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Cours de Droit Budgétaire

Préparé par Pr ABOULHOUDA Wiam

INTRODUCTION

Les finances publiques relèvent des sciences sociales et ont pour objet l'étude du
phénomène financier public dans sa globalité : ressources, charges, trésorerie, procédure
budgétaire et comptable, politique budgétaire...et dont les principaux protagonistes sont les
États, les collectivités territoriales, les entreprises et des établissements publics ainsi que les
organismes sociaux et internationaux.
Pour Gaston Jèze, les finances publiques sont l’étude des moyens par lesquels l’Etat se
procure les ressources nécessaires à la couverture des dépenses publiques et en réparti la
charge entre tous le citoyens.
Pour Pierre Lalumière, les finances publiques sont l’étude des moyens par lesquels
l’Etat cherche à réaliser des interventions dans le domaine économique et social. Dans cette
approche, les finances publiques ne sont pas neutres, mais agissent dans la vie des citoyens.
On n’est plus dans l’Etat gendarme, mais bien dans l’Etat providence.
Les finances publiques sont au cœur de l’action politique, elles sont les leviers de
l’action publique, elles sont également l’expression de choix de société que ce soit par les
recettes ou les dépenses. La concrétisation d’une politique publique nécessite l’intervention
des finances publiques.
Dans son ouvrage paru en 1959 « Théorie des finances publiques », Musgrave nous
explique que les finances publiques ont trois fonctions :
· Une fonction d’allocation des ressources ; c’est-à-dire que les finances publiques servent
à financer des biens et des services publics.
· Une fonction de redistribution ; les dépenses publiques servent à redistribuer les
ressources pour corriger les inégalités.
· Une fonction de stabilisation ; lisser les variations cycliques des activités économiques.
Cette vision des choses est critiquée parce qu’on estime que ces fonctions ne sont pas
aussi séparées les unes des autres. Elle permet de situer les principales théories relatives à la
fonction de la dépense publique. D’une part la théorie libérale qui veut que les dépenses
publiques soient totalement neutres, et au contraire, la théorie interventionniste qui insiste sur
les deux fonctions de régulation et de redistribution.
En gros, les finances publiques sont les finances des administrations publiques : celles
de l'Etat et des organismes qui lui sont rattachés (établissements publics) ; celles des
collectivités territoriales (communes, départements, régions) ; les finances de la Sécurité
sociale et de ses différentes branches.
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Ainsi, les finances publiques ne sont pas simplement la description, l'analyse des
recettes des dépenses et des règles qui permettent de les adopter mais, plus largement, la façon
dont sont décidées les différentes politiques publiques. Donc, étudier les finances publiques
c'est étudier la façon dont les personnes publiques, et parfois aussi les personnes privées,
réalisent leur politique. Ceci conduit à une conception beaucoup plus large du champ
d'application des finances publiques.
On pourrait considérer que les finances publiques concernent principalement 4 grands
secteurs:
- Celui de l'Etat. En effet, l'étude des finances publiques reste prioritairement l'étude
du budget de l'Etat.
- Celui des collectivités locales, ou territoriales, et des établissements publics. Une
commune, un département, une région vote son budget, fait ses choix. Les collectivités ont la
possibilité d’emprunter auprès du système bancaire.
- Celui des organismes à caractère industriel et commercial. Leur forme juridique peut
varier, il peut s'agir d’établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC).
C'est à dire, que ces établissements sont gérés comme des sociétés privées, alors que ce sont
des personnes publiques.
- Celui de la protection sociale, des comptes sociaux. De façon classique on considère
que ces dépenses ne sont pas à classer dans les « finances publiques », car les dépenses
sociales, de santé et de retraite, ne sont pas financées par l’impôt mais par des cotisations
sociales des employeurs, des salariés. Cependant ces dépenses sociales, ont connues un très
fort accroissement et on a tendance à financer les dépenses sociales au sens large par la
fiscalité (santé, enseignement,…). De ce fait, on a une conception beaucoup plus large des
finances publiques.
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Chapitre préliminaire : Notions sur les finances publiques

I- Les finances publiques classiques et les finances publiques modernes


Dans la conception classique les Finances Publiques sont « une science des moyens
par lesquels l'État et les autres collectivités publiques se procurent et utilisent les ressources
nécessaires à la couverture des dépenses publiques, par la répartition entre individus des
charges qui en résultent » (G. BAKANDEJA WA MPUNGU, 2006, p.19).
Dans cette conception classique le rôle de l'État était limité à ses fonctions régaliennes
c'est à-dire au maintien de l'ordre et de la sécurité sur l'ensemble du territoire national :
sécurité intérieure et extérieure, police, défense nationale, justice. L'État devrait s'occuper
seulement des tâches administratives tout en prétendant que la meilleure façon d'assurer le
profit économique à la collectivité consistait à privilégier l'initiative privée, la propriété privée
des moyens de production, la concurrence. L’État devant s'abstenir de toute activité
économique propre, le marché étant autorégulé. En effet, sur le plan financier l'une des
conséquences de la conception classique est la limitation de l'objet de la science des Finances
Publiques. Cette limitation fait que l'État, nonobstant qu'il assure la sécurité et le maintien de
l'ordre sur l'ensemble de son territoire, il se trouve en même temps en incapacité d'assurer et
de participer au financement du développement socioéconomique de sa population et son
territoire.
La première transformation de la notion classique des Finances Publiques a consisté à
dissocier les moyens des buts : au fur et à mesure de la substitution de l'interventionnisme au
libéralisme, on s'est aperçut que les techniques financières constituaient pour l'État des
procédés très efficaces d'intervention, notamment dans le domaine économique et social, en
dehors de toute idée de couverture des dépenses publiques. Ce qui conduit à un élargissement
remarquable et souple du domaine de la science des Finances Publiques tel que défini dans la
conception classique.
En outre, cette substitution progressive de l'interventionnisme au libéralisme est due au
fait que dans le système interventionniste le budget influence l'économie et la matière
budgétaire est contrôlée par l'exécutif, alors que dans le système libéral le budget est neutre
économiquement et la procédure budgétaire est dominée par le parlement. Ainsi, dans la
conception moderne, les Finances Publiques selon M. Duverger apparaissent comme « la
science qui étudie l'activité de l'État en tant qu'il emploi des techniques particulières dites
techniques financières pour la couverture de ses dépenses,(taxes, impôts, emprunts, procédés
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monétaires, budget, etc.)1. C’est uniquement une définition par les moyens, les buts n’étant
pas différents de ceux qu’on reconnait à l’activité de l’Etat en général.

II- Les finances publiques : expression du pouvoir politique


On ne peut plus considérer les finances publiques de façon purement statique, ce n'est
plus simplement la description des recettes et des dépenses. Il faut aujourd'hui une approche
plus dynamique, peut être plus disciplinaire. Diverses observations:
- Les finances publiques sont un élément essentiel de l'affirmation d'une autorité
politique. Cela permet à une autorité politique d'exister. Quant une personne publique dispose
des impôts, elle dispose d’une autorité. Ainsi, l’impôt est en rapport direct avec la
souveraineté d’un Etat. Les finances publiques constituent un moyen d'expression d'une
autorité politique. Plus les ressources propres sont importante plus l'autonomie de décisions
est importantes.
- Un budget exprime toujours des choix, politiques, économiques et sociaux. On est
toujours amené, quant ont prépare un budget, à faire des choix. Ces choix ne sont pas
forcément les mêmes chaque année. Il y a des priorités. On ne peut pas matériellement réaliser
toutes les dépenses que l'on souhaiterait. Autrement dit, un budget exprime avant tout un
choix ou des choix politiques. Il n'y a pas de budget neutre, il y a toujours des choix faits dans
un budget. Au delà des discours politiques il y a toujours la transcription financière et seule
elle vaut. C'est donc au point de vue de la conception de la société, c'est le document le plus
important.
III- Finances Publiques : De la pluridisciplinarité à l’autonomie
Les finances publiques sont récemment devenues la 4ème branche du droit public avec le
droit constitutionnel, le droit administratif et le droit international. Il s’agit d’une discipline
carrefour. Ainsi, au niveau constitutionnel, le parlement exerce un contrôle sur le
gouvernement à travers le contrôle du budget. Au niveau politique, les choix du
gouvernement et les impacts des groupes de pression se ressentent parfaitement dans les choix
budgétaires. Le budget est élaboré pour répondre aux besoins de l’économie et celle-ci réagit
en conséquence ce qui explique la relation entre les finances publiques et l’économie. Au
niveau social, le budget est le reflet des rapports de forces au sein de la société et il influence
les mouvements sociaux également. Mais, en dépit de cette pluridisciplinarité, les Finances
Publiques conservent leur autonomie.
a- La pluridisciplinarité des Finances Publiques

1
Maurice Duverger, Finances Publiques, Presse Universitaire de France, THEMIS , 1956, p 13.
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Pour la réalisation de la science des Finances Publiques, celle-ci entretiennent des


rapports avec différentes autres disciplines pour son efficacité tout renforçant sa complexité à
savoir :
· L'économie : qui étudie, analyse et évalue les opérations et phénomènes financiers
dans leur globalité à travers l'économie financière. Cette dernière étudie et détermine l'impact
de la fiscalité sur l'économie d'un pays, les différents moyens financiers nécessaires pour le
financement de l'économie d'une nation, les conséquences du déséquilibre budgétaire (déficit
budgétaire) sur l'activité économique dans un pays, les retombés des dépenses publiques de
production sur la production ou la croissance économique dans un pays. Comme nous
pouvons le constater, les rapports entre les Finances Publiques et l'économie financière sont
étroits de telle sorte qu'il s'avère pratiquement impossible de les séparer.
Les Finances Publiques entretiennent aussi des rapports avec la comptabilité publique
dans la mesure la comptabilité publique détermine les règles comptables spécifiques
applicables à la gestion des derniers publics.
L'économie publique et les Finances Publiques entretiennent aussi des relations dans ce sens
que la première (Economie publique) organise la production publique de l'Etat dans la vie
économique de son pays. Les relations entre ces 2 disciplines sont justifiées par le fait que
pour avoir les moyens pour réaliser sa production, l'Etat recourt aux impôts, taxes et autres
moyens financiers dont il dispose, bref aux Finances Publiques.
· La science politique : ce n'est pas seulement dans le domaine économique que se réalisent
les interventions financières de l'Etat mais bien au contraire dans d'autres domaines. Les
interventions financières ont pour objectifs outre les mobiles économiques, le renforcement
de la souveraineté et l'indépendance économique et politique sur le plan interne et mais aussi
sur la scène politique internationale, etc.
· Les disciplines juridiques ou le droit : le droit permet d'harmoniser et règlementer les
interventions financières de l'Etat dans la vie économique du pays à travers des lois, décrets,
arrêtés, etc. Les rapports entre les Finances Publiques et le droit particulièrement le droit
public sont également étroits actuellement et dus au fait que pendant longtemps les Finances
Publiques étaient inféodées au droit public, ce qui, jadis les empêchait d'être considérées
comme une discipline autonome. En considérant les Finances Publiques comme une branche
du droit Public, celles-ci étaient synonymes de législation financière. Ce n'est que
progressivement que les Finances Publiques se sont autonomisée du droit public à travers ses
principales branches à savoir le droit administratif et le droit constitutionnel et dont elles
gardent en même temps des liens étroits.
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· L'histoire : elle nous permet d'étudier l'évolution de la science des Finances publiques.
· La sociologie : la finalité des interventions financières de l'Etat au moyen des techniques
financières modernes ne résident pas seulement dans l'économie, mais plutôt dans leur
destination humaine et sociale ; ce qui justifie les dépenses publiques prenant en charge le
domaine social
· La psychologie qui nous permet de comprendre les comportements des agents économiques
en termes de réticence vis-à-vis de l’impôt…
· La statistique : facilite la quantification et l'évaluation des phénomènes financiers,
l'élaboration des prévisions budgétaires sur base des outils et techniques statistiques
· Les relations internationales : actuellement avec la mondialisation dans son aspect de
globalisation financière, les différentes nations entretiennent des relations dans le cadre des
échanges bilatéraux ou multilatéraux dans différents domaines pour des mobiles
économiques mus par la volonté politique. C'est dans ce cadre que certaines nations
empruntent des sommes d'argent auprès d'autres nations ou institutions financières
internationales (FMI, Banque mondiale, différents clubs) pour soutenir leurs activités
économiques et financer le développement leurs Etats.
· Etc.
Ainsi, au regard de cette pluridisciplinarité des Finances Publiques, voyons comment
cette science est autonome.
b- L'autonomie des finances publiques
En dépit de la complexité de la science des Finances Publiques au regard de sa
pluridisciplinarité, les Finances Publiques sont actuellement une science autonome qui a :
· Son objet d'étude : l'étude, l'analyse et l'évaluation des problèmes financiers que connaissent
l'Etat et, les collectivités et organismes publics
· Sa méthodologie : qui regroupe les différentes méthodes de diverses sciences qui sont en
relations avec elles à savoir : les méthodes statistiques, comptables, économiques, etc.
A travers les Finances Publiques, l'Etat peut planifier, organiser, coordonner et contrôler
ses activités et sa production en termes des recettes et des dépenses publiques sur base de la
loi des finances.

IV- Finances publiques et finances privées


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Si au 19ème siècle, il était courant d’assimiler finances publiques et finances privées, cela
est désormais impossible aujourd’hui, en effet ces 2 catégories de finances, ne reposent pas
sur les même principes, tout d’ abord les particuliers ne raisonnent pas sur des unités de
comptes étendus. En effet, même si certaines entreprise sont amenées à gérer des sommes
considérables, celles-ci restent limités par rapport aux finances de l’Etat.
De plus, les finances publiques et les finances privées n’ont pas les mêmes objectifs. En
effet, les sociétés commerciales, recherchent un maximum de profit, dans des délais très brefs,
et ces finances ont pour objectif de satisfaire les intérêts des actionnaires. De l’autre coté,
l’Etat ne recherche pas le profit mais d’avantage la satisfaction de l’intérêt général.
De même, l’Etat peut se permettre un déficit limité mais durable et parfois ce déficit est
considéré comme un remède à la crise économique, en effet la théorie de Keynes suppose des
dépenses publiques, par contre, les finances privées, les finances des particuliers, des
entreprises ne supportent pas un déficit prolongé. Au bout d’un certain temps, les créanciers
vont s’inquiéter et vont couper définitivement les crédits accordés à ces entreprises les
conduisant à la faillite. Il s’agit d’une différence fondamentale.
Mais, certains rapprochements entre les finances privées et publics existent. A coté, des
services administratifs classiques, l’Etat va gérer des SPIC qui ont la particularité de se
rapprocher de la gestion privé et qui se rapproche de l’idée de rentabilité financière qui existe
dans tout secteur privé.
Il semblerait à priori que tout oppose finances publiques et finances privées, mais ce n’est pas
toujours le cas.
Eléments de distinction
-objectifs : profit / intérêt général
- moyens d’action : contrat/ imposition autoritaire, contrôle du crédit et de la monnaie.
- conditions d’action : limite des ressources, responsabilités étendues/ pas de limites des
ressources et possibilité de dépenser plus que les recettes, pas de possibilité de faillite d’état,
cadre comptable strict qui encadre les procédures.
Eléments de rapprochement
- objectifs : l’Etat se soucie désormais du coût et du rendement de ses opérations - conditions
d’action : évolution de la nature du contrôle d’un contrôle de la régularité vers un contrôle de
l’efficacité.

Chapitre I : Evolution historique : la conquête du pouvoir financier par le parlement


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L’histoire de l’Etat et celle des finances publiques sont consubstantiellement liées. En


effet, c’est à partir du moment où l’humanité a produit plus que ses propres besoins que des
prélèvements ont pu être opérés de manière à entretenir une forme rudimentaire
d’organisation politique. L’apparition de l’impôt est, alors, le premier moment de la longue
histoire des finances publiques
En effet, les finances publiques se sont développées au fils de l'histoire en même
temps que la notion d'Etat. On peut même dire que les finances publiques ont propulsé
l'émergence d'un Etat de droit : un Etat qui ne soit plus simplement autoritaire mais au
contraire un Etat fondé sur des règles de droit acceptées de tous. En effet, c’est grâce aux
principes tels que le consentement à l’impôt et l’autorisation de perception de celui-ci qu’on a
vu l’émergence d’un Etat de Droit et de la démocratie. Cette évolution a été observée,
d’abord, en Grande Bretagne et ensuite elle s'est poursuivie en France notamment à partir de
la Révolution2. On peut dire que c'est au sein de ces deux Etats que sont apparues les règles de
bases des finances publiques.

I- L’évolution en Angleterre
En Angleterre, le parlement a essayé et est parvenu à imposer ses droits, ses pouvoirs,
à l'égard du roi. Et les finances ont été le moyen. On peut considérer que finalement les
finances publiques ont permis la naissance du régime parlementaire et le contrôle du
parlement sur les finances a été déterminé.
Le point de départ des finances publiques se situe donc au début du XIIIe siècle en
Angleterre. En effet, après la défaite de Bouvines en 1214, le roi d'Angleterre Jean Sans Terre
a éprouvé des difficultés pour reconstituer le trésor royal notamment en raison d'une
insuffisance des ressources. Donc, il a décidé de prélever de nouveaux impôts pour
reconstituer les caisses du royaume. A l'époque la noblesse d'Angleterre, qui payait l’impôt,
s'est opposée au roi estimant que ces impôts étaient trop élevés et qu’elle avait le droit de les
contrôler. Or, le roi voulait décider seul. Les impôts étaient très impopulaires, alors la
noblesse s’était appuyer sur le peuple pour s'opposer au roi. Face à cette situation, le roi a été
contraint d'accepter un compromis : signer un document que l'on appelle donc « Magna

2
La Révolution française est la période de l'histoire de France comprise entre l'ouverture des États généraux, le 5
mai 1789, et le coup d'État du 18 brumaire de Napoléon Bonaparte, le 9 novembre 1799. Il s'agit d'un moment
crucial de l'histoire de France, puisqu'elle marque la fin de l'Ancien Régime, et le remplacement de la monarchie
absolue française par une monarchie constitutionnelle, puis par la Première République. Elle a mis fin à la
royauté, à la société d'ordres et aux privilèges. Elle a légué à la France la Déclaration des droits de l'homme et du
citoyen, qui proclame l'égalité des citoyens devant la loi, les libertés fondamentales et la souveraineté de la
Nation, apte à se gouverner au travers de représentants élus.
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carta »3. Cette charte pose le premier principe des finances publiques : celui du consentement
à l'impôt c'est à dire les impôts doivent être autorisés, par ceux qui vont devoir les payés,
avant d'être levés. Et toute l'histoire britannique dans les années et siècles suivant a tournée
autour de ce principe. C'est le principe démocratique de base qui fait échec à la dictature et à
la monarchie absolue.
La seconde étape se constitue au XVIIe siècle : les parlementaires vont décider de
compléter Magna carta par un deuxième document qui est la pétition des droits de 1628,
rédigé par le parlement et imposé au roi et qui vient compléter Magna carta. C'est le deuxième
texte constitutionnel britannique et, à nouveau, il est essentiellement à contenu financier. Il
est dit dans ce document :
- Aucunes taxes, aucuns impôts ne peuvent être institués sans le consentement du
parlement.
- L'autorisation donnée ne peut être que provisoire, donc le roi, l'exécutif, doit revenir
régulièrement devant le parlement pour obtenir le renouvellement des différents impôts qui
existent. Aucune autorisation n'est définitive mais elle doit être renouvelée régulièrement c'est
à dire chaque année.
En gros, les finances sont bien à l'origine du système parlementaire et un troisième
document constitutionnel a été signé : le Bill of rights de 1689. Il s’agit d’un document
financier comportant plusieurs points importants:
- Le principe du consentement par le parlement :
* Ce n’est pas simplement l’impôt qui doit être autorisé, mais l’ensemble des recettes
de l’Etat quelque soit leur forme juridique.
*D’autre part le consentement ne vaut pas spécialement pour les recettes mais
l’autorisation est également nécessaire pour les dépenses. Ainsi, apparaît l’idée de budget, les
recettes et les dépenses discutées et autorisées. Pour la 1ere fois en 1689 le ministre des
finances a présenté un document de 4 pages, un tableau, avec sur la page de gauche les
recettes et à droite les dépenses. Ce document a été présenté au parlement britannique,
discuté, amendé, voté par le parlement. Le budget4 est né donc en 1689.
II- L’évolution en France
3
C'est un document signé en Juin 1215, il comporte 63 articles, on peut considérer que c'est le premier document
constitutionnel de l'époque moderne après Rome. Aussi, on peut considérer que c'est le premier document
constitutionnel britannique. Ce document va faire émerger la chambre de Lords. Et l'essentiel sont des articles
financiers c'est à dire limité l'influence du roi et permettre à se conseil du royaume, futur chambre des Lords,
d'effectuer des contrôles.
4
Le terme de budget est d’origine française, en ancien français, une Bougette était un porte document. Cette
mode de la bougette était passée en Angleterre et il le prononçait budget. Or, en 1689, le ministre des finances
est arrivé avec une bougette en cuir et on l’a appelé budget.
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En France5, également, la conquête du pouvoir financier a été déterminante pour la


mise en place d’un Etat moderne. Or, le roi disposait, à partir du XVIe et XVIIe siècle,
complètement du pouvoir financier. Ce pouvoir financier a été le facteur de la monarchie
absolue. La monarchie vit donc de façon assez chaotique, imprévisible pour la population.
Mais, la situation économique mauvaise en 1787 et 1788, où les recettes furent très
mauvaises, avait mis la monarchie en difficultés financières et était à l’origine de la révolution
française. Ainsi, les principes budgétaires ont vu le jour au moment de cette révolution. Et
comme en Angleterre, les finances publiques et le droit budgétaire ont joué un rôle important
dans la mise en place du régime parlementaire.

III- Les péripéties des finances publiques au Maroc


L’émergence des finances publiques au Maroc est étroitement liée au développement
du système politico- administratif6.
a-Les Finances Publiques avant le protectorat  :

Le système financier marocain, avant le protectorat se fondait sur des règles de sources
religieuse et Maghzaniène.
Le «Bit mal el Mouslimine» institution introduite sous le règne du Sultan Moulay
Slimane, consacrait la séparation entre les finances privées du Sultan et les Finances de la
communauté.
Le «Bit mal el Mouslimine» recevait les impôts d'origine coranique, notamment, la
Zakat et l'achour, alors que le trésor de Dar Adeyel centralisait les contributions de nature
administrative (les Meks).
La perception des recettes et le paiement des dépenses étaient confiés au corps des
«Oumana».
C'est le Sultan Moulay El Hassan ler qui a réorganisé le corps des Oumana et a
entrepris une réforme de la fiscalité.
En ce qui concerne le corps des Oumana, on distinguait principalement trois catégories
d'Amins (ou administrateurs).
*Amin Dakhal ou administrateur des recettes
*Amin El Kharaj ou administrateur des dépenses
*Amin Lahsab ou comptable suprême chargé de la gestion des finances et du contrôle
des agents.

5
Le principe du consentement à l’impôt a existé en France au Moyen Age.
6
Mohammed SBIHI, Précis de gestion budgétaire, imprimerie : Rabat net Maroc, 2007, page 16.
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Préparé par Pr ABOULHOUDA Wiam

A la tête du corps des Oumana se trouvait un Amin El oumana qui jouait en fait le rôle
du ministre des finances Ouzir Al Malia. Il était responsable des services financières du
Makhzen, assurait le suivi de la situation financière de l'Etat et contrôlait la gestion de tous les
Oumanas.
En matière fiscale, Moulay Hassan 1er a introduit le Tertib à partir de 1884.
Ces institutions financières qui s'adaptaient au contexte économique et administratif du
Maroc, devaient subir des changements notables avec l'avènement du Protectorat.
b-Les Finances Publiques sous le protectorat  :
Sous le protectorat, certaines réformes financières et comptables, consacrées par les
dispositions financières de l'acte d'Algesiras, ont vu le jour.
Il en est ainsi de l'établissement d'un budget prévisionnel à partir de 1914, de la
nomination du trésorier général en 1916, de la mise en place, à partir de 1917, du système de
comptabilité publique et de la création du contrôle des engagements des dépenses à partir de
1921.
Ces mesures ont permis de restructurer les institutions financières de l'Etat, de
réglementer la gestion budgétaire et de renforcer le contrôle financier notamment par le biais
du contrôle des engagements des dépenses, de la cour des comptes française et de la
commission locale marocaine des comptes.
Par ailleurs, une réforme de la fiscalité, dont les bases ont été jetées par l'acte
d'Algesiras, s'est traduite par la création de plusieurs impôts, notamment le nouveau Tertib en
1915, la taxe urbaine en 1918, la patente en 1920, le supplément à l'impôt des patentes en
1941 et le prélèvement sur les traitements et salaires en 1948.
c-Les Finances publiques depuis l'indépendance  :
Avec l'avènement de l'indépendance, le Maroc devait asseoir les bases de son
développement en réformant ses structures financières, son système budgétaire et son système
fiscal.
Les réformes entreprises n'ont pas été à l'abri des vicissitudes politiques, ni des
contraintes économiques. Elles ont subi la pesanteur des conceptions financières et celle de
l'évolution du rôle de l'Etat.
En utilisant les finances publiques, comme levier du développement, l'Etat a accru,
d'une manière démesurée, les dépenses publiques. Cet accroissement se justifiait par l'effort
de reconstruction, d'équipement et de consolidation des acquis.
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La mise en place du plan quinquennal (1960-64)7 n'a fait qu'accélérer cette tendance.
De même la politique ambitieuse de croissance économique que traduisait le plan quinquennal
(1973-77), avait entraîné une aggravation du déficit budgétaire, qui a atteint 17,2 du PIB en
1973.
Pour remédier à cette crise financière, une politique d'ajustement structurelle fut mise
en place, qui visait, notamment la compression des dépenses de fonctionnement (gel des
salaires, rééchelonnement de la dette...), afin de ramener le déficit budgétaire à des
proportions adaptées à la taille de l'économie. Ce qui s'est traduit effectivement par une baisse
du déficit, qui est passée de 10,4% du PIB en 1983 à 5,4% en 1987.
Un effort a été également déployé en ce qui concerne l'amélioration des recettes à
travers la réforme de la fiscalité pendant les années 80 et la restructuration des entreprises
publiques afin d'en améliorer la gestion.
Notons que la poursuite de l'assainissement des finances publiques a été et reste
toujours un souci permanent des pouvoirs publics. Cet assainissement passe par la mise en
place de règles rigoureuses de gestion, des méthodes fiables de prévision et des instruments
adéquats d'intervention.

Chapitre II : Le cadre conceptuel : L’influence des écoles de pensées économiques sur les
finances publiques

« Toute politique s’inscrit dans une culture et les finances publiques ne sauraient
échapper à ce processus complexe qui, à une époque donnée, conjugue le besoin de
comprendre et d’expliquer avec le souci d’agir ».8

7
Depuis 1956, l'économie marocaine a connu quatre « plans développement » (1). Le dernier en date est le plan quinquennal
1973-77 qui ne fut approuvé officiellement qu'au milieu de l'année 1973. « Accélérer la croissance » et atteindre une plus
grande « justice sociale » constituent les deux idées motrices qui traduisent les préoccupations des auteurs du plan.
8
Michel Bouvier, Marie-Christine Escassan, Jean-Pierre Lassale, Finances Publiques, 6ème édition, LGDJ, p
157.
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Préparé par Pr ABOULHOUDA Wiam

Dans cette perspective, l’étude de l’influence des différents courants de pensées


économiques sur les finances publiques nous parait intéressante.

I- Les Mercantilistes : L’Etat garant de la richesse dʼun pays


Avec les mercantilistes nous avons un premier courant dirigiste qui va être structuré.
Bodin, Montchrestien, Richelieu, Colbert, Sully sont des praticiens et théoriciens du
mercantiliste. Au XVI° siècle, on voit affluer vers lʼEurope des métaux précieux en
provenance du nouveau monde. Les relations économiques internationales sʼapparentent à une
guerre commerciale pour sʼapproprier lʼor et lʼargent de lʼEspagne et du Portugal.
Pour les mercantilistes lʼéchange international est un jeu à somme nulle, si lʼun gagne à
lʼéchange lʼautre perd. Dans ce jeu lʼEtat se voit attribuer un rôle clé : lʼenjeu pour le pays est
de dégager un solde commercial positif donc lʼEtat doit tout faire pour favoriser lʼapparition
de ce solde. Deux façons :
1. Freiner les importations par les droits de douane
2. Le système des prohibitions (interdiction dʼimporter ces produits)
Les économies européennes seront longtemps imprégnées par ces idées mercantilistes et le
monde apparaitra comme un océan protectionniste dans la lignée de ces courants
mercantilistes. Les Etats sont enclins à taxer les importations car cela constitue lʼessentiel de
leurs recettes budgétaires. Les grandes avancées dans la comptabilisation et les statistiques ont
été faites par les douanes.

II- Les physiocrates


La doctrine physiocrate s’est élaborée au XVIII ème siècle sous l’impulsion de François
Quesnay (1694-1774), médecin de Louis XV. Le contexte économique de l’époque se
caractérise par une organisation très contraignante : une fiscalité forte qui frappe
essentiellement l’agriculture, une multiplication des barrières de péages qui a rendu difficile la
circulation des produits principalement ceux de l’agriculture, une agriculture en difficulté et
enfin une crise des finances publiques.
Ainsi, face à cette situation, les physiocrates proposent une théorie générale de l’économie
fondée, d’une part, sur l’idée que seule l’agriculture dégage un produit net, c'est-à-dire un
surplus de richesses, d’autre part sur le principe de la libre circulation des biens : un ordre
harmonieux s’établie si on n’intervient pas dans le circuit économique.
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La fiscalité, quant, à elle, doit avoir pour unique assiette le produit net agricole en
reposant sur un impôt unique.9
L’Etat doit être un Etat monarchique fort mais aux fonctions limitées respectueux de la
liberté du travail et du commerce10.
Les physiocrates, libéraux avant la lettre, réagissaient contre les thèses dirigistes
mercantilistes et colbertistes. Adam Smith qui les ayant rencontrés lors d’un voyage effectué
en France allait assurer aux thèses physiocratiques une large audience alors que lui-même
avait déjà bien établi les fondements de sa théorie.

III- Adam Smith


Auteur d’un ouvrage « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des
nations »(1776), Adam Smith est considéré comme le précurseur de l’école libérale classique.
Pour cet auteur c’est l’industrie qui est source de richesse et les produits doivent pouvoir
circuler librement à l’intérieur comme à l’extérieur des Etats.
L’Etat doit assurer des tâches restreintes et l’offre et la demande s’accordent naturellement
et spontanément dans le cadre de la liberté du marché et selon la main invisible d’Adam
Smith.
Plusieurs doctrines ont vu le jour, par la suite, sur la base des théories proposées par les
physiocrates et Adam Smith.11
Puis, à la fin du XIX siècle jusqu’au début du XX siècle se sont développées des doctrines
qui ont permis d’asseoir les principes essentiels du libéralisme économique déterminant les
politiques à mener dans le champ des finances publiques:
● Le rôle de l’Etat doit être limité à la réalisation de certains équipements collectifs et
surtout à la sécurité des biens et des personnes (police, justice, défense), et ce, dans le
cadre de l’Etat gendarme.
● L’impôt doit uniquement servir à couvrir les charges publiques sans constituer un
fardeau pour les échanges.
● La neutralité de l’Etat suppose également que les dépenses publiques ne pèsent pas
sur la vie économique et qu’elles soient strictement couvertes par des recettes quasiment
fiscales. L’emprunt est jugé négativement12.

9
Michel Bouvier…, op cité, p 173.
10
Id.
11
Il s’agit notamment de Robert Malthus, Jean Baptiste Say, David Ricardo, Frédéric Bastiat.
12
L’emprunt augmente artificiellement le budget et pèse sur les générations futures dans la mesure où il
constitue un impôt différé ( car à moins d’émettre un nouvel emprunt pour rembourser le premier,
l’augmentation des impôts apparait inéluctable) ou une source d’inflation par émission de la monnaie.
Cours de Droit Budgétaire
Préparé par Pr ABOULHOUDA Wiam

● L’équilibre doit s’entendre aussi bien de l’absence de déficit qui pousse l’Etat à
emprunter que de l’absence d’excédent qui se traduirait par des dépenses de l’Etat donc
par des interventions13.
IV- L’apport de John Maynard Keynes

La politique budgétaire constitue, avec la politique monétaire, l’un des principaux


leviers de la politique économique de l’État. Elle consiste à utiliser certains instruments
budgétaires (dépenses publiques, endettement public, prélèvements fiscaux) pour influer sur
la conjoncture économique.
Jusqu’à la crise des années 193014, la gestion des finances publiques a eu pour
principal objectif d’assurer le financement des services publics. Le volume des dépenses de
l’État n’était alors pas considéré comme une variable susceptible d’influencer le niveau
d’activité économique.

13
La thésaurisation étant contraire au principe de la circulation des richesses.
14
Les causes de la crise des années 1930 (« Grande Dépression ») sont encore de nos jours discutées. La
surproduction industrielle, la spéculation boursière, les déséquilibres financiers des années 1920 ont joué un rôle
plus ou moins important. Dès le premier trimestre 1929, des entreprises ont des difficultés pour écouler leur
production. En juin, les prix baissent pour de nombreuses marchandises. Le coup d'envoi de la crise est donné le
Jeudi 24 Octobre 1929 à Wall Street (le « Jeudi Noir ») : 12 millions d'actions sont jetées sur le marché sans
trouver de preneurs et les cours plongent. De nombreux actionnaires ainsi que les courtiers se trouvent ruinés.
Les emprunteurs ne peuvent plus rembourser leurs dettes auprès des banques. Le krach bousier amène les gens à
thésauriser (retirer de l'argent du circuit économique) et entraîne donc une destruction de monnaie. Les
entreprises ne trouvent plus de liquidités dans les banques et beaucoup sont asphyxiées. Si l'Europe avait connu
depuis la révolution industrielle un certain nombre de crises, la crise des années 1930 est inédite par son ampleur
et sa durée. La politique menée par les différents pays aggrave la crise. Le paradigme économique dominant est
alors le libéralisme le plus classique selon lequel le moyen d'augmenter le profit est de diminuer les coûts des
entreprises (salaires,...) et de leur permettre d'obtenir avec plus de facilité des ressources financières auprès des
banques. Globalement, les gouvernements réagissent :

 en baissant les salaires et traitements des fonctionnaires et les indemnités de chômage (Allemagne,
France, Grande-Bretagne dans une moindre mesure).

 en augmentant les impôts (Allemagne).

 en diminuant les dépenses publiques de long terme (Allemagne, France).

 en relevant le taux d'escompte afin de retenir ou d'attirer les capitaux dans leur pays respectif.
Cours de Droit Budgétaire
Préparé par Pr ABOULHOUDA Wiam

L’analyse de l’économiste britannique John Maynard Keynes 15 a modifié cette


conception en soulignant l’impact de la politique budgétaire sur le niveau d’activité
économique d’un pays. Par conséquent, la plupart des pays développés ont mené depuis les
années 1930 des politiques de relance budgétaire lors des périodes de récession ou de moindre
croissance.
L’Etat doit selon la formule de Keynes ; « supprimer les dépressions et maintenir en
permanence une situation voisine du boom ».Keynes a montré l’importance des finances
publiques. Cet élément autrefois neutre peut être utilisé pour améliorer une situation
économique altérée. Afin de stimuler la croissance on augmente les dépenses publiques, ce
qui permet aux agents économiques de disposer d’un meilleur pouvoir d’achat ; puisque le
pouvoir d’achat des ménages est augmenté, la demande s’accroit. L’offre va ainsi augmenter
pour s’équilibrer. L’offre est de cette façon relancée.
Mais cette relance ne peut se faire par le respect du principe d’équilibre budgétaire.
Pour que des fonds plus importants soient utilisés, il faut que des budgets déficitaires soient
votés. L’Etat n’hésitera finalement pas à dépenser plus qu’il ne perçoit, suivant ainsi la théorie
keynésienne. L’équilibre budgétaire est donc abandonné en pratique (bien qu’il reste un
principe budgétaire), et les dépenses publiques explosent. Parallèlement, les recettes
augmentent également, par l’accroissement constant des impôts. Malgré cela, les dépenses
augmentent plus que les recettes. C’est ce que montre un économiste allemand, Wagner, au
travers de son explication, la« loi Wagner » : les dépenses publiques connaissent un
développement continu du fait de facteurs :
► Historiques
► Complexification de la société humaine qui se développe ; les actions des hommes
doivent donc être régulées et l’Etat ne peut rester neutre.
►Les guerres obligent les Etat à intervenir dans l’économie pour soutenir l’effort de
guerre.

15
John Maynard Keynes, né le 5 juin 1883 à Cambridge et mort le 21 avril 1946 à Firle, est un économiste et
essayiste britannique. Sa notoriété est mondiale. Il est le fondateur de la macroéconomie keynésienne. Le
keynésianisme, la nouvelle économie keynésienne, le néokeynésianisme ou le post-keynésianisme sont issus de
son œuvre. Considéré comme l'un des plus influents théoriciens de l'économie du XXe siècle[1], il fut, en tant que
conseiller officiel ou officieux de nombreux hommes politiques, l'un des acteurs principaux des accords de
Bretton Woods, après la Seconde Guerre mondiale.
Il a aussi été très jeune un auteur à succès, avec l'écriture d'un livre sur le traité de Versailles intitulé Les
Conséquences économiques de la paix, publié en 1919, et la rédaction d'articles pour des journaux et revues. Sa
première somme théorique fut le Traité sur la monnaie. Mais son œuvre majeure est sans conteste la Théorie
générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936). Ce livre, après d'autres, s'en prend à la loi de Say, un
des fondements du laissez-faire.
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Préparé par Pr ABOULHOUDA Wiam

►L’Etat démocratique a d’importantes missions d’intérêt général, qui rendent


nécessaire un plus grand interventionnisme. Le service public par exemple est régi par
le principe de gratuité, ce qui oblige l’Etat à augmenter les dépenses publiques pour
satisfaire les besoins du peuple. L’Etat démocratique est en effet un Etat qui coûte
cher.
Selon Keynes, en cas de forte dégradation de la conjoncture économique, les
gouvernements peuvent être tentés de mener une politique budgétaire volontariste. Une telle
politique consiste à soutenir l’activité économique à court terme, en faisant jouer le
"multiplicateur keynésien"16 par augmentation des dépenses publiques.
Les gouvernements peuvent également soutenir l’activité en réduisant les charges
fiscales et donc en augmentant le revenu des personnes privées. Cette politique stimule
l’activité économique mais dans une moindre proportion que la dépense publique, car une
partie de ce revenu supplémentaire est immédiatement épargnée par les ménages et les
entreprises.
Une politique budgétaire volontariste peut néanmoins avoir des effets défavorables sur
l’activité économique. C’est d’ailleurs en raison de ces effets défavorables qu’elle tend
aujourd’hui à être de plus en plus critiquée :
– Ainsi, les besoins de financement liés à l’accroissement des dépenses publiques provoquent
généralement une hausse des emprunts de l’État et, du fait de cette demande supplémentaire
adressée aux marchés de capitaux, des taux d’intérêt. Or, cette hausse des taux décourage une
partie des achats des consommateurs financés par l’emprunt, et réduit les investissements des
entreprises, lorsque leur rentabilité est insuffisante au regard du coût de financement par
l’emprunt.
– De plus, la demande supplémentaire permise par l’augmentation des dépenses publiques
doit s’adresser en priorité aux producteurs nationaux. Or, compte tenu de l’ouverture
croissante des économies, l’effet du "multiplicateur keynésien" s’est réduit au cours des
dernières décennies profitant désormais davantage aux producteurs étrangers.

16
On appelle "multiplicateur keynésien", le mécanisme macroéconomique mis en évidence par Keynes, qui
permet de compenser la faiblesse des dépenses privées par un accroissement des dépenses publiques. En effet,
une augmentation des dépenses publiques engendre des revenus supplémentaires qui sont pour partie
consommés, pour partie épargnés, et pour partie récupérés par les administrations publiques sous la forme
d’impôts et de cotisations sociales. Or, la partie de ces revenus supplémentaires qui est consommée vient nourrir
la demande intérieure adressée aux entreprises. Ces dernières peuvent dès lors augmenter leurs investissements,
leurs emplois, et distribuer des revenus supplémentaires. Le surcroît de dépenses publiques provoque par
conséquent un effet cumulatif (un effet multiplicateur) qui stimule d’autant plus l’activité économique que les
revenus sont peu épargnés, peu imposés, et que la demande de consommation s’adresse principalement aux
entreprises nationales.
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Préparé par Pr ABOULHOUDA Wiam

– Par ailleurs, l’accumulation des déficits budgétaires vient gonfler l’encours de dette
publique et augmente les charges futures de l’État. Or, plus un État est endetté, plus la charge
de cette dette est élevée. Celle-ci pèse d’autant plus sur son budget qu’un niveau de dette
important entraîne des taux d’intérêts élevés lorsque l’État veut contracter de nouveaux
emprunts. À terme, le poids de la dette peut ainsi devenir insoutenable par rapport au niveau
des recettes de l’État.
– En outre, les délais liés à la prise de décision politique font que les effets de la politique
budgétaire peuvent être inadaptés à la conjoncture au moment où ils affectent les décisions
des agents économiques.
– De plus, certaines dépenses publiques sont particulièrement rigides, et donc, difficilement
réversibles en cas de retournement de la conjoncture.
Ceci a conduit à une remise en cause de la théorie de Keynes notamment de la part de
Milton Friedman (université de Chicago). C’est celui qui a développé la critique la plus forte
à l’égard de Keynes. On appelle les disciplines de Friedman les « Chicago boys ». Il dit qu’il
y a un taux de chômage naturel compatible avec le bon fonctionnement de l’économie.
Puisque ce chômage naturel utile existe, il est inutile pour les lois de finances de relancer
l’économie. Il craint que les déficits à répétition provoquent un accroissement de la monnaie
artificielle donc l’inflation. Donc Milton Friedman souhaite un retour au libéralisme.
Il est vrai que dans les années 70, à la suite du premier choc pétroliers de 73, il y a eu
un retour aux conceptions libérales de l’époque classique au EU et en GB. Certains estiment
que l’Etat providence17 rendrait la société plus rigide et l’empêcherait d’évoluer et en tout cas
découragerait les individus de prendre des initiatives attendant tout de l’Etat.
V- Les conceptions actuelles
On est revenu aujourd’hui à une position plus prudente que la théorie de Keynes. Mais
dans les états UE (France, Allemagne) on a refusé un retour complet au libéralisme. Bref, on a
essayé de trouver une situation intermédiaire, un équilibre entre le libéralisme de la période
classique, et un Keynésianisme absolu.
Il est évident que les citoyens attendent de l’Etat une politique concrète en matière de
santé, d’éducation…. Or ces dépenses sociales représentent donc des coûts incompressibles.

17
Cette expression désigne :
-au sens large, l’ensemble des interventions économiques et sociales de l’État ;
-dans un sens plus restreint, uniquement l’intervention de l’État dans le domaine social, particulièrement
à travers le système de protection sociale.
Cette conception s’oppose à celle de "l’État-gendarme", limitant le rôle de l’État à des fonctions régaliennes
(justice, police, défense nationale).
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Préparé par Pr ABOULHOUDA Wiam

En revanche, on se méfie d’un interventionnisme global sur l’ensemble de l’économie. Donc,


on cherche un interventionnisme correcteur pour corriger les effets les plus désastreux de la
loi du marché.
D’un point de vue général, on cherche partout à limiter la croissance des dépenses de
l’Etat.

Chapitre III : Les principes fondamentaux des finances publiques


Cours de Droit Budgétaire
Préparé par Pr ABOULHOUDA Wiam

L'objectif est de décrire le cadre général dans lequel s'inscrit la loi de finances et les
grandes règles à respecter. Mais bien avant, il s’agit de se pencher sur la notion de budget et
de loi de finances en mettant en exergue les éléments de différence, voire de ressemblance,
entre les deux
I- La notion de budget
Le mot budget serait la déformation du vieux mot français « bougette » qui est le
diminutif du mot « bouger » qui signifie petit sac ou valise. Ce mot a pris son sens financier
en Angleterre où il évoquait le sac du trésorier ou le sac du roi et le trésor royal qu’il contient.
Et puis, par la suite, ce mot est revenu en France pour être utilisé dans son sens actuel. De nos
jours, le mot budget désigne l’acte ou le document qui prévoit et autorise les recettes et les
dépenses de toute personne publique18.
Notons que dans la définition classique du budget, on a l'habitude de dire que c'est un
acte de prévision et d'autorisation. Un acte de prévision tout d'abord, il s'agit effectivement
dans le budget de prévoir, pour une année, l'ensemble des recettes et des dépenses. C'est
également un acte d'autorisation et c'est l'aspect plus politique. En effet, les recettes doivent
être autorisées par les contribuables ou par les représentants notamment le parlement. Mais,
l'autorisation ainsi donnée par les parlementaires n'est pas une autorisation de principe, c'est
une autorisation à partir d'une prévision de recettes et de dépenses. Dans cette conception
classique, loi de finances et budget sont parfaitement synonyme.
Cette définition classique reste vraie mais elle parait aujourd'hui insuffisante. Deux
séries de critiques lui sont adressées :
* Depuis les années 50, le budget n'est plus simplement un acte de prévision et
d'autorisation mais c’est surtout un moyen pour l'État pour agir sur la vie économique et
sociale.
* Est-il possible aujourd'hui de présenter aux parlementaires, aux députés, une
prévision d'ensemble et de leur demander une autorisation. Il est donc question de diversifier
les documents de manière à faciliter, à clarifier la discussion et le contrôle par les
parlementaires. De ce fait, la notion de budget a connu une évolution.

&)a) La distinction entre budget et loi de finances

On entend par personne publique : l’Etat, les collectivités territoriales et les établissements publics. Toute
18

personne publique a un budget qui lui est propre.


Cours de Droit Budgétaire
Préparé par Pr ABOULHOUDA Wiam

La loi de finances est définie par la loi organique des finances en date du 26 novembre
1998 et dans le projet de réforme de la LOLF19 pour l’année 2015, comme étant celle qui
prévoit, évalue, énonce et autorise, pour chaque année budgétaire, l’ensemble des ressources
et des charges de l’Etat, dans les limites d’un équilibre économique et financier qu’elle
définit.
L’équilibre économique que détermine la loi de finances n’est pas obligatoirement un
équilibre budgétaire. La finalité de la loi de finances est de rétablir les grands équilibres
économiques. Par exemple quant il y a trop de chômage, on s’efforce de relancer certains
secteurs, allégés certaines charges pour faciliter l'embauche…
A constater que le législateur n’a pas donné une définition formelle au budget alors
qu’il a définit la loi de finances. Mais en l’absence de définition formelle du budget, on peut
trouver une définition matérielle de cette notion à travers des dispositions juridiques
essentiellement l’article 9 de la LOF qui stipule que toutes les dépenses de l’Etat sont
imputées au budget général avec la possibilité d’affecter certaines recettes et certaines
dépenses dans le cadre des services de l’Etat gérés de manière autonome(SEGMA), ou de
comptes spéciaux du trésor(CST).
Ainsi, le budget de l’Etat est composé du budget général, des SEGMA et des CST.
Ainsi, le budget serait la partie comptable de la loi de finances. Aussi, la notion du budget de
l’Etat est plus large que celle du budget général et celle de loi de finances et plus large que
celle du budget de l’Etat.
En effet, la loi de finances contient le budget de l’Etat et peut également comporter des
dispositions concernant les ressources et les charges de l’Etat, des dispositions visant
l’amélioration des conditions de perception des recettes publiques et des dispositions
concernant l’utilisation des fonds publics et le contrôle de cette utilisation.
Ainsi, si le budget ne peut contenir qu’un ensemble de comptes publics, la loi de
finances peut, par exemple, créer un impôt, augmenter ou diminuer le taux des impôts
existants ou des dispositions visant à améliorer le travail de l’administration fiscale ou
l’amélioration des moyens de contrôle de l’exécution des dépenses publiques.
En gros, ce qui frappe c'est le caractère presque secondaire du budget par rapport à la
loi de finances. Le budget est constitué par l'ensemble des comptes qui décrivent pour une
année civile l'ensemble des ressources et des dépenses alors que la loi de finances a un sens
plus large.
19
La LOLF définit l’objet et le contenu de la loi d finances, ses règles de présentation, ses modalités de vote
ainsi que certaines règles relatives à son exécution. La LOLF n°7-98 a été modifiée et complétée par le Dahir n°
1-00-195 du 14 moharram 1421(19 avril 2000).
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b) Les différentes lois de finances


Plusieurs textes législatifs régissent les finances de l’Etat. On distingue ainsi la loi de
finances de l’année des lois rectificatives et des lois de règlement.
*La loi de finances de l’année
Ce texte montre la politique de l’Etat, c’est le reflet de la vie publique. La loi de
finances de l’année prévoit pour chaque année civile l’ensemble des ressources et des
dépenses permanentes de l’Etat ; il s’agit de toutes les opérations financières effectuées par
l’Etat et les personnes publiques.
La préparation de cette loi est longue : près d’une année est nécessaire pour
l’élaboration du projet par le gouvernement et l’adoption par le Parlement.
Il s’agit d’une loi, et en ce sens, elle est votée par le Parlement. Il s’agit néanmoins
d’un texte législatif particulier dont la spécificité est établie par la Constitution : elle fixe les
règles concernant l’assiette, le taux d’imposition et les modalités de recouvrement des
impositions toute nature. Mais sa spécificité vient également de l’obligation de vote chaque
année ; son vote se déroule à la fin du dernier trimestre N-1 entre octobre et décembre.
*Loi de finances rectificative
Alors que la loi de finances de l’année a été adoptée à la fin de l’année précédent son
exécution, certaines corrections doivent généralement lui être ajoutées. Des rectifications
s’imposants, une loi de finances rectificative doit être édictée. Elle est donc élaborée lors de
l’exécution de la loi de finances de l’année, c’est-à-dire dans l’année elle-même et non dans
l’année N-1.
Le gouvernement n’est pas tenu de présenter une loi de finances rectificative, il est
libre de le faire ou ne pas le faire. C’est en fonction des circonstances économiques ou
politiques qu’il est plus ou moins opportun de la ou les présenter. Il peut en présenter sans
aucune limite.
En moyenne, chaque année, le gouvernement prend au moins une loi de finances
rectificatives, généralement en milieu d’année. Elles sont souvent prises au lendemain des
grandes élections.
Les lois rectificatives sont votées par le Parlement, comme toute loi.
*Les lois de règlement
Ces lois interviennent l’année suivant l’année d’exécution de la loi de finances de
l’année (N+1). Elles ont pour mission de constater les résultats de l’exécution et de constater
les écarts entre prévisions et réalisations. Elles permettent le règlement définitif des comptes.
Cette loi permet d’apprécier la réalité de l’exécution des lois de finances. Par conséquence, les
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Préparé par Pr ABOULHOUDA Wiam

lois de règlement permettent de mesurer l’écart entre ce qui avait été prévu et autorisé par la
loi de finances et ce qui a été réellement effectué. Ceci permet au parlement le contrôle des
opérations financières effectuées par l’administration.
II-La portée de l’autorisation budgétaire
La loi de finances de l'année en plus des lois rectificatives se présentent comme une
série d'autorisations données par le parlement au gouvernement. Autorisation d'effectuer les
opérations de recettes et de dépenses.
Comment se présente ces autorisations ? Et qu'elle est leur portée exacte?

a) Les autorisations budgétaires de recettes


Pour les impôts, il convient tout d’abord de préciser qu’il n'y a pas d'autorisation
permanente : ce n'est pas parce qu'un impôt existe depuis nombreuses années qu'il n'y aurait
pas lieu de l'autoriser. Chaque année la totalité des impôts doivent être autorisés dans la loi de
finances. Sans cette autorisation, le gouvernement ne pourrait donc engager aucune politique
et ne faire fonctionner aucun service public, ni commencer des travaux publics.
Quant au contenu de l'autorisation, il s'agit d'une autorisation de percevoir les impôts
pour l'année budgétaire à venir. Deux remarques sont établies sur le sens de cette autorisation
budgétaire des impôts.
=> Cette autorisation ce n'est pas simplement une faculté donné au gouvernement de
lever les impôts c'est une obligation. Le gouvernement est obligé de lever tout les impôts
prévus dans le projet de loi de finances. C'est une obligation de mettre en œuvre tout les
moyens nécessaires humains et matériels pour pouvoir lever les impôts qui ont été prévus.
=> Les sommes indiquées ne peuvent être qu'indicatives. Ce n'est qu'une évaluation.
On ne peut pas savoir à l'avance ce qu’on va rapporter car cela dépend des circonstances
économiques et sociales du pays. Il y a toujours une incertitude sur le montant exact c'est pour
cette raison que l'équilibre du budget ne peut être qu'une prévision.
Pour les recettes non fiscales, elles doivent être aussi autorisées et votées par les
parlementaires. Il s’agit notamment de l’emprunt qui engage les finances de l’Etat : les années
suivantes il faudra le rembourser par des impôts, arrivé à échéance, ce sont les impôts qui
permettront de rembourser l'emprunt. En général, puisque l'emprunt représente bien une
recette au départ, la loi de finances doit bien autoriser les emprunts.
Les autres recettes non fiscales sont les redevances. Ces redevances sont prévues par
les textes, discutées et autorisées par les parlementaires. Il s'agit surtout des recettes provenant
de l'occupation du domaine public : les recettes domaniales.
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b) Les autorisations budgétaires de dépenses


Elles s'appellent des "crédits". Toute autorisation de dépenses apparaît donc dans la loi
de finances et dans le budget qui la complète, comme une ouverture de crédit.
Le crédit est donc une autorisation juridique de dépense, donné à une personne
publique par son législatif. Ce crédit se compose de deux éléments:
- L'objet du crédit c'est à dire sur quoi porte l'autorisation ? Le paiement du personnel, ... .
- Le montant, c'est à dire la somme de cette dépense. Il s'agit donc d'une autorisation précise.
On définit l'objet on fixe un montant. C'est ce qu'on appelle en droit la règle de la spécialité :
les autorisations de dépenses sont toujours spécialisées.
Il convient donc d'éviter un certain nombre de conclusions :
*un crédit n'est pas une somme d'argent, c'est une autorisation de faire une dépense. Quant on
dit il n'y a plus de crédit c'est à dire qu'il n'y a plus d'autorisation de dépenser.
*Un crédit ne fait pas naître immédiatement une dette pour la personne publique. C'est une
autorisation de dépense à ne pas dépasser. Aussi, certains crédits ne seront pas totalement
utilisés.
*Un crédit est une autorisation ce n'est pas une obligation : il est logique que certains crédits
ne soient pas utilisés. Les parlementaires vont pouvoir dans la loi de règlement modifier le
degré d'utilisation des crédits.
Il est primordial d’établir une distinction entre les autorisations d’engagement et des
crédits de paiement. Ce dernier respecte la règle de l'annualité : c'est un crédit qui est valable
pour un an, il est à utiliser dans l'année. Mais, certaines dépenses ne pourront pas être
réalisées complètement au cours d'une seule année. La notion de crédit de paiement est
inadaptée. On a donc inventé une deuxième forme de crédits que l'on appelle les autorisations
d'engagement pour couvrir des dépenses étalées sur plusieurs années.
Notons qu’in existe une exception à la règle de crédit : Les virements20 et les
dépassements de crédit. Toutefois il y a un type de crédit qui est figé, ce sont les crédits
relatifs au personnel.
Aussi, il existe des crédits globaux: Ce sont des autorisations de dépenses mais dont la
destination et la finalité ne sont pas connues au moment du vote de la loi de finances. Il s'agit
donc d'une exception à la règle de la spécialité. Ils permettent de satisfaire immédiatement des
dépenses imprévues.
III- Les principes classiques de l’orthodoxie budgétaire et leur aménagement
20
A l'intérieur d'un programme les virements sont possibles.
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Préparé par Pr ABOULHOUDA Wiam

La loi de finances est une loi qui a ses spécificités. En effet, elle est préparé pour une
année et donc elle a une durée déterminée. Aussi, la loi de finances est toujours d’initiative
gouvernementale et elle a une structure déterminée et des procédures spéciales d’élaboration,
de vote, d’exécution et de contrôle.
La loi de finances est régit par un certains nombre de principes qui lui sont appliqués.
Il s’agit, en l’occurrence, du principe d’annualité, le principe d’unité, le principe
d’universalité, le principe de spécialité, le principe d’équilibre. A ces principes, la nouvelle
LOF130-13 a imbriqué un nouveau « principe » ou plus précisément une valeur de sincérité.
En effet, la sincérité dans la présentation des recettes et des dépenses est une valeur
qui devait, doit et devra toujours être respectée et qui n’accepte pas de dérogations ou
d’aménagements à l’instar des autres principes budgétaires.

a) Le principe de l’annualité
● La signification du principe
Cette règle a une signification claire : la loi de finances, en tant qu’acte de prévision et
d’autorisation des ressources et des charges de l’Etat, est établie pour la durée d’une année. Le
Maroc21, comme la France et la Tunisie font coïncider l’année budgétaire à l’année civile (du
1er Janvier au 31 Décembre). Dans d’autres pays l’année budgétaire commence le 1 er juillet
comme en Italie et en Egypte, ou le 1er avril comme l’Australie et la Grande Bretagne. Aux
Etats-Unis, l’année budgétaire commence le 1er octobre. Notons que tous les Etats adoptent
l’annualité comme cadre temporel pour l’exécution des opérations budgétaires.

● Les justifications du principe de l’annualité :


►Le cadre annuel permet une maitrise de la gestion, en ce sens que les prévisions
seraient moins entachées d’incertitude que si le budget était conçu pour une période
plus longue et l’exécution de nombreuses opérations serait aléatoire.

21
Au Maroc, entre 1996 et 2000, l’année budgétaire commençait le 1er juillet.
Cours de Droit Budgétaire
Préparé par Pr ABOULHOUDA Wiam

► L’annualité du budget facilite le contrôle régulier des finances publiques.


L’exécutif se trouve contraint de produire régulièrement des comptes et de soumettre
annuellement les différentes opérations aux institutions de contrôle.
► L’annualité permet au gouvernement d’obtenir une autorisation parlementaire
annuelle de percevoir les recettes et d’effectuer les dépenses.
● Les dérogations au principe de l’annualité
► Les autorisations de programmes : Les autorisations de programmes sont des
prévisions pluriannuelles de dépenses d’investissement qu’on peut engager une seule
fois sous forme de crédits d’engagement et payer en tranches annuelles sous forme de
crédits de paiement. Ces derniers peuvent faire l’objet de report dans le cas ou ils n’ont
pas été utilisés.
«  Les autorisations de programme constituent la limite supérieure des dépenses que
les ministres sont autorisés à engager pour l'exécution des investissements prévus par
la loi » Ce sont donc des autorisations dont le champ matériel est limité à
l’engagement voir à la liquidation de la dépense, mais dont la portée temporelle est
illimitée. « Elles demeurent valables sans limitation de durée jusqu'à ce qu'il soit
procédé à l'annulation ». Elles sont révisables. Pour éviter que les autorisations de
programmes ne portent sur des volumes financiers trop importants, une même
opération peut être divisée en «tranches constituant une unité individualisée formant
un ensemble cohérent et de nature à être mise en service sans adjonction ».
Les autorisations de programmes peuvent être groupées dans des lois de programmes
qui permettent de définir par secteur d’intervention, les objectifs à atteindre, les
moyens à mettre en œuvre et les charges qui en résultent pour l’Etat.
► Lorsque la loi de finances est votée avec retard, le gouvernement est habilité à
ouvrir par décret les crédits nécessaires au fonctionnement des services publics en
attendant le vote du budget annuel.
► Les lois de finances rectificatives qui permettent de modifier les dispositions de la
loi de finances de l’année.

►Le report des soldes des CST : au Maroc, la règle interdit le report des crédits du
budget général. Néanmoins, le solde de chaque CST est reporté d’année en année sauf
lorsqu’une loi de finances prévoit le contraire.
►Le report des excédents de recettes des SEGMA : l’excédent de recettes réalisé par
les SEGMA sur les paiements effectués est reporté d’année en année.
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Préparé par Pr ABOULHOUDA Wiam

►Le report des crédits paiement : les crédits paiement disponibles à la fin de l’année
budgétaire sur les dépenses d’investissement sont reportés sur l’année suivante par
arrêté du ministre des finances.
►Le report des fonds de concours : les fonds de concours sont des fonds versés par
des personnes morales ou physiques, publiques ou privées et qui vise la réalisation
d’une œuvre d’intérêt général. Bien que le législateur soit muet sur le sort des fonds
non utilisés en fin d’année budgétaire, il semble que leur report s’impose
juridiquement dans la mesure où leurs emplois doit être conforme à ce qui est convenu
avec la partie versante. Le respect de la volonté de la partie versante impose le report
de ces fonds.

b) Le principe de l’unité
Cette règle classique de la gestion budgétaire exige que l’ensemble des dépenses et des
recettes de l’Etat soit groupé dans un document unique.
● Les justifications du principe
► Sur le plan technique : le principe de l’unité permet d’avoir une vision claire des
finances de l’Etat en mettent en vedette le volume global des recettes et des dépenses
publiques afin d’en apprécier l’utilité.
► Sur le plan politique : la règle de l’unité facilite le contrôle parlementaire car les
représentants de la nation ne peuvent émettre leurs jugements sur la gestion financière
de l’Etat et approuver le budget que s’ils ont une vue globale et complète du document
budgétaire.
● Les dérogations au principe de l’unité
L’accroissement des tâches de l’Etat moderne, la diversité des recettes et des dépenses
publiques et l’assouplissement de la gestion de certains services publics ont engendré la
débudgétisation22 de certaines opérations.
►Les SEGMA : selon l’article 21 de la LOF130-13

 Constituent des services de l'Etat gérés de manière autonome, les services de l'Etat,
non dotés de la personnalité morale, dont certaines dépenses, non imputées sur les
crédits du budget général, sont couvertes par des ressources propres.
22
Cette technique consiste à alléger le budget général de l'État en reportant certaines des dépenses qu'il
supportait jusque là vers les SEGMA et les CST. Dans ce cas, le contrôle parlementaire est toujours possible car
les dépenses restent dans les comptes publics.
Une autre solution consiste à reporter certaines dépenses vers des personnes morales privées ou
publiques pour échapper au contrôle parlementaire.
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Préparé par Pr ABOULHOUDA Wiam

 L'activité de ces services doit tendre essentiellement à produire des biens ou à rendre
des services donnant lieu à rémunération.
 Les services de l'Etat gérés de manière autonome sont créés par la loi de finances.
Cette loi prévoit les recettes de ces services et fixe le montant maximum des dépenses
qui peuvent être imputées sur les budgets desdits services.
Les SEGMA sont un instrument de mise en œuvre des politiques publiques notamment
dans les domaines tels la santé avec 89 services, L’enseignement, formation professionnelle
et formation des cadres avec 58 services, le transport, l’eau et autres infrastructures
économiques avec 15 services…
En 2016, on compte 204 services pour prendre en compte le nouveau découpage régional
(12 régions au lieu de 16).
La création d'un service de l'Etat géré de manière autonome est conditionnée par la
justification de l'existence de ressources propres provenant de la rémunération de biens ou
de services rendus.
Les ressources propres doivent représenter, à compter de la 3cmc année budgétaire suivant
la création desdits services, au moins trente pour cent (30%) de l'ensemble de leurs ressources
autorisées au titre de la loi de finances de ladite année, et ce pour les services de l'Etat gérés
de manière autonome créés à partir du 1er janvier 2016. Les services de l'Etat gérés de
manière autonome qui ne répondent pas à cette condition sont supprimés par la loi de finances
suivante.
A noter que des versements peuvent être effectués, en cours d'année, au profit du budget
général, à partir du budget d'un service de l'Etat géré de manière autonome. Dans ce cas, des
crédits d'égal montant peuvent être ouverts en addition aux crédits accordés par la loi de
finances selon les modalités fixées par voie réglementaire.

Le budget de chaque SEGMA comprend des recettes et dépenses d’exploitation et des


recettes et dépenses d’investissement
L'insuffisance des recettes d'exploitation est compensée par le versement d'une subvention
d'équilibre prévue au titre 1du budget général.
L'excédent éventuel des recettes d'exploitation sur les dépenses est affecté au financement
des dépenses d'investissement, le cas échéant.
L'insuffisance des recettes propres affectées aux dépenses d'investissement est compensée
par une subvention d'équilibre prévue au titre II du budget général.
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Préparé par Pr ABOULHOUDA Wiam

Les services de l'Etat gérés de manière autonome peuvent être dotés de crédits
d'engagement correspondant à leurs programmes d'investissement pluriannuels.
Les recettes et dépenses des SEGMA sont prévues par la LF et sont exécutées et
contrôlées dans les mêmes conditions que celles appliquées aux autres opérations budgétaires
de l’Etat.
Il y a plus d’autonomie et de souplesse dans leur gestion: report automatique de l’excédent
de recettes dégagé au titre de l’exercice antérieur et de la possibilité de relèvement du plafond
des charges chaque fois que les recettes propres dépassent les prévisions initiales contenues
dans la LF.
Les ministres restent ordonnateurs des recettes et des dépenses des SEGMA qui leur sont
rattachés.
Exemples de SEGMA :
 Complexes sportifs Prince Moulay Abdellah et Mohammed V de Casablanca
 Le Centre National de Documentation
 Parc Zoologique National
 La Direction de la Météorologie Nationale relevant du Secrétariat chargé de l’Eau

►Les comptes spéciaux du trésor : Selon l’art 25: Les comptes spéciaux du Trésor ont
pour objet :

 -soit de décrire des opérations qui, en raison de leur spécialisation ou d'un lien de
cause à effet réciproque entre la recette et la dépense, ne peuvent être commodément
incluses dans le cadre du budget général ;
 -soit de décrire des opérations en conservant leur spécificité et en assurant leur
continuité d'une année budgétaire sur l'autre;
 -soit de garder trace, sans distinction d'année budgétaire, d'opérations qui se
poursuivent pendant plus d'une année.

Il existe six CST :

1- Les comptes d’affectation spéciale qui retracent les recettes affectées au


financement d’une catégorie de dépenses et l’emploi donné à ces recettes. Ces
comptes sont financés par des recettes particulières (taxes, versements
budgétaires…) ;
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2- Les comptes d’adhésion du Maroc aux organismes internationaux retraçant les


cotisations versées et les remboursements éventuels ;

3- Les comptes d’opérations monétaires enregistrent les mouvements de fonds


(recettes et dépenses) d’origine monétaire (opérations de change);

4- Les comptes d’avances qui décrivent les avances remboursables consenties par
l’Etat sur les ressources du trésor pour une durée ne dépassant pas deux ans. Ces
avances sont productrices d’intérêts.

5- Les comptes de prêts qui retracent les prêts accordés par l’Etat pour des raisons
d’intérêt public. La durée des prêts peut dépasser deux ans et ils sont productifs
d’intérêts.
6- Les comptes de dépenses sur dotations qui décrivent des opérations dont le
financement est assuré par des ressources préalablement déterminées et
rationnellement liées à la dépense.
En cas d'urgence et de nécessité impérieuse et imprévue, des comptes spéciaux du
Trésor peuvent être créés, en cours d'année budgétaire, par décrets, conformément à l'article
70 de la Constitution. Ces nouveaux CST ainsi crées doivent être soumis au parlement pour
ratification dans la plus prochaine loi de finances.
Il convient de préciser que les CST ne représentent pas une véritable dérogation au
principe de l’unité budgétaire dans la mesure où leur solde figure dans le budget général.

c) Le principe de l’universalité budgétaire


Ici le terme universel est pris dans le sens de totalité. Ce qui implique que les
dépenses et les recettes doivent figurer dans le budget pour leur totalité. Cela débouche sur
l’interdiction des contractions et des compensations. Aussi, le terme universel est pris dans le
sens indifférencié. Cela signifie que l’ensemble des recettes doit couvrir l’ensemble des
dépenses. On débouche ainsi sur l’interdiction des affectations.
Ainsi, ce principe comporte deux règles : la non-affectation et la non-compensation.
Selon la règle de non-affectation, les recettes doivent être confondues en une masse
unique et servir à couvrir l’ensemble des dépenses sans distinctions. Il ne doit pas y avoir
d’affectation d’une recette à une dépense. Toutes les recettes doivent être fondues dans les
mêmes caisses sans distinction entre une recette et une autre d’où la règle de l’unité de caisse.
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Pour la non-compensation, les recettes et les dépenses sont inscrites au budget de


l’Etat de façon séparée sans compensation entre les recettes et les dépenses.
● Les justifications du principe
► Sur le plan technique : ce principe permet une certaine clarté et une sincérité des
opérations budgétaires en ce sens qu’elle évite une compensation entre recettes et
dépenses ou une affectation d’une recette à une dépense.
► Sur le plan politique : l’universalité facilite le contrôle parlementaire et empêche les
administrations de dissimuler des dépenses derrière des recettes en opérant une
compensation entre elles.
● Les dérogations du principe de l’universalité
L’impératif d’une gestion efficace et la nécessité d’appréhender les coûts des services
publics expliquent les dérogations apportées à cette règle à savoir :
►Les CST dont la nature des opérations permettent l’affectation d’une recette à une
dépense.
►Les fonds de concours : ce sont des fonds versés au budget de l’Etat par des
personnes physiques ou morales, publiques ou privées pour la réalisation d’une œuvre
d’intérêt public. Ces fonds sont directement portés en recettes au budget général ou
aux CST. Un crédit de même montant peut être ouvert en addition aux crédits accordés
par la loi de finances (art 22 de la LOLF).
► Le rétablissement de crédits : lorsqu’une dépense a été payée indûment, ou à titre
provisoire, il y a annulation de ladite dépense et la restitution par le trésor des sommes
en question qui donnent lieu à la réouverture de crédits affectés au chapitre qui avait
supporté la dépense, d’où l’exception à la règle de non-affectation.

d) Le principe de la spécialité budgétaire ou de crédit


Le principe de spécialité impose d’indiquer précisément le montant et la nature des
opérations prévues par la loi de finances, ce qui implique une nomenclature budgétaire
appropriée. Les crédits sont ainsi ouverts de manière détaillée et sont tous rattachés à une
destination spécifique qui ne doit pas être dénaturée en exécution par le gouvernement : une
fois que le Parlement a voté l'identification de la dépense à laquelle les crédits doivent servir,
le gouvernement ne peut plus la modifier.
Le principe de spécialité vise à assurer une information suffisante pour permettre
l’exercice d’un contrôle efficace sur l’exécution du budget de l’État.
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Le principe de spécialité est incontestablement le principe le plus difficile à saisir. Il


implique que les crédits ouverts dans la loi de finances de l’année fassent l’objet de divisions
et de subdivisions en unités relativement réduites de telle sorte qu’a chaque unité corresponde
une dépense déterminée. La spécialité consiste en l’affectation des crédits à des dépenses
déterminées.
Ainsi, le principe de spécialité budgétaire permet un meilleur contrôle de l’activité
financière du gouvernement par le parlement. L’efficacité de ce contrôle est tributaire du
volume des unités de crédits. En effet, plus ces unités sont réduites, plus est efficace le
contrôle parlementaire sur l’action du gouvernement ce qui assure une meilleure gestion des
deniers publics.
Notons que l’exagération dans la spécialité peut aboutir à une paralysie des
administrations publiques qui seront acculées à recourir fréquemment au parlement pour
obtenir l’autorisation.
Le législateur marocain pose le principe de spécialité comme suit : Les dépenses du
budget général sont groupées en trois titres :
1. Titre 1 : Les dépenses de fonctionnement
2. Titre II : Les dépenses d’investissement
3. Titre III : Les dépenses relatives à la dette publique.
A l’intérieur des tires, les dépenses du budget général sont présentées en chapitres qui
sont subdivisés en paragraphes, articles et lignes.
● Les dérogations au principe de spécialité
 Le chapitre des dépenses imprévues et dotations provisionnelles : ce chapitre n’est
affecté à aucun service. Les prélèvements qui peuvent être opérés sur ce chapitre en
cours d’année sont faits pour assurer la couverture de besoin urgent ou non prévus lors
de l’établissement du budget. L’exception au principe de spécialité vient du fait que
c’est le gouvernement qui est habilité à répartir, en cours d’année, les crédits inscrits
dans ce chapitre sans intervention du parlement. Ni l’objet, ni le montant des crédits
ne sont indiqués à l’avance.
 Le chapitre des charges communes : il s’agit de l’ensemble des dépenses qui ne
peuvent être imputées sur les budgets des départements ministériels ou institutions.

il s’agit de deux chapitres rattachés organiquement au ministère des finances. Mais, les
crédits qui y sont inscrits ne profitent pas seulement au ministère des finances. En
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effet, ce sont deux chapitres l’un pour le fonctionnement et l’autre pour


l’investissement conformément aux dispositions de l’article 43 de la LOF130-13.
 Les dépenses des CST et des SEGMA : les dépenses des CST sont présentées par
CST ; il en est de même pour les dépenses des SEGMA qui sont présentées en
SEGMA en faisant la distinction entre les dépenses d’exploitation et les dépenses
d’investissement.
 Les modifications des dotations budgétaires : il s’agit de l’atteinte la plus grave au
principe de spécialité budgétaire car l’autorisation parlementaire de dépense n’a
vraiment du sens que si la dépense garde le même objet que celui pour lequel elle a
été votée. Il convient de distinguer entre :
- Le fonctionnement et la dette publique : les décisions du ministre des finances
prises sur propositions des ordonnateurs intéressés peuvent modifier les
dotations des articles, paragraphes et lignes à l’intérieur des chapitres du
budget général pour le fonctionnement et la dette publique
- Pour l’investissement, les arrêtés du ministre des finances peuvent également
modifier les dotations des articles et paragraphes à l’intérieur des chapitres
relatifs à l’investissement, sur proposition des ordonnateurs intéressés, sans
que cette modification dépasse en augmentation ou en diminution 10% de la
dotation initiale des articles.
Pour les modifications qui dépassent 10%, il est nécessaire d’avoir une
autorisation exceptionnelle donnée par le chef du gouvernement.

e) Le principe d’équilibre
Le principe de l’équilibre budgétaire constituait la pierre angulaire des finances
publiques classiques. Ainsi, dans la conception classique des finances publiques, le volume
des dépenses ne devait pas dépasser celui des recettes et vice versa. Les classiques refusaient
l’idée d’excédent qui se traduirait par des dépenses supplémentaires de la part de l’Etat et
donc un interventionnisme étatique23. Ils refusaient également le déficit qui se traduirait par
l’emprunt jugé négativement par eux.
Néanmoins, la crise des années trente a provoqué un chamboulement dans la notion de
l’équilibre. En effet, en passant d’un Etat libéral à un Etat interventionniste, le déséquilibre est
devenu une nécessité afin de relancer la croissance24
23
Dans la conception classique, l’Etat devait se limiter aux tâches régaliennes sans intervention dans la vie
économique et sociale.
24
Sur ce point, voir la conception keynésienne citée plus haut.
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Préparé par Pr ABOULHOUDA Wiam

Au Maroc, dans les trois premières lois organiques des finances (1963, 1970,1972) on
évoquait la notion d’équilibre financiers. A partir de la loi organique de 1978, on commençait
à parler d’équilibre économique25. De nos jours, l’équilibre financier n’a qu’une valeur
relative dans la mesure où la priorité est accordée à l’équilibre économique. On parle
actuellement plutôt d’équilibre économique et financier traduit par l’équation suivante :

PNB+ Importations= Consommation publique et privée+ l’épargne+ les exportations

f)- Le nouveau « principe » introduit par la LOF 130-13: la sincérité budgétaire


Selon l’article 10 de la LOF 130-13, les lois de finances présentent de façon sincère
l'ensemble des ressources et des charges de l'État. La sincérité des ressources et des charges
s'apprécie compte tenu des informations disponibles au moment de leur établissement et des
prévisions qui peuvent en découler.
De cette définition, il ressort que la sincérité de présentation des ressources et des charges
devait, doit et devra toujours être respectée. Ainsi, la sincérité n’est pas uniquement un
principe mais plutôt une valeur

Ériger la sincérité en principe vise à renforcer la transparence budgétaire en

1. Confortant la pertinence des hypothèses qui président à la préparation de la loi de


finances,
2. Confirmant la qualité des prévisions de ressources et de charges compte tenu des
informations disponibles au moment de leur établissement, et
3. Confirmant l'engagement de procéder à la présentation de lois de finances
rectificatives en cas de modifications significatives des priorités et hypothèses de la loi
de finances.

25
Au Maroc, il y avait une année orpheline(2001) ou le budget était excédentaire.

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