Dossier ❘ CRUSTACÉS

CRUSTACÉS
Un marché bien vivant
Aux mains d’entreprises spécialisées, mareyeurs et grossistes, le marché en frais des crustacés d’eau
froide en France s’avère être une machine bien rodée. Elle est servie par un vrai savoir-faire
et une consommation nationale somme toute au rendez-vous.

Dossier : Loïc FABRÈGUES

La consommation Demande accrue Bond en qualité

des ménages a ralenti sur le homard européen pour la langoustine

L a crise sanitaire n’a pas été sans

conséquence sur le marché des crus-
tacés en frais. « On a tourné à 30 %
de notre chiffre d’affaires en avril »,
indique Erwan Dussaud, directeur com-
mercial de Béganton. L’entreprise est spé-
cialisée dans les crustacés vivants avec des
13 000
de crustacés vivants
 t

ou frais importés par

sites dédiés à Roscoff, Loctudy et Lorient.
Elle se révèle être un poids lourd du tour-
teau (Cancer pagurus) en France avec 2 000
tonnes par an. Elle a dû composer durant
le confinement avec un fort ralentissement
de la consommation. Le conseil spécialisé
pêche et aquaculture de FranceAgriMer a
évalué la baisse pour les crustacés en frais
à 25 % en volume et 26 % en valeur sur
Une modernisation
du site des Viviers de
Roscoff est en projet.
la France en 2019, dont
4 600 t de crabe, 3 300 t
de langoustine, 2 800 t
mars et avril alors que le début d’année avait
connu une belle embellie avec 28 % d’aug-
mentation en volume et 3 % en valeur.
Armateur de six caseyeurs ciblés sur
le tourteau, Béganton dans le giron du
groupe Mericq a pris la décision de laisser
ses bateaux à quai pour faire face à cette
de homard, 1 800 t
de crevettes et 300 t situation. «  Je ne pouvais pas leur garan-
de langouste. tir un prix », résume Erwan Dussaud. Si la
pleine saison pour les caseyeurs français
commence d’ordinaire en avril, le retour en
mer pour Béganton a eu lieu à la mi-mai
avec le déconfinement et il a été progres-
sif. Alors que le marché du crabe recom-
mençait à voir ses ventes augmenter sen-
siblement en France et à l’exportation, « j’ai
fait sortir les bateaux un par un », explique
le directeur commercial. Des sorties qui sur
les mortes-eaux de fin mai étaient plutôt
encourageantes avec dix à onze tonnes de
captures par bateau. Trop tôt néanmoins
pour se prononcer sur la suite de la saison.
« La pêche au tourteau répond à des phé-
nomènes de cycle, explique Erwan Dussaud.
2017 et 2018 ont été des années compli-
quées. Il y a eu du mieux en 2019. »
Dans le bilan des halles à marée de
FranceAgriMer, les apports de crustacés
à un peu plus de 5  600  tonnes affichent,
elles, un recul de 6 % entre 2018 et 2019.
Les ventes de gré-à-gré sont, cela dit, une
pratique répandue pour ces espèces. La
L.F.
recherche de l’origine française peut même
s’avérer parfois un peu sportive. «  Pour
avoir du homard en France, il faut prendre
du tourteau avec », raconte Ronan Sergent,
directeur des Viviers d’Audierne. Bien que
le homard européen (Homarus vulgarus ou
gammarus) soit « un petit peu plus présent
sur les côtes bretonnes  », note-il, les cap-
tures françaises ne lui suffisent pas pour
fournir sa clientèle. « Avant le homard euro-
péen n’était pas aussi consommé. Metro a
beaucoup fait pour le mettre en valeur. Cela
l’a fait connaître et a créé une demande
supplémentaire. »
Les Viviers d’Audierne font aujourd’hui
150  tonnes de homard européen par an
et pourraient en faire plus. « On est monté
jusqu’à 220  tonnes mais la pêche n’est
pas une science exacte  », rappelle Ronan
Sergent. Pour sécuriser ses approvisionne-
ments, l’entreprise de mareyage qui pro-
pose une large gamme de crustacés d’eau
froide, a ses habitudes en Irlande et au
Royaume-Uni. Les deux pays sont derrière
le duo Canada-États-Unis pour le homard
américain (Homarus americanus). Nos voi-
sins outre-Manche sont les plus importants
fournisseurs du marché du homard vivant
dans l’Hexagone avec 1 100 tonnes impor-
tées en 2018 dont 80  % du Royaume-
Uni. Le rôle des deux pays est encore plus
important dans les échanges de tourteaux.
•••

❘  64 ❘ PRODUITS DE LA MER N°202 AOÛT-SEPTEMBRE 2020

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Saint-Paul
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Sur son site de Lorient, les Viviers de Loctudy, appartenant à Béganton (groupe Méricq),
ont depuis 2019 un vivier en circuit fermé très moderne, à l’ergonomie et l’automatisation poussées.
•••
En 2018, ils dépassaient à eux deux les
4 000 tonnes exportées vers la France selon
FranceAgriMer. Deux tiers provenaient du
Royaume-Uni. De quoi se poser des ques-
tions sur les conséquences du Brexit. « On
continue de s’interroger, avoue Ronan
Sergent. Mais je ne vois pas où serait leur
intérêt de garder la marchandise. »
Les importations de la France en crus-
tacés frais ou vivants s’élevaient à près de
13 000 tonnes en 2019 : l’un des débou-
chés les plus importants en Europe. La
consommation des ménages a baissé en
2018, après des années de stabilité autour
de 14 à 15 000 tonnes par an. Cette baisse
s’explique par un manque de ressources sur
les deux premières espèces consommées
par les Français, à savoir le tourteau et la
langoustine. Corollaire à cette rareté, les prix
de vente ont augmenté. Or, « on voit que ce
sont les prix qui jouent sur l’acte d’achat des
crustacés  », souligne Erwan Dussaud. Les
Français ont, cela dit, un large choix d’es-
pèces à disposition. L’araignée de mer (Maia
squinado) est notamment très prisée dans
le grand Ouest. L’amélioration des captures
en France de langouste rouge ou royale
(Palinurus elephas) profite à son retour sur
les étals où elle peut côtoyer la langouste
rose (Palinurus mauritanicus) importée prin-
cipalement de Mauritanie.
Si la vente de produits cuits se développe,
Dossier ❘ CRUSTACÉS
notamment sur le tourteau, les Français pri-
vilégient les achats de crustacés vivants. La
filière de l’amont à l’aval a investi pour cela.
Pour la langoustine, « il y a eu un gros tra-
vail pour une montée en qualité des pro-
duits débarqués », note Ivy Guillou, patron
de Top Atlantique qui en commercialise 180
à 200  tonnes vivantes par an issues de la
pêche française. Outre l’amélioration des
engins de pêche, de plus en plus de bateaux
sont équipés de viviers.
Top Atlantique a investi de son côté dans
la logistique et la commercialisation. «  La
langoustine vivante est un produit que l’on
travaille en flux tendu. On l’achète le soir au
Guilvinec, dans les criées de Concarneau et
de Lorient le matin. Ensuite, il faut faire vite
pour la vente et la livraison. Il faut se dédier
à 100 % au produit », explique Ivy Guillou.
Dans son établissement à Lorient, l’entre-
prise de mareyage dispose par ailleurs de
viviers en circuit fermé avec eau réfrigérée
et filtration biologique.
Des équipements qui tendent à se déve-
lopper pour assurer la meilleure conserva-
tion possible des crustacés vivants de la mer
à l’assiette. Sur son site de Lorient, les viviers
de Loctudy, groupe Béganton, ont depuis
2019 un vivier en circuit fermé composé de
deux bassins de 100 m2 où l’eau est recyclée
en permanence et refroidie. Jean-François
Jacob, le patron des Viviers de Roscoff, a
L.F.
3 900  t
de crustacés vivants
ou frais exportées par
la France en 2019,
dont 2 400 t de crabe,  Sur les réseaux de distribution, « les
900 t de crevettes,
500 t de homard, 41 t
de langouste et 44t
de langoustine.
(Source : Eumofa)
PRODUITS DE LA MER N°202 AOÛT-SEPTEMBRE 2020
L.F.
Les Viviers d’Audierne proposent une large gamme
de crustacés d’eau froide : ici, de la langouste rouge.
pour sa part des projets d’investissements
pour monter en puissance, en gamme et en
qualité. Une modernisation du site qui com-
prendrait « des nurseries pour le règne ani-
mal et végétal », indique-t-il.
GMS portent le marché des crustacés avec
les grossistes  », indique Erwan Dussaud.
Cette clientèle n’est pas la seule servie
par Béganton. Les restaurants et surtout
l’export font aussi partie de ses débouchés.
« On réalise 40 % de notre chiffre d’affaires
en crustacés dans les pays étrangers, sur-
tout ceux de l’Europe du Sud. » La France
a exporté près de 3 900 tonnes de crusta-
cés en frais ou vivants en 2019. Un débou-
ché que travaillent aussi les Viviers d’Au-
dierne. « On a développé l’export sur l’Italie
et l’Asie, où l’on perce un peu en Thaïlande
avec la clientèle des restaurants étoilés »,
indique Ronan Sergent. L’entreprise vise,
par ailleurs, à maintenir l’équilibre entre ses
circuits de distribution GMS, restaurants et
poissonneries. « On l’a vu avec le confine-
ment, toute la clientèle est importante  »,
poursuit son directeur. Ivy Guillou aimerait
que la crise serve à l’avenir. « On s’est beau-
coup parlé au niveau de la filière pour faire
un effort sur tous les maillons de la chaîne
pour trouver un marché à toute la produc-
tion. La vraie bonne idée serait de continuer
sur ce bon élan. » n
❘  67 ❘

Viviers : des évolutions permanentes
Qu’ils soient de stockage
ou de présentation,
les viviers sont équipés de
systèmes de traitement
de l’eau de plus
en plus performants.
Leur ergonomie et leur
esthétique font aussi l’objet
d’une attention particulière.
R
ien de mieux pour conserver des
crustacés vivants que de les gar-
der dans l’eau. Bertrand Fleury, le
patron de Sea Tech France, basée
en Ille-et-Vilaine, en a fait l’expérience. Des
homards placés dans des viviers fabriqués
par sa société en ont été sortis vivants après
plus de sept mois. « Ils n’avaient ni maigri,
ni perdu leur goût », raconte le dirigeant.
La finalité de ces équipements en circuit
fermé, qu’ils soient de stockage ou de pré-
sentation, n’est pas de conserver durant
des mois les crustacés. Mais il est toujours
rassurant de savoir que la technologie sait
être au rendez-vous. Le fruit d’un savant
cocktail chez les fournisseurs entre expé-
Le vivier aquarium demeure un équipement attractif.
Dans cette poissonnerie de Dinard, il a été réalisé par la société Océmer,
installée à Sainte-Sève dans le Finistère.
❘  68 ❘ PRODUITS DE LA MER N°202 AOÛT-SEPTEMBRE 2020
Dossier ❘ CRUSTACÉS
Basée à Pleurtuit, en Ille-et-Vilaine, Sea Tech France
propose plusieurs gammes de viviers de stockage
Volume
Le choix entre écumeur
et filtration biologique
dépend du volume à
traiter, et s’il est stable
ou très variable.
L.F.
DR
et de présentation.
rience, adaptation aux besoins de la clien-
tèle et évolutions technologiques.
Ces dernières portent sur les écumeurs.
Le principe de ces colonnes de liquide dans
lesquelles sont envoyées des bulles d’air est
de concentrer les déchets azotés, les pol-
luants et les graisses sous forme de mousse
de façon à les retirer du milieu. Sea Tech a
enrichi son offre depuis l’an dernier avec un
nouveau système développé avec la société
Coldep située non loin de Montpellier. « Je
cherchais quelque chose d’innovant  »,
raconte Bertrand Fleury. Avec ce procédé,
l’écume est aspirée dans des colonnes sous
vide d’air partiel ce qui permet notamment
d’augmenter l’évacuation des matières
en suspension (lire page 72). « On préco-
nise cette installation pour des viviers de
grande capacité », précise le patron de Sea
Tech. L’entreprise qui fabrique aussi ses
propres écumeurs a, par ailleurs, mis au
point un système d’oxygénation avec des
tuyaux microporeux et des pompes à mem-
brane plutôt que des soufflantes plus gour-
mandes en énergie.
En complément des filtrations biolo-
giques qui transforment les déchets azo-
tés en nitrates, la société Océmer s’appuie
de plus en plus sur le principe des écu-
meurs et des airlifts dédiés eux à l’oxygé-
nation et au brassage de l’eau. « Un écu-
meur présente l’avantage de s’adapter à
la charge stockée dans le vivier », explique
Thierry Gagnère. Pour le dirigeant de l’en-
treprise, basée dans le Finistère, la filtration
biologique reste très efficace dès lors que
les volumes en stock sont plus ou moins
stables. Elle révèle, en revanche, sa fai-
blesse lors de variations importantes, car
les micro-organismes nécessaires à la fil-
tration biologique se développent en pro-
portion de la quantité moyenne d’animaux
stockés.
« Toute variation est néfaste à son bon
fonctionnement et c’est là que l’écumeur
révèle son intérêt. Il permet de mieux
réguler les variations de volumes », pour-
suit Thierry Gagnère. En collaboration avec
Optim’aqua pro, située à Camaret, Océmer
a donné naissance à une nouvelle gamme
de bassins de stockage dotée d’un écu-
meur très compact et équipé d’un rotor
pour améliorer le bullage. Les deux par-
tenaires ont travaillé, par ailleurs, à une
miniaturisation des appareils pour pouvoir
les intégrer à des viviers aquariums, abou-
tissant à la création d’un écumeur horizon-
tal et un écumeur à air pulsé micronisé sans
pompe à eau immergée.
Une capacité à exporter
La recherche et le développement, Emyg
environnement & aquaculture y investit
beaucoup. L’entreprise, basée à Carnoux-
en-Provence, est aujourd’hui la seule à
proposer le conteneur Aquaviva qui per-
met de transporter en eau notamment des
homards vivants d’un continent à l’autre
en empruntant les navires de CMA-CGM,
son partenaire. Cette offre de conteneur se
trouve à la base d’une démarche globale.
« Les crustacés sont des animaux compli-
qués qui stressent beaucoup. Il faut main-
tenir la qualité de leur environnement du
bateau à la poissonnerie en passant par le
mareyeur. On a cette volonté de s’inscrire
tout au long de cette chaîne du vivant »,
explique Philippe Marchand, directeur pro-
jets. La société a développé sa propre tech-
nologie pour le traitement de l’eau, bap-
tisée Innopure. Elle propose des viviers
de stockage et de présentation adaptés à
•••
La nouvelle gamme > Une préfiltration par micron bag (300 & 600µ)

de bassin en circuit fermé > La technologie d’aération OPTIM’Air lift®

system, qui garantit un brassage complet
de l’eau et une oxygénation renforcée
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 Dossier ❘ CRUSTACÉS

•••

chaque métier. Elle s’appuie notamment

sur un important travail de terrain pour col-
ler au besoin de chacun d’entre eux.
Proviviers ou l’art du sur-mesure
Pêcheurs sur leur navire ou dans leurs
L’activité de Proviviers, dans le giron de la société Antinéa, ne se limite pas à fournir des GMS,
installations à terre, criées, mareyeurs,
poissonneries et autres restaurants en viviers de présentation et de stockage. L’entreprise,
grossistes, GMS, restaurants et poisson-
basée en Charente-Maritime, exerce aussi ses talents à la confection d’aquariums pour des
niers semblent témoigner d’un intérêt de
parcs d’attraction ou à des bassins géants pour des musées. Une clientèle pour laquelle
plus en plus affirmé pour les viviers et aqua-
elle a développé un sens de l’esthétique et un savoir-faire dans le sur-mesure. « On ne
riums. « Ils les voient comme un investis-
fait pratiquement plus que cela », souligne David Lime, responsable du site d’Aytré.
sement et sont à la recherche de la per-
Des compétences qui se retrouvent dans les créations de l’entreprise pour ses viviers
formance  », souligne Philippe Marchand.
à crustacés ou à coquillages.
«  De plus en plus de grossistes se sont
Murs d’eau, cascades sur roches, formes arrondies avec parois en verre ou en plexiglas,
équipés pour se donner des capacités
Proviviers sait répondre à toutes les demandes. « On commence à travailler à partir
d’exportation  », note, de son côté, Ugo
d’aquariums d’un mètre dix de long. La place nécessaire pour ranger tous les équipements
Caboni. Le responsable export de l’entre-
dans le meuble dessous et avoir un quart du volume d’eau en filtration », explique David
prise italienne Adriatic Sea constate aussi
Lime. Le parti pris de la société pour les éléments techniques est de fabriquer du matériel
une envie plus affirmée des GMS de s’équi-
facile à utiliser. « Il faut garder à l’esprit que la personne qui va utiliser le vivier n’a pas
per avec des viviers non seulement pour
forcément le temps de s’en occuper », souligne le responsable.
présenter les crustacés mais aussi à l’ar-
rière des rayons pour travailler. Fournisseur
depuis plus de trente ans de ces équipe-
ments, Adriatic Sea a fait de la filtration
biologique le cœur de son système de trai-
tement de l’eau. « On utilise une base bio-
logique qui dans le temps devient de plus
en plus active. Il n’y a donc pas besoin de
changer l’eau dans nos viviers », explique
Ugo Caboni.
Pour Thierry Gagnère, le vivier aquarium L’entreprise Proviviers est
demeure un équipement attractif. « Le pro- spécialisée dans les viviers
duit vivant reste un réel atout pour la com- aquariums sur-mesure.
mercialisation et cela donne un côté fes- Ici, dans une poissonnerie

tif dans les restaurants. » Cette demande
va de pair avec le développement du sur-
mesure. « Il faut intégrer de plus en plus
nos équipements dans l’univers des clients,
explique le gérant d’Océmer. On utilise
donc de plus en plus de matières comme
du béton ciré, du Corian. On privilégie
aussi des nouveaux matériaux comme ce
revêtement issu des nanotechnologies qui
vont éviter les traces de doigt et permettre
aux micro-rayures de se reformer. »
Les exigences des professionnels se
portent aussi sur la facilité d’utilisation
des viviers. Une demande pour laquelle
Bertrand Fleury a travaillé l’ergonomie de
sa gamme de viviers de stockage Bréhat.
Cette installation de 2 à 12 bacs, pouvant
accueillir chacun 16 mannes de 15 kilos, est
équipée de paniers de levage. « On a une
petite grue que l’on appelle une chèvre qui
permet de remonter les paniers avec les
crustacés. Comme cela, il n’y a plus besoin
de se plier en deux », explique le respon-
sable de Sea Tech France qui assure avec
ses propres équipes l’installation mais aussi
L.F.
L.F.
à Saint-Malo.
Aquastory poursuit l’histoire de Coutant
La liquidation judiciaire de l’usine Coutant en janvier 2019 n’a pas marqué la fin de
l’aventure. Cadres dans l’entreprise spécialisée dans la fabrication de viviers de stockage et de
présentation, Bertrand Marceau et Jérôme Cuchet ont repris le flambeau et ont créé Aquastory.
Six des 25 salariés de l’époque ont été repris dans l’entreprise située à La Rochelle.
« On a récupéré les sachants, ceux qui avaient vingt à trente ans d’expérience dans lemétier »,
raconte Jérôme Cuchet. Selon le directeur commercial, le succès a été au rendez-vous
notamment sur le marché de la fabrication de bassins d’exposition pour les aquariums publics.
L’activité principale demeure la fabrication de viviers à crustacés avec des produits standards
ou sur-mesure. « On part sur des bases connues
L’activité principale d’Aquastory
pour avoir des systèmes robustes et
demeure la fabrication de viviers
efficaces. Il ne faut pas tomber dans à crustacés.
le délire d’ajouter une technologie sur
une technologie », explique le directeur
commercial. L’important pour l’entreprise
est de faciliter la maintenance des systèmes
tout en garantissant l’efficacité de la filtration.
Aquastory réalise son système de filtration en
privilégiant le mode gravitaire où l’eau arrive par
débordement sur un filtre puis sur d’autres filtres
avant d’être remise dans le système par une pompe.
DR

la maintenance de ses équipements par-

tout en France. n

PRODUITS DE LA MER N°202 AOÛT-SEPTEMBRE 2020 ❘  71 ❘

 Dossier ❘ CRUSTACÉS

L’atout vivier de la criée de Brest

Depuis son installation dans duit par les déjections des animaux. Le trai-
son nouveau bâtiment, tement effectué, l’eau est réinjectée dans
la criée de Brest dispose le circuit. Le pilotage est informatisé. Des
lampes UV ont été ajoutées pour traiter
de deux lignes de stockage l’eau pour le vivier à coquillages. Elles sont
en eau de dix tonnes stoppées quand l’équipement sert pour les
chacune pour les crustacés crustacés.
et les coquillages. Les deux équipements comptent au total
160 containers de 400 ou 1  000  litres.
Un investissement
«  Chaque bac est associé à un bateau  »,
qui porte ses fruits. indique Ronan Floch. Araignées et tour-

À
teaux peuvent y être mis ensemble avec
un maximum de 200  kilos. Les homards

la construction de la nouvelle criée
de Brest, inaugurée en octobre
2015, la question ne s’est pas
posée. Comme dans l’ancienne
halle à marée, il a été décidé d’installer
un vivier pour les crustacés. L’équipement
y a même pris de l’importance. « On tra-
vaille avec 130 bateaux qui couvrent toutes
les espèces. Il faut pouvoir prendre toutes
leurs marchandises  : crustacés, coquil-
lages et poissons », indique Ronan Floch,
L.F.
Le système a été installé par Atlantique Industrie. L’eau à 14 °C
maximum arrive de façon gravitaire et circule d’un container
à l’autre. Elle est réinjectée dans le circuit après filtration biologique
(et traitement UV pour les coquillages).
20  t
directeur de la criée. La capacité de stoc-
kage du système, conçu et installé par la
de capacité de stockage société Atlantique Industrie à Ancenis qui
entre les deux lignes. s’occupe de la maintenance, a été por-
tée à dix tonnes. Une seconde ligne d’un
volume identique a été mise en place pour
les coquillages mais reste interchangeable
avec les crustacés quand le besoin s’en fait
sentir.
Pour le dispositif, la criée a opté pour un
système de conteneurs installés à la verti-
cale dont l’alimentation en eau réfrigérée à
14°  C maximum se fait de manière gravi-
taire. L’eau en circuit fermé arrive par le pla-
fond, via des chaînes suspendues, puis cir-
cule d’un container à l’autre. Une fois au
sol, elle est récupérée dans un grand cani-
veau et amenée dans des réserves où elle est
L.F.
ont des bacs dédiés et la limite est fixée à
50  kilos. La manutention des conteneurs
se fait à l’aide d’un chariot élévateur. Afin
de faciliter le travail de tri des employés de
la criée, le conteneur est posé à 45 degrés
sur un socle à roulettes. « Les crustacés des-
cendent vers le trieur qui n’est plus obligé
de se plier en deux », explique le directeur
de la criée.
Depuis près de cinq ans que ces systèmes
sont en place, Ronan Floch se dit «  satis-
fait  » de l’investissement qui avait coûté
700  000  euros. «  La filtration et la réfri-
gération de l’eau ont permis de baisser les
mortalités. On voit bien aussi, de par les
volumes de crustacés que l’on fait et les prix
de vente, que cela convient aux acheteurs. »
En 2019, la criée de Brest a commercialisé
430  tonnes de crustacés dont 300 d’arai-
gnées, 70 de tourteaux et 34 de homards.
«  On a réussi à faire venir des bateaux à
homard qui vendaient en direct », se félicite
le patron de la halle à marée. Ouverte 7j/7
et 24 h/24, la criée est dotée d’un espace où
les pêcheurs peuvent mettre leurs crustacés

traitée par filtration biologique avec maërl et et coquillages sous un brumisateur pour les
Pour faciliter le travail du trieur, le conteneur zéolithe. Des bactéries qui équilibrent le pH conserver jusqu’au stockage en viviers. Ils y
est posé à 45 degrés sur un socle à roulettes. de l’eau et transforment l’ammoniac pro- repassent aussi avant les ventes. n

Coldep : de l’aquaculture aux viviers de stockage

O n ne pousse pas de l’eau. On trie de l’air. C’est moins énergi-
vore », résume Julien Jacquety, président de Coldep. L’entreprise
dispose d’une licence exclusive d’exploitation d’un procédé issu de la
recherche de l’Ifremer et de l’Insa de Lyon. Elle propose un système
original de colonne airlift à dépression pour le traitement de l’eau.
Les premières installations ont été réalisées en 2012 en aquaculture.
En partenariat avec Sea Tech France (lire page 68), la société, basée
dans l’Hérault mais dont le siège se trouve à Villeurbanne propose
désormais ses produits pour les viviers à coquillages et à crustacés.
L’originalité du système repose sur le vide d’air partiel dans le sys-
tème de pompage par airlift. « Le fait d’être sous vide produit des
effets bénéfiques collatéraux dans le traitement de l’eau », indique
Julien Jacquety.
Ce dispositif compte plusieurs atouts dont celui de gérer les gaz
dissous et donc de réguler notamment l’oxygène selon les besoins.
Le procédé qui couple la fonction écumeur et pompe hydraulique
permet aussi de déplacer d’importants volumes d’eau tout en
utilisant qu'une faible quantité d’énergie.

❘  72 ❘ PRODUITS DE LA MER N°202 AOÛT-SEPTEMBRE 2020