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Abandonner une créance, c’est renoncer à la recouvrir. Cette situation, à première vue paradoxale,
se rencontre fréquemment au sein des groupes de sociétés. Il s’agit d’une pratique de gestion
normale lorsque l’abandon est décidé dans l’intérêt de son auteur et s’ accompagne d’une
contrepartie suffisante : protection d’un débouché, d’une source d’ approvisionnement, notoriété
d’une marque…
Lorsque ces conditions ne sont pas réunies, la renonciation au recouvrement d’une créance constitue
une simple libéralité (et non un « abandon de créances »), ce qui peut entraîner des conséquences
fiscales (non déductibilité pour son auteur) ou pénales (abus de biens sociaux dans une société).
Le droit fiscal réglemente précisément l’abandon de créance (AC) et influence l’analyse comptable
qui en découle en proposant de classer les AC en deux catégones :
C’est celui qui s’inscrit dans le cadre de relations commerciales entre l’auteur et le bénéficiaire.
Fiscalement, il constitue une charge déductible pour son auteur et un produit imposable pour le
bénéficiaire.
Son statut au regard de la TVA est plus complexe : le bénéficiaire de l’abandon de créances (AC) rend
un service à son auteur en acceptant l’Abandon de créances (puisque ce dernier est opéré dans
l’intérêt de son auteur). Le droit français retient la notion de « lien direct » développée par la Cour de
justice des Communautés européennes. En plus des conditions habituelles, une opération est
assujettie à la TVA lorsqu’ il y a un lien direct entre le service rendu (ou la livraison du bien) et la
contre-valeur reçue. Désormais, l’Abandon de créance à caractère commercial est assujetti à la TVA :
s’il existe une prestation de service individualisée et précise rendue par le bénéficiaire à
l’entreprise qui a consenti l’Abandon de créance (par exemple, un engagement précis du
bénéficiaire) ;
Ces conditions réunies, l’Abandon de créance est assujetti à la TVA (TVA déductible pour 1’auteur de
l’ abandon de créance, collectée pour le bénéficiaire) ; sinon, l’Abandon de créance n’entre pas dans
le champ d’application de la TVA.
Si la facture initiale concernait des prestations de services, la TVA ne serait pas exigible lors de la
facturation, mais le deviendrait lors de l’abandon de créances. L’analyse comptable de l’AC n’en
serait pas modifiée.
L’AC est à caractère financier lorsque la créance, les liens entre les cocontractants et leurs
motivations sont de nature exclusivement financière. La société qui bénéficie de l’abandon de
créances est souvent une filiale de celle qui l’accorde.
« Situation nette » (SN) = Capitaux propres au sens du PCG – Frais d’établissement = (Capital + Primes
d’émission, de fusion, d’apport + Écarts de réévaluation + Réserves + Report à nouveau
+ Subventions d’investissement + Provisions réglementées + Résultat) – Frais d’établissement.
Pour les exercices clos depuis le 1er juillet 201 2, l’AC est non déductible en totalité, sauf s’il est
consenti :
Une non-déductibilité chez l’auteur de l’AC emporte la non-imposition chez le bénéficiaire dans la
mesure où ce dernier s’engage à augmenter son capital au profit de l’auteur de l’abandon de
créances avant la clôture du deuxième exercice qui suit celui de l’AC (il faut également que l’auteur
de l’AC ait la qualité de société mère au sens fiscal du terme au moment de l’abandon de créances).
• Pour le bénéficiaire de l ‘A C : les comptes 171 (« Dettes rattachées à des participations ») ou 455 (
« Associés – Comptes courants ») sont soldés par le crédit du compte 7788 – « Produits
exceptionnels divers ».
Éventuellement, une fraction de l’AC donnera lieu à retraitement extra-comptable pour le calcul du
résultat fiscal.
Pour éviter ce retraitement, l’ auteur de l’AC peut aussi ne porter au débit du compte 664 que la
fraction déductible fiscalement et débiter le compte 261 – « Titres de participation » pour le montant
non déductible.
Application corrigé :
La Société des Grossistes Réunis (SGR) détient une créance commerciale de 75 000 € HT sur son
client Districash, correspondant à une vente de marchandises. Ce client détient l’exclusivité pour
l’écoulement des produits SGR dans sa région et connaît des difficultés ; les dirigeants de la SGR
décident, le 23 juin N , d’abandonner leur créance sur Districash, ce dernier s’engageant en
contrepartie à augmenter la part relative des produits SGR dans son chiffre d’affaires.
Par ailleurs, la SGR contrôle 80 % du capital de la Société des Supermarchés Réunis (SSR), sur laquelle
elle détient une créance de 250 000 € (portée au compte 267 – » Créances rattachées à des
participations .,). La SSR étant en redressement judiciaire, les dirigeants de la SGR, le 1 °’ juillet N,
abandonnent cette créance financière.
Les titres SSR ont été souscrits lors de la création de cette dernière et ont été dépréciés en totalité
pour un montant de 80 000 €. Cette dépréciation ne se justifie plus après l’abandon de créance.
Corrigé de l’application:
1 . Analyse fiscale
Client Districash : abandon de créance à caractère commercial ; assujetti à la TVA (lien direct entre
service rendu et contre-valeur reçue : engagement sur le chiffre d’affaires) ; déductible fiscalement
pour la SGR et imposable pour Districash .
Analyse symétrique chez la SSR, à condition qu’elle prenne l’engagement relatif à l’augmentation du
capital.
2. Enregistrement des écritures
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