lors qu’ils sont applicables au litige, en réglant en leur faveur les éventuels conflits
avec les règles nationales.
24
MUKADI BONYI, Droit du travail, CRDS, Kinshasa, 2008 p.75
22
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
La lecture des différentes conventions ratifiées, nous permet de retenir que la RDC a pris
l’engagement international de permettre à tout congolais de travailler et de gagner sa vie
par un travail librement accepté ; de jouir des conditions de travail justes et favorables
notamment en matière de rémunération qui doit être égale pour un travail de valeur égale ;
de s’associer librement et de s’affilier à un syndicat de son choix ; de ne pas être victime
de mesures discriminatoires liées au sexe,…
Nous pouvons citer parmi les engagements pris par la RDC, ceux qui sont contenus dans :
- le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux, et culturels;
- le pacte relatif aux droits civils et politiques ;
- la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des
femmes ;
- la convention relative au droit de l’enfant ;
- la convention sur la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la
prostitution d’autrui
- les conventions de l’OIT ;
- la charte africaine des droits de l’homme et des peuples.
Le droit international découle donc de tous ces traités en matière de travail. Il convient de
mentionner parmi les traités multilatéraux, les conventions et recommandations conclues
par la conférence internationale du travail de l’OIT qui est une institution spécialisée de
l’ONU en matière du travail, créée en 1919 par le traité de Versailles. Ces dernières, plus
importantes en nombre (plus de 200), constituent le code international du travail publié par
le Bureau International du Travail (BIT) qui est la source la plus importante en matière du
travail au niveau international.
Les conventions internationales du travail ne sont pas élaborées comme les traités
diplomatiques habituels où l’unanimité est requise. Elles sont votées à la majorité de 2/3
des délégués présents à l’Assemblée composée pour chaque Etat membre de délégués
de gouvernements et de délégués des organisations syndicales et patronales. Autrement
dit, un Etat peut se retrouver lié par un vote auquel il sera éventuellement opposé. Aussi,
une fois adoptées, les conventions internationales du travail ne sont signées que par le
président et secrétaire général de la Conférence Internationale du travail. C’est ainsi que
l’obligation est faite aux Etats qui optent d’être liés par la convention de procéder à sa
ratification qui est un acte d’engagement international adressé au Secrétaire Général de
l’OIT par lequel, un Etat s’engage à appliquer la convention avec ou sans réserves.
Ces rapports sont examinés d’abord par la commission d’experts chargée de vérifier la
conformité de la législation interne à la convention ratifiée. Cette commission soumet ses
observations aux gouvernements respectifs et transmet le résultat de ses travaux à une
deuxième commission de la conférence pour l’application des conventions, composée des
délégués gouvernementaux, des employeurs et des travailleurs. L’attention des
gouvernements est attirée sur les irrégularités lorsque les divergences sont constatées
entre le droit interne et les conventions. A titre de contrôle, il est également demandé aux
gouvernements de fournir des informations (statistiques, décisions de justice,…) sur la
mise en vigueur réelle des conventions. Il existe également d’autres commissions
instituées pour surveiller particulièrement l’application de certains principes fondamentaux
(ex. la commission d’investigation et de conciliation,…).
La réclamation émane des organisations des employeurs et des travailleurs. Elle est
examinée par le Conseil d’Administration qui peut prononcer une sanction (publication de
la réclamation, et de la réponse faite par l’Etat incriminé). La plainte est une procédure qui
permet à un Etat de dénoncer le comportement d’un autre Etat qui ne respecte pas ses
engagements. Le Conseil d’Administration peut ordonner une enquête et, au vu des
résultats, proposer des recommandations. Cependant, l’Etat incriminé peut dans un délai
de trois mois demander que la Cour Internationale de Justice soit saisie et qu’elle se
prononce sur les faits qui lui sont reprochés.
Lorsque la recommandation faite par le Conseil d’Administration n’est pas suivie d’effets et
si la sentence de la Cour Internationale de Justice (CIJ) n’est pas exécutée, la conférence
pourra prendre des sanctions contre l’Etat récalcitrant qui finira par s’y soumettre à cause
de l’action morale exercée par l’OIT et la pression des organisations syndicales.
Notons que les traités bilatéraux constituent également une source du droit bien que leur
sphère soit d’application limitée aux Etats signataires. En général, ils ont pour objet de
déterminer le statut des travailleurs ressortissants d’un Etat signataire et installés sur le
territoire d’un autre Etat. Dans la plupart de cas, les traités bilatéraux consacrent une
égalité complète de traitement entre les ressortissants salariés de deux Etats. Et d’une
manière générale, ils encouragent les gouvernements à supprimer les inégalités de
législation, aussi l’Etat qui est en retard sera enclin à prendre des mesures beaucoup plus
libérales afin que les nationaux ne soient pas défavorisés s’ils restent dans le pays.
24
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Les sources étatiques comprennent les dispositions constitutionnelles, les lois au sens
large (lois ordinaires et actes règlementaires) et la jurisprudence.
La constitution du 18 février 2006 prévoit des règles applicables aux rapports de travail en
reconnaissant certains droits sociaux fondamentaux. Elle garantit à ce titre :
- le droit au travail, la protection contre le chômage et une rémunération équitable et
satisfaisante assurant au travailleur ainsi qu’à sa famille une existence conforme à
la dignité humaine, complétée par tous autres moyens de protection sociale,
notamment la pension de retraite et la rente viagère (art. 36 al 2).
Nul ne peut être lésé dans son travail en raison des ses origines, de son sexe de
ses opinions, de ses croyances ou de ses conditions socio-économiques (art. 36 al
3).
- le droit syndical : tous les congolais ont le droit de fonder les syndicats ou de
s’affilier librement dans les conditions fixées par la loi (art. 38).
- le droit de grève : il s’exerce dans les conditions fixées par la loi qui peut interdire
ou en limiter l’exercice dans le domaine de la défense nationale et de la sécurité ou
pour toute activité ou tout service public d’intérêt vital pour la nation (art. 39 al 1 et
2).
- droit à l’exclusion de toute mesure discriminatoire. L’égalité devant la loi exclut en
matière d’éducation et d’accès aux fonctions publiques et toute autre matière, toute
mesure discriminatoire à l’égard d’un congolais, en raison de sa religion, de son
sexe, de son origine familiale, de sa condition sociale, de sa résidence, de ses
opinions ou de ses convictions politiques, de son appartenance à une race, à une
ethnie, à une tribu, à une minorité culturelle ou linguistique (art. 13)
- Le droit à l’initiative privée. Ce droit encourage la liberté d’entreprendre à tout
congolais et veille à la protection et la promotion de l’expertise et des compétences
nationales (art. 35).
Les dispositions énoncées ci-dessus ont une valeur constitutionnelle et prennent rang
après les conventions ratifiées régulièrement conformément à l’article 215 de la
constitution qui dispose: « les traités et accords internationaux régulièrement conclus
ont dès leur publication une autorité supérieure à celle des lois ».
Il s’agit là des principes fondamentaux, que le législateur doit observer en fixant les
règles relatives au droit du travail et de la sécurité sociale. La plupart des règles de
droit du travail et de la sécurité sociale, bien que relevant de la loi (art 122 const), sont
25
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
fixées par voie réglementaire comme nous allons le constater. Certaines règles le sont
par ordonnance-lois suivant la procédure prévue à l’article 129 de la constitution qui
permet au Gouvernement de réglementer une matière qui relève de la loi, pour
exécution urgente, moyennant autorisation de l’Assemblée Nationale ou du Sénat.
L’ordonnance-loi n° 67/310 du 9 août 1967 portant code du travail a été abrogée par la
loi n° 15/2002 du 16 octobre 2002 portant code du travail. Cependant, les institutions,
les procédures et les mesures réglementaires non contraires aux dispositions de la
nouvelle loi, demeurent en vigueur. Ce qui justifie le maintien de certaines dispositions
de l’ancien code aux cotés des nouvelles dispositions qui attendent de recevoir des
mesures d’exécution. Hormis les règles supprimées, certaines règles ont été amendées.
Le Président exerce ses prérogatives par voie d’ordonnance (const. art.79). Le premier
ministre qui coordonne le programme gouvernemental statue par voie de décret (const.
art.92) et le ministre assure l’application des décisions du gouvernement par voie
d’arrêté. Le législateur a expressément précisé dans le code du travail les matières qui
doivent faire objet d’actes réglementaires. Tel est le cas de la détermination des travaux
légers et salubres, la fixation du taux des cotisations mensuelles à l’INPP, le modèle du
livre de paie et le décompte écrit de la rémunération…
c) La jurisprudence
A coté des lois et des règlements, certaines décisions rendues par les cours et tribunaux
en matière du travail peuvent constituer une source de droit. C’est à juste titre que
certains auteurs défissent la jurisprudence comme étant un ensemble d’interprétations
de textes, de qualifications, de règles décrites ou appliquées ou implicitement
consacrées par des décisions, dont la régularité ou l’autorité de la juridiction qui en est
l’auteur permet de pronostiquer la réitération.
En donnant le sens exact des textes à travers les décisions rendues, les cours et
tribunaux concourent à combler les lacunes et parfois à la création des règles nouvelles.
25
LAUBADERE A et All, traité de droit administratif, tome 1, 10è édition, LGJ., Paris, 1988, n°s 837 et ss
26
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Le droit du travail est surtout caractérisé par l’existence des sources de droit d’origine
professionnelle qui sont : les conventions collectives, le règlement de l’entreprise et les
usages locaux.
Nous nous limiterons ici à souligner l’importance de ces normes, quant aux modes
d’élaboration, contenus, modalités de communication et effets, ils seront examinés dans la
deuxième partie de ce cours.
a) La convention collective
La convention collective est un accord écrit relatif aux conditions et aux relations de travail
conclu entre d’une part, une ou plusieurs organisations de travailleurs et, d’autre part, une
ou plusieurs organisations d’employeurs ou un ou plusieurs employeurs (art.272). On peut
donc la considérer comme étant le résultat d’un accord de volontés. Les représentants de
la collectivité des travailleurs et le ou les employeurs et les organisations des employeurs,
arrêtent, d’un commun accord, les règles générales qui régiront leurs relations de travail
dans le cadre professionnel.
La convention peut être conclue à plusieurs niveaux de l’économie (au niveau de
l’entreprise, au niveau d’une branche d’activités (avec vocation de s’appliquer à l’ensemble
d’entreprises relevant de cette branche d’activités) et au niveau interprofessionnel
(convention nationale interprofessionnelle).
b) Le règlement d’entreprise
D’après l’article 157 du code du travail, « un règlement d’entreprise est établie par
l’employeur dans tout établissement public ou privé, même d’enseignement ou de
bienfaisance ».
L’article premier de l’arrêté Ministériel n°0016 du 10 août 1970 portant règlement
d’entreprise, précise que toute entreprise du secteur public ou privé qui occupe
régulièrement au moins vingt travailleurs doit obligatoirement établir un règlement
d’entreprise.
Dès lors, qu’il a été établi selon la procédure légale, le règlement d’entreprise lie
l’employeur et les travailleurs actuels et futurs de l’entreprise.
En droit du travail, le rôle des usages est important car souvent ce sont les pratiques
usitées dans le monde du travail qui ont servi de base au droit interne (ex : le syndicat, les
conventions collectives, ont été des institutions de fait avant d’être reconnues
officiellement). Lorsque les pratiques sont adoptées par tout le monde du travail, on parle
de coutume.
En cas de conflit entre les diverses sources du droit, on se réfère à la règle fondamentale
de la hiérarchie des normes juridiques.
Les diverses sources du droit ont une force obligatoire plus ou moins grande selon
l’autorité dont elles émanent. En cas de conflit, c’est la norme la moins élevée dans la
hiérarchie qui doit céder le pas devant la plus haute. Ainsi, il y aura les normes
internationales, la loi constitutionnelle, la loi, les actes règlementaires par rapport aux
sources professionnelles ; les sources étatiques ont toujours une autorité supérieure par
rapport aux sources professionnelles. L’article 274 du code du travail dispose que la
convention collective ne peut déroger aux dispositions d’ordre public, aux lois et aux actes
règlementaires. Cette règle qui est prévue expressément pour les conventions collectives
vaut pour les autres sources professionnelles du droit du travail. Le même texte dispose
que la convention collective peut comporter des dispositions plus favorables aux
travailleurs que celles prévues dans la législation ou réglementation en vigueur.
28
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Il faut distinguer les lois impératives et les lois supplétives. Les lois supplétives peuvent
être remplacées par la volonté des contractants alors que les lois impératives le peuvent à
condition qu’elles ne heurtent par l’ordre public et les bonnes mœurs.
Cette affirmation est consacrée par l’article 36 du code de travail qui dispose que « les
contrats de travail sont passés librement, sous réserves des dispositions du présent
code ». Il va donc de soi que le contenu du contrat de travail soit déterminé par les parties
(autonomie de la volonté), sous réserves du respect des dispositions impératives prévues
par le code du travail ou par des législations spéciales (art.212, code du travail).
La doctrine est constituée des écrits, commentaires et analyse des lois et des questions
de droit, des décisions de justice émanant de différents auteurs (juristes ou autres). Les
publications scientifiques, mémoires de fin d’études, les séminaires, les conférences et
autres, constituent des sources de droit car ils influencent la position de ceux qui doivent
dire le droit pour une application correcte de la loi.
Aussi bien dans l’œuvre de codification que dans l’administration de la justice, le
législateur, les juges et les praticiens du droit recourent abondamment à la doctrine pour
régler des litiges.
La plupart de règles sont considérées comme impératives ; tandis que d’autres sont
reconnues comme étant, en principe, d’ordre public. Le code du travail prévoit des
sanctions administratives dans le titre XIV, article 318 à 329, qui contient pourtant des
pénalités. Les manquements aux obligations prévues par les lois, la réglementation du
travail, sont érigés en infraction. Souvent, ces sanctions pénales sont à charge de
l’employeur (ex : en cas de violation des conventions collectives rendues obligatoires)
A la sanction pénale qui peut s’avérer inopportune ou inefficace, peut être substituée une
amende administrative (infligée par le fonctionnaire du Ministère de l’emploi. Tel est le cas
de la fermeture d’une entreprise par le ministre du travail pour non respect par l’employeur
des règles d’hygiène et de sécurité). Un recours peut être formé contre cette décision
administrative.
L’expansion du droit du travail s’est manifestée tout d’abord aux professions industrielles,
commerciales et libérales. Ensuite, les bénéficiaires de ce droit sont devenus de plus en
30
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
plus nombreux (secteur public).Le droit du travail a exercé enfin une influence sur les
autres branches du droit privé et du droit public. (Droit administratif, syndicalisme, grève,
droit à la sécurité sociale).
L’évolution du droit du travail s’est accomplie dans le sens de progrès social. En principe,
le législateur ne peut faire abroger les lois sociales si ce n’est pour les remplacer par des
lois supposées meilleures. De même dans le domaine des conventions collectives, une
convention collective nouvelle ne peut jamais revenir sur les avantages acquis.
C’est dire que l’évolution du droit du travail se fait à sens unique malgré l’accusation de
certains reculs qui ne vont jamais jusqu’à la suppression des avantages acquis (en cas de
crise par ex.) Cette thèse est combattue par ceux qui invoquent la suprématie de l’Etat ; ils
soutiennent que la loi ou le règlement peut toujours modifier les droits acquis et c’est ce
que nous constatons d’ailleurs en période de crise.
Signalons que la fonction publique subit parfois l’impact du droit du travail (ex : la
reconnaissance dans certains pays aux fonctionnaires du droit syndical, du droit de grève
et le droit de négocier des conventions collectives) et à l’inverse le droit de la fonction
publique peut influencer le droit du travail (ex : la décision du Gouvernement de mettre à
charge de l’employeur les frais occasionnés par le travailleur pour ses déplacements de sa
résidence à son lieu de travail).
Le droit du travail se préoccupe d’une question importante : celle des salaires. Nous
savons que les salaires des travailleurs sont incorporés dans le coût de production ; ils
grèvent le prix de revient de l’employeur qui essaie de lutter autant qu’il peut contre une
évolution des salaires pour réduire les charges pendant que le travailleur réclame des
avantages sociaux plus élevés.
31
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Le droit du travail est dépendant des techniques civilistes notamment pour la formation,
l’exécution et la rupture du contrat du travail. Mais au-delà de ces rapports individuels, le
droit du travail est imprégné de rapports collectifs. On peut dire qu’il est un droit de
groupes, de masses et de collectivités dans la mesure où il régit des rapports collectifs du
travail.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
32
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Dans son article 7, le nouveau code du travail définit le contrat du travail en ces termes,
« toute convention écrite ou verbale par laquelle une personne, le travailleur, s’engage à
fournir à une autre personne, l’employeur, un travail manuel ou autre sous la direction
et l’autorité directe ou indirecte de celui-ci et moyennant rémunération ».
Il s’agit là d’un élément essentiel du contrat de travail. Le salarié exerce son activité sous
l’autorité de son employeur. Cet élément spécifique du contrat de travail permet de
distinguer le salarié du travailleur indépendant et accentue le caractère personnel du
contrat.
26
Il faut nuancer la notion de subordination juridique en fonction de la profession ou du rang occupé par l’intéressé
dans la hiérarchie professionnelle. La subordination n’est pas entendue de la même manière selon que l’on est
médecin, enseignant ou vendeur des journaux.
33
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
n’affecte pas la nature juridique du contrat dès lors que le travailleur reconnaît à
l’employeur la possibilité d’exercer son autorité.
La subordination n’est pas non plus inconciliable avec l’indépendance dont le travailleur
bénéficierait sur le plan technique ou professionnelle (un médecin, un professeur, un
architecte, un journaliste, etc., rien ne s’oppose à ce qu’ils se trouvent dans des liens d’un
contrat de travail). Dans ce cas, la subordination, caractéristique du contrat de travail, peut
concerner les aspects administratifs ou d’organisation (ex : la détermination de l’horaire de
travail). Un pharmacien qui exerce son activité en officine pour le compte du propriétaire
ou du locataire de cette officine est présumé être lié par un contrat de travail jusqu’à
preuve du contraire.
Lorsque les parties ont donné à leur contrat une qualification autre que celle de contrat de
travail (ex : travailleur indépendant), soit pour éluder l’application des lois sociales soit par
erreur, le juge ne sera pas lié par cette qualification. Il peut la rectifier en tenant compte
des stipulations du contrat et de la manière dont il a été exécuté. Pour ce faire, les
tribunaux doivent relever dans chaque cas d’espèce, un ensemble d’indices tirés de la
convention des parties ou de leur comportement qui paraissent révéler le cas échéant
l’existence d’un lien de subordination.
Le lieu de travail :
34
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
L’horaire de travail :
L’exclusivité :
Lorsqu’un travailleur s’engage à réserver toute son activité à un seul employeur, cette
exclusivité fait présumer l’existence d’un lien de subordination et permet de considérer le
travailleur comme un salarié (ex : expert comptable qui s’engage auprès d’une entreprise
et promet de ne pas offrir ses services à une autre entreprise).
La jurisprudence recourt à ce facteur pour déterminer dans un cas précis s’il y a ou non un
contrat de travail. Dans son appréciation, elle s’efforce d’adopter un critère souple de
manière à faire bénéficier au travailleur tous les avantages qu’il peut tirer de la qualité de
travailleur salarié.
Il s’agit de l’activité qu’un salarié s’engage à fournir qu’elle soit physique, intellectuelle ou
artistique. La prestation de travail n’est pas un élément particulier du contrat de travail
puisqu’elle se retrouve dans les contrats tels que le mandat, le contrat d’entreprise, etc.
Cette prestation doit être librement consentie et elle doit être exécutée par le salarié lui-
même. L’exécution de la prestation est donc personnelle.
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Le travail forcé ou obligatoire est interdit. Tombe également sous le coup de l’interdiction
tout travail ou service exigé d’un individu sous menace d’une peine quelconque pour
lequel ledit individu ne s’est pas offert de plein gré (art. 2 CT).
§3. La rémunération
Le contrat de travail est un contrat à titre onéreux, il ne se conçoit pas à titre gratuit. Il s’en
suit qu’il est classé parmi les contrats synallagmatiques. Les obligations des parties sont
réciproques et interdépendantes. La rémunération est fixée par le contrat individuel conclu
librement entre travailleur et employeur sous réserves des dispositions légales. L’Etat est
intervenu dans ce domaine pour limiter la liberté des parties dans le contenu de leurs
obligations réciproques notamment en imposant les principes de la détermination du
salaire (à conditions égales de travail, de qualification professionnelle et de rendement, le
salaire est égal pour tous les travailleurs quelque soit leur origine, leur sexe et leur âge).
Notons aussi, à côté de cette intervention des pouvoirs publics, le rôle prépondérant des
conventions collectives qui peuvent déterminer des avantages à accorder aux travailleurs
pour vu que ces avantages soient supérieurs aux minima prévus dans les dispositions
légales.
La rémunération doit être calculée de telle sorte qu’elle procure au travailleur, de capacité
moyenne en travaillant normalement, un salaire au moins égal à celui du travailleur
rémunéré au temps et effectuant un travail analogue. Est nulle de plein droit, toute clause
de contrat individuel ou de convention collective fixant les rémunérations inférieures aux
salaires minima interprofessionnels garantis déterminés conformément à l’article 87 du
nouveau code. Une ordonnance du président de la république pris sur proposition du
ministre du travail et de la prévoyance sociale dans ses attributions, après avis du CNT,
fixe les salaires minima interprofessionnels garantis ainsi que les taux des allocations
familiales minima et de la contrevaleur du logement.
La rémunération est due pour le temps où le travailleur a effectivement fourni ses services
mais elle est due également lorsque le travailleur a été mis dans l’impossibilité de travailler
du fait de l’employeur ainsi que pour les jours fériés légaux et les jours déclarés chômés
et payés (hormis le cas de grève ou de lock-out déclenché conformément aux dispositions
légales).
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Il est parfois malaisé de différencier le contrat de travail de conventions voisines qui ont
pour objet : l’accomplissement d’une prestation de travail moyennant salaire. Le critère
distinctif du contrat de travail qui est le lien de subordination nous conduit à opérer cette
distinction :
Ces contrats donnent naissance à un état de subordination, pourtant ils ont un objet
différent du contrat de travail en ce qu’ils visent à procurer une qualification professionnelle
au travailleur. Le contrat de formation professionnelle est celui par lequel un employeur
s’engage à former un travailleur à l’exercice des fonctions intellectuelles. La prudence
s’impose dans pareil contrat qui ne fait l’objet d’aucune réglementation, mais qui peut
dissimuler, dans une telle qualification, un contrat de travail. Notons que le stage a pour
but de faciliter l’insertion professionnelle des jeunes, et d’assurer aux stagiaires une
formation pratique en guise de transition entre l’enseignement reçu et la mise au travail
envisagé. Le contrat de stage n’est pas un contrat de travail.
Le contrat d’apprentissage doit être constaté par écrit et soumis au visa de l’Office National
de l’Emploi. A défaut, les services de l’apprenti sont présumés être prestés en exécution
d’un contrat de travail. Dans l’exécution du contrat d’apprentissage, le maître supporte
certaines obligations (enseigner la profession à l’apprenti, le traiter avec égards, avertir ses
parents ou tuteurs des absences et fautes commises, lui accorder un congé à l’expiration
de chaque année de service, le rémunérer, lui fournir les prestations dues au travailleur en
cas de maladie, lui délivrer à la fin de l’apprentissage un certificat de fin d’apprentissage).
L’apprenti lui est tenu de se conformer aux ordres du maître, d’exécuter les travaux lui
confiés, d’observer le respect des convenances et de bonnes mœurs, de restituer les outils
reçus en bon état, de s’abstenir de nuire au maître, de se soumettre aux examens
médicaux et aux épreuves d’évaluation en vue du contrôle de sa formation.
Le contrat d’entreprise est le contrat par lequel une personne s’engage moyennant une
rémunération, à exécuter pour une autre personne, un travail déterminé (27 ). Dans le
contrat de travail, le travailleur met sa force de travail au service de l’employeur. Ici, le
travailleur n’est pas subordonné à la personne qui lui confie le travail. Il reste indépendant
dans l’exécution de son travail même si le maître d’ouvrage donne des ordres sur
l’orientation générale du travail et le but à atteindre. Le critère distinctif ici est celui de la
direction et le contrôle effectif du travail (garagistes).
C’est le contrat par lequel deux ou plusieurs personnes mettent quelque chose en commun
en vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter ( 28).
27
Article 434 à 446 du décret du 30 juillet 1888, portant code des obligations (code civil congolais livre III). Sur
l’histoire du code civil, lire KALAMBAY LUMPUNGU, droit civil, régime des sûretés, vol. III, P.U.Z., Kinshasa
1990, p.7, notes
28
Article 446 – 1, décret du 23 juin 1960, complétant la législation relative aux sociétés commerciales, moniteur
congolais, n°29 du 18 juillet 1960 ; LUKOMBE NGHENDA, Droit congolais des sociétés, T.1, P.U.C., 1999,
pp.3339 et ss
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Le principe de l’égalité entre associés est primordial et constitue une incompatibilité avec
la notion de subordination du contrat de travail. Ici l’associé participe aux bénéfices et aux
pertes de la société à la différence d’un simple salarié qui a droit, quelque soit la situation,
à la rémunération due en contrepartie de son travail. Mais une confusion avec le contrat de
travail est possible lorsque l’apport d’un associé est un apport en industrie, c-à-d
l’engagement d’exercer une activité dans la société.
Lorsque l’associé exerce pour le compte de la société, une activité équivalente à celle qu’il
s’est engagé à former à titre d’apport, aucune confusion n’est possible ; mais s’il exerce
une activité distincte de celle qu’il s’est éventuellement engagé à fournir à titre d’apport, on
peut considérer que l’associé est dans les liens de contrat de travail à l’égard de la société
s’il est dans un état de subordination (ce qui est exclu s’il occupe une position dominante
dans la société).
Le mandat est le contrat par lequel une partie est chargée d’accomplir un acte juridique au
nom et pour le compte de l’autre partie (29 ). Il n’est pas contesté qu’un travailleur salarié
puisse, dans l’exécution de ses fonctions, être chargé d’accomplir des actes juridiques au
nom et pour le compte de son employeur ; donc un contrat de mandat peut se superposer
à un contrat de travail pour en former un seul et unique contrat.
Ainsi un administrateur peut être lié par un contrat de travail. Ce qui suppose qu’au sein de
la société, l’administrateur soit chargé des fonctions administratives, techniques ou
commerciales distinctes de ses attributions de mandataire. Ce qui suppose également qu’il
soit, dans l’exercice de ses fonctions, sous l’autorité d’une personne physique
(administrateur délégué) ou d’un organe collégial (ex : Conseil d’Administration). Et cette
autorité doit être possible (ce qui ne serait que fiction lorsque l’Administrateur a une
position dominante dans la société (notamment en raison de la détention de la majorité
des parts sociales).
Pendant longtemps, on a estimé qu’il n’était pas possible de considérer les professionnels
libéraux comme des salariés. Mais aujourd’hui, on admet qu’il n’y a pas incompatibilité, et
que tout dépend des relations établies entre l’Employeur et le travailleurs (un médecin peut
convenir du lieu, heure pour exercer sa profession sans pour autant aliéner son
indépendance technique ; tout comme il peut rester indépendant quant à son diagnostic et
quant au traitement à administrer au malade, tout en étant soumis à une subordination
administrative dans l’organisation du travail).
§1. L’employeur
1. Définition
L’employeur est toute personne physique ou morale, de droit public ou privé, qui utilise les
services d’un ou de plusieurs travailleurs en vertu d’un contrat de travail (art. 7 b code du
travail).
L’employeur peut être une personne physique (entreprise individuelle) ou morale de droit
public ou privé. Est considérée donc comme employeur, toute personne qui détient un
pouvoir de direction et l’autorité sur le travailleur en vertu d’un contrat de travail ou
d’apprentissage conclu avec ce dernier. Au sens de l’article 7 d du code du travail, il faut
entendre par entreprise : toute organisation économique, sociale, culturelle,
communautaire, philanthropique, de forme juridique déterminée, poursuivant ou non un
but lucratif pouvant comprendre un ou plusieurs établissements.
§2. Le travailleur
1. Définition
Suivant l’article 7 point a du code du travail, le travailleur est toute personne physique, en
âge de contracter, quels que soient son sexe, son état civil, sa nationalité, qui s’est
engagée à mettre son activité professionnelle, moyennant rémunération, sous la direction
et l’autorité d’une autre personne physique ou morale, publique ou privée dans les liens
d’un contrat de travail. Pour la détermination de la qualité du travailleur, il ne sera tenu
compte ni du statut juridique de l’employeur, ni de celui de l’employé.
Par rapport à l’ancien code du travail (art. 4 a), le nouveau code du travail a ajouté les
termes « son état civil » pour qu’un traitement égal soit réservé à tous les travailleurs quel
que soit leur état civil, éliminant ainsi la discrimination à l’égard de la femme mariée qui
peut, dans les liens d’un contrat de travail, se faire octroyer tous les droits réservés aux
travailleurs (logement, soins médicaux, mutation,…). Signalons que la qualité de travailleur
est reconnue à un agent lié à un employeur par un contrat non écrit lorsqu’il est démontré
que l’employeur a posé des actes vis-à-vis de l’agent ou vis-à-vis des tiers au profit de
l’agent concerné.
A l’origine, une distinction était opérée entre le contrat de travail d’ouvrier et le contrat de
travail d’employé.
L’ouvrier est le travailleur chargé d’une tâche de simple exécution qui ne requiert
généralement pas de qualification particulière tandis que l’employé est le travailleur qui
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
exerce par délégation une partie des fonctions patronales, ce qui lui vaut de bénéficier d’un
statut plus favorable que celui de l’ouvrier.
Par la suite, avec l’évolution, les dispositions légales applicables à ces deux catégories
des travailleurs ont été unifiées. Néanmoins, à certains égards, les conséquences de cette
classification restent importantes dans la détermination de certains avantages (ex. la
brièveté de délai de préavis à respecter en cas de licenciement ; nature de travail).
Notons que parmi les employés, on peut distinguer les employés subalternes, du
personnel de direction et des cadres.
La classification a pour but de classer les emplois en tenant compte uniquement des
capacités exigées par l’emploi, et non des capacités propres au travailleur. Elle est
destinée à servir de cadre à des classifications plus détaillées par branches
professionnelles. Il va de soi que seuls des membres de la profession (travailleurs,
employeurs et représentants de leurs organisations professionnelles) sont réellement
compétents pour classer aux différentes catégories et échelons les emplois propres à leur
branche professionnelle.
L’ordonnance 67/442 bis du 1er octobre 1967, M.C. n° 20 du 15 octobre 1967 donne la
classification générale applicable à tous les emplois manuels et administratifs, depuis le
niveau du manœuvre jusqu’au niveau de travailleur hautement qualifié.
2°) Agents de maîtrise : travailleurs occupant des emplois de catégorie d’un niveau
supérieur à celui du travailleur hautement qualifié et inférieur à celui du cadre de
collaboration.
3°) Cadres de collaboration : travailleurs occupant des emplois de la catégorie d’un niveau
supérieur à celui d’agent de maîtrise et n’ayant pas le pouvoir de prendre en toute
autonomie des décisions de nature à influencer considérablement la marche de
l’entreprise (art. 90 C.T.).
Aussi, le Président de la République fixe par voie réglementaire le SMIG (Salaire Minimum
Interprofessionnel Garanti) et les taux des allocations familiales. A défaut, les conventions
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
collectives règlent les salaires minima par catégorie professionnelle (art. 87 code du
travail).
De même les clauses relatives au voyage et poids des bagages sont déterminées en
tenant compte de la situation du travailleur dans l’entreprise conformément à la convention
collective ou aux dispositions légales (art. 165 al.1 CT).
Les régions et les catégories de travailleurs pour lesquels est obligatoire la fourniture d’une
ration journalière des vivres, la valeur maximale de remboursement de celle-ci, le détail en
nature et en poids des denrées alimentaires de première nécessité, la composition et les
conditions de sa fourniture sont déterminées par un arrêté ministériel. (art. 139 b).
Le travailleur à domicile est celui qui, sous l’autorité de l’employeur, fournit un travail
contre rémunération à son domicile ou à un autre endroit choisi par lui, sans qu’ils soient
sous la surveillance ou le contrôle direct de cet employeur. Il peut se retrouver dans les
liens d’un contrat de travail (secteur privé, chauffeur de voiture, jardinier chargé
d’entretenir le domaine privé, etc.).
Le travailleur domestique est celui qui s’engage, contre rémunération, à effectuer sous
l’autorité de l’employeur principalement des travaux ménagers d’ordre manuel pour des
besoins du ménage de l’employeur ou de sa famille. Cependant, lorsque les prestations de
même nature sont accomplies dans le cadre d’une entreprise, elles ne relèvent pas de la
notion de contrat de travail domestique (ex : nettoyeur de magasin, femme de chambre au
service d’un hôtel...).
L’offre de travail ne peut lier l’employeur que si elle est complète, précise et adressée à
une personne dénommée , telle une offre reprenant l’indication d’un poste bien déterminée
avec salaire et date d’entrée en fonction (Soc. 13 mars 1974, D. 1974. IR.9). Dans ce cas,
la rétractation avant la date limite fixée par l’employeur est assimilée à un licenciement
abusif avec versement des indemnités de rupture (Soc. 12 décembre 1983, D. 1984, I &
III). Par contre, l’employeur est libre de refuser un candidat qui se présente à la suite d’une
insertion d’offre d’emploi par l’affichage ou dans la presse sans avoir des motifs à lui
donner sauf preuve d’une discrimination illicite, en raison notamment de l’appartenance
syndicale, du sexe, de la race.
Les employeurs et tous ceux qui diffusent des offres d’emploi doivent respecter le principe
de l’égalité de traitement entre hommes et femmes, en matière notamment d’accès à
l’emploi et à la promotion professionnelle. Il découle de ce principe :
- l’interdiction de faire directement ou indirectement référence au sexe du travailleur :
dans les offres d’emploi ou annonces relatives à l’emploi, dans la sélection et les
critères de sélection aux emplois et postes de travail ;
- le refus ou l’entrave à l’accès à l’emploi ou à la promotion professionnelle pour des
motifs fondés directement ou indirectement sur le sexe du travailleur ;
- l’interdiction de ne faire mention du sexe dans les conditions d’accès à l’emploi que
dans certains cas bien précisés par la loi (ex : métiers artistiques, de mannequin, de
modéliste…).
Décrire la procédure légale de sélection. Après la sélection, les parties peuvent envisager
la conclusion du contrat du travail ; et la formation du contrat de travail suppose la réunion
de plusieurs éléments inhérents à la naissance de toute relation contractuelle : le
consentement des parties, la capacité de contracter, l’objet certain et la cause licite.
1. Le consentement
Le consentement doit être donné par une personne physique, au moins de la part du
salarié, d’où ce dernier doit être apte à donner son consentement à l’exécution de la
prestation de travail. Les personnes morales ne pourraient s’engager comme salariées, car
elles ne promettent pas leur fait personnel mais celui de leurs membres.
Le consentement n’est soumis à aucune exigence de forme, il peut être tacite ou exprès.
En application des principes du droit commun, la manifestation concomitante des
consentements peut rendre obligatoire l’engagement souscrit. Mais on constate que lors
de l’embauche, le principe de l’égalité entre les parties est souvent écarté. L’employeur
détermine de façon unilatérale les conditions de travail ; il impose ses conditions
concernant essentiellement le salaire, les conditions d’exécution du travail, la qualification
professionnelle, l’horaire de travail. En fait, il s’agit d’une adhésion du salarié aux
conditions de travail que lui impose l’employeur, plutôt que d’un accord intervenu après
discussion. De même, le salarié apporte au règlement d’entreprise une adhésion tacite.
Aussi au cours du contrat, l’employeur adopte fréquemment par voie de notes circulaires
ou notes de services, des décisions relatives à l’exécution des contrats de travail ; toutefois
ces décisions ne doivent pas porter atteinte aux droits acquis des salariés.
Le consentement doit être exempt de tout vice qui en affecterait la validité ; c’est dire que
le consentement ne doit pas être entaché d’erreur, de violence et du dol.
Pour être retenue, l’erreur doit revêtir un élément déterminant qui aura conduit la partie
concernée à donner son consentement et à contracter (exemple : un directeur
d’établissement de spectacle ayant engagé un groupe d’artistes connus sous une
dénomination connue, dont l’un d’eux avait été remplacé antérieurement). Lorsque l’erreur
est retenue, le salarié ne saurait prétendre que l’erreur a constitué pour lui un droit acquis ;
et l’employeur ne peut sous ce prétexte, revenir sur la décision qu’il a prise sans prévenir
les salariés en l’avance.
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
La réticence du salarié, ne constitue pas en principe, selon le droit commun une cause de
nullité, ainsi en cas de silence du salarié sur les conditions dans lesquelles il a été
antérieurement engagé (cette réticence peut être tolérée). Le silence du salarié en vue de
faire échec à une intention illicite de l’employeur constitue un droit (par exemple l’affiliation
syndicale ou l’état de grossesse de la femme). La réticence dolosive par contre n’est pas
admise ; elle méconnaît une obligation positive d’information (ex : l’existence d’une clause
de non-concurrence liant le salarié candidat à son ancien employeur). La sanction dans ce
cas sera non pas la nullité du contrat, mais la rupture immédiate pour faute grave.
Le dol est une erreur provoquée par l’une des parties au contrat. Le dol doit être
déterminant pour qu’il soit pris en considération. En effet, il constitue une cause de nullité
lorsque les manœuvres pratiquées par l’une des parties sont telles que sans elles l’autre
partie n’aurait pas contracté (par exemple, allégations mensongères du travailleur au sujet
de ses aptitudes, de ses diplômes, en vue d’obtenir son engagement ou l’engagement d’un
ouvrier ayant trompé sur son âge et donné un faux nom).
Par contre, l’employeur ne peut demander la nullité d’un contrat, suite à une fausse
déclaration faite par un salarié sur sa situation militaire, cette déclaration n’ayant pas été la
cause déterminante de la signature du contrat.
En principe, la violence ne vicie pas le contrat de travail si elle est morale. Certains
auteurs ont soutenu que la violence morale ayant vicié le consentement du salarié, vicie le
contrat du travail. Pour vicier le consentement, la violence doit répondre aux conditions
prévues par le code civil :
- elle doit être déterminante du consentement ;
- elle doit être de nature à faire pression sur une personne raisonnable ;
- elle doit faire craindre un mal considérable et ;
- elle doit être injuste ou illicite.
Le code civil n’exige pas que la violence soit physique, mais seulement de nature à
impressionner une personne raisonnable en tenant compte non seulement de l’âge et du
sexe, mais aussi de la condition des personnes (art.12 du livre III). Le danger en est que
plusieurs contrats sont conclus sous l’empire de nécessités économiques, et cela
risquerait d’instaurer une grande insécurité dans des transactions. Il est bien entendu que
le seul fait que le travailleur se trouve dans une situation de dépendance économique à
l’égard de son employeur, ne suffit en tout cas pas à établir la violence.
Les juges ont cependant tendance à protéger le salarié contre une violence qui découle de
l’inégalité des situations surtout au cours du contrat.
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
2. La capacité
La capacité est l’aptitude qu’a une personne à être sujet de droit et à l’exercer librement.
L’article 6 du code du travail pose le principe selon lequel « la capacité d’une personne
d’engager ses services est régie par la loi du pays auquel elle appartient, ou à défaut de
nationalité connue, par la loi congolaise ». Cette disposition consacre le principe civiliste
posé par l’article 23 CCL II (décret du 30 juillet 1888) d’après lequel « toute personne peut
contracter, sauf les exceptions prévues par la loi ». Ainsi, toute personne peut contracter
si elle n’est pas déclarée incapable par la loi.
Il est cependant déplorable que le nouveau code reste muet sur cette question. Il semble
remettre ainsi en cause cet acquis fondamental : la capacité de la femme mariée. En effet,
l’article 6 du code du travail dispose que la capacité d’une personne d’engager ses
services est régie par la loi du pays auquel elle appartient.
S’agissant des congolais, le code de la famille prévoit dans son article 448 que la femme
mariée doit obtenir une autorisation de son mari pour tous les actes juridiques dans
lesquels elle s’oblige, à une prestation qu’elle doit effectuer en personne.
D’un coté, le législateur a prévu qu’un traitement égal doit être réservé à toute personne
physique en âge de contracter quels que soient sont sexe, son état civil, sa nationalité (art
7a, code du travail) ; de l’autre, il maintient une situation discriminatoire à l’endroit de la
femme mariée qui ne peut s’engager à fournir une activité que moyennant autorisation de
son mari (art 448, code de la famille).
Au regard de ces instruments qui sortent leurs effets sur les lois internes, nous pouvons
affirmer que la femme mariée peut contracter librement.
Il sied de supprimer, de lege ferenda, le renvoi à la loi du pays et réglementer cette matière
qui relève de la capacité des personnes d’engager leur service au niveau du code du
travail, le droit du travail étant une branche autonome.
Les personnes avec handicap sont celles dont les facultés corporelles sont altérées par la
maladie ou l’âge. Elles peuvent être placées sous l’assistance d’un curateur nommé par le
décret-loi est également modifié et complété par les décrets-lois numéros 074 du 25 mai 1998 et 122 du 21
septembre 1998 (textes harmonisé).
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
tribunal de paix dès l’âge de majorité. Dès lors, elles peuvent valablement conclure un
contrat de travail avec l’assistance d’un curateur.
De toutes les manières, la personne avec handicap ne peut être maintenue à un emploi
reconnu au-dessus de ses forces, elle doit dans ce cas être affectée à un emploi
convenable. Si cela est impossible, le contrat doit être résilié à l’initiative de l’employeur
avec payement des indemnités de préavis (art 137 ct).
L’objet doit être déterminé de façon certaine par le contrat du travail sous réserve des
dispositions légales. Le contrat du travail doit avoir pour objet la fourniture d’une prestation
de travail et le paiement d’une rémunération.
La prestation de travail qui constitue l’objet du contrat ne peut constituer un fait contraire à
la loi ou contraire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs. La réglementation du travail
prévoit plusieurs interdictions telles : l’interdiction de faire travailler les mineurs encore
soumis à l’obligation scolaire et âgé de moins de 16 ans ;l’interdiction d’occuper des
jeunes travailleurs à certains types de travaux ; l’embauche d’un étranger non autorisé ;
l’interdiction d’occuper la travailleuse pendant les 8 semaines qui suivent l’accouchement ;
l’interdiction d’occuper la travailleuse enceinte à certains travaux ; l’interdiction d’occuper
un travailleur étranger sans autorisation administrative, etc.
La qualification dépend des fonctions exercées par le salarié ; et il est permis à l’employeur
de surclasser un salarié mais non de le sous-classer. Les obligations des parties au
contrat de travail doivent reposer sur une cause réelle et licite, c’est à dire conforme à la loi
et non contraire à l’ordre public et aux bonnes mœurs. Une obligation sans cause ne peut
avoir aucun effet (art 30 CCL III).
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
4. L’aptitude au travail
Le nouveau code du travail (article 38) prévoit une condition particulière pour pouvoir
engager valablement ses services ; il s’agit de l’obligation de produire un certificat
d’aptitude au travail, établi par le médecin. Ce dernier ne se limitant plus qu’à ne constater
que l’inaptitude physique au travail du travailleur, c’est-à-dire l’aptitude du travailleur à
exercer la tâche qui lui est assignée.
Cette exigence constitue une limitation à la capacité d’exercice des travailleurs. L’examen
est préalable à la prestation du service et le certificat doit être produit à l’embauche du
travailleur. Il doit être délivré par le médecin agréé par l’employeur, au frais de ce dernier.
Le certificat doit indiquer, le nom et date. Il devra mentionner si le travailleur est apte à
tous les travaux ; apte à des travaux légers et salubres ; apte à certains travaux
expressément mentionnés ; ou inapte totalement. La durée de validité du certificat est en
principe d’un an quand il est établi par un médecin, mais elle est de 6mois pour le mineur.
Le certificat est renouvelé en cas de maladie ou d’accident de travailleur ayant nécessité
30 jours d’incapacité.
Une personne inapte au travail auquel elle est destinée ou affectée ne peut être maintenue
en service.
Il ressort de l’article 7 c du code du travail que le contrat est toute convention écrite ou
verbale par laquelle une personne, le travailleur s’engage à fournir à une autre personne,
l’employeur, un travail manuel ou autres sous la direction et l’autorité directe ou indirecte
de celui-ci et moyennant rémunération.
L’article 44 du même code précise que le contrat doit être constaté par écrit et rédigé dans
la forme qu’il convient aux parties d’adopter pour autant qu’il comporte au minimum les
énonciations prévues à l’article 212 du code du travail. Il s’agit de :
- l’identité de l’employeur et du travailleur ;
- la nature de prestations à fournir par le travailleur ;
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Au regard de ces deux dispositions, il ressort que le contrat de travail existe même en
l’absence d’un écrit signé de deux parties ; le contrat de travail existe dès lors qu’il y a
l’exécution des prestations sous l’autorité d’un employeur en contrepartie d’une
rémunération. L’écrit n’est donc pas une condition de validité ou d’existence d’un contrat
de travail à durée indéterminée ; il en est un simple moyen de preuve. Dans le cadre du
contrat à durée déterminée, il constitue une forme substantielle et non un simple mode de
preuve.
En cas d’engagement verbal, la preuve peut être faite par tous les moyens : aveu,
serment, bulletin de paie, témoin…, et les juges de fond ont un large pouvoir
d’appréciation. En effet, l’article 49 précise qu’en cas d’absence d’écrit, le travailleur peut
établir par toutes voies de droit, l’existence et la teneur du contrat ainsi que toutes
modifications ultérieures (ex. autorisation de l’employeur de se rendre à l’étranger pour les
soins médicaux ; la correspondance et les actes vis-à-vis des tiers ; le témoignage des
collègues des tiers).
Sauf engagement au jour le jour, le contrat de travail doit être rédigé en langue française,
en quatre exemplaires au moins, et signé par chacune des parties. Le contrat pourra être
traduit dans la langue du travailleur. Cependant en cas de contestation, seuls les originaux
en langue française feront foi.
A défaut d’écrit, le législateur présume que le contrat a été conclu pour une durée
indéterminée. Cette interprétation joue en faveur du travailleur. De même, un contrat
constaté par écrit qui ne mentionne pas expressément qu’il a été conclu pour une durée
déterminée, soit pour un ouvrage déterminé, soit pour le remplacement d’un travailleur
temporairement disponible, est réputé avoir été conclu pour une durée indéterminée
(article 45).
L’employeur est tenu de remettre au travailleur le projet du contrat ainsi que tous les
documents essentiels auxquels il se réfère (convention collective, règlement
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Le contrat doit être signé par les parties, si l’une d’elles ne sait pas signer, elle apposera
sur le contrat l’emprunte digitale. Le contrat de travail doit être visé suivant les modalités
fixées par voie réglementaire. Si l’employeur ne remplit pas cette obligation, le travailleur
peut demander la résiliation du contrat sans préavis et sans réclamer à l’employeur des
dommages intérêts. Lorsque le visa est refusé, le contrat de travail prend fin de plein droit
(restriction de la liberté contractuelle) (article 47 alinéa 3).
Les irrégularités qui peuvent affecter la formation d’un contrat de travail devraient s’il fallait
appliquer en la matière les règles du droit civil, entrainer la nullité du contrat du travail ou la
nullité de certaines clauses de ce contrat. L’application des ces principes du droit commun
a paru inadéquate en matière du contrat de travail.
En effet, la nullité découlant d’un vice de forme du contrat entraîne en droit civil des effets
rétroactifs. Cependant, vu le caractère successif du contrat de travail et obéissant au souci
évident d’assurer la protection du salarié et tenant compte des difficultés pratiques que
cette sanction peut susciter à l’égard des contrats de travail qui auraient déjà été exécutés
(prestation de travail et rémunération) la jurisprudence écarte la sanction de nullité du
contrat de travail lorsque les prestations de travail ont été fournies. Ainsi, le travailleur
pourra réclamer valablement le paiement de la rémunération correspondant au travail
exécuté, il aura droit à un certificat de travail et pourra même réclamer une indemnité pour
brusque rupture.
C’est là une solution qui souligne la volonté de protéger le salarié contre les incidents
possibles de la nullité.
Le contrat de travail peut être conclu à durée déterminée ou à durée indéterminée (article
39). Les parties peuvent fixer librement la durée de leur convention sous les réserves
suivantes :
1° Lorsqu’un travailleur est engagé pour occuper un emploi permanent dans
l’entreprise ou l’établissement, le contrat doit être conclu pour une durée
indéterminée (article 42 CT) ;
2° La durée du contrat de travail à durée déterminée ne peut excéder deux ans ; et il
ne peut dépasser un an si le travailleur est marié et séparé de sa famille ou s’il est
veuf, séparé de corps et des biens ou divorcé et séparé de ses enfants dont il doit
assumer la garde (article 41 alinéa 1) ;
53
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
3° Aucun travailleur ne peut conclure avec la même entreprise plus de deux contrats à
durée déterminée, ni renouveler plus d’une fois un contrat à durée déterminée
(article 41 alinéa 1 et 2) sauf dans le cas d’exécution des travaux saisonniers,
d’ouvrages bien définis et autres travaux déterminés par arrêté du ministre ayant le
travail et la prévoyance sociale dans ses attributions pris après avis du Conseil
National du Travail (art 41 alinéa 2). L’exécution de tout contrat conclu en violation
de ces dispositions ou la continuation des services en dehors du terme convenu
constituent de plein droit l’exécution d’un contrat de travail à durée indéterminée.
La loi vise à travers cette disposition à réprimer la pratique consistant pour certains
employeurs à conclure successivement plusieurs contrats à temps déterminé avec
le même travailleur, dans le seul but de se soustraire aux obligations inhérentes à
un contrat à durée indéterminée.
4° Le contrat constaté par écrit qui ne mentionne pas expressément qu’il a été conclu
soit pour une durée déterminée, soit pour un ouvrage déterminé, soit pour le
remplacement d’un travailleur temporairement indisponible, ou qui n’indique pas,
dans ce dernier cas les motifs et conditions particulières du remplacement, est
réputé avoir été conclu pour une durée indéterminée (article 45).
En cas d’engagement au jour le jour, l’écrit n’est pas imposé par le législateur.
Le contrat à durée déterminée est celui qui est conclu pour un temps déterminé, soit pour
un ouvrage déterminé, soit pour le remplacement d’un travailleur temporairement
indisponible (art 40 ct).
Lorsque le travailleur est engagé pour occuper un emploi permanent dans l’entreprise ou
établissement, le contrat doit nécessairement être conclu pour une durée indéterminée. Et
tout contrat conclu pour une durée déterminée en violation de cette disposition est réputé
conclu pour une durée indéterminée (art 42 ct).
Un tel contrat suppose nécessairement l’indication dans le contrat d’une date déterminée
ou d’un événement devant se produire à une date fixe, après lesquels les parties sont
déchargées de leurs obligations réciproques ; sauf tacite reconduction. En d’autres termes,
la qualification de contrat à durée déterminée implique que le terme ou l’échéance choisie
par les parties soit certain quant à la date de sa résiliation. Cette forme est souvent utilisée
dans la pratique par les industries de caractère saisonnier (hôtellerie), dans l’agriculture
(salarié engagé pour un ouvrage déterminé tel la récolte des pommes, du coton….) ou
pour le personnel indéterminée.
Notons que lorsque le contrat est conclu pour l’accomplissement d’une tâche, il apparaît
comme un contrat à durée déterminée (bien que le terme soit incertain) ; dans ce cas il
faut analyser la volonté des parties et la nature réelle de l’opération pour éviter que le
salarié soit injustement privé de garanties légales (ex : contrat chantier).
En droit congolais, les dommages-intérêts dus par l’employeur correspondent aux salaires
et avantages de toute nature dont le salarié aurait bénéficié pendant la période restant à
courir jusqu’au terme de son contrat.
Lorsque le contrat à durée déterminée est rompu par le salarié avant le terme fixé, dans ce
cas l’employeur peut lui réclamer les dommages-intérêts. Si le salarié est obligé de quitter
l’entreprise par la faute de l’employeur (ex : irrégularité du paiement du salaire) dans ce
cas l’employeur est fautif et sera obligé de réparer le préjudice qu’il a causé au salarié
dans les conditions examinées précédemment conformément à l’article 82 du livre III du
Code Civil « la condition résolutoire est toujours sous entendue dans les contrats
synallagmatiques pour le cas où l’une des deux parties ne satisfait point à son
engagement.» Le cocontractant victime pourra se délier de son engagement et même
demander des dommages-intérêts non seulement après décision du Tribunal.
Aussi, il est difficile dans les rapports du travail de maintenir un salarié qui a commis une
faute grave, d’où même dans le cadre d’un contrat à durée déterminée la résiliation
unilatérale par l’une des parties pour faute grave est permise.
55
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
La faute invoquée doit être grave et lorsque les juges concluent à l’impossibilité du
maintien du lien contractuel suite à une telle faute, ils condamnent l’auteur à réparer. La
résiliation aux torts réciproques peut également être prononcée.
Le contrat de travail à durée déterminée doit être constaté par écrit. L’écrit constitue dans
un contrat à durée déterminée une forme substantielle (et non un simple mode de
preuve). L’entrée en service d’un travailleur est en principe le moment où débute
l’exécution du contrat, d’où l’écrit doit être constaté au plu tard au moment de l’entrée en
service du travailleur. A défaut d’écrit, le contrat de travail est soumis aux mêmes règles
que les contrats à durée indéterminée.
Aux termes de l’article 40 alinéa 1 du Code du Travail, est à durée déterminée le contrat
conclu pour un ouvrage déterminé. C’est le cas par exemple des travaux réalisés par les
entreprises de construction ou de production saisonnière.
Ce contrat est également affecté d’un terme, mais dont la date est ici incertaine puisqu’il
est constitué par l’achèvement du travail confié au travailleur.
Pareil contrat suppose qu’au moment de l’engagement, le travail à exécuter soit décrit de
manière suffisamment précise quant à son objet et à son ampleur pour qu’au cours de
l’exécution du contrat, le travailleur soit en mesure d’apprécier à quel moment le contrat
prendra fin. Lorsqu’il répond à cette qualification, le contrat prend fin de plein droit au
moment de l’achèvement du travail. Ce contrat est soumis aux mêmes règles de forme
que le contrat à durée déterminée.
Aux termes de l’article 40, est à durée déterminée, le contrat qui est conclu pour le
remplacement d’un travailleur temporairement indisponible.
Le contrat de remplacement est celui par lequel un travailleur est engagé pour remplacer
un autre travailleur dont l’exécution du contrat est suspendue (cas d’incapacité de travail,
vacances annuelles, incarcération ou appel à l’exercice des mandats publics….). Il est bien
évident que la possibilité de conclure un contrat de remplacement ne peut se concevoir
lorsque la suspension de l’exécution du contrat de travail résulte d’un manque de travail
pour cause économique ou d’intempéries, d’une grève ou d’un lock-out.
Le Code du travail dans son article 42 alinéa 1 dispose : « lorsque le travailleur est engagé
pour occuper un emploi permanent dans l’entreprise ou le service public, le contrat doit
être conclu pour une durée indéterminée ». Ainsi, tout contrat conclu pour une durée
déterminée en violation des dispositions susdites, est réputé conclu pour une durée
indéterminée. Le contrat à durée indéterminée peut être défini comme étant le contrat qui
n’est pas affecté d’un terme. C’est en raison de ce caractère indéterminé de la durée du
contrat que chaque partie pourra, en principe, décider à tout moment d’y mettre fin,
moyennant le respect d’un délai de préavis.
Ce type de contrat est le plus fréquemment utilisé dans la pratique et le législateur favorise
la conclusion du contrat de travail à durée indéterminée qui garantit mieux la stabilité de
l’emploi du travailleur. C’est ainsi qu’à défaut décrit, le contrat de travail conclu à durée
déterminée ou pour un travail déterminé est réputé un contrat à durée indéterminée.
L’engagement à l’essai est prévu à l’article 43 alinéa 1 du Code du Travail Congolais. Les
parties peuvent convenir en effet de procéder à un essai et cette clause d’essai doit être
constatée par écrit. Il s’agit d’une période probatoire qui permet à l’employeur de s’assurer
que le travailleur convient du point de vue compétence et aptitude à son poste de travail ;
et au travailleur de vérifier si la tâche lui confiée lui convient.
Le législateur a entouré cette pratique de garde fou pour limiter quelque part toute
manifestation du pouvoir discrétionnaire de direction de l’employeur.
Le code de travail prévoit dans l’article 43 la période d’essai dans son alinéa 2 ; la période
d’essai ne peut être supérieure au délai nécessaire pour mettre à l’épreuve le personnel
engagé, compte tenu de la technique et des usages de la profession.
L’exigence d’un essai préalable peut en effet découler des usages de la profession ainsi
que du contrat de travail individuel. D’où, il s’agit là d’une exception au principe selon
lequel le contrat est normalement conclu à titre définitif. Dès lors celui qui recourt à l’essai
doit en apporter la preuve d’autant plus que la période d’essai ne se présume pas.
Dans tous les cas, un délai maximum est fixé à l’al.3 de l’article 43, la durée de l’essai ne
peut dépasser un mois pour le travailleur manœuvre sans spécialité ni six mois pour les
autres travailleurs. Si les conventions prévoient librement une durée plus longue, celle-ci
est réduite de plein droit à un ou à six mois selon le cas. Il est évident que la prolongation
des services au-delà de cette durée maximum entraîne automatiquement la confirmation
du contrat de travail. Le législateur précise que les délais d’engagement et de route ne
sont pas compris dans la durée maximale de l’essai.
L’engagement à l’essai confère à chaque partie, sauf stipulation contraire expresse, une
faculté absolue de résiliation unilatérale du contrat de travail à tout moment moyennant un
préavis de 3 jours ouvrables prenant cours le lendemain de la notification. En cas de faute
lourde ; la rupture peut intervenir immédiatement et sans préavis pendant les 3 premiers
jours de l’essai.
L’employeur bénéficie d’un large pouvoir d’appréciation discrétionnaire ; en effet, c’est lui
qui proclame si l’employé a fait preuve de qualité nécessaire pendant la durée de
l’épreuve, et rien ne l’oblige à indiquer un motif de licenciement. Le salarié quant à lui ne
pourrait prétendre aux dommages-intérêts que s’il arrive à apporter la preuve formelle que
son employeur a agi avec malveillance à son égard ou avec légèreté ; ce qui revient à dire
que le salarié doit prouver que la rupture a été faite dans l’intention de nuire et que sa
qualification professionnelle n’était pas en cause.
En vue d’aider les travailleurs à remplir les formalités exigées par les articles 212 à 219 du
code du travail (rédaction du contrat de travail, établissement du livre de paie, déclaration
d’embauche et du départ des travailleurs, déclaration d’ouverture ou de fermeture
d’établissement ou de succursale, déclaration annuelle de la situation de la main d’œuvre,
bilan social de l’entreprise, etc.), il est institué des secrétariats sociaux habilités à agir en
qualité de mandataires d’employeurs qui leur sont affiliés.
Le contrat de travail fait naître à la charge de chacune des parties des obligations
réciproques entre lesquelles il existe une interdépendance étroite justifiant notamment le
recours à l’inexécution lorsque l’autre partie ne s’exécute pas et confère aux parties des
obligations propres au regard de l’inégalité existant entre elles.
a) Exécuter personnellement son travail avec soins, probité et conscience aux temps,
lieu et conditions convenus. Cette obligation est la conséquence du principe général
posé par le Code Civil dans l’art.135 du livre III : « l’obligation de faire ne peut être
exécutée par un tiers contre le gré du créancier lorsque ce dernier a intérêt qu'elle
soit remplie par le débiteur lui-même». Le travailleur est recruté en fonction de sa
qualification propre. D’où, il ne peut se substituer un tiers sans l’accord de
l’employeur. Les facteurs personnels considérés pour engager un salarié sont :
aptitude physique, aptitude professionnelle, réactions psychomotrices et situation
socio-économique ;
b) Agir conformément aux ordres qui lui sont donnés par l’employeur ou son préposé
en vue de l’exécution du contrat ;
c) Respecter les règlements établis pour l’établissement, l’atelier ou le lieu dans lequel
il doit exécuter son travail ;
d) S’abstenir de tout ce qui pourrait nuire soit à sa propre sécurité, soit à celle de ses
compagnons ou des tiers (articles 40 et 41 du CT) ;
e) Respecter les convenances et les bonnes mœurs et traiter avec équité les
travailleurs placés sous ses ordres ;
f) Restituer en bon état à l’employeur les marchandises, produits, espèces et d’une
façon générale tout ce qui lui a été confié ;
Le travailleur n’est tenu pour responsable ni des détériorations, ni de l’usure due à
l’usage normal de la chose ni de la perte fortuite ;
g) S’abstenir tant au cours du contrat qu’après sa cessation de :
- divulguer les secrets de fabrication ou d’affaires de l’entreprise et ;
- se livrer ou de coopérer à tout acte de concurrence déloyale
Est nulle de plein droit, toute clause interdisant au travailleur après la fin du contrat
d’exploiter une entreprise personnelle, de s’associer en vue de l’exploitation d’une
entreprise ou de s’engager chez d’autres employeurs.
Cependant, lorsque le contrat a été résilié à la suite d’une faute lourde du travailleur, ou
lorsque le travailleur y a mis fin sans qu’il y ait faute lourde de l’employeur, la clause sus
évoquée produit ses effets pour autant que :
- le travailleur ait de la clientèle ou des secrets d’affaires de son employeur, une
connaissance telle qu’il puisse lui nuire gravement ;
- l’interdiction se rapporte aux activités que le travailleur exerçait chez l’employeur ;
60
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Dans certains pays (comme la Belgique), la loi permet aux conventions collectives de
prévoir des clauses imposant au travailleur de fournir un cautionnement dont le montant
est limité à un nombre déterminé de mois de rémunération, moyennant respect de
certaines conditions. Le montant de cautionnement doit être déposé auprès de l’un des
organismes énumérés par la loi, dans un délai fixé par le même texte.
La responsabilité du travailleur :
Selon les principes civilistes de la responsabilité contractuelle, toutes les fautes commises
par le travailleur (de la négligence jusqu’à la faute intentionnellement nuisible) constituent
des violations de son obligation et l’exposent à une condamnation à des dommages-
intérêts. Mais une telle solution est dépassée et est souvent rejetée par les tribunaux du
travail. La jurisprudence admet que pour que l’ouvrier soit déclaré pécuniairement
responsable, il doit avoir commis dans l’exercice de ses obligations professionnelles une
faute lourde équivalente au dol.
Le travailleur n’est en rien dérogé aux règles relatives à la responsabilité pénale, si la faute
du travailleur est constitutive d’une infraction. La responsabilité civile du travailleur est
également limitée si dans l’exécution de son contrat du travail, il commet une faute causant
un dommage à un tiers (autre que l’employeur à un agent ou à une personne étrangère).
Sa responsabilité dans cette hypothèse ne peut être mise en cause par ce tiers qu’en cas
de dol, de faute lourde ou de faute légère habituelle.
61
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Les obligations imposées à l’employeur sont impératives sous peines de sanctions pénales
conformément au code du travail. Toute faute contractuelle engage la responsabilité de
l’employeur et non pas uniquement la faute lourde retenue pour le travailleur. Toute
inobservation préjudiciable au travailleur victime, ouvre à ce dernier droit à des dommages
et intérêts sur le terrain civil.
a. Fournir au travailleur l’emploi convenu et ce, dans les conditions, au temps et au lieu
convenu notamment en mettant à sa disposition, s’il échet et sauf stipulation contraire,
les instruments et les matériels nécessaires à l’accomplissement du travail. Si le
travailleur est tenu d’exécuter le travail personnellement et ne peut se faire remplacer,
l’employeur, lui, peut transmettre ses obligations à ses héritiers et à ses successeurs,
en cas de fusion, transformation de fonds, mise en société, etc.
Les droits et obligations qui résultent par le cédant des contrats de travail sont
transférés au cessionnaire. Ce dernier est tenu de prendre le travailleur à son service
en respectant les conditions de travail en vigueur chez le cédant et en tenant compte
de l’ancienneté acquise par le travailleur au service du cédant. Le cessionnaire est
également tenu des dettes du cédant qui étaient échues au moment du transfert (ex :
les arrières de rémunération ….).
Nous constatons que cette protection n’est pas efficace, car souvent le transfert
d’entreprise repose sur des raisons économiques ou techniques et s’accompagne
souvent de modification dans l’organisation de l’entreprise.
Les droits des travailleurs en service d’une entreprise déclarée en faillite ou ayant
obtenu un concordat, sont repris par la personne physique ou morale qui reprend tout
ou partie de l’actif de cette entreprise. Mais les garanties faites à ces travailleurs sont
sensiblement inférieures à celles prévues en cas de transfert conventionnel.
D’où, il ne faut pas compromettre les chances de reprise d’une entreprise en faillite ou
en concordat, par des charges trop lourdes, et aussi il faut que la reprise de l’actif
intervienne dans un délai de 6 mois à partir de la date de la faillite ou de concordant. Le
nouvel employeur aura le droit de choisir les travailleurs qu’il désire reprendre à son
service. Mais, à l’égard des travailleurs repris, le maintien des conditions individuelles
de travail n’est pas garanti, elles sont librement négociées par les parties. Le nouvel
employeur peut assortir le nouveau contrat d’une période d’essai.
63
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
f. respecter le repos hebdomadaire du travailleur, afin de lui donner le temps pour remplir
les devoirs de son culte ainsi que les obligations civiques résultant de la loi ;
L’employeur peut utiliser les moyens mis à sa disposition sur toute l’étendue de la
République par l’Institut National de Préparation Professionnelle (INPP), suivant la
politique de formation et du perfectionnement ainsi que les modalités fixées à cet effet par
décret du Président de la République.
Les ressources de l’INPP sont constituées notamment par la cotisation mensuelle des
employeurs proportionnelle à la somme des rémunérations versées par eux à leur
personnel au cours du trimestre précédent. Le taux de la cotisation due à l’INPP par
chaque employeur sur les rémunérations versées à chaque travailleur est fixé à (32) :
Le non-paiement des cotisations à l’INPP expose l’employeur fautif à la saisie de ses biens
suivant le relevé des sommes dues certifié par le Ministère du travail. Ce relevé vaut titre
permettant la saisie.
Enoncée par l’article 55 du code du travail, cette obligation consiste pour l’employeur à
s’assurer le concours des services de santé au travail dont le rôle est essentiellement
préventif :
32
Arrêté inter ministériel N° 12/MTPS/123, N° 007/CAB/MIN/FINANCES/2006, N° 001/CAB/MIN/BUD/2006
du 14 février 2006 fixant le taux de la cotisation due par les employeurs à l’Institut National de Préparation
Professionnelle ;
66
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Dans le même ordre d’idées, l’employeur est tenu d’organiser un service spécial de
sécurité, d’hygiène et d’embellissement des lieux du travail ainsi que de l’animation et de la
formation générale des travailleurs.
L’employeur est responsable de l’exécution du contrat de travail passé par toute personne
agissant en son nom.
Section II : LA REMUNERATION
1. le salaire ou le traitement ;
2. les commissions ;
3. l’indemnité de vie chère ;
4. les primes ;
5. la participation aux bénéfices ;
6. les sommes v ersées au titre de gratification ou de mois complémentaires ;
7. la valeur des avantages en nature ;
8. les allocations familiales pour la partie dépassant le montant légal ;
9. l’allocation de congé ou l’indemnité compensatoire de congé ;
10. les sommes payées par l’employeur pendant l’incapacité de travail ou pendant la
période précédant et suivant l’accouchement ;
11. les sommes v ersées pour prestations supplémentaires.
C’est dire que la rémunération (salaire de base augmenté de complément de salaire) est
une notion plus extensive par rapport au salaire qui est une notion plus étroite qui vise le
prix de base du travail fourni (salaire de base). Signalons que le code du travail utilise
indistinctement les deux expressions (art. 86, al. 1, art. 2, al. 3, art. 63, art. 70).
67
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Il est important de préciser à chaque fois, s’il s’agit d’un salaire au sens strict (salaire de
base) ou de la rémunération, étant donné que la rémunération contient des éléments qui
entrent en ligne de compte pour la fixation de la hauteur de certains avantages sociaux ;
ou des dommages-intérêts en cas de rupture irrégulière ou abusive d’un contrat de travail ;
ou pour le calcul des cotisations dues par l’employeur à l’INPP et à la sécurité sociale ou
encore au niveau de l’application des règles concernant les retenues et réductions sur
salaire, les saisies et cessions.
La notion de rémunération du code du travail exclut donc les éléments ci-dessus. Pourtant
la convention n° 100 de l’OIT ratifiée par la RDC prévoit parmi les éléments de la
rémunération, le salaire ou traitement de base ; et tous autres avantages payés
directement ou indirectement, en espèces ou en nature par l’employeur au travailleur en
raison de l’emploi de ce dernier.
L’originalité du droit de travail est que la rémunération est considérée comme toute somme
ou tout avantage accordé à l’occasion du travail dans le cadre de l’entreprise ayant pris le
travailleur en charge. Les sommes payées en l’absence de toute prestation effective du
travail sont assimilées au salaire (salaire social, salaire indirect).
Ainsi qu’il venait d’être indiqué ci-avant, le logement et la nourriture ne sont pas des
éléments de la rémunération. Ce sont des avantages légaux au profit des travailleurs.
a) Le logement :
b) La nourriture :
L’employeur doit fournir des aliments dans le cas où le travailleur ne peut, par ses propres
moyens, obtenir pour lui et sa famille un ravitaillement régulier en denrées alimentaires de
première nécessité.
Les régions et les catégories de travailleurs pour lesquelles est obligatoire la fourniture
d’une ration journalière des vivres ; la valeur maximum de remboursement de celle-ci, le
détail en nature et en poids des denrées alimentaires de première nécessité, la
composition de la ration et les conditions de sa fourniture sont fixées par arrêté du Ministre
du travail et de la prévoyance sociale pris après avis du Conseil National du Travail
(CNT). L’employeur doit fournir des aliments dans le cas où le travailleur ne peut par ses
33
Suivant l’annexe 2 à l’ordonnance du 30 avril 2008, la colonne 20 indique le montant de 168 FC à titre
d’allocation familiale journalière par enfant et 16, 8 FC, à titre de la contrevaleur journalière de la quotité
saisissable par l’employeur au titre de la contrevaleur du logement.
69
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
La ration alimentaire doit être composée de telle sorte que le travailleur dispose d’une
alimentation rationnelle en tenant compte de ses habitudes. La fourniture d’une ration
alimentaire journalière des vivres fait l’objet d’une retenue sur salaire ; par conséquent, elle
devient un élément de salaire.
Les gratifications :
La gratification est une somme d’argent remise par l’employeur au personnel pour marquer
sa satisfaction du travail accompli pour la prospérité de l’entreprise.
En principe, les gratifications sont des libéralités faites par l’employeur au travailleur. Il
résulte qu’elles n’ont pas un caractère obligatoire en l’absence de dispositions expresses
du contrat de travail, de la loi ou de la convention collective. Cependant, une gratification
acquiert un caractère obligatoire, dans la mesure où les conventions collectives
professionnelles l’arrêtent (l’art 26 de la convention collective interprofessionnelle national
du travail du 2 mars 1968 fait des gratifications de fin d’année ou mois complémentaire ou
13e mois).
Mais pour que la gratification acquière une force obligatoire et soit considérée comme un
complément de salaire, il faut établir:
- qu’elle présente un caractère général c’est à dire ne doit pas être versée à un
travailleur en particulier, mais à tout le personnel ou à une catégorie bien déterminée
de celui-ci ;
- qu’elle doit être constante : les travailleurs devraient percevoir cette gratification
régulièrement pour qu’elle puisse être considérée comme élément de salaire ;
- qu’elle doit être fixe : en acceptant de ne pas varier le montant de la gratification,
l’employeur prouve sa conscience d’être tenu par une obligation (cas des gratifications
annuelles et automatiques).
70
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Souvent, les employeurs prétendent que les gratifications ont un caractère de libéralité
pour échapper aux cotisations de la sécurité sociale. A côté des gratifications prévues
dans le contrat, il existe des gratifications purement bénévoles dont le taux varie en
fonction du bon vouloir de l’employeur.
Les primes :
Les primes sont considérées comme des compléments de salaire que l’employeur octroie
aux travailleurs dans le but soit d’accroitre le rendement dans son entreprise ; soit pour
encourager la stabilité et la fidélité du salarié à l’entreprise ; soit pour combattre
l’absentéisme ; soit pour maintenir les travailleurs dans les conditions difficiles d’exécution
du travail ou compenser l’éloignement d’un travailleur de son pays natal.
Les conventions collectives peuvent prévoir la majoration de salaire pour récompenser les
efforts fournis par les travailleurs ou compenser les sacrifices consentis en exécutant les
travaux dans des conditions pénibles, dangereuses voire insalubres ou éloignées de leur
milieu habituel.
L’ancienneté, c’est le temps pendant lequel le travailleur a été occupé de façon
ininterrompue pour le compte de l’entreprise quel qu’ait été le lieu de son emploi. La
convention collective mentionne les absences du salarié qui ne sont pas interruptives de
l’ancienneté : congés payés, les congés de circonstances, absences pour maladie,
accident de travail, maladie professionnelle, etc. Les conventions collectives doivent fixer
les taux de la prime d’ancienneté du travailleur par catégorie et échelon.
Les indemnités :
Les indemnités sont destinées à rembourser les dépenses effectuées par le salarié dans le
cadre de l’exécution de son travail. Seule l’indemnité de vie chère a été introduite par le
législateur comme un élément de la rémunération.
1) les indemnités rémunératoires qui ont pour objet de se substituer au salaire (ex.
indemnité pour brusque rupture que l’on verse au salarié licencié qui n’effectue pas de
prestation pendant la période de préavis, indemnités de congés payés et indemnités
compensatrices de congés payés ;
2) les indemnités compensatoires : l’indemnité de rupture abusive et l’indemnité de
licenciement ;
3) les indemnités représentatives de frais : elles ne sont pas considérées comme des
éléments du salaire (ex. les indemnités de frais de transport, de voyage et
d’éloignement).
Le frais de transport :
L’employeur supporte les frais de transport du salarié de sa résidence à son lieu de travail
et vice versa à la seule condition que ce dernier réside à plus de 3 km de son lieu de
travail, en suivant bien entendu le chemin le plus court et le plus direct (art 147 à 156 CT).
Si le travailleur n’a pas un moyen de transport personnel, il lui sera payé une indemnité
fixée par le législateur en tenant compte du tarif pratiqué par le transport en commun de la
ville ; à défaut, l’employeur rembourse les frais occasionnés par l’usage des moyens de
transport existants. Si le travailleur utilise un moyen de transport personnel, l’employeur
versera une indemnité mensuelle dont le montant est fixé de commun accord entre les
parties. Elle ne pourra être inférieure à l’indemnité qu’aurait dû payer l’employeur si le
travailleur utilisait des moyens de transport en commun.
Pour bénéficier de ces frais, le travailleur doit être engagé dans un lieu différent de celui de
l’emploi ; il faut qu’il s’agisse d’un déplacement effectif du travailleur. Le droit au voyage
est acquis au travailleur et à sa famille chaque période de deux ans à condition que le
voyage soit effectivement réalisé. L’employeur prend à charge une partie des frais de
voyage de retour lorsque le contrat a été résilié pour faute lourde du salarié, lorsque le
salarié décide de résilier son contrat après 12 mois de services depuis son dernier voyage
et en l’absence de toute faute lourde de l’employeur, lorsque les parties conviennent de
résilier le contrat après 12 mois de services. L’employeur doit s’acquitter dans le plus bref
délai de son obligation, car à partir de la date où les services ont pris fin et la date du
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Le mode de transport : le mode de transport est effectué par les moyens normaux laissés
au libre choix de l’employeur. Mais le travailleur n’est pas obligé d’emprunter le moyen de
transport choisi par l’employeur. Dans ce cas :
- si le moyen choisi par lui est plus rapide que celui de l’employeur, le travailleur ne
bénéficiera pas de délais de route plus importants que ceux prévus par les moyens
normaux ;
- si ses moyens sont plus économiques que ceux de l’employeur, ce dernier ne peut
réclamer les frais qu’il a réellement engagés ;
- si ses moyens sont plus coûteux, il ne sera remboursé que jusqu’à concurrence des
frais occasionnés par les moyens de transport choisis par l’employeur. La classe de
passager et le poids des bagages sont déterminés en général par voie de conventions
collectives compte tenu de la qualification.
1. Le principe
Aux termes de l’article 88 du code du travail, la rémunération est fixée par des contrats
individuels de travail conclus librement entre travailleurs et employeurs ou par voie de
convention collective.
Mais, en vue d’éviter des abus de la part de l’employeur et de protéger le pouvoir d’achat
du travailleur, le législateur est intervenu en matière de fixation du taux de la rémunération
en posant des restrictions précises à la liberté des parties ;
2. Les restrictions
La rémunération d’un travail à la tâche ou à la pièce doit être calculée de telle sorte qu’elle
procure au travailleur, de capacité moyenne et travaillant normalement, un salaire au
moins égal à celui du travailleur rémunéré au temps et effectuant un travail analogue.
Le salaire minimum interprofessionnel garanti est la somme minimale fixée par les
pouvoirs publics en deçà de laquelle aucun travailleur ne peut être rémunéré sous peine
de sanction34.
Le SMIG s’applique sur l’ensemble du territoire national à toutes les professions y compris
dans le secteur agro-pastoral et industriel. Mais, dans le secteur agro-industriel, le
Président de la République peut fixer des dispositions spécifiques.
Outre la loi, le SMIG peut être fixé par catégorie professionnelle en vertu des dispositions
d’une convention collective d’entreprise ou d’une convention collective par branche
d’activité économique. En RDC, les entreprises auxquelles s’applique la convention
collective interprofessionnelle nationale du travail peuvent négocier un SMIG applicable à
leurs différentes catégories professionnelles.
Les critères sociaux portent sur les besoins essentiels du travailleur (père, mère et enfants
à charge), le coût de la vie et ses fluctuations, le niveau général des salaires et des
prestations de la sécurité sociale, le niveau de vie comparé à celui d’autres groupes
sociaux. Par besoins essentiels du travailleur, il faut entendre les nécessités liées aux
commodités de la vie dont la satisfaction permet les conditions d’existence et de travail
conformes à la dignité humaine. En principe, les besoins essentiels du travailleur
comprennent notamment l’alimentation et l’habillement ; mais aussi l’éducation des
enfants, les loisirs, le sports.
Les besoins essentiels retenus par la législation sont ceux qui permettent de fixer le SMIG
de la première catégorie de travailleurs.
34
Article 3, décret n° 079/2002 du 3 juillet 2002, portant détermination des modalités de fixation et d’ajustement
du SMIG, des allocations familiales et de la contrevaleur du logement.
75
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Enfin, pour maintenir le pouvoir d’achat des travailleurs, il est prévu de procéder à
l’ajustement du SMIG en cas d’augmentation égale ou supérieure à 50 % de l’indice des
prix à la consommation constatée par des relevés successifs séparés au moins par mois
d’intervalle. Une commission tripartite chargée du suivi de l’application du SMIG a été
créée par l’arrêté ministériel n° 12/CAB MINETPS/08/009 du 5 février 2009, en application
de l’article 11 de l’ordonnance n° 08/040 du 30 avril 2008, portant fixation du salaire
minimum interprofessionnel garanti, des allocations familiales et de la contrevaleur du
logement.
Le montant journalier des allocations familiales par enfant est égal à un dixième de celui
du SMIG du manœuvre ordinaire ; tandis que le montant journalier de la quotité saisissable
par l’employeur à titre de la contrevaleur du logement équivaut à un cinquième du taux
journalier des allocations familiales.
Par ailleurs, il est à noter que les taux des SMIG sont majorés de 3 % au moins par année
entière de services ininterrompus passée par le travailleur dans la même entreprise. La
valeur hebdomadaire, mensuelle et annuelle du SMIG, de l’allocation familiale et de la
contrevaleur du logement est obtenue en multipliant par 6, 26 et 312 (jours). La tension
salariale allant du manœuvre ordinaire au cadre de collaboration est de 1 à 10, soit de
100 à 1000.
Le principe est que tout travail effectué au delà de 45 heures légales par semaine donne
lieu obligatoirement à une majoration de salaire. Il faut rappeler que pour les activités
intermittentes, les heures de présence (60 h, pour le personnel de gardiennage et de
surveillance, 72 h, pour les sentinelles et veilleurs de nuit et 54 h, pour le personnel
domestique) sont considérées comme équivalentes à 45 heures par semaine. Cette
majoration est d’ordre public.
Toutes les heures effectuées au delà de la durée légale doivent être payées au taux fixé
par le législateur.
Ainsi, aux termes de l’article 21 de l’arrêté ministériel n°61/11 du 17 mai 1968, toute heure
considérée comme supplémentaire (à l’exclusion des heures d’étalement, de récupération
et de présence) donne lieu à une majoration de rémunération de :
- 30% pour chacune de six premières heures effectuées au delà de la durée légale
hebdomadaire du travail ou de la durée considérée comme équivalente ;
- 60% pour chacune des heures suivantes ;
- 100% pour chacune des heures supplémentaires effectuées pendant le jour de repos
hebdomadaires (ou un jour férié légal).
Cet article 24 de la CCINT précise bien que « ses dispositions sont applicables au
personnel ne relevant pas de la classification générale des emplois dans les conditions
prévues par l’arrêté ministériel n°68/11 du 17 mai 1968.
résulte d’accords collectifs compte tenu des majorations résultant des heures
supplémentaires.
1. La forme du paiement
Le salaire doit être versé au travailleur salarié : lui même ou à un mandataire muni d’un
pouvoir spécial, ce même droit est reconnu au mineur sauf qu’ici la personne qui exerce
l’autorité parentale ou tutélaire peut s’opposer à remise du salaire au mineur.
Cette opposition peut être levée par les tribunaux qui statuent en fonction des
circonstances et de l’équité.
Le salaire est librement débattu : à la condition de respecter les minima légaux, en fonction
du temps de travail fourni ou de la tâche accomplie pendant un temps déterminé.
Tout retard dans le paiement constitue une infraction possible d’une amende et autorisant
le salarié à réclamer des dommages et intérêts moratoires. Le salarié est aussi en droit de
refuser la poursuite de son activité en invoquant l’exception d’inexécution « exceptio non
adimpleti contractus ».
Toutes ces dispositions sont d’ordre public, les parties ne sauraient y déroger par des
conventions particulières, sous peine de nullité absolue.
Généralement, le lieu de paiement est le siège de l’établissement. Mais les parties sont
libres de convenir dans leur contrat individuel ou dans les conventions collectives d’un lieu
différent du siège de l’établissement à condition :
- le lieu de paiement ne soit pas fixé dans un débit de boisson ou un magasin de vente,
sauf pour les salariés qui prestent dans ces établissements. C’est pour éviter que le
salarié ne gaspille son salaire le jour du paiement de sa solde ;
- le paiement s’effectue un jour ouvrable et pendant les heures de travail (le droit au
repos du salarié est sacré, il faut éviter de le déplacer un jour de repos hebdomadaire).
79
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
a) Le bulletin de paie : c’est le décompte écrit de la rémunération qui est remis au salarié
à l’occasion du paiement de sa rémunération. C’est un des doubles du livre de paie, le
second est destiné à l’INSS.
Ces énonciations doivent être rédigées à l’encre ou au moyen d’un procédé permettant
d’obtenir une écriture indélébile. Le bulletin de paie doit être daté, mais il ne doit pas
être signé par le salarié ni par l’employeur. Mais l’employeur est autorisé à faire signer
un document sur lequel est indiqué que la somme touchée est bien celle portée sur le
bulletin de paie. Il s’agit d’un simple reçu relatif à la somme effectivement versée.
Cependant, la remise du bulletin de paie n’est pas une preuve de l’acceptation par le
salarié du décompte établi par l’employeur, il y a la possibilité de réclamer un rappel de
salaire. La remise du bulletin de paie n’est pas non plus une preuve d’un arrêté de
compte entre l’employeur et le salarié.
4.1. Privilège : les sommes dues aux employeurs ne peuvent être frappées de
saisie – arrêt ni d’opposition au préjudice des travailleurs auxquels les salaires sont
dus. Les travailleurs ne sont pas associés, dès lors ils ne doivent pas subir les
risques. Ce privilège, quant aux créances garanties s’étend à tout salaire et à ses
accessoires (primes, gratifications) (article 109 CT).
Cependant, l’employeur peut procéder à des retenues de rémunération dans des cas ci-
après :
d. à titre de retenues légales : il s’agit de prélèvements opérés pour le compte d’un tiers
par l’employeur essentiellement :
- le prélèvement pour les cotisations de sécurité sociale, mises à la charge du
salarié ;
- les retenues fiscales ;
- la retenue syndicale (cotisation mensuelle).
e. à titre de prêt ;
f. à titre de saisie-arrêt ;
g. une garantie particulière dans le cas de la sous entreprise : le code de travail
prévoit que l’entrepreneur principal répond en cas d’insolvabilité des salaires qui sont dus
par le sous entrepreneur (article 82 à 85 CT).
Le sous entrepreneur est celui qui passe avec un entrepreneur un contrat (verbal ou écrit)
pour l’exécution d’un certain travail ou la fourniture de certains services moyennant un prix
forfaitaire. Il appartient au sous entrepreneur d’engager la main d’œuvre nécessaire pour
la réalisation du travail commandé.
Le législateur a opté pour un délai abrégé d’action en justice pour le paiement de salaire.
La condition économique du salarié explique cette position du législateur. La prescription
des actions en paiement est d’un an (article 317 du code) alors que la prescription des
actions qui naissent du contrat de travail est de trois ans. La prescription commence à
courir, à compter à la date à laquelle le salarié aurait du être payé.
Elle s’applique à tous les salaires ainsi qu’aux accessoires du salaire : pourboires, primes,
indemnités congés payés et compensatoires et à toute les créances qui sont assimilables
au salaire. L’indemnité de préavis est considérée comme le substitut du salaire, l’indemnité
de rupture abusive diffère du salaire.
Les prix doivent être affichés lisiblement et communiqués à l’Inspecteur du travail. Il est
interdit, dans les économats, la vente et la consommation des alcools, des spiritueux, des
tabacs et toutes formes de drogues.
La réduction du travail est une des principales revendications des travailleurs. Cette
réduction est apparue réalisable dans la mesure où les techniques modernes de
production permettent une cadence de travail plus grande et favorise une diminution de la
durée de travail sans pour autant porter atteinte au volume de la production.
La durée journalière du travail est fixée désormais à neuf heures au lieu de huit et la durée
de la semaine à 45 heures au lieu de 48, la durée légale de travail est une durée de travail
effectif : le temps nécessaire pour se rendre sur le lieux de travail ou pour en revenir (sauf
si ce temps est inhérent au travail ), les interruptions , la durée de casse croûte, le
déshabille ment, etc. sont déduits du temps de travail ( article 119 du nouveau code du
travail) Tandis que les heures creuses ne sont pas en principe déduites du temps de
travail.
Cette réglementation s’applique à tous les établissements publics ou privés. Sont exclus
du domaine de cette réglementation :
- les personnes occupées exclusivement seules et sans aide à leur propre domicile ;
- les membres du personnel naviguant des entreprises de transport par voie d’eau qu’un
texte doit régir ultérieurement ;
- les membres du personnel investis d’une autorité propre leur permettant d’organiser
librement le travail sans être soumis au contrôle journalier.
Il est permis à l’employeur d’organiser le travail par équipes successives. Dans ce cas,
l’employeur peut augmenter la durée journalière de travail à condition de ne pas dépasser
les maxima journalier et hebdomadaire fixés par voie réglementaire et de ne pas réduire à
moins de 12 h la durée de repos ininterrompu entre deux journées de travail.
Le choix de l’horaire est laissé à la direction de l’employeur qui est tenu de le faire
afficher sur le lieu de travail, et de le communiquer à l’Inspection du Travail pour
contrôle.
Le repos hebdomadaire :
Principe : le personn el des établissements (privés ou publics) bénéficie au cours de
chaque période de sept jours d’un repos compensatoire de 48 heures consécutives. Le
repos est donné en même temps à tous les travailleurs. Le repos a lieu en principe le
samedi et le dimanche.
Le personnel de l’entreprise qui est le dimanche doit bénéficier dans la semaine d’un
repos compensatoire de 24 heures consécutives dont le choix est laissé à
l’appréciation de l’employé (ex : entreprise de transport, de distribution d’eau et
d’électricité, des journaux, des hôpitaux, hospices etc.)
Les jours fériés sont déterminés par décret (ordonnance) du président de la république.
Les jours fériés sont des fêtes religieuses ou civiles reconnues par la loi. Au Congo, les
fêtes religieuses ont été abolies par le législateur.
Le jour férié est différent du jour où le travail est suspendu pour une raison quelconque.
Les jours fériés sont rémunérés (art 123 du nouveau code). Lorsque le jour férié tombe un
dimanche ou un jour non ouvrable, le jour férié sera remplacé par le jour ouvrable
précédent.
La durée du congé :
Au minimum un jour ouvrable par mois entier de travail pour le travailleur âge plus de 18
ans et un jour et demi pour le travailleur âgé de moins de 18 ans. Le jour ouvrable est le
jour consacré habituellement au travail : les jours de repos hebdomadaires et les jours
fériés sont différents des jours ouvrables. La durée des congés est augmentée en raison
de l’ancienneté du travailleur dans l’entreprise un jour par tranche de 5 années. La durée
du voyage n’est pas comprise dans le congé. Les jours de maladie compris dans la
période de congé ne comptent pas comme des jours de congé.
Pendant toute la durée du congé annuel, le travailleur a droit à une allocation égale au
montant des sommes qu’il aurait perçues s’il avait fourni le travail pendant la période de
congé. Les avantages en nature peuvent, à la demande du salarié, être payés en espèces
à l’exception du logement. Cette allocation de congé a donc un caractère salarial et est
donc soumise au même régime que le salaire (prescription annuelle).
Sont des absences autorisées par la loi ou par la convention collective au travailleur en
raison des événements heureux ou malheureux qui surviennent dans sa famille. Il s’agit
de :
- mariage d’un enfant : un jour ouvrable ;
- mariage du travailleur : deux jours ouvrables;
- accouchement de l’épouse : deux jours ouvrables ;
- décès du conjoint, d’un parent ou allié au premier degré : 4 jours ouvrables ;
- décès d’un parent ou allié au second degré : deux jours ouvrables.
Toute clause par laquelle l’employeur se réserve le droit de modifier unilatéralement les
conditions du contrat est nulle. Le travailleur ne peut ainsi consentir valablement à l’avance
à toute décision de l’employeur visant à modifier les conditions de travail.
ne pourrait modifier un élément accessoire du contrat, ayant fait l’objet d’un accord des
parties, que si cette possibilité de modification a été prévue par le contrat.
Ainsi que l’observe la doctrine, cette jurisprudence limite singulièrement le jus variandi de
l’employeur, traditionnellement fondé sur le rapport d’autorité que crée le contrat de travail.
L’employeur pourrait ainsi, dans l’exercice de son pouvoir d’autorité, définir et préciser
certaines modalités d’exécution du contrat de travail qui n’auraient pas été réglées par
l’accord des parties. Tel serait, par exemple, le cas d’un contrat de représentation
commerciale qui ne fixerait pas le secteur d’activité du représentant. Mais, dès lors que
ces modalités ont été définies par l’employeur et exécutées par le travailleur, ne faut-il pas
en déduire que ces modalités, non définies au départ, deviennent partie intégrante du
contrat du travail, avec la conséquence qu’elles ne pourraient ultérieurement être
modifiées unilatéralement par l’employeur, que dans les limites tracées par la Cour de
cassation.
Seule la règle de l’exécution de bonne foi du contrat pourrait ainsi contraindre le travailleur
à accepter la modification d’un élément accessoire du contrat, dont la possibilité n’aurait
pas été expressément prévue.
Par ailleurs, l’interruption doit être temporaire. En effet, passé en certain délai, l’une des
parties pourra demander la résiliation du contrat dont l’exécution n’a plus d’utilité.
ses obligations en raison d’un événement de force majeure, l’autre partie est libérée de
son obligation).
Le contrat est suspendu lorsque l’événement de force majeure ne constitue qu’un obstacle
temporaire à son exécution. Il y a dissolution du contrat lorsque cet obstacle apparaît
définitif.
Les lois relevant du droit du travail comportent d’importantes dérogations à ce principe
concernant aussi bien les cas de suspension (qui ne sont pas nécessairement des cas de
force majeure), les conséquences (le maintien dans certaines hypothèses de l’obligation
de payer la rémunération), ainsi que les répercussions de ces cas de suspension qui
peuvent aboutir à la cessation du contrat.
Comme nous allons le voir, la loi, la jurisprudence, la convention collective, consacrent un
recours croissant à cette institution parce qu’elle est conforme à l’esprit du droit du travail
contemporain qui tend à assurer la stabilité de l’emploi.
L’employeur est autorisé à déduire mensuellement les sommes versées au travailleur par
l’INSS en introduisant les pièces justificatives qui doivent être acceptées après vérification
par cet institut et pendant la même période, le droit aux avantages en nature subsiste à
moins que le travailleur n’en demande la contre-valeur en espèces. Le logement ne peut
toutefois être remplacé par sa contre-valeur.
La grève est la cessation concertée du travail en vue de faire aboutir des revendications
d’ordre professionnel. Elle entraîne la suspension du contrat de travail sans limitation de
délai. Le lock-out est la fermeture de l’entreprise par l’employeur en réaction aux
revendications professionnelles émanant des travailleurs.
La grève ou le lock-out constituent des cas de suspension, lorsqu’ils sont déclenchés dans
le respect de la procédure des règlements des conflits collectifs du travail (303 à 315 ct).
En cas de grève déclenchée régulièrement, l’employeur doit continuer pendant cette
période à assurer les soins de santé au travailleur et aux membres de sa famille qui doit
continuer à bénéficier du logement fourni par l’employeur lorsqu’ils sont logés par ce
dernier.36 Aussi, il est interdit à l’employeur de remplacer les travailleurs en grève qui, à la
date de début de la grève, n’étaient pas occupés dans l’entreprise ou le service.
35
Arrêté ministériel N°12/CAB.MIN/TPS/113/2005 du 26 octobre 2005 fixant les droits et les obligations des
parties pendant la suspension du contrat de travail, article 14
36
Idem, article 6
91
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
La mise à pied est une suspension disciplinaire du contrat de travail. Cette sanction doit
être prévue par le contrat de travail, le règlement d’entreprise ou par la convention
collective. Quoi qu’il en soit, la mise à pied ne peut excéder deux fois quinze jours par an.
Cette sanction est privative du paiement de la rémunération.
37
Idem, cfr annexe
38
Idem, article 5
92
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Pendant un délai n’excédant pas 6 mois à partir de l’appel, du rappel sous le drapeau et de
l’engagement volontaire en temps de guerre dans les forces armées de la république
Démocratique du Congo ou d’un Etat allié, l’employeur est tenu d’assurer à la famille du
travailleur les soins de santé, le logement et de lui accorder le tiers de sa rémunération. A
delà de ce délai, les parties sont déliées de leurs obligations contractuelles.
Lorsqu’un travailleur est appelé a prester les services en exécution des mesures de
réquisitions militaires ou d’intérêt public prises par le Gouvernement, son contrat est
suspendu pendant une période n’excédant pas douze mois. Passé ce délai, les parties
sont déliées de leurs obligations contractuelles.
La période de réquisition militaire ou d’intérêt public fait partie de l’ancienneté des services
du travailleur39.
39
Idem, article 3
93
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Si le travailleur d’une entreprise publique est appelé à exercer un mandat public au sein de
celle-ci ou ailleurs, son contrat est suspendu durant tout l’exercice de son mandat. Il perd
le droit à la rémunération et aux avantages sociaux dont il bénéficiait auparavant. A la fin
de son mandat, il devra reprendre son emploi endéans un mois au plus tard ou être affecté
à un emploi au moins similaire si le poste qu’il occupait a été supprimé ou est occupé par
un autre.40
En cas d’exercice des mandats publics ou d’obligations civiques, l’employeur peut mettre
fin au contrat moyennant paiement des indemnités prévues par le contrat ou la convention
collective après 12 mois de suspension (art. 60 b ct).
D’autres part, il y a des circonstances qui sont considérées dans la pratique comme
suspensives du contrat de travail. C’est le cas du congé communément appelé congé
technique, de l’interruption de carrière, du congé éducatif payé, du congé payé politique
(cas de ville morte), des absences pour comparution aux audiences des cours et tribunaux
du travail.
En principe, les parties sont déliées de toutes obligations pendant la durée de suspension
du contrat. Cependant, en cas de maladie, d’accident de grossesse ou d’accouchement,
l’employeur est tenu de fournir au travailleur et à sa famille jusqu’à la fin de la suspension
du contrat les 2/3 de la rémunération en espèces, la totalité des allocations familiales y
compris les avantages contractuels en nature, à moins que le travailleur en réclame la
contre-valeur en espèces (article 178). Le logement ne peut toutefois être remplacé par sa
contre-valeur. Aussi, il est tenu de fournir au travailleur :
- les soins médicaux, dentaires, chirurgicaux, les frais pharmaceutiques et
d’hospitalisation ;
- les frais de déplacement nécessaires lorsque le travailleur ou sa famille est dans
l’incapacité physique de se déplacer ;
- les lunettes, appareils d’orthopédie, prothèse dentaire exceptée, suivant
prescription médicale et tarif établis par le Ministre de la Santé.
40
Idem, article 4
94
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
S’agissant de la résiliation du contrat pendant la suspension, il faut relever qu’il est interdit
de résilier le contrat pendant qu’il est suspendu. Les avis sont partagés sur la nécessité
de limiter l’obligation de lever la suspension seulement aux cas de suspension prévus par
l’article 57 du code du travail.
Cependant, la femme en congé de maternité peut rompre le contrat sans préavis pendant
la grossesse et pendant les six semaines suivant l’accouchement. A la reprise des
services, elle dispose de deux repos d’une demi-heure par jour pour allaiter son enfant.
Le contrat de travail, écrit Daranas Styliani (41) constitue, en régime libéral, la source
principale des rapports individuels de travail. Ainsi, libres de s’engager les parties peuvent
se désengager de leurs obligations. La liberté entraîne donc la réciprocité. Cependant, la
théorie moderne du droit du travail a tendance à distinguer le principe de la liberté de celui
de la réciprocité, de sorte que, si la conclusion du contrat de travail est encore soumise au
principe de la liberté, celui de la réciprocité n’est plus de mise en cas de rupture du contrat.
La doctrine moderne invoque à cet effet les impératifs sociaux de droit du travail et la
nécessité d’assurer la stabilité de l’emploi et des revenus des salariés ; et cela explique la
distinction instaurée quant aux effets de la rupture du contrat de travail entre la démission
du salarié qui ne constitue pas un grand danger pour l’employeur et le licenciement du
travailleur aux graves conséquences sociales. Ainsi, le législateur a réglementé strictement
la cessation du contrat de travail dans ses deux formes (à durée déterminée et à durée
indéterminée) par la définition des motifs susceptibles d’y donner lieu et par l’indication de
la procédure à suivre par la partie qui prend l’initiative de la rupture.
En vue d’assurer la protection des intérêts respectifs des parties au contrat de travail et de
limiter au maximum des litiges inutiles, le législateur a instauré une procédure
41
DARANAS, S. , « Droit de travail et de la sécurité », tome 1, cours dispensé en première licence en droit,
Unikin, 1999, p.80
95
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
administrative préalable du règlement des litiges du travail avant la saisine du juge. Mais,
outre les conditions posées par le législateur pour la régularité du licenciement, celui-ci
peut intervenir à la suite des causes qui ne dépendent pas nécessairement, sinon dans
une faible mesure, de l’employeur ou du travailleur.
Les contrats de travail peuvent indistinctement prendre fin par l’accord des parties, le
décès de l’une des parties, la force majeure, la résolution judiciaire, le motif grave ou la
faute lourde.
Le code du travail mentionne, sans détails, en son article 149, la faculté pour les parties au
contrat de travail d’y mettre fin par consentement mutuel. La licéité de ce mode de
cessation du contrat de travail ne peut donc poser problème par sa consécration dans le
code de travail. C’est du reste, l’affirmation du principe de l’autonomie de volonté qui veut
que les parties qui se sont librement engagées (mutuus consensus) puissent librement se
désengager (mutuus dissensus). Il va de soi que cette affirmation ne vaut que dans la
mesure où le travailleur a donné son consentement en connaissance de cause, sans qu’il
y ait eu erreur de sa part, dol ou violence de la part de l’employeur.
Cependant, telle n’est pas toujours la position d’une certaine jurisprudence qui a eu à
trancher que la résiliation du contrat de travail par transaction ou de commun accord est
nulle et de nul effet car considéré comme faite à l’initiative de l’employeur et, donc, sans
motif valable. Cette jurisprudence enchaîne qu’une telle résiliation donne droit, sur base de
l’article 49 du code de travail, aux dommages intérêts (Kin, 22.7.1993, RTA 1914, aff. :
Wangata c/MARSAV CO, inédit (42). L’article 49 est remplacé par l’article 63 du nouveau
code de travail.
Dans la pratique, compte tenu des indemnités auxquelles le travailleur licencié peut
prétendre, on comprend que les cas de résiliation du contrat par consentement mutuel des
parties soient très rares ; le travailleur ayant tout intérêt à obtenir son licenciement.
Néanmoins, des situations très particulières peuvent déboucher sur un dénouement de ce
genre. Ainsi, un travailleur peut consentir à cette formule moyennant l’engagement de
l’employeur de le maintenir en activité dans l’entreprise en qualité d’associé actif. Ou
encore, un employeur ayant constaté que son travailleur a commis un détournement peut
préférer, pour des raisons de discrétion, ne pas déposer plainte et simplement demander
au coupable de marquer son accord à la dissolution du contrat.
Il reste à lever l’équivoque sur la transaction comme mode de règlement des litiges nés de
la cessation d’un contrat et sur le consentement mutuel qui est une des causes légales de
cessation du contrat de travail. En effet, la transaction n’est concevable qu’à la suite de la
cessation d’un contrat de travail notamment par consentement mutuel pour en régler les
effets. En d’autres termes, la transaction règle les conséquences d’un licenciement ; c’est
donc un mode de règlement de litige et non pas une cause de cessation du contrat ; ce qui
n’est pas le cas lorsqu’il s’agit de la cessation du contrat par décision judiciaire.
L’ordonnance loi n°67/310 du 9/8/1967, portant code de travail, ne prévoit pas la rupture
du contrat de travail par décision judiciaire à la demande de l’une des parties.
Cependant, l’arrêté royal du 19/7/1954 (B.A. 1955, p.249), prévoyait en son article 59 que
« à la demande de l’une des parties, le juge peut l’autoriser à rompre le contrat (même
conclu pour une durée déterminée) lorsque la continuation des rapports contractuels est
devenue impossible ou intolérable. Le juge peut subordonner la résiliation du contrat à
l’accomplissement d’un préavis ou au paiement d’une indemnité, qu’il détermine selon les
circonstances ».
La théorie de la force majeure justifie par ailleurs ce texte car il arrive que, par suite
notamment des litiges entre parties, les relations entre elles soient devenues telles que la
confiance réciproque fait défaut et rend impossible les rapports journalières nécessaires
pour la bonne exécution du contrat ; dans de tels cas, la jurisprudence, poursuit le conseil
colonial, n’hésite pas à prononcer la résiliation aux torts de la partie fautive si l’autre la
demande. Mais cette disposition peut, à notre avis, se fonder aussi sur l’article 82 du code
civil, livre III, applicable lorsque l’une des parties n’exécute pas ses obligations. Etant
97
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
entendu que le contrat de travail est un contrat synallagmatique, la clause résolutoire y est
toujours sous-entendue lorsque l’une des parties n’exécute point ses obligations. Il
demeure qu’en matière du travail, l’application de l’article 82 du code civil ne pourra
s’opérer qu’en cas d’impossibilité absolue de la continuation des rapports contractuels et
non pas simplement en cas de simple difficulté d’exécution à des conditions plus
onéreuses.
Le décès du travailleur met fin au contrat de travail d’une manière définitive. Ce principe
est tellement évident que le code du travail ne le mentionne pas ; et ne précise pas non
plus les obligations de l’employeur en cette circonstance. Ce qui est certain, c’est que
l’employeur n’ayant pas en l’occurrence recouru au licenciement, il n’est redevable à la
succession du défunt ni de l’indemnité de préavis, ni de l’indemnité de licenciement. Ses
obligations se limitent au paiement des arriérés de salaire ainsi qu’à une allocation de
congé correspondant aux droits acquis pour le défunt depuis son dernier congé annuel.
100 que « toute somme restant due en exécution d’un contrat de travail lors de la
cessation définitive des services effectifs, doit être payée au plus tard dans les deux jours
ouvrables qui suivent, au travailleur, et, le cas échéant, aux ayants droit de ce dernier ».
Lorsque la force majeure rompt le contrat de travail, l’employeur n’a pas à respecter la
procédure de licenciement et ne peut être condamné au paiement des dommages intérêts
pour rupture abusive. Par ailleurs, il est libéré de l’obligation de respecter le délai congé (le
préavis), donc de verser l’indemnité compensatoire de préavis, et ne doit pas l’indemnité
de licenciement. En revanche, il est redevable de l’indemnité compensatoire de congés
payés.
Par contre, une crise économique déterminant la fermeture d’une entreprise ou des
réductions dans le personnel n’implique pas normalement l’existence de la force majeure.
Il s’agit d’une augmentation des charges et non pas une impossibilité absolue d’exécution.
De plus, la condition d’imprévisibilité n’est pas remplie, car les difficultés économiques
peuvent être prévues.
44
Lefebvre Fr. droit du travail, sécurité sociale, Mémento pratique, social 1991, n°2675
99
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Une partie commet une faute lourde lorsque les règles de bonne foi ne permettent pas
d’exiger de l’autre qu’elle continue à exécuter le contrat (45).
La faute lourde doit donc, pour donner lieu à la rupture du contrat de travail, être d’une
gravité si exceptionnelle qui place la partie lésée dans l’impossibilité morale de tolérer la
poursuite des liens contractuels. La gravité de la faute lourde est laissée à l’appréciation
du juge du fond. Mais la faute lourde peut émaner de l’employeur ou du travailleur.
45
NZANGI B, guide juridique des employeurs et des travailleurs dans le processus de la rupture du contrat de
travail pour faute lourde, Imprimerie Saint Paul, Limete, Kinshasa, 1996, p.7
46
Arrêté ministériel n°12/CAB MIN/TPS/114/2005 du 26 octobre 2005 portant interdiction du harcèlement sexuel
ou moral dans l’exécution d’un contrat de travail
100
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
En effet, les insultes et les violences de l’employeur à l’adresse de son salarié entraînent la
rupture du contrat de travail à ses torts et griefs. Il en est ainsi des propos injurieux tenus
devant des tiers par l’employeur contre l’employé, même si ces propos répondent à la
réalité et il n’est pas nécessaire que les termes dont l’employeur s’est servi vis-à-vis de
l’employé revêtent le caractère injurieux dans les conditions déterminées par la loi pénale.
Il suffit que ces termes soient suffisamment outrageants pour que l’employé en déduise
qu’il n’a plus la confiance de son employeur.
Les insultes et voies de fait qui rendent impossible la continuation des rapports
professionnels peuvent être le fait de l’employeur mais aussi celui de ses préposés, surtout
lorsqu’il les tolère.
L’article 74 du code de travail érige en faute lourde, le fait par le travailleur de manquer
gravement à ses obligations contractuelles.
47
Lire NZANGI B, op.cit, pp 57 et ss
101
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Il en est également ainsi des actes d’improbité ou immoraux et des voies de faits, des
actes causant préjudice matériel à l’employeur ou compromettant la sécurité de
l’établissement, du travail ou du personnel.
Les actes susceptibles de constituer une faute lourde sont tellement nombreux que le
législateur les énumère de manière indicative à l’article 74 précité. Dans la pratique, ces
actes se présentent sous divers aspects : les violations de secret professionnel et la
participation à des actes de concurrence déloyale, les abandons de poste, les absences et
retards répétés, injustifiés ou non autorisés, la désobéissance aux ordres de l’employeur,
les vols, les détournements et les dégradations du matériel.
Les alinéas 3 et 4 de l’article 58 de l’ancien code du travail prévoyaient que « la partie qui
se propose de résilier le contrat pour faute lourde est tenue de le faire deux jours
ouvrables au plus tard après avoir eu connaissance des faits qu’elle invoque et de notifier
ce fait par écrit dans les quinze jours qui suivent la résiliation à l’autre partie.
Cette procédure (notification dans les deux jours), en cas par exemple de flagrance ne
prêtant à aucun doute sur la culpabilité de l’auteur de l’acte, n’était pas nécessaire
(Exemple : cas de vol établi). Avant la modification de la loi, il fallait scrupuleusement la
respecter pour éviter de se voir reprocher une rupture abusive avec toutes les
conséquences que cela comporte.
Le nouveau code dans ses alinéas 3 et 4 de l’article 72, prévoit uniquement la notification
par écrit à l’autre partie dans les 15 jours ouvrables après avoir eu connaissance des faits
qu’elle invoque. L’employeur doit indiquer dans sa lettre les faits sur lesquels il fonde sa
décision ; cette lettre de justification du motif de la rupture doit suffisamment être claire
pour ne pas donner lieu à équivoque ni à interprétation confuse.
L’écrit rédigé dans les quinze jours doit être adressé par lettre recommandée à la poste ou
remis contre accusé de réception et, en cas de refus, en présence de deux témoins qui
102
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
savent lire et écrire. Cette formalité tend simplement à constituer, au profit de l’initiateur de
la rupture du contrat, la preuve du respect de la procédure.
Mais l’article 72 prévoit en son alinéa premier que « tout contrat peut être résilié
immédiatement pour faute lourde ». Y a t-il contradiction entre les dispositions de cet
article ?
Aucune contradiction ne peut être relevée entre ces deux dispositions. En effet, par le
verbe pouvoir à la troisième personne du singulier, utilisé à l’alinéa premier de l’article 72,
le législateur n’oblige pas la partie qui prend l’initiative de la rupture de la prononcer
concomitamment à la prise de connaissance des faits reprochés à l’autre partie. C’est du
reste pour cette raison que le législateur accorde à la partie lésée la faculté de mûrir les
faits pendant quinze jours avant de prendre sa décision. Les quinze jours commencent à
courir à dater du jour de la connaissance des faits ou du jour où les conclusions de
l’enquête sont déposées à l’autorité habilitée à prononcer la sanction.
De l’analyse de l’article 75 du code du travail, il ressort que le contractant qui commet une
faute lourde causant préjudice à l’autre partie peut être condamné, à la demande de cette
dernière, à lui payer les dommages intérêts. Ces dommages intérêts sont destinés à
réparer le préjudice provoqué par le manquement érigé en « faute lourde » par la loi, le
contrat de travail, la convention collective ou le règlement d’entreprise et non le dommage
qui résulterait de la rupture elle-même (48).
L’octroi de ces dommages intérêts est subordonné aux conditions exigées pour que la
responsabilité civile soit établie, à savoir : la preuve de la faute lourde engageant la
responsabilité, la preuve du préjudice subi et l’existence du lien de causalité entre la faute
et le préjudice. Si c’est l’employeur qui est condamné à payer des dommages intérêts au
travailleur au titre de sanction de la faute lourde commise sur ce dernier, leur mode
d’appréciation sera celui prévu par l’article 63 du code du travail.
48
Lire également NZANGI B, op.cit, pp 81 et ss
103
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
En revanche, le code du travail n’a pas déterminé le mode de calcul des dommages
intérêts dus par le travailleur à l’employeur lorsque celui-ci rompt le contrat pour faute du
travailleur (article 75). Dans ce cas, le juge du fond apprécie souverainement la hauteur du
préjudice subi par l’employeur sur base des éléments d’appréciation objective que fournira
l’employeur et en tenant compte des circonstances. Le juge tiendra par exemple compte
du fait que le salarié est un spécialiste dans le domaine où il est employé et qu’il sera
difficile à l’employeur de lui trouver un remplaçant ; ou le fait que l’employeur a exposé
des frais pour la formation professionnelle du salarié, etc.
Dans la pratique, il est rare que l’employeur qui rompt le contrat pour faute lourde du
travailleur engage un procès souvent coûteux contre ce dernier pour lui réclamer des
dommages intérêts, craignant se heurter à son insolvabilité (49).
Outre les modes généraux ci-avant exposés, la cessation du contrat de travail obéit à un
régime différent selon que le contrat est à durée déterminée ou a durée indéterminée.
49
Pour d’amples précisions sur la résiliation du contrat pour faute lourde lire Nzangi Batutu op.cit, pp 81 et ss et
Loko O., de la résiliation immédiate du contrat de travail pour faute lourde : faculté ou obligation de la partie lésée,
in revue critique de droit du travail et de la sécurité sociale, n°001/97
104
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Le contrat de travail à durée déterminée cesse de plein droit à l’échéance du terme. Cette
règle s’applique non seulement aux contrats à terme précis mais aussi aux contrats dont
l’échéance n’est pas datée dès le départ. L’employeur qui désire ne pas poursuivre les
relations contractuelles n’est pas tenu d’observer un préavis (le délai de prévenance).
Cependant, il est toujours conseillé de faire connaître au salarié, dans les meilleurs délais,
son intention de poursuivre ou de mettre fin à la relation contractuelle. En effet, l’article 69
du code du travail dispose que le contrat à durée déterminée prend fin à l’expiration du
terme fixé par les parties. La clause insérée dans un tel contrat prévoyant d’y mettre fin par
préavis est nulle de plein droit.
Contrairement au droit français, l’indemnité de fin de contrat n’est pas prévue en droit
congolais à la cessation d’un contrat à durée déterminée.
Le code du travail prévoit dans les articles 70 et 72, la possibilité de mettre fin au contrat
de travail avant le terme convenu à la suite d’une faute quelle que son ampleur (lourde ou
légère). La doctrine soutient également que le contrat de travail à durée déterminée peut
prendre fin pour motif d’inexécution par une partie de ses obligations contractuelles.
Une faute, même légère, peut, lorsqu’elle a eu pour effet d’entamer la confiance de la
partie lésée vis à vis de l’auteur de la faute, entraîner la résiliation du contrat de travail à
durée déterminée.
105
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Dans ce cas, l’article 70 dispose que le travailleur lésé a droit aux dommages intérêts.
Cependant, le code précise que lorsque la rupture irrégulière est le fait de l’employeur, les
dommages-intérêts correspondent aux salaires et avantages de toute nature dont le
salarié aurait bénéficié pendant la période restant à courir jusqu’au terme de son contrat. Il
faut préciser que l’employeur ne paie ses dommages-intérêts que lorsque la résiliation est
irrégulière et que les dommages-intérêts à payer par le travailleur à l’employeur ne sont
pas fixés par le code, encore moins les modalités de calcul.
L’article 82 du code civil, qui prévoit l’existence implicite de la condition résolutoire dans les
contrats synallagmatiques, s’applique également au contrat de travail à durée déterminée.
En vertu de ce texte, la partie préjudiciée par l’inexécution du contrat par l’autre partie a la
liberté d’y mettre fin par décision unilatérale même sans autorisation du juge, et ce, en
raison de l’autonomie du droit du travail par rapport au droit civil.
Ainsi, jurisprudence et doctrine ont admis la faculté pour l’une des parties de prendre
l’initiative de la rupture sous réserve d’un contrôle postérieur et non préalable comme le
prévoit l’article 82 du code civil.
Mais pour allouer les dommages intérêts, les tribunaux exigent dans la plupart de cas, une
faute suffisamment grave, par exemple, une fausse déclaration à propos d’une clause de
non-concurrence, l’insubordination caractérisée ou le défaut par l’employeur de paiement
de salaire ou de délivrance de bulletin de paie.
La décision unilatérale par laquelle l’employeur met fin au contrat qui le lie au travailleur
est appelée licenciement. Cette mesure ne peut être prise que pour un motif valable lié à
l’aptitude ou à la conduite du travailleur sur le lieu de travail dans l’exercice de ses
fonctions ou fondé sur les nécessités du fonctionnement de l’entreprise, de l’établissement
ou du service. Elle ne peut en aucun cas être fondée sur les opinions du travailleur, son
groupe ethnique, sa race, sa couleur, ou sur les responsabilités familiales, sur la
grossesse, sur son origine sociale, son groupe ethnique ou sur son absence de travail
pendant le congé de maternité ; son affiliation ou sa non-affiliation à une organisation
syndicale, sa participation à des activités syndicales en dehors des heures de travail ou
106
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
avec le consentement de l’employeur pendant les heures de travail, le dépôt d’une plainte
à charge de l’employeur ou la participation à des procédures contre l’employeur en raison
des violations alléguées de la législation ou la présentation d’un recours devant les
autorités administratives compétentes (art 62 ct).
Le départ d’un ou plusieurs travailleurs pour des reproches faits individuellement à chacun
d’eux et se rapportant soit à la conduite soit à l’inaptitude constitue le licenciement pour
motif personnel, appelé « licenciement individuel ». Mais le licenciement individuel peut
être fondé également sur un motif économique ou sur un motif lié aux nécessités de
fonctionnement de l’entreprise, de l’établissement ou du service lorsque pour ces motifs,
l’employeur fait partir de l’entreprise un nombre de travailleurs inférieur aux minima
déterminés pour la qualification de licenciement massif.
Plusieurs travailleurs peuvent être licenciés simultanément chacun pour des raisons
personnelles, ou collectivement pour des raisons économiques ou pour des nécessités de
fonctionnement de l’entreprise, de l’établissement ou u service. De même qu’un travailleur
peut être licencié pour des nécessités de fonctionnement de l’entreprise, de
l’établissement ou du service (lire plus amplement Luwenyema Lule, op.cit, pp. 417 et ss).
Ainsi, pour des raisons méthodologiques, nous allons distinguer le licenciement individuel
du licenciement massif.
Avant d’examiner ces différents motifs, il importe de savoir ce qu’est au juste un motif
valable. La validité du motif évoque-t-elle un certain nombre des conditions préalables à
remplir pour que le motif soit reçu ou se rapporte-t-elle à la réalité, au fondement ou à la
justification du motif allégué ?
107
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Contrairement au droit français qui précise les caractères que doit revêtir le motif du
licenciement, en droit congolais, le licenciement d’un travailleur obéit à la condition
générale liée à la légitimité du motif invoqué. Pour être légitime, le motif du licenciement
doit être réel et sérieux, c’est à dire d’une certaine gravité rendant impossible la
continuation du travail…. Il demeure cependant que la cause réelle et sérieuse ne repose
nécessairement pas sur une faute grave et l’existence d’un péril ou d’un préjudice causé à
l’employeur.
Nous pensons que dans notre droit, le motif valable est celui qui repose sur des bases
rationnelles, suffisamment établies et susceptibles de vérification ou de preuve contraire.
L’établissement de la validité d’un motif relève ainsi de l’appréciation du juge sur base des
faits et des circonstances de commission de l’acte invoqué comme motif de licenciement.
Voyons maintenant les différents motifs valables pouvant donner lieu au licenciement d’un
travailleur.
1. Le motif du licenciement
La conduite du travailleur, c’est sa manière de se comporter qui se traduit par des actes et
des agissements. Il s’agit d’actes positifs ou par omission que le travailleur pose au sein de
l’entreprise, dans les rapports avec ses supérieurs et ses collègues. Mais, sauf si les actes
de la vie privée ont un impact sur le travail ou sur la réputation de l’entreprise, aucun
travailleur ne peut faire l’objet de licenciement pour des actes de la vie privée.
Ces actes positifs et/ou négatifs (abstentions volontaires) doivent constituer des
manquements au devoir, à la morale au contrat, à la loi et d’une manière générale, doivent
constituer des fautes de conduite pour être retenus comme motif de licenciement. Les
fautes de conduite susceptibles de donner lieu au licenciement peuvent figurer dans le
règlement d’entreprise ou dans la convention collective. Une faute peut être grave ou
lourde, comme elle peut être légère ; dans ce dernier cas, il s’agit généralement d’erreurs
et négligences professionnelles ou des manquements à la discipline dont les
conséquences sont mineures pour l’entreprise.
travailleur de déchirer publiquement la demande d’explication qui lui a été adressée suite à
son abandon de poste de travail ; le fait d’être reconnu coupable d’un arrêt de travail sans
autorisation par une commission mixte regroupant les représentants de l’employeur et du
syndicat (51).
En revanche, ne constituent pas une faute, le fait pour un travailleur de forcer son
employeur par la voie judiciaire à régulariser sa situation salariale, la négligence et
l’irresponsabilité de l’agent non prouvées objectivement.
Lorsque l’employeur invoque une faute qu’il n’estime pas grave ou lourde, la seule
obligation qui lui incombe, c’est celle d’articuler les faits de manière précise. Il lui faut donc
alléguer des faits précis sur lesquels il fonde sa décision. Il appartient au juge, au vu des
éléments fournis par les parties et, éventuellement des mesures ordonnées, d’apprécier la
réalité, l’exactitude et l’importance du motif énoncé. Cependant, lorsqu’il s’agit d’une faute
grave ou lourde, privative de préavis et d’indemnité, la charge de la preuve de la gravité
des faits invoqués incombe à l’employeur qui est débiteur de ces indemnités (de préavis et
de licenciement) et qui prétend en être libéré.
A ce sujet, la cour de cassation française a, après avoir jugé que la perte de confiance,
reposant sur des faits précis, peut constituer un motif de licenciement , a fait un revirement
pour poser le principe que la perte de confiance ne constitue pas en soi un motif de
licenciement (52).
En effet, la cour de cassation a longtemps admis que le licenciement d’un salarié était
justifié lorsque la confiance mutuelle entre lui et son employeur avait cessé d’exister et
cela même si ses compétences techniques et son aptitude professionnelle étaient
reconnues. Pour retenir un tel motif, la jurisprudence tenait compte notamment des
fonctions exercées par le salarié : fonctions d’encadrement, de surveillance et de sécurité.
La cour a même estimé qu’un employeur pouvait perdre confiance en un salarié dont un
proche exerçait des fonctions chez un concurrent lorsqu’il y a pour l’entreprise un risque
réel de diffusion d’informations confidentielles et notamment que l’emploi occupé par le
salarié lui donne accès à ce type d’information.
La perte de confiance peut reposer même sur des faits étrangers à l’entreprise. Ainsi, la
cour a retenu une condamnation pénale pour des faits étrangers au contrat. Dans le même
ordre d’idées, bien que la juridiction pénale ait relaxé un salarié par non-lieu, acquittement
ou classement sans suite, des poursuites engagées contre lui, l’intéressé pouvait être
licencié : les soupçons qui avaient pesé sur lui ayant entraîné la perte de confiance de son
51
Mukadi B., Litiges individuels du travail, chroniques de jurisprudence (1980-1995), collection « informations
juridiques », Kinshasa, 1997, pp 59 et ss
52
Cass. Soc. 30 mars 82 ; 12 mars 87 ; 29 novembre 90 ; 9 janvier 91
109
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Ainsi que l’écrit Luwenyema, l’aptitude du travailleur peut couvrir deux aspects : physique
et professionnel. L’employeur peut donc résilier le contrat d’un travailleur qu’il juge inapte
physiquement ou professionnellement.
L’inaptitude physique d’un travailleur peut être imputable à divers événements : maladie,
âge (…). Dans le premier cas, après la période de suspension prévue à l’article 60 du code
du travail, l’employeur est fondé à licencier le travailleur qui n’a pas recouvré ses capacités
initiales de poste compatibles avec son état physique.
L’âge, en lui-même ne constitue pas un cas d’inaptitude tant qu’il n’a pas pour effet de
réduire la capacité de travail de l’agent et, bien entendu, lorsqu’il coïncide avec le départ
en retraite.
Au fait, si l’inaptitude à remplir ses fonctions constitue en général une cause de renvoi ; la
simple inaptitude ne suffit pas. Il faut que le travailleur ait fait montre d’une incapacité
totale ou d’une grave incurie habituelle et persistante dans l’exercice des fonctions pour
lesquelles il a été engagé ; que lorsqu’il n’a jamais été reproché au travailleur une
inaptitude à remplir ses fonctions dans le passé et qu’au contraire l’employeur lui a même
accordé une gratification pour récompenser ses efforts fournis au cours d’une année, le
cas isolé d’inaptitude dont il aurait fait preuve par la suite ne peut justifier son licenciement
(53).
Mais, ne constitue pas un cas d’inaptitude professionnelle, le fait qu’un salarié ait été
embauché sans période d’essai sauf si l’inaptitude était connue lors de la confirmation de
l’embauche et que celle-ci avait été faite en connaissance de cause ; l’absence des
diplômes requis pour occuper un emploi peut justifier un licenciement. Il en est ainsi,
notamment en cas de mensonge du salarié lors de l’embauche sur les titres qu’il possède.
Sur ce point, nous partageons l’avis de ceux qui pensent qu’en pareille circonstance,
l’employeur devrait, plutôt que de licencier le travailleur, solliciter l’annulation judiciaire du
contrat pour vice de consentement résultant de l’astuce dont le travailleur a fait usage au
moment de la conclusion du contrat.
53
Mukadi B., op.cit, pp 57 et ss
111
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Cette disposition vise en effet toute réduction du personnel dont le total est inférieur aux
normes énumérées en l’article 1er dudit arrêté, pour autant que le motif de la réduction soit
fondé sur les nécessités de fonctionnement de l’entreprise, de l’établissement ou du
service ou sur des raisons économiques.
Toute résiliation de contrat doit être notifiée par écrit par la partie qui en prend l’initiative à
l’autre partie. Lorsque la résiliation intervient à l’initiative de l’employeur, la lettre de
notification doit en indiquer expressément le motif (article 76, code du travail).
Il résulte de cette disposition que la notification est une formalité requise à la réalisation de
tout contrat (à durée déterminée ou à durée indéterminée, ou assortie d’un essai) et que,
peu importe le motif : personnel ou économique, la notification doit être faite par écrit, c’est
à dire par une lettre adressée par l’auteur de la résiliation à l’autre patrie. L’absence de
notification n’est pas à elle seule préjudiciable et ne peut donner lieu, selon une certaine
doctrine, aux dommages intérêts dès lors que la partie qui l’invoque n’apporte pas la
preuve du préjudice subi. Il en résulte qu’un licenciement verbal reste tel même en
l’absence de notification. Cependant, lorsque la résiliation est l’œuvre de l’employeur,
celui-ci doit en indiquer expressément les motifs dans sa notification, contrairement à celle
décidée par le travailleur qui n’est pas tenu de faire connaître les motifs de sa décision.
54
Arrêté ministériel n° 12/CAB.MIN/TPS/116/2005 du 26 octobre 2005 fixant les modalités de licenciement des
travailleurs
112
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Cette formalité est destinée à parer aux velléités des employeurs souvent enclins à
modifier les motifs de leur décision en cours de procès. La lettre de notification revêt ainsi
aux yeux du législateur une telle valeur qu’il est interdit aux parties d’en modifier la teneur
en cours de procès et au juge de fonder sa décision sur des motifs supposés ou non repris
expressément dans la lettre de notification du licenciement. Le principe du dispositif
applicable aux exploits de justice est également de mise dans la notification des motifs du
licenciement. Par ailleurs, les motifs de licenciement doivent être précis, réels et
concordants. Ainsi, ne sont pas reçus des motifs vagues et imprécis qui équivalent, du
reste, à l’absence des motifs. Il s’agit par exemple de la négligence grave, du non-respect
des instructions, de l’insubordination, de la détention du doublé de clés ayant facilité
l’accès à un dépôt, sans preuves suffisantes.
Si l’imprécision de motif équivaut à l’absence de motif, cette absence de motif est, elle
même, constitutive de faute lourde dans le chef de l’employeur. Ainsi, l’employeur qui
licencie un travailleur sans indiquer le motif de licenciement dans la notification de sa
décision commet une faute lourde et le licenciement lui est imputable avec toutes les
conséquences que cela comporte, notamment la condamnation aux dommages intérêts à
la demande du travailleur.
La durée du préavis est librement déterminée par les parties par contrat ou par convention
collective. A défaut de telles stipulations, la loi prévoit une durée minimum qui varie en
fonction de la qualification et de l’ancienneté du travailleur. Ce minimum est d’application
lorsque l’initiative de la rupture du contrat émane de l’employeur. Si en revanche le
travailleur démissionne, la durée du préavis à donner à l’employeur est de la moitié de
celui que lui aurait donné ce dernier.
En effet, pour les travailleurs relevant de la classification générale des emplois, la durée de
préavis ne peut être inférieure à quatorze jours ouvrables augmentée de six jours
ouvrables par année entière des services continus, comptée de date à date. Ce préavis
cours du lendemain de la notification de la résiliation. L’article 64 du nouveau code du
travail maintient le délai de 14 jours, mais porte à 7 jours ouvrables, le délai
d’augmentation pour ancienneté.
Pour les travailleurs occupant des emplois d’agents de maîtrise, l’arrêté ministériel n°
12/CAB.MIN/TPS/117/2005 du 26 octobre 2005 fixant la durée et les conditions de préavis
fixe la durée minimum de préavis à un mois. Ce délai est augmenté de neuf jours
ouvrables par année entière des services continus, comptée de date à date.
Aux termes de l’article 68 du code du travail, sauf cas prévus à l’article 60 du code, le
préavis ne peut être notifié pendant la période de congé ni pendant la suspension du
contrat. Il s’agit de la suspension du contrat pour des cas énumérés à l’article 57. Il en est
ainsi notamment de la suspension du contrat pour mise à pied disciplinaire, réquisition
militaire ou civile, enrôlement dans les forces armées congolaises ou d’un Etat allié, grève,
lock-out ou cas de force majeure. Le délai du préavis ne peut être suspendu ni interrompu
quelle que soit la raison : maladie du travailleur, accident, grève.
Pendant toute la durée du préavis, le contrat subsiste dans son contenu primitif et les
parties demeurent tenues au respect de toutes les obligations réciproques qui leur
incombent : le travailleur doit poursuivre l’exécution du contrat ; tandis que l’employeur est,
lui, tenu de donner le travail aux conditions convenues, à défaut le contrat peut être résilié
sans qu’il soit nécessaire d’accorder un nouveau délai de préavis à la partie fautive.
Entre temps, le travailleur bénéficie d’un jour de liberté par semaine, pris à son choix,
globalement ou par demi-journée et payé à plein salaire en vue de lui permettre de
chercher un nouvel emploi. S’il trouve un emploi pendant le préavis, le travailleur peut
quitter l’employeur dans un délai moindre, fixée d’un commun accord, sans qu’il puisse
excéder sept jours à dater du jour où il trouve l’emploi. Il perd naturellement le droit à la
rémunération et aux allocations familiales pour la période restante à courir.
Mais aux termes de l’article 66, à l’expiration de la moitié du délai de préavis, le travailleur
peut cesser son emploi ; dans ce cas, l’employeur doit cependant la rémunération et les
allocations familiales pour le temps restant à courir. Les montants des commissions,
114
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Par ailleurs, il est possible que le travailleur soit dispensé de l’exécution du préavis, soit à
sa demande soit à l’initiative de l’employeur.
Aucun problème ne se pose lorsque le travailleur se dispense de l’exécution du préavis car
il perd en conséquence le droit à l’indemnité de préavis et aux autres avantages qu’il aurait
normalement perçus s’il avait exécuté le préavis. Il n’en va pas ainsi lorsque l’initiative de
la dispense du préavis émane de l’employeur.
En effet, l’employeur qui tient au départ immédiat du travailleur est tenu de lui verser tous
les salaires et avantages qu’il aurait perçus s’il avait exécuté tout le préavis. Ainsi, en sus
des salaires que le travailleur percevra intégralement pour la durée du préavis dont il est
dispensé, le principe implique que la durée du préavis soit prise en compte au titre de
l’ancienneté pour le calcul des indemnités de licenciement et de congés payés et pour le
calcul de diverses primes annuelles versées en fonction du temps passé dans l’entreprise.
c) La formalité du remplacement
1. Définition
Il ressort de l’article 62 du code du travail que le licenciement peut résulter du motif valable
lié à la conduite ou à l’aptitude du travailleur ou aux nécessités de fonctionnement de
l’entreprise de l’établissement ou du service ; tandis que l’’article 78 prévoit l’hypothèse du
licenciement massif pour des raisons économiques. Donc, les raisons économiques sont
prévues à l’article 78 alors que les nécessités de fonctionnement de l’entreprise, de
l’établissement ou du service sont prévues à l’article 62.
Le motif économique peut résulter des contraintes irrésistibles que la situation économique
exerce sur l’employeur et qui l’oblige de licencier un certain nombre de travailleur pour
assurer la survie de l’entreprise. Le motif économique, précise l’article 7 de l’arrêté précité,
consistent notamment en la diminution de l’activité de l’entreprise et sa réorganisation
116
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
intérieure. Il peut donc consister en un critère structurel consécutif à une fusion ou une
concentration des moyens de production entre plusieurs établissements dépendant d’une
ou de plusieurs entreprises ; ou à une restructuration de l’entreprise notamment en cas de
récession, même sans suppression d’emploi, mais exigeant le remplacement de certains
travailleurs par d’autres mieux qualifiés.
Tel que défini, le motif économique est différent des nécessités de fonctionnement de
l’entreprise, de l’entreprise, de l’établissement ou du service.
En principe, les licenciements massifs sont interdits sauf dérogations éventuelles qui
doivent être déterminées par le Ministre du travail et de la prévoyance sociale (Article 78
alinéa 1er).
Le ministre prend sa décision dans les 45 jours calendrier après en avoir informé les
ministres ayant dans leurs attributions, les relations économiques avec l’entreprise,
l’établissement ou le service concerné. A défaut, il est sensé approuver la décision.
117
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Mais, aux termes des articles 1er et 2 de l’arrêté ministériel n° 12/CAB MIN/ETPS/038/08
du 08 août 2008, portant interdiction provisoire des licenciements massifs des travailleurs
par les inspecteurs du travail, l’application par les inspecteurs du travail des dispositions de
l’arrêté ministériel n° 12/CAB.MIN/TPS/116/2005 du 2 octobre 2005, fixant les modalités
de licenciement des travailleurs en son article 5 est suspendue jusqu’à nouvel ordre sur
toute l’étendue du territoire national. Tout employeur dont l’entreprise ou l’établissement se
trouve en difficulté pour des raisons d’ordre économiques ou de nécessités de
fonctionnement, doit demander l’autorisation de licenciement au ministre ayant l’Emploi, le
Travail et la prévoyance sociale dans ses attributions.
Les documents ci- après devront être joints à la demande d’autorisation : le bilan, le
barème salarial en cours ; le procès verbal de négociation avec la délégation syndicale
assistée des permanents syndicaux et à défaut avec les représentants légitimes des
travailleurs ainsi que leur accord explicite au regard de la situation de l’entreprise ou de
l(établissement ; la liste nominale des personnes visées en tenant compte des droits
conférés par l’ancienneté ; les postes de travail à supprimer ; les preuves de l’échec de
toute tentative de relance de l’entreprise telle que l’accès au crédit, élargissement
partenariat, replacement et recours aux institutions publiques.
Le ministre du travail doit prendre sa décision dans les 45 jours calendrier après avoir
informé les ministres ayant dans leurs attributions les relations économiques avec
l’entreprise, l’établissement ou le service concerné. A défaut, il est censé approuver la
demande (article 4 AM).
L’employeur autorisé à licencier pour motif économique doit respecter l’ordre des
licenciements établi, en tenant compte de la qualification professionnelle, de l’ancienneté
dans l’établissement et des charges de famille du travailleur concerné par la mesure du
licenciement. Les travailleurs présentant les moindres aptitudes ou qualifications
118
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
professionnelles pour les emplois maintenus seront licenciés en premier lieu et, en cas
d’égalité d’aptitudes professionnelles, les travailleurs les moins anciens, l’ancienneté étant
majorée d’un an pour le travailleur marié et d’un an pour chaque enfant à charge au terme
de l’article 7 du code de travail55. Ainsi, deux personnes engagées le même jour dont l’une
est mariée avec deux enfants et l’autre célibataire, verront, après deux ans de services,
leur ancienneté portée respectivement à 5 ans pour la première et à deux ans pour la
seconde. En cas de licenciement, la seconde sera frappée parce que n’ayant pas assez de
charges familiales.
Le travailleur licencié pour des raisons économiques bénéficie d’une priorité d’embauche
dans la même catégorie d’emploi pendant un an. L’employeur qui revient à meilleure
situation et qui désire engager du personnel, doit recourir en premier lieu aux travailleurs
licenciés pour des raisons économiques. Dépassé un an, ces travailleurs conservent le
même droit pendant une seconde année ; mais leur réintégration pourrait être soumise à
un essai professionnel ou à un stage probatoire dont la durée ne pourra dépasser celle de
la période d’essai conventionnel ou légal et à la production d’un certificat médical en cours
de validité.
55
Il s’agit des enfants tels que définis par le code de la famille, des enfants que le travailleur a adoptés ; des enfants
dont le travailleur a la tutelle ou la paternité juridique ; des enfants pour lesquels il est débiteur d’aliments
conformément aux dispositions du code de la famille. Un enfant entre en ligne de compte s’il est célibataire et
jusqu’à majorité en règle générale, jusqu’à l’âge de 25 ans révolus, s’il étudie dans un établissement de plein
exercice et sans limite d’âge, lorsqu’il est incapable d’exercer une activité lucrative en raison de son état physique
ou mental et que le travailleur l’entretient. N’entre pas en ligne de compte, l’enfant mineur engagé dans le lien
d’un contrat de travail ou d’apprentissage qui lui donne droit à une rémunération normale.
119
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
La doctrine distingue le licenciement opéré sans motif valable, appelé licenciement abusif,
du licenciement prononcé sans respect de la procédure, celui-ci est dit irrégulier.
Normalement les conséquences attachées à ces deux sortes de licenciement devraient
être différentes ; mais à l’état actuel de notre droit, cette distinction ne parait pas assez
importante. Ce qui fait que les cours et tribunaux déclarent indistinctement les
licenciements d’abusifs, peu importe la norme violée : de fond ou de forme.
La résiliation sans motif valable du contrat à durée indéterminée donne pour le travailleur à
une réintégration (article 63). A défaut de celle-ci, le travailleur a droit aux dommages et
intérêts fixés par le tribunal du travail calculés en tenant compte des services engagés, de
l’ancienneté du travailleur, de son âge et de ses droits acquis. Le montant des dommages
et intérêts ne peut être supérieur à 36 mois de sa dernière rémunération.
La réintégration constitue une innovation car cette sanction n’était pas prévue dans
l’ancien code du travail.
L’article 63 du code du travail dispose que la résiliation sans motif valable du contrat à
durée indéterminée donne droit, pour le travailleur, à des dommages intérêts fixés par le
tribunal du travail, compte tenu notamment de la nature des services engagés, de
l’ancienneté du travailleur dans l’entreprise, de son âge et des droits acquis à quelque titre
que ce soit. Les dommages intérêts prévus à l’alinéa précédent, ne se confondent ni avec
l’indemnité pour inobservation du préavis ni avec l’indemnité de licenciement
éventuellement prévue dans le contrat ou par la convention collective.
De ce texte, il se dégage que l’employeur auteur d’un licenciement déclaré abusif par le
tribunal du travail, est en principe, condamné à la réintégration. A défaut de celle-ci, aux
dommages intérêts et/ou à l’indemnité de licenciement.
b. L’indemnité de licenciement
Les parties à un contrat de travail ou à une convention collective peuvent stipuler qu’en
cas de licenciement, le travailleur aura droit à une indemnité de licenciement. Cette
indemnité ne se confond pas avec les dommages intérêts pour rupture abusive (56). Le
travailleur ne peut y prétendre que lorsque celle-ci avait été initialement prévue dans son
contrat de travail ou par la convention collective applicable à son entreprise. Quant à son
montant, il est clair qu’elle sera fixée conformément aux stipulations contractuelles ou
conventionnelles. A défaut de telles clauses, le tribunal pourrait alors se référer aux
critères légaux prévus à l’alinéa premier de l’article 63 et, éventuellement à tout autre
critère qu’il jugerait approprié au cas lui soumis étant donné le caractère énonciatif que
revêt l’énumération prévue à l’article 63 susdit.
c. La réintégration
Cependant, dans les pays qui organisent la rédintégration, celle-ci n’est pas obligatoire.
L’employeur a la latitude d’accepter ou de refuser la mesure de réintégration décidée par
le tribunal. En cas de refus, il doit au travailleur des dommages intérêts. C’est le cas en
RDC.
Dans les développements qui précédent, il a été dit que la partie qui prend l’initiative de la
rupture du contrat et davantage lorsque celle-ci émane de l’employeur, celui-ci doit notifier
sa décision, par écrit, à l’autre partie, en prenant soin d’en indiquer expressément les
motifs.
L’employeur doit en outre donner préavis, sauf cas de faute lourde. Et dans ce dernier cas,
l’employeur est tenu de se prononcer dans les quinze jours après avoir eu connaissance
des faits et il doit faire connaître les faits sur lesquels il fonde sa décision et ce par un écrit
réunis en mains propres et, en cas de refus, en présence de deux témoins lettrés.
Un licenciement effectué en violation de ces différentes règles de procédure est-il valable ?
D’emblée, il faut relever que notre législation du travail n’offre pas de pistes de solutions
claires et précises. Mais il demeure que ces différentes règles de procédure n’étant pas
prescrites à peine de nullité, un tel licenciement, quoiqu’irrégulier, n’est pas nul ; il peut
cependant donner lieu à une réparation.
L’on se demande cependant si sanctionner l’employeur qui ne respecte pas les règles de
forme alors que les faits reprochés à l’agent licencié ne prêtent à aucun doute, ne
reviendrait pas à accorder au travailleur une prime à sa délinquance ?
Dans notre pays, la question n’est pas encore clairement tranchée. Les cours et tribunaux
assimilent le licenciement irrégulier au licenciement abusif (c’est à dire sans motif valable)
et condamnent souvent l’employeur aux dommages intérêts.
Tel n’est pas cependant le cas en droit Français car l’article L 122-14-4 prévoit que le
licenciement d’un salarié entaché d’une irrégularité formelle, n’est pas nul, mais sanctionné
par l’allocation d’une indemnité d’un mois de salaire au plus (soc. 16 mars 1978, Bull Civ
V p. 150). Il est donc temps que notre législateur se penche sur la question pour proposer
une sanction appropriée, soit l’accomplissement de la formalité soit une réparation
symbolique au profit du travailleur dans le but de tenir l’employeur au strict respect de la
procédure, sans qu’il soit question de déclarer le licenciement abusif.
travail à la suite des pillages, voire la volonté unilatérale de l’entrepreneur d’arrêter ses
activités.
Dans tous ces cas, il y a cessation subséquente des contrats qui liaient l’entreprise au
personnel.
Le travailleur met fin au contrat de travail par la démission ou par le départ en retraite.
§1. La démission
C’est l’acte par lequel un travailleur renonce spontanément à l’exercice de ses fonctions.
Pour certaines catégories de fonctionnaires, la démission n’a d’effets que du jour de son
acceptation par l’autorité de nomination. La démission d’office est une procédure
équivalant à une révocation et prévue pour divers agents (ex. les titulaires d’une fonction
publique élective) dans le cas de certains manquements.
Dans notre pays, la démission n’est pas réglementée par le code du travail de manière
expresse. Il ressort en effet de l’article 72 alinéa 3 du code du travail que « tout contrat
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
peut être résilié pour faute lourde et que la partie qui en prend l’initiative est tenue de le
faire dans les quinze jours (…). Par cette seule disposition, l’on pourrait penser que la
démission n’est autorisée qu’en cas de faute lourde de l’employeur. Cela n’est pas le cas
parce que l’article 76 indique clairement que toute résiliation de contrat doit être notifiée
par écrit par la partie qui en prend l’initiative à l’autre partie.
Mais ce droit de résiliation unilatérale du contrat reconnue au travailleur doit être exercé
dans le respect de la procédure prévue par la loi. Celle-ci implique la notification de la
décision à l’employeur et l’observation d’un préavis.
Rappelons que l’article 76 du code prescrit que : « toute résiliation du contrat (c’est à dire
que la résiliation émane de l’employeur ou du travailleur), doit être notifiée par écrit par la
partie qui en prend l’initiative. En l’absence d’écrit, seule une manifestation de volonté
sérieuse et non équivoque chez le salarié peut justifier une rupture du contrat de travail. Il
en est ainsi lorsqu’un accord de principe intervient sur son départ. L’on peut considérer
que le salarié prend l’initiative de la rupture, s’il confirme cet accord en commençant à
l’exécuter en s’absentant pour chercher un nouvel emploi ou des stages, ou encore si
l’employé quitte la ville où il exerçait ses fonctions et prend effectivement un autre emploi.
Ainsi, le travailleur qui démissionne après un stage de six mois aux frais de l’entreprise
cause à cette dernière un préjudice matériel pour les frais déboursés, sans compter la
privation à l’entreprise des résultats qu’il devait donner après la formation reçue. Une telle
démission, entachée d’un abus du droit, ne peut que donner lieu à la réparation du
préjudice subi par l’employeur.
125
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
En droit français, il est prévu qu’en cas d’embauchage d’un travailleur démissionnaire, le
nouvel employeur est solidairement responsable du dommage causé à l’employeur
précédent dans les trois cas suivants :
- quand il est démontré qu’il est intervenu dans la rupture ;
- quand il a embauché un travailleur qu’il savait déjà lié par un contrat de travail ;
- quand il a continué à occuper un travailleur après avoir appris que ce travailleur était
encore lié à un autre employeur par un contrat de travail (art L 122 – 15, code du
travail, textes codifiés et textes annexes, 41e édition, jurisprudence générale, Dalloz,
1979.
Ainsi, dès lors que le contrat est rompu par une démission non équivoque, la procédure de
licenciement engagé postérieurement est sans effet. A l’inverse, une lettre de démission
établie par le salarié postérieurement à son licenciement est sans effet sur celui-ci et ne
saurait lui ôter son caractère abusif. La démission d’un salarié , motivée par le
comportement fautif de l’employeur peut être requalifiée en un licenciement sans motif
valable (sur cette question, lire utilement François Lefebvre, Mémento pratique, op.cit,
n°2652 et ss, pp 246 et 247).
Le bénéfice d’une pension de retraite est reconnu au travailleur qui atteint l’âge normal
d’admission à la retraite et qui a versé des cotisations régulières à la sécurité sociale.
eu bénéfice d’une pension de retraite est provisoirement fixé à 55 ans. A cet âge, le
travailleur a droit à la pension et non à la mise en retraite.
Ce décret sera modifié par l’O.L. n°68/491 du 20/12/1968 qui dispose : « le droit à la
pension de retraite s’ouvre à l’âge de 65 ans pour les hommes et 60 ans pour les femmes
en faveur de l’assurer qui justifie d’au moins 60 mois d’assurance ou des périodes
assimilées au cours de quarante derniers trimestres civils précédents celui au cours
duquel il a atteint l’âge d’admission à la pension.
Au 1er juillet 1989, l’âge provisoire d’admission au bénéfice d’une pension de retraite était
fixé à soixante deux ans pour les hommes.
Au cas où le travailleur désirerait exercer ce droit plus tard, l’employeur ne pourrait s’y
opposer que si, à la suite d’un examen médical d’aptitude au travail, le travailleur était
reconnu inapte à poursuivre la prestation de ses services. Il en découle qu’en principe, la
survenance de l’âge d’admission à la pension de retraite n’est pas une cause de résiliation
du contrat à l’initiative de l’employeur. Il appartient au travailleur, titulaire de ce droit, de
négocier le départ en retraire avec l’employeur ou de décider unilatéralement de quitter
l’entreprise. Dans ces cas, il va de soi que le travailleur devrait observer le préavis légal
pour permettre à l’employeur de pourvoir à son remplacement.
Aux termes de l’article 79 alinéa 1 du code du travail, « lorsque le contrat prend fin pour
quelque cause que ce soit, l’employeur est tenu de délivrer au travailleur un certificat
attestant la nature et la durée des services prestés, la date de début et de la fin des
prestations ainsi que son numéro d’immatriculation à l’INSS. Aucune autre indication ne
peut y être ajoutée. Ce certificat de fin des services doit être remis au travailleur au plus
tard deux jours ouvrables après la fin du contrat.
Il ressort de cette disposition que la délivrance du certificat de fin des services est une
obligation légale dont l’inexécution ou le retard d’exécution peut donner lieu à la réparation
dès lors qu’il est établi un préjudice subi par le travailleur. Cependant, il a été jugé que le
certificat de travail est quérable et non portable (civ 18 juillet 1934, DH 1934.557 ;soc
10.06.1960, Bull civ IV p.464 ; 17 janvier 1975, ibid V, p. 21).
Quant à son contenu, le certificat doit porter l’indication exacte des fonctions remplies en
dernier lieu par l’employé sans qu’il y ait lieu d’y ajouter une assimilation ou une insinuation
quelconque à d’autres fonctions.
Quant à la durée des services, le salarié qui a travaillé pour plusieurs sociétés d’un même
groupe a droit à un certificat faisant état de l’ensemble de son activité passée au service
de la même entreprise poursuivie sous des formes juridiques différentes.
Par ailleurs, le salarié peut obtenir l’allocation de dommages intérêts pour non délivrance
du certificat ou pour rédaction défectueuse de celui-ci, à la condition de justifier l’existence
d’un rapport de causalité et d’un dommage ou préjudice. Il peut en obtenir également pour
remise tardive du certificat dès lors que ce retard lui a causé un préjudice. En effet, l’avant
dernier alinéa de l’article 79 du code précise que le certificat doit être remis du plus tard
deux jours ouvrables après la fin du contrat. L’obligation imposée à l’employeur subsiste
après le décès du travailleur au profit de ses ayants droit pour leur permettre de prouver la
durée du travail que celui-ci a fourni.
128
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
L’obligation est prévue par l’article 100 du code du travail qui dispose que : « toute somme
restant due en exécution d’un contrat de travail, lors de la cessation définitive des services
effectifs, doit être payée au travailleur et le cas échéant, aux ayants droit de ce dernier, au
plus tard dans les deux jours ouvrables qui suivent la date de la cessation des services».
Tout travailleur, à l’occasion de son engagement, doit faire l’objet, dans les 48 heures,
d’une déclaration par l’employeur à l’inspection du travail. Cette formalité n’est pas exigée
dans les cas d’engagements au jour le jour et d’engagement du personnel domestique.
L’article 147 du code du travail dispose que le voyage retour est le parcours, à l’expiration
du contrat ou d’une période des services, de la distance du lieu d’exécution du contrat au
lieu de l’acceptation de l’engagement ou de la promesse d’engagement. Ces voyages
s’effectuent à la date, aux conditions et suivant les voies, horaires et moyens fixés
contractuellement sous réserves des dispositions du présent chapitre (chapitre VII du titre
VII du code du travail). Ils sont à charge de l’employeur.
Cette obligation est prescrite par l’article 52 du code du travail qui impose au travailleur de
restituer en bon état à l’employeur les marchandises, produits, espèces, et, d’une façon
générale, tout ce qui lui a été confié. Il n’est tenu pour responsable ni des détériorations,
ni de l’usure due à l’usage normal de la chose, ni de la perte fortuite. Il a été jugé que le
salarié ne peut être déclaré responsable pécuniairement que s’il a commis une faute
équipollente au dol (cass soc 19.5.1958, D. 1959, 20). Cette obligation s’impose au
travailleur en cours d’exécution du contrat comme à la cessation de celui-ci (cfr obligations
du travailleur).
Déjà développé dans le chapitre relatif aux obligations du travailleur, nous nous limiterons
ici simplement à rappeler les lignes maîtresses de cette obligation imposée au travailleur
après la fin du contrat.
En effet, cette interdiction de faire concurrence déloyale n’est opposable que lorsqu’elle a
été prévue par le contrat ou par la convention. La violation de cette interdiction est
sanctionnée par l’article 325 du CT. A cet effet :
- la cessation du contrat ne doit pas être imputable à l’employeur, càd qu’il ne doit pas
avoir commis une faute ayant occasionné la rupture du contrat ;
- le travailleur doit, par sa connaissance de l’entreprise (secrets de fabrique ou de
commerce) être à même de nuire à son ex employeur ;
- l’interdiction doit avoir une relation avec les activités du travailleur ;
- l’interdiction ne doit pas durer plus d’une année ;
- l’effet de l’interdiction est limité au ressort territorial dans lequel le travailleur fournissait
ses activités. Une controverse demeure autour du terme « zone » entité territoriale
correspondant actuellement à la « commune » dans les villes et au « territoire » en
milieu rural. En effet, d’après le code, l’interdiction ne s’applique pas en dehors de la
« commune » ou du « territoire » dans lequel le travailleur exerçait ses activités. Il
demeure que compte tenu de la densité de certaines communes et territoires, cette
interdiction est dépouillée de tout sens lorsque situé à l’extrême de la commune, le
travailleur se trouve matériellement dans l’impossibilité de créer une confusion entre
son exploitation et celle de son ancien employeur établi à l’autre extrême car dans ces
conditions, le détournement de la clientèle ne saurait être suffisamment établi.
L’obligation de la remise du reçu pour solde de tous comptes n’est pas prévue par le droit
congolais à charge du travailleur. En effet, appelée également reçu pour solde de tout
compte, la quittance pour solde de tout compte est une attestation écrite que le salarié fait
à l’employeur lors de l’expiration du contrat de travail et où il reconnaît avoir reçu l’intégrité
des sommes qui lui restaient dues. En droit congolais, un tel document ne constitue pas
une renonciation par le travailleur des droits qu’il teint du contrat, de la convention
collective, des règlements ou de la loi.
Par « litige individuel du travail », le législateur entend le conflit individuel survenant entre
un travailleur et son employeur dans ou à l’occasion de l’application :
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
En effet, dans la plupart des pays, les conflits individuels du travail sont soumis à des
juridictions d’exception en matière du travail : les conseils de prud’homme (en France et en
Belgique) et à des juridictions de travail en Afrique francophone ou bien à des
organisations purement professionnelles. On distingue donc deux techniques de solution
des conflits individuels de travail : la technique professionnelle et la technique judiciaire. Au
niveau de la technique professionnelle (cas des pays anglo-saxons) le litige est pris en
main par l’organisation syndicale ouvrière et résolu à un échelon quelconque par voie de
conciliation dans un cadre purement professionnel. Au niveau de la technique judiciaire, le
salarié recourt devant le juge de droit commun soit devant le tribunal du travail (RDC,
création des tribunaux spécialisés par le législateur de 1967, article 205 à 212 du code du
travail ; mais ces tribunaux n’ont jamais fonctionné). La loi n°73/008 du 5 janvier 1973
viendra abrogé les articles 206 à 212 du code du travail en instituant au sein des cours et
tribunaux de droit commun des chambres spécialisées pour connaître des litiges en
matière du travail. En pratique, ce sont des chambres civiles commerciales et des affaires
du travail qui connaissent des litiges en matière du travail.
L’OL n°82/020 du 31 MARS 1982 portant code d’OCJ prévoit dans l’article 153 que : « les
règles relatives à l’organisation et à la compétence prévues par la présente OL sont
applicables en matière du travail et d’après l’article 154, le tribunal du lieu du travail est
seul compétent sauf dérogation intervenue à la suite d’accords internationaux. Le juge de
droit commun est compétent pour résoudre les conflits de travail. Depuis le 16 octobre
2002, la loi n° 15/2002 portant code du travail a créé à nouveau les tribunaux de travail. En
attendant leur installation, les juridictions de droit commun demeurent compétentes pour
connaître des litiges individuels du travail (article 45, loi n° 16/2002 du 16 octobre 2002,
portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux du travail).
Pour le règlement des « litiges individuels du travail », l’article 298 du nouveau code du
travail dispose que ces litiges ne sont pas recevables devant les tribunaux du travail s’ils
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
La partie lésée a le droit d’adresser une plainte à l’inspecteur du travail. Cette plainte
contient l’exposé des griefs formulés contre l’autre partie. Dans la pratique, le plaignant qui
est généralement le travailleur, demande à l’inspecteur d’amener l’employeur à respecter
ou à appliquer une disposition légale, réglementaire ou contractuelle ; et à défaut par ce
dernier de se soumettre aux recommandations de l’inspecteur, de constater le désaccord
en vue de la saisine du tribunal du travail.
L’inspecteur qui reçoit la plainte convoque la partie adverse pour procéder à l’échange des
vues sur l’objet du litige et pour vérifier si les parties sont disposées à se concilier sur la
base des normes fixées par la législation, la réglementation ou les conventions collectives
ou le contrat individuel du travail. Aux séances de conciliation, les parties ont le droit de se
faire assister ou représenter. Les échanges des vues sont consignés dans un procès-
verbal, établi par l’inspecteur, constatant l’accord ou le désaccord. Ce procès verbal est
signé par l’inspecteur du travail et les parties qui en reçoivent ampliation.
En cas de refus par une des parties de signer le procès verbal, comme c’est
malheureusement bien souvent le cas, l’inspecteur porte mention « refus de signer » à
côté du nom de la partie concernée.
Si la conciliation réussit, l’inspecteur du travail dresse un procès verbal de conciliation. En
vue de conférer à ce procès verbal le caractère d’un jugement en dernier ressort et,
partant, la force exécutoire attachée à pareil jugement, à la demande de la partie
intéressée, la formule exécutoire est opposée sur le procès verbal par l’ordonnance du
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Par ailleurs lorsqu’une des parties ne comparait pas aux audiences de conciliation, bien
que régulièrement convoquée, l’inspecteur du travail établit un procès verbal de carence,
valant procès verbal de non conciliation. Cette pratique, quoique n’étant pas interdite par la
loi, tend malheureusement à créer une confusion entre le constat de la carence d’une des
parties avec l’absence de conciliation. En effet, s’il est permis de déduire du refus ou de
l’absence de comparution le rejet de toute conciliation par une des parties, il n’est pas
logique d’assimiler, dans tous les cas, l’absence de comparution au refus de conciliation. Il
serait recommandé de dresser deux procès verbaux : l’un constatant le refus de
comparution (PV de carence) et l’autre constatant la non conciliation, comme conséquence
logique de refus de comparaître.
D’après l’article 299 du code du travail, cette procédure de conciliation est interruptive des
délais de prescription. Dès la réception de la demande de conciliation à l’inspecteur du
travail, sous réserve toutefois que la demande devant le tribunal du travail, en cas de non
conciliation, soit formée dans le délai maximum de douze mois à compter de l’audience de
conciliation. Rappelons qu’une action en justice selon l’article 317 du code du travail, peut
être interrompue par :
- une action en justice ;
- l’arrêté des comptes dont le solde dû au travailleur demeure impayé ;
- la réclamation formulée par le travailleur auprès de l’employeur (avec accusé de
réception) ;
- la réclamation formulée par le travailleur devant l’inspection du travail
Pour contourner cette exigence en cas du dépassement du délai de douze mois appliqué
jusqu’à l’adoption du nouveau code, l’on recourait à la pratique de l’actualisation du procès
verbal. Cette pratique soulève d’après débats sur la validité du procès verbal caduc qui, en
réalité, ne devrait pas poser problème si le tribunal n’était pas saisi dans le délai de six
mois du procès verbal, mais dans le délai de trois ans qui est en principe le délai de
prescription en matière du travail.
Aux termes de l’article 45 de cette loi (voir au chapitre 4 relatif aux dispositions transitoires
et finales) « jusqu’à l’installation des tribunaux de travail, les juridictions de droit commun
demeurent compétentes pour connaître des litiges individuels du travail.
Le Tribunal compétent est celui du lieu du travail sauf accord international contraire (article
17). Néanmoins, lorsque la force majeure ou par le fait de l’employeur, le travailleur se
retrouve au lieu ou au siège de l’entreprise, le Tribunal du travail de ce lieu devient
compétent. Cette disposition a été influencée par la jurisprudence qui reconnaissait avant
cette loi que le tribunal du lieu du siège de l’entreprise était compétent dès lors que le
travailleur avait été forcé de quitter le lieu de travail après résiliation de son contrat pour
regagner le lieu d’engagement, ou lorsque l’agent se trouve au lieu du siège pour une
enquête sur les faits lui reprochés pendant qu’il s’y trouve en mission (article 17 alinéa 1).
Jusqu’à l’adoption de la loi de 2002 la compétence matérielle était réglementée par le code
d’organisation et de compétence judiciaires concernant les juridictions statuant en matière
civile. Elle est commandée par le taux du montant réclamé par la partie plaignante. C’est
dire que pour connaître la juridiction à saisir, il faut connaître le montant réclamé ; hors
dans la pratique les parties réclament généralement des dommages et intérêts élevés si
bien qu’elles ne saisissent que le tribunal de grande instance.
Les tribunaux de travail créés par la loi de 2002 sont compétents pour connaître de tous
les litiges individuels survenus entre le travailleur et son employeur dans ou à l’occasion du
contrat de travail, des conventions collectives ou de la législation et de la réglementation
de travail. Ces tribunaux sont également compétents pour connaître des conflits collectifs
du travail survenus entre un ou plusieurs employeurs d’une part, et un certain nombre de
membres de leurs personnel d’autre part, au sujet de conditions de travail lors qu’ils sont
de nature à compromettre la bonne marche de l’entreprise ou la paix sociale ( cfr. infra).
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Le tribunal du travail est composé d’un président, des juges et des assesseurs. Les juges
assesseurs sont désignés pour un mandat de deux ans par le ministre du travail sur base
des listes proposées par les organisations professionnelles des employeurs et des
travailleurs ; tandis que le président ainsi que les juges sont désignés parmi les juges du
tribunal de grande instance. Le principe est que le juge assesseurs doivent être étrangers
à l’entrepris ou aux entreprises affectées par les litiges individuels ou les conflits collectifs.
Rappelons que les litiges individuels du travail ne sont recevables devant les tribunaux de
travail que lorsqu’ils ont été préalablement soumis à la procédure de conciliation à
l’initiative de l’une de parties devant l’inspecteur du travail.
Le tribunal du travail est saisi par une requête écrite ou verbale du demandeur ou de son
conseil. La requête écrite est datée et signée par son auteur et déposée entre les mains du
greffier qui en accuse réception. Tandis que la requête est actée par le greffier et signée
conjointement par le greffier et le déclarant. Le P.V de non-conciliation ou de conciliation
partielle dressé par l’inspecteur du travail du ressort doit être obligatoirement joint à la
requête. En attendant, l’installation des tribunaux de travail, les juridictions de droit
commun compétentes pour connaître des litiges de travail sont saisies conformément aux
modes de saisine prévues par les textes qui les régissent.
Dans les huit jours à dater de la requête, le président de la juridiction fixe l’audience à
laquelle l’affaire sera examinée et désigne les juges assesseurs qui seront appelés à
siéger. Ils sont choisis parmi ceux qui appartiennent à la même branche d’activité
économique concernée par le litige. Le greffier convoque les parties par lettre
recommandée à la poste contre récépissé ou par lettre remise à la personne, ou à
domicile ou au siège social selon le cas par l’huissier de justice avec accusé de réception
signé par le destinataire ou une personne habitant avec lui. La convocation doit
mentionner le lieu, la date et l’heure de l’audience ainsi que le nom, la dénomination
sociale, la profession, le domicile ou le siège des parties.
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Le délai de comparution est de huit jours francs (entre la date figurant à l’accusé de
réception et la date de l’audience). Dans le cas qui requiert célérité, le président du tribunal
peut, par ordonnance rendue sur requête, permettre de convoquer à bref délai.
Les remises dans une affaire portée devant le tribunal de travail ne peuvent dépasser le
nombre de trois. A la troisième audience, l’affaire doit être plaidée et communiquée au
ministère public pour avis et ce dernier doit intervenir dans un délai de quinze jours à partir
de la réception du dossier au parquet.
Toute fois, le tribunal peut, à la requête d’une partie justifiant de motif valable, accorder
une quatrième et dernière remise. Les tribunaux du travail rendent leur jugement dans le
délai de quinze jours à partir de la prise en délibéré. Lors du délibéré, les juges
assesseurs ont voix délibérative et les décisions sont prises à la majorité de voix. Un juge
assesseur peut-être récusé si :
- lui ou son conjoint a un intérêt quelconque au litige ;
- si lui ou son conjoint est parent ou allié de l’une des parties jusqu’au second
degré ;
- si dans l’année qui précède la récusation, il y a eu une action judiciaire civile
ou pénale contre lui ou son conjoint et l’une de parties ;
- s’il a donné un avis écrit sur le litige ;
- s’il est employeur ou travailleur de l’une des parties.
La partie qui désire récuser un juge assesseur doit le faire avant le débat et en exprimer le
motif à l’audience soit verbalement soit par une déclaration motivée revêtue de sa
signature. Le juge assesseur récusé donne verbalement ou par écrit, sa réponse, portant
acquiescement soit refus. La juridiction à laquelle il appartient statue toutes affaires
cessantes sur la récusation, la partie récusante entendue. Il est évident que le juge
assesseur mis en cause ne peut faire partie de la chambre appelée à statuer sur la
récusation. En cas de rejet de la récusation, le juge assesseur ayant fait l’objet de
récusation rejetée poursuit l’instruction de l’affaire. La partie récusante peut interjeter appel
mais si la récusation est maintenue par la juridiction d’appel celle-ci peut condamner le
récusant entendu à une amende de 10.000FC à 30.000FC constants sans préjudice des
dommages-intérêts en faveur du juge assesseur mis en cause.
Les jugements rendus par les tribunaux du travail sont susceptible d’opposition et d’appel
dans les mêmes conditions qu’en matière civile. L’opposition est faite devant la juridiction
qui a rendu le jugement par défaut ; et l’appel est relevé devant la Cour d’appel.
Cependant en cas de force majeure dûment justifiée l’appel peut être forme au greffe du
tribunal qui a rendu le jugement. Le greffier, dans ce cas, doit en aviser immédiatement le
greffier de la juridiction d’appel.
Le ressort de l’Inspecteur du travail attaché à l’IGT s’étend sur toute l’étendue du territoire
national. Celui de l’Inspecteur attaché en provinces ou dans la ville de Kinshasa se limite à
la juridiction administrative d’attache. Pour des raisons pratiques, la ville de Kinshasa est
subdivisée en plusieurs ressorts.
Dans le cadre de leur mission, pour autant qu’ils soient munis des pièces justificatives, les
Inspecteurs du travail sont autorisés à :
- pénétrer librement, sans avertissement préalable à toute heure du jour ou de la nuit,
dans tout établissement ou local assujetti à leur contrôle ;
- procéder à tout examen, contrôle ou enquête nécessaires ; interroger toute
personne ; demander communication de toute pièce ;
- exiger l’affichage des avis prévus par la loi, prélever ou emporter les échantillons
des matières premières aux fins d’analyse ;
- faire appel à la coopération de toute personne ou service jugés nécessaires ;
- constater la violation des dispositions légales et réglementaires par des procès-
verbaux ;
- formuler des recommandations et prodiguer des conseils aux employeurs et aux
travailleurs ;
- mettre l’employeur en demeure de veiller au respect des dispositions légales ;
- ordonner la prise des mesures exécutoires immédiates jugées nécessaires.
Nous visons ici, aussi bien les organisations des travailleurs (appelées communément
organisations syndicales ou syndicats) que les organisations des employeurs. Il s’agit de
part et d’autre des associations créées pour la défense des intérêts professionnels ainsi
que le progrès social, économique et moral de leurs membres.
Le terme syndicat désigne toute organisation professionnelle constituée en vue de l’objet
défini ci dessus.
Le principe de la liberté syndicale est proclamée généralement en droit interne par le texte
constitutionnel d’un Etat ; il est garanti pour son exercice dans tous les domaines et
spécialement, en matière professionnelle, par une loi (article 230 code du travail) ; et il est
aussi reconnu en droit international (Convention n° 87 de l’OIT).
Les travailleurs bénéficient d’une protection appropriée contre tous les actes de
discrimination tendant à porter atteinte à la liberté syndicale en matière d’emploi (article
234).
139
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Aussi, le salarié élu à une fonction syndicale permanente bénéficie d’une protection
pendant toute la durée de son mandat. Cette protection est nécessaire contre les
pressions exercées par l’employeur pour que le travailleur ne se syndique pas, et contre
les actes de concurrence déloyale auxquels les organisations syndicales pouvaient se
livrer entre elles.
En effet, sur le plan international, l’OIT a reconnu la liberté syndicale dans les conventions
n°87 de 1948 et dans la convention n°98 de 1949. Elle a même mis en place une
procédure spéciale de plaintes en matière de liberté syndicale. La liberté syndicale
comprend un aspect individuel et un aspect collectif.
Toute personne a la faculté d’adhérer à un syndicat de son choix s’il en existe plusieurs ;
de ne pas adhérer enfin, la faculté de se retirer du syndicat. Il est important que cette
liberté soit garantie et le législateur contemporain s’efforce de protéger la liberté syndicale
contre deux dangers qui la menacent, c’est à dire l’employeur et le syndicat.
Cette protection doit être assurée à des moments essentiels de la vie professionnelle : au
moment de la conclusion et de la rupture du contrat de travail.
140
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Le problème peut se poser dans les pays à pluralisme syndical ; lorsque les
salariés refusent de se syndiquer ou décident de se retirer puisque le syndicat est
facultatif.
La loi dispose que les organisations professionnelles peuvent se constituer librement. D’où
une doctrine s’est élaborée pour préciser les rapports entre le mouvement syndical et
l’Etat ; doctrine fondée sur le principe de l’autonomie ou de l’indépendance.
Les syndicats peuvent se constituer librement sans aucune autorisation préalable sous
réserve de remplir les formalités prévues par la loi. Cela signifie que l’Etat n’intervient pas
dans la constitution d’une organisation professionnelle. L’obligation de joindre des
exemplaires des statuts de l’organisation requérante à la demande d’enregistrement au
registre des syndicats des travailleurs n’équivaut pas à l’obtention d’une autorisation.
L’Etat doit s’abstenir de toute ingérence dans la formation du syndicat, lequel est un
groupement privé.
Aucune autorisation préalable n’est requise pour constituer une organisation
professionnelle (article 231 du code du travail). Le pouvoir public ne peut s’immiscer dans
le choix des dirigeants du groupement ni le dissoudre par voie administrative.
141
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Ainsi, les travailleurs et les employeurs ont le droit sans autorisation préalable de
constituer des organisations. Elles ont le droit de constituer entre elles des fédérations et
des confédérations ainsi que celui de s’y affilier ; et toute organisation, fédération ou
confédération a le droit de s’affilier à des organisations internationales des travailleurs et
d’employeurs. Les organisations de travailleurs et d’employeurs ont le droit d’élaborer leurs
statuts et règlements administratifs, d’élire librement leurs représentants, d’organiser leur
gestion et leur activité, et de formuler leur programme d’action. Les autorités publiques
doivent s’abstenir de toute intervention de nature à limiter ce droit ou à en entraver
l’exercice légal. Ces organisations ne sont pas sujettes à dissolution ou à suspension par
voie administrative ; pareilles mesures ne pourraient être prises que par une décision
judiciaire. Enfin, l’acquisition de la personnalité juridique par les organisations
professionnelles ne peut être subordonnée à des conditions de nature à mettre en cause
l’application des dispositions énoncées ci dessus. La convention n°98 de l’OIT pose un
principe selon lequel les organisations des travailleurs et d’employeurs doivent bénéficier
d’une protection adéquate contre tous actes d’ingérence des unes à l’égard des autres
dans leur formation, leur fonctionnement ou leur administration.
Sont notamment assimilées à des actes d’ingérence , des mesures tendant à provoquer la
création d’organisations des travailleurs dominées par un employeur ou une organisation
d’employeurs, ou à soutenir des organisations des travailleurs par des moyens financiers
ou autrement, dans le dessein de placer ces organisations sous contrôle d’un employeur
ou d’une organisation d’ employeurs. Cette disposition n’interdit évidemment pas une unité
d’action entre les organisations syndicales (front commun syndical) ou entre les
organisations patronales.
Notons que des organisations mixtes auxquelles seraient affiliés les travailleurs et les
employeurs sont inconcevables. Le mouvement syndical est autonome, indépendant par
rapport à l’Etat à condition qu’il respecte les lois. Mais actuellement, cette liberté n’est plus
complète parce que l’Etat moderne a tendance à rechercher la collaboration des syndicats
ou des unions dans plusieurs activités d’intérêt public, et le caractère privé du syndicat fait
place à un syndicat semi public ou parapublic réduisant son autonomie d’une part, mais
augmentant son importance sur le plan pratique d’autre part. On peut, en définitive, dire
qu’à l’indépendance réciproque des syndicats et de l’Etat s’est substituée une mutuelle
dépendance.
Les organisations syndicales doivent être traitées sur un même pied d’égalité, dans la
mesure où chacune d’elles a contribué au respect de la paix social et à la vie économique
142
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Il s’agit en réalité de l’égalité des droits et des obligations donnant à chaque syndicat une
égalité de chance face aux organisations concurrentes. L’égalité laisse en effet subsister
entre les syndicats, de notables différentes de taille, d’influence et d’émulation (57).
Ainsi, on a été amené dans les pays à pluralisme syndical, à établir une certaine hiérarchie
entre les groupements et à adopter la notion de « syndicats le plus représentatif ». Cette
expression n’est pas synonyme du syndicat seul représentatif parce que tous les syndicats
sont représentatifs de leurs membres et de la profession dont ils ont la mission de
défendre les intérêts. C’est seulement pour des fonctions et dans des circonstances
déterminées que certains syndicats se voient dotés de certaines prérogatives notamment
au niveau de l’entreprise où ils jouent un rôle déterminant dans la représentation du
personnel, ils sont seuls habilités à conclure des accords collectifs d’établissement. Sur le
plan national, leur intervention se manifeste dans la conclusion des conventions collectives
ordinaires ou susceptibles d’extension, dans le règlement des conflits de travail au niveau
de la conciliation et dans l’élaboration des règles régissant les rapports de travail. Sur le
plan international, ils représentent les travailleurs à la conférence générale de l’OIT, c’est à
dire qu’ils participent à l’élaboration des normes de droit du travail susceptibles de
s’appliquer en droit interne.
- ne pas avoir été condamné pour une infraction de droit commun, à l’exception de
délit de presse, à une peine de servitude pénale principale de trois ans, sans
bénéficier de la réhabilitation.
b) L’objet licite
Le syndicat est nécessairement professionnel ; d’où son objet doit être licite, et, il l’est,
toutes les fois qu’il est conforme au but du syndicat qui est la défense des intérêts
professionnels. Tout syndicat enregistré jouit de la personnalité civile et a le droit
d’acquérir à titre gratuit ou onéreux les biens nécessaires à la promotion et à la
défense des intérêts de ses membres. L’objet est illicite lorsque le syndicat exerce des
activités qui lui sont interdits, notamment les activités politiques, confessionnelles
(propagande religieuse) ; ou commerciale.
a) la rédaction des statuts : laquelle est libre et qui doit prévoir les conditions
d’adhésion, le but et l’objet du syndicat.
b) les statuts doivent être enregistrés au ministère du travail et de prévoyance sociale
sur le registre des syndicats des travailleurs et d’employeurs ; la demande doit
mentionner :
q l’identité complète des dirigeants du syndicat ;
q l’objet du syndicat ;
q le mode de nomination ;
de la direction du syndicat ;
q les règles relatives à la gestion financière du syndicat à la périodicité de
L’organisation interne du syndicat est librement décidée dans les statuts sous la seule
condition de respecter les règles légales.
Le syndicat étant une personne morale, les adhérents auront en principe un contrôle sur le
syndicat et, en échange, le syndicat exercera une certaine discipline sur les membres
adhérents.
Enfin, le syndicat exerce sur ses membres un certain pouvoir disciplinaire d’exclusion
ou la mise à l’index.
La responsabilité contractuelle à l’égard des adhérents puisque le syndicat est lié à eux
par un contrat. Chaque fois qu’il viole un engagement né d’une convention collective,
sa responsabilité est engagée.
La responsabilité délictuelle ou quasi délictuelle est fondée sur l’article 258 du CCC, l
III.
C’est à propos des conflits de travail que cette responsabilité a surtout été recherchée
soit par des employeurs, soit par des tierces victimes d’un arrêt de travail par exemple
en cas de grève déclenchée en violation des règles fixées par les conventions
collectives. Le syndicat dispose aussi du droit d’ester en justice, soit comme
demandeur, soit comme défendeur.
C’est la plus importante parce qu’elle ne trouve des limites que dans l’imagination des
syndicalistes eux – mêmes. Cette activité est, d’abord destinée aux adhérents à qui
sont fournis les lieux des réunions, les bibliothèques, les services d’information de
documentation et où sont données des consultations. Ensuite, les grands mouvements
syndicaux s’accompagnent des grèves, des défilés publics, des conférences de presse,
parfois même des interventions sur le lieu de travail. Aussi, les pouvoirs publics ont
recours à maintes reprises, à la collaboration des syndicats. Enfin, la négociation des
conventions collectives est la place reconnue aux syndicats au sein de l’entreprise.
147
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
La dissolution d’un syndicat peut intervenir de plein droit dans les cas ci-après :
- Si l’objet en vue duquel il a été constitué est atteint ;
- Si les deux tiers des membres réunis en Assemblée Générale votent la dissolution.
Un syndicat peut être également dissout par décision de justice. Mais il n’est pas
susceptible de dissolution ni de suspension par voie administrative. En cas de dissolution
d’un syndicat, les biens ne peuvent être répartis entre membres adhérents. L’actif ne peut
être transféré sous forme de don, qu’à un autre syndicat, légalement constitué ou à des
œuvres d’assistance ou de prévoyance sociale. En principe, les biens d’un syndicat
dissout sont dévolus conformément aux statuts. Un syndicat peut être radié du registre par
le Ministre ayant le travail et la prévoyance sociale dans ses attributions en cas de
dissolution volontaire décidée conformément aux statuts ou de décision de justice.
Les membres et les délégués syndicaux appelés à participer à ces stages ou sessions de
formation ont droit à un congé rémunéré d’éducation ouvrière de 12 jours par an, non
déductible du congé annuel.
Le membre ou le délégué ayant pris part à la formation est tenu sous peine de perdre
l’allocation de congé y afférente, de produire, dans les deux jours suivant la reprise du
travail, une attestation constatant son assiduité et énumérant les matières dispensées.
La représentation des travailleurs dans les établissements de toute sorte est assurée par
une délégation élue.
1. Tout établissement qui occupe au moins vingt travailleurs doit disposer des
délégués du personnel
Sont éligibles, tous les électeurs sans distinction de sexe ou de nationalité à condition
d’avoir vingt et un an accomplis et une ancienneté de six mois, sauf s’il s’agit d’entreprises
nouvelles ou lorsque le personnel a augmenté de plus de 25% au cours des douze mois
qui précèdent l’élection dans l’entreprise ; et à condition d’être présenté par l’organisation
syndicale (qui fonctionne légalement et dont le champ d’activités s’étend à l’entreprise).
Sont exclus, les candidats qui ont fait l’objet de condamnation à plus d’un an de servitude
pénale ; le candidat ne doit pas avoir participé à une grève illicite et ne doit pas exercer
des fonctions de direction dans l’entreprise. Le contentieux électoral (les contestations
relatives à l’électorat, à l’éligibilité et à la régularité des élections) sont soumis en premier
ressort au tribunal de sous-région et en dernier ressort au tribunal de grande instance.
La durée du mandat des délégués est de trois ans. Il est renouvelable dans ce sens qu’un
délégué peut être réélu. Il perd sa qualité de délégué s’il cesse de remplir les conditions
d’éligibilité, s’il quitte ou perd son emploi ou s’il se fait désavouer par les travailleurs de
l’entreprise membres de son syndicat pour une faute lourde commise dans l’exercice de
149
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
son mandat syndical ou s’il fait l’objet d’une mesure disciplinaire dûment prononcée par les
organes statutaires de son syndicat (article 257). En cas de vacance du mandat avant
l’expiration du terme, par démission, décès ou toute autre manière, le suppléant achève le
mandat de celui qu’il remplace
Chaque délégation doit établir un règlement d’ordre intérieur en accord avec le chef
d’entreprise, ce règlement doit être homologué par l’inspection du travail.
Il est prévu des réunions de la délégation avec l’employeur ou son représentant (les
délégués désignent parmi eux le président et vice président). A la fin de chaque réunion,
l’employeur fait dresser un P.V. signé par tous les membres et expédié dans la quinzaine à
l’inspecteur du travail du ressort. L’inspecteur du travail peut assister aux réunions.
1°) L’inspecteur du travail joue le rôle de tutelle des délégations des travailleurs (ex : en
cas de carence de l’employeur, l’inspecteur du travail fixe et organise les élections).
- il a le droit d’assister aux réunions de la délégation qu’il peut provoquer et présider
à la demande de la majorité des délégués ;
- il reçoit les plaintes des délégués des travailleurs quand il effectue une visite
d’inspection dans l’établissement ;
151
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Il était nécessaire d’assurer une protection particulière (contre les licenciements arbitraires
de l’entreprise) aux représentants du personnel en vue de leur permettre d’exercer leurs
pouvoirs en toute liberté et en toute indépendance.
Tout licenciement d’un délégué titulaire ou suppléant envisagé par son employeur ainsi
que toute mutation faisant perdre la qualité de délégué sont soumis à la condition
suspensive de leur approbation par l’Inspection du Travail du ressort. Mais en cas de
faute lourde, l’employeur pourra suspendre les fonctions du délégué syndical, prononcer
sa mise à pied provisoire. Le licenciement dans ce cas n’interviendra qu’après la décision
de l’Inspecteur du travail. Ce dernier doit se prononcer dans le mois à partir du jour où
l’employeur lui a fait connaître la mesure prise ou envisagée.
S’il ne se prononce pas dans le délai imparti, le code présume qu’il approuve la mesure
prise.
Si le motif évoqué par l’employeur est une faute lourde, il peut prononcer la suspension
des fonctions de l’intéressé dans les conditions prévues à l’article 72 du code du travail.
Cet article accorde à l’employeur la faculté de suspendre le travailleur, auteur d’une faute
lourde, dans les deux jours à compter de la prise de connaissance des faits. Dans tous les
cas, le licenciement ne devient effectif qu’après décision de l’Inspecteur du travail.
152
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Le code du travail reconnaît aux travailleurs et aux employeurs, ainsi qu’à toutes les
personnes occupées dans l’agriculture, le droit de se constituer en organisation ayant
exclusivement pour objet l’étude, la défense et le développement de leurs intérêts
professionnels ainsi que le progrès social, économique et moral de leurs membres (article
230).
Le CNT est un organisme consultatif institué par l‘article 223 du code du travail auprès du
ministère du travail et de la prévoyance sociale pour mener des études en matières
économique, financière et sociale. Nous examinerons successivement son objet, sa
composition et son fonctionnement.
Dans plusieurs de ses dispositions, le code du travail se borne à édicter la règle applicable
et en laisse les modalités d’exécution au ministre du travail et de la prévoyance sociale. Il
en est notamment ainsi des dispositions relatives à la production de la preuve de l’aptitude
physique avant l’embauche ; de la forme et de preuve du contrat de travail, de la fixation
58
O.L. n°72/028 du 27juillet 1972, J.O. 1er mai 1972 in code du travail II, mesures d’application, 15e édition, mise
à jour au 31 octobre 1990, édition CADILEC, Kinshasa, pp.52&53
153
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
des taux minima des salaires par catégories professionnelles ; de la rémunération des
heures supplémentaires et de la réglementation du travail de nuit.
Dans certaines matières notamment dans la fixation du taux de salaire, l’avis du CNT doit
être obligatoirement requis par le ministre du travail avant de soumettre sa proposition à la
signature du président de la république.
Les membres représentant l’état proviennent des ministères du plan, des affaires sociales,
des finances, de l’économie, de la fonction publique, de la santé et de l’éducation.
Les représentants des travailleurs et des employeurs sont désignés sur proposition des
organisations professionnelles reconnues les plus représentatives par le ministère du
travail. Le caractère représentatif d’une organisation des travailleurs est déterminé par le
nombre des suffrages recueillis aux élections des représentants des travailleurs dans
l’entreprise ; tandis que le caractère représentatif d’une organisation d’employeurs est
déterminé par le nombre de travailleurs occupés dans les entreprises qui en sont
membres. A défaut d’organisations pouvant être regardées comme suffisamment
représentatives, les sièges sont attribués aux travailleurs et aux employeurs sont désignés
directement par le ministre du travail.
Le CNT peut, dans le cadre de ses travaux, inviter des fonctionnaires qualifiés ou des
personnalités compétentes en matière économique, médicale ou sociale ; il peut même
demander aux administrations compétentes tous documents ou informations utiles à
154
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Le CNT se réunit sur la convocation de son président, soit de sa propre initiative, soit à la
demande de la majorité de ses membres. La lettre de convocation indique l’ordre du jour
des travaux. Elle est accompagnée d’une documentation préparatoire.
Le CNT siège valablement à la majorité de ses membres (la moitié au moins) ; toutefois,
lorsque le quorum n’est pas atteint, le président peut décider d’ouvrir les débats sans que
cela nuise à la validité des avis émis par les membres présents. Chaque séance du conseil
donne lieu à l’établissement d’un PV. Celui-ci est signé par le président et le secrétaire et
une ampliation est adressée par ce dernier à tous les membres du conseil.
Le conseil se réunit au moins deux fois par an. La durée du mandat des membres est de
deux ans renouvelable. Il est en principe gratuit (59). L’employeur d’un membre du CNT est
tenu de lui assurer le temps nécessaire pour assister aux réunions. Ce temps est
considéré comme temps de service pour le calcul de l’ancienneté et des droits aux congés.
L’institution de la commission paritaire est obligatoire toutes les fois qu’il s’agit d’étendre ou
de réduire l’extension d’une convention collective.
59
Sur la création du CNT, son fonctionnement et les indemnités allouées à ses membres, lire les ordonnances
n°68/42 du 20 janvier 1968, n°73/369 du 7.12.1973 et l’arrêté n°0027/73 du 28.08.1973 in MC n°5 du 01.03.1968
et J.O. 01.03.1974.
155
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Les employeurs des travailleurs désignés membres d’une commission paritaire sont tenus
d’accorder à ces derniers un congé correspondant au temps nécessaire à l’exercice de
leur mission. Ce congé n’affecte pas les droits des travailleurs concernés en ce qui
concerne l’ancienneté et le congé annuel. En aucun cas, l’absence d’un travailleur membre
d’une commission paritaire, ne peut constituer un motif valable de licenciement.
Au sein des commissions paritaires, le ministre du travail peut constituer des sous
commissions.
L’arrêté ministériel n°0057/71 du 20 juillet 1971 (J.O. du 15 mars 1972) prévoit en matière
de sécurité sur le lieu du travail des dispositions applicables aux entreprises industrielles et
commerciales, aux services et établissements classés comme dangereux, insalubres et
incommodes, à l’exception des établissements classés où le patron ne travaille qu’avec les
membres de sa famille habitant chez lui.
Le législateur prévoit à l’article 167 que toute entreprise ou tout établissement de quelle
que nature que ce soit occupant des travailleurs a l’obligation de constituer un comité de
sécurité, d’hygiène et d’embellissement du lieu du travail.
156
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
C’est dire que les lieux de travail doivent être tenus dans un constant état de propreté et
présenter les conditions de sécurité, d’hygiène et d’embellissement nécessaires à la santé
du personnel. Ils doivent être aménagés de manière à garantir la sécurité des travailleurs
(Cfr Chapitre 5 du nouveau code du travail relatif à la lutte contre les nuisances). C’est
dans ce cadre qu’il est interdit de procéder à la vente, à la location, à l’exposition ou à la
cession de tout autre type de machines dont les éléments dangereux sont dépourvus des
dispositifs de protection appropriée (article 173). Un service spécial de sécurité, d’hygiène
et d’embellissement des lieux du travail a été institué dans chaque entreprise en vue
d’assurer la surveillance technique des travailleurs, la surveillance sanitaire des lieux de
travail ainsi que l’animation et la formation général des travailleurs. Ce service spécial est
assuré par un cadre dénommé Chef de service de sécurité, d’hygiène et d’embellissement
des lieux de travail.
Nous pouvons dire qu’il y a une extension du champ d’application de ce comité d’hygiène
et de sécurité.
Les représentants des travailleurs sont désignés par la délégation élue des travailleurs
parmi les plus anciens et les plus qualifiés.
Le président est élu par le comité à la majorité absolue pour une durée d’un an. Son
mandat ne peut être renouvelé plus de deux fois consécutivement. La durée du mandat
des représentants des travailleurs est d’un an ; toutefois, la moitié parmi les délégués
désignés lors de la constitution d’un CSH sera mandatée pour une période de deux ans.
Le CSH se réunit obligatoirement tous les mois ; toutefois, en cas d’accident grave ou de
circonstances particulières, des réunions extraordinaires doivent être tenues même en
comité restreint si le délai est trop long pour réunir l’effectif complet.
Les travaux du CSH sont consignés dans un PV tenu mensuellement à la disposition du
service des mines à Kinshasa, à la division du bureau minier provincial et éventuellement
au service chargé de l’hygiène.
Deux catégories des normes seront examinées dans ce chapitre. D’abord la convention
collective qui demeure, à côté du contrat individuel du contrat, une des principales
sources des rapports du travail, ensuite, le règlement d’entreprise.
1. La définition
158
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
L’article 266 du code du travail définit la convention collective comme étant un accord écrit
relatif aux conditions et aux relations de travail conclu entre, d’une part, un ou plusieurs
employeurs ou un ou plusieurs syndicats d’employeurs et, d’autre part, entre un ou
plusieurs syndicats des travailleurs.
L’article 278 du code du travail limite clairement le contenu de la convention collective. Cet
article distingue deux ordres des normes qu’il convient de mentionner dans une convention
collective. Il s’agit d’abord des normes obligatoires qui doivent figurer dans toute
convention collective ; ensuite, des normes facultatives dont l’insertion dans la convention
relève de l’appréciation des parties contractantes.
Doivent obligatoirement figurer dans une convention collective, les mentions ci-après
(article 279 du CT) :
- le lieu et la date de conclusion ;
- les noms et qualités des contractants et signataires ;
- l’objet, le champ d’application professionnel et territorial et la date d’entrée en vigueur ;
- les modalités de perception par retenue à la source et de versement par les
employeurs de la cotisation syndicale des travailleurs à l’organisation professionnelle
intéressée ;
- la procédure de conciliation et d’arbitrage à observer pour le règlement des conflits
collectifs entre employeurs et travailleurs liés par la convention.
Cependant, les parties sont libres de faire figurer dans la convention, les éléments ci-
après, sans que cette énumération soit limitative.
- le libre exercice du droit syndical ;
- les salaires applicables par catégories professionnelles ;
- les conditions d’embauchage et de licenciement des travailleurs ;
- la durée de la période d’essai et celle du préavis ;
- les congés payés ;
- les modalités d’exécution des heures supplémentaires et leurs taux ;
- les primes d’ancienneté et d’assiduité ;
- les indemnités de déplacement ;
- les conditions générales de la rémunération au rendement lorsque un tel mode de
rémunération sera reconnu possible ;
- la majoration pour travaux pénibles, dangereux ou insalubres ;
- l’organisation et le fonctionnement de l’apprentissage et de la formation professionnelle
dans le cadre de la branche d’activité considérée ;
- l’organisation, la gestion et le financement des services sociaux et médico-sociaux ;
- et en général, toutes dispositions ayant pour objet de régler les rapports entre
employeurs et travailleurs d’une branche d’activités déterminée.
159
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
L’on aperçoit de ce qui précède que la convention collective est soumise, quant à son
contenu, au principe de l’autonomie de la volonté des parties. En effet, les parties sont
libres de poser dans la convention collective les dispositions qu’elles jugent appropriées
pour régir leurs rapports professionnels. Cependant, cette liberté est loin d’être absolue car
le législateur prévoit des normes d’ordre public càd celles qui doivent nécessairement
figurer dans la convention, laissant ainsi aux parties les soins d’y prévoir d’autres qu’elles
estimeraient susceptibles de garantir l’harmonie dans l’entreprise.
L’énumération des mentions d’une convention collective examinée ci-haut conduit à devoir
distinguer les dispositions normatives individuelles de dispositions normatives collectives.
Les premières ont pour objet de fixer les droits et obligations de chaque travailleur et de
chaque employeur relevant du champ d’application de la convention collective. Elles
concernent les conditions de travail au sens large de l’expression et s’intègrent dans les
contrats individuels. Exemples : la fixation des rémunérations, les modalités de liaison des
rémunérations à l’évolution de l’indice des prix, l’octroi des primes, etc.
Les dispositions normatives collectives sont celles qui concernent les relations collectives
entre l’employeur et les travailleurs au sein de l’entreprise, alors même qu’il en résulterait
aussi certains droits en faveur du travailleur individuel. Il en est ainsi de la fixation du statut
de la délégation syndicale, de l’organisation d’une procédure de conciliation en cas de
conflit collectif du travail. A côté de ces dispositions normatives, il en existe d’autres qui
sont, elles, créatrices d’obligations.
Ces dispositions ne concernent que les parties contractantes, c.à.d les organisations
syndicales et patronales signataires ou ; le cas échéant, les organisations syndicales et un
ou plusieurs employeurs. Il est en effet généralement admis que toute convention
collective comporte implicitement deux obligations pour les parties contractantes : un
devoir de paix sociale et l’obligation d’exécution loyale de la convention.
compromettre la loyale exécution. Les syndicats sont, en outre, tenus de veiller au respect
par leurs membres des stipulations de la convention collective. Ils en sont garants dans la
mesure où la convention le détermine ». Cependant en l’absence de stipulation expresse à
cet égard, le devoir de paix sociale n’est que relatif en ce sens qu’il ne concerne que les
questions réglées par la convention.
Ne constituent dès lors pas une violation de ce devoir de paix sociale, des revendications
portant sur d’autres matières que celles réglées par la convention, une action visant à
contraindre l’autre partie à respecter le contenu de la convention, etc. En effet, la violation
des obligations convenues ouvre le droit pour les parties à une action en dommages –
intérêts dont les modalités et les limités peuvent être stipulées dans la convention. Ainsi,
les syndicats peuvent toujours agir en justice au nom de leurs affiliés sans justifier de leur
mandat, sauf opposition de ces derniers. Toute personne intéressée peut d’ailleurs
intervenir dans la cause mue par une action fondée sur la convention collective.
Le code du travail congolais ne comporte pas de règles expresses sur la nullité des
dispositions de la convention collective.
Il se dégage néanmoins de l’article 291 du code que sont nulles, les dispositions d’une
convention collective qui seraient contraires à législation et à la réglementation en vigueur
ou aux dispositions d’ordre public du code du travail. Il s’agit dans ce denier cas des
dispositions impératives des lois et arrêtées, des traités et règlements internationaux
obligatoires au Congo. Néanmoins, les dispositions d’une convention collective contraires
aux lois impératives restent valables dès lors qu’elles sont plus favorables aux travailleurs
par rapport à celles de la législation ou de la réglementation en vigueur.
161
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Sont également frappées de nullité les dispositions d’une convention qui seraient
contraires à une convention collective conclue à un niveau supérieur ou dont le champ
d’application est plus large. En effet, la convention collective détermine elle-même dans
quelle mesure les conventions collectives déjà existantes entre les parties ou certaines
d’entre elles et d’application plus limitée restent en vigueur.
Comme dans tout accord de volonté, les personnes qui participent à la négociation de la
convention collective doivent justifier de leur mandat, mieux de leur qualité. Pour cela nous
examinerons successivement les parties contractantes, les règles de forme et de publicité
ainsi que les règles relatives à l’adhésion à une convention collective.
Du côté des travailleurs, la convention collective doit nécessairement être conclue par une
ou plusieurs organisations représentatives. En réalité, ce sont les syndicats qui négocient
les conventions collectives pour compte des travailleurs. Dans ce cas, les syndicats
doivent être constitués et enregistrés conformément aux dispositions du présent code. Et
leurs représentants doivent justifier, avant l’ouverture des négociations de leurs pouvoirs
de contracter au nom du syndicat qu’ils représentent.
Aux termes de l’article 273 du code du travail, toute convention collective doit être rédigée
en langue française. Il s’ensuit que la convention collective doit être écrite. Elle doit
162
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
normalement être signée par les personnes qui la concluent au nom de leur organisation
ou en leur nom propre. La convention collective doit également contenir certaines
mentions qui permettent d’identifier les parties contractantes. La convention collective doit
faire l’objet du dépôt par l’inspecteur du travail, au greffe du tribunal de grande instance et
au ministère du travail et de la prévoyance sociale pour publication au journal officiel.
En effet, le dépôt d’une convention collective constitue une formalité substantielle qui doit
permettre d’en assurer la publicité et d’en vérifier la régularité. Une convention non
déposée ne produit pas les effets que la loi attache à une convention collective ; elle lie
cependant ceux qui l’ont conclue (60).
Les conventions collectives ne se limitent pas aux parties contractantes parce que le
législateur prévoit la possibilité d’adhésion (61).
En effet, « tout employeur et tout syndicat d’employeurs et des travailleurs, peut adhérer à
une convention collective après une durée de six mois à compter de l’entrée en vigueur de
la convention et il acquiert les droits et obligations des parties contractantes. La procédure
d’adhésion n’est pas prévue par le code du travail mais elle l’est par l’article 9 de la CCINT.
La demande d’adhésion doit être adressée aux signataires de la convention par lettre
recommandée dont une copie sera envoyée à l’inspecteur du travail et au greffe du tribunal
de grande instance. Enfin, l’article 280 prévoit que la partie ayant demandé l’adhésion ne
pourra dénoncer la convention avant les deux années suivant son adhésion.
La convention collective est conclue pour une durée indéterminée ou pour une durée
déterminée. A défaut de fixation de la durée de la convention, celle-ci est réputée conclue
à durée indéterminée. La loi attache un certain nombre d’effets à la durée de la convention
collective relativement à la procédure de dénonciation et à la cessation des effets de la
convention. En effet, la dénonciation d’une convention collective a durée déterminée ne
peut intervenir avant l’expiration de son terme. Cependant, les parties peuvent convenir
des effets à attacher à une convention qui arrive à terme. Mais à défaut des stipulations
dans ce sens, la convention à durée indéterminée qui arrive à terme est tacitement
reconduite et est, sauf dénonciation, réputée à durée indéterminée. Cependant, la
convention collective à durée déterminée ou réputée telle ne peut être dénoncée que
moyennant un préavis écrit signifié à l’autre partie par celle qui prend l’initiative de la
dénonciation. A défaut des stipulations sur les modalités et délai de préavis de
dénonciation, celui-ci est fixé à trois mois.
60
Cass., 30 mai 1988, JTT 352, obs. C. WANTIEZ
61
Daranas S., op cit, p.128
163
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Il est clair que la convention collective à durée déterminée ne cesse pas forcément ses
effets par l’arrivée du terme car le législateur prévoit sa reconduction tacite d’office, sauf
dénonciation régulière.
62
Doc parl., sénat, 1966-1967, n°148, p.88 et ss
63
M. LE ROY, « un revirement attendu : la nature des conventions collectives de travail, Rev. Crit. B., 1991, 653 ;
B. HAUBERT, « la nature des conventions collectives et des commissions paritaires », J.T.T., 1992, 85
164
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
conditions de travail dans un secteur professionnel déterminé ; alors que dans un contrat,
les partenaires ont des buts opposés. L’on a également avancé qu’à la différence du
contrat ordinaire qui n’engage que les signataires, la convention collective, comme un
règlement, a un champ d’application beaucoup plus vaste.
§5. Les effets de la convention collective vis a vis des parties contractantes
Les effets de la convention collective seront examinés d’abord à l’égard des parties
contractantes, ensuite sur les contrats individuels de travail.
La convention collective lie tous les contractants pour les personnes physiques ou morales
qu’ils représentent et pour celles qui sont ou deviennent membres des syndicats
contractants ainsi qu’à tous les travailleurs des catégories intéressées, employés dans
l’entreprise ou les entreprises visées par la convention, sauf disposition contraire de celle-
ci.
Cette disposition est la consécration du principe posé par l’article 33 du code du travail qui
prévoit que « les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont
faites ». Sont ainsi considérés comme contractants, « les organisations professionnelles et
ou l’employeur ou les employeurs signataires de la convention ».
64
DARANAS S., op cit, p.138
65
Lire notamment L. François, théorie des relations collectives du travail en droit belge, Bruylant, 1980, n°217 et
ss
165
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Il est fait obligation légale à toutes ces catégories de personnes soumises à la convention
collective d’exécuter de bonne foi les engagements qui en résultent et de s’abstenir de tout
ce qui est de nature à en compromettre la loyale exécution. Les syndicats sont
spécialement tenus de veiller au respect par leurs membres des stipulations de la
convention collective et en sont garants dans la mesure déterminée par la convention.
Aux termes de l’article 291 du code du travail, « les dispositions de la convention collective
sont applicables nonobstant les dispositions contraires des contrats individuels de travail et
des règlements d’entreprise ou toutes autres dispositions contraires convenues entre
employeurs et travailleurs. »
Ainsi sont nulles, les clauses d’un contrat de travail ou les dispositions d’un règlement de
travail qui seraient contraires aux dispositions d’une convention collective liant les
employeurs et les travailleurs intéressés. Il faut cependant rappeler qu’un contrat de travail
peut valablement prévoir des dispositions plus favorables au travailleur que celles fixées
par la convention collective, pour autant que celle-ci n’ait été adoptée qu’à titre de
minimum à respecter par les employeurs qu’elle lie. Ce principe est consacré par l’article
285 précité.
166
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
a. L’effet impératif
b. L’effet automatique
Cela signifie que les clauses du contrat individuel du travail contraires aux clauses de
la convention sont « ipso facto » remplacées par ces dernières, sans qu’elles soient
nulles. Cette substitution est provisoire car, dès que la convention collective cesse
d’être applicable les clauses insérées dans le contrat individuel du travail reprenant leur
effet sous réserve des avantages acquis.
c. L’effet immédiat
La convention collective s’applique dès sa signature par les parties contractantes, aux
contrats de travail en cours et aux contrats à venir. Pour éviter de supprimer
brutalement et injustement les avantages acquis sous l’égide de la convention
collective ancienne, dans la pratique, l’on insère des clauses de réserve des avantages
acquis. En cas d’absence d’une telle clause, par l’interprétation de l’article 285 qui
prévoit que « les dispositions d’une convention s’imposent, sauf celles qui sont
considérés plus favorables par les travailleurs qui en sont bénéficiaires … », l’on
pourrait maintenir les avantages antérieurement acquis.
66
DARANAS S., op cit, pp. 131-132.
167
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Comme tout contrat, la convention collective doit être exécutée loyalement et de bonne foi.
En conséquence, la ou les parties ou les personnes soumises à une convention sont
tenues d’exécuter les engagements résultant de celle-ci ; à défaut, elles peuvent être
poursuivies soit pour en assurer l’exécution forcée, soit pour réparer le dommage qui en
résulte pour les autres parties. Ainsi en est-il d’un salarié qui se soustrait aux obligations
mises à sa charge en cas d’absence non autorisée ou d’un syndicat qui, malgré une
clause de préavis de grève, déclenche brutalement un arrêt de travail.
La partie intéressée peut agir individuellement ou de concert avec les autres parties
préjudiciées du fait de l’inexécution ou de l’exécution fautive de la convention collective par
la partie fautive ou défaillante. D’où la nécessité de distinguer les actions individuelles des
actions collectives.
C’est l’hypothèse dans laquelle un individu, personne physique liée par une convention
peut agir en justice soit en exécution forcée de la convention, soit en dommages-intérêts
contre une autre personne, également tenue de respecter les dispositions de la
convention.
Parallèlement à cette action purement individuelle, le groupement dont la partie lésée est
membre, est habilité à initier au nom de ce dernier, une action en justice en exécution
forcée de la convention ou en dommages-intérêts. Cette action exercée par le groupe au
nom de son membre est dite action individuelle exercée collectivement ou syndicalement.
Elle présente les avantages ci-après :
Ø le groupement (le syndicat) n’a pas besoin de justifier d’un mandat ;
Ø le syndicat n’a pas besoin d’indiquer le nom de l’intéressé dont il assure la défense.
Il suffit que l’adhérent ne s’y soit pas opposé ;
Ø les intéressés peuvent toujours intervenir dans la cause.
La convention est en principe signée par des groupements des travailleurs ou des
employeurs. Dans ces conditions, chacun de groupement signataire peut agir contre l’autre
partie pour manquement à des engagements assumés dans la convention. Il suffit qu’il soit
capable d’ester en justice.
Dans le même sens, chacun des groupements pourra agir contre toute personne liée par
la convention signée, même si dans cette hypothèse, une telle action revêt plutôt une
signification disciplinaire. De même qu’un groupement, notamment un syndicat des
travailleurs pourra poursuivre un employeur qui ne respecte pas la convention.
168
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
L’évolution sociale si rapide qui incite à donner à la convention collective une courte durée,
est aux prises avec l’importance de la convention collective, en tant que charte
professionnelle fixant des droits et des obligations aux parties, qui suppose une période
suffisamment longue sans être constamment remise en cause.
C’est pour cela que la loi a fait une distinction entre deux types de conventions collectives
à durée déterminée et à durée indéterminée (article 270 du code du travail). Deux
questions méritent un examen particulier : les causes de cessation d’une convention
collective d’une part ; les effets de la cessation d’une convention collective d’autre part.
A. La dénonciation
Néanmoins, les signataires ont toujours le droit de dénoncer une convention collective à
durée indéterminée ou réputée telle. Ils devront seulement observer les conditions de
dénonciation fixées par la convention elle-même et en particulier respecter un préavis qui
ne peut être inférieur à trois mois. Par exemple, l’article 6 de la convention collective
interprofessionnelle nationale révisée le 19 mai 1985 stipule un préavis de six mois et la
première dénonciation ne pourrait intervenir qu’après un délai de cinq ans. En cas de
dénonciation, l’auteur de celle-ci doit la notifier aux autres signataires de la convention par
lettre recommandée avec accusé de réception et déposer une copie de cette lettre à
l’inspecteur du travail à Kinshasa.
67
Lire notamment DESPAX, l’application des conventions collectives hors de leur domaine normal, D.S., 1965,
p.384 et CAMERLYNCK G.H., la clause de maintien des avantages acquis dans les conventions collectives, D.S.,
1959, p.406, cités par DARANAS S., op cit, pp. 134 et ss
169
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
B. La révision
Toutes les conditions requises pour la conclusion d’une convention collective sont
applicables en cas de révision : cette formule de révision évite une remise en cause de
l’applicabilité de la convention collective, la force obligatoire de celle-ci ne cesse à aucun
moment, par contre, il n’en est pas de même en cas de dénonciation.
Il est certain qu’une convention dénoncée cesse de produire ses effets et alors se posera
la question du sort des partenaires sociaux. Le code du travail ne prévoit aucune
disposition en cette matière, mais la convention collective interprofessionnelle nationale du
travail du 2 mars 1968 révisée le 19 mars 1985 a prévu dans l’article 6, une clause de
prorogation jusqu’à l’entrée en vigueur de la nouvelle convention.
En plus, l’article 4 de cette convention prévoit le maintien des avantages acquis. D’après
une clause pareille, la nouvelle convention ne peut réduire les avantages acquis par les
travailleurs par la convention dénoncée. En outre, la convention subsiste si les entreprises
signataires viennent à subir les transformations en raison d’une fusion, d’une scission ou
d’un changement d’activités (article 287 du code du travail).
Cependant, la notion d’avantages acquis reste encore incertaine, surtout si on veut savoir
à partir de quel moment cet avantage est acquis. Quant à la comparaison des deux
conventions successives, elle semble devoir se faire non pas globalement mais avantage
par avantage ou du moins par groupe d’avantages de la même catégorie (logement
gratuits par exemple). En plus, elle doit être faite collectivement, c’est à dire pour
l’ensemble du personnel et non salarié par salarié. Mais une chose est certaine, c’est que
170
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
les salariés ne peuvent prétendre au cumul des avantages contenus dans les deux
conventions.
Le législateur congolais a prévu dans l’article 281 du code du travail la possibilité d’étendre
certaines ou toutes les clauses d’une convention collective ordinaire à tous les travailleurs
et les employeurs compris dans le même secteur professionnel ou territorial à condition
que les parties contractantes constituent une commission paritaire telle que prévue par les
articles 279 et 278 du code du travail.
Ainsi, les conventions collectives ordinaires sont concurrencées par un deuxième type de
conventions susceptibles d’extension qui présentent un aspect original. Elles ont l’aptitude
de se transformer en actes semi-réglementaires à la suite d’une intervention ultérieure de
la puissance publique, un arrêté ministériel.
Sur différents points, les conventions collectives susceptibles d’extension suivent les
règles des conventions ordinaires dans leurs formations ; mais les effets de ce type de
conventions collectives l’opposent à la convention ordinaire et lui confèrent son
originalité : elle va concerner l’ensemble d’une branche d’activités et s’apparentera, une
fois étendue, à un règlement.
1. La procédure
La demande d’extension ne peut être formulée par l’une des parties qu’après avoir
requis l’avis de la commission paritaire. Ensuite, il faudra une décision motivée du
ministre qui déterminera l’extension de certaines ou de toutes les clauses de la
convention ordinaire.
La décision du ministre écarte le principe de la relativité des contrats (63 du livre III du
code du travail). La convention collective deviendra obligatoire pour les travailleurs et les
employeurs des branches d’activité qu’elle régira même si elles n’ont pas été parties à la
convention ordinaire.
Toutefois, cet effet de la convention étendue peut être interprété de deux manières :
- pour certains auteurs, l’extension convertit la convention collective en disposition
d’ordre réglementaire ;
- pour d’autres auteurs, la convention n’est pas quant au fond un véritable règlement
parce que la convention collective conserve sa nature d’acte de droit privé, d’origine
contractuelle et peut être dénoncée sur l’initiative des parties contractantes.
La matière est régie par l’article 157 du code du travail. Ce texte détermine les conditions
d’élaboration et de modification du règlement intérieur, son contenu, sa publicité et ses
effets.
Le règlement intérieur est obligatoire dans tout établissement public ou privé, même
d’enseignement ou de bienfaisance. Sont visés ici les entreprises ou établissements
industriels, commerciaux ou agricoles, les offices publics ou ministériels, les sociétés
civiles, les syndicats professionnels, les associations ou tout organisme de droit privé,
quels que soient leur forme et objet. Sont également visés, les établissements publics à
caractère industriel et commerci al. L’existence de statuts dans certaines entreprises ou
associations ne dispense pas de l’obligation d’avoir un règlement intérieur.
L’article 7-e du code du travail précise la notion d’établissement qu’il considère comme
« un centre d’activités individualisé dans l’espace ayant au point de vue technique son
objet propre et utilisant les services d’un ou de plusieurs travailleurs qui exécutent une
tâche sous une direction unique ». Un établissement donné relève toujours d’une
entreprise. Un établissement unique et indépendant constitue à la fois une entreprise et
un établissement.
172
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
L’alinéa 1er de l’article 157 prévoit que le règlement du travail est élaboré par l’employeur
dans tout établissement public ou privé, même d’enseignement ou de bienfaisance (68). Le
règlement du travail est rédigé en français et doit, avant sa mise en vigueur, être
communiqué, pour avis, aux représentants des travailleurs ; à défaut, à l’inspecteur du
travail pour examen de sa régularité, éventuellement, pour la modification ou la
suppression des dispositions qui seraient contraires à la législation et à la réglementation
en vigueur. La communication est faite soit par cahier de transmission, soit par lettre
recommandée, soit par tout autre procédé permettant de certifier la communication et lui
donner daté certaine. Dans les 30 jours qui suivent la date de réception de cette
communication, la délégation élue des travailleurs adresse ses observations à l’employeur.
L’absence de réponse dans ce délai vaut acquiescement (69).
L’employeur est tenu de traduire le règlement du travail dans la langue usuelle du lieu du
travail et de le porter à la connaissance des travailleurs par affichage, dans les huit jours
de son dépôt au greffe du tribunal, dans les locaux d’embauche et sur les lieux de
travailleur à une place convenable et accessible. Il doit être tenu en constant état de
lisibilité et sa teneur doit être informée à tout travailleur, au moment d’embauche. En cas
de contradiction entre le texte français et celui traduit en langue actuelle du lieu d’emploi,
l’exemplaire français fait foi.
L’alinéa 2 de l’article 157 du code indique que le contenu du règlement d’entreprise est
exclusivement limité aux règles relatives à l’organisation technique du travail, à la
discipline, aux prescriptions concernant l’hygiène et la sécurité nécessaires à la bonne
marche de l’entreprise ou du service et aux modalités de paiement des rémunérations. Il
ressort de ce qui précède que la loi délimité strictement le contenu du règlement intérieur.
Ainsi, après avoir précisé qu’il s’agit d’un document écrit, la loi énumère les clauses qui
doivent être introduites et frappe de nullité toutes celles non autorisées.
68
Article 1er, Arrêté ministériel n°70/0016 du 11 août 1970, code du travail II, mesures d’application, 1990,
Edition CADICEC, Kinshasa, p. 35.
69
Articles 3 et 55, Idem.
173
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Pour les travailleurs occupés à temps partiel, il faut des indications séparées pour chaque
régime de travail à temps partiel en vigueur dans l’entreprise. Seront également comprises
dans cette rubrique, les mentions relatives à l’horaire du travail. En effet, le règlement du
travail doit indiquer le commencement et la fin de la journée de travail régulière, le moment
et la durée des intervalles de repos, ainsi que les jours d’arrêt régulier du travail. On
rappellera à cet égard que, sous réserve de diverses exceptions, il est interdit à
l’employeur de faire ou de laisser travailler en dehors de ce temps de travail. Le règlement
indiquera ainsi le temps de repas, de pause dans la journée et celui d’habillage. Les
modalités d’octroi du repos compensateur, la réduction de l’horaire de travail pour les
femmes enceintes, etc.
B. L’hygiène et la sécurité
Les dispositions susceptibles d’être introduites dans le règlement intérieur sur ce point
doivent concourir à la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles.
L’employeur n’est pas tenu de reproduire dans le règlement intérieur les dispositions
législatives ou réglementaires relatives à l’hygiène et à la sécurité ni d’y dresser la liste
exhaustive de toutes les prescriptions particulières qui pourraient s’appliquer dans ce
domaine. En effet, l’article 136 est bien précis sur ce point : il ne doit s’agir que de
l’indication des prescriptions d’hygiène et de sécurité nécessaires à la bonne marche de
l’entreprise. Il est donc question d’un minimum des normes pour le bon fonctionnement de
l’entreprise.
174
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
En application de l’alinéa 1er de l’article 51 du code du travail qui prévoit que le travailleur
doit s’abstenir de tout ce qui pourrait nuire soit à sa propre sécurité, soit à celle de ses
compagnons ou des tiers, l’employeur doit élaborer des consignes de sécurité. Celles-ci
doivent être respectées par les salariés en vue d’assurer leur propre sécurité et leur santé
ainsi que celles des autres travailleurs ou des tiers, usagers de l’entreprise.
Ainsi, en fonction de la nature des risques existant dans l’entreprise, le règlement intérieur
doit comporter des consignes relatives à la circulation, aux transport et manutention, à
l’utilisation des véhicules et de divers matériels, au port des équipements individuels de
protection (ex. interdiction d’accéder aux cabines de grue ou d’en descendre autrement
que par des installations prévues à cet effet ; obligation de porter des lunettes pour
effectuer des travaux de soudure, un casque de protection sur un chantier de bâtiment).
- Le contrôle sanitaire
L’employeur peut préciser dans le règlement intérieur l’obligation pour les salariés de se
présenter aux visites médicales et examens complémentaires prévus par la réglementation
en vigueur.
Ainsi seront autorisées l’obligation du port d’un vêtement isolant en cas de manipulation
des produits dangereux, l’exigence d’un uniforme dans l’intérêt de la clientèle, le port
d’insignes ou de badges ou la présentation des cartes d’identification professionnelle lors
du déplacement des travailleurs, la fouille corporelle à titre préventif (non pour le constant
d’une infraction) si l’activité de l’entreprise le justifie pour des raisons de sécurité collective
ou en cas de disparition de matériel ou s’il existe des risques particuliers de vol. Le salarié
devra alors être averti de son droit de s’opposer à un tel contrôle et d’exiger la présence
d’un témoin. Un des vestiaires et armoires en présence des intéressés, sauf cas
d’empêchement exceptionnel, peut être inscrit dans le règlement du travail si le contrôle
est justifié par les nécessités d’hygiène et de sécurité. Le règlement peut comporter
175
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
D. La discipline
Le règlement indique un certain nombre des règles destinées à éviter des abus, à assurer
le bon fonctionnement de l’entreprise et la coexistence des salariés sur les lieux de travail.
Pour avoir un caractère disciplinaire, ces règles doivent consister en une obligation, une
interdiction (ou une limitation) de faire dont le non-respect expose à l’application de
sanctions. Ainsi, le règlement de travail peut comporter des obligations relatives au respect
des horaires du travail et au pointage, à l’obéissance aux ordres hiérarchiques. Il pourra
édicter les interdictions ci-après : interdiction d’emporter ou d’utiliser, pour son propre
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Constitue une sanction disciplinaire, « toute mesure, autre que des observations verbales,
prise par l’employeur à la suite d’un agissement du salarié, considéré par lui-même comme
fautif, que cette mesure soit de nature à affecter immédiatement ou non la présence du
salarié dans l’entreprise, sa fonction, sa carrière ou sa rémunération (70).
L’ordre des sanctions auquel il est fait allusion à cet alinéa 2 de l’article 22 se présente
comme suit (72) :
a. la réprimande ;
b. le blâme ;
c. la mise à pied et ;
d. le licenciement.
- le blâme ;
- la réprimande ;
- la mise à pied jusqu’à concurrence deux fois 15 jours par an ;
- le licenciement avec préavis ;
- le licenciement sans préavis en cas de faute lourde.
Dans d’autres législations, les sanctions les plus fréquemment utilisées sont
l’avertissement ou le blâme, la mise à pied disciplinaire (distincte de la mise à pied
70
LEFEBVRE Francis, op.cit., p. 767, n°s 7102 et SS
71
Alinéa 2, article 22, CCINT révisée en 1995
72
Alinéa 1er, article 22, ibidem.
177
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Quant au cumul des sanctions par l’employeur, il faut relever que les mêmes faits ne
peuvent justifier successivement deux mesures disciplinaires. Ainsi, un licenciement
intervenu en l’absence de tout fait nouveau après un avertissement ou après une retenue
sur salaire, est sans motif valable. Toutefois, l’existence de nouveaux griefs autorise
l’employeur à retenir des griefs antérieurs, même déjà sanctionnés pour apprécier la
gravité des faits reprochés au salarié, sous réserve évidemment du délai de prescription
73
Cass, soc. 4 – 10 - 1990
178
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Cependant, des limites aux libertés sont admises si elles sont justifiées par la nature de la
tâche et proportionnées au but recherché. C’est le cas lorsque les restrictions apportées
n’ont pas systématiquement une portée générale et sont motivées par des circonstances
tenant à la nature du travail. Sont aussi exclues du règlement intérieur, les clauses
discriminatoires. Ainsi, le règlement d’entreprise ne peut comporter des dispositions lésant
les salariés dans leur emploi ou leur travail en raison des critères suivants : sexe, mœurs,
situation de famille, opinions ou confessions, handicap, à capacités professionnelles
égales. De telles dispositions sont nulles de plein droit.
3. La procédure disciplinaire
74
Cass. Soc. 16 – 6 – 88, 13 – 7 – 89, 4 – 10 – 90, 4. 11. 88
179
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
1. l’audition préalable ;
2. l’assistance d’un délégué syndical et ;
3. la notification écrite de la sanction.
Par cette clause, l’employeur offre ou salarié la possibilité de fournir des explications et
éventuellement de produire des preuves à décharge des griefs mis à sa charge. Dans la
pratique, les employeurs procèdent de diverses manières : demande d’explications,
ouverture d’une enquête avec audition de l’intéressé sur procès-verbal. Dans tous les cas,
le travailleur ne peut être sanctionné disciplinairement sans avoir eu la possibilité de fournir
ses explications écrites ou verbales. Cette procédure est obligatoire quand bien même
elle ne serait pas prévue expressément par le règlement intérieur.
Néanmoins, l’obligation d’audition préalable recule face aux sanctions jugées mineures,
notamment un avertissement, une réprimande ou un blâme qui n’ont pas d’incidence
immédiate ou non, sur la présence dans l’entreprise, la fonction, la carrière ou la
rémunération du salarié. Rentrent en effet dans cette catégorie, des sanctions n’ayant
qu’un aspect moral : lettre d’observation, rappel à l’ordre, etc.
Il faut rappeler que notre législation ne prévoit pas la mise à pied conservatoire. Mais, cette
sanction peut toujours être prévue dans le règlement intérieur en vue de permettre à
l’employeur d’écarter pour un temps le salarié du milieu de travail dans l’attente d’une
sanction ou dans l’attente des conclusions d’une enquête diligentée à sa charge lorsque
les faits lui reprochés recommandent une telle procédure et surtout lorsque l’agissement
du salarié justifie son exclusion (situation de danger ou de désordre, par exemple en cas
de rixe).
Le travailleur faisant l’objet d’une procédure disciplinaire n’est assisté du délégué syndical
ou du représentant des travailleurs que lorsque les faits lui reprochés sont passibles d’une
mise à pied ou d’un licenciement.
L’employeur qui décide d’infliger une sanction disciplinaire au salarié, après épuisement
régulier des étapes précédentes (audition et assistance éventuelle) est tenu de notifier
cette sanction ou travailleur par écrit. La lettre de notification doit comporter les motifs de
180
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
En effet, les articles L 122 – 44 al 1er et R 122 – 19 du code du travail français limitent à
deux mois le délai endéans lequel doit intervenir une sanction disciplinaire à compter de la
connaissance du fait invoqué sauf si le fait donne lieu à des poursuites pénales ; et à plus
d’un mois à compter de l’entretien ou de l’audition.
L’employeur et les travailleurs sont liés par les dispositions que le règlement de travail
contient.
Mais l’observation faite à propos de la convention collective peut, dans une certaine
mesure, être reprise ici. La procédure d’élaboration ou de modification du règlement de
travail implique un accord ou une concertation. Mais les effets du règlement de travail ne
sont en aucune manière liés à une adhésion individuelle du travailleur. C’est l’évidence
même pour ceux qui entrent au service de l’entreprise après l’entrée en vigueur du
règlement ou de sa modification ; c’est également vrai pour ceux qui étaient déjà au
service de l’entreprise au moment du déroulement de la procédure d’élaboration ou de
modification du règlement. Néanmoins, l’effet du règlement de travail est supplétif. Il peut
y être dérogé individuellement, pour autant que la dérogation ne soit pas contraire à une
autre norme, légale ou réglementaire. Dans ce cas, la dérogation doit être constatée par
écrit.
Aux termes de l’article 303 du code du travail, est réputé conflit collectif du travail tout
conflit survenu entre un ou plusieurs employeurs d’une part et un certain nombre de
membres de leur personnel d’autre part, au sujet des conditions de travail lorsqu’il est de
nature à compromettre la bonne marche de l’entreprise ou la paix sociale.
Au regard de cette disposition, le conflit est collectif lorsqu’il touche aux intérêts d’un
groupe des travailleurs ou sujet des conditions de travail et qu’il est susceptible de
provoquer du désordre au sein de l’entreprise. Pourtant la loi N° 16/2002 du 16 octobre
181
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
2002 prévoit que les tribunaux du travail peuvent recevoir également les conflits collectifs
du travail (cfr infra.).
L’expression conflit collectif peut également viser les conflits qui opposeraient une
collectivité de travailleurs aux seuls pouvoirs publics en raison de ce qu’ils sont amenés à
prendre comme mesure en matière d’emploi et des conditions de travail. Un tel conflit peut
donc impliqué une troisième partie « les pouvoirs publics ». Cependant les dispositions
légales et réglementaires relatives à la conciliation collective n’envisagent expressément
que le conflit entre employeur et travailleurs. On convient d’exclure du concept conflit
collectif les conflits qui opposeraient une organisation syndicale à une autre ou qui
opposeraient les organisations patronales entre elles.
Les conflits collectifs ont souvent pour objet les conditions du travail au sens large du
terme, mais il peut concerner également la défense de tout autre intérêt collectif que les
travailleurs estiment devoir assurer. Tout comme il peut avoir comme origine un différend
individuel à l’occasion duquel se manifeste la solidarité des travailleurs et acquérir ainsi
une dimension collective (Exemple : un licenciement individuel dont le travailleur aurait le
sentiment qu’il a été décidé en raison des opinions ou de l’activité syndicale de
l’intéressé).
En R.D.C le règlement des litiges collectifs de travail est soumis à la procédure déterminée
à cet effet par les parties elles-mêmes dans la convention collective de l’entreprise ou dans
celle applicable à celle-ci. Cette procédure est dite conventionnelle. A défaut de cette
procédure dans la convention collective ou en cas d’échec de celle-ci lorsqu’elle est
prévue par la convention collective, le litige collectif sera soumis pour son règlement à la
procédure légale, qui est donc une procédure subsidiaire par rapport à la procédure
principale qui est conventionnelle.
La procédure légale prévoit la conciliation préalable, la médiation de conflits et les
tribunaux du travail. En effet, en cas de non conciliation, de conciliation partielle ou de
recommandation frappée d’opposition, la demande est formée devant le tribunal du travail
par l’une de parties dans le délai de 10 jours ouvrables à compter de l’expiration du préavis
de grève ou de lock-out notifié à l’autre partie (article 316).
Le nouveau code du travail introduit dans la procédure légale le règlement des conflits
collectifs par les tribunaux du travail alors qu’en principe les revendications donnant lieu à
ces genres de conflits ne relèvent pas du tribunal de travail.
En droit belge la solution pacifique des conflits est caractérisée par sa souplesse. La loi ne
fait aucune obligation aux parties de recourir à une quelconque procédure de règlement
pacifique des conflits collectifs. Elle se limite à mettre en place des organes de
182
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
L’article 279 du nouveau code du travail dispose que la convention collective comporte
obligatoirement la procédure de conciliation et d’arbitrage à observer pour le règlement
des conflits collectifs entre employeurs et travailleurs liés par la convention.
Il en résulte que l’insertion de cette procédure est obligatoire dans une convention
collective. Cette procédure comporte deux étapes : la conciliation et l’arbitrage.
1. La conciliation
La conciliation consiste pour les parties travailleurs et employeurs à se mettre autour d’une
table pour tenter de trouver un compromis au litige. Elle est menée par les partis elles-
mêmes sans l’intervention d’une autorité administrative. Lorsque les négociations
aboutissent au règlement du litige, les parties dressent un accord sur procès-verbal. Cet
accord met fin au litige et produit, dès sa signature par les parties, les mêmes effets que
ceux des conventions et accords collectifs de travail. En cas d’échec de la procédure de
négociation, le litige sera soumis à l’arbitrage d’un tiers sur base du procès- verbal de
non- conciliation.
2. L’arbitrage
183
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Un arbitre, est un tiers à qui les parties confient le règlement du litige. L’arbitre est choisi
soit par accord entre les parties, soit selon les modalités établies dans la convention
collective.
Dans le cas où le conflit est soumis à l’arbitrage, les parties remettent à l’arbitre toutes les
pièces nécessaires pour lui permettre d’examiner leurs prétentions. Il ne peut statuer sur
d’autres objets que ceux qui sont déterminés par le procès-verbal de non-conciliation ou
ceux qui, résultant d’événements postérieurs à ce procès-verbal, sont la conséquence du
conflit en cours. Il statue un droit sur les conflits relatifs à l’interprétation et à l’exécution
des lois, règlements, conventions ou accords collectifs de travail ou accords en vigueur. Il
statue en équité sur les autres conflits, notamment lorsque le conflit porte sur les salaires
ou sur les conditions de travail qui ne sont pas fixées par les dispositions des lois et
règlements, conventions ou accords collectifs de travail ou accords en vigueur, et sur les
conflits relatifs à la négociation et à la révision des clauses des conventions ou accords
collectifs de travail. Comme les accords de conciliation, les sentences arbitrales sont
motivées et s’imposent obligatoirement aux parties autant que les conventions et accords
collectifs de travail. A défaut de la procédure conventionnelle ou en cas d’échec de celle-ci,
les parties sont obligées de recourir à la procédure légale telle que prévue aux articles 307
à 315 du code du travail.
§ 2. La procédure légale
La conciliation est menée par l’inspecteur du travail saisi par la partie la plus diligente ou
d’office dès qu’il a connaissance d’un litige collectif du travail. Dans les 48 heures de sa
saisine, l’inspecteur convoque les parties à la séance de conciliation dans la quinzaine
avec un préavis de 3 jours ouvrables comptés à partir de la date de réception de
l’invitation. Dans les 48 heures de la réception de la convocation, les parties donnent à
l’inspecteur, par écrit, les noms de leurs représentants et éventuellement ceux des
délégués de leurs organisations professionnelles qui les assisteront. En cas d’absence
d’une ou des parties à l’audience de conciliation, il est dressé un procès-verbal de carence
valant procès-verbal de non-conciliation, au vu duquel la juridiction compétente prononcera
la peine d’amende prévue à l’article 322 du code du travail.
En cas de comparution des parties, l’inspecteur procède à l’échange de leurs vues sous sa
présidence et rédige, en cas d’accord, un procès-verbal de conciliation et dans le cas
contraire, un procès-verbal de non-conciliation signé par les parties qui en reçoivent
ampliation. L’accord ou le désaccord doit-être constaté dans le mois à dater de la première
séance de conciliation.
184
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
La médiation est menée par une commission spéciale constituée selon le cas par le
Gouverneur de province ou par le ministre du travail. La composition de la commission est
bipartite. Elle comprend en effet un président qui est le président du Tribunal de Paix du
ressort dans lequel est né le conflit ou d’un magistrat désigné par ses soins et deux
membres : un assesseur employeur et un assesseur travailleur. Ces derniers sont
désignés sur proposition des organisations professionnelles les plus représentatives par le
Gouverneur de province ou par le ministre du travail.
la première séance) l’affaire est prise en délibérée et une décision doit être prise dans les
cinq jours ouvrable. Elle est signée par le président et les membres.
La cessation collective de travail ne peut avoir lieu qu’ à l’occasion d’un conflit collectif de
travail une fois que les moyens de règlement du conflit conventionnel ou légaux ont été
régulièrement épuisés. Tous actes et toutes menaces tendant à contraindre un travailleur à
participer à une cessation collective du travail, à empêcher le travail ou la reprise du
travail, sont interdits.
Les tribunaux du travail créés par la loi n° 16/2002 du 16 octobre 2002 connaissent
également des conflits collectifs de travail au sujet des conditions de travail lorsqu’ils ont
de nature à compromettre la bonne marche de l’entreprise ou la paix sociale (article 16).
Ils ne peuvent les recevoir que lorsque ils ont été soumis préalablement à la procédure de
conciliation et de médiation (article 303 à308).
Dans le huit jours à dater de la réception de la requête, le président est tenu de fixer la
date à la quelle l’affaire sera examinée et de désigner les juges qui seront appelés à
siéger. Les dispositions au sujet de la procédure à suivre devant le tribunal de travail sont
les mêmes que celles prévues pour la prise de décisions dans le règlement de conflits
individuels du travail. Les frais de procédures sont payés conformément aux dispositions
de droit commun alors que la procédure de conciliation et de médiation est gratuite.
Les juges assesseurs siégeant en cas de conflit collectif doivent être étrangers à
l’entreprise ou aux entreprises affectées par les conflits collectifs du travail.
Les conflits collectifs du travail sont rarement réglés à l’amiable suivant la procédure ci-
dessus décrite. Ils se traduisent généralement par la grève ou le lock-out.
§ 1. La grève
Reconnu par la constitution, le droit de grève s’exerce dans le cadre des lois et de la
réglementation en vigueur (75). Nous examinerons successivement la notion de la grève,
sa procédure ainsi que ses effets.
1. La notion de la grève
perlées qui consistent dans l’exécution de travail au ralenti ou dans des conditions
volontairement défectueuses. En effet le droit de grève reconnu aux salariés ne les
autorise pas à exécuter leur travail dans des conditions autres que celles prévues dans
leurs contrats ou pratiquées dans la profession (77). Il en est ainsi des grèves du zèle qui
consistent à exécuter le travail avec ralentissement et excès de minutie. Ainsi, la
participation d’un salarié à ce genre de grève peut constituer une faute professionnelle
susceptible d’entraîner une sanction disciplinaire.
Par contre, les arrêts de travail répétés (débrayages et grèves répétées de courte durée)
dont l’employeur a été prévenu à l’avance, même de très courte durée, constituent
l’exercice normal du droit de grève, si ces mouvements ne procèdent pas d’une volonté de
désorganiser l’entreprise ou de nuire à sa situation économique.
Les grèves avec occupation des lieux sont illicites sauf lorsqu’elles se déroulent sans
entraves à la liberté du travail et à la circulation dans l’entreprise ( 78). Ainsi sont
désapprouvés et interdits les piquets de grève qui consistent pour un groupe des
travailleurs d’interdire l’accès à l’entreprise pendant la grève.
Il y a grève en cas d’arrêt de travail par un groupe de travailleurs. Il n’est pas nécessaire
que le mouvement de cessation collective soit le fait de la totalité ou de la majorité du
personnel concerné pour qu’il soit qualifié de grève.
77
Cass. Soc. 7-3-84, 3-7-84, 8-10-87
78
V. VANNES, l’occupation d’entreprise, voie du fait et pouvoir disciplinaire, JTT, 1958, 105 ; DE KEYSER ,
« le droit de propriété à l’épreuve des conflits collectifs du travail, dans les conflits collectifs en droit du travail :
solution négociées ou interventions judiciaires » Facultés universitaires Saint Louis, 1989, p.77
79
Cass Soc 3-10-63, 21-6-67, 17-12-87, 29-5-79, 9-6-82
188
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
C. La cessation concertée
La grève suppose la volonté commune de cesser le travail dans un but déterminé. Ainsi
sont déclarées illicites, les grèves sauvages déclenchées spontanément à la base, sans
intervention des syndicats.
Seule est légale et protégée comme telle par le principe de la suspension du contrat de
travail, la grève fondée sur des revendications professionnelles présentées à l’employeur.
Les grèves déclenchées pour un motif autre que professionnel sont illicites, et le fait de
participer à une telle grève constitue une faute lourde entraînant rupture du contrat de
travail sans préavis ni indemnité.
Sont en effet considérées comme de nature professionnelle, les revendications portant sur
les conditions des rémunérations, primes, avantages divers, calculés en fonction de la
classification professionnelle, sur les conditions de travail, les cadences, les horaires, sur
l’emploi et sur les droits syndicaux.
Sont par contre illicites, quoique fondés sur des revendications d’ordre professionnel, des
arrêts de travail fondés sur des réclamations que l’employeur ne peut de toute évidence
pas satisfaire.
Ainsi, l’exigence des revendications professionnel écarte la grève politique, fondée sur la
protestation contre les décisions de la puissance publique, par ex. la grève pour obtenir la
reprise de la conférence nationale souveraine) et la grève de solidarité (celle déclenchée
dans le but de soutenir les revendications d’autres salariés de la même entreprise ou des
travailleurs étrangers à celle-ci. Néanmoins, toute grève menée contre la politique du
gouvernement n’est pas nécessairement une grève politique. La politique économique et
sociale de l’état a des incidences directes sur le terrain professionnel, sur les conditions de
salaire et d’emploi. Aussi bien, de nombreuses grèves reposent-elles à la fois sur des
mobiles politiques et des mobiles professionnels ; elles sont dites dans ce cas des grèves
mixtes.
Rappelons que le conflit collectif est celui qui oppose un groupe de travailleurs (qu’il
s’agisse d’une organisation syndicale ou de toute autre collectivité) à un ou plusieurs
employeurs ou à un groupe d’employeurs (qu’il s’agisse d’une organisation patronale ou
de toute autre collectivité). On convient généralement d’exclure du concept de conflit
collectif, les conflits qui opposeraient une organisation syndicale à une autre ou qui
opposeraient entre elles des organisations patronales.
189
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
En effet, le conflit collectif a le plus souvent pour objet les conditions de travail au sens
large. Mais il peut aussi concerner la défense de tout autre intérêt collectif que le groupe
de travailleur estime devoir assumer. Le conflit peut aussi avoir pour origine un différend
individuel à l’occasion duquel se manifeste la solidarité des autres travailleurs et acquérir
ainsi une dimension collective (par ex. un licenciement individuel dont les travailleurs
auraient le sentiment qu’il a été décidé en raison des opinions ou de l’activité syndicale de
l’intéressé). Il se peut encore que le conflit résulte de certaines mesures décidées ou
envisagées par les pouvoirs publics (législation sociale au sens large, fiscalité, etc.).
Du point de vue de leur objet, l’on distingue traditionnellement les conflits de droit et les
conflits d’intérêts. Les premiers porteraient sur l’application ou l’interprétation d’une règle
de droit existante (loi, convention collective) et trouveraient normalement leur solution dans
l’intervention du juge. Les seconds viseraient à modifier la règle de droit ou à obtenir de
nouveaux droits (par ex. revendications portant sur le montant des rémunérations, la
réduction de la durée du travail, le maintien de l’emploi, etc.) ; leur solution n’est pas de la
compétence du juge et ne pourrait être trouvée que par les parties au conflit, par la voie de
la négociation et de la conciliation.
Est illicite, la grève déclenchée sans recours préalable et effectif aux procédures
conventionnelle et légale précitées. En effet, les travailleurs désireux de déclencher la
grève doivent d’abord soumettre le conflit à la négociation préalable avec l’employeur, à
défaut d’accord, à un arbitre. Si le litige persiste, ils doivent saisir l’inspecteur du travail
pour tenter une conciliation sous ses auspices. A défaut de conciliation, l’inspecteur saisira
le gouverneur de province ou le ministre du travail en vue de la constitution de la
commission de médiation appelée à régler le litige ou à formuler des recommandations
aux parties en litige.
Aux termes de l’article 3 de l’arrêté ministériel n° 3/68 du 29 janvier 1968( 80) portant
« droits et obligations des employeurs et des travailleurs parties à un conflit collectif du
travail », après l’épuisement de la procédure conventionnelle et légale, les travailleurs qui
décident de recourir à la cessation collective du travail doivent, outre le délai de 7 ci-haut,
notifier à l’employeur un préavis de six jours ouvrables à compter de la notification.
L’effectivité de la grève n’a lieu que lorsque sont prises des mesures tendant à assurer les
prestations d’intérêt public et celles intéressant la conservation des installations, du
matériel et des matières premières ou des produits. Ces prestations sont différentes
suivant la nature de l’activité de l’entreprise.
Ainsi, dans toutes les entreprises, doivent entreprises avant et pendant la grève, des
menus conservatoires pour éviter la dégradation du matériel, des installations ou la perte
des produits ou matières. Dans les hôpitaux, dispensaires et autres formations sanitaires
publics ou privés devront être prises les mesures tendant à la dispensation des soins
médicaux, chirurgicaux et pharmaceutiques, le transport des malades et des blessés ainsi
que les mesures tendant à assurer le fonctionnement de ces formations médicales. Dans
les entreprises de distribution d’eau et d’électricité, seront maintenus en fonction, les
services techniques à l’exception des services administratifs. Dans le cas des entreprises
de distribution d’eau et d’électricité, les prestations et services ci-dessus seront assurés
par le personnel minimum nécessaire.
En cas d’accord mettant fin à la grève, les membres du personnel impliqués dans le conflit
sont tenus de reprendre le travail dans les 48 heures à dater du jour où ils y auront été
invités par un avis affiché à l’entrée de l’établissement où ils étaient occupés au moment
de la cessation du travail.
80
M.C. n°5 du 1er mars 1968.
191
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Au regard de ce qui précède, dans notre pays, le droit de grève apparaît plus une
proclamation d’intention, un vœu pieux qu’un droit effectif en raison de son impossible
exécution stricte.
Nous distinguerons les effets de la grève vis-à-vis des grévistes et à l’égard des non-
grévistes.
La grève ne rompt pas le contrat sauf faute lourde du salarié. Son exercice ne saurait
donner lieu à des mesures disciplinaires en matière de rémunération et d’avantages
sociaux. A titre de rappel, la grève suspend le contrat de travail lorsqu’elle est
régulièrement déclenchée (article 57 – 6 du code du travail).
Pour parer aux effets nuisibles de la grève dans la productivité de l’entreprise ou dans son
fonctionnement, l’employeur peut pourvoir temporairement au remplacement des grévistes
par l’engagement de nouveaux agents ou par la sous-traitance (la sous-entreprise).
La grève d’une partie du personnel d’une entreprise n’a pas d’effet sur les contrats de
travail liant l’employeur et les salariés de l’entreprise qui ont manifesté leur intention de ne
pas participer à la grève mais se sont trouvés dans l’impossibilité de travailler, soit du fait
de piquets de grève soit en raison de la désorganisation complète de l’établissement.
En principe, le contrat de travail ne peut être résilié pour fait de grève en dehors de faute
lourde du gréviste. Mais, il est admis de licencier un travailleur en grève pour une cause
étrangère à celle-ci. Dans ce cas, il faudrait attendre la levée de la grève du fait que celle-
ci étant suspensive du contrat, ce dernier ne peut être résilié pendant qu’il est suspendu
l’article 60, alinéa 1er).
Cependant, en cas de faute lourde commise par un gréviste, celui-ci peut être licencié
immédiatement sans préavis ni indemnité sous réserve du respect de la procédure du
licenciement pour faute lourde (article 72 du code du travail).
§ 2. Le lock-out
1. La notion de lock-out
Ainsi, sont interdits le lock-out préventif et celui intervenu avec précipitation à la seule
annonce de la grève envisagée dans le seul but de briser le mouvement en préparation, le
lock-out concomitant (fermeture de l’entreprise au seul motif de incidences de son maintien
en activité), le lock-out a posteriori (déclenché en rétorsion à titre de sanction contre
l’exercice normal du droit de grève).
C’est l’application de l’article 93 du code du travail qui prescrit que le salaire est néanmoins
dû « lorsque le travailleur a été mis dans l’impossibilité de travailler du fait de l’employeur,
hors le cas de lock-out déclenché conformément aux dispositions légales… ».
Plusieurs techniques sont utilisées pour couvrir les risques sociaux (maladie, vieillesse,
invalidité, décès, chômage) qui peuvent plonger l’homme dans le dénuement économique,
nous pouvons citer : l’entraide familiale, l’épargne, l’assistance, la responsabilité civile,
l’assurance privée.
C’est ainsi qu’à la fin du 19e siècle naîtra en Allemagne l’assurance sociale (loi sur
l’assurance maladie de 1883) ; loi sur l’assurance accident du travail (1884) ; loi sur
assurance vieillesse et sur l’assurance invalidité (1889).
L’assurance sociale s’est étendue en Europe puis en Amérique latine, aux Etats-Unis et au
Canada. Dès leur accession à l’indépendance, plusieurs pays d’Afrique, d’Asie et des
Caraïbes se sont dotés d’un système d’assurance sociale.
Dans certains pays, les pouvoirs publics instituaient le système d’assurance publique ou
assistance sociale financés par les fonds publics (recettes fiscales). Ces régimes
assuraient la protection du risque vieillesse, maladie, invalidité, décès, et le chômage, et
tenaient compte pour le versement des prestations, des ressources des bénéficiaires.
Les régimes d’assistance sociale et d’assurance sociale ont conduit, avec l’évolution, à la
naissance du système de « sécurité sociale » expression utilisée pour la première fois par
Simon Bolivar, avant d’être reprise dans bon nombre de constitutions promulguées après
la deuxième guerre mondiale.
Le concept « sécurité sociale » fait l’objet de plusieurs définitions. La sécurité sociale est
d’abord définie en tant que concept, ensuite en tant qu’Institution, enfin du point de vue de
ses fonctions.
En tant que concept, la sécurité sociale relève de l’idée d’une garantie collective des
individus appartenant à une même communauté nationale contre les risques sociaux de
leur existence. En tant qu’institution, la sécurité sociale constitue un système autonome de
garantie collective fondée sur la solidarité organisée entre les individus appartenant à une
communauté humaine déterminée. Au point de vue fonctionnel, la sécurité sociale est
entendue comme un ensemble des mesures officielles coordonnées ayant pour fonctions :
- de garantir les soins médicaux et la protection de la santé, l’octroi d’un revenu social
de compensation, l’accès à des services spéciaux (y compris l’information sur
195
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Cette définition fondée sur les fonctions de la sécurité sociale se rapproche de la définition
donnée par le Bureau International du Travail qui entend par « sécurité sociale », la
protection que la société accorde à ses membres, grâce à une série de mesures
publiques, contre le dénuement économique et social où pourraient les plonger, en raison
de la disparition ou de la réduction sensible de leur gain, la maladie, la maternité, les
accidents de travail et les maladies professionnelles, le chômage, l’invalidité, la vieillesse
et le décès ; à cela s’ajoutent la fourniture des soins médicaux et l’octroi des prestations
aux familles avec enfants.
La sécurité sociale est donc un ensemble des mesures qui assurent la protection des
individus contre les risques de leur existence. Elle intègre dans sa conception des
procédés utilisés dans les anciennes techniques tout en laissant les autres techniques
continuer à jouer leur rôle complémentaire de protection des risques sociaux.
A côté du régime général de la sécurité sociale, il est prévu des régimes spéciaux en
faveur des fonctionnaires, des magistrats, du personnel de l’enseignement supérieur et
universitaire et de la recherche scientifique et des parlementaires.
Signalons que le projet du code de la sécurité sociale élaboré par le Ministère du Travail et
de la Prévoyance sociale prévoit que : « peuvent être assujettis à tout ou partie du régime :
- les membres des sociétés coopératives ouvrières de production ainsi que les gérants
non salariés des coopératives et leurs préposés ;
- les associés actifs d’une société à responsabilité limitée ;
- les présidents directeurs et délégués généraux des sociétés privées et des entreprises
publiques ».
Il ressort de ce qui précède qu’en RDC, la sécurité sociale n’est pas organisée en faveur
des personnes qui n’exercent aucune activité professionnelle tels que les chômeurs et les
vieilles personnes ainsi que les membres de leurs familles.
Il faut cependant signaler que le Décret-loi organique de la sécurité sociale du 29 juin 1961
institue l’assurance volontaire en faveur de toute personne qui a été affiliée au moins
pendant cinq ans au régime général et qui cesse de remplir les conditions
d’assujettissement.
Les agents de l’Etat soumis aux régimes spéciaux de sécurité sociale bénéficient, à
quelques exceptions près, des mêmes prestations que celles prévues par le régime
général. Il s’agit des prestations en cas de survenance des éventualités ci-après :
- la maternité ;
- l’accident du travail et la maladie professionnelle ;
- la vieillesse et le décès.
Les magistrats bénéficient en outre des frais funéraires, des rentes de survie et des
allocations de décès, tandis que les parlementaires ont également droit à des allocations
pour risques liés à l’exercice du mandat parlementaire.
Le financement du régime est assuré en majeure partie par les cotisations des travailleurs
et des employeurs et, à titre subsidiaire, par les majorations encourues pour cause de
retard dans le paiement des cotisations et les intérêts moratoires ; le produit des
placements de fonds ; les dons et legs ainsi que par toutes autres ressources attribuées à
l’INSS par un texte législatif ou réglementaire ; tandis que le financement est
essentiellement assuré par le Trésor public.
Le contentieux de la sécurité sociale, en ce qui concerne le régime général, est confié aux
commissions régionales et à la commission nationale de sécurité sociale. Les Cours et
Tribunaux peuvent connaître des contestations relatives à la sécurité sociale.
La gestion des régimes spéciaux est assurée par les Ministres de tutelle, c'est-à-dire les
Ministres qui gèrent les agents visés. Mais cette gestion peut également être confiée à
des services spéciaux.
Il s’agit du :
Dans certains pays, la gestion de la sécurité sociale ne relève plus d’un organisme unique.
La complexité de la matière et l’incessante augmentation des bénéficiaires des prestations
sociales ont donné lieu à l’éclatement de la gestion du système de sécurité sociale en
plusieurs organismes par branche, d’éventualités couvertes.
Il existe des organismes au niveau national et au niveau régional. Il en est ainsi en France
de :
Le projet du code de la sécurité sociale des fonctionnaires prévoit la mise en place d’une
caisse autonome des pensions et rentes des fonctionnaires.
Sources internationales :
Sources internes :
- la Constitution ;
- les Lois ;
- les Ordonnances ;
- les Arrêtés ;
- les Circulaires ;
- la Jurisprudence ;
- les Conventions collectives et ;
199
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
V. BIBLIOGRAPHIE
Textes juridiques :
Ouvrages étrangers :
Ouvrages congolais :
VI. PLAN
Introduction générale
1. Notions de la sécurité sociale
2. Champ d’application de la sécurité sociale
3. organisation de la sécurité sociale
4. Sources du droit de la sécurité sociale
5. Bibliographie
Section 2 : Bénéficiaires des prestations dans les régimes spéciaux de la sécurité sociale
201
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
La gestion du régime général de la sécurité sociale est assurée par l’Institut National de
Sécurité Sociale. C’est un établissement doté de la personnalité civile et de l’autonomie
financière. L’INSS a son siège à Kinshasa ; elle peut, aux fins de la gestion sur le plan
local, ouvrir des agences régionales et des bureaux locaux en tous lieux de la République.
L’Institut a pour objet l’organisation et la gestion du régime de sécurité sociale tel que
prévu par le Décret-loi organique de la sécurité sociale du 29 juin 1961. Il s’agit de la
gestion :
- le conseil d’administration ;
- le comité de gestion ;
202
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
La tutelle s’entend de l’ensemble des moyens de contrôle dont disposent les organes
tutélaires sur l’INSS. Les contrôles sont, selon le cas, préventifs, concomitants ou a
posteriori. Ils peuvent être d’ordre administratif, judiciaire, technique, économique ou
financier. Ils s’exercent sur les personnes comme sur les actes et à tous les niveaux :
conseil d’administration, comité de gestion, directions, organes d’exécution et à tous les
stades : délibérations, décisions, contrats. Ils peuvent porter sur la légalité des actes de
l’Institut.
Rappelons que dans beaucoup de pays, la gestion de sécurité sociale est assurée par
les organismes constitués suivant les branches des prestations sous forme d’organes
ou de caisse. Ainsi, en France, il existe par exemple la caisse nationale d’assurance
maladie, caisse nationale militaire de sécurité sociale.
203
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Chacune des branches du régime général de sécurité sociale fait l’objet d’une gestion
financière distincte. Au sein de cette gestion, des comptabilités distinctes peuvent être
tenues.
Le paiement des cotisations et des intérêts moratoires est garanti par un privilège qui
prend rang immédiatement après celui qui garantit le paiement des salaires.
- sur les sommes engagées ou produits réalisés à l’occasion des jeux sur les
tirages, les événements sportifs et les émissions.
Il faut noter par ailleurs que l’Etat français prend en charge certaines cotisations de
sécurité sociale.
Le contentieux de la sécurité sociale est confié, en ce qui concerne le régime général, aux
commissions régionales et à la commission nationale.
Les commissions régionales sont compétentes pour statuer sur les contestations élevées
par l’assuré ou bénéficiaire contre une décision prise par l’Institut National de Sécurité
Sociale relative à l’octroi, au refus ou au montant d’une prestation.
En cas de contestation portant sur une décision rendue par une commission régionale de
sécurité sociale, l’assuré, le bénéficiaire ou l’Institut disposent d’un délai de deux mois à
compter de la date de réception de la notification de la décision, pour interjeter appel
devant la commission nationale de sécurité sociale par lettre recommandée adressée au
Président de la commission nationale. Les décisions de la commission nationale sont
exécutoires de plein droit.
206
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Les Cours et Tribunaux de droit commun peuvent également connaître des contestations
relatives à la sécurité sociale dans les limites de leurs compétences.
1. Le contentieux général
L’organisation du contentieux général a pour but de régler les différents auxquels donne
lieu l’application des législations et réglementations de sécurité sociale et de mutualité
sociale agricole qui ne relèvent pas, par leur nature, d’un autre contentieux.
- aux litiges à caractère individuel qui se rapportent à l’application des lois et des
règlements en matière de sécurité sociale et de mutualité sociale agricole ;
- aux litiges nés de l’attribution des prestations supplémentaires ;
- aux litiges intéressant l’affiliation, les prestations et les cotisations des régimes
complémentaires des travailleurs indépendants, dans la mesure où ils s’inscrivent
dans le prolongement du régime légal ;
- aux litiges qui intéressent les prestations servies aux fonctionnaires et agents
publics dans le cadre des régimes spéciaux et de la responsabilité de
l’administration du fait de la non affiliation de ses agents au régime de sécurité
sociale.
Les juridictions civiles de droit commun demeurent seules compétentes pour connaître des
litiges touchant notamment aux obligations alimentaires, à la fixation du montant de
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
l’indemnité due par la personne tenue à la réparation d’un accident ayant, par exemple,
donné lieu au service de la prestation.
Les juridictions de l’ordre administratif sont seules compétentes pour connaître des litiges
nés de l’intervention de l’Etat dans l’exercice de son pouvoir règlementaire ; de ses
pouvoirs pour la création et la modification des organismes et la modification de leur
circonscription ; de ses pouvoirs de tutelle administrative et financière ; des actes des
organismes de sécurité social qui revêtent un caractère réglementaire tels que les
circulaires et les instructions.
2. Le contentieux technique
L’organisation du contentieux technique a pour but de régler les litiges qui ne sont pas de
la compétence du juge du contentieux général. Il s’agit notamment :
Les fautes, abus, fraudes et les faits intéressant l’exercice de la profession, relevés à
l’encontre des médecins, chirurgiens-dentistes ou sages-femmes à l’occasion des soins
dispensés aux assurés sociaux sont soumis :
- l’avertissement ;
- le blâme, avec ou sans publication ;
- l’interdiction temporaire ou permanente, avec ou sans sursis, du droit de donner
des soins aux assurés sociaux ;
- dans le cas d’abus d’honoraires, le remboursement à l’assuré du trop-perçu ou le
reversement aux organismes de sécurité sociale du trop-remboursé.
§1. Le principe
- les salariés de l’Etat, des régions et d’autres entités décentralisées ne bénéficiant pas,
en vertu des dispositions réglementaires, d’un régime particulier de sécurité sociale.
Il en découle que la sécurité sociale en RDC est organisée en faveur des travailleurs
soumis au code du travail ; il doit s’agir des travailleurs salariés ou dépendants et non des
travailleurs indépendants.
Les écoles professionnelles sont des écoles publiques et des écoles privées agréées par
les autorités d’enseignement agricole, artistique, des écoles d’éducation physique,
d’entraineurs et d’initiateurs de sports et toutes les écoles dont la liste est arrêtée par le
Ministre ayant la Prévoyance sociale dans ses attributions.
Par stagiaires, sont visées les personnes qui suivent une formation, un perfectionnement
ou une rééducation professionnelle, dispensés par un établissement public ou par une
personne morale ou physique agréée par l’autorité compétente. Il en est également aussi
des personnes qui suivent une formation professionnelle pratique dans les centres de
formation professionnelle pratique, dans les centres de formation de la jeunesse ou dans
les chantiers de la jeunesse. Ces personnes ne doivent être soumises au code du travail
et doivent être assujetties au régime général de sécurité sociale. Les apprentis sont des
personnes liées par contrat d’apprentissage avec leurs maîtres.
b) Toute personne qui, ayant été affiliée au régime général de sécurité sociale pendant 5
ans au moins, dont six mois consécutifs à la date où elle cesse de remplir les conditions
d’assujettissement, a la faculté de demeurer volontairement affiliée à la branche des
pensions à condition d’en faire la demande dans les six mois qui suivent la date à laquelle
son affiliation obligatoire a pris fin. Peuvent également adhérer à l’assurance volontaire,
les fonctionnaires publics de l’Etat, les Provinces et d’autres entités décentralisées,
engagées sous un régime réglementaire prévoyant l’octroi des pensions ou d’allocations
de retraite et d’invalidité, mais qui, pour quelques causes que ce soit, n’accomplissent pas
la durée minimum des services donnant droit à ces prestations.
Dans la branche des pensions, le conjoint survivant vise « la veuve monogame ni divorcée
ni séparée de corps à la condition que le mariage soit antérieur d’au moins six mois au
décès, sauf en cas d’accident, à la condition que le mariage soit antérieur à l’accident.
Dans la branche des risques professionnels, le conjoint survivant désigne la veuve
monogame non divorcée ni séparée de corps qui vivait entièrement à la charge de la
victime.
- des membres des sociétés coopératives ainsi que les gérants non salariés des
coopératives et leurs préposés ;
- des gérants actifs d’une société à responsabilité limitée ;
- des hauts cadres des sociétés et des entreprises publiques non liés par un contrat
de travail.
Le projet du code de la sécurité sociale sus visé prévoit également qu’à défaut du conjoint
survivant et d’enfants à charge, les ascendants directs (père et mère) ou les collatéraux
(frère et sœur) qui étaient à charge de l’assuré , au moment de l’accident ou du décès,
soient considérés comme ayants-droit.
En droit français, le Décret n° 85-1353 du 17 décembre 985 dispos dans les articles L 311-
1 et suivants que sont assujettis au régime général de la sécurité sociale, les personnes ci-
après :
- les travailleurs liés par contrat de travail dans le secteur commercial et des
assurances, les enseignants et assimilés, les étudiants, les experts judiciaires, les
religieux, les joueurs de tennis et de football ;
- les travailleurs à domicile (le lecteur, l’enseignement à distance, les rédacteurs, les
traducteurs, les dessinateurs, les tapissiers) ;
- les employés d’hôtel et des restaurants ;
211
J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
- les artistes ;
- les journalistes ;
- les vendeurs à domicile ;
- les bénéficiaires de complément familial, de l’assurance pour jeune enfant, de
l’allocation parentale d’éducation, des personnes assumant la charge d’un
handicapé ;
- le bénéficiaire de l’allocation de parent isolé ;
- les ministres des cultes et membres des congrégations et collectivités religieuses ;
- les invalides de guerre ;
- les vieux travailleurs salariés ;
- les mères de famille
- les adultes handicapés, les détenus.
Il s’agit des régimes spéciaux prévus pour les fonctionnaires, les magistrats, le personnel
de l’enseignement supérieur, universitaire et de la recherche scientifique (ESURS) ainsi
que pour les parlementaires.
- des magistrats de la Cour Suprême de Justice, des Cours et d’Appel, des Tribunaux de
Grande Instance, des Tribunaux de paix, des Tribunaux de Commerce et de Travail, du
Conseil d’Etat, de la Cour Constitutionnelle et de la Cour de Cassation ;
- des magistrats du Parquet Général de la République, des Parquet Généraux et des
Parquets près les Tribunaux de Grande Instance ;
- des magistrats des juridictions des forces armées (Haute Cour Militaire, les Cours
Militaires, les Cours Militaires opérationnelles et les Tribunaux militaires de garnison
- Les ayants-droit des magistrats, dont :
· les enfants légitimes nés avant ou 9 mois après la cessation définitive des
fonctions par le magistrat ;
· les enfants adoptés ;
· les enfants reconnus et déclarés à l’état civil ;
· les enfants que le conjoint a retenus d’un précédent mariage ;
· les enfants sous tutelle du magistrat.
Sont visées, les personnes qui occupent un emploi dans les universités, les instituts
supérieurs pédagogiques, les instituts supérieurs techniques et les services spécialisés du
Ministère ayant l’Enseignement Supérieur et Universitaire et la Recherche Scientifique
dans ses attributions. Elles peuvent relever du cadre académique ou scientifique, du
cadre administratif ou technique.
Les parlementaires en fonction et les anciens parlementaires ainsi que leurs ayants-droit
bénéficient des prestations de la sécurité sociale.
NB. : Le projet de loi portant sur la sécurité sociale des fonctionnaires, élaboré en
novembre 2006 par le Ministère de la fonction publique, harmonise le dispositif de
couverture sociale à tous les agents fonctionnaires, quel que soit le statut qui les régit. Il
s’appliquera à l’ensemble des fonctionnaires de l’Etat régis par le statut général de la
fonction publique, aux fonctionnaires relevant des statuts particuliers et des statuts
spéciaux ainsi qu’aux magistrats. En ce qui concerne les agents non fonctionnaires de
l’Etat, le projet prévoit que le Président de la République pourra, par voie d’Ordonnance,
rendre applicable tout ou partie des prestations qu’il prévoit.
A cela s’ajoutent, les ayants droits du fonctionnaire :
- les enfants légitimes ;
- les enfants naturels ;
- les enfants adoptés ;
- les enfants sous tutelle (orphelins de père et de mère) ;
- les enfants de la femme fonctionnaire non mariée pour autant que son conjoint
n’exerce aucune profession rémunérée.
- Risques professionnels.
- Charges de famille.
- Invalidité.
- Vieillesse.
- Décès.
A. L’accident du travail
Le terme accident désigne un événement soudain, anormal, produit par l’action subite
d’une force extérieure. Un accident sera réputé accident du travail lorsque, quelle qu’en
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
soit la cause, il est survenu à un travailleur par le fait ou à l’occasion du travail, qu’il y ait ou
non faute de sa part. C’est donc la survenance par ce fait ou à l’occasion du travail qui
confère à l’accident le caractère professionnel.
Est par ailleurs également considéré comme accident de travail, l’accident survenu à un
travailleur pendant le trajet de sa résidence, du lieu où il prend ordinairement ses repas, au
lieu où il effectue son travail, perçoit sa rémunération et vice versa dans la mesure où le
parcours n’a pas été interrompu ou détourné pour un motif dicté par un intérêt personnel
ou indépendant de l’emploi. Il en est de même des accidents survenus pendant les
voyages dont les frais sont supportés par l’employeur.
Le trajet protégé est le trajet le plus court et plus direct. L’accident doit être intervenu au
temps normal du trajet aller-retour.
B. La maladie professionnelle
L’article 20 du Décret-loi du 29 juin 1961 assimile aux accidents du travail, les maladies
provoquées par l’accomplissement de certains travaux dans l’exercice de l’activité
professionnelle du travailleur. Cette assimilation ne se limite qu’aux seules maladies
énumérées par l’Ordonnance n° 66-370 du 09 juin 1966 relative à la liste des maladies
professionnelles.
Les prestations en nature sont allouées sous forme des soins médicaux et comprennent :
- l’assistance médicale et chirurgicale ;
- les examens médicaux, radiographiques, de laboratoire et les analyses ;
- la fourniture des produits pharmaceutiques ;
- l’entretien dans un hôpital ou dans une autre institution médicale y compris la
nourriture habituelle fournie par l’établissement ;
- les soins dentaires ;
- les frais de transport de la victime du lieu de l’accident aux centres médicaux, à
l’hôpital, à un cabinet médical et à sa résidence,
- la fourniture, l’entretien et le renouvellement des appareils de prothèses et
d’orthopédie nécessités par l’infirmité résultant de l’accident et reconnus
indispensables par le Médecin désigné ou agréé par l’Institut ;
- la réadaptation et la rééducation professionnelles.
Le travailleur victime d’une incapacité temporaire, partielle ou totale a droit à une indemnité
journalière, pour chaque jour d’incapacité, dont le taux est égal aux deux tiers de la
rémunération journalière moyenne. Celle-ci est obtenue en divisant par 90 le total des
rémunérations soumises à cotisation perçues au cours des trois mois précédant celui de
l’accident, puis en multipliant le montant obtenu par deux tiers.
3. En cas de décès
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
La personne qui a pris à charge les frais d’enterrement a droit à une allocation ; de même
que les ayants-droit de la victime bénéficient des rentes des survivants. Cette dernière est
allouée au conjoint survivant et aux orphelins. Une rente de 20% est allouée aux
ascendants et collatéraux de la victime, à défaut d’orphelins.
En principe, les indemnités et les rentes sont insaisissables et incessibles, sauf notamment
pour cause d’obligation alimentaire.
Le droit aux indemnités journalières d’accident et aux allocations funéraires se prescrit par
un an ; tandis que le droit aux rentes et aux allocations d’incapacité ou de survivants est
prescrit par dix ans. Toutefois, les arrérages des rentes ne sont pas versés pour une
période antérieure excédant six mois.
Lorsque l’événement qui ouvre droit à une prestation de la sécurité sociale (voir chap. IV
et VI) est dû à la faute d’un tiers, l’INSS est tenu de verser à l’assuré ou à ses ayants-
droits les prestations prévues. L’assuré ou ses ayants-droit conservent contre le tiers
responsable le droit commun, la réparation du préjudice subi. L’INSS est subrogé de plein
droit à l’assuré et à ses ayants-droits pour le montant des prestations octroyées ou des
capitaux constitutifs correspondants. L’employeur et ses proposés sont considérés
comme « tiers responsables » lorsqu’ils causent intentionnellement le préjudice au
travailleur.
§1. Principe
Il s’agit des allocations familiales qui sont payées aux travailleurs notamment en vue de
leur permettre de compenser l’insuffisance de salaire par rapport aux dépenses
nécessitées pour l’entretien d’une famille.
Le droit aux allocations familiales n’est reconnu qu’à une seule personne au titre d’un
même enfant. Lorsque les deux conjoints travaillent, ce droit n’est reconnu qu’à l’un d’eux
afin d’éviter le cumul des allocations familiales.
L’allocataire doit résider sur le territoire de la RDC, sauf dérogation pour convention
internationale. Le montant des allocations est déterminé par Ordonnance du Président de
la République, en fonction des salaires payés en espèces conformément au SMIG.
Les allocations familiales sont dues par l’employeur. La compensation n’a lieu que si
l’employeur dépose le relevé des rémunérations à l’INSS ainsi que les déclarations
d’immatriculation. C’est sur base de ces documents que l’INSS établit le montant des
allocations familiales à rembourser. L’action en paiement des allocations familiales se
prescrit par un an. Les allocations familiales sont en principe incessibles et insaisissables.
Le projet du code de sécurité sociale des fonctionnaires prévoit dans la catégorie des
prestations aux familles :
§1. L’invalidité
a. Définition
Est considéré comme invalide le travailleur qui, par suite de maladie ou d’accident, subit
une diminution permanente de ses capacités physiques ou mentales le rendant inapte à
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
L’invalidité doit trouver son origine dans une maladie ou un accident non professionnel. Il
faut qu’il s’agisse d’un accident de droit commun. Une relation de cause à effets n’est pas
exigée entre l’invalidité et l’exercice de l’activité professionnelle.
b. Condition d’octroi
- La pension d’invalidité
§2. La vieillesse
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
Objet
L’assurance vieillesse a pour but de garantir aux personnes qui prennent la retraite des
moyens d’existence en rapport avec leurs cotisations payées pendant l’exercice de
l’activité professionnelle.
Conditions.
- l’âge d’ouverture du droit à la pension de retraite est fixé à 60 ans pour les femmes
et à 65 ans pour les hommes ;
- la cessation de toute activité professionnelle rémunérée ou lucrative ;
- la résidence sur le territoire national ;
- la justification d’au moins 60 mois d’assurance ou de périodes assimilées au cours
de 40 derniers trimestres civils précédant celui au cours duquel il a atteint l’âge
d’admission à la retraite.
§3. Le décès
En cas de décès d’un titulaire d’une pension d’invalidité ou de retraite ou de décès d’un
assuré qui, à la date du décès, aurait eu droit à une pension de retraite ou d’invalidité, ses
ayants-droit bénéficient d’une pension de survivants. La pension de veuve est égal à 40%
du montant de la pension de retraite à laquelle avait ou aurait eu droit le défunt ; les
orphelins bénéficient d’une allocation unique répartie entre eux en parts égales en fonction
d’autres enfants en présence. Ce montant est doublé s’il n’y a pas de veuve ayant droit à
une pension ou à une allocation de veuve.
NB. Les prestations examinées sont celles prévues par le régime général de la sécurité
sociale organisé par le Décret-loi du 20 juin 1961. Les lois particulières qui organisent les
régimes spéciaux de sécurité sociale pour les magistrats, les fonctionnaires, le personnel
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
de l’ESURS et les parlementaires prévoient pratiquement les mêmes prestations mais les
soumettent à des conditions et à des modalités particulières.
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J.MASANGA PHOBA MVIOKI , Droit du Travail, 5ème édition revue et augmentée, juillet 2013
OUVRAGES
BAISE J., Traité de droit du travail, publié sous la direction de G.H. CAMERLYNCK,
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CAMERLYNCK, G.H., La clause de maintien des avantages acquis dans les conventions
collectives, D.S., 1959.
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DE KOSTER, A., DENIS P., et DOUTREPONT, E., Elections sociales 1995, Bruxelles, F.
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FRANCOIS, L., Théories des relations collectives du travail en droit belge, Bruylant,
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GILLARDIN J., et VAN DER VORST, P., Les conflits collectifs de travail. Solutions
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PIRON J., et DENIS, P., Les conseils d’entreprise et les comités de sécurité et d’hygiène,
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REVUES