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INTRODUCTION
Les finances publiques relèvent des sciences sociales et ont pour objet l'étude du
phénomène financier public dans sa globalité : ressources, charges, trésorerie, procédure
budgétaire et comptable, politique budgétaire...et dont les principaux protagonistes sont les
États, les collectivités territoriales, les entreprises et des établissements publics ainsi que les
organismes sociaux et internationaux.
Pour Gaston Jèze, les finances publiques sont l’étude des moyens par lesquels l’Etat se
procure les ressources nécessaires à la couverture des dépenses publiques et en réparti la
charge entre tous le citoyens.
Pour Pierre Lalumière, les finances publiques sont l’étude des moyens par lesquels
l’Etat cherche à réaliser des interventions dans le domaine économique et social. Dans cette
approche, les finances publiques ne sont pas neutres, mais agissent dans la vie des citoyens.
On n’est plus dans l’Etat gendarme, mais bien dans l’Etat providence.
Les finances publiques sont au cœur de l’action politique, elles sont les leviers de
l’action publique, elles sont également l’expression de choix de société que ce soit par les
recettes ou les dépenses. La concrétisation d’une politique publique nécessite l’intervention
des finances publiques.
Dans son ouvrage paru en 1959 « Théorie des finances publiques », Musgrave nous
explique que les finances publiques ont trois fonctions :
· Une fonction d’allocation des ressources ; c’est-à-dire que les finances publiques servent
à financer des biens et des services publics.
· Une fonction de redistribution ; les dépenses publiques servent à redistribuer les
ressources pour corriger les inégalités.
· Une fonction de stabilisation ; lisser les variations cycliques des activités économiques.
Cette vision des choses est critiquée parce qu’on estime que ces fonctions ne sont pas
aussi séparées les unes des autres. Elle permet de situer les principales théories relatives à la
fonction de la dépense publique. D’une part la théorie libérale qui veut que les dépenses
publiques soient totalement neutres, et au contraire, la théorie interventionniste qui insiste sur
les deux fonctions de régulation et de redistribution.
En gros, les finances publiques sont les finances des administrations publiques : celles
de l'Etat et des organismes qui lui sont rattachés (établissements publics) ; celles des
collectivités territoriales (communes, départements, régions) ; les finances de la Sécurité
sociale et de ses différentes branches.
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Ainsi, les finances publiques ne sont pas simplement la description, l'analyse des
recettes des dépenses et des règles qui permettent de les adopter mais, plus largement, la façon
dont sont décidées les différentes politiques publiques. Donc, étudier les finances publiques
c'est étudier la façon dont les personnes publiques, et parfois aussi les personnes privées,
réalisent leur politique. Ceci conduit à une conception beaucoup plus large du champ
d'application des finances publiques.
On pourrait considérer que les finances publiques concernent principalement 4 grands
secteurs:
- Celui de l'Etat. En effet, l'étude des finances publiques reste prioritairement l'étude
du budget de l'Etat.
- Celui des collectivités locales, ou territoriales, et des établissements publics. Une
commune, un département, une région vote son budget, fait ses choix. Les collectivités ont la
possibilité d’emprunter auprès du système bancaire.
- Celui des organismes à caractère industriel et commercial. Leur forme juridique peut
varier, il peut s'agir d’établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC).
C'est à dire, que ces établissements sont gérés comme des sociétés privées, alors que ce sont
des personnes publiques.
- Celui de la protection sociale, des comptes sociaux. De façon classique on considère
que ces dépenses ne sont pas à classer dans les « finances publiques », car les dépenses
sociales, de santé et de retraite, ne sont pas financées par l’impôt mais par des cotisations
sociales des employeurs, des salariés. Cependant ces dépenses sociales, ont connues un très
fort accroissement et on a tendance à financer les dépenses sociales au sens large par la
fiscalité (santé, enseignement,…). De ce fait, on a une conception beaucoup plus large des
finances publiques.
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monétaires, budget, etc.)1. C’est uniquement une définition par les moyens, les buts n’étant
pas différents de ceux qu’on reconnait à l’activité de l’Etat en général.
1
Maurice Duverger, Finances Publiques, Presse Universitaire de France, THEMIS , 1956, p 13.
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· L'histoire : elle nous permet d'étudier l'évolution de la science des Finances publiques.
· La sociologie : la finalité des interventions financières de l'Etat au moyen des techniques
financières modernes ne résident pas seulement dans l'économie, mais plutôt dans leur
destination humaine et sociale ; ce qui justifie les dépenses publiques prenant en charge le
domaine social
· La psychologie qui nous permet de comprendre les comportements des agents économiques
en termes de réticence vis-à-vis de l’impôt…
· La statistique : facilite la quantification et l'évaluation des phénomènes financiers,
l'élaboration des prévisions budgétaires sur base des outils et techniques statistiques
· Les relations internationales : actuellement avec la mondialisation dans son aspect de
globalisation financière, les différentes nations entretiennent des relations dans le cadre des
échanges bilatéraux ou multilatéraux dans différents domaines pour des mobiles
économiques mus par la volonté politique. C'est dans ce cadre que certaines nations
empruntent des sommes d'argent auprès d'autres nations ou institutions financières
internationales (FMI, Banque mondiale, différents clubs) pour soutenir leurs activités
économiques et financer le développement leurs Etats.
· Etc.
Ainsi, au regard de cette pluridisciplinarité des Finances Publiques, voyons comment
cette science est autonome.
b- L'autonomie des finances publiques
En dépit de la complexité de la science des Finances Publiques au regard de sa
pluridisciplinarité, les Finances Publiques sont actuellement une science autonome qui a :
· Son objet d'étude : l'étude, l'analyse et l'évaluation des problèmes financiers que connaissent
l'Etat et, les collectivités et organismes publics
· Sa méthodologie : qui regroupe les différentes méthodes de diverses sciences qui sont en
relations avec elles à savoir : les méthodes statistiques, comptables, économiques, etc.
A travers les Finances Publiques, l'Etat peut planifier, organiser, coordonner et contrôler
ses activités et sa production en termes des recettes et des dépenses publiques sur base de la
loi des finances.
Si au 19ème siècle, il était courant d’assimiler finances publiques et finances privées, cela
est désormais impossible aujourd’hui, en effet ces 2 catégories de finances, ne reposent pas
sur les même principes, tout d’ abord les particuliers ne raisonnent pas sur des unités de
comptes étendus. En effet, même si certaines entreprise sont amenées à gérer des sommes
considérables, celles-ci restent limités par rapport aux finances de l’Etat.
De plus, les finances publiques et les finances privées n’ont pas les mêmes objectifs. En
effet, les sociétés commerciales, recherchent un maximum de profit, dans des délais très brefs,
et ces finances ont pour objectif de satisfaire les intérêts des actionnaires. De l’autre coté,
l’Etat ne recherche pas le profit mais d’avantage la satisfaction de l’intérêt général.
De même, l’Etat peut se permettre un déficit limité mais durable et parfois ce déficit est
considéré comme un remède à la crise économique, en effet la théorie de Keynes suppose des
dépenses publiques, par contre, les finances privées, les finances des particuliers, des
entreprises ne supportent pas un déficit prolongé. Au bout d’un certain temps, les créanciers
vont s’inquiéter et vont couper définitivement les crédits accordés à ces entreprises les
conduisant à la faillite. Il s’agit d’une différence fondamentale.
Mais, certains rapprochements entre les finances privées et publics existent. A coté, des
services administratifs classiques, l’Etat va gérer des SPIC qui ont la particularité de se
rapprocher de la gestion privé et qui se rapproche de l’idée de rentabilité financière qui existe
dans tout secteur privé.
Il semblerait à priori que tout oppose finances publiques et finances privées, mais ce n’est pas
toujours le cas.
Eléments de distinction
-objectifs : profit / intérêt général
- moyens d’action : contrat/ imposition autoritaire, contrôle du crédit et de la monnaie.
- conditions d’action : limite des ressources, responsabilités étendues/ pas de limites des
ressources et possibilité de dépenser plus que les recettes, pas de possibilité de faillite d’état,
cadre comptable strict qui encadre les procédures.
Eléments de rapprochement
- objectifs : l’Etat se soucie désormais du coût et du rendement de ses opérations - conditions
d’action : évolution de la nature du contrôle d’un contrôle de la régularité vers un contrôle de
l’efficacité.
I- L’évolution en Angleterre
En Angleterre, le parlement a essayé et est parvenu à imposer ses droits, ses pouvoirs,
à l'égard du roi. Et les finances ont été le moyen. On peut considérer que finalement les
finances publiques ont permis la naissance du régime parlementaire et le contrôle du
parlement sur les finances a été déterminé.
Le point de départ des finances publiques se situe donc au début du XIIIe siècle en
Angleterre. En effet, après la défaite de Bouvines en 1214, le roi d'Angleterre Jean Sans Terre
a éprouvé des difficultés pour reconstituer le trésor royal notamment en raison d'une
insuffisance des ressources. Donc, il a décidé de prélever de nouveaux impôts pour
reconstituer les caisses du royaume. A l'époque la noblesse d'Angleterre, qui payait l’impôt,
s'est opposée au roi estimant que ces impôts étaient trop élevés et qu’elle avait le droit de les
contrôler. Or, le roi voulait décider seul. Les impôts étaient très impopulaires, alors la
noblesse s’était appuyer sur le peuple pour s'opposer au roi. Face à cette situation, le roi a été
contraint d'accepter un compromis : signer un document que l'on appelle donc « Magna
2
La Révolution française est la période de l'histoire de France comprise entre l'ouverture des États généraux, le 5
mai 1789, et le coup d'État du 18 brumaire de Napoléon Bonaparte, le 9 novembre 1799. Il s'agit d'un moment
crucial de l'histoire de France, puisqu'elle marque la fin de l'Ancien Régime, et le remplacement de la monarchie
absolue française par une monarchie constitutionnelle, puis par la Première République. Elle a mis fin à la
royauté, à la société d'ordres et aux privilèges. Elle a légué à la France la Déclaration des droits de l'homme et du
citoyen, qui proclame l'égalité des citoyens devant la loi, les libertés fondamentales et la souveraineté de la
Nation, apte à se gouverner au travers de représentants élus.
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carta »3. Cette charte pose le premier principe des finances publiques : celui du consentement
à l'impôt c'est à dire les impôts doivent être autorisés, par ceux qui vont devoir les payés,
avant d'être levés. Et toute l'histoire britannique dans les années et siècles suivant a tournée
autour de ce principe. C'est le principe démocratique de base qui fait échec à la dictature et à
la monarchie absolue.
La seconde étape se constitue au XVIIe siècle : les parlementaires vont décider de
compléter Magna carta par un deuxième document qui est la pétition des droits de 1628,
rédigé par le parlement et imposé au roi et qui vient compléter Magna carta. C'est le deuxième
texte constitutionnel britannique et, à nouveau, il est essentiellement à contenu financier. Il
est dit dans ce document :
- Aucunes taxes, aucuns impôts ne peuvent être institués sans le consentement du
parlement.
- L'autorisation donnée ne peut être que provisoire, donc le roi, l'exécutif, doit revenir
régulièrement devant le parlement pour obtenir le renouvellement des différents impôts qui
existent. Aucune autorisation n'est définitive mais elle doit être renouvelée régulièrement c'est
à dire chaque année.
En gros, les finances sont bien à l'origine du système parlementaire et un troisième
document constitutionnel a été signé : le Bill of rights de 1689. Il s’agit d’un document
financier comportant plusieurs points importants:
- Le principe du consentement par le parlement :
* Ce n’est pas simplement l’impôt qui doit être autorisé, mais l’ensemble des recettes
de l’Etat quelque soit leur forme juridique.
*D’autre part le consentement ne vaut pas spécialement pour les recettes mais
l’autorisation est également nécessaire pour les dépenses. Ainsi, apparaît l’idée de budget, les
recettes et les dépenses discutées et autorisées. Pour la 1ere fois en 1689 le ministre des
finances a présenté un document de 4 pages, un tableau, avec sur la page de gauche les
recettes et à droite les dépenses. Ce document a été présenté au parlement britannique,
discuté, amendé, voté par le parlement. Le budget4 est né donc en 1689.
II- L’évolution en France
3
C'est un document signé en Juin 1215, il comporte 63 articles, on peut considérer que c'est le premier document
constitutionnel de l'époque moderne après Rome. Aussi, on peut considérer que c'est le premier document
constitutionnel britannique. Ce document va faire émerger la chambre de Lords. Et l'essentiel sont des articles
financiers c'est à dire limité l'influence du roi et permettre à se conseil du royaume, futur chambre des Lords,
d'effectuer des contrôles.
4
Le terme de budget est d’origine française, en ancien français, une Bougette était un porte document. Cette
mode de la bougette était passée en Angleterre et il le prononçait budget. Or, en 1689, le ministre des finances
est arrivé avec une bougette en cuir et on l’a appelé budget.
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Le système financier marocain, avant le protectorat se fondait sur des règles de sources
religieuse et Maghzaniène.
Le «Bit mal el Mouslimine» institution introduite sous le règne du Sultan Moulay
Slimane, consacrait la séparation entre les finances privées du Sultan et les Finances de la
communauté.
Le «Bit mal el Mouslimine» recevait les impôts d'origine coranique, notamment, la
Zakat et l'achour, alors que le trésor de Dar Adeyel centralisait les contributions de nature
administrative (les Meks).
La perception des recettes et le paiement des dépenses étaient confiés au corps des
«Oumana».
C'est le Sultan Moulay El Hassan ler qui a réorganisé le corps des Oumana et a
entrepris une réforme de la fiscalité.
En ce qui concerne le corps des Oumana, on distinguait principalement trois catégories
d'Amins (ou administrateurs).
*Amin Dakhal ou administrateur des recettes
*Amin El Kharaj ou administrateur des dépenses
*Amin Lahsab ou comptable suprême chargé de la gestion des finances et du contrôle
des agents.
5
Le principe du consentement à l’impôt a existé en France au Moyen Age.
6
Mohammed SBIHI, Précis de gestion budgétaire, imprimerie : Rabat net Maroc, 2007, page 16.
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A la tête du corps des Oumana se trouvait un Amin El oumana qui jouait en fait le rôle
du ministre des finances Ouzir Al Malia. Il était responsable des services financières du
Makhzen, assurait le suivi de la situation financière de l'Etat et contrôlait la gestion de tous les
Oumanas.
En matière fiscale, Moulay Hassan 1er a introduit le Tertib à partir de 1884.
Ces institutions financières qui s'adaptaient au contexte économique et administratif du
Maroc, devaient subir des changements notables avec l'avènement du Protectorat.
b-Les Finances Publiques sous le protectorat :
Sous le protectorat, certaines réformes financières et comptables, consacrées par les
dispositions financières de l'acte d'Algesiras, ont vu le jour.
Il en est ainsi de l'établissement d'un budget prévisionnel à partir de 1914, de la
nomination du trésorier général en 1916, de la mise en place, à partir de 1917, du système de
comptabilité publique et de la création du contrôle des engagements des dépenses à partir de
1921.
Ces mesures ont permis de restructurer les institutions financières de l'Etat, de
réglementer la gestion budgétaire et de renforcer le contrôle financier notamment par le biais
du contrôle des engagements des dépenses, de la cour des comptes française et de la
commission locale marocaine des comptes.
Par ailleurs, une réforme de la fiscalité, dont les bases ont été jetées par l'acte
d'Algesiras, s'est traduite par la création de plusieurs impôts, notamment le nouveau Tertib en
1915, la taxe urbaine en 1918, la patente en 1920, le supplément à l'impôt des patentes en
1941 et le prélèvement sur les traitements et salaires en 1948.
c-Les Finances publiques depuis l'indépendance :
Avec l'avènement de l'indépendance, le Maroc devait asseoir les bases de son
développement en réformant ses structures financières, son système budgétaire et son système
fiscal.
Les réformes entreprises n'ont pas été à l'abri des vicissitudes politiques, ni des
contraintes économiques. Elles ont subi la pesanteur des conceptions financières et celle de
l'évolution du rôle de l'Etat.
En utilisant les finances publiques, comme levier du développement, l'Etat a accru,
d'une manière démesurée, les dépenses publiques. Cet accroissement se justifiait par l'effort
de reconstruction, d'équipement et de consolidation des acquis.
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La mise en place du plan quinquennal (1960-64)7 n'a fait qu'accélérer cette tendance.
De même la politique ambitieuse de croissance économique que traduisait le plan quinquennal
(1973-77), avait entraîné une aggravation du déficit budgétaire, qui a atteint 17,2 du PIB en
1973.
Pour remédier à cette crise financière, une politique d'ajustement structurelle fut mise
en place, qui visait, notamment la compression des dépenses de fonctionnement (gel des
salaires, rééchelonnement de la dette...), afin de ramener le déficit budgétaire à des
proportions adaptées à la taille de l'économie. Ce qui s'est traduit effectivement par une baisse
du déficit, qui est passée de 10,4% du PIB en 1983 à 5,4% en 1987.
Un effort a été également déployé en ce qui concerne l'amélioration des recettes à
travers la réforme de la fiscalité pendant les années 80 et la restructuration des entreprises
publiques afin d'en améliorer la gestion.
Notons que la poursuite de l'assainissement des finances publiques a été et reste
toujours un souci permanent des pouvoirs publics. Cet assainissement passe par la mise en
place de règles rigoureuses de gestion, des méthodes fiables de prévision et des instruments
adéquats d'intervention.
Chapitre II : Le cadre conceptuel : L’influence des écoles de pensées économiques sur les
finances publiques
« Toute politique s’inscrit dans une culture et les finances publiques ne sauraient
échapper à ce processus complexe qui, à une époque donnée, conjugue le besoin de
comprendre et d’expliquer avec le souci d’agir ».8
7
Depuis 1956, l'économie marocaine a connu quatre « plans développement » (1). Le dernier en date est le plan quinquennal
1973-77 qui ne fut approuvé officiellement qu'au milieu de l'année 1973. « Accélérer la croissance » et atteindre une plus
grande « justice sociale » constituent les deux idées motrices qui traduisent les préoccupations des auteurs du plan.
8
Michel Bouvier, Marie-Christine Escassan, Jean-Pierre Lassale, Finances Publiques, 6ème édition, LGDJ, p
157.
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La fiscalité, quant, à elle, doit avoir pour unique assiette le produit net agricole en
reposant sur un impôt unique.9
L’Etat doit être un Etat monarchique fort mais aux fonctions limitées respectueux de la
liberté du travail et du commerce10.
Les physiocrates, libéraux avant la lettre, réagissaient contre les thèses dirigistes
mercantilistes et colbertistes. Adam Smith qui les ayant rencontrés lors d’un voyage effectué
en France allait assurer aux thèses physiocratiques une large audience alors que lui-même
avait déjà bien établi les fondements de sa théorie.
9
Michel Bouvier…, op cité, p 173.
10
Id.
11
Il s’agit notamment de Robert Malthus, Jean Baptiste Say, David Ricardo, Frédéric Bastiat.
12
L’emprunt augmente artificiellement le budget et pèse sur les générations futures dans la mesure où il
constitue un impôt différé ( car à moins d’émettre un nouvel emprunt pour rembourser le premier,
l’augmentation des impôts apparait inéluctable) ou une source d’inflation par émission de la monnaie.
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● L’équilibre doit s’entendre aussi bien de l’absence de déficit qui pousse l’Etat à
emprunter que de l’absence d’excédent qui se traduirait par des dépenses de l’Etat donc
par des interventions13.
IV- L’apport de John Maynard Keynes
13
La thésaurisation étant contraire au principe de la circulation des richesses.
14
Les causes de la crise des années 1930 (« Grande Dépression ») sont encore de nos jours discutées. La
surproduction industrielle, la spéculation boursière, les déséquilibres financiers des années 1920 ont joué un rôle
plus ou moins important. Dès le premier trimestre 1929, des entreprises ont des difficultés pour écouler leur
production. En juin, les prix baissent pour de nombreuses marchandises. Le coup d'envoi de la crise est donné le
Jeudi 24 Octobre 1929 à Wall Street (le « Jeudi Noir ») : 12 millions d'actions sont jetées sur le marché sans
trouver de preneurs et les cours plongent. De nombreux actionnaires ainsi que les courtiers se trouvent ruinés.
Les emprunteurs ne peuvent plus rembourser leurs dettes auprès des banques. Le krach bousier amène les gens à
thésauriser (retirer de l'argent du circuit économique) et entraîne donc une destruction de monnaie. Les
entreprises ne trouvent plus de liquidités dans les banques et beaucoup sont asphyxiées. Si l'Europe avait connu
depuis la révolution industrielle un certain nombre de crises, la crise des années 1930 est inédite par son ampleur
et sa durée. La politique menée par les différents pays aggrave la crise. Le paradigme économique dominant est
alors le libéralisme le plus classique selon lequel le moyen d'augmenter le profit est de diminuer les coûts des
entreprises (salaires,...) et de leur permettre d'obtenir avec plus de facilité des ressources financières auprès des
banques. Globalement, les gouvernements réagissent :
en baissant les salaires et traitements des fonctionnaires et les indemnités de chômage (Allemagne,
France, Grande-Bretagne dans une moindre mesure).
en relevant le taux d'escompte afin de retenir ou d'attirer les capitaux dans leur pays respectif.
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15
John Maynard Keynes, né le 5 juin 1883 à Cambridge et mort le 21 avril 1946 à Firle, est un économiste et
essayiste britannique. Sa notoriété est mondiale. Il est le fondateur de la macroéconomie keynésienne. Le
keynésianisme, la nouvelle économie keynésienne, le néokeynésianisme ou le post-keynésianisme sont issus de
son œuvre. Considéré comme l'un des plus influents théoriciens de l'économie du XXe siècle[1], il fut, en tant que
conseiller officiel ou officieux de nombreux hommes politiques, l'un des acteurs principaux des accords de
Bretton Woods, après la Seconde Guerre mondiale.
Il a aussi été très jeune un auteur à succès, avec l'écriture d'un livre sur le traité de Versailles intitulé Les
Conséquences économiques de la paix, publié en 1919, et la rédaction d'articles pour des journaux et revues. Sa
première somme théorique fut le Traité sur la monnaie. Mais son œuvre majeure est sans conteste la Théorie
générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936). Ce livre, après d'autres, s'en prend à la loi de Say, un
des fondements du laissez-faire.
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16
On appelle "multiplicateur keynésien", le mécanisme macroéconomique mis en évidence par Keynes, qui
permet de compenser la faiblesse des dépenses privées par un accroissement des dépenses publiques. En effet,
une augmentation des dépenses publiques engendre des revenus supplémentaires qui sont pour partie
consommés, pour partie épargnés, et pour partie récupérés par les administrations publiques sous la forme
d’impôts et de cotisations sociales. Or, la partie de ces revenus supplémentaires qui est consommée vient nourrir
la demande intérieure adressée aux entreprises. Ces dernières peuvent dès lors augmenter leurs investissements,
leurs emplois, et distribuer des revenus supplémentaires. Le surcroît de dépenses publiques provoque par
conséquent un effet cumulatif (un effet multiplicateur) qui stimule d’autant plus l’activité économique que les
revenus sont peu épargnés, peu imposés, et que la demande de consommation s’adresse principalement aux
entreprises nationales.
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– Par ailleurs, l’accumulation des déficits budgétaires vient gonfler l’encours de dette
publique et augmente les charges futures de l’État. Or, plus un État est endetté, plus la charge
de cette dette est élevée. Celle-ci pèse d’autant plus sur son budget qu’un niveau de dette
important entraîne des taux d’intérêts élevés lorsque l’État veut contracter de nouveaux
emprunts. À terme, le poids de la dette peut ainsi devenir insoutenable par rapport au niveau
des recettes de l’État.
– En outre, les délais liés à la prise de décision politique font que les effets de la politique
budgétaire peuvent être inadaptés à la conjoncture au moment où ils affectent les décisions
des agents économiques.
– De plus, certaines dépenses publiques sont particulièrement rigides, et donc, difficilement
réversibles en cas de retournement de la conjoncture.
Ceci a conduit à une remise en cause de la théorie de Keynes notamment de la part de
Milton Friedman (université de Chicago). C’est celui qui a développé la critique la plus forte
à l’égard de Keynes. On appelle les disciplines de Friedman les « Chicago boys ». Il dit qu’il
y a un taux de chômage naturel compatible avec le bon fonctionnement de l’économie.
Puisque ce chômage naturel utile existe, il est inutile pour les lois de finances de relancer
l’économie. Il craint que les déficits à répétition provoquent un accroissement de la monnaie
artificielle donc l’inflation. Donc Milton Friedman souhaite un retour au libéralisme.
Il est vrai que dans les années 70, à la suite du premier choc pétroliers de 73, il y a eu
un retour aux conceptions libérales de l’époque classique au EU et en GB. Certains estiment
que l’Etat providence17 rendrait la société plus rigide et l’empêcherait d’évoluer et en tout cas
découragerait les individus de prendre des initiatives attendant tout de l’Etat.
V- Les conceptions actuelles
On est revenu aujourd’hui à une position plus prudente que la théorie de Keynes. Mais
dans les états UE (France, Allemagne) on a refusé un retour complet au libéralisme. Bref, on a
essayé de trouver une situation intermédiaire, un équilibre entre le libéralisme de la période
classique, et un Keynésianisme absolu.
Il est évident que les citoyens attendent de l’Etat une politique concrète en matière de
santé, d’éducation…. Or ces dépenses sociales représentent donc des coûts incompressibles.
17
Cette expression désigne :
-au sens large, l’ensemble des interventions économiques et sociales de l’État ;
-dans un sens plus restreint, uniquement l’intervention de l’État dans le domaine social, particulièrement
à travers le système de protection sociale.
Cette conception s’oppose à celle de "l’État-gendarme", limitant le rôle de l’État à des fonctions régaliennes
(justice, police, défense nationale).
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L'objectif est de décrire le cadre général dans lequel s'inscrit la loi de finances et les
grandes règles à respecter. Mais bien avant, il s’agit de se pencher sur la notion de budget et
de loi de finances en mettant en exergue les éléments de différence, voire de ressemblance,
entre les deux
I- La notion de budget
Le mot budget serait la déformation du vieux mot français « bougette » qui est le
diminutif du mot « bouger » qui signifie petit sac ou valise. Ce mot a pris son sens financier
en Angleterre où il évoquait le sac du trésorier ou le sac du roi et le trésor royal qu’il contient.
Et puis, par la suite, ce mot est revenu en France pour être utilisé dans son sens actuel. De nos
jours, le mot budget désigne l’acte ou le document qui prévoit et autorise les recettes et les
dépenses de toute personne publique18.
Notons que dans la définition classique du budget, on a l'habitude de dire que c'est un
acte de prévision et d'autorisation. Un acte de prévision tout d'abord, il s'agit effectivement
dans le budget de prévoir, pour une année, l'ensemble des recettes et des dépenses. C'est
également un acte d'autorisation et c'est l'aspect plus politique. En effet, les recettes doivent
être autorisées par les contribuables ou par les représentants notamment le parlement. Mais,
l'autorisation ainsi donnée par les parlementaires n'est pas une autorisation de principe, c'est
une autorisation à partir d'une prévision de recettes et de dépenses. Dans cette conception
classique, loi de finances et budget sont parfaitement synonyme.
Cette définition classique reste vraie mais elle parait aujourd'hui insuffisante. Deux
séries de critiques lui sont adressées :
* Depuis les années 50, le budget n'est plus simplement un acte de prévision et
d'autorisation mais c’est surtout un moyen pour l'État pour agir sur la vie économique et
sociale.
* Est-il possible aujourd'hui de présenter aux parlementaires, aux députés, une
prévision d'ensemble et de leur demander une autorisation. Il est donc question de diversifier
les documents de manière à faciliter, à clarifier la discussion et le contrôle par les
parlementaires. De ce fait, la notion de budget a connu une évolution.
On entend par personne publique : l’Etat, les collectivités territoriales et les établissements publics. Toute
18
La loi de finances est définie par la loi organique des finances en date du 26 novembre
1998 et dans le projet de réforme de la LOLF19 pour l’année 2015, comme étant celle qui
prévoit, évalue, énonce et autorise, pour chaque année budgétaire, l’ensemble des ressources
et des charges de l’Etat, dans les limites d’un équilibre économique et financier qu’elle
définit.
L’équilibre économique que détermine la loi de finances n’est pas obligatoirement un
équilibre budgétaire. La finalité de la loi de finances est de rétablir les grands équilibres
économiques. Par exemple quant il y a trop de chômage, on s’efforce de relancer certains
secteurs, allégés certaines charges pour faciliter l'embauche…
A constater que le législateur n’a pas donné une définition formelle au budget alors
qu’il a définit la loi de finances. Mais en l’absence de définition formelle du budget, on peut
trouver une définition matérielle de cette notion à travers des dispositions juridiques
essentiellement l’article 9 de la LOF qui stipule que toutes les dépenses de l’Etat sont
imputées au budget général avec la possibilité d’affecter certaines recettes et certaines
dépenses dans le cadre des services de l’Etat gérés de manière autonome(SEGMA), ou de
comptes spéciaux du trésor(CST).
Ainsi, le budget de l’Etat est composé du budget général, des SEGMA et des CST.
Ainsi, le budget serait la partie comptable de la loi de finances. Aussi, la notion du budget de
l’Etat est plus large que celle du budget général et celle de loi de finances et plus large que
celle du budget de l’Etat.
En effet, la loi de finances contient le budget de l’Etat et peut également comporter des
dispositions concernant les ressources et les charges de l’Etat, des dispositions visant
l’amélioration des conditions de perception des recettes publiques et des dispositions
concernant l’utilisation des fonds publics et le contrôle de cette utilisation.
Ainsi, si le budget ne peut contenir qu’un ensemble de comptes publics, la loi de
finances peut, par exemple, créer un impôt, augmenter ou diminuer le taux des impôts
existants ou des dispositions visant à améliorer le travail de l’administration fiscale ou
l’amélioration des moyens de contrôle de l’exécution des dépenses publiques.
En gros, ce qui frappe c'est le caractère presque secondaire du budget par rapport à la
loi de finances. Le budget est constitué par l'ensemble des comptes qui décrivent pour une
année civile l'ensemble des ressources et des dépenses alors que la loi de finances a un sens
plus large.
19
La LOLF définit l’objet et le contenu de la loi d finances, ses règles de présentation, ses modalités de vote
ainsi que certaines règles relatives à son exécution. La LOLF n°7-98 a été modifiée et complétée par le Dahir n°
1-00-195 du 14 moharram 1421(19 avril 2000).
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lois de règlement permettent de mesurer l’écart entre ce qui avait été prévu et autorisé par la
loi de finances et ce qui a été réellement effectué. Ceci permet au parlement le contrôle des
opérations financières effectuées par l’administration.
II-La portée de l’autorisation budgétaire
La loi de finances de l'année en plus des lois rectificatives se présentent comme une
série d'autorisations données par le parlement au gouvernement. Autorisation d'effectuer les
opérations de recettes et de dépenses.
Comment se présente ces autorisations ? Et qu'elle est leur portée exacte?
La loi de finances est une loi qui a ses spécificités. En effet, elle est préparé pour une
année et donc elle a une durée déterminée. Aussi, la loi de finances est toujours d’initiative
gouvernementale et elle a une structure déterminée et des procédures spéciales d’élaboration,
de vote, d’exécution et de contrôle.
La loi de finances est régit par un certains nombre de principes qui lui sont appliqués.
Il s’agit, en l’occurrence, du principe d’annualité, le principe d’unité, le principe
d’universalité, le principe de spécialité, le principe d’équilibre. A ces principes, la nouvelle
LOF130-13 a imbriqué un nouveau « principe » ou plus précisément une valeur de sincérité.
En effet, la sincérité dans la présentation des recettes et des dépenses est une valeur
qui devait, doit et devra toujours être respectée et qui n’accepte pas de dérogations ou
d’aménagements à l’instar des autres principes budgétaires.
a) Le principe de l’annualité
● La signification du principe
Cette règle a une signification claire : la loi de finances, en tant qu’acte de prévision et
d’autorisation des ressources et des charges de l’Etat, est établie pour la durée d’une année. Le
Maroc21, comme la France et la Tunisie font coïncider l’année budgétaire à l’année civile (du
1er Janvier au 31 Décembre). Dans d’autres pays l’année budgétaire commence le 1 er juillet
comme en Italie et en Egypte, ou le 1er avril comme l’Australie et la Grande Bretagne. Aux
Etats-Unis, l’année budgétaire commence le 1er octobre. Notons que tous les Etats adoptent
l’annualité comme cadre temporel pour l’exécution des opérations budgétaires.
21
Au Maroc, entre 1996 et 2000, l’année budgétaire commençait le 1er juillet.
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►Le report des soldes des CST : au Maroc, la règle interdit le report des crédits du
budget général. Néanmoins, le solde de chaque CST est reporté d’année en année sauf
lorsqu’une loi de finances prévoit le contraire.
►Le report des excédents de recettes des SEGMA : l’excédent de recettes réalisé par
les SEGMA sur les paiements effectués est reporté d’année en année.
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►Le report des crédits paiement : les crédits paiement disponibles à la fin de l’année
budgétaire sur les dépenses d’investissement sont reportés sur l’année suivante par
arrêté du ministre des finances.
►Le report des fonds de concours : les fonds de concours sont des fonds versés par
des personnes morales ou physiques, publiques ou privées et qui vise la réalisation
d’une œuvre d’intérêt général. Bien que le législateur soit muet sur le sort des fonds
non utilisés en fin d’année budgétaire, il semble que leur report s’impose
juridiquement dans la mesure où leurs emplois doit être conforme à ce qui est convenu
avec la partie versante. Le respect de la volonté de la partie versante impose le report
de ces fonds.
b) Le principe de l’unité
Cette règle classique de la gestion budgétaire exige que l’ensemble des dépenses et des
recettes de l’Etat soit groupé dans un document unique.
● Les justifications du principe
► Sur le plan technique : le principe de l’unité permet d’avoir une vision claire des
finances de l’Etat en mettent en vedette le volume global des recettes et des dépenses
publiques afin d’en apprécier l’utilité.
► Sur le plan politique : la règle de l’unité facilite le contrôle parlementaire car les
représentants de la nation ne peuvent émettre leurs jugements sur la gestion financière
de l’Etat et approuver le budget que s’ils ont une vue globale et complète du document
budgétaire.
● Les dérogations au principe de l’unité
L’accroissement des tâches de l’Etat moderne, la diversité des recettes et des dépenses
publiques et l’assouplissement de la gestion de certains services publics ont engendré la
débudgétisation22 de certaines opérations.
►Les SEGMA : selon l’article 21 de la LOF130-13
Constituent des services de l'Etat gérés de manière autonome, les services de l'Etat,
non dotés de la personnalité morale, dont certaines dépenses, non imputées sur les
crédits du budget général, sont couvertes par des ressources propres.
22
Cette technique consiste à alléger le budget général de l'État en reportant certaines des dépenses qu'il
supportait jusque là vers les SEGMA et les CST. Dans ce cas, le contrôle parlementaire est toujours possible car
les dépenses restent dans les comptes publics.
Une autre solution consiste à reporter certaines dépenses vers des personnes morales privées ou
publiques pour échapper au contrôle parlementaire.
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L'activité de ces services doit tendre essentiellement à produire des biens ou à rendre
des services donnant lieu à rémunération.
Les services de l'Etat gérés de manière autonome sont créés par la loi de finances.
Cette loi prévoit les recettes de ces services et fixe le montant maximum des dépenses
qui peuvent être imputées sur les budgets desdits services.
Les SEGMA sont un instrument de mise en œuvre des politiques publiques notamment
dans les domaines tels la santé avec 89 services, L’enseignement, formation professionnelle
et formation des cadres avec 58 services, le transport, l’eau et autres infrastructures
économiques avec 15 services…
En 2016, on compte 204 services pour prendre en compte le nouveau découpage régional
(12 régions au lieu de 16).
La création d'un service de l'Etat géré de manière autonome est conditionnée par la
justification de l'existence de ressources propres provenant de la rémunération de biens ou
de services rendus.
Les ressources propres doivent représenter, à compter de la 3cmc année budgétaire suivant
la création desdits services, au moins trente pour cent (30%) de l'ensemble de leurs ressources
autorisées au titre de la loi de finances de ladite année, et ce pour les services de l'Etat gérés
de manière autonome créés à partir du 1er janvier 2016. Les services de l'Etat gérés de
manière autonome qui ne répondent pas à cette condition sont supprimés par la loi de finances
suivante.
A noter que des versements peuvent être effectués, en cours d'année, au profit du budget
général, à partir du budget d'un service de l'Etat géré de manière autonome. Dans ce cas, des
crédits d'égal montant peuvent être ouverts en addition aux crédits accordés par la loi de
finances selon les modalités fixées par voie réglementaire.
Les services de l'Etat gérés de manière autonome peuvent être dotés de crédits
d'engagement correspondant à leurs programmes d'investissement pluriannuels.
Les recettes et dépenses des SEGMA sont prévues par la LF et sont exécutées et
contrôlées dans les mêmes conditions que celles appliquées aux autres opérations budgétaires
de l’Etat.
Il y a plus d’autonomie et de souplesse dans leur gestion: report automatique de l’excédent
de recettes dégagé au titre de l’exercice antérieur et de la possibilité de relèvement du plafond
des charges chaque fois que les recettes propres dépassent les prévisions initiales contenues
dans la LF.
Les ministres restent ordonnateurs des recettes et des dépenses des SEGMA qui leur sont
rattachés.
Exemples de SEGMA :
Complexes sportifs Prince Moulay Abdellah et Mohammed V de Casablanca
Le Centre National de Documentation
Parc Zoologique National
La Direction de la Météorologie Nationale relevant du Secrétariat chargé de l’Eau
►Les comptes spéciaux du trésor : Selon l’art 25: Les comptes spéciaux du Trésor ont
pour objet :
-soit de décrire des opérations qui, en raison de leur spécialisation ou d'un lien de
cause à effet réciproque entre la recette et la dépense, ne peuvent être commodément
incluses dans le cadre du budget général ;
-soit de décrire des opérations en conservant leur spécificité et en assurant leur
continuité d'une année budgétaire sur l'autre;
-soit de garder trace, sans distinction d'année budgétaire, d'opérations qui se
poursuivent pendant plus d'une année.
4- Les comptes d’avances qui décrivent les avances remboursables consenties par
l’Etat sur les ressources du trésor pour une durée ne dépassant pas deux ans. Ces
avances sont productrices d’intérêts.
5- Les comptes de prêts qui retracent les prêts accordés par l’Etat pour des raisons
d’intérêt public. La durée des prêts peut dépasser deux ans et ils sont productifs
d’intérêts.
6- Les comptes de dépenses sur dotations qui décrivent des opérations dont le
financement est assuré par des ressources préalablement déterminées et
rationnellement liées à la dépense.
En cas d'urgence et de nécessité impérieuse et imprévue, des comptes spéciaux du
Trésor peuvent être créés, en cours d'année budgétaire, par décrets, conformément à l'article
70 de la Constitution. Ces nouveaux CST ainsi crées doivent être soumis au parlement pour
ratification dans la plus prochaine loi de finances.
Il convient de préciser que les CST ne représentent pas une véritable dérogation au
principe de l’unité budgétaire dans la mesure où leur solde figure dans le budget général.
il s’agit de deux chapitres rattachés organiquement au ministère des finances. Mais, les
crédits qui y sont inscrits ne profitent pas seulement au ministère des finances. En
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e) Le principe d’équilibre
Le principe de l’équilibre budgétaire constituait la pierre angulaire des finances
publiques classiques. Ainsi, dans la conception classique des finances publiques, le volume
des dépenses ne devait pas dépasser celui des recettes et vice versa. Les classiques refusaient
l’idée d’excédent qui se traduirait par des dépenses supplémentaires de la part de l’Etat et
donc un interventionnisme étatique23. Ils refusaient également le déficit qui se traduirait par
l’emprunt jugé négativement par eux.
Néanmoins, la crise des années trente a provoqué un chamboulement dans la notion de
l’équilibre. En effet, en passant d’un Etat libéral à un Etat interventionniste, le déséquilibre est
devenu une nécessité afin de relancer la croissance24
23
Dans la conception classique, l’Etat devait se limiter aux tâches régaliennes sans intervention dans la vie
économique et sociale.
24
Sur ce point, voir la conception keynésienne citée plus haut.
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Au Maroc, dans les trois premières lois organiques des finances (1963, 1970,1972) on
évoquait la notion d’équilibre financiers. A partir de la loi organique de 1978, on commençait
à parler d’équilibre économique25. De nos jours, l’équilibre financier n’a qu’une valeur
relative dans la mesure où la priorité est accordée à l’équilibre économique. On parle
actuellement plutôt d’équilibre économique et financier traduit par l’équation suivante :
25
Au Maroc, il y avait une année orpheline(2001) ou le budget était excédentaire.