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1 Luxations carpométacarpiennes
2 M. Ebelin, M. Soubeyrand, R. Idrissi
3 Les luxations carpométacarpiennes sont rares, notamment aux quatre doigts longs, et font suite à des
4 traumatismes en règle violents du sujet jeune. Elles engagent le pronostic fonctionnel de la main, surtout
5 pour la colonne du pouce où la mobilité carpométacarpienne est sollicitée quelle que soit la prise. La
6 luxation traumatique trapézométacarpienne est le plus souvent postéroexterne. Son diagnostic, évoqué
7 devant le type de traumatisme, l’impotence et la déformation du pouce, est confirmé par l’examen
8 radiologique. À l’origine d’instabilité de la première colonne, elle est potentiellement génératrice de
9 rhizarthrose. Le traitement d’une luxation fraîche est controversé entre le traitement orthopédique, la
10 réparation chirurgicale et la Iigamentoplastie d’emblée, qui devient à terme incontournable dans les
11 instabilités anciennes non arthrosiques. Pour les quatre doigts longs, on distingue les luxations
12 spatulaires isolées, partielles et complètes où les lésions associées de type fracture-arrachement sont
13 fréquentes. Dans les formes récentes, le diagnostic est le plus souvent radiographique et le traitement en
14 urgence vise à réduire la luxation et à la stabiliser, au besoin par voie sanglante. Dans les formes
15 anciennes symptomatiques, l’arthrodèse carpométacarpienne est la seule solution, sauf pour le
16 cinquième rayon où des interventions de résection arthroplastique ou d’arthroplastie stabilisée ont été
17 proposées pour préserver sa mobilité.
18 © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
22 ¶ Introduction 1
d’instabilité de la première colonne, elle est potentiellement 48
génératrice de rhizarthrose secondaire. Le traitement d’une 49
23 ¶ Luxation trapézométacarpienne 1 luxation fraîche reste controversé, les auteurs étant divisés entre 50
24 Anatomie 1 les tenants du traitement orthopédique et ceux de la réparation 51
25 Physiopathologie et classification 2 ligamentaire chirurgicale, voire de la ligamentoplastie d’emblée. 52
26 Formes récentes 3
27 Formes anciennes 3
28 ¶ Luxations carpométacarpiennes des doigts longs 5 Anatomie 53
29 Anatomie 5
L’articulation TM joue un rôle fondamental dans l’orientation 54
30 Physiopathologie et classification 5
spatiale et donc l’opposition du pouce. C’est une articulation 55
31 Formes récentes 7
constituée de deux surfaces en forme de selle situées l’une sur 56
32 Formes anciennes 9
le trapèze, l’autre sur la base de M1. Celles-ci ne peuvent 57
33 ¶ Conclusion 10 s’emboîter que grâce à une rotation de 90° de l’une par rapport 58
34 à l’autre, faisant coïncider la courbure convexe de l’une avec la 59
courbure concave de l’autre. 60
L’articulation TM est constituée d’une capsule lâche mais 61
35 ■ Introduction renforcée par une structure ligamentaire décrite comme com- 62
plexe [1], mais que l’on peut schématiser en quatre ligaments 63
36 Les luxations (ou disjonctions) carpométacarpiennes (CM)
principaux [2, 3] (Fig. 1) dont les trois ligaments TM vrais : 64
37 sont moins rares dans l’interligne trapézométacarpien (TM)
• le ligament collatéral radial tendu du tubercule dorsoradial du 65
38 qu’aux quatre doigts longs, et correspondent quelle qu’en soit
trapèze à la base de M1 ; 66
39 la variété à des traumatismes violents. Le pronostic fonctionnel
40 est plus réservé pour la colonne du pouce, où la mobilité CM • le ligament dorsal oblique qui naît du tubercule dorso- 67
41 est sollicitée quelle que soit la prise. ulnaire du trapèze, cravate la base de celui-ci en passant la 68
première commissure, et se termine sur le tubercule palmaire 69
et ulnaire de la base de M1 ; 70
42 ■ Luxation trapézométacarpienne • le ligament palmaire oblique reliant le tubercule palmaire de 71
la base de M1 au trapèze ; 72
43 La luxation traumatique TM reste rare comparée aux fractures • le ligament de suspension de la base de M1 ou ligament 73
44 de la base du premier métacarpien (M1), le nombre de cas intermétacarpien, tendu entre le tubercule palmaire de M1 et 74
45 rapportés par série dépassant exceptionnellement la quinzaine. la base du deuxième métacarpien (M2). 75
Appareil locomoteur 1
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2 Appareil locomoteur
107 Formes récentes (Fig. 5), longitudinal transfixiant la TM selon Wiggins [13] ou de 157
préférence intermétacarpien à la manière d’Iselin [14], complété 158
108 Diagnostic par une attelle commissurale. 159
109 Le diagnostic de luxation TM reste souvent clinique, évoqué Les différentes ligamentoplasties que certains proposent 160
110 devant une déformation en dos de fourchette de la TM (signe même en urgence sont détaillées dans les instabilités chroni- 161
111 de Tillaux, in [11]) et une impression de piston lors de la traction ques (cf. infra). 162
112 sur la colonne du pouce. Le type de traumatisme, l’examen du
113 pouce controlatéral et la sensation d’instabilité de la TM Indications 163
114 orientent d’emblée le diagnostic, confirmé par l’examen
En dehors de la luxation réduite et stable, alors indication 164
115 radiologique.
d’une simple immobilisation contrôlée régulièrement pendant 165
116 Examinée avec retard, la luxation entraîne un œdème volu-
117 mineux de la base du pouce effaçant la saillie de la base de M1, les 6 semaines de contention stricte, la sécurité impose de 166
118 qui impose de toute façon un bilan radiographique. Celui-ci pratiquer le plus souvent un brochage en réduction de la TM, 167
119 doit comprendre des incidences spécifiques de face et de profil complété par un gantelet en résine ou une attelle commissurale 168
120 vrais de la TM, répondant à des critères stricts de réalisation [12] : pour une durée totale d’immobilisation de 6 semaines. 169
121 • le cliché de face est pratiqué avant-bras et main reposant sur Alors que certains prônent la réalisation d’une ligamentoplas- 170
122 leur bord cubital, poignet porté en légère pronation et tie d’emblée [15], nous ne la pratiquons qu’en cas d’instabilité 171
123 extension de 15°. Le cliché est réalisé lorsque le plan de postréductionnelle franche, d’irréductibilité ou de récidive de la 172
124 l’ongle du pouce est parallèle à celui de la table. De la sorte, luxation au cours de la surveillance du traitement orthopédique. 173
125 les trois pièces de la colonne du pouce sont vues strictement Le type de ligamentoplastie est alors fonction du type d’insta- 174
126 de face et les sésamoïdes métacarpophalangiens se projettent bilité résiduelle (postéroexterne, externe pure, antéroexterne). 175
127 de façon symétrique sur la tête métacarpienne ;
128 • le cliché de profil est réalisé poignet en extension de 20° dans Résultats 176
129 le prolongement du bord radial de l’avant-bras, main en Si elles sont correctement réduites et en règle stabilisées par 177
130 pronation et avant-bras posé sur la table. Les deux phalanges brochage, les résultats même à long terme [16, 17] des luxations 178
131 du pouce sont alors vues de profil, les deux sésamoïdes sont TM sont favorables aux bilans clinique (douleur, mobilité et 179
132 superposés et la ligne articulaire de M1 est régulièrement
force) et radiographique. 180
133 concave, correspondant à la ligne convexe de la face
134 trapézienne.
135 Ces deux incidences perpendiculaires sont nécessaires et Formes anciennes 181
136 suffisantes pour objectiver la luxation et rechercher une fracture
137 associée (fracture du trapèze, microarrachement Diagnostic 182
138 ostéoligamentaire).
139 Les radiographies dynamiques sont inutiles aux urgences, La luxation invétérée TM est exceptionnelle, nécessitant 183
140 mais sont pratiquées systématiquement au bloc opératoire et réduction par voie sanglante, stabilisation par brochage inter- 184
141 sous scopie après réduction pour rechercher une instabilité au métacarpien et ligamentoplastie complémentaire de principe. En 185
142 testing clinique en hyperabduction, rétropulsion et flexion- revanche, l’instabilité ou la subluxation TM post-traumatiques 186
143 compression axiale. sont plus fréquentes, génératrices d’arthrose à moyen et à long 187
144 Scanner ou mieux arthroscanner comprenant des coupes terme conséquence d’une insuffisance de réduction ou de 188
145 longitudinales ne sont utiles que dans les instabilités chroniques stabilisation initiale. 189
146 et n’ont pas de justification en urgence. Cliniquement, le symptôme principal est la douleur de 190
l’articulation TM survenant dans les pinces pollicidigitales, en 191
147 Traitement particulier dans la tenue des petits objets, associée à une 192
148 Méthodes et conduite à tenir diminution de la force de serrage de la main. Le bilan radiolo- 193
La luxation est presque toujours réductible à foyer fermé, gique centré peut être normal ou montrer une simple subluxa- 194
149
150 parfois sur les lieux mêmes de l’accident ou aux urgences, mais tion de la TM, de toute façon majorée par les clichés 195
151 de préférence au bloc opératoire sous anesthésie. Cette réduc- dynamiques comparatifs de l’articulation. 196
152 tion doit être contrôlée sous scopie, ce qui permet de démas- Le scanner ou l’arthroscanner avec coupes longitudinales 197
153 quer une instabilité franche au testing dynamique. peuvent être utiles mais ne sont pas systématiques, permettant 198
154 La contention est alors assurée soit par un simple gantelet de d’apprécier l’étendue des lésions capsuloligamentaires, une 199
155 type résine immobilisant la colonne du pouce jusqu’à l’inter- éventuelle dégradation cartilagineuse et l’existence de lésions 200
156 phalangienne non comprise, soit par un brochage percutané ostéochondrales. 201
Appareil locomoteur 3
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202 Traitement
203 Au stade d’instabilité non arthrosique, l’indication d’une
204 ligamentoplastie de stabilisation ne se discute pas. Trois
205 procédés sont plus fréquemment utilisés.
206 Technique d’Eaton-Littler
207 C’est la technique la plus courante [18], utilisant la moitié du
208 tendon du flexor carpi radialis (FCR) prélevé sur 10 à 12 cm de
209 l’avant-bras et gardant son insertion distale sur la base de M2
210 (Fig. 6).
211 L’articulation TM est abordée par une incision de type Gedda-
212 Moberg [19] , longitudinale le long du bord externe de M1,
213 s’incurvant en proximal vers le poignet le long du bord externe
214 du FCR. Par voie sous-périostée, la partie antérieure de la base
215 de M1 et la capsule articulaire TM sont exposées, et un tunnel
216 transosseux est foré dans la base de M1 perpendiculairement au
217 plan de l’ongle du pouce. La languette tendineuse de FCR est
218 introduite de dedans en dehors dans ce tunnel transosseux puis Figure 7. Ligamentoplastie de Brunelli. 1. Abductor pollicis longus.
219 classiquement passée sous l’abductor pollicis longus (APL) pour
220 cravater alors le FCR laissé en place et être enfin retournée vers
221 la base de M1. La mise en tension de la plastie est réalisée après
222 positionnement de M1 en opposition et stabilisation de la
223 colonne du pouce par un brochage intermétacarpien corrigeant
224 la subluxation de M1. Après fixation du transplant, l’immobili-
225 sation postopératoire par broche et attelle commissurale de
226 complément est conservée de 5 à 6 semaines.
227 Ligamentoplastie de Brunelli
228 Elle utilise un faisceau du tendon APL (Fig. 7) prélevé par une
229 voie d’abord longitudinale dans la tabatière anatomique [20]. S’il
230 existe comme cela est habituel à ce niveau plusieurs languettes
231 tendineuses de l’APL, c’est la principale qui est utilisée, alors
232 que s’il n’existe qu’un seul tendon celui-ci est divisé longitudi-
233 nalement pour en prélever la moitié. Ce transplant est sectionné
234 à 6 cm en amont de son insertion distale puis récupéré en aval
235 de sa coulisse ostéofibreuse. Un tunnel transosseux est préparé
236 à la mèche à travers la base de M1, parallèle à sa surface
237 articulaire donc au plan de l’ongle du pouce et dirigé vers la
238 base de M2. Une contre-incision est faite au point d’émergence Figure 8. Ligamentoplastie de Pequignot-Allieu.1. Extensor pollicis lon-
239 de la mèche en dehors de M2. Le transplant de l’APL est alors gus ; 2. extensor carpi radialis brevis ; 3. extensor carpi radialis longus ;
240 tunnellisé avec un passe-fil puis suturé (en réduction et stabili- 4. artère radiale ; 5. abductor pollicis longus.
241 sation de la TM) au périoste de M2 et à l’aponévrose interos-
242 seuse avoisinante. La colonne du pouce est maintenue en
243 opposition par un brochage intermétacarpien complété par une Typiquement, l’incision dorsale en « V » permet un abord 249
244 attelle commissurale, tous deux gardés de 5 à 6 semaines. large de la TM. L’APL, souvent plurifasciculé, est désinséré pour 250
un de ses faisceaux puis dorsalisé en transosseux sur la partie 251
245 Ligamentoplastie de Péquignot-Allieu médiane de la base de M1. Le fragment prélevé aux dépens de 252
246 Plus rarement utilisée, elle consiste à prélever une languette l’ECRL est décroisé du paquet vasculaire radial et passé 253
247 de l’extensor carpi radialis longus (ECRL) (Fig. 8) servant de au-dessous de l’extensor pollicis longus (EPL), suivant ainsi le 254
248 poulie de réflexion au tendon de l’APL dorsalisé [21]. trajet du faisceau ligamentaire intermétacarpien. Cette plastie 255
4 Appareil locomoteur
256 entoure la partie dorsale de l’articulation en passant au-dessous grand os et par ses faces latérales avec M2 et M4 ; la base de 307
257 du tendon de l’APL transloqué pour être ensuite amarrée en M4 s’articule par sa face supérieure à l’os crochu et au grand os, 308
258 tension à la capsule latérale et aux faisceaux restés en place de et latéralement à M3 et M5 ; pour M5, sa base convexe dans le 309
259 l’APL. sens dorsopalmaire répond à la face concave de l’os crochu, 310
260 Ainsi, l’abducteur dorsalisé assure la congruence articulaire avec fréquemment une facette complémentaire pour le grand 311
261 alors que le transplant de l’ECRL joue le rôle de « verrou » et os ; par une facette médioradiale, elle s’affronte à M4, empê- 312
262 surtout de poulie de réflexion active du tendon dorsalisé. chant toute inclinaison radiale. La solidarisation de l’ensemble 313
263 L’immobilisation complémentaire de la TM est identique à celle des métacarpiens est assurée par une enveloppe capsuloIiga- 314
264 des deux autres ligamentoplasties. mentaire à la fois épaisse et courte leur autorisant peu de 315
265 Indications mobilité : 316
• à la face antérieure des métacarpiens moyens, celle-ci com- 317
266 Le type d’instabilité et plus précisément sa direction condi-
prend des ligaments palmaires minces et un très fort ligament 318
267 tionnent le procédé de ligamentoplastie à utiliser, l’indication
qui part de la crête du trapèze et rejoint obliquement M2 et 319
268 chirurgicale étant formelle pour prévenir la survenue d’une
269 rhizarthrose post-traumatique : M3. De manière identique part du grand os un ligament qui 320
270 • l’instabilité postéroexterne, la plus fréquente, due principale- s’épanouit en trois branches vers M2, M3 et M4. À la face 321
271 ment à la rupture du ligament intermétacarpien, est une palmaire de M5, un assemblage ligamentaire en triangulation 322
272 indication de plastie d’Eaton-Littler au FCR, puisque la constitué par les ligaments pisi- et uncimétacarpiens absorbe 323
273 direction du transplant reproduit celle du ligament lésé, les principales contraintes lors de l’aplatissement de l’arche 324
274 perpendiculaire au plan de l’ongle ; métacarpienne ; 325
275 • l’instabilité externe ou radiale pure est une indication de • à leur face dorsale, la capsule est plus épaisse, courte, solide 326
276 ligamentoplastie d’Eaton-Littler ou de renforcement selon et doublée par les tendons terminaux des muscles radiaux. En 327
277 Péquignot-Allieu ; regard de M5, un fort ligament postéro-interne est tendu 328
278 • l’instabilité antéroexterne secondaire à une lésion de l’appa- entre l’os crochu et la base de M5 ; 329
279 reil ligamentaire antérieur justifie une ligamentoplastie de • les ligaments intermétacarpiens (ou interosseux) unissent les 330
280 type Brunelli, où l’axe du transplant est parallèle au plan bases articulaires des métacarpiens ; leur intégrité est un 331
281 unguéal. facteur de stabilité réductionnelle. 332
282 Tardivement, au stade de rhizarthrose post-traumatique Ces stabilisateurs passifs sont renforcés par les tendons du 333
283 évoluée, l’indication opératoire et la technique chirurgicale poignet qui verrouillent activement les articulations CM en les 334
284 appropriée rejoignent celle des rhizarthroses primitives (trapé- pontant : 335
285 zectomie, implant ou arthrodèse TM). • sur le versant radial : flexor carpi radialis (FCR), extensor carpi 336
radialis longus (ECRL) et extensor carpi radialis brevis 337
(ECRB) ; 338
286 ■ Luxations carpométacarpiennes • sur le versant cubital : flexor carpi ulnaris (FCU) et extensor 339
287 des doigts longs carpi ulnaris (ECU). 340
Parmi les éléments anatomiques menacés par voisinage, la 341
288 Les lésions des articulations CM des doigts longs sont rares branche profonde du nerf ulnaire (ou nerf cubital) peut être 342
289 (quelques centaines de cas recensés dans la littérature) et comprimée ou étirée du fait de sa proximité, qu’il s’agisse d’une 343
290 souvent méconnues [22, 23]. La fréquence des luxations intéres- luxation palmaire [28] ou dorsale [29] de la base de M4 ou M5. 344
291 sant l’interligne CM est ainsi de 1 % à 2 % de l’ensemble des Les quatre derniers métacarpiens unis entre eux par leur base 345
292 traumatismes du poignet et du carpe. forment une voûte qui prolonge la concavité palmaire de la 346
293 Les premières observations remontraient à Cooper et Roux au
e gouttière carpienne. Les articulations CM des doigts forment la 347
294 XIX siècle. Masquelet et al. [24] colligent 215 observations
base de l’arche transversale métacarpienne de la main dont le 348
295 publiées jusqu’en 1986, dont la plupart sous forme de cas isolés.
pivot central (M2-M3 qui s’articule avec le trapézoïde et le 349
296 Enfin, les séries les plus nombreuses reviennent à Guimaraes et
al. [25] (26 cas), Gerard et al. [26] (30 cas) et Gangloff et al. [27] grand os) est stable. La fixité du bloc M2-M3 s’oppose à la 350
297
298 (31 cas). relative mobilité de M4-M5, laquelle permet de 10° à 20° de 351
flexion-extension et de 15° à 20° de supination de l’auriculaire 352
lors de son opposition avec le pouce. Cette mobilité, bien que 353
299 Anatomie modeste, entraîne une certaine convergence du cinquième 354
300 Les trois métacarpiens moyens (M2, M3, M4) sont unis au rayon lors des prises pollicidigitales et un creusement antérieur 355
301 carpe par des interlignes en créneaux relevant d’un emboîte- de la paume, verrouillant les prises fortes ou cylindriques. Toute 356
302 ment réciproque serré (CM et intermétacarpien) et donc atteinte CM retentit ainsi sur la chaîne digitale d’aval, une 357
303 architecturalement stable (Fig. 9). Ces articulations communi- luxation négligée laissant persister un raccourcissement ou une 358
304 quent entre elles et avec l’articulation CM du cinquième rayon. déviation angulaire du métacarpien, et donc du doigt 359
305 La base de M2 s’articule par trois facettes aux trapèze, trapézoïde correspondant. 360
306 et grand os ; celle de M3 s’articule par sa face supérieure avec le
Physiopathologie et classification 361
Mécanisme 362
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Figure 10.
A. Luxation dorsale de M5.
B. Fracture-luxation de la base de M5.
C. Luxation dorsale de M4 et M5.
D. Luxation dorsale de M2.
6 Appareil locomoteur
Figure 11.
A. Luxation spatulaire palmaire partielle de M4
et M5.
B. Luxation spatulaire palmaire partielle de M2
et M3.
433 fractures des phalanges proximales, des métacarpiens ou du Les radiographies du poignet de face et de profil ne sont pas 445
434 carpe témoignant de la violence du traumatisme générateur. toujours suffisantes. Sur le cliché de face en incidence paume- 446
plaque, les articulations carpométacarpiennes sont normalement 447
435 Formes récentes bien visibles sans superposition, alors qu’en cas de luxation 448
celui-ci montre la disparition de l’interligne carpométacarpien 449
436 Diagnostic correspondant (Fig. 13) ainsi que la perte de convergence 450
437 La douleur et l’impotence fonctionnelle sont constantes. La anatomique des quatre axes métacarpiens longitudinaux vers la 451
438 déformation n’est présente que dans les traumatismes vus métaphyse radiale inférieure [41]. L’incidence de profil (strict sur 452
439 précocement en raison de l’importance de l’œdème qui apparaît planchette) permet théoriquement de déceler un défaut d’ali- 453
440 rapidement et efface dès lors tout relief. La palpation doulou- gnement entre métacarpiens et deuxième rangée des os du 454
441 reuse de l’interligne carpométacarpien est sans spécificité. La carpe (matérialisée par le grand os) mais ne montre pas directe- 455
442 recherche de complication immédiate, en particulier nerveuse, ment les interlignes du fait des superpositions. 456
443 est systématique : compression de la branche motrice ulnaire ou Ce bilan est en pratique optimisé par des trois quarts variant 457
444 du nerf médian. la pronosupination du poignet : l’interligne CM2 est dégagé 458
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Traitement 470
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Figure 17. Arthrodèse carpométacarpienne des quatrième et cin- Figure 19. Arthroplastie stabilisée de M5.
quième rayons.
■ Conclusion 624
■ Références 633
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anatomic study of the stabilizing ligaments of the trapezium and 635
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608 brochage CM, mais ses indications restent limitées par l’irréduc- associated with fracture of the trapezium. J Hand Surg [Br] 1993;18: 653
609 tibilité habituelle de la lésion ainsi que par les destructions 197-9. 654
610 articulaires. En cas de luxation négligée incoercible, de cal [9] Leiber-Wackenheim F, David E, Tran Van F, Havet E, Vernois J, Mertl P. 655
611 vicieux carpométacarpien ou d’arthrose symptomatique, Premier métacarpien flottant avec luxation trapézométacarpienne 656
612 l’arthrodèse avec greffon osseux iliaque (Fig. 17) est idéale pour récidivante chez un sujet hyperlaxe. Rev Chir Orthop 2007;93:725-9. 657
613 les rayons peu mobiles (M2, M3 voire M4). Pour M5, les [10] Wee JY, Chandra D, Satku K. Simultaneous dislocation of the 658
614 indications sont controversées : l’arthrodèse CM du cinquième interphalangeal and carpometacarpal joints of the thumb: a case report. 659
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10 Appareil locomoteur
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763 M. Ebelin (dr.ebelin@wanadoo.fr).
764 Hôpital privé des Peupliers, Unité de chirurgie de la main, 8, place de l’Abbé-Henocque, 75013 Paris, France.
765 M. Soubeyrand, Chef de clinique assistant.
766 Service de chirurgie orthopédique du Professeur Gagey, Centre hospitalo-universitaire de Bicêtre, 78, avenue du Général-Leclerc, 94270 Le Kremlin Bicêtre,
767 France.
768 R. Idrissi, Chirurgien assistant.
769 Hôpital privé des Peupliers, Unité de chirurgie de la main, 8, place de l’Abbé-Henocque, 75013 Paris, France.
770 Toute référence à cet article doit porter la mention : Ebelin M., Soubeyrand M., Idrissi R. Luxations carpométacarpiennes. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
771 Appareil locomoteur, 14-046-D-10, 2010.
Appareil locomoteur 11
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